L`état de l`environnement au Niger

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Observatoire du Sahara et du Sahel
Paris
Ce.S.I.A. – Accademia dei Georgofili
Florence
L’état de l’environnement au Niger
DRAFT ver. 0.2
Octobre 1999
Tables des matières
Préface
Introduction
3
4
1. LE CONTEXTE INSTITUTIONNELLE ET LEGISLATIF EN MATIERE D'ENVIRONNEMENT 6
1.1.
1.2.
1.3.
1.4.
Le Plan National de l’Environnement pour un Développement Durable (PNEDD) 6
La mise en oeuvre de la CCD
11
Institutions nationales
16
Etat de l’art en matière d’information environnementale
17
2. LE CADRE NATIONAL BIOPHYSIQUE ET ÉCONOMIQUE
19
2.1.
19
2.1.1.
2.1.2.
2.1.3.
2.2.
2.2.1.
2.2.2.
2.3.
2.4.
2.5.
2.6.
Caractéristiques territoriales
Le cadre physique général et hydrographie
Géomorphologie et sols
Occupation du sol et végétation
Caractéristiques climatiques
Les types de temps
Les régions climatiques
19
20
21
22
23
25
La démographie
L’économie
Le système agricole
L'élevage
26
28
29
31
3. ETAT DE L’ENVIRONNEMENT
34
3.1.
3.2.
Zonage traditionnel
Zonage national des aires à risque
34
35
L'analyse de la pression agricole
L'analyse de la pression pastorale
L'analyse de la pression forestière
L'analyse du risque environnementale
35
37
37
38
3.2.1.
3.2.2.
3.2.3.
3.2.4.
4. LES PROJETS DE LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION:
40
5. ANALYSE PAR RÉGION
42
5.1.
5.2.
5.3.
5.4.
5.5.
5.6.
5.7.
42
42
43
43
44
45
47
Caractérisation de la région d’Agadez
Caractérisation de la région de Diffa
Caractérisation de la région de Dosso
Caractérisation de la région de Tillaberi
Caractérisation de la région de Maradi
Caractérisation de la région de Zinder
Caractérisation de la région de Tahoua
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
Préface
Ce travail a été développé dans le cadre du programme de collaboration entre le Ce.S.I.A.
(Accademia dei Georgofili, Florence) et l’Observatoire du Sahara et du Sahel (O.S.S., Paris) avec
l’appui de la Direction de l’Environnement du “Ministère de l’Hydraulique et de l’Environnement” du
Niger et du Secrétariat Exécutif du Conseil National de l’Environnement pour un Développement
Durable (SE/CNEDD).
L'Etat de l'environnement au Niger
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Ce.S.I.A. - Florence
Introduction
Le Niger, pays enclavé, dont le point le plus proche de la mer se trouve à 600 km, couvre une
superficie de 1.267.000 km et se situe entre les longitudes 0°16' et 16° Est, et les latitudes 11°1' e t
23°17' Nord. Les limites septentrionales du pays co nfinent donc au tropique nord . Les 3/4 du pays
sont désertiques, comportant le désert du Ténéré qui compte parmi les déserts les plus
redoutables. Le Niger partage plus de 5000 km de frontières communes avec l'Algérie et la Libye
au nord, le Mali et le Burkina Faso à l'ouest et au sud ouest le Bénin et le Nigeria au sud, le Tchad
à l'est.
A l'instar des autres pays sahéliens, le Niger connaît une anomalie climatique très prononcée
depuis plusieurs décennies. Les problèmes environnementaux se posent avec beaucoup d'acuité
du fait des sécheresses récurrentes, de la désertification, de la démographie galopante et de la
crise économique sévère et persistante. Le potentiel productif se dégrade de plus en plus à la
faveur des modifications climatiques et des actions anthropiques sur les ressources. Les équilibres
des écosystèmes sont continuellement et gravement perturbés et les ressources naturelles
disponibles s'amenuisent au fil du temps.
Ces phénomènes qui contribuent à l'appauvrissement des populations se traduisent par la baisse
de fertilité des sols, la réduction du capital productif, la diminution des revenus en milieu rural,
l'accroissement de l'insécurité alimentaire et l'exacerbation des conflits entre les exploitants des
ressources.
On arrive aujourd'hui à une situation quasi-généralisée d'appauvrissement du capital terre, de
diminution des jachères, de surexploitation des ressources ligneuses et du pâturage.
La pluviosité constitue l'élément déterminant du climat. Les pluies, généralement orageuses et par
conséquence de forte érosivité, varient dans l'espace et dans le temps et diminuent suivant un
gradient décroissant de sud-ouest à nord-est. Les moyennes mensuelles de l'évapotranspiration
potentiel (ETP ) et de la température sont assez élevées, notamment pendant la saison chaude
(de Mars à Juin).
La question de l'environnement préoccupe ouvertement le Niger depuis une vingtaine d'années
déjà. A cet effet, plusieurs expertises relatives à la lutte contre la désertification et de la
dégradation des ressources naturelles ont été menées. De nombreuses initiatives ont été
également entreprises plus ou moins isolément, sur la base de différents projets, sans cohérences
entre elles, ni réelle appropriation de la part des populations. Celles-ci ont conduit à la formulation
de nombreux plans et programmes d'intervention qui n'ont généré cependant qu'une partie des
effets bénéfiques attendus.
Elles auront néanmoins permis de développer des techniques d'interventions adaptées
susceptibles d'améliorer l'état des différentes ressources considérées.
Ainsi, depuis l'engagement de Maradi en 1984, le Niger a pris en charge la mise en oeuvre de
plusieurs plans et programmes qui ont porté, entre autre, sur la lutte contre la désertification (Plan
National de Lutte Contre la Désertification - PNLCD 1985, révisé en 1991) et la gestion des
ressources naturelles (Programme National de Gestion des Ressources Naturelles - PNGRN
1993), le Plan d'Action Forestier Tropical (PAFT ) etc.
Malgré tout, le Niger reste l'un des pays les plus pauvres de la planète selon l'indice de
développement humain ( Etude sur l'indice de développement, PNUD, 1996 ). Il a connu un taux
de croissance démographique moyen de 3,3% par an pour la période de 1975 à 1994 contre un
taux de croissance du PIB réel de 1,7% en moyenne pour la même période. Cette faiblesse du
taux de croissance du PIB par rapport à celui de la population persiste et s'amplifie depuis plus de
15 ans. L'économie du Niger reste dominée par le secteur rural en difficulté et la gestion de
l'environnement, que l'on associe à la sauvegarde du capital-ressources, devient économiquement
une priorité majeure.
L'Etat de l'environnement au Niger
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Ce.S.I.A. - Florence
En résumé, l'économie du Niger repose sur un capital-ressources de plus en plus restreint.
Plusieurs études entreprises au cours des vingt dernières années démontrent à cet égard que la
base des ressources naturelles du pays est non seulement limitée, mais qu'elle se dégrade de
plus en plus, au fur et à mesure que les besoins des populations en majorité pauvre s'accroissent.
Ce déséquilibre handicape le développement du pays qui a peu d'alternatives vers lesquelles se
tourner. Le Niger ne peut par ailleurs compter sur la présence d'autres secteurs technologique,
industriel ou commercial forts et capables de prendre la relève. La crise du développement dans
laquelle il est plongé menace non seulement le patrimoine culturel national, mais aussi et surtout
la survie des populations qui en dépendent.
Depuis les deux dernières décennies, celles-ci ont vu le rendement de leurs productions agricoles
diminuer, tandis que leur niveau de vie s'est considérablement dégradé. Les populations sont de
plus en plus pauvres, ce qui les conduit à adopter des stratégies et des comportements qui, à long
terme, ne sont pas durables.
Cependant, les questions liées à l'environnement et au développement durable deviennent une
préoccupation majeure. Le développement durable est appréhendé comme un processus de
développement respectueux de l'environnement qui assure un meilleur équilibre dans les relations
espace - société.
Mais ces questions se sont révélées comme des équations difficiles à résoudre sans une synergie
d'efforts de l'ensemble de la communauté.
En raison de leur gravité et de leur caractère multidisciplinaire et multisectoriel, ces questions
appellent, pour leur résolution, la mobilisation effective de tous les acteurs du développement
national, à tous les niveaux, avec l'appui bienveillant des partenaires de coopération.
C'est une conviction qu'entend faire partager la Convention de Lutte Contre la Désertification, qui
apparaît comme un instrument promoteur pour combattre la désertification au regard des
dispositions pertinentes qu'elle contient. C'est en cela que l'adoption de la Convention sur la
Désertification est une révolution; celle de la remise en cause d'un ordre ancien incapable de faire
face aux préoccupations environnementales.
Au Niger, la mise en oeuvre de la Convention de Lutte Contre la Désertification (CCD) se fait à
travers le Plan Nationale de l'Environnement pour un Développement Durable (PNEDD), plan qui
tient lieu du Programme d'Action National (PAN) tel que préconisé par la Convention.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
1.
1.1.
LE CONTEXTE INSTITUTIONNELLE
D'ENVIRONNEMENT
Ce.S.I.A. - Florence
ET
LEGISLATIF
EN
MATIERE
Le Plan National de l’Environnement pour un Développement Durable (PNEDD)
Au regard de la désertification et des conséquences induites de sécheresse que connaît le
pays, le Gouvernement nigérien a décidé de se doter d'un cadre de référence pour traduire dans
les faits les engagements pris au plan international en ratifiant les différentes conventions
notamment celle relative à la lutte contre la désertification, à la biodiversité, aux changements
climatiques et aux eaux internationales.
Dès lors, dans la foulée de la réflexion qui s'est engagée à la suite de la tenue de plusieurs
événements internationaux tels que la Conférence des Nations-Unies sur l'Environnement Humain
(CNUEH /Stockholm-1972) et surtout la Conférence des Nations Unies pour l'Environnement et le
Développement Durable (CNUEDD) tenue à RIO de Janeiro en 1992, le Niger reconnaît que son
développement dépend en grande partie de sa capacité à mieux gérer l'ensemble de ses
ressources. Délaissant l'approche sectorielle et technique des années 80, le pays favorise
maintenant une approche plus globale.
Dans ce cadre le Niger s'est lancé dans un processus d'élaboration d'un Plan National de
l'Environnement pour un Développement Durable (PNEDD) qui est le document qui fait office de
cadre national de référence en matière d'orientation stratégique dans le domaine de
l'environnement pour un développement durable coordonnée par un Conseil National de
l'Environnement pour un Développement Durable (CNEDD) et de son Secrétariat Exécutif
(SE/CNEDD).
Ainsi le PNEDD qui tient lieu du Plan d'Action National Environnemental (PANE), avec la
prise en compte du … (PNGRN), intègre le … (PNLCD), le Plan d'Action Forestier Tropical
(PAFT), le schéma de mise en valeur et de Gestion des Ressources en Eau ainsi que d'autres
programmes en cours et à venir dans les domaines de l'Environnement et inclura le PAN/LCD
préconisé par la Convention de Lutte Contre la Désertification (CCD).
Le PNEDD, document national résultant d’un consensus entre les différents partenaires du
secteur public, du secteur privé et de la société civile, compte cinq parties principales: la première
partie rappelle le contexte général dans lequel le PNEDD a été préparé; la deuxième partie
présente le bilan diagnostic de la situation du Niger en matière d’environnement et de
développement durable; la troisième partie est consacrée à la présentation des éléments de
politique en matière d’environnement et de développement durable, ainsi qu’à sa stratégie de mise
en œuvre; la quatrième partie présente les programmes prioritaires et les actions
d’accompagnement; la partie cinquième fournit les principaux éléments de mise en œuvre.
L’idée d’élaborer un PNEDD au Niger est née de la persistance dans le domaine de
l’environnement et de développement de plusieurs problèmes et contraintes malgré les multiples
initiatives et actions mises en œuvre. L’approche sectorielle, l’absence et/ou l’insuffisance de
coordination et de concertation entre les différents acteurs, la faiblesse des mécanismes de suivi
évaluation, l’absence de documents de référence cohérents, la faiblesse des capacités nationales
en matière de financement, l’insuffisance de participation et d’engagement des principaux
partenaires étaient au nombre de ces problèmes et contraintes. A ces maux s’ajoutent
l’amenuisement de la base des ressources naturelles, l’appauvrissement des populations (3,4% de
croissance pour le PNB en 1996), la baisse continuelle du taux d’investissement (17.1% en 1994,
11.7 en 1995 contre 9.4 en 1996), un fort taux annuel d’accroissement de la population(3,32%).
Pour en apporter des solutions durables et en même temps respecter les engagements pris
au plan international, le Niger a convenu de l’élaboration du PNEDD, cadre de référence intégrant
tous les efforts pertinents en cours ou à venir liés à l’environnement et au développement durable
tout en cherchant l’harmonie avec les autres programmes majeurs du Niger.
Processus continu, participatif et itératif, le PNEDD a été bâti à partir des capacités
nationales avec la contribution de tous les partenaires intéressés par la question
environnementale. Il intègre les acquis, particulièrement, ceux qui ont trait aux instruments de
planification, aux plans et programmes déjà élaborés ou en cours d’élaboration, de même que
ceux traitant de la formation et de la recherche en matière de développement durable. Il a aussi
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
tenu compte des dispositions de l’Agenda 21 susceptibles de répondre aux préoccupations du
pays et de constituer ainsi des priorités au niveau national.
Lancé en mai 1995, le processus d’élaboration du PNEDD a été marqué par plusieurs
événements dont les plus importants sont ci-dessous mentionnés:
Date
Mai 1995
Lieu
Niamey
Evènement
Atelier de lancement du processus PNEDD
Septembre 1995 La Tapoa
Atelier sur le cadre institutionnel à mettre en place et décision relative
à son ancrage
Janvier 1996
Niamey
Création du CNEDD, organe chargé de l’élaboration du PNEDD et
mise en place de son Secrétariat Exécutif
Octobre et
Tout le pays Consultation nationale (information – sensibili-sation) auprès des
Novembre 1996
principaux intervenants de chacune des régions du pays
Mars 1997
Maradi
Atelier national de validation des conclusions des rencontres
d’information et de sensibili-sation entre le CNEDD et les partenaires
Mai 1997
Niamey
Première session ordinaire du CNEDD en vue d’adopter les projets
de textes sortis de la réunion de validation de Maradi
Juillet et
Tout le pays Réalisation des études et diagnostics régionaux et sous régionaux
Août 1997
Septembre et
Tout le pays Fora régionaux de validation de l’étude du bilan diagnostic
Octobre 1997
environnemental
Février 1998
Niamey
Réunion extraordinaire du CNEDD
Avril 1998
Niamey
Forum national de validation du PNEDD
Le bilan diagnostic du Niger en matière d’environnement et de développement durable
avait pour objectif d’exposer le contexte général dans lequel s’inscrivait l’élaboration du PNEDD,
notamment au plan géographique et au plan des politiques économiques et socio- culturelles, de
manière à dégager les enjeux. La réalisation de ce bilan à consister en la conduite des études et
diagnostics dans toutes les régions et sous régions du pays. Les études ont principalement traité
des aspects suivants:
-
physiographie générale;
climat et zones agro-climatiques;
contexte géologique, ressources et activités minières;
ressources hydriques et approvisionnement en eau;
ressources fauniques et aires protégées;
contexte socio- économique (administration, population, activités économiques);
communication et environnement;
économie et environnement;
cadre institutionnel et législatif de la gestion de l’environnement.
Le bilan diagnostic environnemental a permis de dégager une vue d’ensemble de la
problématique de l’environnement et du développement durable au Niger à partir de laquelle le
pays compte fonder sa stratégie d’intervention. Il a également été un cadre pour les populations
d’exprimer leurs besoins les plus urgents et pour le Gouvernement de définir ses programmes
prioritaires.
Les problèmes de l’environnement et de développement auxquels fait face le Niger, ainsi que
les facteurs qui les déterminent sont résumés et schématisés sur la figure ci-après:
L'Etat de l'environnement au Niger
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Ce.S.I.A. - Florence
Le PNEDD a pour finalité d’élargir les options de développement du Niger et de les
pérenniser pour les générations futures. Il vise à mettre en place les conditions favorables à
l’amélioration de la sécurité alimentaire et des conditions sanitaires, à la solution de la crise de
l’énergie domestique et au développement économique des populations. A cet effet, il cherche à
assurer une gestion plus rationnelle des ressources naturelles, à intégrer les préoccupations
environnementales dans la définition des politiques, programmes et projets, à favoriser
l’implication, la responsabilisation, et la participation des populations dans la gestion des
ressources naturelles, et du développement d’un partenariat efficace entre les acteurs concernés
par la gestion de l’environnement et le développement durable.
Le PNEDD s’inscrit dans les perspectives du long, moyen et court terme. Les résultats à
long terme (impacts) se traduiront par un respect plus rigoureux des caractéristiques
fondamentales des diverses composantes de l’environnement et la diminution de la pauvreté, ceux
à moyen terme (effets) par la prise en compte systématique de la question environnementale dans
les politiques, programmes et projets, une meilleure cohésion et coordination des actions à toutes
les échelles avec une clarification des rôles et responsabilités des divers acteurs. L’atténuation de
la dégradation des ressources naturelles, l’adoption de la politique nationale en matière de
l’environnement, le renforcement de capacité des institutions chargées de la gestion de
l’environnement, le financement des actions, la sensibilisation et la mobilisation des populations
sont les résultats attendus à court terme (extrants) du PNEDD.
Dans le cadre des consultations régionales les populations ont exprimé des préoccupations
auxquelles elles accordent un intérêt particulier. Les besoins exprimés sont multiples et varient
dans l’espace selon les caractéristiques fondamentales des milieux naturel et humain. Malgré de
nombreuses disparités inter et intra régions, un effort a été fait pour regrouper les besoins
exprimés en douze catégories:
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-
Ce.S.I.A. - Florence
conservation et restauration du milieu;
gestion des ressources forestières et fauniques;
mobilisation et gestion des ressources en eau;
gestion des productions agro-sylvo-pastorales;
développement des productions halieutiques et apicoles, aménagement des pêcheries;
hygiène et assainissement en milieu urbain;
développement des capacités en environnement;
énergie;
amélioration et renforcement du cadre institutionnel et juridique;
mines et industrie;
infrastructures routières et communications.
Les programmes prioritaires, au nombre de six, constituent la partie centrale du PNEDD. Ce
sont eux qui orienteront les actions à court terme ainsi que les actions transversales décrites tout
au long du diagnostic environnemental. Il s’agit du :
-
Programme d’action national de lutte contre la désertification et gestion des ressources
naturelles (PAN/LCD-GRN);
Programme eau et développement durable;
Programme énergie et développement durable;
Programme environnement urbain et cadre de vie;
Programme de gestion de la diversité biologique;
Programme changements et variabilité climatique.
Ces programmes trouvent leur justification dans les enjeux reconnus par tous et dans la
dynamique des causes et des effets mise en lumière à travers l’analyse de la problématique
environnementale.
Le Programme d’action national de lutte contre la désertification et gestion des ressources
naturelles (PAN/LCD-GRN) rentre spécifiquement dans le cadre de la mise en œuvre de la CCD
fera l’objet d’une description plus détaillée dans le prochain chapitre du présent document.
Le Programme eau et développement durable .Bien que ce programme concerne également
les ressources naturelles et qu’il aurait pu être intégré dans le précédent, il a été convenu d’en
faire une entité autonome en raison de l’importance stratégique que revêt l’eau au Niger. Les
principaux objectifs que poursuit ce programme sont les suivants:
- améliorer la connaissance du potentiel hydraulique et de ses possibilités d’exploitation;
- satisfaire les besoins en eau des populations et améliorer leur environnement;
- mobiliser les ressources en eau en vue de sécuriser les différentes productions;
- améliorer le cadre juridique et institutionnel.
Un forum national de validation a parachevé le processus d’élaboration de ce programme.
