Il y a un philosophe contemporain qui a beaucoup réfléchi à la question de
l’individualisme, c’est Emmanuel Lévinas, Totalité et infini (1974). Il fonde une partie de sa
philosophie sur la définition de l’individualisme. Il a une très belle métaphore qui est le
ravissement du visage. Il dit que « Les meurtriers ont du mal à regarder leur victime en face,
car ils sont pris par leur ravissement du visage. ».
Il fait la distinction entre 2 formes d’individualisme : « l’individualisme de l’être » et
« l’individualisme éthique ». L’individualisme de l’être est l’individualisme matérialiste :
l’individu est plongé dans la prolifération des biens matériels et dans la satisfaction
égocentrique de soi. C’est l’individualisme de l’être qui définit l’homme occidental dans sa
modernité. En revanche, l’individualisme éthique est un concept positif. Lévinas part de l’idée
que le pouvoir politique peut toujours exercer une violence. Dès lors, l’individu doit en
appeler à la vigilance de sa conscience individuelle, l’individualisme éthique étant une forme
de résistance face à l’oppression politique.
Gilles Lipovetsky, L’ère du vide (1983), Les temps hypermodernes (2004). Il se
définit comme un disciple de Tocqueville. Il est considéré comme un grand spécialiste de
l’individualisme. Il a exploré tous les champs de l’individualisme contemporain. Dans L’ère
du vide, il dénonce la désertion des valeurs, c'est-à-dire du politique, du syndicalisme.
Autrement dit, l’individu contemporain n’adhère plus. Il explique que dans les années 80, on
assiste à un surinvestissement de l’espace privé au détriment de la vie sociale et politique.
L’individu se détache de la Cité et se replie sur sa sphère personnelle. Dès lors, la société
contemporaine connaît une dérive individualiste, c'est-à-dire que l’individu contemporain met
au point des processus de dérivation de l’intérêt politique et social vers des intérêts purement
privés et exclusifs. Il donne comme exemple les films de Woody Allen.
Cet individualisme est-il forcément négatif ? Non, car ainsi il y a un épanouissement
personnel. Le plus grand philosophe français contemporain, Michel Foucault (1926-1984) a
écrit Surveiller et punir (1975). Il dit que la société moderne développe le libéralisme, mais
elle développe au bout du compte un univers disciplinaire, car les individus sont enfermés
dans des normes et sont en permanence surveillés. Il appelle ça « l’univers disciplinaire ». Dès
lors, l’individu, pour sortir de cet univers, a comme ressource sa propre fantaisie. Exemple : la
mode.
La définition de la société hypermoderne entend l’exagération. La société
hypermoderne est marquée par le royaume de la dérégulation, car tout explose (les actions
financières et boursières par exemple). On est dans une société hypermoderne, car on est dans
une société hyperbolique, c'est-à-dire une société de l’exagération. Évidemment on assiste à
un hyper-individualisme, car l’individu a toujours voulu s’adapter au rythme de la société, et
souvent par une débauche d’individualisme.
La référence littéraire de l’homme pressé : L’homme pressé (1941), Morand.
L’hyper-individualisme prend la forme du narcissisme, c’est le narcissisme
contemporain. Ce narcissisme contemporain s’appuie sur le développement de soi (yoga,
psychologie). Il y a notamment l’obsession narcissique de la santé (chirurgie esthétique,