LA RÉVOLUTION FRANÇAISE - 1789, ANNÉE RÉVOLUTIONNAIRE - N°4 LE BILAN DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUANTE 9 juillet 1789 - 30 septembre 1791 I LA SITUATION DE CET ÉPISODE DANS LE CADRE DE LA RÉVOLUTION 1 - Un épisode de la révolution parlementaire 2 - La première grande création révolutionnaire : l’Assemblée Nationale Constituante II LA CRÉATION DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUANTE 1 - La conséquence de l’échec des États Généraux (5 mai- 17 juin 1789) 2 - La création de l’Assemblée Nationale par le Tiers le 17 juin 3 - Le serment du jeu de paume le 20 juin, un coup d’état du Tiers 4 - Le statut désormais officiel de l’Assemblée Nationale après le 27 juin 5 - Le 9 juillet 1789, elle devient l’Assemblée Nationale Constituante 6 - L’objectif : donner à la France une constitution (3 septembre 1791) 7 - Le cœur de la révolution pendant deux ans : 9 juillet 1789 - 30 septembre 1791 III LE FONCTIONNEMENT DE LA CONSTITUANTE 1 - L’organisation de l’assemblée nationale constituante (1789-1791) 2 - Elle siégera à Versailles, puis à Paris au Manège des Tuileries à partir du 9 novembre 3 - L’extension des locaux de l’assemblée dans les couvents des Capucins et des Feuillants 4 - La disposition de la salle du Manège 5 - Les députés de la constituante 6 - La présidence et les secrétaires de l’assemblée 7 - Le fonctionnement des séances et des comités 8 - La publicité des débats par le Moniteur universel 9 - Les principaux courants politiques : aristocrates, constitutionnels et patriotes radicaux 10 - L’organisation des partis, le rôle croissant des clubs révolutionnaires 11 - Les principaux orateurs 12 - Les travaux et les crises auxquelles elle a du faire face 13 - La fin de l’Assemblée Nationale constituante le 30 septembre 1791, le début de la Législative 14 - Le sort éphémère de la Constitution et de la monarchie constitutionnelle IV LE BILAN DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUANTE 1 - Une immense œuvre créatrice malgré le tumulte de la période et la montée des oppositions 2 - Les réformes administratives 3 - Les réformes judiciaires 4 - Les réformes fiscales 5 - Les réformes économiques 6 - Les mesures dans le domaine civil 7 - Les mesures religieuses 8 - Les mesures constitutionnelles 9 - Les mesures militaires 10 - Et surtout, elle élabore la première constitution de France le 3 septembre 1971 11 - Les limites politiques et les erreurs de la Constituante V SES CONSÉQUENCES ET RÉPERCUSSIONS 1 - La première assemblée française, la première expérience parlementaire française 2 - Une assemblée prise entre les émeutes populaires et les contre révolutionnaires Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 1 3 - La neutralisation progressive du pouvoir royal 4 - La naissance des premiers courants politiques contemporains 5 - La naissance du peuple comme acteur politique, grâce notamment à la presse 6 - La première forme de démocratie en France 7 - Une œuvre politique immense, qui fait l’essentiel du travail de la révolution VI CONCLUSION 1 - En septembre 1791, la révolution aurait pu être close 2 - Mais, ce n’était que la fin du premier quart-temps de la Révolution française ORA ET LABORA Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 2 Document 1 : Gravure des trois ordres qui s'unissent pour forger à coups de marteau une nouvelle constitution pour la France (gravure anonyme, Musée Carnavalet). Document 2 : Situation de la salle du Manège et du couvent des Feuillants à Paris, où l’Assemblée Nationale Constituante siégera à partir du 19 novembre (plan de Paris de Turgot). Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 3 Document 3 : Vue transversale de la salle du Manège sous la Révolution. Document 4 : Séance de l'Assemblée Nationale constituante dans la salle du Manège à Paris (gravure du 18ème siècle, BNF). L’orateur fait face au président. Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 4 Document 5 : Liste des présidents de l’Assemblée Nationale Constituante, de 1789 à 1791. ANNÉE 1789 17 juin 1789 - 3 juillet 1789 : 3 juillet 1789 : 3 juillet 1789 - 17 juillet 1789 : 18 juillet 1789 - 2 août 1789 : 3 août 1789 : 3 août 1789 - 16 août 1789 : 17 août 1789 - 30 août 1789 : 31 août 1789 - 13 septembre 1789 : 14 septembre 1789 - 27 septembre 1789 : 28 septembre 1789 - 9 octobre 1789 : 10 octobre 1789 - 27 octobre 1789 : 28 octobre 1789 - 11 novembre 1789 : 12 novembre 1789 - 22 novembre 1789 : 23 novembre 1789 - 4 décembre 1789 : 5 décembre 1789 - 21 décembre 1789 : 22 décembre 1789 - 3 janvier 1790 : Jean-Sylvain BAILLY Louis-Philippe d'ORLÉANS, dit Philippe Égalité, qui refuse la présidence Jean-Georges LEFRANC de POMPIGNAN François-Alexandre de LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT Jacques-Guillaume THOURET (refuse la présidence) Isaac-René-Guy LE CHAPELIER Stanislas de CLERMONT-TONNERRE César-Guillaume de LA LUZERNE Stanislas de CLERMONT-TONNERRE Jean-Joseph MOUNIER Emmanuel FRÉTEAU de SAINT JUST Armand-Gaston CAMUS Jacques-Guillaume THOURET Raymond de BOISGELIN de CUCÉ Emmanuel FRÉTEAU de SAINT JUST Jean-Nicolas DÉMEUNIER ANNÉE 1790 4 janvier 1790 - 17 janvier 1790 : 18 janvier 1790 - 1er février 1790 : 2 février 1790 - 15 février 1790 : 16 février 1790 - 27 février 1790 : 28 février 1790 - 14 mars 1790 : 15 mars 1790 - 26 mars 1790 : 27 mars 1790 - 11 avril 1790 : 12 avril 1790 - 26 avril 1790 : 27 avril 1790 - 28 avril 1790 : 29 avril 1790 - 7 mai 1790 : 8 mai 1790 - 26 mai 1790 : 27 mai 1790 - 7 juin 1790 : 8 juin 1790 - 20 juin 1790 : 21 juin 1790 - 4 juillet 1790 : 5 juillet 1790 - 19 juillet 1790 : 20 juillet 1790 - 30 juillet 1790 : 31 juillet 1790 - 15 août 1790 : 16 août 1790 - 29 août 1790 : 30 août 1790 - 10 septembre 1790 : 11 septembre 1790 - 24 septembre 1790 : 25 septembre 1790 - 8 octobre 1790 : 9 octobre 1790 - 24 octobre 1790 : 25 octobre 1790 - 7 novembre 1790 : 8 novembre 1790 - 19 novembre 1790 : 20 novembre 1790 - 3 décembre 1790 : 4 décembre 1790 - 20 décembre 1790 : 20 décembre 1790 : 21 décembre 1790 - 3 janvier 1791 : François-Xavier de MONTESQUIOUFEZENSAC Guy-Jean-Baptiste TARGET Jean-Xavier BUREAUX de PUSY Charles-Maurice de TALLEYRANDPÉRIGORD François-Xavier de MONTESQUIOUFEZENSAC Jean-Paul RABAUT SAINT-ÉTIENNE Jean-François de MENOU Charles-François de BONNAY François-Henri de VIRIEU (démissionnaire) Jean-Louis GOUTTES Jacques-Guillaume THOURET Bon-Albert BRIOIS de BAUMETZ Emmanuel-Joseph SIEYÈS Louis-Michel LE PELETIER de SAINTFARGEAU Charles-François de BONNAY Jean-Baptiste TREILHARD Antoine d'ANDRÉ Pierre-Samuel du PONT de NEMOURS Joseph-Henri de JESSÉ Jean-Xavier BUREAUX de PUSY Jean-Louis EMMERY Philippe-Antoine MERLIN de DOUAI Antoine BARNAVE Charles-Antoine CHASSET Alexandre de LAMETH Jérôme PÉTION de VILLENEUVE Charles-François de BONNAY (refuse la présidence) Antoine d'ANDRÉ ANNÉE 1791 4 janvier 1791 - 17 janvier 1791 : 19 janvier 1791 - 28 janvier 1791: 29 janvier 1791 - 13 février 1791 : 14 février 1791 - 25 février 1791 : Jean-Louis EMMERY Baptiste Grégoire Honoré-Gabriel de MIRABEAU Adrien DUPORT Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 5 26 février 1791 - 13 mars 1791 : 14 mars 1791 - 29 mars 1791 : 30 mars 1791 - 8 avril 1791 : 9 avril 1791 - 22 avril 1791 : 23 avril 1791 - 8 mai 