Le Programme énergie et développement durable. Le programme prioritaire de l’énergie
constitue l’un des piliers du PNEDD. La grande question de l’énergie est en effet au cœur des
problèmes du Niger en matière d’environnement et de développement. C’est pourquoi il s’assigne
les objectifs ci-après:
- améliorer la sécurité en matière d’énergie et assurer une gestion intégrée des différentes
ressources énergétiques;
- assurer une gestion rationnelle du bois énergie;
- accroître l’utilisation des sources d’énergie alternatives au bois énergie;
- élaborer des mesures d’accompagnement pour faciliter l’adoption des technologies nouvelles.
La réalisation d’une étude sur le secteur Energies Nouvelles et Renouvelables et l’établissement
des TDR constituent les principales activités entrant dans le cadre de l’élaboration de ce
programme dont les moyens financiers font défaut.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
Le Programme environnement urbain et cadre de vie. Ce programme qui s’adresse
directement aux populations porte principalement sur l’aspect assainissement du milieu et
s’intéresse particulièrement aux problèmes des pollutions et nuisances. Ainsi il vise les deux
objectifs fondamentaux suivants:
- assurer une meilleure maîtrise de la croissance urbaine;
- améliorer le cadre de vie de populations urbaines et rurales.
Les études de base pour l ‘élaboration de la stratégie nationale en matière de gestion de
l’environnement urbain sont en cours.
Le Programme de gestion de la diversité biologique. Tirant les leçons de ses expériences et
pour honorer ses engagements relativement à la ratification de la convention sur la diversité
biologique, le Niger a obtenu du FEM un appui financier pour élaborer sa stratégie nationale et son
plan d’action en matière de biodiversité (SNPA-DB). La stratégie et son plan d’action visent à
réaliser les mêmes objectifs ultimes poursuivis par la convention sur la diversité biologique. Un
forum national de validation a parachevé le processus d’élaboration de ce programme. Sa mise en
œuvre est confrontée au manque de moyens financiers.
Le Programme changements et variabilité climatique. Ce programme s’inscrit dans le cadre de
la mise en œuvre de la convention cadre de Nations Unies sur les changements climatiques dont
le Niger est partie depuis juillet 1995. Pour se conformer aux dispositions de ladite convention le
Niger a pris les engagements de réaliser les objectifs qu’elle s’est assignée. L’élaboration de ce
programme est en cours avec l’appui du FEM.
Pour tous ces programmes la contrainte majeure reste et demeure la mobilisation des ressources
financières.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
1.2.
Ce.S.I.A. - Florence
La mise en oeuvre de la CCD
Dans le cadre de la mise en oeuvre de la Convention de Lutte Contre la Désertification, le
Niger s'est donc lancé dans le processus d'élaboration du Programme d'Action National de Lutte
contre la Désertification et de Gestion de Ressources Naturelles (PAN-LCD/GRN).
Le PAN/LCD-GRN, l'un des six programmes prioritaires du PNEDD, intègre dans ses
objectifs et ses stratégies, ceux qui sont issus de trois programmes nationaux, à savoir le PNGRN,
le PNLCD et le Plan d'action forestier tropical (PAFT). Il tient compte en outre des suggestions de
la CCD quant aux programmes d'actions nationaux (PAN), ainsi que des composantes spécifiques
relatives à la gestion des ressources naturelles que l'on retrouve dans d'autres programmes
nationaux, notamment celui de la lutte contre la pauvreté.
Il a été ensuite créé, par arrêté n°066/PM/ du 22 A oût 1997 du Premier Ministre, une
commission nationale PAN-LCD/GRN chargée d'appuyer le Secrétariat Exécutif du CNEDD pour
l'élaboration du programme. Cette commission a été dotée d'un secrétariat technique PANLCD/GRN créée par le même arrêté, chargée de conduire en permanence le processus
d'élaboration de ce programme. Cependant, la version provisoire de l'avant projet du document
dudit programme, a été élaborée en octobre 1998. Des rencontres organisées par le SE/CNEDD
au niveau de chacune des régions et de la Communauté Urbaine de Niamey ont permis d'enrichir
et d'amender cette version.
L'intégration des observations et amendements des régions doit donner lieu à l'avant-projet
du PAN/LCD-GRN devant être soumis à un atelier national de validation. Cette intégration est en
cours, et la finalisation de l'élaboration du PAN/LCD-GRN et sa mise en oeuvre seront assurées
par le DAP/PNUD, le FIDA et la Cellule de Gestion des Ressources Naturelles (CGRN).
Les questions de lutte contre la désertification, de part leurs importances sont aujourd’hui
prises en charge par les hautes autorités de l’Etat. Ainsi il a été créé auprès du Premier Ministre le
Conseil National de l’Environnement pour un Développement Durable (CNEDD). Ce conseil est
doté d’un Secrétariat Exécutif (SE/CNEDD),Organe National de Coordination (ONC) et
d’harmonisation des actions d’environnement et de développement durable et point focal de toutes
les conventions post-RIO.
En vue d’honorer les engagements pris par le Niger à travers la CCD, le Premier Ministre a
doté le SE/CNEDD d’une Commission Technique nationale chargée du processus PAN/LCDGRN.
Le processus d’élaboration du PAN/LCD-GRN, un des six programmes prioritaires du
PNEDD, a été caractérisé par une approche participative, itérative et active ayant impliqué les
différents acteurs notamment la population et la société civile. Il a reposé sur les principaux
éléments suivants:
- l’information et la sensibilisation des différents acteurs sur la CCD à travers des rencontres
tant au niveau national, régional, sous régional que local;
- la prise en compte et l’intégration des acquis et des dispositions de la CCD;
- la réalisation des bilans diagnostics participatifs, nationaux, régionaux et sous-régionaux sur
la problématique de la désertification et de la dégradation des ressources naturelles;
- le recrutement d’expertise nationale pour l’élaboration de la version provisoire du PAN/LCDGRN;
- l’examen et l’adoption de la version provisoire par la Commission technique PAN/LCD-GRN,
donnant ainsi lieu à un avant projet;
- la soumission de l’avant projet PAN/LCD-GRN aux 7 régions du pays et la Communauté
Urbaine de Niamey pour enrichissement à travers des ateliers régionaux organisés à cet
effet en Novembre 1998.
- La démarche itérative adoptée pour discuter avec toutes les couches sociales du pays à
travers des consultations régulières ainsi que les observations et avis des différents acteurs
ont permis d’avoir les éléments permettant d’aboutir à un avant projet.
Il reste à présent l’examen et l’intégration des observations et avis, puis la rechercher des
informations complémentaires devant enrichir l’avant projet à soumettre au forum national de
validation.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
L’intégration des recommandations et amendements issus du forum national de validation
parachèvera le processus d’élaboration du PAN/LCD-GRN.
Pour atteindre ces objectifs globaux, le Programme d’Action National de lutte contre la
Désertification et de Gestion des Ressources Naturelles se fixe les objectifs généraux suivants :
-
analyser et suivre les facteurs qui contribuent à la sécheresse et à la désertification;
assurer une gestion durable des ressources des terroirs;
organiser, former et faire participer les populations à la gestion durable des ressources
naturelles;
améliorer la production rurale;
améliorer les conditions de vie des populations;
assurer un financement adéquat des activités prévues dans les différents sous programmes du
PAN/LCD-GRN.
La stratégie nationale pour la mise en œuvre du PAN/LCD-GRN, repose sur les principes
fondamentaux dont les plus importants sont :
-
la nécessité d'une approche globale et systémique;
l'importante de centrer l'attention sur les composantes humaines
et sociales de
l'environnement;
l'impératif d'une vision à long terme;
la nécessité d'une concentration des actions;
la nécessité de l'implication et de la participation des populations à travers des structures
décentralisées efficaces;
le renforcement du partenariat entre acteurs;
le besoins de s'appuyer sur les acquis;
l'obligation de la cohérence et de la cohésion;
l'intervention suivant "l'Approche Gestion des Terroirs";
la mise en place d’un mécanisme durable de mobilisation des ressources humaines et
financières.
Cette stratégie s’articule autour de trois axes regroupant chacun des domaines prioritaires
d’intervention en relation avec les facteurs de la désertification et de la sécheresse, à savoir:
i.
-
Ressources naturelles et leurs modes d’exploitation comprenant les domaines
suivants :
sol
eau
végétation
animaux terrestres et aquatiques
mines
vulgarisation des substituts au bois de chauffe
-
Aléas et contraintes liées à la gestion des ressources naturelles comprenant les
domaines suivants :
phénomènes climatiques et la sécheresse
population, urbanisme et habitat.
-
Mécanismes d’appui à la LCD/GRN comprenant les domaines suivants :
éducation et sciences
systèmes de suivi, d’alerte et d’atténuation des effets de la sécheresse.
ii.
iii.
Après une analyse approfondie de ces principaux domaines prioritaires, des
objectifs généraux, des orientations stratégiques et des actions possibles sont proposées
pour chacun d’eux.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
L’analyse des facteurs de la désertification et de la dégradation des ressources naturelles
et les axes prioritaires d’intervention retenus dans le programme d’action permet d’identifier 11
sous-programmes prioritaires; Il s’agit:
a) en matière de gestion durable des ressources naturelles, du:
-
Sous-programme conservation et restauration des terres;
Sous-programme mobilisation et de maîtrise des ressources en eau;
Sous-programme lutte contre l’ensablement des terres;
Sous-programme reboisement à buts multiples et valorisation des sous-produits
forestiers;
Sous-programme spécial d’agroforesterie;
Sous-programme gestion des ressources naturelles (extension);
Sous-programme aménagement et gestion des forêts naturelles;
Sous-programme lutte contre les feux de brousse;
Sous-programme aménagement des pêcheries et lutte contre les plantes
envahissantes.
b) en matière de contraintes liées à la lutte contre la désertification et de gestion des
ressources naturelles et à la lutte contre les Aléas, du:
-
Sous-programme sensibilisation, information et formation sur la lutte contre la
désertification et la gestion des ressources naturelles.
c) en matière de mise en place des mécanismes d’appui à la lutte contre la désertification
et la gestion des ressources naturelles, du :
-
Sous-programme renforcement des capacités des services d’observation et de suivi de
la désertification et de la sécheresse.
Les priorités définies dans le PAN/LCD-GRN qui visent à constituer une réponse pour
inverser la tendance de la désertification et des effets de la sécheresse et amorcer la restauration
du capital productif et un développement durable à travers une stratégie intégrée, s'exécuteront
sur le long terme. Cependant, lors de la réalisation du bilan diagnostic environnemental, les
populations ont eu à exprimer des besoins réels et pressants ressentis. En attendant la mise en
œuvre des priorités et de garantir le succès du processus PAN/LCD-GRN, il s'avère en
conséquence impératif de prendre sans délai des dispositions de nature à arrêter la dégradation
du capital productif, à démontrer la volonté du gouvernement, à avoir la confiance de la population
et enfin à faire prendre conscience à cette population que son implication est indispensable et
déterminante. C'est en ce sens que les actions urgentes sont conçues à la fois comme des
actions pilotes d'intervention et une stratégie d'adhésion et de mobilisation des différents
partenaires au processus de mise en œuvre du PAN/LCD-GRN; en somme il s'agit de sensibiliser,
et de former les populations bénéficiaires et les acteurs du programme par des actes concrets.
Les actions urgentes sont des petites opérations de protection du capital productif, de
récupération de celui dont la dégradation est encore limitée conformément à la convention des
Nations Unies sur la lutte contre la désertification et/ou de préparation de certaines actions
d'envergure ou à moyen et long terme. Elles visent la satisfaction des besoins réels pressants
ressentis et exprimés par les populations ; elles sont conçues et réalisées par les populations à
l'aide de technologies appropriées et des budgets à dimension supportable localement dans des
délais réduits.
Activités entreprises dans le cadre de la mise en œuvre du PAN
Les efforts fournis par le Niger en matière de lutte contre la désertification datent de son
indépendance en 1960, mais l'année de référence est 1984, année au cours de laquelle un débat
L'Etat de l'environnement au Niger
13
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
national sur la lutte contre la désertification a été organisé. Le Produit de ce débat est intitulé
"Engagement de Maradi".
De nos jours, plusieurs projets en exécution concourent à l'atteinte des objectifs du
PAN/LCD-GRN en attendant l'identification et la mise en œuvre de projets nouveaux. Il s'agit entre
autres du :
- Projet de Gestion des Ressources Naturelles (PGRN/Banque Mondiale);
- Projet Petite Irrigation Sud Zinder/UE ;
- Projet Basse Vallée de la Tarka./U.E ;
- Projet de Développement Rural Mayahi/PNUD ;
- Projet de Développement Rural de Tahoua/GTZ ;
- Projet Agro-sylvo-pastoral Tillabéri/GTZ ;
- Projet de Développement Rural Dosso/FAD ;
- Projet de Développement Rural dans l'Ader Doutchi Maggia/Italie/FAO ;
- Projet Energie Domestique (DANIDA) ;
- Projet d'Appui aux initiatives privées de gestion des Rôneraies de Gaya (Coopération
Suisse) ;
- Programme Spécial National 2/FIDA.
Concernant les actions spécifiques à la mise en œuvre du PAN/LCD-GRN, il s'agit :
-
-
d'Actions pilotes communautaire de Gestion Durable des Ressources Naturelles à
l'échelon local au niveau de Téra Nord (Bankilaré) et de la Haute Tarka (Belbédji) mises
en œuvre à travers un projet d'Appui financé par le PNUD ;
de l’élaboration et de l’adoption du document du projet d'appui à l'élaboration et à la
mise en œuvre du PAN/LCD-GRN financé par la Coopération Italienne à travers le
FIDA. Ce projet a pour objectif de finaliser, adopter et populariser le PAN/LCD-GRN et
de lancer les actions concrètes de terrain pour la mise en œuvre du programme
d'action.
Des projets transfrontaliers entrant dans le cadre de la mise en œuvre du PAN/LCD/GRN
sont en élaboration avec l'appui du CILSS, de l’UMA et du Secrétariat Exécutif de la CCD. Des
études monographiques ont été déjà réalisées dans les zones CILSS - Liptako Gourma (Niger Mali - Burkina Faso) et CILSS -UMA (Niger - Algérie - Mali).
Dans le cadre du Suivi Evaluation du PAN/LCD-GRN, le Niger s'est associé avec le
Burkina Faso, le Maroc, le Sénégal, la Tunisie et le Mali pour concevoir un projet en vue de tester
la méthodologie d'approche des indicateurs d'impacts des PAN et la mise en œuvre de système
de suivi - évaluation des programmes d'actions nationaux. Ce projet est sous la coordination du
CILSS, de l'UMA et de l'OSS.
Les consultations participatives du processus d'élaboration du PAN/LCD-GRN ont permis
de recueillir les avis exprimés par les populations parmi lesquelles nous retiendrons :
- leur grande satisfaction quant à la démarche participative qui les a associées au
processus ;
- leur volonté à participer physiquement ou sous forme de prestation de service aux
activités de lutte contre la désertification ;
- leur souci de disposer des sources d’énergie de substitution au bois.
Des contraintes pour la mise en œuvre du PAN/LCD-GRN ont également été identifiées par
les populations. Il s'agit principalement du manque des ressources financières. En effet, devant la
situation politique, économique et financière désastreuse que traverse le pays, les populations
s’inquiètent du risque de voir un programme élaboré de manière consensuelle avec toutes les
couches sociales et qui ne puisse être mis en œuvre.
L'Etat de l'environnement au Niger
14
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
Le manque de ressources financières nécessaires a beaucoup freiné le processus du
PAN/LCD-GRN dont l'avant projet était disponible depuis Novembre 1998.
Avec la nouvelle situation politique du pays qui se dessine et l'appui de la coopération
internationale l'espoir d'une mise en œuvre effective du PAN/LCD-GRN est permis.
Etablissement des priorités aux plans et politiques de développement durable:
Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention Internationale de lutte contre la
Désertification, le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures développées dans son
rapport national présenté à la troisième Conférence des Parties. Le présent document en donne
ci-dessous la synthèse :
Depuis son accession à l’indépendance, le Niger dont les 2/3 du territoire sont occupés par
les déserts, reste confronté à d’importants problèmes de développement économique et social liés
en partie à la crise environnementale qui y sévit. C’est ainsi que les différents plans et
programmes nationaux de développement élaborés et/ou mis en œuvre avant et après la
signature de la convention ont accordé une place de choix aux politiques et stratégies de lutte
contre la désertification. C’est le cas par exemple du plan de développement économique et social
1987-1991, du Programme de relance économique élaboré en 1996, des programmes des
investissements de l’état qui affectent 2/3 de ressources accordés dans le domaine de
l’environnement à la lutte contre la désertification et ses conséquences.
En 1998 fut élaboré le PNEDD, l’agenda 21 national. Ce document donne une priorité
absolue à la lutte contre la désertification dans le processus de recherche d’un développement
durable. Ainsi, le PAN-LCD/GRN constitue t-il l’un des programmes majeurs du PNEDD.
D’autres plans et stratégies sectoriels qui privilégient la lutte contre la désertification ont été
élaborés et /ou mis en œuvre. On peut citer les projets et stratégies en matière de population, de
lutte contre la pauvreté, de conservation de la biodiversité, d’énergie, d’éducation de base, de
gestion des terroirs etc.. Enfin, il faut noter que bien avant RIO, des plans et stratégies de lutte
contre la désertification ont été élaborés et mis en œuvre.
Mesures institutionnelles
Le Conseil National de l’Environnement pour un Développement Durable (CNEDD), doté
d’un secrétariat exécutif, est chargé de coordonner au niveau national la mise en œuvre de
l’agenda 21. Des commissions spécialisées sont créées pour élaborer, suivre et évaluer la mise
en œuvre des programmes prioritaires du PNEDD dont le PAN-LCD /GRN.
Le secrétariat exécutif du CNEDD est l’organe national de coordination (ONC). Ses
concertations avec les groupes impliqués dans le processus et/ou leurs représentants se sont
jusqu’ici déroulées à travers les réunions, les stages et les ateliers.
L’ONC dispose d’un site web et est connecté au réseau Internet. D’autres sources de
données existent mais elles sont disparates et ne disposent pas de statut juridique. Des études
sont engagées pour résoudre le problème, et des mesures de renforcement des structures
existantes sont préconisées.
Par ailleurs, plusieurs textes de lois sont en cours de révision aux fins de leur adaptation
aux contextes de la CCD et de nouveaux en cours d’élaboration.
L'Etat de l'environnement au Niger
15
O.S.S. - Paris
1.3.
Ce.S.I.A. - Florence
Institutions nationales
Le Ministère de l'Hydraulique et de l'Environnement (MHE), a été créé en en 1982. Jusque à
ce moment la gestion des ressources naturelles, mis à part l'eau, dépendait du Ministère du
Développement Rural dont relevaient l'agriculture, l'élevage, la forêt, la faune, la pisciculture et le
génie rural. La dislocation de ce grand ministère en deux départements ministériels distincts et
l'intérêt manifesté par les bailleurs de fonds au regard des questions environnementales ont été
les catalyseurs d'un certain nombre de conflits entre différents partenaires, conflits qui ont
malheureusement gêné l'évolution du dossier environnement et développement durable au Niger.
Les paragraphes qui suivent rappellent certains problèmes qui ont caractérisé jusqu'à tout
récemment la situation institutionnelle du pays en matière d'environnement.
Les différents points de vue sur la question de l'environnement et du développement durable
proposés par les bailleurs de fonds (lutte contre la désertification , gestion des ressources
naturelles) nourrissent certaines tensions inter-ministérielles.
Tous ces conflits, tant au chapitre des ressources naturelles qu'à celui des pollutions et nuisances,
introduisent beaucoup d'incertitude et se traduisent le plus souvent dans l'inaction des différents
intervenants ou par un manque de cohérence sur le terrain.
Les ressources humaines et matérielles sont généralement insuffisantes pour que les
institutions, notamment celles dont le mandat principal est lié à l'environnement, puissent jouer le
rôle qui leur est dévolu en la matière. Les questions d'environnement étant transversales, les
directions sectorielles n'ont pas toutes les compétences nécessaires au sein de leur personnel
pour intégrer les différentes préoccupations environnementales dans leurs décisions et leurs
actions (d'où la nécessité d'une complémentarité des équipes chargées de la gestion de
l'environnement ).
