LE MOT DE L’ENSEIGNANT
CHARGÉ DE MISSION A L’HISTORIAL DE LA VENDÉE
Exposition « Clemenceau, le Tigre et l’Asie »
Historial de la Vendée
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n janvier 1920, battu lors d’un vote préparatoire à l’élection présidentielle par Paul Deschanel,
Georges Clemenceau, le « Père la Victoire », se retirait dénitivement de la vie politique et mettait un terme
à une longue carrière, peu commune. A 79 ans, il allait désormais pouvoir satisfaire à quelques unes de ses
passions les plus chères : passion du voyage, de la connaissance des civilisations, des peuples, des idées,
passion de l’Asie et de l’Extrême-Orient...
Clemenceau embarque donc en septembre 1920, à l’invitation du Maharajah de Bikaner, pour un périple
de sept mois en Asie du Sud et du Sud-Est, qui le conduit aux Indes, à Ceylan, en Birmanie, en Malaisie, à
Singapour... Son intérêt pour l’Extrême-Orient, « l’Asie jaune », ne s’est jamais démenti durant son existence
et il se décline dans tous les domaines :
• Politique ( Clemenceau s’oppose à Jules Ferry sur la colonisation française en Indochine ; il est dans
une logique d’alliance avec le Japon, auquel il accorde une place centrale en Orient),
• Intellectuel (ses écrits marquent son engouement pour les philosophies et l’esthétique de l’Extrême-
Orient, il écrit en 1901 une pièce au sujet exotique « Le voile du bonheur » et défend la même année le
peuple chinois lors de la Révolte des Boxers...),
• Privé (il collectionne œuvres et objets asiatiques ; il eectue en Asie un voyage où il tente de cerner et
comprendre ces civilisations, cette expérience nourrira l’écriture de son livre « Au soir de la pensée »).
n cette année 2014, année du Centenaire de la Première Guerre mondiale, année Clemenceau
en Vendée, l’Historial met donc pour la deuxième fois à l’honneur et en pleine lumière cet aspect
méconnu de la personnalité complexe de Clemenceau.
Acteur majeur de l’Histoire de la IIIe République, homme politique, homme d’Etat et chef de guerre, dont
on connaît les engagements et aussi les emportements, le « Tigre » est aussi un ami dèle des arts et
des artistes – que l’on songe seulement à Monet –, un amateur passionné et exigeant qui collectionna
avec une ferveur discrète œuvres et objets d’Asie. Ce goût orientalisant est celui d’une époque où
« japonaiseries » et « chinoiseries » connaissent une vogue extraordinaire en Occident et notamment à
Paris, mais Clemenceau ne se contente pas d’accumuler les objets dans un seul but esthétique, il veut en
comprendre la signication profonde, s’imprégner du sens et de la pensée dont ils sont issus. C’est ainsi qu’il
réunit une collection remarquable de 3000 boîtes à encens (kôgô), d’estampes et de céramiques japonaises
sans négliger l’étude de la Chine ou de l’Inde, avec lesquelles il se découvre des anités philosophiques et
spirituelles, comme en témoigne sa réexion autour du bouddhisme.
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