Observatoire du Sahara et du Sahel Paris Ce.S.I.A. – Accademia dei Georgofili Florence L’état de l’environnement au Niger DRAFT ver. 0.2 Octobre 1999 Tables des matières Préface Introduction 3 4 1. LE CONTEXTE INSTITUTIONNELLE ET LEGISLATIF EN MATIERE D'ENVIRONNEMENT 6 1.1. 1.2. 1.3. 1.4. Le Plan National de l’Environnement pour un Développement Durable (PNEDD) 6 La mise en oeuvre de la CCD 11 Institutions nationales 16 Etat de l’art en matière d’information environnementale 17 2. LE CADRE NATIONAL BIOPHYSIQUE ET ÉCONOMIQUE 19 2.1. 19 2.1.1. 2.1.2. 2.1.3. 2.2. 2.2.1. 2.2.2. 2.3. 2.4. 2.5. 2.6. Caractéristiques territoriales Le cadre physique général et hydrographie Géomorphologie et sols Occupation du sol et végétation Caractéristiques climatiques Les types de temps Les régions climatiques 19 20 21 22 23 25 La démographie L’économie Le système agricole L'élevage 26 28 29 31 3. ETAT DE L’ENVIRONNEMENT 34 3.1. 3.2. Zonage traditionnel Zonage national des aires à risque 34 35 L'analyse de la pression agricole L'analyse de la pression pastorale L'analyse de la pression forestière L'analyse du risque environnementale 35 37 37 38 3.2.1. 3.2.2. 3.2.3. 3.2.4. 4. LES PROJETS DE LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION: 40 5. ANALYSE PAR RÉGION 42 5.1. 5.2. 5.3. 5.4. 5.5. 5.6. 5.7. 42 42 43 43 44 45 47 Caractérisation de la région d’Agadez Caractérisation de la région de Diffa Caractérisation de la région de Dosso Caractérisation de la région de Tillaberi Caractérisation de la région de Maradi Caractérisation de la région de Zinder Caractérisation de la région de Tahoua O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Préface Ce travail a été développé dans le cadre du programme de collaboration entre le Ce.S.I.A. (Accademia dei Georgofili, Florence) et l’Observatoire du Sahara et du Sahel (O.S.S., Paris) avec l’appui de la Direction de l’Environnement du “Ministère de l’Hydraulique et de l’Environnement” du Niger et du Secrétariat Exécutif du Conseil National de l’Environnement pour un Développement Durable (SE/CNEDD). L'Etat de l'environnement au Niger 3 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Introduction Le Niger, pays enclavé, dont le point le plus proche de la mer se trouve à 600 km, couvre une superficie de 1.267.000 km et se situe entre les longitudes 0°16' et 16° Est, et les latitudes 11°1' e t 23°17' Nord. Les limites septentrionales du pays co nfinent donc au tropique nord . Les 3/4 du pays sont désertiques, comportant le désert du Ténéré qui compte parmi les déserts les plus redoutables. Le Niger partage plus de 5000 km de frontières communes avec l'Algérie et la Libye au nord, le Mali et le Burkina Faso à l'ouest et au sud ouest le Bénin et le Nigeria au sud, le Tchad à l'est. A l'instar des autres pays sahéliens, le Niger connaît une anomalie climatique très prononcée depuis plusieurs décennies. Les problèmes environnementaux se posent avec beaucoup d'acuité du fait des sécheresses récurrentes, de la désertification, de la démographie galopante et de la crise économique sévère et persistante. Le potentiel productif se dégrade de plus en plus à la faveur des modifications climatiques et des actions anthropiques sur les ressources. Les équilibres des écosystèmes sont continuellement et gravement perturbés et les ressources naturelles disponibles s'amenuisent au fil du temps. Ces phénomènes qui contribuent à l'appauvrissement des populations se traduisent par la baisse de fertilité des sols, la réduction du capital productif, la diminution des revenus en milieu rural, l'accroissement de l'insécurité alimentaire et l'exacerbation des conflits entre les exploitants des ressources. On arrive aujourd'hui à une situation quasi-généralisée d'appauvrissement du capital terre, de diminution des jachères, de surexploitation des ressources ligneuses et du pâturage. La pluviosité constitue l'élément déterminant du climat. Les pluies, généralement orageuses et par conséquence de forte érosivité, varient dans l'espace et dans le temps et diminuent suivant un gradient décroissant de sud-ouest à nord-est. Les moyennes mensuelles de l'évapotranspiration potentiel (ETP ) et de la température sont assez élevées, notamment pendant la saison chaude (de Mars à Juin). La question de l'environnement préoccupe ouvertement le Niger depuis une vingtaine d'années déjà. A cet effet, plusieurs expertises relatives à la lutte contre la désertification et de la dégradation des ressources naturelles ont été menées. De nombreuses initiatives ont été également entreprises plus ou moins isolément, sur la base de différents projets, sans cohérences entre elles, ni réelle appropriation de la part des populations. Celles-ci ont conduit à la formulation de nombreux plans et programmes d'intervention qui n'ont généré cependant qu'une partie des effets bénéfiques attendus. Elles auront néanmoins permis de développer des techniques d'interventions adaptées susceptibles d'améliorer l'état des différentes ressources considérées. Ainsi, depuis l'engagement de Maradi en 1984, le Niger a pris en charge la mise en oeuvre de plusieurs plans et programmes qui ont porté, entre autre, sur la lutte contre la désertification (Plan National de Lutte Contre la Désertification - PNLCD 1985, révisé en 1991) et la gestion des ressources naturelles (Programme National de Gestion des Ressources Naturelles - PNGRN 1993), le Plan d'Action Forestier Tropical (PAFT ) etc. Malgré tout, le Niger reste l'un des pays les plus pauvres de la planète selon l'indice de développement humain ( Etude sur l'indice de développement, PNUD, 1996 ). Il a connu un taux de croissance démographique moyen de 3,3% par an pour la période de 1975 à 1994 contre un taux de croissance du PIB réel de 1,7% en moyenne pour la même période. Cette faiblesse du taux de croissance du PIB par rapport à celui de la population persiste et s'amplifie depuis plus de 15 ans. L'économie du Niger reste dominée par le secteur rural en difficulté et la gestion de l'environnement, que l'on associe à la sauvegarde du capital-ressources, devient économiquement une priorité majeure. L'Etat de l'environnement au Niger 4 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence En résumé, l'économie du Niger repose sur un capital-ressources de plus en plus restreint. Plusieurs études entreprises au cours des vingt dernières années démontrent à cet égard que la base des ressources naturelles du pays est non seulement limitée, mais qu'elle se dégrade de plus en plus, au fur et à mesure que les besoins des populations en majorité pauvre s'accroissent. Ce déséquilibre handicape le développement du pays qui a peu d'alternatives vers lesquelles se tourner. Le Niger ne peut par ailleurs compter sur la présence d'autres secteurs technologique, industriel ou commercial forts et capables de prendre la relève. La crise du développement dans laquelle il est plongé menace non seulement le patrimoine culturel national, mais aussi et surtout la survie des populations qui en dépendent. Depuis les deux dernières décennies, celles-ci ont vu le rendement de leurs productions agricoles diminuer, tandis que leur niveau de vie s'est considérablement dégradé. Les populations sont de plus en plus pauvres, ce qui les conduit à adopter des stratégies et des comportements qui, à long terme, ne sont pas durables. Cependant, les questions liées à l'environnement et au développement durable deviennent une préoccupation majeure. Le développement durable est appréhendé comme un processus de développement respectueux de l'environnement qui assure un meilleur équilibre dans les relations espace - société. Mais ces questions se sont révélées comme des équations difficiles à résoudre sans une synergie d'efforts de l'ensemble de la communauté. En raison de leur gravité et de leur caractère multidisciplinaire et multisectoriel, ces questions appellent, pour leur résolution, la mobilisation effective de tous les acteurs du développement national, à tous les niveaux, avec l'appui bienveillant des partenaires de coopération. C'est une conviction qu'entend faire partager la Convention de Lutte Contre la Désertification, qui apparaît comme un instrument promoteur pour combattre la désertification au regard des dispositions pertinentes qu'elle contient. C'est en cela que l'adoption de la Convention sur la Désertification est une révolution; celle de la remise en cause d'un ordre ancien incapable de faire face aux préoccupations environnementales. Au Niger, la mise en oeuvre de la Convention de Lutte Contre la Désertification (CCD) se fait à travers le Plan Nationale de l'Environnement pour un Développement Durable (PNEDD), plan qui tient lieu du Programme d'Action National (PAN) tel que préconisé par la Convention. L'Etat de l'environnement au Niger 5 O.S.S. - Paris 1. 1.1. LE CONTEXTE INSTITUTIONNELLE D'ENVIRONNEMENT Ce.S.I.A. - Florence ET LEGISLATIF EN MATIERE Le Plan National de l’Environnement pour un Développement Durable (PNEDD) Au regard de la désertification et des conséquences induites de sécheresse que connaît le pays, le Gouvernement nigérien a décidé de se doter d'un cadre de référence pour traduire dans les faits les engagements pris au plan international en ratifiant les différentes conventions notamment celle relative à la lutte contre la désertification, à la biodiversité, aux changements climatiques et aux eaux internationales. Dès lors, dans la foulée de la réflexion qui s'est engagée à la suite de la tenue de plusieurs événements internationaux tels que la Conférence des Nations-Unies sur l'Environnement Humain (CNUEH /Stockholm-1972) et surtout la Conférence des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement Durable (CNUEDD) tenue à RIO de Janeiro en 1992, le Niger reconnaît que son développement dépend en grande partie de sa capacité à mieux gérer l'ensemble de ses ressources. Délaissant l'approche sectorielle et technique des années 80, le pays favorise maintenant une approche plus globale. Dans ce cadre le Niger s'est lancé dans un processus d'élaboration d'un Plan National de l'Environnement pour un Développement Durable (PNEDD) qui est le document qui fait office de cadre national de référence en matière d'orientation stratégique dans le domaine de l'environnement pour un développement durable coordonnée par un Conseil National de l'Environnement pour un Développement Durable (CNEDD) et de son Secrétariat Exécutif (SE/CNEDD). Ainsi le PNEDD qui tient lieu du Plan d'Action National Environnemental (PANE), avec la prise en compte du … (PNGRN), intègre le … (PNLCD), le Plan d'Action Forestier Tropical (PAFT), le schéma de mise en valeur et de Gestion des Ressources en Eau ainsi que d'autres programmes en cours et à venir dans les domaines de l'Environnement et inclura le PAN/LCD préconisé par la Convention de Lutte Contre la Désertification (CCD). Le PNEDD, document national résultant d’un consensus entre les différents partenaires du secteur public, du secteur privé et de la société civile, compte cinq parties principales: la première partie rappelle le contexte général dans lequel le PNEDD a été préparé; la deuxième partie présente le bilan diagnostic de la situation du Niger en matière d’environnement et de développement durable; la troisième partie est consacrée à la présentation des éléments de politique en matière d’environnement et de développement durable, ainsi qu’à sa stratégie de mise en œuvre; la quatrième partie présente les programmes prioritaires et les actions d’accompagnement; la partie cinquième fournit les principaux éléments de mise en œuvre. L’idée d’élaborer un PNEDD au Niger est née de la persistance dans le domaine de l’environnement et de développement de plusieurs problèmes et contraintes malgré les multiples initiatives et actions mises en œuvre. L’approche sectorielle, l’absence et/ou l’insuffisance de coordination et de concertation entre les différents acteurs, la faiblesse des mécanismes de suivi évaluation, l’absence de documents de référence cohérents, la faiblesse des capacités nationales en matière de financement, l’insuffisance de participation et d’engagement des principaux partenaires étaient au nombre de ces problèmes et contraintes. A ces maux s’ajoutent l’amenuisement de la base des ressources naturelles, l’appauvrissement des populations (3,4% de croissance pour le PNB en 1996), la baisse continuelle du taux d’investissement (17.1% en 1994, 11.7 en 1995 contre 9.4 en 1996), un fort taux annuel d’accroissement de la population(3,32%). Pour en apporter des solutions durables et en même temps respecter les engagements pris au plan international, le Niger a convenu de l’élaboration du PNEDD, cadre de référence intégrant tous les efforts pertinents en cours ou à venir liés à l’environnement et au développement durable tout en cherchant l’harmonie avec les autres programmes majeurs du Niger. Processus continu, participatif et itératif, le PNEDD a été bâti à partir des capacités nationales avec la contribution de tous les partenaires intéressés par la question environnementale. Il intègre les acquis, particulièrement, ceux qui ont trait aux instruments de planification, aux plans et programmes déjà élaborés ou en cours d’élaboration, de même que ceux traitant de la formation et de la recherche en matière de développement durable. Il a aussi L'Etat de l'environnement au Niger 6 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence tenu compte des dispositions de l’Agenda 21 susceptibles de répondre aux préoccupations du pays et de constituer ainsi des priorités au niveau national. Lancé en mai 1995, le processus d’élaboration du PNEDD a été marqué par plusieurs événements dont les plus importants sont ci-dessous mentionnés: Date Mai 1995 Lieu Niamey Evènement Atelier de lancement du processus PNEDD Septembre 1995 La Tapoa Atelier sur le cadre institutionnel à mettre en place et décision relative à son ancrage Janvier 1996 Niamey Création du CNEDD, organe chargé de l’élaboration du PNEDD et mise en place de son Secrétariat Exécutif Octobre et Tout le pays Consultation nationale (information – sensibili-sation) auprès des Novembre 1996 principaux intervenants de chacune des régions du pays Mars 1997 Maradi Atelier national de validation des conclusions des rencontres d’information et de sensibili-sation entre le CNEDD et les partenaires Mai 1997 Niamey Première session ordinaire du CNEDD en vue d’adopter les projets de textes sortis de la réunion de validation de Maradi Juillet et Tout le pays Réalisation des études et diagnostics régionaux et sous régionaux Août 1997 Septembre et Tout le pays Fora régionaux de validation de l’étude du bilan diagnostic Octobre 1997 environnemental Février 1998 Niamey Réunion extraordinaire du CNEDD Avril 1998 Niamey Forum national de validation du PNEDD Le bilan diagnostic du Niger en matière d’environnement et de développement durable avait pour objectif d’exposer le contexte général dans lequel s’inscrivait l’élaboration du PNEDD, notamment au plan géographique et au plan des politiques économiques et socio- culturelles, de manière à dégager les enjeux. La réalisation de ce bilan à consister en la conduite des études et diagnostics dans toutes les régions et sous régions du pays. Les études ont principalement traité des aspects suivants: - physiographie générale; climat et zones agro-climatiques; contexte géologique, ressources et activités minières; ressources hydriques et approvisionnement en eau; ressources fauniques et aires protégées; contexte socio- économique (administration, population, activités économiques); communication et environnement; économie et environnement; cadre institutionnel et législatif de la gestion de l’environnement. Le bilan diagnostic environnemental a permis de dégager une vue d’ensemble de la problématique de l’environnement et du développement durable au Niger à partir de laquelle le pays compte fonder sa stratégie d’intervention. Il a également été un cadre pour les populations d’exprimer leurs besoins les plus urgents et pour le Gouvernement de définir ses programmes prioritaires. Les problèmes de l’environnement et de développement auxquels fait face le Niger, ainsi que les facteurs qui les déterminent sont résumés et schématisés sur la figure ci-après: L'Etat de l'environnement au Niger 7 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Le PNEDD a pour finalité d’élargir les options de développement du Niger et de les pérenniser pour les générations futures. Il vise à mettre en place les conditions favorables à l’amélioration de la sécurité alimentaire et des conditions sanitaires, à la solution de la crise de l’énergie domestique et au développement économique des populations. A cet effet, il cherche à assurer une gestion plus rationnelle des ressources naturelles, à intégrer les préoccupations environnementales dans la définition des politiques, programmes et projets, à favoriser l’implication, la responsabilisation, et la participation des populations dans la gestion des ressources naturelles, et du développement d’un partenariat efficace entre les acteurs concernés par la gestion de l’environnement et le développement durable. Le PNEDD s’inscrit dans les perspectives du long, moyen et court terme. Les résultats à long terme (impacts) se traduiront par un respect plus rigoureux des caractéristiques fondamentales des diverses composantes de l’environnement et la diminution de la pauvreté, ceux à moyen terme (effets) par la prise en compte systématique de la question environnementale dans les politiques, programmes et projets, une meilleure cohésion et coordination des actions à toutes les échelles avec une clarification des rôles et responsabilités des divers acteurs. L’atténuation de la dégradation des ressources naturelles, l’adoption de la politique nationale en matière de l’environnement, le renforcement de capacité des institutions chargées de la gestion de l’environnement, le financement des actions, la sensibilisation et la mobilisation des populations sont les résultats attendus à court terme (extrants) du PNEDD. Dans le cadre des consultations régionales les populations ont exprimé des préoccupations auxquelles elles accordent un intérêt particulier. Les besoins exprimés sont multiples et varient dans l’espace selon les caractéristiques fondamentales des milieux naturel et humain. Malgré de nombreuses disparités inter et intra régions, un effort a été fait pour regrouper les besoins exprimés en douze catégories: L'Etat de l'environnement au Niger 8 O.S.S. - Paris - Ce.S.I.A. - Florence conservation et restauration du milieu; gestion des ressources forestières et fauniques; mobilisation et gestion des ressources en eau; gestion des productions agro-sylvo-pastorales; développement des productions halieutiques et apicoles, aménagement des pêcheries; hygiène et assainissement en milieu urbain; développement des capacités en environnement; énergie; amélioration et renforcement du cadre institutionnel et juridique; mines et industrie; infrastructures routières et communications. Les programmes prioritaires, au nombre de six, constituent la partie centrale du PNEDD. Ce sont eux qui orienteront les actions à court terme ainsi que les actions transversales décrites tout au long du diagnostic environnemental. Il s’agit du : - Programme d’action national de lutte contre la désertification et gestion des ressources naturelles (PAN/LCD-GRN); Programme eau et développement durable; Programme énergie et développement durable; Programme environnement urbain et cadre de vie; Programme de gestion de la diversité biologique; Programme changements et variabilité climatique. Ces programmes trouvent leur justification dans les enjeux reconnus par tous et dans la dynamique des causes et des effets mise en lumière à travers l’analyse de la problématique environnementale. Le Programme d’action national de lutte contre la désertification et gestion des ressources naturelles (PAN/LCD-GRN) rentre spécifiquement dans le cadre de la mise en œuvre de la CCD fera l’objet d’une description plus détaillée dans le prochain chapitre du présent document. Le Programme eau et développement durable .Bien que ce programme concerne également les ressources naturelles et qu’il aurait pu être intégré dans le précédent, il a été