HOMO PRAEDATOR L`homme est un prédateur universel

CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
HOMO PRAEDATOR
L’homme est un prédateur universel
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-161
L’HOMO PRAEDATOR, L’HOMME EST UN PRÉDATEUR UNIVERSEL
Conférence d’introduction à l’année philosophique 2004 sur l’esclavage
conférence d’Éric Lowen donnée le 25/02/2010
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Être humain, c’est être conscient de soi, mais la conscience de soi ne suffit plus aujourd'hui, il
faut aussi être conscient de son humanité et de l’Humanité. Au 18ème siècle, Montesquieu
demandait «Comment peut-on être persan ; au 21ème siècle, l’interrogation
correspondante est “Comment peut-on être humain sans passer par la conscience de
l’Humanité ?” Un nouveau défi apparaît, celui d’inclure dans la conscience de soi la
conscience de l’humanité. Quels en sont les principes ? Quels intérêts ? Sur quoi se fonde-t-
elle ? Est-elle inhérente ou acquise ? Quelles conséquences ?
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HOMO PRAEDATOR
L’homme est un prédateur universel
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
“Homo homini lupus” - L'homme est un loup pour l'homme.
Plaute (vers - 254 - 184 av. J.-C.)
Asinaria, La Comédie des ânes
I QUEL REGARD L’HOMME AVAIT-IL SUR LUI-MÊME ?
1 - Les critères classiques qui définissent l’homme sont choisis pour nous valoriser
2 - Ils indiquent surtout ce qui nous distingue des animaux et que ce que nous avons en commun
3 - La conséquence d’une séparation classique de nature entre l’Homme et la Nature
4 - L’homme pensé comme “hors-nature” présente dès lors des comportements “hors-nature”
5 - Ce qui conduit à des recherches d’explications non-naturelles des problèmes humains
6 - Au final, une incompréhension de la nature humaine et de nos comportements
II LA NATURALISATION DE L’HOMME
1 - La réintroduction de l’homme dans la nature grâce aux progrès des connaissances
2 - La naturalisation de l’homme
3 - L’homme, espèce naturelle, reprend une place normale dans la Nature et les autres espèces
4 - L’homme est inséré dans le fonctionnement écologique naturel des espèces et des écosystèmes
5 - L’homme est intégré dans un réseau d’interdépendances écologiques gaïennes
6 - La nécessité pour comprendre l’homme de faire appel à une analyse écosystémique
7 - Et de faire appel à une éthologie humaine
III L’HOMO SAPIENS COMME PRÉDATEUR UNIVERSEL
1 - L’Homo Sapiens est un prédateur universel : l’homo praedator
2 - Qu’est-ce qu’un prédateur ?
3 - Qu’est-ce qu’un prédateur universel ?
4 - Les raisons naturelles et culturelles de notre position prédatoriale universelle
5 - Le passage d’un prédateur supérieur au stade d’un prédateur universel et planétaire
6 - La complexificaté de la prédation humaine, une prédation vraiment universelle
7 - Les défauts de notre force : l’Homo Sapiens est aussi son propre prédateur
8 - De la prédation naturelle à la prédation sociale
IV LES CONSÉQUENCES DE LA RECONNAISSANCE DE NOTRE DIMENSION PRÉDATORIALE
1 - La difficulté psychologique d’accepter ce principe comme critère de notre identité humaine
2 - Être prédateur universel n’est ni bien ni mal, c’est un fait de nature amoral
3 - Nous ne pourrions être humain sans être prédateur universel
4 - Une force de survie pour l’Humanité mais force auto-destructrice pour les individus
5 - L’origine du bien et du mal dans la condition humaine
6 - L’explication de la violence humaine et des comportements prédatoriaux dans l’histoire
7 - La tentation de l’enfermement dans une sociobiologie fataliste et justificative
8 - L’homo praedator nous donne aussi les moyens de son auto-régulation
9 - Les immenses implications écologiques gaïennes de notre position dans le vivant
10 - Suprême prédateur sur notre planète, nous sommes aussi sélectionneur universel
V CONCLUSION
1 - L’acceptation de notre nature prédatoriale et du défi du dépassement de ses aspects négatifs
2 - Un défi majeur de l’Humanité, le prédateur universel doit dominer le prédateur universel !
ORA ET LABORA
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Document 1 : Une expression classique de l’homo praedator sur le plan collectif est la guerre, qui
accompagne sous des formes diverses l’homme depuis ses lointaines origines.
