SAINT-LÉGER DE CHAMPEAUX 241
(sans doute avant 1800) du prieuré. En arrière plan sur ce dessin
on distingue un second clocher, celui de l'église paroissiale et sur la
droite un troisième, celui du chœur de l'ancienne église. Tous les bâti-
ments en U avec combles à toits
brisés16
bis
qUi figurent devant, ont
disparu ainsi que la tour carrée qui en flanque l'extrémité droite.
Celle de gauche est encore debout ainsi que le bâtiment qui la
prolonge 17, vers le Nord. Ce qui demeure surprenant quand on
examine cette représentation peinte, c'est le vide entre le premier
et le second clocher. Sur place on ne trouve aucune explication
puisque ce vide se retrouve dans l'absence de toute construction
à l'Est du premier clocher. En fait ce sont les textes qui nous per-
mettent le mieux de comprendre ce vide. En effet toutes les visites
du prieuré au xvme siècle notent que la nef est ruinée et un texte
de 1674 précise même qu'après « la chute de la nef on a fermé le
chœur avec un mur qui a paru fait depuis environ 15 ans 18. »
Cette destruction doit être imputée aux troupes de Gallas qui
pillèrent la région en 1636. On ne relèvera jamais cette nef alors
que l'on réparera et reconstruira les bâtiments monastiques, ceci
surtout à partir de 1738, après avoir détruit le cloître qui avait
été pourtant jugé en assez bon état en 1721 19.
Grâce aux mêmes procès-verbaux de visites effectuées réguliè-
rement par l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre, nous avons des
indications assez précises sur les mesures des principales parties
de l'abbatiale avant destruction ou transformation : ainsi la visite
du 11 avril 1674 précise que : « l'enclos du prieuré a 156 toises de
pourtour, la toise comptée pour six pieds, cet enclos a paru aussi
ancien que le prieuré à la réserve de vingt toises du côté du midi
qui ont été depuis douze ou quinze ans. L'enclos est entouré de
16 bis. Ce sont certainement les bâtiments reconstruits par l'abbé Lefèvre
de Caumartin dont les plans et devis ont été faits en 1742 par Saimac, et
auxquels on travaillait encore en 1758 (Arch. dép. de la Côte-d'Or, H 38/744
et C 4282 où, dans un relevé général de 1762, on reconnaît le plan de masse
des bâtiments).
17.
C'est sous cette tour carrée qu'a été découvert réutilisé comme marche
d'escalier un fragment de pierre tombale où l'on reconnaît le dessin d'un ange
thuriféraire dont le style rappelle les dalles funéraires sculptées du xivé siècle.
Au-dessus de celui-ci débute l'inscription qui devait encadrer la pierre : « Hic
iacet frater Guillermus de Vau... ». Pour M. Camp, il s'agirait de Guillaume
de Vaucemain, prieur attesté entre 1315 et 1323.
Le bâtiment qui s'appuie au nord sur cette tour ne se situe pas tout à fait
dans le même axe ; sa construction peut être datée par le style de ses ouvertures
du début xix°. Une plaque de cheminée porte la date de 1827 et les initiales
J. P. qui sont certainement celles du colonel et baron Jules Antoine Paulin,
propriétaire de l'ancien prieuré jusqu'en 1875.
18.
Archives du Château de Saint-Léger, procès-veibal de visite du 11 avril
1674.
19.
Arch. dép. Yonne, H 1067, procès-verbal de visite du 10 avril 1721.