convenu d’en faire une entité autonome en raison de l’importance stratégique que revêt l’eau au Niger. Les principaux objectifs que poursuit ce programme sont les suivants: - améliorer la connaissance du potentiel hydraulique et de ses possibilités d’exploitation; - satisfaire les besoins en eau des populations et améliorer leur environnement; - mobiliser les ressources en eau en vue de sécuriser les différentes productions; - améliorer le cadre juridique et institutionnel. Un forum national de validation a parachevé le processus d’élaboration de ce programme. Le Programme énergie et développement durable. Le programme prioritaire de l’énergie constitue l’un des piliers du PNEDD. La grande question de l’énergie est en effet au cœur des problèmes du Niger en matière d’environnement et de développement. C’est pourquoi il s’assigne les objectifs ci-après: - améliorer la sécurité en matière d’énergie et assurer une gestion intégrée des différentes ressources énergétiques; - assurer une gestion rationnelle du bois énergie; - accroître l’utilisation des sources d’énergie alternatives au bois énergie; - élaborer des mesures d’accompagnement pour faciliter l’adoption des technologies nouvelles. La réalisation d’une étude sur le secteur Energies Nouvelles et Renouvelables et l’établissement des TDR constituent les principales activités entrant dans le cadre de l’élaboration de ce programme dont les moyens financiers font défaut. L'Etat de l'environnement au Niger 9 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Le Programme environnement urbain et cadre de vie. Ce programme qui s’adresse directement aux populations porte principalement sur l’aspect assainissement du milieu et s’intéresse particulièrement aux problèmes des pollutions et nuisances. Ainsi il vise les deux objectifs fondamentaux suivants: - assurer une meilleure maîtrise de la croissance urbaine; - améliorer le cadre de vie de populations urbaines et rurales. Les études de base pour l ‘élaboration de la stratégie nationale en matière de gestion de l’environnement urbain sont en cours. Le Programme de gestion de la diversité biologique. Tirant les leçons de ses expériences et pour honorer ses engagements relativement à la ratification de la convention sur la diversité biologique, le Niger a obtenu du FEM un appui financier pour élaborer sa stratégie nationale et son plan d’action en matière de biodiversité (SNPA-DB). La stratégie et son plan d’action visent à réaliser les mêmes objectifs ultimes poursuivis par la convention sur la diversité biologique. Un forum national de validation a parachevé le processus d’élaboration de ce programme. Sa mise en œuvre est confrontée au manque de moyens financiers. Le Programme changements et variabilité climatique. Ce programme s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la convention cadre de Nations Unies sur les changements climatiques dont le Niger est partie depuis juillet 1995. Pour se conformer aux dispositions de ladite convention le Niger a pris les engagements de réaliser les objectifs qu’elle s’est assignée. L’élaboration de ce programme est en cours avec l’appui du FEM. Pour tous ces programmes la contrainte majeure reste et demeure la mobilisation des ressources financières. L'Etat de l'environnement au Niger 10 O.S.S. - Paris 1.2. Ce.S.I.A. - Florence La mise en oeuvre de la CCD Dans le cadre de la mise en oeuvre de la Convention de Lutte Contre la Désertification, le Niger s'est donc lancé dans le processus d'élaboration du Programme d'Action National de Lutte contre la Désertification et de Gestion de Ressources Naturelles (PAN-LCD/GRN). Le PAN/LCD-GRN, l'un des six programmes prioritaires du PNEDD, intègre dans ses objectifs et ses stratégies, ceux qui sont issus de trois programmes nationaux, à savoir le PNGRN, le PNLCD et le Plan d'action forestier tropical (PAFT). Il tient compte en outre des suggestions de la CCD quant aux programmes d'actions nationaux (PAN), ainsi que des composantes spécifiques relatives à la gestion des ressources naturelles que l'on retrouve dans d'autres programmes nationaux, notamment celui de la lutte contre la pauvreté. Il a été ensuite créé, par arrêté n°066/PM/ du 22 A oût 1997 du Premier Ministre, une commission nationale PAN-LCD/GRN chargée d'appuyer le Secrétariat Exécutif du CNEDD pour l'élaboration du programme. Cette commission a été dotée d'un secrétariat technique PANLCD/GRN créée par le même arrêté, chargée de conduire en permanence le processus d'élaboration de ce programme. Cependant, la version provisoire de l'avant projet du document dudit programme, a été élaborée en octobre 1998. Des rencontres organisées par le SE/CNEDD au niveau de chacune des régions et de la Communauté Urbaine de Niamey ont permis d'enrichir et d'amender cette version. L'intégration des observations et amendements des régions doit donner lieu à l'avant-projet du PAN/LCD-GRN devant être soumis à un atelier national de validation. Cette intégration est en cours, et la finalisation de l'élaboration du PAN/LCD-GRN et sa mise en oeuvre seront assurées par le DAP/PNUD, le FIDA et la Cellule de Gestion des Ressources Naturelles (CGRN). Les questions de lutte contre la désertification, de part leurs importances sont aujourd’hui prises en charge par les hautes autorités de l’Etat. Ainsi il a été créé auprès du Premier Ministre le Conseil National de l’Environnement pour un Développement Durable (CNEDD). Ce conseil est doté d’un Secrétariat Exécutif (SE/CNEDD),Organe National de Coordination (ONC) et d’harmonisation des actions d’environnement et de développement durable et point focal de toutes les conventions post-RIO. En vue d’honorer les engagements pris par le Niger à travers la CCD, le Premier Ministre a doté le SE/CNEDD d’une Commission Technique nationale chargée du processus PAN/LCDGRN. Le processus d’élaboration du PAN/LCD-GRN, un des six programmes prioritaires du PNEDD, a été caractérisé par une approche participative, itérative et active ayant impliqué les différents acteurs notamment la population et la société civile. Il a reposé sur les principaux éléments suivants: - l’information et la sensibilisation des différents acteurs sur la CCD à travers des rencontres tant au niveau national, régional, sous régional que local; - la prise en compte et l’intégration des acquis et des dispositions de la CCD; - la réalisation des bilans diagnostics participatifs, nationaux, régionaux et sous-régionaux sur la problématique de la désertification et de la dégradation des ressources naturelles; - le recrutement d’expertise nationale pour l’élaboration de la version provisoire du PAN/LCDGRN; - l’examen et l’adoption de la version provisoire par la Commission technique PAN/LCD-GRN, donnant ainsi lieu à un avant projet; - la soumission de l’avant projet PAN/LCD-GRN aux 7 régions du pays et la Communauté Urbaine de Niamey pour enrichissement à travers des ateliers régionaux organisés à cet effet en Novembre 1998. - La démarche itérative adoptée pour discuter avec toutes les couches sociales du pays à travers des consultations régulières ainsi que les observations et avis des différents acteurs ont permis d’avoir les éléments permettant d’aboutir à un avant projet. Il reste à présent l’examen et l’intégration des observations et avis, puis la rechercher des informations complémentaires devant enrichir l’avant projet à soumettre au forum national de validation. L'Etat de l'environnement au Niger 11 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence L’intégration des recommandations et amendements issus du forum national de validation parachèvera le processus d’élaboration du PAN/LCD-GRN. Pour atteindre ces objectifs globaux, le Programme d’Action National de lutte contre la Désertification et de Gestion des Ressources Naturelles se fixe les objectifs généraux suivants : - analyser et suivre les facteurs qui contribuent à la sécheresse et à la désertification; assurer une gestion durable des ressources des terroirs; organiser, former et faire participer les populations à la gestion durable des ressources naturelles; améliorer la production rurale; améliorer les conditions de vie des populations; assurer un financement adéquat des activités prévues dans les différents sous programmes du PAN/LCD-GRN. La stratégie nationale pour la mise en œuvre du PAN/LCD-GRN, repose sur les principes fondamentaux dont les plus importants sont : - la nécessité d'une approche globale et systémique; l'importante de centrer l'attention sur les composantes humaines et sociales de l'environnement; l'impératif d'une vision à long terme; la nécessité d'une concentration des actions; la nécessité de l'implication et de la participation des populations à travers des structures décentralisées efficaces; le renforcement du partenariat entre acteurs; le besoins de s'appuyer sur les acquis; l'obligation de la cohérence et de la cohésion; l'intervention suivant "l'Approche Gestion des Terroirs"; la mise en place d’un mécanisme durable de mobilisation des ressources humaines et financières. Cette stratégie s’articule autour de trois axes regroupant chacun des domaines prioritaires d’intervention en relation avec les facteurs de la désertification et de la sécheresse, à savoir: i. - Ressources naturelles et leurs modes d’exploitation comprenant les domaines suivants : sol eau végétation animaux terrestres et aquatiques mines vulgarisation des substituts au bois de chauffe - Aléas et contraintes liées à la gestion des ressources naturelles comprenant les domaines suivants : phénomènes climatiques et la sécheresse population, urbanisme et habitat. - Mécanismes d’appui à la LCD/GRN comprenant les domaines suivants : éducation et sciences systèmes de suivi, d’alerte et d’atténuation des effets de la sécheresse. ii. iii. Après une analyse approfondie de ces principaux domaines prioritaires, des objectifs généraux, des orientations stratégiques et des actions possibles sont proposées pour chacun d’eux. L'Etat de l'environnement au Niger 12 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence L’analyse des facteurs de la désertification et de la dégradation des ressources naturelles et les axes prioritaires d’intervention retenus dans le programme d’action permet d’identifier 11 sous-programmes prioritaires; Il s’agit: a) en matière de gestion durable des ressources naturelles, du: - Sous-programme conservation et restauration des terres; Sous-programme mobilisation et de maîtrise des ressources en eau; Sous-programme lutte contre l’ensablement des terres; Sous-programme reboisement à buts multiples et valorisation des sous-produits forestiers; Sous-programme spécial d’agroforesterie; Sous-programme gestion des ressources naturelles (extension); Sous-programme aménagement et gestion des forêts naturelles; Sous-programme lutte contre les feux de brousse; Sous-programme aménagement des pêcheries et lutte contre les plantes envahissantes. b) en matière de contraintes liées à la lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles et à la lutte contre les Aléas, du: - Sous-programme sensibilisation, information et formation sur la lutte contre la désertification et la gestion des ressources naturelles. c) en matière de mise en place des mécanismes d’appui à la lutte contre la désertification et la gestion des ressources naturelles, du : - Sous-programme renforcement des capacités des services d’observation et de suivi de la désertification et de la sécheresse. Les priorités définies dans le PAN/LCD-GRN qui visent à constituer une réponse pour inverser la tendance de la désertification et des effets de la sécheresse et amorcer la restauration du capital productif et un développement durable à travers une stratégie intégrée, s'exécuteront sur le long terme. Cependant, lors de la réalisation du bilan diagnostic environnemental, les populations ont eu à exprimer des besoins réels et pressants ressentis. En attendant la mise en œuvre des priorités et de garantir le succès du processus PAN/LCD-GRN, il s'avère en conséquence impératif de prendre sans délai des dispositions de nature à arrêter la dégradation du capital productif, à démontrer la volonté du gouvernement, à avoir la confiance de la population et enfin à faire prendre conscience à cette population que son implication est indispensable et déterminante. C'est en ce sens que les actions urgentes sont conçues à la fois comme des actions pilotes d'intervention et une stratégie d'adhésion et de mobilisation des différents partenaires au processus de mise en œuvre du PAN/LCD-GRN; en somme il s'agit de sensibiliser, et de former les populations bénéficiaires et les acteurs du programme par des actes concrets. Les actions urgentes sont des petites opérations de protection du capital productif, de récupération de celui dont la dégradation est encore limitée conformément à la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et/ou de préparation de certaines actions d'envergure ou à moyen et long terme. Elles visent la satisfaction des besoins réels pressants ressentis et exprimés par les populations ; elles sont conçues et réalisées par les populations à l'aide de technologies appropriées et des budgets à dimension supportable localement dans des délais réduits. Activités entreprises dans le cadre de la mise en œuvre du PAN Les efforts fournis par le Niger en matière de lutte contre la désertification datent de son indépendance en 1960, mais l'année de référence est 1984, année au cours de laquelle un débat L'Etat de l'environnement au Niger 13 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence national sur la lutte contre la désertification a été organisé. Le Produit de ce débat est intitulé "Engagement de Maradi". De nos jours, plusieurs projets en exécution concourent à l'atteinte des objectifs du PAN/LCD-GRN en attendant l'identification et la mise en œuvre de projets nouveaux. Il s'agit entre autres du : - Projet de Gestion des Ressources Naturelles (PGRN/Banque Mondiale); - Projet Petite Irrigation Sud Zinder/UE ; - Projet Basse Vallée de la Tarka./U.E ; - Projet de Développement Rural Mayahi/PNUD ; - Projet de Développement Rural de Tahoua/GTZ ; - Projet Agro-sylvo-pastoral Tillabéri/GTZ ; - Projet de Développement Rural Dosso/FAD ; - Projet de Développement Rural dans l'Ader Doutchi Maggia/Italie/FAO ; - Projet Energie Domestique (DANIDA) ; - Projet d'Appui aux initiatives privées de gestion des Rôneraies de Gaya (Coopération Suisse) ; - Programme Spécial National 2/FIDA. Concernant les actions spécifiques à la mise en œuvre du PAN/LCD-GRN, il s'agit : - - d'Actions pilotes communautaire de Gestion Durable des Ressources Naturelles à l'échelon local au niveau de Téra Nord (Bankilaré) et de la Haute Tarka (Belbédji) mises en œuvre à travers un projet d'Appui financé par le PNUD ; de l’élaboration et de l’adoption du document du projet d'appui à l'élaboration et à la mise en œuvre du PAN/LCD-GRN financé par la Coopération Italienne à travers le FIDA. Ce projet a pour objectif de finaliser, adopter et populariser le PAN/LCD-GRN et de lancer les actions concrètes de terrain pour la mise en œuvre du programme d'action. Des projets transfrontaliers entrant dans le cadre de la mise en œuvre du PAN/LCD/GRN sont en élaboration avec l'appui du CILSS, de l’UMA et du Secrétariat Exécutif de la CCD. Des études monographiques ont été déjà réalisées dans les zones CILSS - Liptako Gourma (Niger Mali - Burkina Faso) et CILSS -UMA (Niger - Algérie - Mali). Dans le cadre du Suivi Evaluation du PAN/LCD-GRN, le Niger s'est associé avec le Burkina Faso, le Maroc, le Sénégal, la Tunisie et le Mali pour concevoir un projet en vue de tester la méthodologie d'approche des indicateurs d'impacts des PAN et la mise en œuvre de système de suivi - évaluation des programmes d'actions nationaux. Ce projet est sous la coordination du CILSS, de l'UMA et de l'OSS. Les consultations participatives du processus d'élaboration du PAN/LCD-GRN ont permis de recueillir les avis exprimés par les populations parmi lesquelles nous retiendrons : - leur grande satisfaction quant à la démarche participative qui les a associées au processus ; - leur volonté à participer physiquement ou sous forme de prestation de service aux activités de lutte contre la désertification ; - leur souci de disposer des sources d’énergie de substitution au bois. Des contraintes pour la mise en œuvre du PAN/LCD-GRN ont également été identifiées par les populations. Il s'agit principalement du manque des ressources financières. En effet, devant la situation politique, économique et financière désastreuse que traverse le pays, les populations s’inquiètent du risque de voir un programme élaboré de manière consensuelle avec toutes les couches sociales et qui ne puisse être mis en œuvre. L'Etat de l'environnement au Niger 14 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Le manque de ressources financières nécessaires a beaucoup freiné le processus du PAN/LCD-GRN dont l'avant projet était disponible depuis Novembre 1998. Avec la nouvelle situation politique du pays qui se dessine et l'appui de la coopération internationale l'espoir d'une mise en œuvre effective du PAN/LCD-GRN est permis. Etablissement des priorités aux plans et politiques de développement durable: Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention Internationale de lutte contre la Désertification, le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures développées dans son rapport national présenté à la troisième Conférence des Parties. Le présent document en donne ci-dessous la synthèse : Depuis son accession à l’indépendance, le Niger dont les 2/3 du territoire sont occupés par les déserts, reste confronté à d’importants problèmes de développement économique et social liés en partie à la crise environnementale qui y sévit. C’est ainsi que les différents plans et programmes nationaux de développement élaborés et/ou mis en œuvre avant et après la signature de la convention ont accordé une place de choix aux politiques et stratégies de lutte contre la désertification. C’est le cas par exemple du plan de développement économique et social 1987-1991, du Programme de relance économique élaboré en 1996, des programmes des investissements de l’état qui affectent 2/3 de ressources accordés dans le domaine de l’environnement à la lutte contre la désertification et ses conséquences. En 1998 fut élaboré le PNEDD, l’agenda 21 national. Ce document donne une priorité absolue à la lutte contre la désertification dans le processus de recherche d’un développement durable. Ainsi, le PAN-LCD/GRN constitue t-il l’un des programmes majeurs du PNEDD. D’autres plans et stratégies sectoriels qui privilégient la lutte contre la désertification ont été élaborés et /ou mis en œuvre. On peut citer les projets et stratégies en matière de population, de lutte contre la pauvreté, de conservation de la biodiversité, d’énergie, d’éducation de base, de gestion des terroirs etc.. Enfin, il faut noter que bien avant RIO, des plans et stratégies de lutte contre la désertification ont été élaborés et mis en œuvre. Mesures institutionnelles Le Conseil National de l’Environnement pour un Développement Durable (CNEDD), doté d’un secrétariat exécutif, est chargé de coordonner au niveau national la mise en œuvre de l’agenda 21. Des commissions spécialisées sont créées pour élaborer, suivre et évaluer la mise en œuvre des programmes prioritaires du PNEDD dont le PAN-LCD /GRN. Le secrétariat exécutif du CNEDD est l’organe national de coordination (ONC). Ses concertations avec les groupes impliqués dans le processus et/ou leurs représentants se sont jusqu’ici déroulées à travers les réunions, les stages et les ateliers. L’ONC dispose d’un site web et est connecté au réseau Internet. D’autres sources de données existent mais elles sont disparates et ne disposent pas de statut juridique. Des études sont engagées pour résoudre le problème, et des mesures de renforcement des structures existantes sont préconisées. Par ailleurs, plusieurs textes de lois sont en cours de révision aux fins de leur adaptation aux contextes de la CCD et de nouveaux en cours d’élaboration. L'Etat de l'environnement au Niger 15 O.S.S. - Paris 1.3. Ce.S.I.A. - Florence Institutions nationales Le Ministère de l'Hydraulique et