Les diagnostics nécessaires pour décider des stratégies et des activités à mettre en place
sont souvent anciens et incomplets.
A l'instar de ce que l'on a pu observer dans plusieurs pays de la sous-région, la Direction de
l'Environnement du MHE a favorisé pendant longtemps une approche sectorielle du problème. Le
premier plan national de lutte contre la désertification en 1985 dont le ministère a été responsable,
a largement contribué à cette vision principalement axée sur la conservation et la reconstitution du
couverture forestier. Même si cette vision ne tenait pas compte de l'ensemble des problèmes
environnementaux, il faut néanmoins lui reconnaître le mérite d'avoir jeté les bases de la réflexion
sur l'environnement au Niger.
Toutes ces raisons devaient amener le Gouvernement, sur recommandations des participants
à un atelier portant spécifiquement sur l'ancrage institutionnel du PNEDD (atelier de la Tapoa,
1995), à placée le CNEDD sous la tutelle du Cabinet du Premier Ministre. Ce faisant, le
Gouvernement voulait d'abord marquer toute l'importance qu'il accordait à la préparation de ce
Plan. Ensuite, il voulait sortir l'environnement de ce malaise institutionnel paralysant qui limitait la
participation de bon nombre d'intervenants nigériens et étrangers au processus du PNEDD. Dans
ce malaise, on retiendra l'instabilité institutionnel qui a caractérisé le ministère chargé de
l'Environnement depuis 1988 et l'absence quasi totale des ONG nationaux et de la Société Civile
intervenant dans le domaine l'environnement.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
1.4.
Ce.S.I.A. - Florence
Etat de l’art en matière d’information environnementale
Au Niger, beaucoup d'informations sur l'environnement sont disponibles. La protection de
l'environnement, ou tout au moins sa gestion durable a fait l'objet, d'importants efforts tant au
niveau de la recherche scientifique et technique que de la réalisation de programmes et projets
appropriés sur le terrain. Les résultats en terme de produits ou de données représentent un
patrimoine scientifique, et culturel unique pour le développement en général, la gestion de
l'environnement en particulier.
Le programme national de gestion des ressources naturelles dressait en 1993 un portrait
de la situation qui renseigne sur les principaux intervenants intéressés par le suivi de
l'environnement. On retiendra de cette présentation que les institutions sont nombreuses, mais
aucune d'entre elles ne s'intéresse globalement à l'ensemble des dimensions environnementales.
Leur mandat étant sectoriel, elles concentrent leur intérêt sur le domaine dans lequel elles
interviennent. Néanmoins, le développement d'un programme national de suivi de l'environnement
obligera à prendre en compte l'ensemble de leur préoccupations.
L'application de la stratégie nationale en matière de lutte contre la désertification a été
effectuée au rythme de l'évolution de la problématique du secteur de l'environnement, qui peut être
appréhendée à travers un certain nombre d'indicateurs, principalement ceux liés à l'aridité
croissante de la plus grande partie du territoire, les fluctuations climatiques constantes et la nette
dégradation accélérée des ressources naturelles renouvelables (sols, végétation), ainsi que la
perturbation des régimes des cours d'eau.
Aussi, de l'approche sectorielle qui a longtemps prévalu dans la planification des actions
relevant du domaine de l'environnement et de la lutte contre la désertification, on est arrivé
aujourd'hui à une politique environnementale ayant pour objectif central, la contribution au
développement économique et social de la nation et l'amélioration des conditions et cadre de vie
des populations en favorisant un développement durable et une gestion rationnelle des ressources
naturelles.
La stratégie nationale actuelle, pour l'atteinte de cet objectif, s'articule autour des axes
principaux suivants:
- Approche globale et intégrée et la gestion des terroirs: actions intégrées impliquant tous les
domaines du milieu rural, aménagement des forêts naturelles à buts multiples, promotion de
l'arbre, lutte contre la désertification, coordination des interventions à tous les niveaux ;
- Participation volontaire et active de la population: responsabiliser les producteurs en leur
assurant l'initiative et la responsabilité des actions, promouvoir l'auto-encadrement et l'autogestion.
- Soutien à la formation et la recherche: afin d'améliorer les capacités nationales à tous les
niveaux pour la gestion des ressources naturelles, valoriser les savoirs et les savoirs-faire ,
développer la recherche dans les domaines touchant l'environnement.
Dans l'exécution de ces projets, la stratégie nationale a privilégié d'une part une intervention
énergétique au niveau des zones septentrionales les plus sensibles, constituant le véritable front
de la désertification du pays et d'autre part, une application des méthodes selon la gravité du
phénomène de la désertification.
Aussi, au cours des 30 dernières années, les stratégies d'intervention ont évolué de la façon
suivante:
- la période de la stratégie conservatoire caractérisée par la création et la multiplication des
domaines protégés;
- la période des plantations et de la foresterie de masse caractérisée par l'émergence de grands
projets de reboisement artificiels et le développement des bois de villages;
- la période des aménagements des forêts naturelles, caractérisée par l'apparition des marchés
ruraux de bois;
- enfin l'avènement de l'approche participative et l'aménagement des terroirs.
En matière de données sur l'environnement, les informations proviennent essentiellement de
quatre sources. Il y a (1) les cartes thématiques générales, la plus part du temps anciennes et qui
ne couvrent pas tout le pays, (2) les cartes thématiques régionales établies à l'occasion de projets
de développement ou d'études, (3) les photographies aériennes panchromatiques dont la
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
couverture intégrale la plus récente remonte à 1975 et complètent les photo-mosaïques à
moyenne échelle couvrant une grande partie du sud nigérien, et (4) les images satellitaires de
sources variées (NOAA, LANDSAT MSS, LANDSAT TM, SPOT) utilisées par certaines institutions
à caractère régional (AGRHYMET) sinon dans le cadre de projets spécifiques.
On notera par ailleurs que l'on peut retrouver plusieurs documents partiels produits dans le
cadre de programmes et projets particuliers. Bien qu'il ne soit pas l'unique distributeur de tous ces
produits, l'IGNN demeure l'une des sources principales d'information au Niger. L'Unité Technique
d'Appui (UTA) de la Direction de l'Environnement dispose également de données utiles en ce qui
a trait aux sols et à la végétation.
Différents systèmes d'information géographique sont déjà implantés au Niger. Au nombre de
ceux-ci, mentionnons le système d'information géographique du Niger (SIGNER) du MHE, le
PADE (MAG/EL) utilisé pour le traitement des cartes d'indices de végétation, les systèmes que
gère AGHRYMET à l'échelle régionale principalement orientés vers les prévisions
météorologiques et le système d'information de la Direction du Développement Régional et Local
(DDRL) relatif aux régions. On retrouve en outre d'autres systèmes mis en place dans le cadre de
projets tels que le Projet de Développement Rural dans l'Ader-Doutchi-Maggia (PDR ADM) ou le
Projet Agro-Sylvo-Pastoral (PASP).
Force est de constater que les données et produits de la recherche, les rapports scientifiques,
les documents de projets, l'évaluation des résultats des actions sur le terrain sont le plus souvent
dispersés compte tenu des cloisonnements sectoriels souvent marqués. La perte de ce capital
informationnel sur l'environnement est facteur de redondance dans les actions, de compétition
nuisant à la compétitivité des institutions, de perte de temps et d'énergie et de gaspillages
financiers. La masse de données, d'information et de produits ainsi accumulés, ne constitue pas
toujours un capital informationnel exploitable pour trois raisons essentielles:
-
-
-
les résultats de la collecte et du traitement des données restent cantonnés à un nombre
restreint d'utilisateurs, souvent faisant partie du même milieu professionnel, scientifique et
technique;
les produits générés ne sont pas souvent transformés en informations directement
utilisables dans les processus de prise de décisions liés à la gestion des ressources
naturelles et de l'environnement;
les informations restent trop dispersées, cloisonnées et non accessibles facilement aux
utilisateurs tant au niveau national qu'international par manque de mécanisme appropriés
de circulation de l'information.
Il en résulte une apparente pauvreté informationnelle, qui ne reflète pas la réalité de l'existence
d'un patrimoine culturel et informationnel existant dans les institutions nationales, internationales
ou dans les organismes spécialisés à travers le monde. La perte par dissémination et
cloisonnement de la "mémoire institutionnelle " est reconnue aujourd'hui, comme une des
contraintes majeures du développement durable en Afrique en général, au Niger en particulier.
C'est pour répondre à cette nécessité que l'OSS à travers son programme sur les Systèmes
d'Informations Intégrés sur l'Environnement (SIE), pour lequel l'UNIRAR est l'agence d'exécution a
initié et développé le concept de Système de circulation de l'Information sur la désertification
(SISEI) dans le cadre de la convention sur la lutte contre la désertification (CCD).Ce système
permettra le suivi de l'environnement sur internet en vue de s'assurer de la disponibilité de
l'information utile pour les décideurs, les structures non gouvernementales, la société civile et le
secteur privé.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
2.
2.1.
Ce.S.I.A. - Florence
LE CADRE NATIONAL BIOPHYSIQUE ET ECONOMIQUE
Caractéristiques territoriales
2.1.1. Le cadre physique général et hydrographie
Le Niger est un pays totalement enclavé et s’étend sur 1 267 000 Km2. Il est frontalier avec
l'Algérie et la Libye au Nord, le Tchad à l'Est, le Nigeria et le Bénin au Sud, le Burkina Faso et le
Mali à l'Ouest. La frontière la plus proche à la mère est à plus de 600 Km du Golfe de Guinée.
Les trois quartes de cette superficie est constitué en désert chaud et est situés dans la zone
septentrionale du pays.
Le Niger est un immense plateau avec des reliefs peu contrastés. Dans son ensemble il
s’agit d’un pénéplaine d’une altitude moyenne de 500 mètres qui présente dépressions et des
régions surélevées surtout dans sa partie septentrionale. Les altitudes croissent du sud-ouest vers
le nord-est jusque dans le massif de l’Air. Près d’Agadez, capitale régionale, se trouve cet
ensemble de massifs isolés, se dressant à une altitude moyen d’environ 1000 m, comprise entre
500 et 2000 m. L’Air s’allonge sur plus de 400 km au nord du 17° parallèle et couvre une superficie
de 65000 km2. Il se présente comme un vaste plateau où dominent des étendues planes comme
les regs (des surfaces caillouteuse débarrassées de ses éléments plus fins) interrompus par des
formations volcaniques. De ce plateau émergent une quinzaine de hauts massifs bien
individualisés, alignés selon un axe nord-sud. Parmi lesquelles il y a les monts Tamgak qui
dominent à l’Est la vallée d’Iférouane où se trouve le village qui représente l’oasis habitée la plus
septentrionale du pays. Le territoire est entièrement caractérisé par les oueds: des cours d’eau
temporaires ou anciens, secs par la plupart de l’année.
Plus à Est s’étend le ‘désert intégral’ du Ténéré qui couvre environ 350 000 Km2 traversée
par deux talus rocheux de direction méridienne, celui qui va du Kaouer à Gadem et celui
d’Achegour à Termit.
Au nord du Ténéré s’étend le massif du Djado, une massive table de grès culminant à 1200
m et formant sur sa bordure occidentale, en une série des falaises abruptes, où s’encaissent
profonds oueds. Au sud du Djado s’étend une cuvette géosynclinale dont le coeur est occupé par
le Kawar, une région formée de désert de sable, plateaux de pierre, massifs arides, mais aussi
oasis.
A l’ouest et au Sud se trouvent des bas plateaux compris entre 200 et 500 m
correspondent au bassin des Oulliminden et ses marges. Ils sont entaillés au Nord par le réseau
fossile de l’Azaouagh et pour le reste par les vallée du fleuve Niger et de ses anciens affluents,
ces que les Nigériens appellent dallols (ou goulbis), souvent larges et profonds surtout dans l’Ader
Douchi.
Au Niger le réseau hydrographique se révèle particulièrement mince, l’un des moins
importants des états d’Afrique Occidentale. Pour assurer leur survie les populations ne peuvent
essentiellement compter que sur la pluviométrie qui elle-même demeure capricieuse.
Le Niger est traversé, dans sa partie occidentale, sur environ 550 Km, par un seul fleuve
permanent, celui auquel il doit son nom, et à l’est par une autre rivière la Komadougou.
Le Niger prend sa source dans la Dorsale Guinéenne et se jette dans l’Océan Atlantique
dans le Golfe de Guinée per un delta. Il arrose la Guinée le Mali, le Niger le Bénin et la Nigeria sur
une longueur de 4200 km. A partir de rapides de Labbézanga, a la frontière avec le Mali, le Niger
coule sur 200 Km, sur des roches cristallines qui l’obligent à parsemer son parcours, entre Ayorou
et Gothèye d’une multitude d’îles. En aval de Niamey la vallée du fleuve devient plus nette dans
les grès tendres du moyen Niger: des cuvettes alluviales s’épanouissent au pied de terrasses
quaternaires comme à Kollo et Say. En aval de Say, le parcours du fleuve redevient difficile dans
les formations de grès et de quartzites précambriennes de l’Atakora: le fleuve s’y taille
péniblement un passage étroit, en forme de W. La largeur du fleuve Niger varie de 300 à 1000 m.
A Niamey, son débit peut atteindre 1700 m3/s en période de crue (décembre–janvier) mais il peut
aussi se réduire à une certaine de mètres crues en période de étiage (Juin). Le fleuve Niger ne
reçoit d’affluents actifs que sur sa rive droite. Il s’agit du Gorouol, du Dargol de la Sirba, du
Gotoubi, du Dyamangou, de la Tapoa et de la Mékrou. Les vallées fossiles ou ‘Dallols’ Bosso,
L'Etat de l'environnement au Niger
19
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
Foga te Maouri constituent une importante réserve en eaux souterraines à cause de la proximité
de la nappe phréatique.
A l’extrême Est du pays se trouve le lac Tchad, résidu d’une mer quaternaire: seulement la
partie Nord-Ouest rentre dans les limites du Niger, soit environ 3000 Km2 mais théoriquement du
moins. En effet, depuis la fin des années 70, cette étendue d’eau s’est considérablement
amoindrie, car les apports du Chari et des pluies qui assuraient 98% de l’alimentation du lac se
sont considérablement appauvris. De Mainé-Soroa au Tchad, la Komadougou sert de frontière
naturelle entre le Niger et la Nigeria sur 150 Km, il est fleuve chargé pendant l’hivernage qui se
réduit en un chapelet de mares en saison sèche.
Les ‘goublis’ N’Maradi. N’kaba, le Tarka et la Maggia au centre sont d’un apport précieux
en eaux aux régions concernées. Les ‘mares’ dont les plus importantes sont celles de DanDoutchi, Tabalak dans l’Ader-Douchi permettent de nombreuses activités humaines telles que la
peche et les cultures de décrue. Les innombrables oueds provenant des hauts plateaux du NordEst et du massif de l’Air (Azel, Amatattal, Telwa, Tafassassat, Anamakaren etc.) alimentent les
nappes phréatiques peu profondes de la zone utilisée à des fin agricoles.
Au plan hydrographique le Niger peut être donc divisé en trois domaines: Les régions
aréiques, marquées par l’absence de tout écoulement, le nord désertique du pays, (Ténéré), les
régions endoréiques où existe un écoulement occasionnel qui se perd après quelque dizaine de
kilomètres (Air et Ighazer) et en fin la région du fleuve Niger.
Le réseau hydrographique du Niger, bien que peu développé permet actuellement de
nombreuses activités éconimiques et agro-pastorales. La navigation sur le fleuve Niger et le Lac
Tchad facilite les transports et les échanghes au niveau des populations riveraines. La peche , le
maraichage et le jardinage le long des courses d’eau et autours des mares et puits important
procurent des ressources apprécviables aux exploitants des terres environnantes.
Fig.2.1 Le Relief et Phisiographie du Niger (DCW-ESRI)
2.1.2. Géomorphologie et sols
Le Niger se trouve sur la bordure du craton la partie continentale de l’écorce terrestre,
formée de terrains anciens fortement granitisées et métamorphisée. Le pays est formée d'un
plateau latéritique de larges bassins intérieurs sablonnéux entourés des collines et de talus
gréseux ou calcaire. Au plan de la géomorphologie le Niger présente une assez grande variété de
formes de relief: formes structurales marquées par les données lithologique et tectonique, et
formes climatiques liées au travail de l’érosion. Les reliefs, mêmes modestes, sont toujours très
nets, caractéristiques d’un milieu où les processus d’érosion mécaniques (thermoclastie ou
ruissellement) l’emportent sur les actions chimiques. Les formes climatiques sont des formes soit
actuelles soit héritées car les climats anciens ont marquées les paysages de leur empreinte. La
formation des sols au Niger dépend principalement du climat même si des autres facteurs peuvent
intervenir, comme le modelé, la nature du terrain, l’inondation par cours d’eau. Les sols sont en
général sablonneux ou argilo-sablonneux, pauvres en éléments nutritifs et en teneur en matières
organiques. Ces sols peu productifs et fragiles sont très sensibles à l’érosion hydrique et éolienne.
La plupart des sols exploités souffrent d’une carence sévère en phosphates.
Certaines auteurs sans se référer à aucune des classifications officiels, mais suivant les
caractéristiques principales des sols, divisent les sols du Niger en six catégories principales:
- Les sols minéraux bruts sont les sols des déserts qui s’étendent sur toute la partie nord et nordest du pays. Les conditions climatiques, caractérisées par des pluies très faibles et irrégulières et
de grands écarts de températures, limitent considérablement leur évolution.
- Les sols peu évolués sont les sols avec l’horizon superficiel peu épais et pauvre en matière
organiques, ils caractérisent les parties sud du pays et sud et sud est du Ténéré. Dans certaines
régions plus arrosées, des sols ont été particulièrement érodés par les ruissellement.
- Les sols ferrugineux tropicaux sont plus évolués et se situent dans la partie méridionale du pays
où les pluies sont plus abondantes et régulières. Les oxydes de fer s’individualisent et la matière
organique subit une décomposition plus rapide. Assez pauvres, ils sont cependant très faciles à
travailler grâce à leur texture sableuse et conviennent aux cultures peu exigeantes comme le mil et
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
l’arachide. Mais ils sont fragiles et leurs horizons supérieurs sont parfois érodés par le
ruissellement ou le vent.
- Les sols hydromorphes sont marquées par un excès d’eau dans le profile. Au Niger central la
vallée de Tarka, le Goublin Kaba et le Goublin Maradi, présentent des sols où la partie inférieure
de leur profil est constamment imbibé par la nappe phréatique. Ces sols assez argileux sont lourds
et dur à travailler, mais il conservent de l’humidité pendant la saison sèche et sont souvent
cultivés. Sur les dépôts fluvio-lacustres du Kadzell, à l’ouest du lac Tchad, ces sols sont parfois
associés à des sols ferrugineux.
- Les Vertisols sont peu étendus au Niger, on les trouve surtouts près du Lac Tchad, leur richesse
minérale est élevée, mais des facteurs physiques (compacité de surface, terrain bosselé rendent
le travail du sol difficile.
2.1.3. Occupation du sol et végétation
Le Niger a une superficie totale de 1 267 000 km2: les deux tiers du territoire sont
désertiques et 125 200 km2 seulement ont une vocation agricole.
La superficie cultivable s'élève à 3,8 millions d'hectares, soit 3% de la superficie totale et le
25% de la superficie cultivable. Le potentiel en terre irrigable est estimé à 270000 hectares, soit
4% de la superficie totale, dont 140000 hectares sont situés dans la vallée du fleuve Niger. 80 à
85% des sols cultivables, estimés à 15 millions d’hectares, sont dunaires et seulement 15 à 20%
sont des sols hydromorphes moyennement argileux. Ainsi de suite sont reportées les
pourcentages estimés d'occupation du sol (Cia 1993):
terrains labourables
Pourcentages d'ccupation du sol
3%
3%
7%
productions agricoles
permanents
2%
pâturages permanents
forets et bois
85%
autres
Fig. 2.2 Pourcentages estimés d’occupation du sol (CIA 1993)
Le Niger ne dispose pas d’inventaire exhaustif de l’ensemble des ses formations forestières
constituées essentiellement de steppes arbustives ou peu boisée. Néanmoins plusieurs
estimations en ont été faites, entre autres: en 1970 les superficies boisées étaient estimées à 14
millions d’hectares et d’autres sources plus récentes (1991) évaluent les surfaces forestières
(terrains forestiers marginaux ou non) à 13 millions d’hectares. Les plantations artificielles ont
donné lieu à la production cumulée de 60 millions de plants forestiers.
