Henriette Walter : les origines de l’espagnol Javia – KLM 2011 Je prends le temps de me remettre dans les traces d’Henriette Walter pour vous parler des origines de l’espagnol. Je vais pour ce faire puiser à nouveau dans L’aventure des langues en occident (1994), ouvrage véritablement passionnant que j’ai lu et relu et relu je ne sais combien de fois et que je serais enchantée de contribuer à faire connaître. Cette Henriette Walter est vraiment formidable ! Les parents d’un de mes anciens élèves la connaissent, figurez-vous : la maman était très contente de constater l’admiration que j’ai pour elle. Je donnerais cher, en effet, pour rencontrer Mme Walter et pouvoir boire ses paroles pendant quelques heures … Mais revenons à nos moutons. L’auteure précise, dès le début du chapitre « Autour de l’espagnol », que parmi les langues romanes, l’espagnol est celle qui a connu la plus grande diffusion, puisqu’elle était parlée en 1994 par 300 millions de personnes – on en serait à 406 ou 407 millions aujourd’hui, d’après le site wikipédia. Ces chiffres font du castillan la deuxième langue la plus parlée au monde, après le mandarin et avant l’anglais. Pour mémoire, le français n’arrive qu’en seizième position avec environ 70 millions de locuteurs natifs. Voilà qui donne une bonne raison d’apprendre l’espagnol, non ? En fait, moins de 14% des hispanophones vivent en Espagne péninsulaire : l’immense majorité se trouve en Amérique latine, où l’espagnol est la langue officielle de vingt-et-un pays. De plus, on ne parle pas que castillan, en Espagne. Vous avez peut-être vu L’auberge espagnole, de Cédric Klapisch, sorti en 2002. Quand Isabelle1 se plaint que les cours aient lieu en catalan à l’université où elle étudie dans le cadre du programme Erasmus, le professeur lui répond sans aménité : « Nous avons le droit, constitutionnellement, de parler catalan en Catalogne. Si vous voulez suivre des cours en castillan, allez donc en Castille-et-León ou en Amérique du Sud ! ». Cet échange, dans le film, est très amusant ; il est aussi, finalement, bien représentatif de la réalité. Alors, cet espagnol, d’où vient-il ? PREMIER EPISODE : LES ORIGINES LOINTAINES L’Espagne a connu, elle aussi, un peuplement celte. Avant cela y vivaient trois peuples : les Aquitains, les Ibères et les Tartessiens – on ne sait pas grand chose des deux derniers, par contre les Basques actuels sont les descendants des Aquitains et leur culture est mieux connue. Les Ibères (qui parlaient une langue non indo-européenne, pas encore déchiffrée) étaient installés le long de la côté méditerranéenne, de Béziers à Murcie. Les Tartessiens vivaient à l’embouchure du Guadalquivir, dans la région de Cordoue – ils étaient peut-être apparentés aux Etrusques de Toscane. On trouvait aussi, avant la conquête romaine, des Phéniciens à Cadix et à Malaga, des Carthaginois à Carthagène, à Minorque et Ibiza, ainsi que de petites colonies grecques à Ampurias et à Alicante. 1 Personnage interprété par Cécile de France Karin Lafont-Miranda - 2013 1 Venus d’Allemagne, les Celtes s’installent dans la vallée de l’Ebre1 et entrent en contact avec les Aquitains et les Ibères. Ils parlent une langue différente du gaulois, qui a laissé quelques traces en Espagnol : La Coruña, Braga, Evora et Segovia sont des noms de ville d’origine celte. La conquête romaine, commencée en 218 avant J.