de l'Environnement (MHE), a été créé en en 1982. Jusque à ce moment la gestion des ressources naturelles, mis à part l'eau, dépendait du Ministère du Développement Rural dont relevaient l'agriculture, l'élevage, la forêt, la faune, la pisciculture et le génie rural. La dislocation de ce grand ministère en deux départements ministériels distincts et l'intérêt manifesté par les bailleurs de fonds au regard des questions environnementales ont été les catalyseurs d'un certain nombre de conflits entre différents partenaires, conflits qui ont malheureusement gêné l'évolution du dossier environnement et développement durable au Niger. Les paragraphes qui suivent rappellent certains problèmes qui ont caractérisé jusqu'à tout récemment la situation institutionnelle du pays en matière d'environnement. Les différents points de vue sur la question de l'environnement et du développement durable proposés par les bailleurs de fonds (lutte contre la désertification , gestion des ressources naturelles) nourrissent certaines tensions inter-ministérielles. Tous ces conflits, tant au chapitre des ressources naturelles qu'à celui des pollutions et nuisances, introduisent beaucoup d'incertitude et se traduisent le plus souvent dans l'inaction des différents intervenants ou par un manque de cohérence sur le terrain. Les ressources humaines et matérielles sont généralement insuffisantes pour que les institutions, notamment celles dont le mandat principal est lié à l'environnement, puissent jouer le rôle qui leur est dévolu en la matière. Les questions d'environnement étant transversales, les directions sectorielles n'ont pas toutes les compétences nécessaires au sein de leur personnel pour intégrer les différentes préoccupations environnementales dans leurs décisions et leurs actions (d'où la nécessité d'une complémentarité des équipes chargées de la gestion de l'environnement ). Les diagnostics nécessaires pour décider des stratégies et des activités à mettre en place sont souvent anciens et incomplets. A l'instar de ce que l'on a pu observer dans plusieurs pays de la sous-région, la Direction de l'Environnement du MHE a favorisé pendant longtemps une approche sectorielle du problème. Le premier plan national de lutte contre la désertification en 1985 dont le ministère a été responsable, a largement contribué à cette vision principalement axée sur la conservation et la reconstitution du couverture forestier. Même si cette vision ne tenait pas compte de l'ensemble des problèmes environnementaux, il faut néanmoins lui reconnaître le mérite d'avoir jeté les bases de la réflexion sur l'environnement au Niger. Toutes ces raisons devaient amener le Gouvernement, sur recommandations des participants à un atelier portant spécifiquement sur l'ancrage institutionnel du PNEDD (atelier de la Tapoa, 1995), à placée le CNEDD sous la tutelle du Cabinet du Premier Ministre. Ce faisant, le Gouvernement voulait d'abord marquer toute l'importance qu'il accordait à la préparation de ce Plan. Ensuite, il voulait sortir l'environnement de ce malaise institutionnel paralysant qui limitait la participation de bon nombre d'intervenants nigériens et étrangers au processus du PNEDD. Dans ce malaise, on retiendra l'instabilité institutionnel qui a caractérisé le ministère chargé de l'Environnement depuis 1988 et l'absence quasi totale des ONG nationaux et de la Société Civile intervenant dans le domaine l'environnement. L'Etat de l'environnement au Niger 16 O.S.S. - Paris 1.4. Ce.S.I.A. - Florence Etat de l’art en matière d’information environnementale Au Niger, beaucoup d'informations sur l'environnement sont disponibles. La protection de l'environnement, ou tout au moins sa gestion durable a fait l'objet, d'importants efforts tant au niveau de la recherche scientifique et technique que de la réalisation de programmes et projets appropriés sur le terrain. Les résultats en terme de produits ou de données représentent un patrimoine scientifique, et culturel unique pour le développement en général, la gestion de l'environnement en particulier. Le programme national de gestion des ressources naturelles dressait en 1993 un portrait de la situation qui renseigne sur les principaux intervenants intéressés par le suivi de l'environnement. On retiendra de cette présentation que les institutions sont nombreuses, mais aucune d'entre elles ne s'intéresse globalement à l'ensemble des dimensions environnementales. Leur mandat étant sectoriel, elles concentrent leur intérêt sur le domaine dans lequel elles interviennent. Néanmoins, le développement d'un programme national de suivi de l'environnement obligera à prendre en compte l'ensemble de leur préoccupations. L'application de la stratégie nationale en matière de lutte contre la désertification a été effectuée au rythme de l'évolution de la problématique du secteur de l'environnement, qui peut être appréhendée à travers un certain nombre d'indicateurs, principalement ceux liés à l'aridité croissante de la plus grande partie du territoire, les fluctuations climatiques constantes et la nette dégradation accélérée des ressources naturelles renouvelables (sols, végétation), ainsi que la perturbation des régimes des cours d'eau. Aussi, de l'approche sectorielle qui a longtemps prévalu dans la planification des actions relevant du domaine de l'environnement et de la lutte contre la désertification, on est arrivé aujourd'hui à une politique environnementale ayant pour objectif central, la contribution au développement économique et social de la nation et l'amélioration des conditions et cadre de vie des populations en favorisant un développement durable et une gestion rationnelle des ressources naturelles. La stratégie nationale actuelle, pour l'atteinte de cet objectif, s'articule autour des axes principaux suivants: - Approche globale et intégrée et la gestion des terroirs: actions intégrées impliquant tous les domaines du milieu rural, aménagement des forêts naturelles à buts multiples, promotion de l'arbre, lutte contre la désertification, coordination des interventions à tous les niveaux ; - Participation volontaire et active de la population: responsabiliser les producteurs en leur assurant l'initiative et la responsabilité des actions, promouvoir l'auto-encadrement et l'autogestion. - Soutien à la formation et la recherche: afin d'améliorer les capacités nationales à tous les niveaux pour la gestion des ressources naturelles, valoriser les savoirs et les savoirs-faire , développer la recherche dans les domaines touchant l'environnement. Dans l'exécution de ces projets, la stratégie nationale a privilégié d'une part une intervention énergétique au niveau des zones septentrionales les plus sensibles, constituant le véritable front de la désertification du pays et d'autre part, une application des méthodes selon la gravité du phénomène de la désertification. Aussi, au cours des 30 dernières années, les stratégies d'intervention ont évolué de la façon suivante: - la période de la stratégie conservatoire caractérisée par la création et la multiplication des domaines protégés; - la période des plantations et de la foresterie de masse caractérisée par l'émergence de grands projets de reboisement artificiels et le développement des bois de villages; - la période des aménagements des forêts naturelles, caractérisée par l'apparition des marchés ruraux de bois; - enfin l'avènement de l'approche participative et l'aménagement des terroirs. En matière de données sur l'environnement, les informations proviennent essentiellement de quatre sources. Il y a (1) les cartes thématiques générales, la plus part du temps anciennes et qui ne couvrent pas tout le pays, (2) les cartes thématiques régionales établies à l'occasion de projets de développement ou d'études, (3) les photographies aériennes panchromatiques dont la L'Etat de l'environnement au Niger 17 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence couverture intégrale la plus récente remonte à 1975 et complètent les photo-mosaïques à moyenne échelle couvrant une grande partie du sud nigérien, et (4) les images satellitaires de sources variées (NOAA, LANDSAT MSS, LANDSAT TM, SPOT) utilisées par certaines institutions à caractère régional (AGRHYMET) sinon dans le cadre de projets spécifiques. On notera par ailleurs que l'on peut retrouver plusieurs documents partiels produits dans le cadre de programmes et projets particuliers. Bien qu'il ne soit pas l'unique distributeur de tous ces produits, l'IGNN demeure l'une des sources principales d'information au Niger. L'Unité Technique d'Appui (UTA) de la Direction de l'Environnement dispose également de données utiles en ce qui a trait aux sols et à la végétation. Différents systèmes d'information géographique sont déjà implantés au Niger. Au nombre de ceux-ci, mentionnons le système d'information géographique du Niger (SIGNER) du MHE, le PADE (MAG/EL) utilisé pour le traitement des cartes d'indices de végétation, les systèmes que gère AGHRYMET à l'échelle régionale principalement orientés vers les prévisions météorologiques et le système d'information de la Direction du Développement Régional et Local (DDRL) relatif aux régions. On retrouve en outre d'autres systèmes mis en place dans le cadre de projets tels que le Projet de Développement Rural dans l'Ader-Doutchi-Maggia (PDR ADM) ou le Projet Agro-Sylvo-Pastoral (PASP). Force est de constater que les données et produits de la recherche, les rapports scientifiques, les documents de projets, l'évaluation des résultats des actions sur le terrain sont le plus souvent dispersés compte tenu des cloisonnements sectoriels souvent marqués. La perte de ce capital informationnel sur l'environnement est facteur de redondance dans les actions, de compétition nuisant à la compétitivité des institutions, de perte de temps et d'énergie et de gaspillages financiers. La masse de données, d'information et de produits ainsi accumulés, ne constitue pas toujours un capital informationnel exploitable pour trois raisons essentielles: - - - les résultats de la collecte et du traitement des données restent cantonnés à un nombre restreint d'utilisateurs, souvent faisant partie du même milieu professionnel, scientifique et technique; les produits générés ne sont pas souvent transformés en informations directement utilisables dans les processus de prise de décisions liés à la gestion des ressources naturelles et de l'environnement; les informations restent trop dispersées, cloisonnées et non accessibles facilement aux utilisateurs tant au niveau national qu'international par manque de mécanisme appropriés de circulation de l'information. Il en résulte une apparente pauvreté informationnelle, qui ne reflète pas la réalité de l'existence d'un patrimoine culturel et informationnel existant dans les institutions nationales, internationales ou dans les organismes spécialisés à travers le monde. La perte par dissémination et cloisonnement de la "mémoire institutionnelle " est reconnue aujourd'hui, comme une des contraintes majeures du développement durable en Afrique en général, au Niger en particulier. C'est pour répondre à cette nécessité que l'OSS à travers son programme sur les Systèmes d'Informations Intégrés sur l'Environnement (SIE), pour lequel l'UNIRAR est l'agence d'exécution a initié et développé le concept de Système de circulation de l'Information sur la désertification (SISEI) dans le cadre de la convention sur la lutte contre la désertification (CCD).Ce système permettra le suivi de l'environnement sur internet en vue de s'assurer de la disponibilité de l'information utile pour les décideurs, les structures non gouvernementales, la société civile et le secteur privé. L'Etat de l'environnement au Niger 18 O.S.S. - Paris 2. 2.1. Ce.S.I.A. - Florence LE CADRE NATIONAL BIOPHYSIQUE ET ECONOMIQUE Caractéristiques territoriales 2.1.1. Le cadre physique général et hydrographie Le Niger est un pays totalement enclavé et s’étend sur 1 267 000 Km2. Il est frontalier avec l'Algérie et la Libye au Nord, le Tchad à l'Est, le Nigeria et le Bénin au Sud, le Burkina Faso et le Mali à l'Ouest. La frontière la plus proche à la mère est à plus de 600 Km du Golfe de Guinée. Les trois quartes de cette superficie est constitué en désert chaud et est situés dans la zone septentrionale du pays. Le Niger est un immense plateau avec des reliefs peu contrastés. Dans son ensemble il s’agit d’un pénéplaine d’une altitude moyenne de 500 mètres qui présente dépressions et des régions surélevées surtout dans sa partie septentrionale. Les altitudes croissent du sud-ouest vers le nord-est jusque dans le massif de l’Air. Près d’Agadez, capitale régionale, se trouve cet ensemble de massifs isolés, se dressant à une altitude moyen d’environ 1000 m, comprise entre 500 et 2000 m. L’Air s’allonge sur plus de 400 km au nord du 17° parallèle et couvre une superficie de 65000 km2. Il se présente comme un vaste plateau où dominent des étendues planes comme les regs (des surfaces caillouteuse débarrassées de ses éléments plus fins) interrompus par des formations volcaniques. De ce plateau émergent une quinzaine de hauts massifs bien individualisés, alignés selon un axe nord-sud. Parmi lesquelles il y a les monts Tamgak qui dominent à l’Est la vallée d’Iférouane où se trouve le village qui représente l’oasis habitée la plus septentrionale du pays. Le territoire est entièrement caractérisé par les oueds: des cours d’eau temporaires ou anciens, secs par la plupart de l’année. Plus à Est s’étend le ‘désert intégral’ du Ténéré qui couvre environ 350 000 Km2 traversée par deux talus rocheux de direction méridienne, celui qui va du Kaouer à Gadem et celui d’Achegour à Termit. Au nord du Ténéré s’étend le massif du Djado, une massive table de grès culminant à 1200 m et formant sur sa bordure occidentale, en une série des falaises abruptes, où s’encaissent profonds oueds. Au sud du Djado s’étend une cuvette géosynclinale dont le coeur est occupé par le Kawar, une région formée de désert de sable, plateaux de pierre, massifs arides, mais aussi oasis. A l’ouest et au Sud se trouvent des bas plateaux compris entre 200 et 500 m correspondent au bassin des Oulliminden et ses marges. Ils sont entaillés au Nord par le réseau fossile de l’Azaouagh et pour le reste par les vallée du fleuve Niger et de ses anciens affluents, ces que les Nigériens appellent dallols (ou goulbis), souvent larges et profonds surtout dans l’Ader Douchi. Au Niger le réseau hydrographique se révèle particulièrement mince, l’un des moins importants des états d’Afrique Occidentale. Pour assurer leur survie les populations ne peuvent essentiellement compter que sur la pluviométrie qui elle-même demeure capricieuse. Le Niger est traversé, dans sa partie occidentale, sur environ 550 Km, par un seul fleuve permanent, celui auquel il doit son nom, et à l’est par une autre rivière la Komadougou. Le Niger prend sa source dans la Dorsale Guinéenne et se jette dans l’Océan Atlantique dans le Golfe de Guinée per un delta. Il arrose la Guinée le Mali, le Niger le Bénin et la Nigeria sur une longueur de 4200 km. A partir de rapides de Labbézanga, a la frontière avec le Mali, le Niger coule sur 200 Km, sur des roches cristallines qui l’obligent à parsemer son parcours, entre Ayorou et Gothèye d’une multitude d’îles. En aval de Niamey la vallée du fleuve devient plus nette dans les grès tendres du moyen Niger: des cuvettes alluviales s’épanouissent au pied de terrasses quaternaires comme à Kollo et Say. En aval de Say, le parcours du fleuve redevient difficile dans les formations de grès et de quartzites précambriennes de l’Atakora: le fleuve s’y taille péniblement un passage étroit, en forme de W. La largeur du fleuve Niger varie de 300 à 1000 m. A Niamey, son débit peut atteindre 1700 m3/s en période de crue (décembre–janvier) mais il peut aussi se réduire à une certaine de mètres crues en période de étiage (Juin). Le fleuve Niger ne reçoit d’affluents actifs que sur sa rive droite. Il s’agit du Gorouol, du Dargol de la Sirba, du Gotoubi, du Dyamangou, de la Tapoa et de la Mékrou. Les vallées fossiles ou ‘Dallols’ Bosso, L'Etat de l'environnement au Niger 19 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Foga te Maouri constituent une importante réserve en eaux souterraines à cause de la proximité de la nappe phréatique. A l’extrême Est du pays se trouve le lac Tchad, résidu d’une mer quaternaire: seulement la partie Nord-Ouest rentre dans les limites du Niger, soit environ 3000 Km2 mais théoriquement du moins. En effet, depuis la fin des années 70, cette étendue d’eau s’est considérablement amoindrie, car les apports du Chari et des pluies qui assuraient 98% de l’alimentation du lac se sont considérablement appauvris. De Mainé-Soroa au Tchad, la Komadougou sert de frontière naturelle entre le Niger et la Nigeria sur 150 Km, il est fleuve chargé pendant l’hivernage qui se réduit en un chapelet de mares en saison sèche. Les ‘goublis’ N’Maradi. N’kaba, le Tarka et la Maggia au centre sont d’un apport précieux en eaux aux régions concernées. Les ‘mares’ dont les plus importantes sont celles de DanDoutchi, Tabalak dans l’Ader-Douchi permettent de nombreuses activités humaines telles que la peche et les cultures de décrue. Les innombrables oueds provenant des hauts plateaux du NordEst et du massif de l’Air (Azel, Amatattal, Telwa, Tafassassat, Anamakaren etc.) alimentent les nappes phréatiques peu profondes de la zone utilisée à des fin agricoles. Au plan hydrographique le Niger peut être donc divisé en trois domaines: Les régions aréiques, marquées par l’absence de tout écoulement, le nord désertique du pays, (Ténéré), les régions endoréiques où existe un écoulement occasionnel qui se perd après quelque dizaine de kilomètres (Air et Ighazer) et en fin la région du fleuve Niger. Le réseau hydrographique du Niger, bien que peu développé permet actuellement de nombreuses activités éconimiques et agro-pastorales. La navigation sur le fleuve Niger et le Lac Tchad facilite les transports et les échanghes au niveau des populations riveraines. La peche , le maraichage et le jardinage le long des courses d’eau et autours des mares et puits important procurent des ressources apprécviables aux exploitants des terres environnantes. Fig.2.1 Le Relief et Phisiographie du Niger (DCW-ESRI) 2.1.2. Géomorphologie et sols Le Niger se trouve sur la bordure du craton la partie continentale de l’écorce terrestre, formée de terrains anciens fortement granitisées et métamorphisée. Le pays est formée d'un plateau latéritique de larges bassins intérieurs sablonnéux entourés des collines et de talus gréseux ou calcaire. Au plan de la géomorphologie le Niger présente une assez grande variété de formes de relief: formes structurales marquées par les données lithologique et tectonique, et formes climatiques liées au travail de l’érosion. Les reliefs, mêmes modestes, sont toujours très nets, caractéristiques d’un milieu où les processus d’érosion mécaniques (thermoclastie ou ruissellement) l’emportent sur les actions chimiques. Les formes climatiques sont des formes soit actuelles soit héritées car les climats anciens ont marquées les paysages de leur empreinte. La formation des sols au Niger dépend principalement du climat même si des autres facteurs peuvent intervenir, comme le modelé, la nature du terrain, l’inondation par cours d’eau. Les sols sont en général sablonneux ou argilo-sablonneux, pauvres en éléments nutritifs et en teneur en matières organiques. Ces sols peu productifs et fragiles sont très sensibles à l’érosion hydrique et éolienne. La plupart des sols exploités souffrent d’une carence sévère en phosphates. Certaines auteurs sans se référer à aucune des classifications officiels, mais suivant les caractéristiques principales des sols, divisent les sols du Niger en six catégories principales: - Les sols minéraux bruts sont les sols des déserts qui s’étendent sur toute la partie nord et nordest du pays. Les conditions climatiques, caractérisées par des pluies très faibles et irrégulières et de grands écarts de températures, limitent considérablement leur évolution. - Les sols peu évolués sont les sols avec l’horizon superficiel peu épais et pauvre en matière organiques, ils caractérisent les parties sud du pays et sud et sud est du Ténéré. Dans certaines régions plus arrosées, des sols ont été particulièrement érodés par les ruissellement. - Les sols ferrugineux tropicaux sont plus évolués et se situent dans la partie méridionale du pays où les pluies sont plus abondantes et régulières. Les oxydes de fer s’individualisent et la matière organique subit une décomposition plus rapide. Assez pauvres, ils sont cependant très faciles à travailler grâce à leur texture sableuse et conviennent aux cultures peu exigeantes comme le mil et L'Etat de l'environnement au Niger 20 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence l’arachide. Mais ils sont fragiles et leurs horizons supérieurs sont parfois érodés par le ruissellement ou le vent. - Les sols hydromorphes sont marquées par un excès d’eau dans le profile. Au Niger central la vallée de Tarka, le Goublin Kaba et le Goublin Maradi, présentent des sols où la partie inférieure de leur profil est constamment imbibé par la nappe phréatique. Ces sols assez argileux sont lourds et dur à travailler, mais il conservent de l’humidité pendant la saison sèche et sont souvent cultivés. Sur les dépôts fluvio-lacustres du Kadzell, à l’ouest du lac Tchad, ces sols sont parfois associés à des sols ferrugineux. - Les Vertisols sont peu étendus au Niger, on les trouve surtouts près du Lac Tchad, leur richesse minérale est élevée, mais des facteurs physiques (compacité de surface, terrain bosselé rendent le travail du sol difficile. 