Au plan de la végétation naturelle on peut diviser le Niger dans régions correspondent aux
zones climatiques (Parag. 2.2.2): la région saharo-sindienne et la région soudano-zambézienne.
La région saharo-sindienne correspond aux zones qui ne reçoivent pas régulièrement des pluies
tous les ans, c'est à dire la partie septentrionale du pays. La végétation, quand elle existe, est une
steppe discontinue, généralement réfugié dans les concavités du relief ou sur certaines sols
sableux. Cette végétation peut être caractérisé par l'absence quasi totale d'arbres et d'arbustes,
par le grand espacement des plantes herbacées ou ligneuses, par ses nombreux caractères
d'adaptation à la sécheresse et par la fugacité remarquable des espèces naturelles qui ont la
particularité de n'apparaître que à la faveur de précipitations aléatoires. La limite de cette région
peut pratiquement s'identifier à la présence des formations végétales herbacées dominée par
Panicum turgidum sur les substrats sableux. Les espèces qui caractérisent le formations herbacée
L'Etat de l'environnement au Niger
21
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du nord ensemble au Panicum turgidum sont Cornulaca monocantha, Cymbopogon schoenanthus
et Stipagrostis uniplumis.
La région soudano-zambézienne recouvre le reste du pays. On peut la subdiviser dans sa
partie septentrionale la sahélien et celle du sud la soudanien. La limite entre les deux domaines
corresponds à peu près au tracé des isohyètes 500-550 mm qui passent plus ou moins par
Niamey, Maradi et le sud du lac Chad. La région sahélien est caractérisé par une steppe qui passe
des formations contractées ou arbustives dans la partie septentrionale à des types plus diffus et
arborés dans le sud. Les variations de densité et de hauteur sont accentuées par les changements
de substrats et la présence de quelque microclimat. Sur le substrats sableux sont presque
omniprésents Acacia tortilis et Aristida mutabilis. Mais plutôt diffusé est aussi Acacia senegal,
Acacia nilotica et Acacia ataxacantha.
Sur les affleurements de grès ou de cuirasses latéritiques fossiles recouverts d'une mince
couche de sol, s'individualisent parfois des fourrés à Combrétacées, Tiliacées et Mimosées
arbustives, dont les alignement constituent la brousse tigrée, une association végétale
buissonnante et arbustive dessinant des bandes sinueuses sur des sols cuirassés dans les zones
à climat sahélien.
Au Niger le domaine sahélien est subdivisé en deux secteurs par une limites des cultures,
cette subdivision se superpose à la ligne des normales pluviométrie de 350 mm par an, environ.
Le secteur Nord dit 'Zone nomade' a une vocation pastorale car la culture du mil pénicillaire n'y est
plus guère possible. Seuls les animaux rustiques et bons marcheurs peuvent en valoriser la
production végétale spontanée. Le secteur Sud dit 'Zone sédentaire' abrite de nombreux villages
d'agriculteurs. Il a une vocation agricole. Cependant les troupeaux y sont encore très nombreux.
Le domaine soudanien, plus boisé que le Sahel, porte une végétation de savanes
caractérisée par une strate herbacée continue où dominent les graminées de grande taille, les
espèces les plus fréquentes y sont Andropogon gayanus, Hypparhenia spp, Loudetia spp. La
végétation ligneuse est caractérisé par le grand nombre des Combrétacées et aussi par des
espèces utiles à l'homme comme le karité (Butyspermum parkii) et le nerée (Parkia biglobulosa).
Ces arbres peuvent être les témoins de la couverture forestière que le défrichement a éliminée.
La région saharienne est caractérisée d'une végétation épineuse et tapis herbacés vivaces y
deviennent de plus en plus rares à mesure qu'on avance vers le Nord et le Nord-Est. les cultures
se pratiquent dans les Koris, au centre et dans les oasis du Kaouar et du Djado au Nord-Est
Ainsi de suite est reportée la carte de la couverture végétal du Niger.
Fig.2.3 La couverture végétal du Niger (USGS).
2.2.
Caractéristiques climatiques
Le Niger situé entre 11°37' et 23°23' de latitude n ord, dans une des régions les plus
ensoleillée et les plus chaude du globe, à 700 km au nord du golfe de Guinée, 1900 km à l'est de
la cote atlantique et 1200 km au sud de la mer Méditerranée, est soumis à un climat
essentiellement sec, avec de fortes amplitudes de températures. C'est un pays continental dont on
peut dire que les 4/5 du territoire appartiennent au Sahara, un pays où les contraintes physiques,
essentiellement climatiques, pèsent sur le développement économique et sur la vie humaine. Le
climat est de type tropical aride, avec une pluviométrie moyenne annuelle qui croît, du Nord au
Sud, de moins de 100 mm à 800 mm. Le climat du pays est particulièrement aride. Le Niger
appartient en effet à l’une des zones les plus chaudes du globe. Il connaît deux types de climats
chauds: un climat désertique sur la majeure partie de sa superficie et un climat tropical à une seule
saison des pluies.
La circulation atmosphérique en altitude, qui détermine l'essentiel des phénomènes au sol,
permet d'opposer deux saisons, l'été soumis aux influences équatoriales et australes (avec nette
prédominance des vents d'est) et l'hiver soumis aux influences subtropicales (vents d'ouest du jetstream les plus fréquents. D'autre part, toute la circulation atmosphérique est marquée par
l'alternance de deux masses d'air chaudes qui s'opposent par leur humidité: en hiver, les hautes
pressions subtropicales qui prennent naissance sur le Sahara constituent le centre d'action
L'Etat de l'environnement au Niger
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essentiel. L'alizé continental, vent très sec, appelé harmattan, s'écoule alors vers le sud-ouest ; en
été, les basses pressions pelliculaires liées à l'énorme apport radiatif que reçoit le Sahara laissent
pénétrer l'alizé de l'hémisphère austral chargé d'humidité, qui se dirige vers le nord-est. C'est la
‘mousson’ guinéenne qui permet à l'air équatorial de parvenir jusqu'au coeur de la dépression
saharienne. On appelle front intertropical (FIT) la surface de discontinuité entre l'alizé continental
et l'air équatorial. Le FIT, situé en moyenne vers 8° Nord en février atteint 20° Nord en juillet. Ce
balancement saisonnier affecte toute l'Afrique occidentale. Mais la mousson au Niger est en fin de
course et la durée de la saison humide dépend de la latitude.
Le trait marquant du climat du Niger est la sécheresse. Celle-ci est liée à plusieurs facteurs:
- L'insuffisance des précipitations: depuis l'extrême sud qui reçoit plus de 800 mm par an, elles
diminuent très rapidement selon un axe S-O N.E., et s'abaissent à moins de 100 mm au nord et à
l'est du pays. Les totaux annuels connaissent une assez faible variabilité, mais, permettant de
justesse la culture pluviale, ils, donnent aux années déficitaires un poids économique
considérable. Le régime pluviométrique est le même dans tout le Niger, marqué par une saison
presque totalement sèche et par une saison humide à maximum unique en août. Les différences
essentielles viennent de l'inégale durée de la saison humide: celle-ci est en moyenne de 170 jours
à Gaya, 160 à Niamey, 150 à Maradi et à Tahoua, mais elle n'est plus que de l00 jours à Tanout et
à Agadez et de 80 à Nguigmi. Les totaux de juillet-août qui représentent 50 % du total annuel à
Gaya peuvent dépasser 80% à Nguigmi. Le rythme des pluies est d'une extraordinaire stabilité.
C'est dans les régions hyper-arides (Bilma) qu'il est le plus irrégulier.
La progression de la saison humide au printemps dure deux fois plus de temps que le retrait à
l'automne. L'intensité des pluies est relativement modérée malgré leur caractère orageux.
L'intensité moyenne est de 11,6 mm par jour de pluie à Niamey, 11,3 à Zinder, 11,9 à Nguigmi et
17,3 à Gaya. Seuls les mois les plus arrosés reçoivent de fortes précipitations journalière,
supérieures à 40 mm.
- les fortes températures: du fait de la position en latitude, l'angle d'incidence des rayons solaires
est toujours assez fort. Partout l'insolation correspond au moins à 70 % de la durée théorique
d'illumination. Les températures annuelles moyennes sont très élevée, entre 27° et 29°C. Toutes
les stations connaissent un régime thermique moyen à deux maxima situés en mai-juin et en
septembre-octobre. Le maximum de printemps est le plus élevé, à cause du retard de la mousson
sur le mouvement apparent du soleil. Le minimum d'août est d'autant moins net que la
continentalité augmente. Il est en liaison directe avec les totaux pluviométriques de ce mois. Le
minimum d'hiver est partout bien marqué, mais le froid est assez rare au Niger. Ce n'est que dans
les régions hyper-arides et dans le massif de l'Air qu'il y a des risques de gel au mois de décembre
ou de janvier. L'amplitude thermique annuelle varie de 9° au sud-ouest du pays à 15°9 à Bilma et
elle augmente vers le nord et vers l'est. Dans toutes les stations l'amplitude annuelle est inférieure
à l'amplitude diurne moyenne, ce qui est caractéristique d'un climat typiquement tropical.
L'évaporation qui découle de ces fortes températures est considérable à Agadez et à Bflma (plus
de 4 mètres par an de hauteur d'eau évaporée sous abri). Elle décroît vers le sud en liaison avec
l'augmentation de l'humidité relative. Celle-ci est de l'ordre de 20 % en hiver sur tout le territoire,
mais en août elle s'élève à 75 % dans le sud, 46 % à Agadez, 28 % seulement à Bilma. Ainsi,
partout, à l'exception de 1a région de Gaya, la sécheresse fait du climat nigérien un climat très
contraignant. Elle a des répercussions sur le modelé (processus d'érosion), sur 1a végétation, sur
les régimes hydrologiques Ainsi que sur la mise en valeur; le problème de l'eau est au Niger un
problème capital.
2.2.1.
Les types de temps
Selon un division consacrée par les autochtones on peut distinguer une saison dite froide,
une saison chaude et une saison humide.
- La saison froide: de novembre à février, au cours de laquelle les températures baissent de façon
notable, surtout le soir, caractérisée avec des températures pouvant descendre au-dessous de 10°
et même de 0° dans la zone septentrionale du pays C 'est l'époque où souffle l'alizé, vent
continental sec allant des hautes pressions sahariennes vers les basses pressions équatoriales.
La saison est marquée par des brumes sèches qui perturbent considérablement le trafic aérien, et
favorisent le déclenchement de petites endémies d'origine respiratoire. C'est le début de l'exode
rural, lié à la fin des travaux champêtres et à l'oisiveté qui s'ensuit.
L'Etat de l'environnement au Niger
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- La saison chaude: de Mars à Juin, est la saison de l'harmattan, la saison des canicules. Les
maxima dépassent facilement les 40°C à l'ombre. Les activités sont alors considérablement
réduites, hommes et animaux étant désormais réduits à rechercher les coins frais, et à espérer les
premières pluies dont les signes commencent d'ailleurs à se manifester dans le ciel sous forme de
gros nuages.
- La saison humide (ou des pluies): de Juin à Septembre est la saison des pluies, également
appelée "hivernage". C'est la saison de la mousson, rencontre bienfaisante entre l'harmattan et les
vents du tropiques sud, chargés d'humidité, et aspirés par les basses pressions sahariennes
surchauffées. Les température restent encore relativement fortes, avec en plus une forte
hygrométrie (en moyenne 80° pour le mois d'août à N iamey) qui les rend particulièrement
insupportables pour les Nigériens plutôt habitués aux températures sèches. Les pluies sont plus
ou moins fréquentes selon les régions, mais elles sont partout suffisantes pour recouvrir la nature
d'un beau manteau vert particulièrement "rafraîchissant". Le Niger rural est alors pris d'une intense
activité : les villages se reconstruisent; les saisonniers délaissent les villes pour venir prêter main
forte aux vieux parents restés à la campagne; les champs renaissent, les animaux trouvent en
abondance pâturages et points d'eau. Les pluies sont cependant très irrégulièrement réparties, et
diminuent considérablement au fur et à mesure que l'on monte du sud vers le nord.
Il peut être distinguée aussi une quatrième saison:
- La saison chaude sans pluie (octobre à mi-décembre) avec une humidité relative et une
température moyenne de l’ordre de 35°.
Pendant la saison sèche les anticyclones des Acores et de Libye sont à peu près continus et
séparent nettement régions tempérées et tropicales. Au sud, la dépression associée au front
intertropical (FIT) est rejetée vers la cote du golfe de Guinée. L'harmattan très sec est presque
constant d'octobre à avril. Il apporte la ‘brume sèche’, composée de fines particules argilosableuses mises en suspension dans l'atmosphère par les vents de sable qui se produisent plus à
l'est, vers le Tchad. La visibilité est alors inférieure à 5 km, bien que la nébulosité soit réduite. Ce
régime d'harmattan est interrompu lorsqu'un talweg d'axe nord-sud s'insère entre les deux
anticyclones. Il peut se produire des incursions d'air polaire qui affectent surtout la température et
la nébulosité rarement les précipitations. Cependant à Madama, dans l'extrême nord, des pluies
de front polaire peuvent se produire en janvier. Le même talweg peut provoquer une avancée
précoce du FIT et de l'air équatorial, accompagnée d'averses, des le mois de mars (‘pluies des
mangues’).
Pendant la saison humide le FIT progresse vers le nord, selon l'axe est-ouest d'une
dépression continentale qui sépare l'anticyclone des Acores de celui de Sainte-Hélène. Il atteint la
latitude de Niamey dans la deuxième quinzaine d'avril. Avec l'arrivée de la mousson, les horizons
deviennent limpides et l'air humide, rendant la chaleur difficile à supporter. Le ciel est souvent
chargé de nuages à développement vertical: altocumulus, cumulonimbus etc. A proximité du FIT,
des tornades sèches peuvent éclater. C'est pendant cette saison que se produisent les lignes de
grains qui se déplacent d'est en ouest et dont le passage est impressionnent. Elles se manifestent
par des averses forts et violents, accompagnées d'éclairs, de tonnerre, précédées de rafales de
vent et de poussière et d'un abaissement net de la température. En pleine saison humide, l'averse
peut se prolonger quelques heures.
La circulation atmosphérique est donc caractérisée par l’alternance de deux masses d’air
chaude: en hiver, les hautes pressions subtropicales prennent naissance sur le Sahara et l’alizé
continental, vent très sec appelé harmattan, souffle alors vers le Sud-Ouest; en été, les basses
pressions liées à l’énorme apporte radiatif que reçoit le Sahara laissent pénétrer l’alizé de
l’hémisphère austral chargé d’humidité, qui souffle vers le nord-est. La mousson ou vent de pluie
provient quant à elle du sud-ouest, à partir de mai-juin. C’est le résultat d’une rencontre entre les
alizés et les vents du tropique Sud chargés d’humidité et qu’aspirent les basses pressions
sahariennes, surchauffées.
L’évolution mensuelle de l’humidité de l’air est liée à la distribution mensuelle des vents et à
leur origine. L’humidité est minimale de novembre à avril. Un exemple: l’humidité relative est de
22% au mois de mars à Zinder. Elle est maximale pendant la saison des pluies , atteignant son
peroxysme en août (80% à Zinder, voire 95% à Niamey).
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Intense, l’évaporation varie entre 1,7 et 2,1 m d’eau par an; elle est le résultat de l’action
des vents. Le déficit hydrique climatique est donc important pendant la saison sèche et la flore,
pour subsister, doit puiser dans la réserve du sous-sol.
La pluviométrie au Niger est caractérisée par une forte variation dans l’espace et dans le
temps les pluies sont partout inférieures à 800 mm, et tombent même à moins de 100 mm sur près
de la moitié du pays.
On peut distinguer trois régimes:
- Le Régime aride saharien au nord où tombent en général 160 mm en moins d'un mois par an,
sauf dans le désert où il ne pleut que très rarement ;
- Le Régime de transition saharo-tropical qui concerne l'Aïr, la région d'Agadez, le Termit. La
pluviométrie s'étage de 75 à 160 mm/an, avec une certaine régularité.
- Le Régime Sahélien dans le sud avec une pluviométrie de l'ordre de 600 mm sur 3 à 4 mois (juin
à septembre), et alternance de saison sèche et de saison pluvieuse. Un mince tapis de graminées
y permet un élevage transhumant et une agriculture pauvre.
Ainsi de suite est reportée l'image de pluviométrie moyenne, calculée sur les données des
stations pluviométriques du Niger (années 1961-1996, Données Agrhymet)
Fig. 2.4 La pluviométrie moyenne du Niger (Agrhymet)
2.2.2. Les régions climatiques
Au Niger toutes les régions ont les mêmes caractères climatiques avec plus ou moins
d'intensité. Les différenciations sont fonction de la latitude, de la longitude, et en fin plus rarement
de l'altitude.
- Les régions hyper-arides: il s'y produit moins de deux pluies journalières de 5 mm dans l'année.
Les pluies annuelles sont très faibles (inférieures à 27 mm en moyenne un an sur deux). Le
régime pluviométrique montre cependant un maximum en août. A Bilma, l'amplitude diurne (16°C)
est sensiblement égale à l'amplitude annuelle (15°C ) qui est relativement faible par rapport à
d'autres climat désertiques. Ces régions représentent le quart du territoire nigérien.
- L'Air: la présence de hauts massifs qui culminent souvent à plus de 1800 mètres provoque une
recrudescence des pluies de mousson. Mais les variations interannuelles de l'avancé du FIT
expliquent la grande variabilité de ces précipitations. Le secteur le plus arrosé se trouve au sudouest où le total annuel serait de l'ordre de 180 à 200 mm. Du fait de l'altitude, l'hiver est plus
marqué et le gel peut se produire de décembre à février.
- Les régions arides: elles reçoivent de 3 à 12 pluies journalières de 5 mm par an. Le total annuel
des précipitations est inférieur à 250 mm. Les cultures pluviales y sont impossibles. Le régime
pluviométrique est bien marqué, mas la saison des pluies est plus tardive que dans le sud. Les
écarts journaliers de température restent toujours élevés (supérieurs à 15°) même en août.
- Le Sahel: il englobe tout le sud du pays, à l'exception du Dendi. Les pluies annuelles y sont
comprises 250 et 750 mm. Marquée par une végétation de steppe à épineux et d'acacias, elle
demeure la région de prédilection de l'élevage. On peut distinguer: un Sahel septentrional et
oriental plus sec, où la continentalité se traduit par des amplitudes annuelles supérieures à 10°, où
variabilité des phénomènes pluviométriques est plus grande, où prédominent donc des caractères
désertiques, et un Sahel occidental où la nébulosité et les précipitations sont plus importants, où la
saison des pluies dépasse 140 jours, où la population est plus dense et les cultures sont plus
rentables, où prédominent les caractères tropicaux.
- Le Dendi: un climat tropical sec. La saison humide atteint prés de six mois. La moyenne des
précipitations annuelles est assez élevée (870 mm à Gaya). Lé régime pluviométrique est plus
complexe que dans le Sahel. On peut qualifier ce climat de ‘soudanien’. Région à vocation
agricole, elle connaît, à côté d'une végétation de savane arborée et arbustive, des cultures de mil,
de sorgho, de maïs et d'arachide
L'Etat de l'environnement au Niger
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2.3.