1791 : 9 mai 1791 - 23 mai 1791 : 24 mai 1791 - 5 juin 1791 : 6 juin 1791 - 18 juin 1791 : 19 juin 1791 - 2 juillet 1791 : 3 juillet 1791 - 18 juillet 1791 : 19 juillet 1791 - 29 juillet 1791 : 30 juillet 1791 - 12 août 1791 : 14 août 1791 - 26 août 1791 : 27 août 1791 - 9 septembre 1791 : 12 septembre 1791 - 30 septembre 1791 : Louis-Marie de NOAILLES Anne-Pierre de MONTESQUIOUFEZENSAC François-Denis TRONCHET Jean-Baptiste-Charles CHABROUD Jean-François REUBELL Antoine d'ANDRÉ Jean-Xavier BUREAUX de PUSY Luc DAUCHY Alexandre de BEAUHARNAIS Charles de LAMETH Joseph DEFERMON des CHAPELIÈRES Alexandre de BEAUHARNAIS Charles-Louis-Victor de BROGLIE Théodore VERNIER Jacques-Guillaume THOURET Document 6 : Voici une description des séances de l'Assemblée Nationale Constituante par Chateaubriand avant son départ pour l'Amérique en avril 1791, lorsqu’il séjourna à Paris. Dans ses Mémoires, il donne des descriptions pleines de vie des événements dont il fut le témoin. Les séances de l'Assemblée nationale offraient un intérêt dont les séances de nos chambres sont loin d'approcher [allusion aux deux chambres, Pairs et Députés, de la Restauration car ces ligues furent écrites en 1821]. On se levait de bonne heure pour trouver place dans les tribunes encombrées. Les députés arrivaient en mangeant, causant, gesticulant ; ils se groupaient dans les diverses parties de la salle selon leurs opinions. Lecture du procès-verbal ; après cette lecture, développement du sujet convenu ou motion extraordinaire. Il ne s'agissait pas de quelque article insipide de loi ; rarement une destruction manquait d'être à l'ordre du jour [abolition d'une institution de l'Ancien régime]. On parlait pour on contre ; tout le monde improvisait bien ou mal. Les débats devenaient orageux ; les tribunes se mêlaient à la discussion, applaudissaient et glorifiaient, sifflaient et huaient les orateurs. Le Président agitait sa sonnette ; les députés s'apostrophaient d'un banc à l'autre. Mirabeau le jeune [député de la noblesse de Limoges, dit Mirabeau-Tonneau pour le différencier du grand Mirabeau] prenait au collet son compétiteur ; Mirabeau l'aîné [frère du précédent, député du Tiers d'Aix-en-Provence] criait : “Silence aux trente voix !” [apostrophe célèbre s'adressant à l'extrême gauche qui proposait une loi contre les émigrés que Mirabeau fit repousser]. Un jour j'étais placé derrière l'opposition royaliste ; j'avais devant moi un gentilhomme dauphinois, noir de visage, petit de taille, qui sautait de fureur sur son siège, et disait à ses amis : “Tombons, l'épée à la main, sur ces gueux-là”. Il montrait le côté de la majorité. Les dames de la Halle, tricotant dans les tribunes, l'entendirent, se levèrent et crièrent, toutes à la fois, leurs chausses à la main, l'écume à la bouche : “À la lanterne ! [allusion aux potences supportant les réverbères éclairant les rues auxquelles des aristocrates furent pendus]. Le vicomte de Mirabeau [un autre membre de la famille Mirabeau mais qui n'était pas député et qui était dans une tribune], Lautrec et quelques jeunes nobles voulaient donner l'assaut aux tribunes. Bientôt ce fracas était étouffé par un autre ; des pétitionnaires, armés de piques, paraissaient à la barre : “Le peuple meurt de faim, disaient-ils ; il est temps de prendre des mesures contre les aristocrates et de s'élever à “la hauteur des circonstances”. Le président assurait ces citoyens de son respect : “On a l'œil sur les traîtres, répondait-il, et l'Assemblée fera justice”. Là-dessus, nouveau vacarme ; les députés de droite s'écriaient qu'on allait à l'anarchie ; les députés de gauche répliquaient que le