2.1.3. Occupation du sol et végétation Le Niger a une superficie totale de 1 267 000 km2: les deux tiers du territoire sont désertiques et 125 200 km2 seulement ont une vocation agricole. La superficie cultivable s'élève à 3,8 millions d'hectares, soit 3% de la superficie totale et le 25% de la superficie cultivable. Le potentiel en terre irrigable est estimé à 270000 hectares, soit 4% de la superficie totale, dont 140000 hectares sont situés dans la vallée du fleuve Niger. 80 à 85% des sols cultivables, estimés à 15 millions d’hectares, sont dunaires et seulement 15 à 20% sont des sols hydromorphes moyennement argileux. Ainsi de suite sont reportées les pourcentages estimés d'occupation du sol (Cia 1993): terrains labourables Pourcentages d'ccupation du sol 3% 3% 7% productions agricoles permanents 2% pâturages permanents forets et bois 85% autres Fig. 2.2 Pourcentages estimés d’occupation du sol (CIA 1993) Le Niger ne dispose pas d’inventaire exhaustif de l’ensemble des ses formations forestières constituées essentiellement de steppes arbustives ou peu boisée. Néanmoins plusieurs estimations en ont été faites, entre autres: en 1970 les superficies boisées étaient estimées à 14 millions d’hectares et d’autres sources plus récentes (1991) évaluent les surfaces forestières (terrains forestiers marginaux ou non) à 13 millions d’hectares. Les plantations artificielles ont donné lieu à la production cumulée de 60 millions de plants forestiers. Au plan de la végétation naturelle on peut diviser le Niger dans régions correspondent aux zones climatiques (Parag. 2.2.2): la région saharo-sindienne et la région soudano-zambézienne. La région saharo-sindienne correspond aux zones qui ne reçoivent pas régulièrement des pluies tous les ans, c'est à dire la partie septentrionale du pays. La végétation, quand elle existe, est une steppe discontinue, généralement réfugié dans les concavités du relief ou sur certaines sols sableux. Cette végétation peut être caractérisé par l'absence quasi totale d'arbres et d'arbustes, par le grand espacement des plantes herbacées ou ligneuses, par ses nombreux caractères d'adaptation à la sécheresse et par la fugacité remarquable des espèces naturelles qui ont la particularité de n'apparaître que à la faveur de précipitations aléatoires. La limite de cette région peut pratiquement s'identifier à la présence des formations végétales herbacées dominée par Panicum turgidum sur les substrats sableux. Les espèces qui caractérisent le formations herbacée L'Etat de l'environnement au Niger 21 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence du nord ensemble au Panicum turgidum sont Cornulaca monocantha, Cymbopogon schoenanthus et Stipagrostis uniplumis. La région soudano-zambézienne recouvre le reste du pays. On peut la subdiviser dans sa partie septentrionale la sahélien et celle du sud la soudanien. La limite entre les deux domaines corresponds à peu près au tracé des isohyètes 500-550 mm qui passent plus ou moins par Niamey, Maradi et le sud du lac Chad. La région sahélien est caractérisé par une steppe qui passe des formations contractées ou arbustives dans la partie septentrionale à des types plus diffus et arborés dans le sud. Les variations de densité et de hauteur sont accentuées par les changements de substrats et la présence de quelque microclimat. Sur le substrats sableux sont presque omniprésents Acacia tortilis et Aristida mutabilis. Mais plutôt diffusé est aussi Acacia senegal, Acacia nilotica et Acacia ataxacantha. Sur les affleurements de grès ou de cuirasses latéritiques fossiles recouverts d'une mince couche de sol, s'individualisent parfois des fourrés à Combrétacées, Tiliacées et Mimosées arbustives, dont les alignement constituent la brousse tigrée, une association végétale buissonnante et arbustive dessinant des bandes sinueuses sur des sols cuirassés dans les zones à climat sahélien. Au Niger le domaine sahélien est subdivisé en deux secteurs par une limites des cultures, cette subdivision se superpose à la ligne des normales pluviométrie de 350 mm par an, environ. Le secteur Nord dit 'Zone nomade' a une vocation pastorale car la culture du mil pénicillaire n'y est plus guère possible. Seuls les animaux rustiques et bons marcheurs peuvent en valoriser la production végétale spontanée. Le secteur Sud dit 'Zone sédentaire' abrite de nombreux villages d'agriculteurs. Il a une vocation agricole. Cependant les troupeaux y sont encore très nombreux. Le domaine soudanien, plus boisé que le Sahel, porte une végétation de savanes caractérisée par une strate herbacée continue où dominent les graminées de grande taille, les espèces les plus fréquentes y sont Andropogon gayanus, Hypparhenia spp, Loudetia spp. La végétation ligneuse est caractérisé par le grand nombre des Combrétacées et aussi par des espèces utiles à l'homme comme le karité (Butyspermum parkii) et le nerée (Parkia biglobulosa). Ces arbres peuvent être les témoins de la couverture forestière que le défrichement a éliminée. La région saharienne est caractérisée d'une végétation épineuse et tapis herbacés vivaces y deviennent de plus en plus rares à mesure qu'on avance vers le Nord et le Nord-Est. les cultures se pratiquent dans les Koris, au centre et dans les oasis du Kaouar et du Djado au Nord-Est Ainsi de suite est reportée la carte de la couverture végétal du Niger. Fig.2.3 La couverture végétal du Niger (USGS). 2.2. Caractéristiques climatiques Le Niger situé entre 11°37' et 23°23' de latitude n ord, dans une des régions les plus ensoleillée et les plus chaude du globe, à 700 km au nord du golfe de Guinée, 1900 km à l'est de la cote atlantique et 1200 km au sud de la mer Méditerranée, est soumis à un climat essentiellement sec, avec de fortes amplitudes de températures. C'est un pays continental dont on peut dire que les 4/5 du territoire appartiennent au Sahara, un pays où les contraintes physiques, essentiellement climatiques, pèsent sur le développement économique et sur la vie humaine. Le climat est de type tropical aride, avec une pluviométrie moyenne annuelle qui croît, du Nord au Sud, de moins de 100 mm à 800 mm. Le climat du pays est particulièrement aride. Le Niger appartient en effet à l’une des zones les plus chaudes du globe. Il connaît deux types de climats chauds: un climat désertique sur la majeure partie de sa superficie et un climat tropical à une seule saison des pluies. La circulation atmosphérique en altitude, qui détermine l'essentiel des phénomènes au sol, permet d'opposer deux saisons, l'été soumis aux influences équatoriales et australes (avec nette prédominance des vents d'est) et l'hiver soumis aux influences subtropicales (vents d'ouest du jetstream les plus fréquents. D'autre part, toute la circulation atmosphérique est marquée par l'alternance de deux masses d'air chaudes qui s'opposent par leur humidité: en hiver, les hautes pressions subtropicales qui prennent naissance sur le Sahara constituent le centre d'action L'Etat de l'environnement au Niger 22 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence essentiel. L'alizé continental, vent très sec, appelé harmattan, s'écoule alors vers le sud-ouest ; en été, les basses pressions pelliculaires liées à l'énorme apport radiatif que reçoit le Sahara laissent pénétrer l'alizé de l'hémisphère austral chargé d'humidité, qui se dirige vers le nord-est. C'est la ‘mousson’ guinéenne qui permet à l'air équatorial de parvenir jusqu'au coeur de la dépression saharienne. On appelle front intertropical (FIT) la surface de discontinuité entre l'alizé continental et l'air équatorial. Le FIT, situé en moyenne vers 8° Nord en février atteint 20° Nord en juillet. Ce balancement saisonnier affecte toute l'Afrique occidentale. Mais la mousson au Niger est en fin de course et la durée de la saison humide dépend de la latitude. Le trait marquant du climat du Niger est la sécheresse. Celle-ci est liée à plusieurs facteurs: - L'insuffisance des précipitations: depuis l'extrême sud qui reçoit plus de 800 mm par an, elles diminuent très rapidement selon un axe S-O N.E., et s'abaissent à moins de 100 mm au nord et à l'est du pays. Les totaux annuels connaissent une assez faible variabilité, mais, permettant de justesse la culture pluviale, ils, donnent aux années déficitaires un poids économique considérable. Le régime pluviométrique est le même dans tout le Niger, marqué par une saison presque totalement sèche et par une saison humide à maximum unique en août. Les différences essentielles viennent de l'inégale durée de la saison humide: celle-ci est en moyenne de 170 jours à Gaya, 160 à Niamey, 150 à Maradi et à Tahoua, mais elle n'est plus que de l00 jours à Tanout et à Agadez et de 80 à Nguigmi. Les totaux de juillet-août qui représentent 50 % du total annuel à Gaya peuvent dépasser 80% à Nguigmi. Le rythme des pluies est d'une extraordinaire stabilité. C'est dans les régions hyper-arides (Bilma) qu'il est le plus irrégulier. La progression de la saison humide au printemps dure deux fois plus de temps que le retrait à l'automne. L'intensité des pluies est relativement modérée malgré leur caractère orageux. L'intensité moyenne est de 11,6 mm par jour de pluie à Niamey, 11,3 à Zinder, 11,9 à Nguigmi et 17,3 à Gaya. Seuls les mois les plus arrosés reçoivent de fortes précipitations journalière, supérieures à 40 mm. - les fortes températures: du fait de la position en latitude, l'angle d'incidence des rayons solaires est toujours assez fort. Partout l'insolation correspond au moins à 70 % de la durée théorique d'illumination. Les températures annuelles moyennes sont très élevée, entre 27° et 29°C. Toutes les stations connaissent un régime thermique moyen à deux maxima situés en mai-juin et en septembre-octobre. Le maximum de printemps est le plus élevé, à cause du retard de la mousson sur le mouvement apparent du soleil. Le minimum d'août est d'autant moins net que la continentalité augmente. Il est en liaison directe avec les totaux pluviométriques de ce mois. Le minimum d'hiver est partout bien marqué, mais le froid est assez rare au Niger. Ce n'est que dans les régions hyper-arides et dans le massif de l'Air qu'il y a des risques de gel au mois de décembre ou de janvier. L'amplitude thermique annuelle varie de 9° au sud-ouest du pays à 15°9 à Bilma et elle augmente vers le nord et vers l'est. Dans toutes les stations l'amplitude annuelle est inférieure à l'amplitude diurne moyenne, ce qui est caractéristique d'un climat typiquement tropical. L'évaporation qui découle de ces fortes températures est considérable à Agadez et à Bflma (plus de 4 mètres par an de hauteur d'eau évaporée sous abri). Elle décroît vers le sud en liaison avec l'augmentation de l'humidité relative. Celle-ci est de l'ordre de 20 % en hiver sur tout le territoire, mais en août elle s'élève à 75 % dans le sud, 46 % à Agadez, 28 % seulement à Bilma. Ainsi, partout, à l'exception de 1a région de Gaya, la sécheresse fait du climat nigérien un climat très contraignant. Elle a des répercussions sur le modelé (processus d'érosion), sur 1a végétation, sur les régimes hydrologiques Ainsi que sur la mise en valeur; le problème de l'eau est au Niger un problème capital. 2.2.1. Les types de temps Selon un division consacrée par les autochtones on peut distinguer une saison dite froide, une saison chaude et une saison humide. - La saison froide: de novembre à février, au cours de laquelle les températures baissent de façon notable, surtout le soir, caractérisée avec des températures pouvant descendre au-dessous de 10° et même de 0° dans la zone septentrionale du pays C 'est l'époque où souffle l'alizé, vent continental sec allant des hautes pressions sahariennes vers les basses pressions équatoriales. La saison est marquée par des brumes sèches qui perturbent considérablement le trafic aérien, et favorisent le déclenchement de petites endémies d'origine respiratoire. C'est le début de l'exode rural, lié à la fin des travaux champêtres et à l'oisiveté qui s'ensuit. L'Etat de l'environnement au Niger 23 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence - La saison chaude: de Mars à Juin, est la saison de l'harmattan, la saison des canicules. Les maxima dépassent facilement les 40°C à l'ombre. Les activités sont alors considérablement réduites, hommes et animaux étant désormais réduits à rechercher les coins frais, et à espérer les premières pluies dont les signes commencent d'ailleurs à se manifester dans le ciel sous forme de gros nuages. - La saison humide (ou des pluies): de Juin à Septembre est la saison des pluies, également appelée "hivernage". C'est la saison de la mousson, rencontre bienfaisante entre l'harmattan et les vents du tropiques sud, chargés d'humidité, et aspirés par les basses pressions sahariennes surchauffées. Les température restent encore relativement fortes, avec en plus une forte hygrométrie (en moyenne 80° pour le mois d'août à N iamey) qui les rend particulièrement insupportables pour les Nigériens plutôt habitués aux températures sèches. Les pluies sont plus ou moins fréquentes selon les régions, mais elles sont partout suffisantes pour recouvrir la nature d'un beau manteau vert particulièrement "rafraîchissant". Le Niger rural est alors pris d'une intense activité : les villages se reconstruisent; les saisonniers délaissent les villes pour venir prêter main forte aux vieux parents restés à la campagne; les champs renaissent, les animaux trouvent en abondance pâturages et points d'eau. Les pluies sont cependant très irrégulièrement réparties, et diminuent considérablement au fur et à mesure que l'on monte du sud vers le nord. Il peut être distinguée aussi une quatrième saison: - La saison chaude sans pluie (octobre à mi-décembre) avec une humidité relative et une température moyenne de l’ordre de 35°. Pendant la saison sèche les anticyclones des Acores et de Libye sont à peu près continus et séparent nettement régions tempérées et tropicales. Au sud, la dépression associée au front intertropical (FIT) est rejetée vers la cote du golfe de Guinée. L'harmattan très sec est presque constant d'octobre à avril. Il apporte la ‘brume sèche’, composée de fines particules argilosableuses mises en suspension dans l'atmosphère par les vents de sable qui se produisent plus à l'est, vers le Tchad. La visibilité est alors inférieure à 5 km, bien que la nébulosité soit réduite. Ce régime d'harmattan est interrompu lorsqu'un talweg d'axe nord-sud s'insère entre les deux anticyclones. Il peut se produire des incursions d'air polaire qui affectent surtout la température et la nébulosité rarement les précipitations. Cependant à Madama, dans l'extrême nord, des pluies de front polaire peuvent se produire en janvier. Le même talweg peut provoquer une avancée précoce du FIT et de l'air équatorial, accompagnée d'averses, des le mois de mars (‘pluies des mangues’). Pendant la saison humide le FIT progresse vers le nord, selon l'axe est-ouest d'une dépression continentale qui sépare l'anticyclone des Acores de celui de Sainte-Hélène. Il atteint la latitude de Niamey dans la deuxième quinzaine d'avril. Avec l'arrivée de la mousson, les horizons deviennent limpides et l'air humide, rendant la chaleur difficile à supporter. Le ciel est souvent chargé de nuages à développement vertical: altocumulus, cumulonimbus etc. A proximité du FIT, des tornades sèches peuvent éclater. C'est pendant cette saison que se produisent les lignes de grains qui se déplacent d'est en ouest et dont le passage est impressionnent. Elles se manifestent par des averses forts et violents, accompagnées d'éclairs, de tonnerre, précédées de rafales de vent et de poussière et d'un abaissement net de la température. En pleine saison humide, l'averse peut se prolonger quelques heures. La circulation atmosphérique est donc caractérisée par l’alternance de deux masses d’air chaude: en hiver, les hautes pressions subtropicales prennent naissance sur le Sahara et l’alizé continental, vent très sec appelé harmattan, souffle alors vers le Sud-Ouest; en été, les basses pressions liées à l’énorme apporte radiatif que reçoit le Sahara laissent pénétrer l’alizé de l’hémisphère austral chargé d’humidité, qui souffle vers le nord-est. La mousson ou vent de pluie provient quant à elle du sud-ouest, à partir de mai-juin. C’est le résultat d’une rencontre entre les alizés et les vents du tropique Sud chargés d’humidité et qu’aspirent les basses pressions sahariennes, surchauffées. L’évolution mensuelle de l’humidité de l’air est liée à la distribution mensuelle des vents et à leur origine. L’humidité est minimale de novembre à avril. Un exemple: l’humidité relative est de 22% au mois de mars à Zinder. Elle est maximale pendant la saison des pluies , atteignant son peroxysme en août (80% à Zinder, voire 95% à Niamey). L'Etat de l'environnement au Niger 24 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Intense, l’évaporation varie entre 1,7 et 2,1 m d’eau par an; elle est le résultat de l’action des vents. Le déficit hydrique climatique est donc important pendant la saison sèche et la flore, pour subsister, doit puiser dans la réserve du sous-sol. La pluviométrie au Niger est caractérisée par une forte variation dans l’espace et dans le temps les pluies sont partout inférieures à 800 mm, et tombent même à moins de 100 mm sur près de la moitié du pays. On peut distinguer trois régimes: - Le Régime aride saharien au nord où tombent en général 160 mm en moins d'un mois par an, sauf dans le désert où il ne pleut que très rarement ; - Le Régime de transition saharo-tropical qui concerne l'Aïr, la région d'Agadez, le Termit. La pluviométrie s'étage de 75 à 160 mm/an, avec une certaine régularité. - Le Régime Sahélien dans le sud avec une pluviométrie de l'ordre de 600 mm sur 3 à 4 mois (juin à septembre), et alternance de saison sèche et de saison pluvieuse. Un mince tapis de graminées y permet un élevage transhumant et une agriculture pauvre. Ainsi de suite est reportée l'image de pluviométrie moyenne, calculée sur les données des stations pluviométriques du Niger (années 1961-1996, Données Agrhymet) Fig. 2.4 La pluviométrie moyenne du Niger (Agrhymet) 2.2.2. Les régions climatiques Au Niger toutes les régions ont les mêmes caractères climatiques avec plus ou moins d'intensité. Les différenciations sont fonction de la latitude, de la longitude, et en fin plus rarement de l'altitude. - Les régions hyper-arides: il s'y produit moins de deux pluies journalières de 5 mm dans l'année. Les pluies annuelles sont très faibles (inférieures à 27 mm en moyenne un an sur deux). Le régime pluviométrique montre cependant un maximum en août. A Bilma, l'amplitude diurne (16°C) est sensiblement égale à l'amplitude annuelle (15°C ) qui est relativement faible par rapport à d'autres climat désertiques. Ces régions représentent