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La démographie
Le Niger est une des nations les moins peuplées du continent africain. En 1977, les
résultats provisoires du premier recensement effectué dans le pays faisaient état de 5 098 427
Nigériens résidant sur son territoire, le dernier recensement officiel du 1988 comptait une
population de 7 250 383 hab, mais selon des projections la population s'élevait à 9 465 000
habitants en 1996. Une prévision pour l'an 2010 est de 14 000 000 hab. La répartition de la
population est très inégale selon que l'on examine les régions semi-désertiques du Nord et de l'Est
ou la vallée du fleuve. Ainsi, au Nord d'une ligne Ayorou-Tahoua-Tanout, le Niger est quasiment
vide exception faite des villes d'Arlit, d'Agadez, de quelques villages de l'Aïr et du Kaouar.
La population totale comprend environ 15% de nomades de semi-nomades vivant dans la
zone d'élevage au nord de la limite théorique des cultures sous pluies. L'83% de la population est
rural et on estime par ailleurs qu'un à deux millions de Nigériens vivent à l'étranger, Soudan et
pays côtiers voisins notamment. Ce bas peuplement, qui s'explique aussi partiellement par les
conditions climatiques pénibles et par des conditions difficiles d'existence sur une grande patrie du
territoire, cache cependant des caractéristiques démographiques dynamiques qui se traduisent ou
s'expliquent par:
- un taux de fécondité total (c'est-à-dire le nombre total d'enfants mis au monde par chaque femme
à la fin de la période de procréation à 50 ans) élevé qui est de 7,1;
- le comportement nataliste des populations pour des raisons économiques, sociales et
religieuses;
- une augmentation rapide de la population surtout dans les cinquante dernières années du fait
d'une balance démographique excédentaire qui tend à faire doubler cette population la croissance
démographique dépasse très largement le taux de croissance agricole du pays. Tous les 20 à 25
ans.
En effet, le taux brut de natalité est de 52%o, le taux brut de mortalité, de 20%o d'où un
taux d'accroissement annuel de 3,4% (FAO 1995) et ceci malgré le taux élevé de mortalité en
particulier chez les enfants (Unesco 123%o) pour cause notamment de malnutrition. Le taux
d'accroissement annuel varie selon les régions, selon les ethnies, selon l'occupation principale: il
est en général plus faible en milieu nomade qu'en milieu sédentaire, plus fort en milieu urbain
qu'en milieu rural.
La Population active en 1995 c'était de 4 372 000 habitants et la population active rurale et
le 89,4% de la population active. L'espérance de vie est aujourd'hui de 47 ans.
10000000
9000000
8000000
7000000
6000000
5000000
4000000
3000000
2000000
1996
1990
1995
1985
1988
1980
1975
1977
1960
1970
1940
1950
1905
1920
1930
1000000
Fig. 2.5 l’évolution de la population au Niger
La densité kilométrique moyenne de la population est faible (7,1 hab./km2), c'est l'une des
plus faibles densités d'Afrique où la moyenne se situe autour de 13 hab./km2. Mais celle-ci masque
d'importantes disparités car l'essentiel de la population (75%) est concentrée sur 12% du territoire
L'Etat de l'environnement au Niger
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au Sud de l'axe Niamey-Zinder, créant une pression démographique importante sur un
environnement agro-pastoral réputé fragile.
La population nigérienne se compose en majorité des Noirs subdivisés en plusieurs groupes
ethniques. La proportion des différents groupes ethniques dans la population est la suivante:
Haoussa:
Songhai-Zarma-Dendi:
Peul:
Touareg (Touareg vrais et Bella):
Kanouri et Boudouma:
Autres (Toubou, Arabes, Gourmantché):
52%
21%
10%
10%
6%
1%
Au point de vue de la répartition par âge le recensement de 1988 fait état d'une
surprenante suprématie numérique féminine qui serait caractéristique d'ailleurs de l'évolution
démographique de plusieurs pays de la sous-région: 3 643 335 femmes de la population, et
3 585 217 hommes. La population nigérienne est extrêmement jeune: 45% de moins de 15 ans,
54% de moins de 20 ans. Par contre, compte tenu de la faiblesse de l'espérance de vie, il n'y a
que 5 à 6% de plus de 60 ans sauf en pays Kanouri où ce taux est de 10,7%, conséquence directe
de la sous-natalité.
La distribution des densités rurales moyenne par arrondissement montre l'opposition entre
le grand Nord du pays presque vide et la mince frange méridionale concentrant l'essentiel de la
population. Les densités rurales moyennes extrêmes varient de 0,03 hab./km2 dans
l'arrondissement de Bilma à 54 hab./km2 dans Mataméye où certains secteurs très humanisés
atteignent 80 à 100 hab./km2.
Pour ce que concerne les migrations Nigériens de population, on peut considérer les
migrations intérieures et les migrations internationales:
Les migrations intérieures qui se font d'une part du milieu rural vers les centres urbains en
général et qui contribuent de ce fait à accélérer le mouvement d'urbanisation. Ces mouvements
migratoires dont les motivations sont complexes ont été intensifiés par les dernières années de
sécheresse, ce qui a littéralement gonflé la population des principaux centres urbains. D'autre les
mouvements migratoires vers les centres miniers du nord du pays du fait des besoin importants de
main-d'oeuvre et du phénomène d'attraction qu'ils exercent sur certaines activités, commerciales
notamment, et qui tendent à y drainer une multitude de population.
Les migrations internationales concernent chaque année plus de 50 000 Nigérien. Leur
motivation est essentiellement économique à cause de la pauvreté du pays et de la longue période
d'inactivité qu'imposent les 9 ou 10 mois de saison sèche. Les pays de migration traditionnelle
lointaine sont les pays voisins côtiers, notamment la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Togo et la
Nigeria. L'importance du mouvement dans chacun de ces pays dépend des habitudes prises par
les migrants et des conditions locales d'existence. Des mouvements plus récents sont apparus. Ils
sont orientés d'une part vers les pays d'Afrique centrale (Cameroun et Gabon surtout) et la Libye,
pays qui bénéficient d'une relative prospérité économique, d'autre part vers les pays européens
notamment ceux de la CEE et en particulier la France.
Parallèlement, le Niger accueille des populations venues d'autres pays: populations noires
des pays voisins comme le Mali, la Haute-Volta, le Bénin, le Togo a le Tchad, les activités minières
contribuant à intensifier ces mouvements; populations blanches des pays d'Europe, du Maghreb,
et dans une moindre mesure du Moyen-Orient. Jusqu'à ces dernières années, l'évolution
économique du pays et les conditions climatiques difficile ont été les raisons dissuasives majeures
qui ont freiné l'immigration de populations blanches. La colonie française, la plus nombreuse,
compte environ 5 000 ressortissants.
Le Niger est un pays peu urbanisé (23%), mais qui compte néanmoins des villes très
anciennes comme Zinder ou Agadez. En raison de la sécheresse chronique provoquant un fort
exode rural, les villages Nigériens sont en train de se vider au profit des métropoles, peu
préparées à accueillir ce surcroît de population en augmentation rapide. Ces grandes villes
Nigériennes sont:
- Niamey, la capitale, à l'Ouest du pays, sur le fleuve Niger: 420 000 hab.
- Zinder, l'ancienne capitale du Niger, sur la frontière Nigériane; 119 838 hab.
- Maradi, capitale économique du Niger, située entre Zinder et Niamey; 109 386 hab.
L'Etat de l'environnement au Niger
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- Tahoua: 49 941 hab.
- Agadez, la seule grande ville du désert: 49 361 hab.
- Birni N'Konni, et Dogondoutchi, sur la grande route commerciale Niamey-Zinder: 28 984 et
20 948 hab.
- Arlit, la ville de l'uranium, située au nord d'Agadez: 16 506 hab.
Le Niger est donc un pays faiblement urbanisé où près de 88 % de la population est rurale.
Cependant le faible taux d'urbanisation reflète mal la réalité urbaine nigérienne. En effet, d'une
part, il masque une progression très rapide de la population urbaine car le taux d'urbanisation en
1995 est doublé par rapport au taux du 1977 (11,8%). D'autre part, certaines contrées nigériennes
se trouvent être parmi les rares régions d'Afrique occidentale à posséder une vieille tradition
urbaine. Ainsi, Agadez, Zinder, Birni-Nkonni et Say sont des villes chargées d'histoire, qui
atteignaient ou dépassaient 10 000 âmes au début de ce siècle.
On peut distinguer trois générations de centres urbains :
- Les centres urbains précoloniaux étaient généralement des villes fortifiées, des centres
politiques, économiques et religieux profondément influencés par les civilisations urbaines
maghrébines et du Nord-Nigeria. Les plus célèbres sont Agadez et Zinder, chefs-lieux d'importants
sultanats ayant joué un rôle primordial dans les relations de tout genre qu'entretenaient l'Afrique
blanche et l'Afrique noire. Ils ont été relégués dans des rôles de second plan au cours de la
période coloniale et ne se remettent que très lentement de cette situation aggravée depuis lors par
des considérations de divers ordres.
- Les centres urbains coloniaux doivent leur développement aux nécessités administratives et
politiques qui ont prévalu pendant les premières années de ce siècle. Niamey en est l'exemple
classique.
- Les centres urbains récents sont nés ou doivent leur développement soit à l'exploitation minière
(Arlit et Akokane) soit à la suite d'une restructuration administrative (Diffa, Aguié, Guidan-Roumji).
Fig 2.7 La population totale et densité par Région
2.4.
L’économie
Le sous-sol du Niger renferme de nombreuses ressources minières et en raison du boom
de l'uranium, la croissance économique a été relativement forte au cours des années 1970, avec
une augmentation moyenne du PIB de 9% par an entre 1971 et 1981. Toutefois, sous l'effet
conjugué de la sécheresse et de l'effondrement des cours de l'uranium et de l'arachide, la situation
économique du pays est devenue très difficile au début des années 90.
L’industrie est peu développée, l’artisanat est en train de se moderniser. L'économie du
pays reste dominée par le secteur agricole qui participe au PIB pour 37,46% en 1991, contre
57,8% en 1961-63, le 39% en 1989 et le 40% en 1997 (CIA).
Le PIB par habitant était estimé à 280 US$ en 1992, contre 302,9 US$ en 1961-63 et 462,7
US$ en 1981-83. Selon un taux de croissance réel estimé en 1998 du 4.5% on peut estimer un
PIB de 970 US$.
En 1994, les importations et les exportations de produits agricoles étaient respectivement
de 112 millions US$ et de 50 millions US$. La dévaluation 50% du franc africain occidental en
janvier 1994 a amplifié les exportations de bétail, d'oignons, et des produits de la petite industrie
du coton du Niger.
L'économie nigérienne est relativement peu diversifiée et demeure encore au stade
rudimentaire, cependant des sources potentielles de croissance, autres que l'uranium, existent
particulièrement dans le domaine de l'élevage, de la culture maraîchère (culture de contre saison),
de certains produits agricoles d'exportation (niébé), de l'orpaillage, des mines en général, des
produits de l'artisanat, du tourisme, des manufactures de petites échelles, des produits et services
auxiliaires.
Nombreuses ressources minières restent inexploitées: le pétrole, découvert à Tin Touma,
est objet de prospections dans la région et l’importance des réserves justifiera son exploitation; du
fer, cuivre, phosphates, plomb et molybdène et le tungstène ont aussi été localisés. Des
prospections conduites par l’ONAREM (Office National pour la Recherche Minière) mettent en
évidence la présence de ressources minières dans les régions encore inexplorées.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
Le gouvernement se fonde sur l'aide bilatérale et multilatérale pour les dépenses
d'exploitation et pour l'investissement public et est fortement encouragé à adhérer aux
programmes d'adaptation structuraux conçus par le IMF et la Banque Mondiale. Les perspectives
à court terme dépendent en grande partie des négociations prochaines sur la réduction de créance
et l'aide étendue.
2.5.
Le système agricole
Les activités rurales demeurent la ressource principale de prés de 90 % des Nigériens, les
terres cultivables n'occupent qu'environ 12 % de la superficie total, et celles cultivées seulement
2,8%. (3 605 000 ha en 1993).
Les exploitations sont de type familial et traditionnel, et les principales cultures vivrières
sont le mil, le sorgho, le niébé et dans une moindre mesure le riz, le maïs et le manioc. Cependant
l'agriculture est exercée dans des conditions peu favorables caractérisées par un zonage
climatique contraignant déterminé par des isohyètes orientés d'ouest en est, parallèles à la lisière
du Sahara. On rencontre successivement du sud au nord la zone des cultures limitée par
l'isohyéte 350 mm, puis la zone pastorale remontant jusqu'à celle de 100 mm, enfin la zone
désertique. Aussi la zone où sont pratiquées les cultures ne représente que le quart de la
superficie du territoire, mais concentre plus des trois quart de la population. Elle forme une longue
bande de terres plus ou moins aptes à la culture, s'allongeant sur plus de 1500 km d'ouest en est
le long des frontières de la Haute-Volta, du Bénin, et du Nigeria.
Les contraintes géoclimatiques qui commandent les activités rurales s'aggravent du fait de
la continentalité, de l'irrégularité pluviométrique, de la pauvreté de la ressource en eau, des
moyens de culture rudimentaires, des sols pauvres, des possibilités financières réduites, de la
poussée démographique importante qui, dans plusieurs région, appauvrit la terre par réduction ou
suppression des jachères.
Le potentiel d'irrigation est estimé à 270 000 ha, dont 140 000 ha dans la vallée du fleuve
Niger. Les superficies totales avec contrôle de l'eau atteignent environ 78 000 ha, soit 2,1% des
superficies cultivées. Les aménagements en maîtrise totale ne s'élèvent qu'à 12 000 ha et sont
exploités par des coopératives encadrées par l'Office national d'aménagements hydro-agricoles
(ONAHA). Les superficies sous irrigation traditionnelle (maîtrise partielle) sont estimées à 55 000
ha. Les superficies avec submersion non contrôlée sont estimées à 12 000 ha environ. Les
principales cultures en maîtrise partielle sont le tabac, le niébé, l'arachide, le manioc, la patate
douce et les cultures fruitières. La canne à sucre est cultivée principalement dans les bas-fonds
les plus humides. Le tabac est aussi cultivé dans les zones de décrue, tout comme de nombreux
légumes. Les cultures maraîchères sont très développées autour des centres urbains. L'irrigation
de contre-saison est donc très répandue. Par contre, l'irrigation d'appoint en saison des pluies l'est
beaucoup moins. En ce qui concerne la maîtrise totale, on peut distinguer trois types d'irrigation
suivant l'origine de l'eau:
- Irrigation par pompage dans la rivière: 6 000 ha
- Irrigation à partir des barrages: 3 800 ha
- Irrigation par pompage de l'eau souterraine: 500 ha
Cette classification couvre les principaux aménagements. Aucune information sur l'origine de l'eau
de la superficie restante, à savoir 1 480 ha correspondant à des micro-périmètres et à des petits
périmètres irrigués, n'est actuellement disponible.
Les cultures de contre-saison sont presque toutes irriguées à partir de puits traditionnels ou
de puisards, ou bien de forages servant également à l'hydraulique villageoise. La plupart des
paysans considèrent encore l'irrigation comme un moyen de diversifier leurs activités agricoles
plutôt que comme une possibilité d'augmenter de façon significative la production. Si la
pluviométrie est bonne, les paysans ont tendance à délaisser les parcelles irriguées au profit des
seules parcelles pluviales. Une autre contrainte à l'expansion de l'irrigation est la participation
limitée des paysans dans la planification des périmètres ainsi que la disponibilité et le coût de
l'assistance technique, principalement dans les zones enclavées.
Dans ces circonstances, les coûts élevés d'investissement rendent l'irrigation en maîtrise
totale une alternative onéreuse comparativement à l'agriculture pluviale pour les cultures vivrières,
pour lesquelles une marge d'accroissement de la productivité est encore possible. Les techniques
L'Etat de l'environnement au Niger
29
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de conservation des eaux et des sols pour une meilleure utilisation de l'eau en agriculture pluviale
sont une alternative intéressante à l'irrigation en maîtrise totale.
Mais le secteur irrigué n'est pas sans perspective encourageante. La majorité des sites de
cultures de contre-saison ont été créés à partir d'initiatives de base sans intervention financière
massive de l'Etat, même si les débouchés posent encore de sérieux problèmes. Il existe
également, dans les régions à terres irrigables, des zones où la mobilisation des ressources en
eaux souterraines est relativement peu onéreuse et où l'on peut envisager des aménagements en
petite irrigation.
L'agriculture reste encore une polyculture vivrière extensive. Les cultures vivrières
représentent les 7/8 de la production agricole. Les cultures commerciales (arachide, coton)
introduites sous la colonisation, source actuelle de revenu monétaire pour les paysans et de
devises pour l'état sont d'un intérêt secondaire. Même la forte extension des surfaces consacrées
aux cultures vivrières aux dépens de celles destinées aux cultures de rente n'a pourtant pas
empêché l'apparition d'un déficit vivrier chronique; il constitue l'une des composantes permanentes
de la situation agricole au même titre que deux autres phénomènes sous-jacents: la dégradation
des sols et l'accroissement des mouvements migratoires.
Le mil et le sorgho sont des cultures vivrières de base. 90 % des terres cultivées leur sont
consacrées. Le Niger en est d'ailleurs le premier producteur en Afrique Noire francophone. Le mil
est cultivé sur les sols légers, parfois en monoculture, souvent en association avec l'arachide le
niébé. La culture traditionnelle se fait sans engrais. Sans rendement moyen de l'ordre de 400
kg/ha est légèrement inférieur à celui du sorgho (465 kg/ha) qui exige, lui, des terres plus riches et
plus lourdes. En fait, ces rendements varient sensiblement suivant les régions, pour le mil: 325
kg/ha dans la région de Niamey, 505 kg/ha dans la région de Tahoua; pour le sorgho: 1 375 kg/ha
dans la région de Diffa et 350 kg/ha dans la région de Niamey.
Fig. 2.8 Systèmes culturaux des Régions du Niger
La production de l'ordre de 1 000 000 t de mil cultivé sur 2 000 000 ha et 300 000 t de
sorgho cultivé sur 500 000 ha peut varier de 10 à 15 % en plus (ou en moins) d'une année à l'autre
en fonction de la pluviométrie et à long terme a suivi à peine l'accroissent démographique. La
production du mil en 1977 a été de 1 130 000 t et la surface qui lui était consacrée atteignait
2 728 500 ha, pour le sorgho elles étaient de 342 000 t et 732 000 ha. En 1999 la production de
mil est de 5 200 000 sur une superficie de 1 850 000 ha et pour le sorgho 430 000 t sur 1 400 000
ha (FAO).
Fig. 2.9 La production de Mil et de Sorgho par Régions
Le mil et le sorgho sont essentiellement autoconsommés. Seule une faible part de la
récolte est commercialisée. Les fluctuations que connaissent les cours de ces denrées dans
l'espace et surtout dans le temps étaient importantes et l'office des Produits Viviers du Niger
(OPVD) fut crée en 1970 pour stabiliser les prix. Son intervention, en contribuant à en faire aussi
des cultures commerciales, revalorise ces plantes, les mieux adaptées aux conditions sévères du
pays. Les efforts de la SOTRAMIL (à Zinder) qui transforme le mil en farine et en pâtes vont dans
le même sens.
Le riz est cultivé le long du fleuve Niger et de la Komadougou. Sa production qui était de
39 000 t/an entre 1966 et 1969 était descendue à 27 300 t en 1971, 29 300 t en 1975, 28 700 t en
1976 et 26 600 t en 1977. La production du riz paddy s'est considérablement accrue (81 000 t en
1987-88) grâce à la politique d'aménagement hydro-agricole, mais a de nouveau chuté au début
des années 90 (40 000 t). Malgré les efforts apportés aux aménagements de cuvettes qui portent
deux récoltes dans l'année, la production n'a pas atteint le niveau d'avant, en 1999 la production
de riz au Niger était de 60 000 t sur une superficie de 30 000 ha. Cette production est absorbée
par le marché intérieur. 70% sont commercialisé, sous forme de riz pilé, par les circuits
traditionnels. Une faible partie (5 000 t) est utilisée par l'entreprise publique, le Riz du Niger à
Tilllabery.