peuple était libre d'exprimer sa volonté, qu'il avait le droit de se plaindre des fauteurs du despotisme, assis jusque dans le sein de la représentation nationale ; ils désignaient ainsi leurs collègues à ce peuple souverain, qui les attendait au réverbère [allusion aux potences supportant les réverbères auxquelles des aristocrates furent pendus par le peuple]. Les séances du soir l'emportaient en scandale sur les séances du matin ; on parle mieux et plus hardiment à la lumière des lustres. La salle du manège était alors une véritable salle de spectacle, où se jouait un des plus grands drames du monde. Les premiers personnages appartenaient encore à l'ancien ordre de choses ; leurs terribles remplaçants, cachés derrière eux, parlaient peu ou point. À la fin d'une discussion violente, je vis monter à la tribune un député d'un air commun, d'une figure grise et Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 6 inanimée, régulièrement coiffé, proprement habillé comme le régisseur d'une bonne maison, ou comme un notaire de village soigneux de sa personne. Il fit un rapport long et ennuyeux ; on ne l'écouta pas ; je demandais son nom : c'était Robespierre. Les gens à souliers étaient prêts à sortir des salons, et déjà les sabots heurtaient à la porte. Chateaubriand (1768-1848) Mémoires d'Outre Tombe Document 7 : Quelques actes importants de l’Assemblée : Sceau de l’Assemblée Nationale depuis 1789 1789 - 4 août : Abolition de tous les privilèges féodaux - 23 et 24 août : Décret proclamant la liberté des opinions religieuses et la liberté de la presse - 26 août : Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - 28 août 1789 : L'Assemblée Nationale se divise sur la question du veto. Naissance de la droite et de la gauche parlementaire : ceux qui sont favorables au veto s'assoient à droite du Président de séance, les autres à gauche - 10 septembre 1789 : Rejet du bicamérisme, adoption d'une Chambre unique - 11 septembre 1789 : Rejet du droit de veto absolu, adoption du droit de veto suspensif du roi - 15 octobre : Suppression des Ordres de l'Ancien Régime - 19 octobre : Translation de l'Assemblée nationale à Paris - 22 octobre : Division des hommes en citoyens "passifs" et "actifs", instauration du suffrage censitaire : il faudra payer une contribution égale à 3 journées de travail pour être électeur - 29 octobre : Adoption d’un critère censitaire de 55 livres pour être éligible à l'Assemblée Nationale - 2 novembre : Déclaration que les biens du clergé sont mis à la disposition de l'État comme biens nationaux - 17 décembre : Création d'un papier-monnaie sous le nom d'assignats 1790 - 4 janvier : Création des communes et division du royaume en 83 départements - 7 février 1790 : Création de l’ébauche de l’armée nationale avec la garde nationale - 13 février 1790: Suppression des ordres monastiques - 19 juin : Suppression de tous les titres de noblesse Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 7 - 12 juillet: Constitution civile du clergé - 14 juillet : Fête de la Fédération, célébrée au Champ-de-Mars de Paris - 16 et 24 août 1790 : L’organisation de la justice et la dualité des ordres de juridiction. - 27 novembre : Décret relatif à la prestation de serment de tout ecclésiastique fonctionnaire public. 