-C., sera lente et difficile puisqu’elle prendra deux siècles. L’actuelle Andalousie sera rapidement romanisée et ses habitants parleront vite latin, mais les populations du Nord résisteront avec force. Ce sont les Basques qui donneront aux Romains le plus de fil à retordre : ils ne cesseront jamais de parler leur langue. DEUXIEME EPISODE : LE LATIN D’ESPAGNE Voilà les Romains enfin installés. Mais la position géographique du pays fait qu’il a peu de contacts avec les autres colonies romaines : du coup, certaines variations linguistiques du latin n’y pénètrent pas et les formes anciennes perdurent. Par exemple, le mot magnus (grand) disparaît un peu partout du latin au profit de grandis, sauf en Espagne où l’on continue de dire : Tam magnus (« grand comme ça »), ce qui finira par donner tamaño (taille). La plupart des langues romanes ont construit le mot « froment » à partir du latin frumentum – on dit d’ailleurs frumento en italien. L’espagnol est resté sur le mot latin triticum, et donc « blé » se dit trigo. Beniarbeig 2011 - KLM Les formes latines anciennes conservées en espagnol et en portugais mais abandonnées par les autres langues romanes sont nombreuses. Henriette Walter en donne plusieurs exemples, comme le montre le tableau de synthèse que j’insère ci-dessous : Latin classique comedere mensa formosus arena fervere espagnol comer mesa hermoso arena hervir Latin tardif français manducare (bâfrer) tabula (planche) bellus (joli) sabulum bullire (faire des bulles) manger table beau sable bouillir Les mots espagnols sont donc restés plus proches de ce latin classique alors que le français (et l’italien) ont abandonné les termes latins classiques pour des expressions plus familières ou imagées, parfois humoristiques. A l’inverse, les populations qui peuplaient alors l’Espagne ont parfois innové, inventant des mots qui n’évoluaient pas ailleurs. Voici un second tableau pour présenter ces innovations : Latin classique extinguere tacere galbinus français éteindre se taire jaune Innovation appacare (apaiser) callare (faire descendre) amarus (amer) espagnol apagar callar amarillo Mon auteure chouchoute précise que le latin hispanique avait ainsi tellement évolué que Cicéron2 le trouvait tout à fait déconcertant lorsqu’il entendait au Sénat les discours des orateurs de la péninsule ibérique. TROISIEME EPISODE : LES INVASIONS GERMANIQUES Quand les invasions germaniques ont lieu à la fin du troisième siècle après J.-C., presque toute l’Espagne parle latin. Si les Vandales laissent peu de traces, la domination wisigothe va par contre durer trois cents ans, jusqu’en 711. Les Wisigoths se convertissent au christianisme et le pays entre 1 Grand fleuve qui traverse les provinces de Cantabrie, Castille-et-León, Rioja, Navarre et Aragon, avant de se jeter dans la mer en Catalogne. 2 Cicéron (106-43 avant J.-C.), homme d’Etat et auteur. Karin Lafont-Miranda - 2013 2 alors dans une période de paix. Dans la langue espagnole, ils laissent beaucoup de prénoms : Rodrigo, Fernando, Adolfo, Rosendo, Alvaro, ou encore quelques rares noms de couleurs comme blanco ou gris. Car contrairement aux autres langues romanes, l’espagnol n’adoptera pas les formes germaniques pour les couleurs, mais gardera les mots construits à partir du latin (comme rubio, « blond », qui vient du latin rubeus, « rouge ») ou les empruntera à l’arabe (comme azul, qui veut dire « bleu » et qui provient d’un mot arabe d’origine persane). Les apports germaniques sont donc restreints à des domaines bien spécifiques et finalement peu nombreux. QUATRIEME EPISODE : LA LONGUE PERIODE ARABE C’est l’arabe qui laissera dans la langue espagnole les marques les plus profondes et les plus constantes. Les apports de cette langue confèreront au castillan toute son originalité. Après avoir conquis le Maghreb, les Arabes débarquent dans la péninsule hispanique en 711 avec un contingent de douze mille hommes. Des renforts leur arrivent rapidement et une première armée wisigothe est défaite. Le roi