La production céréalière totale en 1998/99 est estimée à 2,31 millions de tonnes, niveau
pratiquement égal à celui de 1996, mais qui dépasse de 4 pour cent la moyenne des cinq
dernières années.
L'Etat de l'environnement au Niger
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O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
Les haricots comprennent le voandzou et surtout le niebé dont la production a connu une
évolution régulière ces dernières années: 72 000 t en 1971, 132 700 t en 1974, 206 800 t en 1977,
350 000 t en 1995: pour le 1999 on registre une production de 570 000 t. Ils sont associés au mil
et au sorgho. Alors que le voandzou (115 000 t en 1999) est entièrement autoconsommé, les
exportation du niébé vers les pays côtiers sont actives, (une grande partie est exportée vers le
Nigeria), favorisant la stabilisation des cours à un niveau rémunérateur et permettant de
promouvoir ce produit au rang de véritable culture de rente.
Le manioc (230 000 t) est la quatrième culture vivrière. Son rendement est de 8 690 kg/ha.
La principale culture commerciale est l'arachide, adaptée aux sets sablonneux, mais
extrêmement dépendante des aléas pluviométriques, Le Niger est le troisième producteur
d'Afrique occidentale. Elle est cultivée principalement dans les départements de Maradi et de
Zinder qui interviennent pour plus de 90% du total. Sa production s'était considérablement
développée dans les années ‘70 passant de 150 000 t au lendemain de l'indépendance au chiffre
record de prés de 300 000 t en 1967.
Le coton est la deuxième culture industrielle, sa production a démarré sur une plus forge
échelle après 1956 quand la Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles
(CFDT) a été chargée d'en développer la culture. Cette culture est concentrée dans le développent
de Tahoua qui fournit plus de 80% de la production totale. La production sert à revitaliser l'usine
SONITEXIL de Niamey. Les cultures industrielles et d'exportation (arachide et coton surtout) ont
enregistré une régression notable depuis 1980 avec toutefois une reprise au début des années 90.
Pour ce que concerne les cultures secondaires, l'oignon (180 000 t en 1999) est cultivé
dans la Majia et depuis peu dans les périmètres irrigués de l'Adér-Doutchi-Majia et les terrasses
du fleuve. Le rendement est de 31 t/ha. Tout un commerce écoule la production vers la cote et sur
le marché intérieur. Une usine de déshydratation d'oignons est projetée à Galmi. La tomate
(65 000 t) est également cultivée depuis longtemps, surtout dans les départements de Tahoua, de
Zinder et d'Agadez. Compte tenu de l'accroissement de la consommation intérieure de concentré
de tomates, une usine est en projet, ce qui permettrait aussi une expansion de la culture. La canne
à sucre (174 000 t) est cultivée dans les arrondissements de Doutchi, de Mirria, de Magaria, de
Mataméye et de Mainé-Soroa. Un complexe sucrier est prévu à Tillabéri. Le blé (6 000 t) est
produit dans la région du lac Tchad, dans l'Art et le Kaouar. Les autres productions sont: le mais
(4 500 t), la patate douce (35 000 t), le fonio (500 t), le sésame (250 t), le piment (60 t), le gombo
(300 t) et les dattes de l'Air et du Kaouar.
Les importations de céréales portent essentiellement sur le blé, le riz, le maïs, le mil et le
sorgho, et varient de 10% de la production en année de pluviométrie normale, à 40% en année
déficitaire, et 5% en année excédentaire. Les importations annuelles comprennent en moyenne
30 000 t de maïs venant d'Afrique de l'Ouest et particulièrement du Bénin, 70 à 150 000 t de
mil/sorgho du Nigeria essentiellement, et environ 50 000 t de riz importé de pays asiatiques.
Les exportations agricoles concernent essentiellement le coton et les oignons séchés.
L'objectif en matière de développement agricole est l'autosuffisance alimentaire. Pour cela,
la maîtrise de l'eau s'avère ne. De nombreux aménagements hydro-agricoles sont prévus sur les
terres irrigables du fleuve Niger, de l'Ader-Doutchi-Majia, du tac Tchad, de la Komadougou, du
Goulbin Maradi, etc. Les plus importants à moyen terme sont ceux de Nkonnì13 000 ha en cours
de réalisation et ceux liés à la construction du barrage de Kandadji. Parallèlement, des efforts sont
faits en vue de la réalisation d'opérations visant à la production de cultures vivrières pluviales par
l'utilisation d'engrais, de semences sélectionnées et de matériel agricole. Pour les cultures de
rende, indispensables pour approvisionner les industries locales, les projets prévoient la réduction
des superficies qui leur sont consacrées et, parallèlement, l'augmentation des rendements.
2.6.
L'élevage
L'élevage constitue une des plus importantes richesses du Niger. Une grande patrie du
pays, impropre à l'agriculture 'sous pluies' (au nord, de l'isohyète 350 mm), possède une vocation
essentiellement pastorale.
La "zone pastorale" qui recouvre 215 000 km2, soit le 17% du territoire, est reportée en
figure selon la carte pastorale (Cirad-Iemvt) du Niger.
L'Etat de l'environnement au Niger
31
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
Fig. 2.10 la zone pastoral du Niger et ses potentialités
Dans cette zone, le troupeau est l'unique ressource des éleveurs: capital, moyen de
transport (mobilité pastorale et commerce caravanier), producteur de nourriture (lait surtout et
viande) et de cuir (vélum des tentes, vêtements, outres, cordes, etc.), il assure le fonctionnement
de la vie sociale (dons, sacrifices, échanges, prêts) et permet l'acquisition de monnaie et de
produits marchands (céréales, vêtements, etc.). Dans la "zone sédentaire", le troupeau doit
s'insérer dans des terroirs cultivés et trouver des pâturages, sans compromettre les récoltes sur
pied.
Les deux principales races bovines sont représentées par le zébu bororodji de grande
taille, à la robe unie, acajou foncé, aux cornes immenses en forme de lyre, et le zébu azawak, plus
petit, à la robe infiniment variée, aux cornes courtes. A l'ouest, on peut signaler, le long du fleuve,
le zébu djeli et, à l'est aux alentours du tac Tchad, le taurin kouri, facilement reconnaissable à ses
cornes démesurément élargies à la base. Les ovins sont de grands animaux à polis ras alors que
les caprins appartiennent à deux variétés: la sahélienne, de grande tulle, à poils ras également et
la chèvre rousse de Maradi, particulièrement appréciée pour la qualité de sa peau.
Grâce aux campagnes systématiques de vaccination (contre la peste bovine en particulier),
au Niger le troupeau n'a cessé d'augmenter. Malgré des pertes sévères pendant les périodes de
sécheresse le troupeau se reconstitue assez rapidement.
Globalement, la densité du cheptel augmente du nord vers le sud, parallèlement à
l'accroissement des ressources fourragères et hydrauliques et en dépit de la concurrence des
espaces cultivés (Figure). Inversement, le nombre d'animaux par habitant est le plus élevé dans
les zones exclusivement pastorales (le nord et l'est).
Les ovins et les caprins sont partout présents, la zone d'élection des camelins et des
bovins se situe de part et d'autre de l'isohyète 200 mm.
Fig.2.11 Charge de bétail par région
Malgré les conditions écologiques, chaque société privilégie un type d'élevage qu'elle
perpétue parfois après migration, hors de sa zone d'origine. Bien que les éleveurs associent
toujours plusieurs catégories de bétail, les Peuls sont traditionnellement attachés aux bovins et les
Touaregs aux camelins. Les contraintes du milieu et le modèle de la société pastorale concernée
se conjuguent pour déterminer les types d'élevage.
Les services officiels cherchent à reconstituer le cheptel avec un taux d'exploitation et de
croissance modulé selon chaque espèce (par ordre décroissant, ovins, bovins, caprins, camelins),
afin de ne pas revenir à la surcharge pastorale de la période qui a précédé la sécheresse.
L'élevage nomade, mené par un groupe humain mobile, sans implantation fixe, peut être
opposé à l'élevage des paysans, ou des agro-pasteurs, attachés à des villages ou à des champs.
L'élevage nomade trouve sa zone d'élection au nord de l'hysohyète 350 mm, mais il déborde vers
le sud en saison sèche, alors que l'élevage paysan trouve en zone pastorale des parcours
indispensables en période culturale. Cette interprétation est favorisée par l'exploitation de
pâturages complémentaires et joue sur le balancement des saisons. La progression du front
intertropical vers le nord est suivie, avec décalage, par la migration estivale des troupeaux, en
juillet, août et septembre jusqu'aux frontières du Sahara: c'est la 'cure salée', avec l'exploitation
d'eaux minéralisées, de terres salées et de pâturages herbacés spécifiques à haut rendement,
mais éphémères. Le retour vers le sud, et le regroupement des nomades dans les zones à
pâturages arborés plus denses, et des agro-pasteurs vers leurs champs, suivent le repli du front
inter-tropical et l'installation des vents secs du nord-est. Ce mouvement pendulaire est effectué par
la totalité du groupe chez de nombreux nomades, et par les seuls bergers chez les agro-pasteurs.
Au cours de la saison sèche, les troupeaux s'abreuvent successivement aux mares et aux
puisards, avant de se regrouper autour des puits profonds ou des stations de pompage qui
exploitent des nappes profondes permanentes.
Fig. 2.12 Densité et nombre de bétail par région
L'élevage traditionnel a pour but essentiel la production du lait auto-consommé et de ses
sous-produits. Une petite part du croit du troupeau est commercialisée par les éleveurs en vue
d'achats sur les matches. Les exportations de bétail, en majorité sur pied répondent à la demande
L'Etat de l'environnement au Niger
32
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
en viande des pays côtiers urbanisés et industrialisés. Ce sont les Etats méridionaux et surtout le
Nigeria (70 à 90% des bovins, plus de 60% des ovins-caprins exportés) qui constituent les
débouchés principaux, alors que la Port des Etats du nord (Libye, en augmentation, et Algérie)
reste modeste. L'exportation par avion de viande congelée, déjà amorcée, peut s'accroître avec la
mise en place d'une chaîne frigorifique. Le développement de l'élevage nigérien est lié à l'évolution
du marché mondial de la viande (Afrique, Europe): il doit prendre en compte le capital des
connaissances acquis par les éleveurs et veiller au maintien de l'équilibre entre le milieu naturel et
son exploitation.
Fig. 2.13 Nombres de têtes des espèces les plus diffusés au Niger
L'Etat de l'environnement au Niger
33
O.S.S. - Paris
3.
3.1.
Ce.S.I.A. - Florence
ETAT DE L’ENVIRONNEMENT
Zonage traditionnel
Les zones traditionnelles correspondent à des espaces géographiques anciennement
délimités par des groupes humains qui y résidaient depuis la période pré-coloniale. Ces espaces,
comme toute autre occupation humaine, ont été remaniés, structurés, reconsidérés au gré des
mouvements des populations mais également des guerres ethniques et autres déchirures internes.
Leur configuration actuelle reflète ces différentes mutations.
Il est encore difficile sinon prétentieux de pouvoir tracer de manière exacte les limites de
ces zones traditionnelles, tant les dérives ont été nombreuses et les contestations encore vivaces.
La carte telle que présentée ne fait pas figurer certaines régions telles que le Konni et le Tazar qui
se noient dans d’autres. Les limites de certaines régions sont exagérées (le Gobir jusqu’aux limites
du Katsina, du Daoura et du Damagaram).
Le risque environnemental, superposé au découpage administratif post-colonial, s’il reflète
le dégré de vulnérabilité environnementale à l’échelle nationale, ne donne pas une grande visibilité
quant à la correspondance entre risque environnemental et découpage administratif.
En partant du postulat que la dégradation de l’environnement est d’une part liée aux faits naturels
(climat, sol...) mais également aux pratiques locales, on est en demeure de penser que la carte
des zones traditionnnelles peut davantage faire ressortir le risque environnemental en liaison
étroite avec les aires géographiques identifiées.
La compréhension du risque environnemental, à la lecture des zones traditionnelles est de
ce fait une piste d’analyse de la désertification. Les pratiques et les logiques identitaires peuvent à
priori marquer un espace délimité. Ces comportements sont le plus souvent différents d’une aire à
une autre par la conjugaison de plusieurs facteurs mais homogène dans un espace bien délimité.
Tout laisse croire ainsi que ces aires homogènes se superposent parfaitement avec les risques
environnementaux spécifiques.
La démarche peut cependant comporter des risques voir des erreurs d’appréciation. Et cela
pour un certain nombre de raisons:
- les différents groupes linguistiques peuvent se percevoir comme des “destructeurs de
l’environnement” ou alors des “conservateurs de celui-ci”.
- la base du zonage traditionnel correspond-elle à une aire linguistique, ethnique,
écologique ou de transhumance. Le découpage tel que présenté semble répondre à plusieurs de
ces variables. L’harmonisation recherchée semble donc être difficile.
En conclusion on peut dire que le facteur démographique actuel des différentes aires
géographiques semble mieux expliquer leur vulnérabilité environnementale. A ce facteur pertinent,
il convient d’ajouter les autres facteurs socio-économiques de la région, par exemple la région de
Maradi à l’instar des autres régions du Niger a connu un déséquilibre écologique et agricole dans
les années 1970 et 1980, comme le soulignent beaucoup d’auteurs (RAYNAUT, 1975 ; KERALY
et al, 1977 ; TASSIOU, 1978 ; DEMIRANDA, 1980 ; LE GAL, 1987). Ce déséquilibre est le fruit
d’un long processus complexe :
- La Jihad d’Ousmane Dan Fodio qui aurait conduit à la forte occupation de la vallée de
Maradi (dégradation de l’environnement)
- La colonisation qui a introduit de nouvelles cultures comme l’arachide, poussant à la forte
monétarisation de la société. MIRANDA (1980) souligne à cet effet que “le caractère exogène des
déterminants socio-économiques a imprimé une telle vitesse aux processus de changement que le
monde rural n’a pas su élaborer progressivement, des systèmes de production et de mise en
valeur du milieu naturel vraiment adapté à une préservation durable de leur environnement”.
Fig. 3.1 Les régions traditionnelles au Niger
L'Etat de l'environnement au Niger
34
O.S.S. - Paris
3.2.
Ce.S.I.A. - Florence
Zonage national des aires à risque
3.2.1. L'analyse de la pression agricole
En fonction de trois variables, taux de couverture des besoins céréaliers, densité de population et
la durée de la saison pluvieuse, un classement spatial du territoire a été effectué. Il en est sorti une
carte de la pression agricole au Niger. Ainsi le Niger a été subdivisé en quatre grandes classes de
pression agricole:
- Zone de forte pression avec des contraintes aiguës ;
- Zone pression moyenne où les contraintes sont épisodiques et surmontables ;
- Zone de faible pression, présentant des possibilités réelles d’exploitation ;
- Zone où la pression agricole demeure minime ;
Cette subdivision rend compte des risques liés à la pratique agricole au niveau de chacune de ces
zones.
Les zones de risque agricole :
Les zones de fort risque
Elles couvrent une faible portion de l’espace agricole. Il s’agit des départements de Keita et Bouza
dans la région de Tahoua, de celui de Diffa dans une très faible proportion des des départements
de Matameye (Zinder) et Aguié (Maradi).
Ces zones, très anciennement occupées, présentent des fortes densités humaines
comparativement aux autres zones du Niger. L’élevage y est pratiqué de même que les cultures
secondaires notamment irriguées. La présence de plusieurs pratiques sur des espaces réduits
expliquerait en partie ce fort risque agricole.
Les zones de risque moyen à fort
Elles concernent, à des degrés différents les régions d’Agadez, de Diffa, Maradi, Tahoua, Tillaberi
et Zinder.
Dans la région d’Agadez la pression agricole est la plus forte. Elle touche 91% de la population.
Les régions de Diffa, Maradi, Tahoua, Tillaberi et Zinder suivent avec respectivement 55,8%, 52%.
45%, 33,2% et 13% de la population qui est touchée.
On constate que seul la région de Dosso n’est pas encore soumise à cette pression agricole.
L’appréciation des risques liés à la pratique agricole peut se faire, en plus des variables qui
nous ont servi à élaborer la carte, à travers quatre éléments principaux : les contraintes physiques
de tous ordres, les contraintes socio-économiques, les obstacles majeurs, les potentialités et
atouts.
Ainsi les zones de risques agricoles présentent d’une part une faible exploitation de ses
atouts et potentiels productifs. D’autre part elles sont caractérisées par des terres à faible valeur
valeur agronomique pour certaines (Agadez, Diffa) ou surexploitées pour d’autres (Maradi), un
certain enclavement et des mouvements importants de population.
Des obstacles majeurs se dressent également à ces zones liés notamment à la pauvreté
des populations et à leur faible capacité d’investissement.
Les zones intermédiaires
Elles se caractérisent par une tendance au risque agricole et marquée par une certaine précarité.
Elles sont présentes partout au Niger et couvre plus de la moitié des terres agricoles. La
dynamique agricole et socio-économique qui n’est pas corrigée par une gestion rationnelle des
ressources naturelles expliquerait cette tendance. Il s’agit entre autres :
- leur position de lisière entre la zone pastorale te agricole. Il n’y a pas une primauté d’une
activité sur l’autre,
- l’exploitation agricole minière. On exploite la fertilité immédiate des sols sans pour autant
investir dans sa régénération et sa récupération,
L'Etat de l'environnement au Niger
35
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
- la quasi monoculture céréalière avec une faible utilisation d’inputs et d’outils agricoles
modernes,
- la forte densité humaine et l’extrême pauvreté des populations.
Cette zone est représentée par:
- la région de Zinder pour près de 95% de son territoire
- la région de Tillabéri dont principalement les départements de Tera (95%), Ouallam (50%)
et Filingué (40%).
- la région de Maradi dont les départements de Guidan Roumdji et Dakoro (50%).
- la région de Dosso dont les départements de Loga, Dongondoutchi (80%) et Dosso
(50%).
- et enfin la région de Diffa dont principalement le département de Mainé Soroa.
Les zones de pression agricole faible à nulle
Elles se retrouvent dans les régions de Dosso et Tillaberi.
Dans la région de Dosso, le département de Gaya présente dans sa totalité un risque agricole
faible, contre 40% dans celui de Dosso et 20% à Dogondoutchi.
La faiblesse des risques liés à la pratique agricole dans cette zone peut avoir plusieurs raisons :
- la relative fertilité des sols conjuguée à un climat de type sahélien,
- le dynamisme des producteurs qui s’exprime par une diversification des èspèces
cultivées, un investissement dans les facteurs de production, une pratique des cultures de rente,
- la présence de projets et ONG opérant dans le secteur rural qui trouve un espace propice
à leur investigation,
- la présence de réserves hydriques importantes.
Dans la région de Tillaberi, le département de Say présente des risques minimes sur le plan
agricole. Trois raisons majeures peuvent expliquer cette situation :
- le caractère agropastoral de la zone. En effet l’région de Say, du fait des conditions
physiques relativement favorables (sols riches et souvent vierges, précipitations suffisantes...)
reste le grenier céréalier du pays (déficitaire en moyenne une année sur 10 ). La présence de
pasteurs peul avec leur troupeau permet une large intégration de l’élevage à l’agriculture.
- la faible densité humaine autorise l’exploitation de grandes superficies. Depuis les deux
dernières sécheresses (1973 et 1984), on note cependant, la descsente des populations du nord
(Kourfeye et Zarmaganda principalement) dans cette zone.
-
la diversification des activités (CCS, pêche...) met les populations à l’abri des besoins.
Fig. 3.2 Longueur de la saison agricole
Fig. 3.3 Carte de la Pression agricole
L'Etat de l'environnement au Niger
36
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
3.2.2. L'analyse de la pression pastorale
La lecture des deux cartes (densité de bétail et pression pastorale) permet de tirer les remarques
suivantes :
- Il n’y a pas de zonalité apparente au niveau des deux cartes,
- la charge de bétail n’est pas élevée dans les zones dont la vocation est l’élevage (secteur
nord et zone pastorale où la charge est de 5-25 UBT/Km2) exception faite de Mainé Soroa et Diffa.