le quart du territoire nigérien. - L'Air: la présence de hauts massifs qui culminent souvent à plus de 1800 mètres provoque une recrudescence des pluies de mousson. Mais les variations interannuelles de l'avancé du FIT expliquent la grande variabilité de ces précipitations. Le secteur le plus arrosé se trouve au sudouest où le total annuel serait de l'ordre de 180 à 200 mm. Du fait de l'altitude, l'hiver est plus marqué et le gel peut se produire de décembre à février. - Les régions arides: elles reçoivent de 3 à 12 pluies journalières de 5 mm par an. Le total annuel des précipitations est inférieur à 250 mm. Les cultures pluviales y sont impossibles. Le régime pluviométrique est bien marqué, mas la saison des pluies est plus tardive que dans le sud. Les écarts journaliers de température restent toujours élevés (supérieurs à 15°) même en août. - Le Sahel: il englobe tout le sud du pays, à l'exception du Dendi. Les pluies annuelles y sont comprises 250 et 750 mm. Marquée par une végétation de steppe à épineux et d'acacias, elle demeure la région de prédilection de l'élevage. On peut distinguer: un Sahel septentrional et oriental plus sec, où la continentalité se traduit par des amplitudes annuelles supérieures à 10°, où variabilité des phénomènes pluviométriques est plus grande, où prédominent donc des caractères désertiques, et un Sahel occidental où la nébulosité et les précipitations sont plus importants, où la saison des pluies dépasse 140 jours, où la population est plus dense et les cultures sont plus rentables, où prédominent les caractères tropicaux. - Le Dendi: un climat tropical sec. La saison humide atteint prés de six mois. La moyenne des précipitations annuelles est assez élevée (870 mm à Gaya). Lé régime pluviométrique est plus complexe que dans le Sahel. On peut qualifier ce climat de ‘soudanien’. Région à vocation agricole, elle connaît, à côté d'une végétation de savane arborée et arbustive, des cultures de mil, de sorgho, de maïs et d'arachide L'Etat de l'environnement au Niger 25 O.S.S. - Paris 2.3. Ce.S.I.A. - Florence La démographie Le Niger est une des nations les moins peuplées du continent africain. En 1977, les résultats provisoires du premier recensement effectué dans le pays faisaient état de 5 098 427 Nigériens résidant sur son territoire, le dernier recensement officiel du 1988 comptait une population de 7 250 383 hab, mais selon des projections la population s'élevait à 9 465 000 habitants en 1996. Une prévision pour l'an 2010 est de 14 000 000 hab. La répartition de la population est très inégale selon que l'on examine les régions semi-désertiques du Nord et de l'Est ou la vallée du fleuve. Ainsi, au Nord d'une ligne Ayorou-Tahoua-Tanout, le Niger est quasiment vide exception faite des villes d'Arlit, d'Agadez, de quelques villages de l'Aïr et du Kaouar. La population totale comprend environ 15% de nomades de semi-nomades vivant dans la zone d'élevage au nord de la limite théorique des cultures sous pluies. L'83% de la population est rural et on estime par ailleurs qu'un à deux millions de Nigériens vivent à l'étranger, Soudan et pays côtiers voisins notamment. Ce bas peuplement, qui s'explique aussi partiellement par les conditions climatiques pénibles et par des conditions difficiles d'existence sur une grande patrie du territoire, cache cependant des caractéristiques démographiques dynamiques qui se traduisent ou s'expliquent par: - un taux de fécondité total (c'est-à-dire le nombre total d'enfants mis au monde par chaque femme à la fin de la période de procréation à 50 ans) élevé qui est de 7,1; - le comportement nataliste des populations pour des raisons économiques, sociales et religieuses; - une augmentation rapide de la population surtout dans les cinquante dernières années du fait d'une balance démographique excédentaire qui tend à faire doubler cette population la croissance démographique dépasse très largement le taux de croissance agricole du pays. Tous les 20 à 25 ans. En effet, le taux brut de natalité est de 52%o, le taux brut de mortalité, de 20%o d'où un taux d'accroissement annuel de 3,4% (FAO 1995) et ceci malgré le taux élevé de mortalité en particulier chez les enfants (Unesco 123%o) pour cause notamment de malnutrition. Le taux d'accroissement annuel varie selon les régions, selon les ethnies, selon l'occupation principale: il est en général plus faible en milieu nomade qu'en milieu sédentaire, plus fort en milieu urbain qu'en milieu rural. La Population active en 1995 c'était de 4 372 000 habitants et la population active rurale et le 89,4% de la population active. L'espérance de vie est aujourd'hui de 47 ans. 10000000 9000000 8000000 7000000 6000000 5000000 4000000 3000000 2000000 1996 1990 1995 1985 1988 1980 1975 1977 1960 1970 1940 1950 1905 1920 1930 1000000 Fig. 2.5 l’évolution de la population au Niger La densité kilométrique moyenne de la population est faible (7,1 hab./km2), c'est l'une des plus faibles densités d'Afrique où la moyenne se situe autour de 13 hab./km2. Mais celle-ci masque d'importantes disparités car l'essentiel de la population (75%) est concentrée sur 12% du territoire L'Etat de l'environnement au Niger 26 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence au Sud de l'axe Niamey-Zinder, créant une pression démographique importante sur un environnement agro-pastoral réputé fragile. La population nigérienne se compose en majorité des Noirs subdivisés en plusieurs groupes ethniques. La proportion des différents groupes ethniques dans la population est la suivante: Haoussa: Songhai-Zarma-Dendi: Peul: Touareg (Touareg vrais et Bella): Kanouri et Boudouma: Autres (Toubou, Arabes, Gourmantché): 52% 21% 10% 10% 6% 1% Au point de vue de la répartition par âge le recensement de 1988 fait état d'une surprenante suprématie numérique féminine qui serait caractéristique d'ailleurs de l'évolution démographique de plusieurs pays de la sous-région: 3 643 335 femmes de la population, et 3 585 217 hommes. La population nigérienne est extrêmement jeune: 45% de moins de 15 ans, 54% de moins de 20 ans. Par contre, compte tenu de la faiblesse de l'espérance de vie, il n'y a que 5 à 6% de plus de 60 ans sauf en pays Kanouri où ce taux est de 10,7%, conséquence directe de la sous-natalité. La distribution des densités rurales moyenne par arrondissement montre l'opposition entre le grand Nord du pays presque vide et la mince frange méridionale concentrant l'essentiel de la population. Les densités rurales moyennes extrêmes varient de 0,03 hab./km2 dans l'arrondissement de Bilma à 54 hab./km2 dans Mataméye où certains secteurs très humanisés atteignent 80 à 100 hab./km2. Pour ce que concerne les migrations Nigériens de population, on peut considérer les migrations intérieures et les migrations internationales: Les migrations intérieures qui se font d'une part du milieu rural vers les centres urbains en général et qui contribuent de ce fait à accélérer le mouvement d'urbanisation. Ces mouvements migratoires dont les motivations sont complexes ont été intensifiés par les dernières années de sécheresse, ce qui a littéralement gonflé la population des principaux centres urbains. D'autre les mouvements migratoires vers les centres miniers du nord du pays du fait des besoin importants de main-d'oeuvre et du phénomène d'attraction qu'ils exercent sur certaines activités, commerciales notamment, et qui tendent à y drainer une multitude de population. Les migrations internationales concernent chaque année plus de 50 000 Nigérien. Leur motivation est essentiellement économique à cause de la pauvreté du pays et de la longue période d'inactivité qu'imposent les 9 ou 10 mois de saison sèche. Les pays de migration traditionnelle lointaine sont les pays voisins côtiers, notamment la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Togo et la Nigeria. L'importance du mouvement dans chacun de ces pays dépend des habitudes prises par les migrants et des conditions locales d'existence. Des mouvements plus récents sont apparus. Ils sont orientés d'une part vers les pays d'Afrique centrale (Cameroun et Gabon surtout) et la Libye, pays qui bénéficient d'une relative prospérité économique, d'autre part vers les pays européens notamment ceux de la CEE et en particulier la France. Parallèlement, le Niger accueille des populations venues d'autres pays: populations noires des pays voisins comme le Mali, la Haute-Volta, le Bénin, le Togo a le Tchad, les activités minières contribuant à intensifier ces mouvements; populations blanches des pays d'Europe, du Maghreb, et dans une moindre mesure du Moyen-Orient. Jusqu'à ces dernières années, l'évolution économique du pays et les conditions climatiques difficile ont été les raisons dissuasives majeures qui ont freiné l'immigration de populations blanches. La colonie française, la plus nombreuse, compte environ 5 000 ressortissants. Le Niger est un pays peu urbanisé (23%), mais qui compte néanmoins des villes très anciennes comme Zinder ou Agadez. En raison de la sécheresse chronique provoquant un fort exode rural, les villages Nigériens sont en train de se vider au profit des métropoles, peu préparées à accueillir ce surcroît de population en augmentation rapide. Ces grandes villes Nigériennes sont: - Niamey, la capitale, à l'Ouest du pays, sur le fleuve Niger: 420 000 hab. - Zinder, l'ancienne capitale du Niger, sur la frontière Nigériane; 119 838 hab. - Maradi, capitale économique du Niger, située entre Zinder et Niamey; 109 386 hab. L'Etat de l'environnement au Niger 27 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence - Tahoua: 49 941 hab. - Agadez, la seule grande ville du désert: 49 361 hab. - Birni N'Konni, et Dogondoutchi, sur la grande route commerciale Niamey-Zinder: 28 984 et 20 948 hab. - Arlit, la ville de l'uranium, située au nord d'Agadez: 16 506 hab. Le Niger est donc un pays faiblement urbanisé où près de 88 % de la population est rurale. Cependant le faible taux d'urbanisation reflète mal la réalité urbaine nigérienne. En effet, d'une part, il masque une progression très rapide de la population urbaine car le taux d'urbanisation en 1995 est doublé par rapport au taux du 1977 (11,8%). D'autre part, certaines contrées nigériennes se trouvent être parmi les rares régions d'Afrique occidentale à posséder une vieille tradition urbaine. Ainsi, Agadez, Zinder, Birni-Nkonni et Say sont des villes chargées d'histoire, qui atteignaient ou dépassaient 10 000 âmes au début de ce siècle. On peut distinguer trois générations de centres urbains : - Les centres urbains précoloniaux étaient généralement des villes fortifiées, des centres politiques, économiques et religieux profondément influencés par les civilisations urbaines maghrébines et du Nord-Nigeria. Les plus célèbres sont Agadez et Zinder, chefs-lieux d'importants sultanats ayant joué un rôle primordial dans les relations de tout genre qu'entretenaient l'Afrique blanche et l'Afrique noire. Ils ont été relégués dans des rôles de second plan au cours de la période coloniale et ne se remettent que très lentement de cette situation aggravée depuis lors par des considérations de divers ordres. - Les centres urbains coloniaux doivent leur développement aux nécessités administratives et politiques qui ont prévalu pendant les premières années de ce siècle. Niamey en est l'exemple classique. - Les centres urbains récents sont nés ou doivent leur développement soit à l'exploitation minière (Arlit et Akokane) soit à la suite d'une restructuration administrative (Diffa, Aguié, Guidan-Roumji). Fig 2.7 La population totale et densité par Région 2.4. L’économie Le sous-sol du Niger renferme de nombreuses ressources minières et en raison du boom de l'uranium, la croissance économique a été relativement forte au cours des années 1970, avec une augmentation moyenne du PIB de 9% par an entre 1971 et 1981. Toutefois, sous l'effet conjugué de la sécheresse et de l'effondrement des cours de l'uranium et de l'arachide, la situation économique du pays est devenue très difficile au début des années 90. L’industrie est peu développée, l’artisanat est en train de se moderniser. L'économie du pays reste dominée par le secteur agricole qui participe au PIB pour 37,46% en 1991, contre 57,8% en 1961-63, le 39% en 1989 et le 40% en 1997 (CIA). Le PIB par habitant était estimé à 280 US$ en 1992, contre 302,9 US$ en 1961-63 et 462,7 US$ en 1981-83. Selon un taux de croissance réel estimé en 1998 du 4.5% on peut estimer un PIB de 970 US$. En 1994, les importations et les exportations de produits agricoles étaient respectivement de 112 millions US$ et de 50 millions US$. La dévaluation 50% du franc africain occidental en janvier 1994 a amplifié les exportations de bétail, d'oignons, et des produits de la petite industrie du coton du Niger. L'économie nigérienne est relativement peu diversifiée et demeure encore au stade rudimentaire, cependant des sources potentielles de croissance, autres que l'uranium, existent particulièrement dans le domaine de l'élevage, de la culture maraîchère (culture de contre saison), de certains produits agricoles d'exportation (niébé), de l'orpaillage, des mines en général, des produits de l'artisanat, du tourisme, des manufactures de petites échelles, des produits et services auxiliaires. Nombreuses ressources minières restent inexploitées: le pétrole, découvert à Tin Touma, est objet de prospections dans la région et l’importance des réserves justifiera son exploitation; du fer, cuivre, phosphates, plomb et molybdène et le tungstène ont aussi été localisés. Des prospections conduites par l’ONAREM (Office National pour la Recherche Minière) mettent en évidence la présence de ressources minières dans les régions encore inexplorées. L'Etat de l'environnement au Niger 28 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Le gouvernement se fonde sur l'aide bilatérale et multilatérale pour les dépenses d'exploitation et pour l'investissement public et est fortement encouragé à adhérer aux programmes d'adaptation structuraux conçus par le IMF et la Banque Mondiale. Les perspectives à court terme dépendent en grande partie des négociations prochaines sur la réduction de créance et l'aide étendue. 2.5. Le système agricole Les activités rurales demeurent la ressource principale de prés de 90 % des Nigériens, les terres cultivables n'occupent qu'environ 12 % de la superficie total, et celles cultivées seulement 2,8%. (3 605 000 ha en 1993). Les exploitations sont de type familial et traditionnel, et les principales cultures vivrières sont le mil, le sorgho, le niébé et dans une moindre mesure le riz, le maïs et le manioc. Cependant l'agriculture est exercée dans des conditions peu favorables caractérisées par un zonage climatique contraignant déterminé par des isohyètes orientés d'ouest en est, parallèles à la lisière du Sahara. On rencontre successivement du sud au nord la zone des cultures limitée par l'isohyéte 350 mm, puis la zone pastorale remontant jusqu'à celle de 100 mm, enfin la zone désertique. Aussi la zone où sont pratiquées les cultures ne représente que le quart de la superficie du territoire, mais concentre plus des trois quart de la population. Elle forme une longue bande de terres plus ou moins aptes à la culture, s'allongeant sur plus de 1500 km d'ouest en est le long des frontières de la Haute-Volta, du Bénin, et du Nigeria. Les contraintes géoclimatiques qui commandent les activités rurales s'aggravent du fait de la continentalité, de l'irrégularité pluviométrique, de la pauvreté de la ressource en eau, des moyens de culture rudimentaires, des sols pauvres, des possibilités financières réduites, de la poussée démographique importante qui, dans plusieurs région, appauvrit la terre par réduction ou suppression des jachères. Le potentiel d'irrigation est estimé à 270 000 ha, dont 140 000 ha dans la vallée du fleuve Niger. Les superficies totales avec contrôle de l'eau atteignent environ 78 000 ha, soit 2,1% des superficies cultivées. Les aménagements en maîtrise totale ne s'élèvent qu'à 12 000 ha et sont exploités par des coopératives encadrées par l'Office national d'aménagements hydro-agricoles (ONAHA). Les superficies sous irrigation traditionnelle (maîtrise partielle) sont estimées à 55 000 ha. Les superficies avec submersion non contrôlée sont estimées à 12 000 ha environ. Les principales cultures en maîtrise partielle sont le tabac, le niébé, l'arachide, le manioc, la patate douce et les cultures fruitières. La canne à sucre est cultivée principalement dans les bas-fonds les plus humides. Le tabac est aussi cultivé dans les zones de décrue, tout comme de nombreux légumes. Les cultures maraîchères sont très développées autour des centres urbains. L'irrigation de contre-saison est donc très répandue. Par contre, l'irrigation d'appoint en saison des pluies l'est beaucoup moins. En ce qui concerne la maîtrise totale, on peut distinguer trois types d'irrigation suivant l'origine de l'eau: - Irrigation par pompage dans la rivière: 6 000 ha - Irrigation à partir des barrages: 3 800 ha - Irrigation par pompage de l'eau souterraine: 500 ha Cette classification couvre les principaux aménagements. Aucune information sur l'origine de l'eau de la superficie restante, à savoir 1 480 ha correspondant à des micro-périmètres et à des petits périmètres irrigués, n'est actuellement disponible. Les cultures de contre-saison sont presque toutes irriguées à partir de puits traditionnels ou de puisards, ou bien de forages servant également à l'hydraulique villageoise. La plupart des paysans considèrent encore l'irrigation comme un moyen de diversifier leurs activités agricoles plutôt que comme une possibilité d'augmenter de façon significative la production. Si la pluviométrie est bonne, les paysans ont tendance à délaisser les parcelles irriguées au profit des seules parcelles pluviales. Une autre contrainte à l'expansion de l'irrigation est la participation limitée des paysans dans la planification des périmètres ainsi que la disponibilité et le coût de l'assistance technique, principalement dans les zones enclavées. Dans ces circonstances, les coûts élevés d'investissement rendent l'irrigation en maîtrise totale une alternative onéreuse comparativement à l'agriculture pluviale pour les cultures vivrières, pour lesquelles une marge d'accroissement de la productivité est encore possible. Les techniques L'Etat de l'environnement au Niger 29 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence de conservation des eaux et des sols pour une meilleure utilisation de l'eau en agriculture pluviale sont une alternative intéressante à l'irrigation en maîtrise totale. Mais le secteur irrigué n'est pas sans perspective encourageante. La majorité des sites de cultures de contre-saison ont été créés à partir d'initiatives de base sans intervention financière massive de l'Etat, même si les débouchés posent encore de sérieux problèmes. Il existe également, dans les régions à terres irrigables, des zones où la mobilisation des ressources en eaux souterraines est relativement peu onéreuse et où l'on peut envisager des aménagements en petite irrigation. L'agriculture reste encore une polyculture vivrière extensive. Les cultures vivrières représentent les 7/8 de la production agricole. Les cultures commerciales (arachide, coton) introduites sous la colonisation, source actuelle de revenu monétaire pour les paysans et de devises pour l'état sont d'un intérêt secondaire. Même la forte extension des surfaces consacrées aux cultures vivrières aux dépens de celles destinées aux cultures de rente n'a pourtant pas empêché l'apparition d'un déficit vivrier chronique; il constitue l'une des composantes permanentes de la situation agricole au même titre que deux autres phénomènes sous-jacents: la dégradation des sols et l'accroissement des mouvements migratoires. Le mil et le sorgho sont des cultures vivrières de base. 90 % des terres cultivées leur sont consacrées. Le Niger en est d'ailleurs le premier producteur en Afrique Noire francophone. Le mil est cultivé sur les sols légers, parfois en monoculture, souvent en association avec l'arachide le niébé. La culture traditionnelle se fait sans engrais. Sans rendement moyen de l'ordre de 400 kg/ha est légèrement inférieur à celui du sorgho (465 kg/ha) qui exige, lui, des terres plus riches et plus lourdes. En fait, ces rendements varient sensiblement suivant les régions, pour le mil: 325 kg/ha dans la région de Niamey, 505 kg/ha dans la région de Tahoua; pour le sorgho: 1 375 kg/ha dans la région de Diffa et 350 kg/ha dans la région de Niamey. Fig. 2.8 Systèmes culturaux des Régions du Niger La production de l'ordre de 1 000 000 t de mil cultivé sur 2 000 000 ha et 300 000 t de sorgho cultivé sur 500 000 ha peut varier de 10 à 15 % en plus (ou en moins) d'une année à l'autre en fonction de la pluviométrie et à long terme a suivi à peine l'accroissent démographique. La production du mil en 1977 a été de 1 130 000 t et la surface qui lui était consacrée atteignait 2 728 500 ha, pour le sorgho elles étaient de 342 000 t et 732 000 ha. En 1999 la production de mil est de 5 200 000 sur une superficie de 1 850 000 ha et pour le sorgho 430 000 t sur 1 400 000 ha (FAO). Fig. 2.9 La production de Mil et de Sorgho par Régions Le mil et le sorgho sont essentiellement autoconsommés. Seule une faible part de la récolte est commercialisée. Les fluctuations que connaissent les cours de ces denrées dans l'espace et surtout dans le temps étaient importantes et l'office des Produits Viviers du Niger (OPVD) fut crée en 1970 pour stabiliser les prix. Son intervention, en contribuant à en faire aussi des cultures commerciales, revalorise ces plantes, les mieux adaptées aux conditions sévères du pays. Les efforts de la SOTRAMIL (à Zinder) qui transforme le mil en farine et en pâtes vont dans le même sens. Le riz est cultivé le long du fleuve Niger et de la Komadougou. Sa production qui était de 39 000 t/an entre 1966 et 1969 était descendue à 27 300 t en 1971, 29 300 t en 1975, 28 700 t en 1976 et 26 600 t en 1977. La production du riz paddy s'est considérablement accrue (81 000 t en 1987-88) grâce à la politique d'aménagement hydro-agricole, mais a de nouveau chuté au début des années 90 (40 000 t). Malgré les efforts apportés aux aménagements de cuvettes qui portent deux récoltes dans l'année, la production n'a pas atteint le niveau d'avant, en 1999 la production de riz au Niger était de 60 000 t sur une superficie de 30 000 ha. Cette production est absorbée par le marché intérieur. 