Rodéric, qui a déjà maille à partir avec les Francs et les Basques au nord du pays, parvient tout de même à rassembler une armée. Hélas, en pleine bataille, les partisans de son rival Akhila le trahissent : les musulmans n’ont aucun mal à s’emparer de Séville, d’Ecija (sur la route de Cordoue) puis de Cordoue elle-même. L’Hispania wisigothe s’effondre. Trois ans plus tard, les Arabes atteignent Saragosse. Deux ans encore et sur les pièces monnaie apparaît pour la première fois le terme Al-Andalus, qui désigne l’Espagne musulmane, par opposition à l’Hispania chrétienne. Les musulmans remontent encore au nord et - les Français le savent, qui l’apprennent à l’école primaire - les Omeyyades1 ne seront arrêtés qu’à Poitiers, en 732, par Charles Martel. Ils reflueront peu à peu vers le sud de la France. La fulgurante conquête arabe s’arrêtera là. Les musulmans font alors le choix de pérenniser leur conquête, notamment la Septimanie dont je reproduis la carte ci-contre. Cette partie de la Gaule, qui se trouvait auparavant aux mains des Wisigoths, sera occupée par les Omeyyades jusqu’à ce que les Francs la reprennent en 759. En Espagne, les Arabes confient la formation de leur nouveau territoire à douze walis2 nommés par les califes. Dès le 11ème siècle, l’arabe est devenu la langue de la culture dans tout le pays et les chrétiens, vivant au Sur cette carte, la Septimanie figure en brun. quotidien dans un environnement arabe, parlent une langue romane voisine du latin largement teintée d’arabe. Ces chrétiens sont appelés « Mozarabes » : leur langue est réservée aux usages de la vie courante. Il n’en reste, hélas, aucune trace écrite. Les Arabes ont laissé de nombreux toponymes. Voici, pour n’en citer que quelques-uns, les exemples de : Alcazar de al-qasar, le palais Alhambra de al-hamara, la rouge Almería de al-miraya, la tour de guet 1 Les Omeyyades sont une dynastie de califes qui gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre Umayya ibn Abd Sams, grand-oncle de Mahomet. Ils sont originaires de la tribu arabe de Qurays, qui dominait La Mecque au temps du Prophète. 2 Gouverneurs de provinces Karin Lafont-Miranda - 2013 3 Gibraltar de Djabal al-Târiq, “la montagne de Târiq” (le chef qui débarqua le premier en Espagne en 711) Guadalquivir de wad al-kebir (wad = cours d’eau + kebir = grand) Murcia du participe passé de mursah, fortifié. Selon les régions, les Arabes sont restés entre trois et huit siècles en Espagne : leur influence sur la vie culturelle et intellectuelle a donc été considérable. Cordoue est devenue un grand centre de culture islamique et c’est de cette ville que les savants arabes ont transmis leur science des mathématiques ou diffusé la philosophie grecque. Averroès1, philosophe, théologien, juriste, mathématicien et médecin musulman (dont les écrits figurent au programme de philosophie dans certaines sections) est andalou. Au 13ème siècle, après la Reconquista, le roi Alphonse le Sage fera traduire de l’arabe en castillan la science gréco-latine recueillie par les émirs de Cordoue. La quantité impressionnante de mots d’origine arabe dans la langue espagnole témoigne elle aussi de l’influence musulmane. Les arabismes lexicaux sont estimés entre 4 000 et 840, selon le type de mots pris en compte – ce qui est énorme. D’abord, beaucoup de mots commencent par la lettre « a » : c’est bien sûr la trace de l’article arabe al, passé dans l’espagnol en même temps que le mot emprunté. D’ailleurs, parfois le « l » se maintient, comme dans almíbar (sirop). Il arrive aussi qu’il disparaisse, comme dans azucar (sucre). Pourquoi ? Parce qu’en arabe, il existe des lettres dites lunaires et d’autres dites solaires. Si