- les plus fortes densités s’observent dans la zone de culture sous pluie.
En regroupant les différents niveaux de la pression d’élevage en trois classes principales (pression
élevée a très élevée, pression moyennement élevée, pression basse très basse), il est possible de
faire les constats suivants :
- La pression élevée à très élevée s’observe dans la région du lac et dans l’extrême nord
de la région de Tanout. Le risque, ici, s’exprime par la forte densité du bétail et le caractère
aléatoire des précipitations qui conditionne le potentiel de la biomasse nécessaire à l’alimentation
du bétail.
- dans le reste de la zone nord, si le risque n’est que moyennement élevé, il peut
s’expliquer par les espaces, par conséquent du potentiel en biomasse.
- dans la zone de cultures sous pluie, la situation est disparate: risque moyennement élevé
et bas à très bas.
- la situation de l’élevage dans l’extrême ouest nigérien et principalement dans les régions
de Dosso, Gaya et Loga est la même que celle de l’agriculture. Le risque est bas à très bas à
cause des conditions écologiques favorables, la présence de la jachère et des friches.
- dans les autres régions, là où la densité humaine est très élevée, du fait de l’occupation
totale des terres agricoles conduisant à la raréfaction des pâturages, le risque est
moyennement élevé.
Fig. 3.4 Densité de l’élevage
Fig. 3.5 Pression de l’élevage
3.2.3. L'analyse de la pression forestière
Le prélèvement de bois est une donnée constante des pays sahéliens. Cette ressource
participe à plusieurs activités en milieu rural et même urbain. Ainsi le prélèvement du bois de
chauffe et du bois d’oeuvre contribuent fortement à la dégradation de notre couvert végétal.
L’accroissement rapide de la population qui s’est traduit par une colonisation progressive de
l’espace pastoral au profit du domaine agricole a également fortement contribué au défrichement
du couvert végétal. Ainsi on peut subdiviser le Niger en trois grandes zones en fonction de la
pression forestière.
Zone de fort prélèvement
Elle se subdivise en deux sous zones.
1.1. Zone de très fort prélèvement :
Elle couvre un faible espace du territoire. Il s’agit principalement des départements de Bouza et
Keita dans la région de Tahoua et les abords de Maradi.
Zone de fort prélèvement
Elle couvre les régions d’Agadez, de Diffa, Zinder (40% Gouré, nord Tanout) Maradi
(Tessaoua, Aguié, Madaroufa, Mayayi) Tahoua (Keita, Tahoua, Konni), Tillaberi (Kollo).
Un certain nombre de constats se posent à la lecture de cette distribution :
- les grands centres urbains connaissent des auréoles de fort prélèvement de bois. Cela
s’explique d’une part par les fortes densités qui caractérisent ces zones et par conséquent une
L'Etat de l'environnement au Niger
37
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
forte demande en bois de domesticité et d’autre part les revenus importants tirés de la vente de
bois.
- les zones de forte pression sont pour une large part des zones frontalières (sud Maradi,
sud Tahoua) ou correspondent à des aires de transhumances (Agadez, Diffa) On peut penser à un
trafic important qui caractérise ces types de zone.
- les zones de forte pression présentent un ensemble de moyens de transport important
(voiture, traction animale). Ce sont là des conditions permettant un écoulement important et rapide
du bois.
- Enfin ces zones, notamment celles septentrionales sont caractérisées par une
productivité de biomasse faible.
Zone intermédiaire
Elle concerne presque toute la bande centre sud du pays. Il s’agit pour l’essentiel de la
région de Tillabéri dans sa presque totalité, de celle de Tahoua dans sa partie nord notamment le
sud du département de Tchintabaraden, de la partie ouest de la région de Maradi, de la région de
Zinder et le sud ouest de celle de Diffa.
Cette bande présente une situation d’équilibre précaire en matière de ressource forestière. En
effet du fait de la croissance démographique, de la péjoration climatique, de l’extension des aires
de culture et de la demande de plus en plus importante en bois, on peut penser que dans les
décennies à venir, si on n’y prend garde, elle subisse le même sort que la zone nord.
Zone de faible prélèvement
Elle concerne essentiellement la région de Dosso. L’extrême sud du département de Gaya
présente un très faible prélèvement alors que les départements de Dosso, une partie de celui du
Boboye et de Doutchi présentent des faibles prélèvements.
Ce constat découle de la présence dans ces régions de zones encore boisées et d’une
pluviométrie favorable à la régénération des espèces naturelles.
Fig. 3.6 Bilan du bois
Fig. 3.7 Pression forestière
3.2.4. L'analyse du risque environnementale
Zone de faible pression environnementale
Dans l’ensemble, l’extrême Ouest et Sud Ouest nigérien correspondant au Sud du
département de Téra, des départements de Say, Boboye, Dosso, Gaya, Loga et Doutchi subissent
une pression environnementale basse à très basse. Deux raisons essentielles peuvent expliquer
cette situation :
- Les densités agricoles qui sont basses à très basses pour les départements de Say et Gaya et
moyennement élevés pour le rete.
La présence, encore, de la jachère ce qui suppose que les terres agricoles ne sont pas encore
saturées.
- Les pluviométries qui sont comprises entre 500 et 750 mm et les ressources végétales encore
disponibles.
Il y a une bonne corrélation entre les situations de faible pression environnementale et les
autres situations écologiques observées, notamment :
- la pression agricole qui est faible
- la pression forestière qui est faible
- la pression pastorale qui est faible
L'Etat de l'environnement au Niger
38
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
Zone de pression environnementale moyenne à forte
Le reste de la zone de cultures sous pluies subit une situation mixte : pression
environnementale moyennement élevée.
Les secteurs qui connaissent une pression élevée sont dans la région de Tahoua, notamment les
départements de Keïta, Bouza et Madaoua où en plus de la pression démographique, nous
enregistrons des conditions climatiques très contraignantes car les moyennes pluviométriques
tournent autour de 350 mm par an. Dans la région de Maradi, le Nord Mayahi subit une double
pression, celle de l’élevage et l’agriculture dans des conditions climatiques contraignantes (300 à
350 mm/an). Dans la même région, la ville de Maradi et le département d’Aguié subissent une
forte pression environnementale du fait de la forte pression démographique (densités brutes
estinées à environ 61,7 habts/km2 dans le département d’Aguiéen 1988 et 82,2 habts/km2 en
1997). Ici comme dans toute la partie Sud de la région, les sols sont surexploités.
Cette situation s’explique par le fait que dans ces régions les ressources se concentrent sur une
petite superficie. Il s’agit des vallées (vallées de Keita, la Majiya, la Tarka, le Goulbin Maradi) qui
offrent des potentialités naturelles (sols fertiles, ressources végétales importantes). Il convient de
rappeler que ce sont des zones de risque agricole élevé et de très fort prélèvement des
ressources forestières; La pression pastorale y est moyennement élevée.
Dans la zone pastorale, la pression environnementale est moyennement élevée, la faible
pression de l’élevage explique cela (5 à 10 hbts/km2): Par contre au Nord Tanout et dans le
département de Diffa, la pression environnementale est très élevée du fait de la surexploitation
des sols pour l’agriculture et l’élevage. A titre indicatif, Diffa ne dispose que de 70 000 ha de terres
cultivables, mais les densités agricoles (populations sédentaire/superficie cultivable) avoisinent 93
habts/km2 en 1998. Dans la zone Nord la pression est élevée. L’écologie est ici très fragile et on
observe une concentration des activités agricoles et pastorales dans les milieux humides (vallées
et cuvettes) et la pression sur les ressources.
Les risques sont élevés pour deux raisons fondamentales :
- écologie fragile
- forte densité humaine, forte charge pastorale
Ce qui explique la sensibilité à l’érosion des différents milieux du Niger. L’érosion (éolienne
et hydrique) agit en effet toute l’année. Les conséquences sont d’autant plus importantes que les
milieux sont surexploités. Des études ont montré l’ampleur du phénomène sur certains sols mal
entretenus. L’érosion hydrique peut dépasser le seuil tolérable (pertes en terre inférieures à 2
tonnes/ha) pour atteindre des chiffres très élevés (38 t/ha).
Fig. 3.8 Le risque environnementale au Niger
L'Etat de l'environnement au Niger
39
O.S.S. - Paris
PUSF
PROJ.FOR. IDA
PDR ADM
PE.II
PURNKO
PAIGLR
PGT/RD/TN
PGTF
PDRT
PDAAT
PA/FC/GT
PDR N'GUIGMI
PDRAA
PASP
PROZOPAS
PDR/MAYAHI
PGRN
PL/ETC
PBVT
P.AFRICARE.G
PPODR
PADER
PAFOZ
PASADOP
TAHOUA VERT
PAFN/N
PROGET GAO
PPDAF
SALAMA
PDRBM
PGRNTT
PAGT
PAFC/G
PAGCVN
PRSAA
PRIVAT
PSN/FIDA
P.GOUDOUMARIA
P.R.P INGAL
PADT/AD
PAT/DBS
PARDM III
PARDM IV
PPIRN/TN
L'Etat de l'environnement au Niger
40
FORMATION
VULGARIS. FOYER
AMEL.
VULGARIS.
AGRICOLE
GESTION DU
TERRITOIRE
AMENAGEM.
PARCOURS
AMENA.COUL PASS
MISE EN DEFEND
FIXATION DUNES
LUTTTE FEU DE BR
PLANTAISON
PRODUCTION
PLANTS
TRAITEMENT
KORIS
REGENER. NATUR
REGARNIS
BOIS VILLAGOIS
BRISE VENT
HAIE VIVE
NOM DU
PROJET
CES/DRS
LES PROJETS DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION:
AMENAGEM
FORESTIERS
4.
Ce.S.I.A. - Florence
O.S.S. - Paris
Ce.S.I.A. - Florence
NOM DU PROJET
DUREE
SOURCE FINA EVAL
PUSF
1982-1989 USAID
PROJ.FOR. IDA
1979-1990
PDR ADM
ETAT
AVAN
DEFINITION DES SIGLES
OUI
FIN
Projet Planification De L'utilisation Des Sols Et Des Forets
1984-2000 ITALIE-PAM
OUI
EXE
Programme De Développement Rural Dans L'Ader Doutchi Maggia
PE.II
PURNKO
PAIGLR
1989-1998
1996-2003 PAYS-BAS
1995-1999 SUISSE
OUI
FIN
OUI
FIN
PGT/RD/TN
1994-1998 PAYS-BAS
OUI
FIN
PGTF
1991-1995 CFD/CE/FAC/N
Projet Energie II Volet Offre (Mara.-Zind.-Tah.-Tilla.)
Projet Utilisation Des Ressources Naturelles De Koure (Région De Say )
Projet D'appui à La Gestion Locale des Ronneraies (Région Gaya )
Projet Gestion Des Terroirs/ Rive Droite/ Tera Nord (Mehana-YelwaniGotheye-Bankilare )
Projet Gestion Des Terroirs Filingue
PDRT
1991-1995 RFA
PDAAT
1990-1994 ASDI/UNSO
OUI
PA/FC/GT
1992-1995 PNUD
FIN
PDR N'GUIGMI
1986-1998 CANADA/ACDI
PDRAA
1992-1998 BOAD/FIDA
PASP
1986-1998 RFA
PROZOPAS
1981-1998 FED
PDR/MAYAHI
1994-2000 PNUD/UNSO
PGRN
1996-2001 IDA/NORVE/PB
PL/ETC
1990-1994 PNUD/USAID
OUI
FIN
Projet Lutte Contre L'ensablement Des Terres De Culture
PBVT
1993-1999 FED
NON
EXE
Projet Basse Vallée De La Tarka
P.AFRICARE.G
1994-1998 USAID
OUI
FIN
Projet Africaine Goure ( Région De Goure )
PPODR
1986-1998 IDA/SUISSE
OUI
FIN
Projet Petites Opérations De Développement Rural
PADER
1996-1999 BAD/PAM
PAFOZ
1995-1999 SOS/GB
OUI
FIN
Projet Aménagement Forestier Ouest Zinder
PASADOP
1998-2003 PAYS-BAS
NON
EXE
Projet D'appui/ Sécurité Alimentaire/ Développement Des Organisations
Paysannes
TAHOUA VERT
1994-1998 PAYS-BAS
OUI
FIN
PAFN/N
1988-1993 RFA
OUI
FIN
Projet Aménagement Des Forets Naturelles Au Tour De Niamey
PROGET GAO
1981-1985 FAC/CCCE
PPDAF
1983-1990 UNSO
OUI
FIN
Projet Pilote De Développement Agro Forestier
SALAMA
1988-1993 UNSO/CARE
OUI
FIN
PDRBM
1988-1994 PNUD/PAM
OUI
FIN
Projet Développement Rural But Multiple (Kollo-Ouall.-Aguie-Mada.)
PGRNTT
1988-1992 DDA/SUISSE
OUI
FIN
Projet Gestion Des Ressources Naturelles Tchin Tabaraden
PAGT
1990-1993 FAC/CCCE/N
OUI
FIN
Projet D'appui A La Gestion des Terroirs
PAFC/G
1989-1994 LWR
FIN
Projet Aménagement De La Foret Classée de Goroubassounga
PAGCVN
1980-1995 NORVEGE
FIN
Projet D'appui A La Gestion Ceinture Verte De Niamey
PRSAA
1993-1997 IDA
Projet Forestier Ida
FIN
Projet Développement Rural Tahoua
Projet De Développement Agroforestier Et d’Aménagement De Territoire (
Dosso- Boboye-Loga )
Projet Aménagement des Forets Classées Et Gestion Des Terroirs
Projet Développement Rural N'guigmi
OUI
FIN
Projet Développement Rural Région D'aguie
OUI
FIN
Projet Agro Sylvo Pastoral (Nord Département Tillabery)
Projet d’Aménagement Des Zones Pastorales (Tchintabaraden-AbalakDakoro-Tchirozerine)
Projet Développement Rural Mayahi
NON
EXE
Projet Gestion Des Ressources Naturelles
FIN
Projet Appui Au Développement Rural
OUI
FIN
Projet Renforcement Structures Appui Agriculture
PRIVAT
1991-2001 PAYS-BAS
OUI
FIN
Projet Participative/ Renforcement Institutions Villageoises /
Développement Agriculture Tahoua
PSN/FIDA
1988-2001 PAM/FIDA/PNUD NON
EXE
Programme Spécial Fida
P.GOUDOUMARIA
1998-2002 AFVP/AFD
NON
EXE
Projet Goudoumaria
P.R.P INGAL
1998-1999 FED
NON
EXE
PADT/AD
1991-1992 PNUD
OUI
FIN
PAT/DBS
1989-1993 ACDI/CANADA
OUI
FIN
Projet Réhabilitation Des Palmeraies D'igal
Projet Aménagement et Développement Des Terroirs De La Région De
Dakoro
Projet Aménagement Terroirs du Dallol Bosso Sud
PARDM III
1983-1986 SUISSE
OUI
FIN
Projet Aménagement de la Ronneraie du Dallol Maouri Phase Iii
PARDM IV
1987-1991 SUISSE
OUI
FIN
Projet Aménagement de la Ronneraie du Dallol Maouri Phase Iv
PPIRN/TN
1987-1999 GTZ/KFW
NON
FIN
Projet Protection Intégrée des Ressources Naturelles Tillabery Nord
L'Etat de l'environnement au Niger
41
O.S.S. - Paris
5.
5.1.
Ce.S.I.A. - Florence
ANALYSE PAR REGION
Caractérisation de la région d’Agadez
Sur le plan climatique Agadez est situé dans les régions hyper arides et arides. Les
hauteurs de pluies annuelles décroissent selon un axe sud-ouest Nort -Est. Elles passent de 200
mm à l’absence totale de pluie sur le plateau de Djado au Nord-Est de Bilma. C’est une zone à
vocation pastorale dont la saison agricole n’atteint guère 50 jours par an. Concentrée
essentiellement sur le mois d’août les maigres précipitations dans le département de Tchirozerine
sur la bordure Sud-Ouet du massif de l’Aïr. Cet espace couvre à peine 1/10e de la région.
C’est dans cet espace que on trouve concentré un ensemble de cours d’eau, les koris dont
les écoulements en saison de pluies durent de quelques minutes à quelques heures. Ce sont des
volumes d’eau importants qui sont écoulés et perdus en quelques heures par infiltration et
évaporation.
Ce réseau de kori était naguère hiérarchisé en un collecteur principal qui se un des
affluents de la rive gauche du Niger. Ces écoulements constituent actuellement un réseau
endoreïque qui s’estompent à quelques km en bordure Sud-Ouest des massifs.
L’essentiel de la végétation composée surtout d’espèces annuelles est concentrée autour
de ce réseau. Quelques rares oasis autour d’Arlit et Bilma sont peuplées d’espèces végétales,
adoptées aux conditions difficiles du milieu. La population rurale se trouve concentrée dans les
départements Tchirozérine et Arlit, qui comptent respectivement des densités 0,88 et 0,34 hbt/km2
selon le recensement général de la population de 1988. Cette densité n’est guère que de 0.03
hbt/km2 pour le département de Bilma.
La région a une densité moyenne de 0,33 (1988) contre une moyenne nationale de 5,7
hbts/km2. Les surfaces agricoles sont faibles sinon inexistantes. Seules les cultures irrigées sont
pratiquées aux abords de certains koris et oasis. Ces cultures irriguées exploitent l’eau de la
nappe qui est subaffleurant pendant la saison pluvieuse mais devient très vite très profonde en
saison sèche. La réserve d’Aïr ténéré, domaine classé est utilisé surtout à des fins touristiques.
Fig.5.1 l’analyse territoriale de la région d’Agadez
5.2.
Caractérisation de la région de Diffa
La région de Diffa occupe la seconde place sur le plan de la superficie (12,4% du terroire
national). Elle est comprise entre les isohyètes 350 et 50 mm donc de la région Nord sahélienne
dans sa partie Sud-Sud-Ouest à la région aride dans sa partie septentrionale Il faut noter
cependant que les 2/3 de son territoire sont dans la zone aride.
Sur le plan des ressources naturelles, la région de Diffa est très peu fournie. Seul le Sud,
notamment les départements de Maïné Soroa et de Diffa possédent quelques ressources
notamment du point de vue de la végétation et de l’eau. Le reste de la région est constitué d’une
steppe herbeuse favorable à l’élevage.
La partie septentrionale du lac-Tchad, la Komadougou yobé et quelques systèmes oasiens
dans le sud, constituent des réserves hydriques importantes autorisent certaines activités telle que
les cultures sous-pluie ou de décrue et la pêche. L’intensité des cultures reste d’ailleurs
concentrée le long de la Komadougou entre la ville de Maïne Soroa et le lac Tchad. le reste de la
région connaît, évidemment, une très faible mise en valeur agricole. Les réserves d’eau utile
demeurent toutefois importantes selon un axe Sud-Ouest Nord-Est au Nord du département de
Diffa. Il s’agit en fait de la nappe du Manga, parsemée de cuvettes dans lesquelles se pratiquent la
culture de poivron et d’autres cultures de contre-saison (tomate, piment etc..). Les réserves
forestières sont faiblement représentées dans l’ensemble de la région.
La répartition de la population reste étroitement liée à celle des ressources naturelles. Ainsi
les concentrations les plus fortes se trouvent dans le Nord et principalement dans le département
de Diffa. Les 4/5 de la région ont une densité de 1 hbt/km2.
Fig.5.2 l’analyse territoriale de la région de Diffa
L'Etat de l'environnement au Niger
42
O.S.S. - Paris
5.3.
Ce.S.I.A. - Florence
Caractérisation de la région de Dosso
La région de Dosso s’étale dans la zone climatique nord soudanienne et sud sahélienne.
