3ème trimestre 2011 • 21
Japon, l’insubmersible
voltage américain, ce qui empêche toute compensation. Les difficultés de la produc-
tion électrique se feront d’autant plus sentir cet été que la consommation d’électri-
cité est plus forte à cette période de l’année pour cause de climatisation.
Selon la Banque du Japon, la croissance de l’économie en 2011 adopterait une forme
en V : après la forte chute du deuxième trimestre, un redressement interviendrait au
troisième et se développerait au quatrième sous l’effet des dépenses de reconstruc-
tion. Pour l’OCDE, au total la croissance serait limitée à 0,8% en 2011, suivie d’une
reprise à 2,3% en 2012 2, le taux d’inflation étant légèrement positif. Une inquiétude
sur la reprise provient du comportement des Japonais : solidaires, profondément
affectés par le sort de leurs concitoyens atteints par la catastrophe, ils s’abstiennent
de toute dépense somptuaire, ostentatoire, freinant ainsi la consommation.
Le financement de la reconstruction sera difficile, mais
supportable, par un pays ébranlé mais riche en capitaux.
Certes, la dette publique est déjà très élevée (11 100mil-
liards de dollars, soit 226% du PIB pour l’estimation de
la dette brute et 114% pour la dette nette compte tenu
des importants avoirs japonais à l’étranger). Mais 95%
de cette dette est détenue par les Japonais qui continue-
ront à acheter des obligations d’État malgré leur faible
taux de rendement (1,2 à 1,3%). Le stock d’épargne
s’élève à deux fois le PIB et la Banque du Japon dispose,
en réserve, de 1 100milliards de dollars de titres. Elle a assuré la liquidité au cœur de
la crise en injectant 183milliards de dollars au lendemain du tremblement de terre,
puis 97milliards le jour suivant, au moment où les fuites radioactives prenaient des
proportions inquiétantes, entraînant l’envolée de la base monétaire. La Banque du
Japon a aussi augmenté son programme de rachats d’actifs de 5 000milliards de yens
à 40 000 et a voulu amortir l’aversion pour le risque des opérateurs de marché en se
portant elle-même acheteur de titres risqués comme les ETF, des fonds indiciels, et
les REITs, des fonds d’investissement immobiliers. De leur côté, les grandes banques
Mitsubishi UFJ, Sumitomo Mitsui, Mizuho se sont mobilisées pour répondre à des
demandes d’emprunts alors que les entreprises se finançaient jusque-là plutôt par
émission d’obligations. Le gouvernement sollicite et soutient aussi Sendai Bank
pour organiser des prêts-relais dans les zones dévastées par la catastrophe.
2. Données publiées le 21avril 2011.
Le stock
d’épargne s’élève
à deux fois le PIB
et la Banque du
Japon dispose, en
réserve, de 1 100
milliards de
dollars de
titres.
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