1791 - 2 mars : Abolition des corporations (Décret Allarde et loi Le Chapelier du 17 juin) - 26 mai : L'Assemblée décide que le Louvre abritera tous les objets et œuvres d'art - 5 juin : Décret qui ôte au roi le droit de faire grâce - Le 13 juin : Elle organise pour chaque département une conscription libre de gardes nationales. - 15 juillet : Déclaration que le roi, qui avait tenté de fuir, sera suspendu de ses fonctions jusqu'à ce qu'on lui ait présenté l'acte constitutionnel - 30 juillet : Abolition des ordres de chevalerie. - 3 septembre : La première constitution est adoptée par l'assemblée nationale - 1er octobre : L'Assemblée Constituante prend fin et laisse la place à l'Assemblée législative Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 8 Document 8 : En attendant l’adoption de la constitution définitive en 1791, la Constituante adopta une constitution provisoire, les Articles de constitution, qui instaurent en France un régime de monarchie constitutionnelle à la place de la royauté de droit divin et de ses lois d’Ancien Régime. Voté par la Constituante pendant plusieurs séances échelonnées entre le 3 septembre et le 1er octobre 1789, ce texte comporte dix-neuf articles qui ont été promulgués le 3 novembre 1789 par lettres patentes du roi Louis XVI en même temps que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui lui sert de préambule. Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 9 Ce texte politique de loi affirme pour la première fois le passage de l'origine du pouvoir de Dieu à la Nation (représenté par l’Assemblée nationale), de la souveraineté du Roi à celle de la Loi, et il met pour la première fois en oeuvre de façon stricte le principe de la séparation des pouvoirs, c'est-à-dire l'autonomie du pouvoir législatif qui est confié à l'Assemblée Nationale. L'objectif de ces articles de constitution de 1789 est résumé dans l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : "Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution." Mis en application avant même leur promulgation, ces articles seront en partie repris ou modifiés dans la constitution de 1791 que les historiens considèrent comme la première véritable constitution écrite. Document 9 : Exemples de textes législatifs de la Constituante, les lois abolissants les corporations avec le décret Allarde et la loi Le Chapelier. Par une loi du 2-17 mars 1791, la Constituante avait aboli les corporations ; sous prétexte d'en prévenir la renaissance, une nouvelle loi interdit toute association entre gens de métier et considéra comme un délit toute coalition ouvrière. Décret du 2 mars 1791 (décret Allarde) ARTICLE PREMIER L'anéantissement de toutes les espèces de Corporations d'un même état et profession étant une des bases fondamentales de la Constitution Française, il est défendu de les rétablir sous quelque prétexte et quelque forme que ce soit. ARTICLE SECOND Les citoyens d'un même état ou profession, les entrepreneurs, ceux qui ont boutique ouverte ne pourront, lorsqu'ils se trouveront ensemble, se nommer ni présidents, ni secrétaires, ni syndics, tenir des registres, prendre des arrêtés ou délibération, former des règlements sur leurs prétendus intérêts communs . *** Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 10 Loi Le Chapelier du 14 juin 1791 Art. 1. L'anéantissement de toutes espèces de corporations des citoyens du même état ou profession étant une des bases fondamentales de la constitution française, il est défendu de les rétablir de fait, sous quelque prétexte et quelque forme que ce soit. Art. 2. Les citoyens d'un même état ou profession, les entrepreneurs, ceux qui ont boutique ouverte, les ouvriers et compagnons d'un art quelconque ne pourront, lorsqu'ils se trouveront ensemble, se nommer ni président, ni secrétaires, ni syndics, tenir des registres, prendre des arrêtés ou délibérations, former des règlements sur leurs prétendus intérêts communs. Art. 3. Il est interdit à tous les corps administratifs ou municipaux de