Elle enregistre dans sa bande méridionale (département de Gaya) la plus forte pluviométrie du
Niger (plus de 700 mm en 4 ou 5 mois de pluie). Ces précipitations décroissent cependant selon
un axe Sud-nord. les totaux annuels ne sont plus que de 450 mm au Nord de la région de Doutchi.
La région de Dosso est parcouru dans sa partie Sud-Ouest par le fleuve Niger, les Dallols
(Dallol Bosso, Dallol Fogha et Dallol Mouri), au centre et à l’Ouest par d’autres écoulements
temporaires, affluents du fleuve. La large vallée fossile du Boboye traversant la région du NordSud, le fleuve avec ses nombreux petits affluents, les totaux pluviométriques relativement élevés
et peu aléatoires offrent à Dosso de réelles potentialités en ressources naturelles.
Ainsi l’indice de végétation est élevé sur presque la moitié de la région (Gaya, Boboye, Dosso)
présentant une flore dense et riche avec notamment des espèces soudaniennes dans sa partie
méridionale.
Les réserves utiles sont importantes tout au long des vallées fossiles, du fleuve et des
autres écoulements temporaires. Ces réserves permettent les cultures de contre saison dont le
maraîchage, la production de tubercules et les arbres fruitiers. L’irrigation ou les cultures de
décrue sont largement pratiquées dans l’ensemble de la région.
L’intensité culturale demeure encore moyenne avec toutefois des poches de fortes intensités,
notamment les auréoles autour des grandes ville (Dosso, Loga, Doutchi) et le long du Dallol
Bosso. Pour ce dernier des conflits fréquents éclatent entre agriculteurs et éleveurs, du fait d’une
forte concurrence autour de la terre. Dans ces zones, les villages occupent généralement des
surfaces agricoles importantes aux dépens de l’élevage.
Dosso enregistre après Maradi l’une des plus fortes densités humaine du pays (30,1
hbt/km2 pour une moyenne nationale de 5,7): les plus fortes concentrations humaines se trouvent
le long des dallols, occupation selon un axe méridien, et à la périphérie des grands centres
urbains. Les zones humides semblent donc être le refuge des populations. Il n’y a cependant pas
de grands déséquilibres dans la distribution spatiale de la population.
Des forêts, des parcs à Gao ou palmeraie (Boboye, Dosso, Gaya) font de la région une des
plus représentative sur le plan de la végétation du pays. Certains domaines connaissent
cependant un début de dégradation (nord Gaya, Nord Dosso) liée surtout à l’action anthropique.
En effet les colonisations récentes des terres vierges par les populations du Zarmaganda suite aux
dernières sécheresses et le défrichement de certaines réserves forestières en vue d’une
exploitation agricole de rente augure d’un processus de dégradation à moyen et long terme.
Fig.5.3 l’analyse territoriale de la région de Dosso
5.4.
Caractérisation de la région de Tillaberi
La région de Tillaberi occupe 7,7% de de la superficie totale du Niger. Sur le plan
climatique Tillaberi partage les régions nord sahélienne (nord Filingué, nord Tillabéri avec des
précipitations de 250 à 300mm). Les hauteurs de pluies annuelles décroissent selon un axe sudnort. Elles passent de 600 mm à 650 mm au sud dans le Parc National du W à 250 mm au nord du
département de Filingué. C’est une zone à vocation agro-pastorale dont l’agricole prime sur le
pastoralisme. Le département de Tillaberi est parcourue dans sa longueur par le fleuve Niger. Ce
cours d’eau permanent est alimenté sur sa rive droite par un ensemble de dix affluents sahéliens
et soudaniens. La rive gauche est très peu alimentée. Elle est cependant parsemée de
nombreuses mares.
On peut ainsi subdiviser la région de Tillaberi en deux grands ensembles :
- Une partie septentrionale, entre l’isohyète 250 et 450 mm comprenant les départements
de Tillaberi, Oullam et Filingué.
- Une partie méridionale, au sud de l’isohyète 450 mm qui comprend l’extrême sud du
département de Téra, 80% du département de Kollo et la totalité de celui de Say,
L'Etat de l'environnement au Niger
43
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Les ressources naturelles varient ainsi tant sur le plan quantitatif que qualitatif d’une partie
à l’autre, de même que la répartition de la population.
Sur le plan de la végétation, au nord domine une couverture arbustive avec des herbacés
annuelles à vivace. La densité de couverture demeure lâche. Environ 30% de la région a une
couverture végétale assez fournie avec des espèces souvent en voie de disparition qu’on retrouve
au niveau du Parc National du W. Les forêts classées sont également bien représentées dans les
départements de Kollo et Say qui conservent encore des reliques de zones boisées. Quelques
réserves forestières se retrouvent dans les départements de Filingué et Tera.
Les réserves hydriques, appréciables, sont présentes tout au long de la nappe du fleuve, des
cours d’eau saisonniers, fossilisés à la rive gauche du fleuve et des plans d’eau temporaires.
La distribution de la population ne connaît pas une très grande disparité. Avec une densité
moyenne de 17,7 habitant au Km2, la région de Tillabéri ne subit pas une pression humaine. Si
une concentration humaine est observable dans la partie méridionale et le long des cours d’eau, il
n’existe pas une déprise humaine réelle dans la partie septentrionale.
L’occupation des sols, sur le plan cultural, est importante le long du fleuve et de ses
affluents, dans les départements de Tera, Tillaberi et Kollo.
Il faut noter que les départements de Kollo et Say considérés comme vierges jusqu’aux dernières
sécheresses (1973/84) ont été défrichés et colonisés par les populations du nord des
départements de Ouallam et Filingué.
Fig.5.4 l’analyse territoriale de la région de Tillaberi
5.5.
Caractérisation de la région de Maradi
La région de Maradi est située au centre-sud du Niger entre 13° et 15° 26' de latitude Nord
et 6°16' et 8°33' de Longitude Est. Maradi est limi té au Nord par la région d'Agadez, au Sud par le
Nigeria à l'Est par la région de Zinder et à l'Ouest par celle de Tahoua. La superficie est de 38500
km2 soit 3% environ du territoire national.
La géomorphologie se caractérise par un relief de bas plateaux d'une altitude moyenne de
400 m entaillé par quelques vallées fossiles : le Goulbin Maradi, le Goulbin Kaba et la Tarka.
On distingue comme sols:
- des sols ferrugineux lessivés compacts imperméables
- les sols ferrugineux lessivés sur erg ancien ;
- des sols ferrugineux lessivés en fer typiques)
- des sols isolumiques (sols bruns subarides).
Sur le plan textural, on distingue le groupe des sols sableux et celui des sols à dominance d'argiles
et de limons
En tenant compte de la notion de réserve utile et de l'utilisation pour l'agriculture pluviale, moins de
5 % de la superficie sont favorable à la culture. (100 <RU <15° et> 150 mm). Il s'agit des sols de
bas-fonds des vallées du Goulbi Maradi et du Goulbin Kaba ainsi certaines dépressions du
département de Tessaoua.
La région de Maradi se situe dans la zone Sahélienne, avec une pluie qui décroît du sud
vers le Nord. La carte de la pluviométrie moyenne de la décennie 1981-1990 fait ressortie
effectivement une bande sud plus arrosée avec une moyenne comprise entre 450 et 300 mm. La
pluviométrie décroît au fur et à mesure qu'on remonte vers le Nord pour atteindre environ 100 à
125 mm/an. C'est l'extrême sud du département de Madarounfa qui reçoit le plus d'eau (450
mm/an). Ces moyennes vérifient la péjoration climatique que connaît la région de Maradi. En effet
sur une longue période (1968-1997) on a enregistré un recul de l'isohyète 350 mm, considérée
comme la limite nord des cultures sous pluies, vers le sud du département de Dakoro.
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Enfin, cette différence pluviométrique, est un élément marquant dans la zonation agro-écologique
du département. On peut ainsi diviser la région en trois grandes zones:
- l'extrême Nord qui subit un climat sec, à vocation pastorale ;
- la zone centrale de transition, agro-pastorale ;
- la zone sud agricole.
Les ressources végétales se concentrent dans le sud-ouest de la région, dans les
département de Guidan Roumdji et Madarounfa, où les conditions pluviométriques sont
favorables.
On note en effet 16 domaines classés et 5 domaines protégés avec une superficie d'environ 141
878 ha. La plupart ont vu leur superficie diminuer au profit des cultures. Par exemple dans le
département de Guidan Roumji, les forêts classées couvrent actuellement moins de 100 ha. La
forêt classée de Baban Rafi (Madarounfa) est passée de 80.000 ha à environ 40.000 ha.
La région de Maradi, est peuplée de Haoussa (83 %), de peuls (10 %) de Touareg (6 %) de
Béribéri (assimilés au Haoussa). A l'instar des autres régions du Niger, Maradi a connu une
croissance démographique élevée. En 1960, la population était de 494 490 habitants au
recensement de 1977, cette population est passée à 949 747 habitants pour atteindre 1 389 433
en 1988. Le taux de croissance est de 3.59 % % centre 3.1 % la moyenne nationale.
La population est essentiellement rurale et concentrée dans la partie centrale. On observe dans
cette partie centrale un noyau de villages de plus de 2000 habitants dans toute la partie sud de
Mayahi, l'Ouest Tessaoua, Aguié, Madarounfa et la partie Est de Guidan Roumji. Cette
concentration de la population s'explique par les conditions édaphiques relativement favorables :
sols sableux dunaires et vallées du Goulbin Maradi et du Goulbin Kaba. Le niveau d'occupation
des sols est très élevé comme l'indique la carte l'intensité de mise en culture. En 1988, 50 % des
sols étaient occupés de 50 à 69 %. Il s'agit du noyau densément peuplé. Soulignons qu'à l'heure
actuelle la saturation est quasi totale dans la zone centrale et Sud. Car la jachère n'existe
pratiquement plus dans ces zones, les sols compacts qui jadis étaient délaissés car difficiles à
travailler et considérés comme pâturages sont entièrement mis en valeur avec l'acquisition par les
paysans de la charrue.
Les conditions édaphiques déterminent également les systèmes dominants sont le mil et le
niébé. Toutefois des éléments de différenciation existent. Dans les systèmes de vallée
(Madarounfa) il faut ajouter à ces éléments les cultures irriguées de rente. Dans le département
d'Aguié, le souchet s'est développé pour devenir la principale culture de rente. Dans les
départements de Guidan Roumji, Mayahi et Tessaoua, l'arachide est encore présente.
Fig.5.5 l’analyse territoriale de la région de Maradi
5.6.
Caractérisation de la région de Zinder
La région de Zinder est située au Centre-Est du Niger entre 12°50' et 16°30' de Latitude
Nord et 7°30 et 13° de Longitude Est. Elle couvre u ne superficie de 146 170 km2 soit 11.53 % du
territoire national. Elle est limitée à l'Est par la région de Diffa, à l'Ouest par celle de Maradi, au
Nord par la région d'Agadez et au Sud par la République Fédérale du Nigéria.
La géomorphologie de la région de Zinder est caractérisée par des formes structurales
isones des formations cristallines du socle du Damaragaram Mounio, des formations gréseuses du
Koutous et des calcaires du crétacé du Damergou. On observe ainsi des blocs de granites et des
buttes dont les sommets peuvent atteindre 600 m (710 m pour le massif du termit). Ces buttes
alternent avec des dépressions dont l'altitude moyenne tourne autour de 320m (bassin de la
korama). On observe également des formes éoliennes (dunes de sables tabilisées, dunes vines).
On distingue plusieurs types de sols, dont la majorité ; sur la plan textural sont à dominance
sableux.
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- Les sols peu évolués climatiques (sols minéraux buts) très pauvres en matière organique,
constitués de dunes de sable, très sensibles à l'érosion éolienne (poste administratif de tesker,
dans le département de Gouré).
- Les sols sub-arides tropicaux, pauvre en matière organique localisés dans les
départements de Gouré, Tanout et Mirria.
- Les sols ferrugineux tropicaux situés dans la zone agricole localisés dans le sud du
département de Tanout, dans les département de Mirria, Matamèye. Magaria et la frange sud/sudouest du celui de Gouré.
- Les sols vertiques (Nord-Ouest Tanout, Magaria, Mirria).
- Les sols d'érosion (Mounia, Koutous) les sols peu évolués d'apport (Gouré)
- Les sols hydromorphes (vallées et cuvettes).
En considérant la réserve utile et l'utilisation pour l'agriculture pluviale (carte des sols), les
sols favorables sont localisés dans le département de Magaria et dans une moindre mesure dans
ceux de Matamèye et de Mirriah (100<RW<150mm). Ce qui explique la forte concentration de la
population dans cette partie sud de la région de Zinder. Pour plus des 2/3 de la région, les valeurs
sont médiocres à impropres aux cultures.
La pluviométrie
La pluviométrie décroît du sud au nord avec une moyenne d'environ 425 dans l'extrême
nord-est (période 1981-1990). Cette moyenne traduit effectivement un déficit de précipitations
depuis une vingtaine d'années, entraînant un déplacement des isohyètes vers le sud. L'isohyète
200 mm se stabilise aujourd'hui à la latitude de Tanout.
Ceci permet de diviser la région en trois zones :
- une zone désertique au nord et l'isohyète 100 mm (extrême-nord de l'Région de Gouré ;
- Une zone pastorale (ou agro-pastorale ou inter-médiaire) dans le nord des départements de
Gouré et Tanout ;
- Une zone agricole (Magaria, Matamèye et Mirria).
Les Ressources Végétales
Les cartes de l'indice de végétation et des forêts classées revèlent une faible potentialité en
ressources végétales très éparse mais avec une concentration dans l'extrême sud-ouest de la
région (Mirria, Matamèye, Magaria et Gouré). La région dispose de 35 forêts classées : 3 à
Magaria avec 1.330 ha ; 1 à Matamèye avec 665 ha, 11 à Mirria avec 17.193 ha et 20 à Gouré
avec 24816 ha soit une total de 44 004 ha. Mais ces forêts sont toutes dégradées à plus de 50 %
du fait de la pression agricole.
Démographie et occupation du sol.
La population de la région de Zinder est composée de Haoussa majoritaires, de Kanouri de peuls,
de Touareg, de Toubou et d'arabes. Cette population a connu une croissance démographique
forte et en accélération de l'ordre de 1.8 % au début des années 1960 elle est passée à 2.7 % en
1977 et actuellement à 3.3 %. En 1960 la population était de 639.000 habitants, elle a atteint
1.002.225 en 1977 et 1.409.417 en 1988.
L'autre caractéristique, c'est que cette population est essentiellement rurale concentrés dans
l'extrême sud-ouest où on observe un noyau constitué de villages de plus de 2000 habitants (carte
distribution de la population rurale) dans les départements de Mirria, Matamèye et Magaria. On
estime que 85 % de la population de la région résident dans cette partie. En 1988, l'intensité de la
mise en culture dans cette partie extrême sud est 30 à 69 % (carte de l'intensité de la mise en
cultures ADDS).
Actuellement dans la zone sud, l'occupation agricole des terres est quasi achevée, alors que le
nord qui disposent des ressources en terres est pratiquement vide.
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Des systèmes culturaux sont dominés par la céréaliculture et celle du niébé. A ces cultures
dominantes, s'ajoutent celles de rente comme l'arachide dans les départements de Mirria,
Matamèye et Marria. Les superficies cultivées en arachide ont passé de 34.295 ha en 1987 à
149.680 ha en 1996, mais en 1998 les superficies ont chuté à 78.675 ha.
Fig.5.6 l’analyse territoriale de la région de Zinder
5.7.
Caractérisation de la région de Tahoua
Situation géographique
La région de Tahoua est située au centre du Niger et comprise entre 13°42' et 18°30' de
Latitude Nord, et, 3°53' et 6°42' de Longitude est.
Elle est limitée à l'ouest par les régions de Dossout Tillabéri à l'est par la région de Maradi, au
nord-est par la région d'Agadez, au nord-ouest par la République fédérale du Nigéria.
Elle couvre une superficie de 106.677 km2 soit 8.40 % du territoire national et compte 8
départements (Abalak, Bouza, Birnin Konni, Keïta, Madaoua, Illéla, Tahoua et Tchintabaraden).
Géomorphologie et sols
La région de Tahoua présente deux grands ensembles. Un ensemble constitué de
paysages de Cuesta d'une altitude moyenne 400m. Ces Cuesta présentent des vallées larges et
profondes (vallée Tadiss, Badaguichiri, Keïta, Majiya, Tarka).
L'autre ensemble est celui des formations éoliennes (dunes fixées, dunes vives) localisé
dans les parties nord, ouest et est de la région.
D'une manière générale, les sols de la région de Tahoua sont classés parmi les sols bruns
subarides et brun-rouges subarides. On distingue ainsi selon les unités géomorphologiques les
sols suivants:
- Les sols de plateaux (revers de Custa) sont constitués de cuirasse, mais les micro dépressions
des sols brun-rouges graveleux ; on observe également des sols dunaires ou de simples placages
éoliens ;
- sur les versants se sont développés des sols gravaillonnaires ; toutefois sur les replats des
glissements gréseux les sols sont limono-sableux ondurés.
- Les sols de glacis sont sablo-limono à limono-sableux.
- dans les bas-fonds on observe des sols lourds limono-argileux à argilo-limoneux.
Dans l'ensemble ces sols ont une réserve utile faible à très faible donc ne sont pas favorable pour
les cultures, exception faites des sols de bas-fonds (100< RW<150 mm voire >150 mm) (carte des
sols par réserve utile).
La pluviométrie
La situation géographique confère à la région de Tahoua un climat contraignant. La pluviométrie
décroît du nord au sud, avec une moyenne faible comprise 350 mm à environ 75 mm (période
1981-1990). La région de Tahoua à l'instar du reste du pays connaît ces vingts dernières années
une péjoration climatique conduisant à un recul des isohyètes vers le sud. L'isohyète 350 mm
passe par la ville de Tahoua alors qu'elle était située plus au nord avant 1968. Au nord de Tahoua,
tout ce département et ceux de Tchinta et Asalak sont situés au nord de l'isohyète 350 mm. Les
autres départements comme Illéla, Madaoua, Keïta, Bouza et une partie de Birnin Konni sont
compris entre les isohyètes 450 mm et 350 mm. Le sud du département de Konni est mieux arrosé
avec plus de 450 mm.
La région se subdivise ainsi en deux grandes zones :
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- une zone pastorale au nord de Tahoua ;
- une zone agricole au sud de Tahoua.
Les Ressources Végétales
Les cartes de végétations (NDVI Max et forêts classées) montrent une faible potentialité en
ressources végétales très éparses et concentrées dans la partie sud de la région. Les formations
végétales assez denses se localisent dans les bas-fonds. La région dispose toutefois de 9 forêts
classées couvrant une superficie de 11 653 ha au classement ; en 1993, elles ne couvraient que
4.400 ha. Ce qui illustre toute la pression de l'agriculture sur les forêts et qui explique également
les opérations de reboisements entreprises très tôt par des projets et ONG.
Démographie et occupation du sol
La population de la région de Tahoua est composé de Haoussa majoritaire, Touareg, Peul,
Arabes. Elle connaît également une croissance élevée. En 1963, la population était de 679.799, en
1988 elle était de 1.306.948 habitants. Le taux de croissance est de 2.62 %. Cette population est
essentiellement rurale, et près de 70 ù vivent dans la zone sud et le centre. La carte de répartition
de la population fait ressortir une concentration forte dans la partie sud-est qui correspond à la
zone des vallées (Badaguichiri, Keïta, Tarka, Majiya). Dans cette partie, l'intensité de mise en
cultures en 1988 (carte intensité de mise en culture) est comprise entre 49 % à 69 %. Soulignons
que ces zones de vallées sont actuellement saturées.
La zone nord a une vocation pastorale ; toutefois la saturation de la zone sud paisse les paysans à
occuper ces terres marginales. Dans la zone sud agricole, les systèmes culturaux sont dominés
dans l'ensemble par deux éléments : mil-niébé.
Mais dans toute zone, se développe la culture de rente par excellence de la région, à forte valeur
marchande à savoir l'oignon.
Fig.5.7 l’analyse territoriale de la région de Tahoua
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