
Les "Dix-huitièmes Entretiens" du Centre Jacques Cartier Lyon, 5 décembre 2005 Michel Guillou 4
seconde une seule langue étrangère, l'anglais, quand, dans les sciences, la diplomatie, au travail,
dans l'entreprise, dans les médias, l'anglais sera devenu le véhicule commode, naturel et maîtrisé,
quelle place restera-t-il pour l'expression des cultures autres que la culture dominante? Ne faisons
pas en sorte d’être les Indiens du XXIème siècle.
Plus largement, le choix d'une mondialisation humaniste, équilibrée, diverse qui rejette tout
autant l'intégrisme que l'unilatéralisme, et l'approche impériale, doit être cohérent. Il doit engager
les Etats, leurs regroupements, les sociétés civiles, du local à l'international et dans tous les
domaines, au-delà du culturel et du linguistique. Il y a un coût, le coût de la liberté.
Une convention internationale pour la diversité culturelle, aussi contraignante, serait-elle,
n'y suffirait pas à elle seule. C'est le choix du « pluriel » sur « l'unique » qui doit être fait de haut en
bas, dans tous les secteurs de l'activité humaine, et pour les langues, celui du plurilinguisme.
Comment vouloir la diversité culturelle au niveau mondial et, par laisser-faire, faute d'une
réelle volonté politique, laisser l'anglais devenir insidieusement la seule langue étrangère du cursus
éducatif. Le choix du pluriel est un tout. Qui est plus moderne d'HEC Montréal qui dispense ses
enseignements en français, en anglais, en espagnol ou d’HEC Paris qui fait le choix du seul
anglais ?
A côté des législations linguistiques, dont la Loi 101 au Québec, est un modèle, pour
promouvoir et défendre les langues nationales, au-delà des subventions et des quotas, il faut
affirmer le besoin de politiques d’apprentissage des langues qui débouchent sur le multilinguisme,
c’est à dire sur la connaissance à égalité de deux ou plusieurs langues étrangères, autres que la
langue nationale ou locale.
Mais le combat pour la diversité culturelle ne s'arrête pas là en Francophonie. Il faut que la
Communauté francophone offre une garantie de diversité culturelle en son propre sein. Ce n’est pas
le cas, si l'on en juge par les difficultés que continuent à rencontrer les artistes pour circuler et
diffuser leurs créations du Sud au Nord, mais aussi du Sud au Sud.
Plus généralement, l'espace francophone peut-il être un espace de diversité culturelle sans
qu'existent en Francophonie des préférences de circulation pour les biens, services et produits
culturels. De plus, en Francophonie, comme ailleurs, l'écart reste considérable en terme