recevoir aucune adresse ou pétition pour la dénomination d'un état ou profession, d'y faire aucune réponse ; et il leur est enjoint de déclarer nulles les délibérations qui pourraient être prises de cette manière, et de veiller soigneusement à ce qu'il ne leur soit donné aucune suite ni exécution. Art. 4. Si, contre les principes de la liberté et de la constitution, des citoyens attachés aux mêmes professions, arts et métiers, prenaient des délibérations, ou faisaient entre eux des conventions tendant à n'accorder qu'à un prix déterminé le secours de leur industrie ou de leurs travaux, lesdites délibérations et conventions, accompagnées ou non du serment, sont déclarées inconstitutionnelles, attentatoires à la liberté et à la déclaration des droits de l'homme, et de nul effet ; les corps administratifs et municipaux seront tenus de les déclarer telles. Les auteurs, chefs et instigateurs, qui les auront provoquées, rédigées ou présidées, seront cités devant le tribunal de police, à la requête du procureur de la commune, condamnés chacun en cinq cent livres d'amende, et suspendus pendant un an de l'exercice de tous droits de citoyen actif, et de l'entrée dans toutes les assemblées primaires. Art. 5. Il est défendu à tous corps administratifs et municipaux, à peine par leurs membres d'en répondre en leur propre nom, d'employer, admettre ou souffrir qu'on admette aux ouvrages de leurs professions dans aucuns travaux publics, ceux des entrepreneurs, ouvriers et compagnons qui provoqueraient ou signeraient lesdites délibérations ou conventions, si ce n'est dans les le cas où, de leur propre mouvement, ils se seraient présentés au greffe du tribunal de police pour se rétracter ou désavouer. Art. 6. Si lesdites délibérations ou convocations, affiches apposées, lettres circulaires, contenaient quelques menaces contre les entrepreneurs, artisans, ouvriers ou journaliers étrangers qui viendraient travailler dans le lieu, ou contre ceux qui se contenteraient d'un salaire inférieur, tous auteurs, instigateurs et signataires des actes ou écrits, seront punis d'une amende de mille livres chacun et de trois mois de prison. Art. 7. Ceux qui useraient de menaces ou de violences contre les ouvriers usant de la liberté accordée par les lois constitutionnelles au travail et à l'industrie, seront poursuivis par la voie criminelle et punis suivant la rigueur des lois, comme perturbateurs du repos public. Art. 8. Tous attroupements composés d'artisans, ouvriers, compagnons, journaliers, ou excités par eux contre le libre exercice de l'industrie et du travail appartenant à toutes sortes de personnes, et sous toute espèce de conditions convenues de gré à gré, ou contre l'action de la police et l'exécution des jugements rendus en cette matière, ainsi que contre les enchères et adjudications publiques de diverses entreprises, seront tenus pour attroupements séditieux, et, comme tels, ils seront dissipés par les dépositaires de la force publique, sur les réquisitions légales qui leur en seront faites, et punis selon tout la rigueur des lois sur les auteurs, instigateurs et chefs desdits attroupement, et sur tous ceux qui auront commis des voies de fait et des actes de violence. Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 11 DÉCOUVREZ NOTRE AUDIOTHÈQUE pour télécharger cette conférence, celles de la bibliographie et des centaines d’autres Tous nos cours et conférences sont enregistrés et disponibles dans notre AUDIOTHÈQUE en CD et DVD. Des milliers d’enregistrements à disposition, notre catalogue est sur notre site : www.alderan-philo.org. Plusieurs formules sont à votre disposition pour les obtenir : 1 - PHILO UPLOAD : un abonnement annuel pour un libre accès à la totalité des enregistrements disponibles. Présentation sur notre site internet ou envoyez-nous un email avec le code PHILO UPLOAD et laissez-vous guider en quelques clics : [email protected] 2 - TÉLÉCHARGEMENT : vous commandez la conférence ou le cycle qui vous intéresse via internet. C’est rapide et économique. 