70% sont commercialisé, sous forme de riz pilé, par les circuits traditionnels. Une faible partie (5 000 t) est utilisée par l'entreprise publique, le Riz du Niger à Tilllabery. La production céréalière totale en 1998/99 est estimée à 2,31 millions de tonnes, niveau pratiquement égal à celui de 1996, mais qui dépasse de 4 pour cent la moyenne des cinq dernières années. L'Etat de l'environnement au Niger 30 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Les haricots comprennent le voandzou et surtout le niebé dont la production a connu une évolution régulière ces dernières années: 72 000 t en 1971, 132 700 t en 1974, 206 800 t en 1977, 350 000 t en 1995: pour le 1999 on registre une production de 570 000 t. Ils sont associés au mil et au sorgho. Alors que le voandzou (115 000 t en 1999) est entièrement autoconsommé, les exportation du niébé vers les pays côtiers sont actives, (une grande partie est exportée vers le Nigeria), favorisant la stabilisation des cours à un niveau rémunérateur et permettant de promouvoir ce produit au rang de véritable culture de rente. Le manioc (230 000 t) est la quatrième culture vivrière. Son rendement est de 8 690 kg/ha. La principale culture commerciale est l'arachide, adaptée aux sets sablonneux, mais extrêmement dépendante des aléas pluviométriques, Le Niger est le troisième producteur d'Afrique occidentale. Elle est cultivée principalement dans les départements de Maradi et de Zinder qui interviennent pour plus de 90% du total. Sa production s'était considérablement développée dans les années ‘70 passant de 150 000 t au lendemain de l'indépendance au chiffre record de prés de 300 000 t en 1967. Le coton est la deuxième culture industrielle, sa production a démarré sur une plus forge échelle après 1956 quand la Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles (CFDT) a été chargée d'en développer la culture. Cette culture est concentrée dans le développent de Tahoua qui fournit plus de 80% de la production totale. La production sert à revitaliser l'usine SONITEXIL de Niamey. Les cultures industrielles et d'exportation (arachide et coton surtout) ont enregistré une régression notable depuis 1980 avec toutefois une reprise au début des années 90. Pour ce que concerne les cultures secondaires, l'oignon (180 000 t en 1999) est cultivé dans la Majia et depuis peu dans les périmètres irrigués de l'Adér-Doutchi-Majia et les terrasses du fleuve. Le rendement est de 31 t/ha. Tout un commerce écoule la production vers la cote et sur le marché intérieur. Une usine de déshydratation d'oignons est projetée à Galmi. La tomate (65 000 t) est également cultivée depuis longtemps, surtout dans les départements de Tahoua, de Zinder et d'Agadez. Compte tenu de l'accroissement de la consommation intérieure de concentré de tomates, une usine est en projet, ce qui permettrait aussi une expansion de la culture. La canne à sucre (174 000 t) est cultivée dans les arrondissements de Doutchi, de Mirria, de Magaria, de Mataméye et de Mainé-Soroa. Un complexe sucrier est prévu à Tillabéri. Le blé (6 000 t) est produit dans la région du lac Tchad, dans l'Art et le Kaouar. Les autres productions sont: le mais (4 500 t), la patate douce (35 000 t), le fonio (500 t), le sésame (250 t), le piment (60 t), le gombo (300 t) et les dattes de l'Air et du Kaouar. Les importations de céréales portent essentiellement sur le blé, le riz, le maïs, le mil et le sorgho, et varient de 10% de la production en année de pluviométrie normale, à 40% en année déficitaire, et 5% en année excédentaire. Les importations annuelles comprennent en moyenne 30 000 t de maïs venant d'Afrique de l'Ouest et particulièrement du Bénin, 70 à 150 000 t de mil/sorgho du Nigeria essentiellement, et environ 50 000 t de riz importé de pays asiatiques. Les exportations agricoles concernent essentiellement le coton et les oignons séchés. L'objectif en matière de développement agricole est l'autosuffisance alimentaire. Pour cela, la maîtrise de l'eau s'avère ne. De nombreux aménagements hydro-agricoles sont prévus sur les terres irrigables du fleuve Niger, de l'Ader-Doutchi-Majia, du tac Tchad, de la Komadougou, du Goulbin Maradi, etc. Les plus importants à moyen terme sont ceux de Nkonnì13 000 ha en cours de réalisation et ceux liés à la construction du barrage de Kandadji. Parallèlement, des efforts sont faits en vue de la réalisation d'opérations visant à la production de cultures vivrières pluviales par l'utilisation d'engrais, de semences sélectionnées et de matériel agricole. Pour les cultures de rende, indispensables pour approvisionner les industries locales, les projets prévoient la réduction des superficies qui leur sont consacrées et, parallèlement, l'augmentation des rendements. 2.6. L'élevage L'élevage constitue une des plus importantes richesses du Niger. Une grande patrie du pays, impropre à l'agriculture 'sous pluies' (au nord, de l'isohyète 350 mm), possède une vocation essentiellement pastorale. La "zone pastorale" qui recouvre 215 000 km2, soit le 17% du territoire, est reportée en figure selon la carte pastorale (Cirad-Iemvt) du Niger. L'Etat de l'environnement au Niger 31 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Fig. 2.10 la zone pastoral du Niger et ses potentialités Dans cette zone, le troupeau est l'unique ressource des éleveurs: capital, moyen de transport (mobilité pastorale et commerce caravanier), producteur de nourriture (lait surtout et viande) et de cuir (vélum des tentes, vêtements, outres, cordes, etc.), il assure le fonctionnement de la vie sociale (dons, sacrifices, échanges, prêts) et permet l'acquisition de monnaie et de produits marchands (céréales, vêtements, etc.). Dans la "zone sédentaire", le troupeau doit s'insérer dans des terroirs cultivés et trouver des pâturages, sans compromettre les récoltes sur pied. Les deux principales races bovines sont représentées par le zébu bororodji de grande taille, à la robe unie, acajou foncé, aux cornes immenses en forme de lyre, et le zébu azawak, plus petit, à la robe infiniment variée, aux cornes courtes. A l'ouest, on peut signaler, le long du fleuve, le zébu djeli et, à l'est aux alentours du tac Tchad, le taurin kouri, facilement reconnaissable à ses cornes démesurément élargies à la base. Les ovins sont de grands animaux à polis ras alors que les caprins appartiennent à deux variétés: la sahélienne, de grande tulle, à poils ras également et la chèvre rousse de Maradi, particulièrement appréciée pour la qualité de sa peau. Grâce aux campagnes systématiques de vaccination (contre la peste bovine en particulier), au Niger le troupeau n'a cessé d'augmenter. Malgré des pertes sévères pendant les périodes de sécheresse le troupeau se reconstitue assez rapidement. Globalement, la densité du cheptel augmente du nord vers le sud, parallèlement à l'accroissement des ressources fourragères et hydrauliques et en dépit de la concurrence des espaces cultivés (Figure). Inversement, le nombre d'animaux par habitant est le plus élevé dans les zones exclusivement pastorales (le nord et l'est). Les ovins et les caprins sont partout présents, la zone d'élection des camelins et des bovins se situe de part et d'autre de l'isohyète 200 mm. Fig.2.11 Charge de bétail par région Malgré les conditions écologiques, chaque société privilégie un type d'élevage qu'elle perpétue parfois après migration, hors de sa zone d'origine. Bien que les éleveurs associent toujours plusieurs catégories de bétail, les Peuls sont traditionnellement attachés aux bovins et les Touaregs aux camelins. Les contraintes du milieu et le modèle de la société pastorale concernée se conjuguent pour déterminer les types d'élevage. Les services officiels cherchent à reconstituer le cheptel avec un taux d'exploitation et de croissance modulé selon chaque espèce (par ordre décroissant, ovins, bovins, caprins, camelins), afin de ne pas revenir à la surcharge pastorale de la période qui a précédé la sécheresse. L'élevage nomade, mené par un groupe humain mobile, sans implantation fixe, peut être opposé à l'élevage des paysans, ou des agro-pasteurs, attachés à des villages ou à des champs. L'élevage nomade trouve sa zone d'élection au nord de l'hysohyète 350 mm, mais il déborde vers le sud en saison sèche, alors que l'élevage paysan trouve en zone pastorale des parcours indispensables en période culturale. Cette interprétation est favorisée par l'exploitation de pâturages complémentaires et joue sur le balancement des saisons. La progression du front intertropical vers le nord est suivie, avec décalage, par la migration estivale des troupeaux, en juillet, août et septembre jusqu'aux frontières du Sahara: c'est la 'cure salée', avec l'exploitation d'eaux minéralisées, de terres salées et de pâturages herbacés spécifiques à haut rendement, mais éphémères. Le retour vers le sud, et le regroupement des nomades dans les zones à pâturages arborés plus denses, et des agro-pasteurs vers leurs champs, suivent le repli du front inter-tropical et l'installation des vents secs du nord-est. Ce mouvement pendulaire est effectué par la totalité du groupe chez de nombreux nomades, et par les seuls bergers chez les agro-pasteurs. Au cours de la saison sèche, les troupeaux s'abreuvent successivement aux mares et aux puisards, avant de se regrouper autour des puits profonds ou des stations de pompage qui exploitent des nappes profondes permanentes. Fig. 2.12 Densité et nombre de bétail par région L'élevage traditionnel a pour but essentiel la production du lait auto-consommé et de ses sous-produits. Une petite part du croit du troupeau est commercialisée par les éleveurs en vue d'achats sur les matches. Les exportations de bétail, en majorité sur pied répondent à la demande L'Etat de l'environnement au Niger 32 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence en viande des pays côtiers urbanisés et industrialisés. Ce sont les Etats méridionaux et surtout le Nigeria (70 à 90% des bovins, plus de 60% des ovins-caprins exportés) qui constituent les débouchés principaux, alors que la Port des Etats du nord (Libye, en augmentation, et Algérie) reste modeste. L'exportation par avion de viande congelée, déjà amorcée, peut s'accroître avec la mise en place d'une chaîne frigorifique. Le développement de l'élevage nigérien est lié à l'évolution du marché mondial de la viande (Afrique, Europe): il doit prendre en compte le capital des connaissances acquis par les éleveurs et veiller au maintien de l'équilibre entre le milieu naturel et son exploitation. Fig. 2.13 Nombres de têtes des espèces les plus diffusés au Niger L'Etat de l'environnement au Niger 33 O.S.S. - Paris 3. 3.1. Ce.S.I.A. - Florence ETAT DE L’ENVIRONNEMENT Zonage traditionnel Les zones traditionnelles correspondent à des espaces géographiques anciennement délimités par des groupes humains qui y résidaient depuis la période pré-coloniale. Ces espaces, comme toute autre occupation humaine, ont été remaniés, structurés, reconsidérés au gré des mouvements des populations mais également des guerres ethniques et autres déchirures internes. Leur configuration actuelle reflète ces différentes mutations. Il est encore difficile sinon prétentieux de pouvoir tracer de manière exacte les limites de ces zones traditionnelles, tant les dérives ont été nombreuses et les contestations encore vivaces. La carte telle que présentée ne fait pas figurer certaines régions telles que le Konni et le Tazar qui se noient dans d’autres. Les limites de certaines régions sont exagérées (le Gobir jusqu’aux limites du Katsina, du Daoura et du Damagaram). Le risque environnemental, superposé au découpage administratif post-colonial, s’il reflète le dégré de vulnérabilité environnementale à l’échelle nationale, ne donne pas une grande visibilité quant à la correspondance entre risque environnemental et découpage administratif. En partant du postulat que la dégradation de l’environnement est d’une part liée aux faits naturels (climat, sol...) mais également aux pratiques locales, on est en demeure de penser que la carte des zones traditionnnelles peut davantage faire ressortir le risque environnemental en liaison étroite avec les aires géographiques identifiées. La compréhension du risque environnemental, à la lecture des zones traditionnelles est de ce fait une piste d’analyse de la désertification. Les pratiques et les logiques identitaires peuvent à priori marquer un espace délimité. Ces comportements sont le plus souvent différents d’une aire à une autre par la conjugaison de plusieurs facteurs mais homogène dans un espace bien délimité. Tout laisse croire ainsi que ces aires homogènes se superposent parfaitement avec les risques environnementaux spécifiques. La démarche peut cependant comporter des risques voir des erreurs d’appréciation. Et cela pour un certain nombre de raisons: - les différents groupes linguistiques peuvent se percevoir comme des “destructeurs de l’environnement” ou alors des “conservateurs de celui-ci”. - la base du zonage traditionnel correspond-elle à une aire linguistique, ethnique, écologique ou de transhumance. Le découpage tel que présenté semble répondre à plusieurs de ces variables. L’harmonisation recherchée semble donc être difficile. En conclusion on peut dire que le facteur démographique actuel des différentes aires géographiques semble mieux expliquer leur vulnérabilité environnementale. A ce facteur pertinent, il convient d’ajouter les autres facteurs socio-économiques de la région, par exemple la région de Maradi à l’instar des autres régions du Niger a connu un déséquilibre écologique et agricole dans les années 1970 et 1980, comme le soulignent beaucoup d’auteurs (RAYNAUT, 1975 ; KERALY et al, 1977 ; TASSIOU, 1978 ; DEMIRANDA, 1980 ; LE GAL, 1987). Ce déséquilibre est le fruit d’un long processus complexe : - La Jihad d’Ousmane Dan Fodio qui aurait conduit à la forte occupation de la vallée de Maradi (dégradation de l’environnement) - La colonisation qui a introduit de nouvelles cultures comme l’arachide, poussant à la forte monétarisation de la société. MIRANDA (1980) souligne à cet effet que “le caractère exogène des déterminants socio-économiques a imprimé une telle vitesse aux processus de changement que le monde rural n’a pas su élaborer progressivement, des systèmes de production et de mise en valeur du milieu naturel vraiment adapté à une préservation durable de leur environnement”. Fig. 3.1 Les régions traditionnelles au Niger L'Etat de l'environnement au Niger 34 O.S.S. - Paris 3.2. Ce.S.I.A. - Florence Zonage national des aires à risque 3.2.1. L'analyse de la pression agricole En fonction de trois variables, taux de couverture des besoins céréaliers, densité de population et la durée de la saison pluvieuse, un classement spatial du territoire a été effectué. Il en est sorti une carte de la pression agricole au Niger. Ainsi le Niger a été subdivisé en quatre grandes classes de pression agricole: - Zone de forte pression avec des contraintes aiguës ; - Zone pression moyenne où les contraintes sont épisodiques et surmontables ; - Zone de faible pression, présentant des possibilités réelles d’exploitation ; - Zone où la pression agricole demeure minime ; Cette subdivision rend compte des risques liés à la pratique agricole au niveau de chacune de ces zones. Les zones de risque agricole : Les zones de fort risque Elles couvrent une faible portion de l’espace agricole. Il s’agit des départements de Keita et Bouza dans la région de Tahoua, de celui de Diffa dans une très faible proportion des des départements de Matameye (Zinder) et Aguié (Maradi). Ces zones, très anciennement occupées, présentent des fortes densités humaines comparativement aux autres zones du Niger. L’élevage y est pratiqué de même que les cultures secondaires notamment irriguées. La présence de plusieurs pratiques sur des espaces réduits expliquerait en partie ce fort risque agricole. Les zones de risque moyen à fort Elles concernent, à des degrés différents les régions d’Agadez, de Diffa, Maradi, Tahoua, Tillaberi et Zinder. Dans la région d’Agadez la pression agricole est la plus forte. Elle touche 91% de la population. Les régions de Diffa, Maradi, Tahoua, Tillaberi et Zinder suivent avec respectivement 55,8%, 52%. 