un mot commence par une lettre lunaire, il faut prononcer l’article défini al, comme dans al-kursi (la chaise). Si le mot commence par une lettre solaire, on ne prononce pas l’article défini mais on redouble la première consonne, comme dans an-nour (la lumière) ou comme dans az-zucar (« sucre », en arabe, tiens donc !). En espagnol, un arabisme sur quatre commence par un « a ». Voici des exemples tirés du vocabulaire de la vie courante : aceite (huile), aldoquín (pavé), alcachofa (artichaut), alcuzcuz (couscous, bien sûr), alfombra (tapis), aduana (douane), ajedrez (jeu d’échecs), alboronía (ratatouille), alcalde (maire), alcohol, aljibe (citerne), aljonjolí (sésame), albañil (maçon), albaricoque (abricot), alfiler (épingle), algodón (coton), alhucema (lavande), almacén (magasin), almohada (oreiller), anaquel (étagère), atùn (thon), azafrán (safran), almunia (jardin potager), azafata (hôtesse de l’air – à l’origine, le mot désignait une dame KLM – médina d’Agadir 2008 d’atour), azotea (terrasse), azulejo (carreau de faïence), alquiler (loyer), alquitrán (goudron), arroz (riz), azar (hasard). Impressionnant, non ? Et encore ne s’agit-il que d’une petite sélection … On trouve aussi en français ou en italien des formes comprenant un al amalgamé (« alchimie », « algèbre » ou « azimut ») mais les proportions ne peuvent être comparées avec celles de l’espagnol. Autre marque de fabrique : les « s » de l’arabe, souvent rendus par la lettre « s » en français ou en italien, sont devenus en espagnol des « z » devant « a », « o » et « u » : c’est le cas d’azúcar ou d’azul. Devant « e » et « i », l’espagnol a privilégié le « c » comme dans cenit (zénith) ou aceite. Les hispanophones d’Espagne prononcent ce « c » un peu comme les Anglais le « th ». Notons ici que les Sud-Américains, eux, prononcent de la même manière « c » et « s », ce qui constitue l’une des différences majeures entre le castillan d’Espagne et le castillan du continent américain. Nous y reviendrons dans un autre article. CINQUIEME EPISODE : LA RECONQUISTA Le castillan – parlé comme son nom l’indique en Castille, alors un modeste royaume – va prendre une grande importance au fur et à mesure de la Reconquête. Le roi Ferdinand Ier le Grand2 réussit, 1 2 (1126-1198) (1016-1065) Karin Lafont-Miranda - 2013 4 en 1037, à unir le Léon et la Galice à la Castille : il refuse d’annexer la Navarre, montrant ainsi sa détermination à concentrer ses efforts contre les musulmans. Il leur reprendra d’ailleurs la ville de Coimbra, située dans l’actuel Portugal, en 1064. En 1212, les royaumes chrétiens s’unissent et défont les musulmans à la bataille de Las Navas de Tolosa, dans la province de Jaén1. A partir de cette date, les Arabes se retrouvent en position de faiblesse. Il aura fallu quatre siècles aux chrétiens pour reprendre la moitié de l’Espagne, ils ne mettront qu’une cinquantaine d’années pour reprendre le sud – hormis le royaume de Grenade qui tombera plus tard, en 1492. Henriette Walter explique que les langues parlées aujourd’hui en Espagne sont « le produit de la reconquête » : le centre constitue un vaste territoire castillanisé, suivant le mouvement descendant de la Reconquista. Le dialecte andalou résulte d’une différenciation du castillan importé. Le léonais, l’aragonais et le catalan sont des survivances de parlers issus du latin, dans des régions que les Arabes n’occupèrent pas. Enfin le basque est resté inchangé, les musulmans n’ayant jamais mis la main sur cette région. 