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Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 12 POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS - Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen Cycle I - La montée des tensions 1 - Qu’est-ce qu’une révolution ? 2 - Introduction générale à la Révolution française, la décade révolutionnaire 3 - La Révolution française, enjeux philosophiques et enjeux politiques 4 - Les structures de l’Ancien Régime 5 - Le couple royal, personnification du régime 6 - L’évolution des mentalités, les conséquences des Lumières 7 - La guerre d’indépendance américaine et ses influences sur la Révolution française 8 - L'état de la France à la veille de la Révolution française 9 - Le système fiscal de l'Ancien Régime 10 - 1774-1788, l'impasse constitutionnelle 11 - La crise du royaume et la journée des tuiles de 1788 1507 3011-01 1507 3011-02 1507 3011-03 1507 3011-04 1507 3011-05 1507 3011-06 1507 3011-07 1507 3011-08 1507 3011-09 1507 3011-10 1507 3011-11 Cycle II - 1789, année révolutionnaire 1 - Les cahiers de doléance, radioscopie du royaume 2 - Les États Généraux, l’éveil politique du peuple 3 - Le Serment du jeu de Paume 4 - L'assemblée constituante, nature et œuvre 5 - La prise de la Bastille 6 - La grande peur de l’été 1789 7 - La nuit du 4 août 1789, l’abolition des privilèges 8 - Le 26 août 1789, le vote de la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen 9 - Les journées d'octobre, le retour du roi à Paris 10 - Journaux et gazettes, le rôle de la presse dans la Révolution française 1507 3012-01 1507 3012-02 1507 3012-03 1507 3012-04 1507 3012-05 1507 3012-06 1507 3012-07 1507 3012-08 1507 3012-09 1507 3012-10 Livres généraux sur ces questions - 1789, l'année sans pareille, Michel Winock, Perrin, 2004 - La révolution française 1789 -1799, Michel Vovelle, Éditions Armand Colin, 1998 - 1789, Guy Chaussinand-Nogaret, Éditions Hervas, 1989 - L’État de la France pendant la Révolution, 1788-1799, Collectif, La Découverte, 1988 - Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, Jean Tulard, J-F Fayard, Alfred Fierro, Laffont, 1987 - Histoire de la révolution française, Jean-Claude Hallé, Nathan, 1983 - Textes Historiques, 1789-1799, l’Époque de la Révolution, Martial Chaulanges, André-Georges Manry, R. Sève, Librairie Delagrave, 1972 - La Révolution française, François Furet et Denis Richet (1965), Hachette, 1988 Quelques livres sur l’Assemblée Constituante - Les 50 mots clefs de la Révolution française, Michel Péronnet (1983), Privat, 2005 - La Chute de la monarchie (1787–1792), Michel Vovelle, Seuil, 1999 - La Naissance de la Souveraineté nationale, Collectif, catalogue d'exposition, Archives Nationales, févrieravril, 1989 - Les Tuileries, palais de la Révolution (1789-1799), Antoine Boulant, Imprimerie Bené, 1989 - La vie aux Tuileries pendant la Révolution, Mathieu Couty, Tallandier, 1988 - Jacques-Antoine Creuzé-Latouche, Journal des États généraux et du début de l'Assemblée nationale, Didier, 1946 Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 13 Que ceci soit la fin du livre et non la fin de la recherche Association ALDÉRAN © - Cycle de cours 1507 3012 : “La Révolution française” - 04/05/2012 - page 14