|François-Mitterrand
5 octobre I 28 novembre 2010
La BnF présente l’œuvre de Bernard Villemot, l’un des plus grands artistes français de
l’affiche. À l’occasion du généreux don de ses héritiers, plus de 200 affiches, dessins,
esquisses et travaux préparatoires sont exposés dans la Galerie des donateurs : ils
permettent d’éclairer l’art de celui dont le nom reste lié aux marques Orangina, Bally ou
Perrier, ainsi qu’à de grandes campagnes publicitaires des années 1950 -1960.
De la fin des années 1930 au début des années 1980, les affiches de Bernard Villemot (1911-
1989) ont accompagné plusieurs décennies de la vie française au point d’être fortement
ancrées dans la mémoire collective.
Elles témoignent notamment de la vitalité et de l’optimisme des « Trente glorieuses » :
emprunts pour l’équipement du pays (Obligations du Trésor, 1953 ; Emprunts EDF des années
1960) et promotion du confort domestique avec ses téléviseurs, radios, réfrigérateurs et
autres équipements électro-ménagers (Chauffe-eau électrique, 1956, Frigidaire, 1965, Pathé
Marconi, 1970).
Durant toutes ces années, Bernard Villemot signe des campagnes pour de grandes causes
nationales : lutte contre l’alcoolisme (Quand les parents boivent les enfants trinquent, 1957)
et contre le cancer (Vaincre le cancer, 1958), répond également à des commandes d’affiches
de voyage et de tourisme pour les grandes entreprises ou le ministère du tourisme (SNCF,
Air France).
Enfin, la publicité de produits divers contribue à sa célébrité : boissons Pam Pam ou Cinzano
et les fameuses séries Orangina et Perrier. Pour les chaussures Bally, l’affichiste réalise un
remarquable ensemble à partir de 1967, au moment où les agences de publicité tendent
de plus en plus à délaisser les dessinateurs au profit des photographes. Villemot aura
connu à la fois l’apogée et la fin des dessinateurs affichistes, dont il est l’un des plus grands
représentants.
Toute la carrière de Bernard Villemot est évoquée dans l’exposition, y compris les débuts et
la période de la guerre où il répondait déjà à des commandes publiques (il réalisa le tryptique
Travail, famille, patrie en 1941) : « L’avant-guerre, ce fut mes débuts, la guerre, ce fut la survie,
et mon activité n’a vraiment commencé qu’après la guerre, à partir de 1946 » disait-il. Une
quarantaine d’affiches auxquelles s’ajoutent quelque cent quatre-vingts croquis préparatoires
montrent l’importance des recherches de l’artiste, en particulier sur les couleurs : « En ce
qui me concerne, le moteur principal c’est certainement la couleur » affirmait Villemot qui
estimait que l’enseignement le plus précieux qu’il avait reçu de son maître, le grand affichiste
Paul Colin, était « celui de réaliser des affiches comme des peintures ».