1492 est une date triplement importante. C’est d’abord celle de la chute de Grenade et de l’expulsion des Juifs par Isabelle Ière de Castille, dite la Catholique, et son mari Ferdinand II, roi d’Aragon. Antonio de Nebrija publie cette année-là la première grammaire espagnole, sous le patronage d’Isabelle la Catholique. Ce traité – le plus ancien en Europe sur une langue moderne - consacre le castillan comme langue de l’Espagne. Enfin, Christophe Colomb, en découvrant l’Amérique, va permettre au castillan de traverser l’Atlantique. SIXIEME EPISODE : AUTRES VARIATIONS Après l’épisode arabe, si crucial dans la formation du castillan, la langue subira d’autres influences. Les Basques, par exemple, ont contribué à faire disparaître le « f » de nombreux mots. Dans les autres dialectes de la péninsule, on prononce bien cette lettre quand elle se situe au début d’un mot, comme en latin. Peu à peu, ce « f » en castillan est devenu un « h » aspiré, puis a fini par ne plus être prononcé du tout. Ainsi, farina s’est prononcé d’abord harina (en aspirant le « h » comme en anglais) ; maintenant, cette lettre ne figure qu’à l’écrit, comme pour mémoire, et on prononce « arina ». Au 16ème siècle, cet usage du Nord se généralise, ainsi que la confusion entre le « v » et le « b », tandis que la jota si caractéristique fait son apparition, ainsi que la prononciation du « c » prononcé comme « th ». Les Français, qui entre le 11ème et le 13ème siècle, se rendaient à Saint-Jacquesde-Compostelle par el camino francés, ont implanté des abbayes … et des mots, comme meson, vianda, vinagre ou monje (moine). Les mariages entre princes et princesses français et espagnols ont permis l’entrée de homenaje (hommage) ou mensaje (message). Les Italiens se sont joints aux Français, à partir du 16ème siècle, pour laisser eux aussi quelques traces dans le lexique espagnol, avec des mots comme escopeta (fusil), diseño (dessin), balcón, novela (roman) ou manejar (manier). Pour le français, nous avons alors exporté servilleta (serviette), batallón ou bayoneta. Plus tard nous avons transmis garaje ou encore chófer. Valencia 2003, KLM L’anglais, enfin, est entré en Espagne au 18ème siècle, souvent par l’intermédiaire du français, avec des mots comme lider, mitin (meeting), turista ou tùnel. Depuis le milieu du 20ème siècle, l’espagnol 1 (l’une des huit provinces d’Andalousie) Karin Lafont-Miranda - 2013 5 subit, comme toutes les langues européennes, une entrée en force de l’anglais ; en témoignent grupi, jipi (hippie) jol (hall) ou software. Alors, finalement, faut-il parler d’espagnol ou de castillan ? L’Académie royale espagnole recommande d’utiliser le terme d’« espagnol ». Cependant, nombreux sont ceux en Espagne qui désignent la langue sous le vocable de « castillan », plus proche de la réalité. En effet, l’adjectif « espagnol » fait référence à l’ensemble du territoire (si l’on parle du produit intérieur brut espagnol, par exemple, on fait bien référence à l’économie du pays tout entier). L’utilisation du mot « castillan » permet de ne pas établir de hiérarchie avec le catalan, le basque ou le galicien, langues bénéficiant d’un statut officiel depuis que l’Espagne est redevenue une démocratie. Le castillan, dans ce cas, est simplement considéré comme l’une des langues de la péninsule. Sur le continent américain, certains pays comme le Mexique acceptent facilement l’appellation « espagnol » pour désigner leur langue maternelle et / ou officielle. D’autres, toutefois, préfèrent le mot « castillan » : c’est le cas de la République dominicaine, de Cuba, de Porto Rico et généralement du sud de l’Amérique latine où l’on parle plus volontiers de castellano. L’important reste, pour les étudiants, d’apprendre cette langue, de s’y intéresser et si tout va bien d’apprendre à l’aimer, elle qui est à tous points de vue si aimable. Karin Lafont-Miranda - 2013 6