45%, 33,2% et 13% de la population qui est touchée. On constate que seul la région de Dosso n’est pas encore soumise à cette pression agricole. L’appréciation des risques liés à la pratique agricole peut se faire, en plus des variables qui nous ont servi à élaborer la carte, à travers quatre éléments principaux : les contraintes physiques de tous ordres, les contraintes socio-économiques, les obstacles majeurs, les potentialités et atouts. Ainsi les zones de risques agricoles présentent d’une part une faible exploitation de ses atouts et potentiels productifs. D’autre part elles sont caractérisées par des terres à faible valeur valeur agronomique pour certaines (Agadez, Diffa) ou surexploitées pour d’autres (Maradi), un certain enclavement et des mouvements importants de population. Des obstacles majeurs se dressent également à ces zones liés notamment à la pauvreté des populations et à leur faible capacité d’investissement. Les zones intermédiaires Elles se caractérisent par une tendance au risque agricole et marquée par une certaine précarité. Elles sont présentes partout au Niger et couvre plus de la moitié des terres agricoles. La dynamique agricole et socio-économique qui n’est pas corrigée par une gestion rationnelle des ressources naturelles expliquerait cette tendance. Il s’agit entre autres : - leur position de lisière entre la zone pastorale te agricole. Il n’y a pas une primauté d’une activité sur l’autre, - l’exploitation agricole minière. On exploite la fertilité immédiate des sols sans pour autant investir dans sa régénération et sa récupération, L'Etat de l'environnement au Niger 35 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence - la quasi monoculture céréalière avec une faible utilisation d’inputs et d’outils agricoles modernes, - la forte densité humaine et l’extrême pauvreté des populations. Cette zone est représentée par: - la région de Zinder pour près de 95% de son territoire - la région de Tillabéri dont principalement les départements de Tera (95%), Ouallam (50%) et Filingué (40%). - la région de Maradi dont les départements de Guidan Roumdji et Dakoro (50%). - la région de Dosso dont les départements de Loga, Dongondoutchi (80%) et Dosso (50%). - et enfin la région de Diffa dont principalement le département de Mainé Soroa. Les zones de pression agricole faible à nulle Elles se retrouvent dans les régions de Dosso et Tillaberi. Dans la région de Dosso, le département de Gaya présente dans sa totalité un risque agricole faible, contre 40% dans celui de Dosso et 20% à Dogondoutchi. La faiblesse des risques liés à la pratique agricole dans cette zone peut avoir plusieurs raisons : - la relative fertilité des sols conjuguée à un climat de type sahélien, - le dynamisme des producteurs qui s’exprime par une diversification des èspèces cultivées, un investissement dans les facteurs de production, une pratique des cultures de rente, - la présence de projets et ONG opérant dans le secteur rural qui trouve un espace propice à leur investigation, - la présence de réserves hydriques importantes. Dans la région de Tillaberi, le département de Say présente des risques minimes sur le plan agricole. Trois raisons majeures peuvent expliquer cette situation : - le caractère agropastoral de la zone. En effet l’région de Say, du fait des conditions physiques relativement favorables (sols riches et souvent vierges, précipitations suffisantes...) reste le grenier céréalier du pays (déficitaire en moyenne une année sur 10 ). La présence de pasteurs peul avec leur troupeau permet une large intégration de l’élevage à l’agriculture. - la faible densité humaine autorise l’exploitation de grandes superficies. Depuis les deux dernières sécheresses (1973 et 1984), on note cependant, la descsente des populations du nord (Kourfeye et Zarmaganda principalement) dans cette zone. - la diversification des activités (CCS, pêche...) met les populations à l’abri des besoins. Fig. 3.2 Longueur de la saison agricole Fig. 3.3 Carte de la Pression agricole L'Etat de l'environnement au Niger 36 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence 3.2.2. L'analyse de la pression pastorale La lecture des deux cartes (densité de bétail et pression pastorale) permet de tirer les remarques suivantes : - Il n’y a pas de zonalité apparente au niveau des deux cartes, - la charge de bétail n’est pas élevée dans les zones dont la vocation est l’élevage (secteur nord et zone pastorale où la charge est de 5-25 UBT/Km2) exception faite de Mainé Soroa et Diffa. - les plus fortes densités s’observent dans la zone de culture sous pluie. En regroupant les différents niveaux de la pression d’élevage en trois classes principales (pression élevée a très élevée, pression moyennement élevée, pression basse très basse), il est possible de faire les constats suivants : - La pression élevée à très élevée s’observe dans la région du lac et dans l’extrême nord de la région de Tanout. Le risque, ici, s’exprime par la forte densité du bétail et le caractère aléatoire des précipitations qui conditionne le potentiel de la biomasse nécessaire à l’alimentation du bétail. - dans le reste de la zone nord, si le risque n’est que moyennement élevé, il peut s’expliquer par les espaces, par conséquent du potentiel en biomasse. - dans la zone de cultures sous pluie, la situation est disparate: risque moyennement élevé et bas à très bas. - la situation de l’élevage dans l’extrême ouest nigérien et principalement dans les régions de Dosso, Gaya et Loga est la même que celle de l’agriculture. Le risque est bas à très bas à cause des conditions écologiques favorables, la présence de la jachère et des friches. - dans les autres régions, là où la densité humaine est très élevée, du fait de l’occupation totale des terres agricoles conduisant à la raréfaction des pâturages, le risque est moyennement élevé. Fig. 3.4 Densité de l’élevage Fig. 3.5 Pression de l’élevage 3.2.3. L'analyse de la pression forestière Le prélèvement de bois est une donnée constante des pays sahéliens. Cette ressource participe à plusieurs activités en milieu rural et même urbain. Ainsi le prélèvement du bois de chauffe et du bois d’oeuvre contribuent fortement à la dégradation de notre couvert végétal. L’accroissement rapide de la population qui s’est traduit par une colonisation progressive de l’espace pastoral au profit du domaine agricole a également fortement contribué au défrichement du couvert végétal. Ainsi on peut subdiviser le Niger en trois grandes zones en fonction de la pression forestière. Zone de fort prélèvement Elle se subdivise en deux sous zones. 1.1. Zone de très fort prélèvement : Elle couvre un faible espace du territoire. Il s’agit principalement des départements de Bouza et Keita dans la région de Tahoua et les abords de Maradi. Zone de fort prélèvement Elle couvre les régions d’Agadez, de Diffa, Zinder (40% Gouré, nord Tanout) Maradi (Tessaoua, Aguié, Madaroufa, Mayayi) Tahoua (Keita, Tahoua, Konni), Tillaberi (Kollo). Un certain nombre de constats se posent à la lecture de cette distribution : - les grands centres urbains connaissent des auréoles de fort prélèvement de bois. Cela s’explique d’une part par les fortes densités qui caractérisent ces zones et par conséquent une L'Etat de l'environnement au Niger 37 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence forte demande en bois de domesticité et d’autre part les revenus importants tirés de la vente de bois. - les zones de forte pression sont pour une large part des zones frontalières (sud Maradi, sud Tahoua) ou correspondent à des aires de transhumances (Agadez, Diffa) On peut penser à un trafic important qui caractérise ces types de zone. - les zones de forte pression présentent un ensemble de moyens de transport important (voiture, traction animale). Ce sont là des conditions permettant un écoulement important et rapide du bois. - Enfin ces zones, notamment celles septentrionales sont caractérisées par une productivité de biomasse faible. Zone intermédiaire Elle concerne presque toute la bande centre sud du pays. Il s’agit pour l’essentiel de la région de Tillabéri dans sa presque totalité, de celle de Tahoua dans sa partie nord notamment le sud du département de Tchintabaraden, de la partie ouest de la région de Maradi, de la région de Zinder et le sud ouest de celle de Diffa. Cette bande présente une situation d’équilibre précaire en matière de ressource forestière. En effet du fait de la croissance démographique, de la péjoration climatique, de l’extension des aires de culture et de la demande de plus en plus importante en bois, on peut penser que dans les décennies à venir, si on n’y prend garde, elle subisse le même sort que la zone nord. Zone de faible prélèvement Elle concerne essentiellement la région de Dosso. L’extrême sud du département de Gaya présente un très faible prélèvement alors que les départements de Dosso, une partie de celui du Boboye et de Doutchi présentent des faibles prélèvements. Ce constat découle de la présence dans ces régions de zones encore boisées et d’une pluviométrie favorable à la régénération des espèces naturelles. Fig. 3.6 Bilan du bois Fig. 3.7 Pression forestière 3.2.4. L'analyse du risque environnementale Zone de faible pression environnementale Dans l’ensemble, l’extrême Ouest et Sud Ouest nigérien correspondant au Sud du département de Téra, des départements de Say, Boboye, Dosso, Gaya, Loga et Doutchi subissent une pression environnementale basse à très basse. Deux raisons essentielles peuvent expliquer cette situation : - Les densités agricoles qui sont basses à très basses pour les départements de Say et Gaya et moyennement élevés pour le rete. La présence, encore, de la jachère ce qui suppose que les terres agricoles ne sont pas encore saturées. - Les pluviométries qui sont comprises entre 500 et 750 mm et les ressources végétales encore disponibles. Il y a une bonne corrélation entre les situations de faible pression environnementale et les autres situations écologiques observées, notamment : - la pression agricole qui est faible - la pression forestière qui est faible - la pression pastorale qui est faible L'Etat de l'environnement au Niger 38 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Zone de pression environnementale moyenne à forte Le reste de la zone de cultures sous pluies subit une situation mixte : pression environnementale moyennement élevée. Les secteurs qui connaissent une pression élevée sont dans la région de Tahoua, notamment les départements de Keïta, Bouza et Madaoua où en plus de la pression démographique, nous enregistrons des conditions climatiques très contraignantes car les moyennes pluviométriques tournent autour de 350 mm par an. Dans la région de Maradi, le Nord Mayahi subit une double pression, celle de l’élevage et l’agriculture dans des conditions climatiques contraignantes (300 à 350 mm/an). Dans la même région, la ville de Maradi et le département d’Aguié subissent une forte pression environnementale du fait de la forte pression démographique (densités brutes estinées à environ 61,7 habts/km2 dans le département d’Aguiéen 1988 et 82,2 habts/km2 en 1997). Ici comme dans toute la partie Sud de la région, les sols sont surexploités. Cette situation s’explique par le fait que dans ces régions les ressources se concentrent sur une petite superficie. Il s’agit des vallées (vallées de Keita, la Majiya, la Tarka, le Goulbin Maradi) qui offrent des potentialités naturelles (sols fertiles, ressources végétales importantes). Il convient de rappeler que ce sont des zones de risque agricole élevé et de très fort prélèvement des ressources forestières; La pression pastorale y est moyennement élevée. Dans la zone pastorale, la pression environnementale est moyennement élevée, la faible pression de l’élevage explique cela (5 à 10 hbts/km2): Par contre au Nord Tanout et dans le département de Diffa, la pression environnementale est très élevée du fait de la surexploitation des sols pour l’agriculture et l’élevage. A titre indicatif, Diffa ne dispose que de 70 000 ha de terres cultivables, mais les densités agricoles (populations sédentaire/superficie cultivable) avoisinent 93 habts/km2 en 1998. Dans la zone Nord la pression est élevée. L’écologie est ici très fragile et on observe une concentration des activités agricoles et pastorales dans les milieux humides (vallées et cuvettes) et la pression sur les ressources. Les risques sont élevés pour deux raisons fondamentales : - écologie fragile - forte densité humaine, forte charge pastorale Ce qui explique la sensibilité à l’érosion des différents milieux du Niger. L’érosion (éolienne et hydrique) agit en effet toute l’année. Les conséquences sont d’autant plus importantes que les milieux sont surexploités. Des études ont montré l’ampleur du phénomène sur certains sols mal entretenus. L’érosion hydrique peut dépasser le seuil tolérable (pertes en terre inférieures à 2 tonnes/ha) pour atteindre des chiffres très élevés (38 t/ha). Fig. 3.8 Le risque environnementale au Niger L'Etat de l'environnement au Niger 39 O.S.S. - Paris PUSF PROJ.FOR. IDA PDR ADM PE.II PURNKO PAIGLR PGT/RD/TN PGTF PDRT PDAAT PA/FC/GT PDR N'GUIGMI PDRAA PASP PROZOPAS PDR/MAYAHI PGRN PL/ETC PBVT P.AFRICARE.G PPODR PADER PAFOZ PASADOP TAHOUA VERT PAFN/N PROGET GAO PPDAF SALAMA PDRBM PGRNTT PAGT PAFC/G PAGCVN PRSAA PRIVAT PSN/FIDA P.GOUDOUMARIA P.R.P INGAL PADT/AD PAT/DBS PARDM III PARDM IV PPIRN/TN L'Etat de l'environnement au Niger 40 FORMATION VULGARIS. FOYER AMEL. VULGARIS. AGRICOLE GESTION DU TERRITOIRE AMENAGEM. PARCOURS AMENA.COUL PASS MISE EN DEFEND FIXATION DUNES LUTTTE FEU DE BR PLANTAISON PRODUCTION PLANTS TRAITEMENT KORIS REGENER. NATUR REGARNIS BOIS VILLAGOIS BRISE VENT HAIE VIVE NOM DU PROJET CES/DRS LES PROJETS DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION: AMENAGEM FORESTIERS 4. Ce.S.I.A. - Florence O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence NOM DU PROJET DUREE SOURCE FINA EVAL PUSF 1982-1989 USAID PROJ.FOR. IDA 1979-1990 PDR ADM ETAT AVAN DEFINITION DES SIGLES OUI FIN Projet Planification De L'utilisation Des Sols Et Des Forets 1984-2000 ITALIE-PAM OUI EXE Programme De Développement Rural Dans L'Ader Doutchi Maggia PE.II PURNKO PAIGLR 1989-1998 1996-2003 PAYS-BAS 1995-1999 SUISSE OUI FIN OUI FIN PGT/RD/TN 1994-1998 PAYS-BAS OUI FIN PGTF 1991-1995 CFD/CE/FAC/N Projet Energie II Volet Offre (Mara.-Zind.-Tah.-Tilla.) Projet Utilisation Des Ressources Naturelles De Koure (Région De Say ) Projet D'appui à La Gestion Locale des Ronneraies (Région Gaya ) Projet Gestion Des Terroirs/ Rive Droite/ Tera Nord (Mehana-YelwaniGotheye-Bankilare ) Projet Gestion Des Terroirs Filingue PDRT 1991-1995 RFA PDAAT 1990-1994 ASDI/UNSO OUI PA/FC/GT 1992-1995 PNUD FIN PDR N'GUIGMI 1986-1998 CANADA/ACDI PDRAA 1992-1998 BOAD/FIDA PASP 1986-1998 RFA PROZOPAS 1981-1998 FED PDR/MAYAHI 1994-2000 PNUD/UNSO PGRN 1996-2001 IDA/NORVE/PB PL/ETC 1990-1994 PNUD/USAID OUI FIN Projet Lutte Contre L'ensablement Des Terres De Culture PBVT 1993-1999 FED NON EXE Projet Basse Vallée De La Tarka P.AFRICARE.G 1994-1998 USAID OUI FIN Projet Africaine Goure ( Région De Goure ) PPODR 1986-1998 IDA/SUISSE OUI FIN Projet Petites Opérations De Développement Rural PADER 1996-1999 BAD/PAM PAFOZ 1995-1999 SOS/GB OUI FIN Projet Aménagement Forestier Ouest Zinder PASADOP 1998-2003 PAYS-BAS NON EXE Projet D'appui/ Sécurité Alimentaire/ Développement Des Organisations Paysannes TAHOUA VERT 1994-1998 PAYS-BAS OUI FIN PAFN/N 1988-1993 RFA OUI FIN Projet Aménagement Des Forets Naturelles Au Tour De Niamey PROGET GAO 1981-1985 FAC/CCCE PPDAF 1983-1990 UNSO OUI FIN Projet Pilote De Développement Agro Forestier SALAMA 1988-1993 UNSO/CARE OUI FIN PDRBM 1988-1994 PNUD/PAM OUI FIN Projet Développement Rural But Multiple (Kollo-Ouall.-Aguie-Mada.) PGRNTT 1988-1992 DDA/SUISSE OUI FIN Projet Gestion Des Ressources Naturelles Tchin Tabaraden PAGT 1990-1993 FAC/CCCE/N OUI FIN Projet D'appui A La Gestion des Terroirs PAFC/G 1989-1994 LWR FIN Projet Aménagement De La Foret Classée de Goroubassounga PAGCVN 1980-1995 NORVEGE FIN Projet D'appui A La Gestion Ceinture Verte De Niamey PRSAA 1993-1997 IDA Projet Forestier Ida FIN Projet Développement Rural Tahoua Projet De Développement Agroforestier Et d’Aménagement De Territoire ( Dosso- Boboye-Loga ) Projet Aménagement des Forets Classées Et Gestion Des Terroirs Projet Développement Rural N'guigmi OUI FIN Projet Développement Rural Région D'aguie OUI FIN Projet Agro Sylvo Pastoral (Nord Département Tillabery) Projet d’Aménagement Des Zones Pastorales (Tchintabaraden-AbalakDakoro-Tchirozerine) Projet Développement Rural Mayahi NON EXE Projet Gestion Des Ressources Naturelles FIN Projet Appui Au Développement Rural OUI FIN Projet Renforcement Structures Appui Agriculture PRIVAT 1991-2001 PAYS-BAS OUI FIN Projet Participative/ Renforcement Institutions Villageoises / Développement Agriculture Tahoua PSN/FIDA 1988-2001 PAM/FIDA/PNUD NON EXE Programme Spécial Fida P.GOUDOUMARIA 1998-2002 AFVP/AFD NON EXE Projet Goudoumaria P.R.P INGAL 1998-1999 FED NON EXE PADT/AD 1991-1992 PNUD OUI FIN PAT/DBS 1989-1993 ACDI/CANADA OUI FIN Projet Réhabilitation Des Palmeraies D'igal Projet Aménagement et Développement Des Terroirs De La Région De Dakoro Projet Aménagement Terroirs du Dallol Bosso Sud PARDM III 1983-1986 SUISSE OUI FIN Projet Aménagement de la Ronneraie du Dallol Maouri Phase Iii PARDM IV 1987-1991 SUISSE OUI FIN Projet Aménagement de la Ronneraie du Dallol Maouri Phase Iv PPIRN/TN 1987-1999 GTZ/KFW NON FIN Projet Protection Intégrée des Ressources Naturelles Tillabery Nord L'Etat de l'environnement au Niger 41 O.S.S. - Paris 5. 5.1. Ce.S.I.A. - Florence ANALYSE PAR REGION Caractérisation de la région d’Agadez Sur le plan climatique Agadez est situé dans les régions hyper arides et arides. Les hauteurs de pluies annuelles décroissent selon un axe sud-ouest Nort -Est. Elles passent de 200 mm à l’absence totale de pluie sur le plateau de Djado au Nord-Est de Bilma. C’est une zone à vocation pastorale dont la saison agricole n’atteint guère 50 jours par an. Concentrée essentiellement sur le mois d’août les maigres précipitations dans le département de Tchirozerine sur la bordure Sud-Ouet du massif de l’Aïr. Cet espace couvre à peine 1/10e de la région. C’est dans cet espace que on trouve concentré un ensemble de cours d’eau, les koris dont les écoulements en saison de pluies durent de quelques minutes à quelques heures. Ce sont des volumes d’eau importants qui sont écoulés et perdus en quelques heures par infiltration et évaporation. Ce réseau de kori était naguère hiérarchisé en un collecteur principal qui se un des affluents de la rive gauche du Niger. Ces écoulements constituent actuellement un réseau endoreïque qui s’estompent à quelques km en bordure Sud-Ouest des massifs. L’essentiel de la végétation composée surtout d’espèces annuelles est concentrée autour de ce réseau. Quelques rares oasis autour d’Arlit et Bilma sont peuplées d’espèces végétales, adoptées aux conditions difficiles du milieu. La population rurale se trouve concentrée dans les départements Tchirozérine et Arlit, qui comptent respectivement des densités 0,88 et 0,34 hbt/km2 selon le recensement général de la population de 1988. Cette densité n’est guère que de 0.03 hbt/km2 pour le département de Bilma. La région a une densité moyenne de 0,33 (1988) contre une moyenne nationale de 5,7 hbts/km2. Les surfaces agricoles sont faibles sinon inexistantes. Seules les cultures irrigées sont pratiquées aux abords de certains koris et oasis. Ces cultures irriguées exploitent l’eau de la nappe qui est subaffleurant pendant la saison pluvieuse mais devient très vite très profonde en saison sèche. La réserve d’Aïr ténéré, domaine classé est utilisé surtout à des fins touristiques. Fig.5.1 l’analyse territoriale de la région d’Agadez 5.2. Caractérisation de la région de Diffa La région de Diffa occupe la seconde place sur le plan de la superficie (12,4% du terroire national). Elle est comprise entre les isohyètes 350 et 50 mm donc de la région Nord sahélienne dans sa partie Sud-Sud-Ouest à la région aride dans sa partie septentrionale Il faut noter cependant que les 2/3 de son territoire sont dans la zone aride. Sur le plan des ressources naturelles, la région de Diffa est très peu fournie. Seul le Sud, notamment les départements de Maïné Soroa et de Diffa possédent quelques ressources notamment du point de vue de la végétation et de l’eau. Le reste de la région est constitué d’une steppe herbeuse favorable à l’élevage. La partie septentrionale du lac-Tchad, la Komadougou yobé et quelques systèmes oasiens dans le sud, constituent des réserves hydriques importantes autorisent certaines activités telle que les cultures sous-pluie ou de décrue et la pêche. L’intensité des cultures reste d’ailleurs concentrée le long de la Komadougou entre la ville de Maïne Soroa et le lac Tchad. le reste de la région connaît, évidemment, une très faible mise en valeur agricole. Les réserves d’eau utile demeurent toutefois importantes selon un axe Sud-Ouest Nord-Est au Nord du département de Diffa. Il s’agit en fait de la nappe du Manga, parsemée de cuvettes dans lesquelles se pratiquent la culture de poivron et d’autres cultures de contre-saison (tomate, piment etc..). Les réserves forestières sont faiblement représentées dans l’ensemble de la région. La répartition de la population reste étroitement liée à celle des ressources naturelles. Ainsi les concentrations les plus fortes se trouvent dans le Nord et principalement dans le département de Diffa. Les 4/5 de la région ont une densité de 1 hbt/km2. Fig.5.2 l’analyse territoriale de la région de Diffa L'Etat de l'environnement au Niger 42 O.S.S. - Paris 5.3. Ce.S.I.A. - Florence Caractérisation de la région de Dosso La région de Dosso s’étale dans la zone climatique nord soudanienne et sud sahélienne. Elle enregistre dans sa bande méridionale (département de Gaya) la plus forte pluviométrie du Niger (plus de 700 mm en 4 ou 5 mois de pluie). Ces précipitations décroissent cependant selon un axe Sud-nord. les totaux annuels ne sont plus que de 450 mm au Nord de la région de Doutchi. La région de Dosso est parcouru dans sa partie Sud-Ouest par le fleuve Niger, les Dallols (Dallol Bosso, Dallol Fogha et Dallol Mouri), au centre et à l’Ouest par d’autres écoulements temporaires, affluents du fleuve. La large vallée fossile du Boboye traversant la région du NordSud, le fleuve avec ses nombreux petits affluents, les totaux pluviométriques relativement élevés et peu aléatoires offrent à Dosso de réelles potentialités en ressources naturelles. Ainsi l’indice de végétation est élevé sur presque la moitié de la région (Gaya, Boboye, Dosso) présentant une flore dense et riche avec notamment des espèces soudaniennes dans sa partie méridionale. Les réserves utiles sont importantes tout au long des vallées fossiles, du fleuve et des autres écoulements temporaires. Ces réserves permettent les cultures de contre saison dont le maraîchage, la production de tubercules et les arbres fruitiers. L’irrigation ou les cultures de décrue sont largement pratiquées dans l’ensemble de la région. L’intensité culturale demeure encore moyenne avec toutefois des poches de fortes intensités, notamment les auréoles autour des grandes ville (Dosso, Loga, Doutchi) et le long du Dallol Bosso. Pour ce dernier des conflits fréquents éclatent entre agriculteurs et éleveurs, du fait d’une forte concurrence autour de la terre. Dans ces zones, les villages occupent généralement des surfaces agricoles importantes aux dépens de l’élevage. Dosso enregistre après Maradi l’une des plus fortes densités humaine du pays (30,1 hbt/km2 pour une moyenne nationale de 5,7): les plus fortes concentrations humaines se trouvent le long des dallols, occupation selon un axe méridien, et à la périphérie des grands centres urbains. Les zones humides semblent donc être le refuge des populations. Il n’y a cependant pas de grands déséquilibres dans la distribution spatiale de la population. Des forêts, des parcs à Gao ou palmeraie (Boboye, Dosso, Gaya) font de la région une des plus représentative sur le plan de la végétation du pays. Certains domaines connaissent cependant un début de dégradation (nord Gaya, Nord Dosso) liée surtout à l’action anthropique. En effet les colonisations récentes des terres vierges par les populations du Zarmaganda suite aux dernières sécheresses et le défrichement de certaines réserves forestières en vue d’une exploitation agricole de rente augure d’un processus de dégradation à moyen et long terme. Fig.5.3 l’analyse territoriale de la région de Dosso 5.4. Caractérisation de la région de Tillaberi La région de Tillaberi occupe 7,7% de de la superficie totale du Niger. Sur le plan climatique Tillaberi partage les régions nord sahélienne (nord Filingué, nord Tillabéri avec des précipitations de 250 à 300mm). Les hauteurs de pluies annuelles décroissent selon un axe sudnort. Elles passent de 600 mm à 650 mm au sud dans le Parc National du W à 250 mm au nord du département de Filingué. C’est une zone à vocation agro-pastorale dont l’agricole prime sur le pastoralisme. Le département de Tillaberi est parcourue dans sa longueur par le fleuve Niger. Ce cours d’eau permanent est alimenté sur sa rive droite par un ensemble de dix affluents sahéliens et soudaniens. La rive gauche est très peu alimentée. Elle est cependant parsemée de nombreuses mares. On peut ainsi subdiviser la région de Tillaberi en deux grands ensembles : - Une partie septentrionale, entre l’isohyète 250 et 450 mm comprenant les départements de Tillaberi, Oullam et Filingué. - Une partie méridionale, au sud de l’isohyète 450 mm qui comprend l’extrême sud du département de Téra, 80% du département de Kollo et la totalité de celui de Say, L'Etat de l'environnement au Niger 43 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Les ressources naturelles varient ainsi tant sur le plan quantitatif que qualitatif d’une partie à l’autre, de même que la répartition de la population. Sur le plan de la végétation, au nord domine une couverture arbustive avec des herbacés annuelles à vivace. La densité de couverture demeure lâche. Environ 30% de la région a une couverture végétale assez fournie avec des espèces souvent en voie de disparition qu’on retrouve au niveau du Parc National du W. Les forêts classées sont également bien représentées dans les départements de Kollo et Say qui conservent encore des reliques de zones boisées. Quelques réserves forestières se retrouvent dans les départements de Filingué et Tera. Les réserves hydriques, appréciables, sont présentes tout au long de la nappe du fleuve, des cours d’eau saisonniers, fossilisés à la rive gauche du fleuve et des plans d’eau temporaires. La distribution de la population ne connaît pas une très grande disparité. Avec une densité moyenne de 17,7 habitant au Km2, la région de Tillabéri ne subit pas une pression humaine. Si une concentration humaine est observable dans la partie méridionale et le long des cours d’eau, il n’existe pas une déprise humaine réelle dans la partie septentrionale. L’occupation des sols, sur le plan cultural, est importante le long du fleuve et de ses affluents, dans les départements de Tera, Tillaberi et Kollo. Il faut noter que les départements de Kollo et Say considérés comme vierges jusqu’aux dernières sécheresses (1973/84) ont été défrichés et colonisés par les populations du nord des départements de Ouallam et Filingué. Fig.5.4 l’analyse territoriale de la région de Tillaberi 5.5. Caractérisation de la région de Maradi La région de Maradi est située au centre-sud du Niger entre 13° et 15° 26' de latitude Nord et 6°16' et 8°33' de Longitude Est. Maradi est limi té au Nord par la région d'Agadez, au Sud par le Nigeria à l'Est par la région de Zinder et à l'Ouest par celle de Tahoua. La superficie est de 38500 km2 soit 3% environ du territoire national. La géomorphologie se caractérise par un relief de bas plateaux d'une altitude moyenne de 400 m entaillé par quelques vallées fossiles : le Goulbin Maradi, le Goulbin Kaba et la Tarka. On distingue comme sols: - des sols ferrugineux lessivés compacts imperméables - les sols ferrugineux lessivés sur erg ancien ; - des sols ferrugineux lessivés en fer typiques) - des sols isolumiques (sols bruns subarides). Sur le plan textural, on distingue le groupe des sols sableux et celui des sols à dominance d'argiles et de limons En tenant compte de la notion de réserve utile et de l'utilisation pour l'agriculture pluviale, moins de 5 % de la superficie sont favorable à la culture. (100 <RU <15° et> 150 mm). Il s'agit des sols de bas-fonds des vallées du Goulbi Maradi et du Goulbin Kaba ainsi certaines dépressions du département de Tessaoua. La région de Maradi se situe dans la zone Sahélienne, avec une pluie qui décroît du sud vers le Nord. La carte de la pluviométrie moyenne de la décennie 1981-1990 fait ressortie effectivement une bande sud plus arrosée avec une moyenne comprise entre 450 et 300 mm. La pluviométrie décroît au fur et à mesure qu'on remonte vers le Nord pour atteindre environ 100 à 125 mm/an. C'est l'extrême sud du département de Madarounfa qui reçoit le plus d'eau (450 mm/an). Ces moyennes vérifient la péjoration climatique que connaît la région de Maradi. En effet sur une longue période (1968-1997) on a enregistré un recul de l'isohyète 350 mm, considérée comme la limite nord des cultures sous pluies, vers le sud du département de Dakoro. L'Etat de l'environnement au Niger 44 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Enfin, cette différence pluviométrique, est un élément marquant dans la zonation agro-écologique du département. On peut ainsi diviser la région en trois grandes zones: - l'extrême Nord qui subit un climat sec, à vocation pastorale ; - la zone centrale de transition, agro-pastorale ; - la zone sud agricole. Les ressources végétales se concentrent dans le sud-ouest de la région, dans les département de Guidan Roumdji et Madarounfa, où les conditions pluviométriques sont favorables. On note en effet 16 domaines classés et 5 domaines protégés avec une superficie d'environ 141 878 ha. La plupart ont vu leur superficie diminuer au profit des cultures. Par exemple dans le département de Guidan Roumji, les forêts classées couvrent actuellement moins de 100 ha. La forêt classée de Baban Rafi (Madarounfa) est passée de 80.000 ha à environ 40.000 ha. La région de Maradi, est peuplée de Haoussa (83 %), de peuls (10 %) de Touareg (6 %) de Béribéri (assimilés au Haoussa). A l'instar des autres régions du Niger, Maradi a connu une croissance démographique élevée. En 1960, la population était de 494 490 habitants au recensement de 1977, cette population est passée à 949 747 habitants pour atteindre 1 389 433 en 1988. Le taux de croissance est de 3.59 % % centre 3.1 % la moyenne nationale. La population est essentiellement rurale et concentrée dans la partie centrale. On observe dans cette partie centrale un noyau de villages de plus de 2000 habitants dans toute la partie sud de Mayahi, l'Ouest Tessaoua, Aguié, Madarounfa et la partie Est de Guidan Roumji. Cette concentration de la population s'explique par les conditions édaphiques relativement favorables : sols sableux dunaires et vallées du Goulbin Maradi et du Goulbin Kaba. Le niveau d'occupation des sols est très élevé comme l'indique la carte l'intensité de mise en culture. En 1988, 50 % des sols étaient occupés de 50 à 69 %. Il s'agit du noyau densément peuplé. Soulignons qu'à l'heure actuelle la saturation est quasi totale dans la zone centrale et Sud. Car la jachère n'existe pratiquement plus dans ces zones, les sols compacts qui jadis étaient délaissés car difficiles à travailler et considérés comme pâturages sont entièrement mis en valeur avec l'acquisition par les paysans de la charrue. Les conditions édaphiques déterminent également les systèmes dominants sont le mil et le niébé. Toutefois des éléments de différenciation existent. Dans les systèmes de vallée (Madarounfa) il faut ajouter à ces éléments les cultures irriguées de rente. Dans le département d'Aguié, le souchet s'est développé pour devenir la principale culture de rente. Dans les départements de Guidan Roumji, Mayahi et Tessaoua, l'arachide est encore présente. Fig.5.5 l’analyse territoriale de la région de Maradi 5.6. Caractérisation de la région de Zinder La région de Zinder est située au Centre-Est du Niger entre 12°50' et 16°30' de Latitude Nord et 7°30 et 13° de Longitude Est. Elle couvre u ne superficie de 146 170 km2 soit 11.53 % du territoire national. Elle est limitée à l'Est par la région de Diffa, à l'Ouest par celle de Maradi, au Nord par la région d'Agadez et au Sud par la République Fédérale du Nigéria. La géomorphologie de la région de Zinder est caractérisée par des formes structurales isones des formations cristallines du socle du Damaragaram Mounio, des formations gréseuses du Koutous et des calcaires du crétacé du Damergou. On observe ainsi des blocs de granites et des buttes dont les sommets peuvent atteindre 600 m (710 m pour le massif du termit). Ces buttes alternent avec des dépressions dont l'altitude moyenne tourne autour de 320m (bassin de la korama). On observe également des formes éoliennes (dunes de sables tabilisées, dunes vines). On distingue plusieurs types de sols, dont la majorité ; sur la plan textural sont à dominance sableux. L'Etat de l'environnement au Niger 45 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence - Les sols peu évolués climatiques (sols minéraux buts) très pauvres en matière organique, constitués de dunes de sable, très sensibles à l'érosion éolienne (poste administratif de tesker, dans le département de Gouré). - Les sols sub-arides tropicaux, pauvre en matière organique localisés dans les départements de Gouré, Tanout et Mirria. - Les sols ferrugineux tropicaux situés dans la zone agricole localisés dans le sud du département de Tanout, dans les département de Mirria, Matamèye. Magaria et la frange sud/sudouest du celui de Gouré. - Les sols vertiques (Nord-Ouest Tanout, Magaria, Mirria). - Les sols d'érosion (Mounia, Koutous) les sols peu évolués d'apport (Gouré) - Les sols hydromorphes (vallées et cuvettes). En considérant la réserve utile et l'utilisation pour l'agriculture pluviale (carte des sols), les sols favorables sont localisés dans le département de Magaria et dans une moindre mesure dans ceux de Matamèye et de Mirriah (100<RW<150mm). Ce qui explique la forte concentration de la population dans cette partie sud de la région de Zinder. Pour plus des 2/3 de la région, les valeurs sont médiocres à impropres aux cultures. La pluviométrie La pluviométrie décroît du sud au nord avec une moyenne d'environ 425 dans l'extrême nord-est (période 1981-1990). Cette moyenne traduit effectivement un déficit de précipitations depuis une vingtaine d'années, entraînant un déplacement des isohyètes vers le sud. L'isohyète 200 mm se stabilise aujourd'hui à la latitude de Tanout. Ceci permet de diviser la région en trois zones : - une zone désertique au nord et l'isohyète 100 mm (extrême-nord de l'Région de Gouré ; - Une zone pastorale (ou agro-pastorale ou inter-médiaire) dans le nord des départements de Gouré et Tanout ; - Une zone agricole (Magaria, Matamèye et Mirria). Les Ressources Végétales Les cartes de l'indice de végétation et des forêts classées revèlent une faible potentialité en ressources végétales très éparse mais avec une concentration dans l'extrême sud-ouest de la région (Mirria, Matamèye, Magaria et Gouré). La région dispose de 35 forêts classées : 3 à Magaria avec 1.330 ha ; 1 à Matamèye avec 665 ha, 11 à Mirria avec 17.193 ha et 20 à Gouré avec 24816 ha soit une total de 44 004 ha. Mais ces forêts sont toutes dégradées à plus de 50 % du fait de la pression agricole. Démographie et occupation du sol. La population de la région de Zinder est composée de Haoussa majoritaires, de Kanouri de peuls, de Touareg, de Toubou et d'arabes. Cette population a connu une croissance démographique forte et en accélération de l'ordre de 1.8 % au début des années 1960 elle est passée à 2.7 % en 1977 et actuellement à 3.3 %. En 1960 la population était de 639.000 habitants, elle a atteint 1.002.225 en 1977 et 1.409.417 en 1988. L'autre caractéristique, c'est que cette population est essentiellement rurale concentrés dans l'extrême sud-ouest où on observe un noyau constitué de villages de plus de 2000 habitants (carte distribution de la population rurale) dans les départements de Mirria, Matamèye et Magaria. On estime que 85 % de la population de la région résident dans cette partie. En 1988, l'intensité de la mise en culture dans cette partie extrême sud est 30 à 69 % (carte de l'intensité de la mise en cultures ADDS). Actuellement dans la zone sud, l'occupation agricole des terres est quasi achevée, alors que le nord qui disposent des ressources en terres est pratiquement vide. L'Etat de l'environnement au Niger 46 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Des systèmes culturaux sont dominés par la céréaliculture et celle du niébé. A ces cultures dominantes, s'ajoutent celles de rente comme l'arachide dans les départements de Mirria, Matamèye et Marria. Les superficies cultivées en arachide ont passé de 34.295 ha en 1987 à 149.680 ha en 1996, mais en 1998 les superficies ont chuté à 78.675 ha. Fig.5.6 l’analyse territoriale de la région de Zinder 5.7. Caractérisation de la région de Tahoua Situation géographique La région de Tahoua est située au centre du Niger et comprise entre 13°42' et 18°30' de Latitude Nord, et, 3°53' et 6°42' de Longitude est. Elle est limitée à l'ouest par les régions de Dossout Tillabéri à l'est par la région de Maradi, au nord-est par la région d'Agadez, au nord-ouest par la République fédérale du Nigéria. Elle couvre une superficie de 106.677 km2 soit 8.40 % du territoire national et compte 8 départements (Abalak, Bouza, Birnin Konni, Keïta, Madaoua, Illéla, Tahoua et Tchintabaraden). Géomorphologie et sols La région de Tahoua présente deux grands ensembles. Un ensemble constitué de paysages de Cuesta d'une altitude moyenne 400m. Ces Cuesta présentent des vallées larges et profondes (vallée Tadiss, Badaguichiri, Keïta, Majiya, Tarka). L'autre ensemble est celui des formations éoliennes (dunes fixées, dunes vives) localisé dans les parties nord, ouest et est de la région. D'une manière générale, les sols de la région de Tahoua sont classés parmi les sols bruns subarides et brun-rouges subarides. On distingue ainsi selon les unités géomorphologiques les sols suivants: - Les sols de plateaux (revers de Custa) sont constitués de cuirasse, mais les micro dépressions des sols brun-rouges graveleux ; on observe également des sols dunaires ou de simples placages éoliens ; - sur les versants se sont développés des sols gravaillonnaires ; toutefois sur les replats des glissements gréseux les sols sont limono-sableux ondurés. - Les sols de glacis sont sablo-limono à limono-sableux. - dans les bas-fonds on observe des sols lourds limono-argileux à argilo-limoneux. Dans l'ensemble ces sols ont une réserve utile faible à très faible donc ne sont pas favorable pour les cultures, exception faites des sols de bas-fonds (100< RW<150 mm voire >150 mm) (carte des sols par réserve utile). La pluviométrie La situation géographique confère à la région de Tahoua un climat contraignant. La pluviométrie décroît du nord au sud, avec une moyenne faible comprise 350 mm à environ 75 mm (période 1981-1990). La région de Tahoua à l'instar du reste du pays connaît ces vingts dernières années une péjoration climatique conduisant à un recul des isohyètes vers le sud. L'isohyète 350 mm passe par la ville de Tahoua alors qu'elle était située plus au nord avant 1968. Au nord de Tahoua, tout ce département et ceux de Tchinta et Asalak sont situés au nord de l'isohyète 350 mm. Les autres départements comme Illéla, Madaoua, Keïta, Bouza et une partie de Birnin Konni sont compris entre les isohyètes 450 mm et 350 mm. Le sud du département de Konni est mieux arrosé avec plus de 450 mm. La région se subdivise ainsi en deux grandes zones : L'Etat de l'environnement au Niger 47 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence - une zone pastorale au nord de Tahoua ; - une zone agricole au sud de Tahoua. Les Ressources Végétales Les cartes de végétations (NDVI Max et forêts classées) montrent une faible potentialité en ressources végétales très éparses et concentrées dans la partie sud de la région. Les formations végétales assez denses se localisent dans les bas-fonds. La région dispose toutefois de 9 forêts classées couvrant une superficie de 11 653 ha au classement ; en 1993, elles ne couvraient que 4.400 ha. Ce qui illustre toute la pression de l'agriculture sur les forêts et qui explique également les opérations de reboisements entreprises très tôt par des projets et ONG. Démographie et occupation du sol La population de la région de Tahoua est composé de Haoussa majoritaire, Touareg, Peul, Arabes. Elle connaît également une croissance élevée. En 1963, la population était de 679.799, en 1988 elle était de 1.306.948 habitants. Le taux de croissance est de 2.62 %. Cette population est essentiellement rurale, et près de 70 ù vivent dans la zone sud et le centre. La carte de répartition de la population fait ressortir une concentration forte dans la partie sud-est qui correspond à la zone des vallées (Badaguichiri, Keïta, Tarka, Majiya). Dans cette partie, l'intensité de mise en cultures en 1988 (carte intensité de mise en culture) est comprise entre 49 % à 69 %. Soulignons que ces zones de vallées sont actuellement saturées. La zone nord a une vocation pastorale ; toutefois la saturation de la zone sud paisse les paysans à occuper ces terres marginales. Dans la zone sud agricole, les systèmes culturaux sont dominés dans l'ensemble par deux éléments : mil-niébé. Mais dans toute zone, se développe la culture de rente par excellence de la région, à forte valeur marchande à savoir l'oignon. Fig.5.7 l’analyse territoriale de la région de Tahoua L'Etat de l'environnement au Niger 48 O.S.S. - Paris Ce.S.I.A. - Florence Bibliographie - - - - Bernus E., Hamidou S.A., Les atlas d’Afrique, Atlas du Niger, 1980, Ed. 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