La guerre est à ce point présente dans l'histoire des hommes que la plupart l'acceptent
comme un fait naturel qu'ils déplorent ou au contraire exaltent. Jacqueline de Romilly fait
remarquer que les tragiques grecs qui ne peuvent que constater la violence qui existe et
les guerres qui déchirent les cités grecques, les regrettent ou les condamnent. La
tendance actuelle est de croire que les grandes religions sont, par essence, hostiles à la
guerre. Mais nous savons pourtant que ce ne fut pas toujours le cas. L'Assyrie était
dirigée par une théocratie militaire, son souverain recevait le pouvoir de Dieu pour régner
sur les hommes et les soumettre. De ce fait, la guerre devenait une nécessité continuelle
justifiée. Le dieu des Incas vivait de sacrifices humains, de la mort des prisonniers de
guerre. De nos jours, les Achuars (Jivaros) considèrent la guerre comme «une vertu
cardinale», source de prestige, elle renforce la solidarité, raffermit l'identité ethnique et
permet le renouvellement rituel des âmes. Grâce à elle, selon eux, les Achuars sont
encore plusieurs milliers, fiers de leurs traditions et farouchement attachés à leur mode
de vie. La coutume qui consiste à conserver des têtes réduites au lieu de les couper et
de les ficher sur des pieux elles se dessèchent, comme le font les autres peuples,
tient d'ailleurs d'une approche complexe de la mort de l'adversaire qui ainsi
dépersonnalisé ne pourra facilement tourmenter son vainqueur.
Claude Nières
Faire la guerre
Document 2 : Contemporain des guerres civiles qui déchirèrent son pays au 17ème siècle, le philosophe
anglais Thomas Hobbes a eu l’occasion d’explorer cette face sombre de la condition humaine. Il en conclut
que l’homme dans son état de nature était naturellement porté à la violence et à l’affrontement car l'homme
étant animé par le désir d'accroissement de soi-même (endeavour) et nul ne pouvant l'emporter
définitivement sur personne, la vie est une guerre perpétuelle. De ce point de départ «Homo homini lupus»,
l'homme est un loup pour l'homme, «Bellum omnium contraomnes», la guerre de tous contre tous), Hobbes
conclut à une légitimation du despotisme, le Léviathan. Ce qui n’est certainement pas la meilleure des
solutions puisqu’elle remplace une prédation individuelle par une puissance prédatrice collective encore plus
grande. Néanmoins, ces réflexions sur la condition humaine naturelle reflètent bien cet aspect de l’homme
prédateur universel.
De cette égalité des aptitudes découle une égalité dans l'espoir d'atteindre nos fins. C'est
pourquoi, si deux hommes désirent la même chose alors qu'il n'est pas possible qu'ils en
jouissent tous les deux, ils deviennent ennemis : et dans leur poursuite de cette fin (qui
est, principalement, leur propre conservation, mais parfois seulement leur agrément),
chacun s'efforce de détruire ou de dominer l'autre. Et de là vient que, là où l'agresseur n'a
rien de plus à craindre que la puissance individuelle d'un autre homme, on peut
s'attendre avec vraisemblance, si quelqu'un plante, sème, bâtit, ou occupe un
emplacement commode, à ce que d'autres arrivent tout équipés, ayant uni leurs forces,
pour le déposséder et lui enlever non seulement le fruit de son travail, mais aussi la vie
ou la liberté. Et l'agresseur à son tour court le même risque à l'égard d'un nouvel
agresseur.
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Du fait de cette défiance de l'un à l'égard de l'autre, il n'existe pour nul homme aucun
moyen de se garantir qui soit aussi raisonnable que le fait de prendre les devants,
autrement dit, de se rendre maître, par la violence ou par la ruse, de la personne de tous
les hommes pour lesquels cela est possible, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive plus d'autre
puissance assez forte pour le mettre en danger. Il n'y a rien de plus que n'en exige la
conservation de soi-même, et en général on estime cela permis. [...]
De la sorte, nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales de
querelle : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la méfiance ; troisièmement, la fierté.
La première de ces choses fait prendre l'offensive aux hommes en vue de leur profit. La
seconde, en vue de leur sécurité. La troisième, en vue de leur réputation. Dans le premier
cas, ils usent de violence pour se rendre maîtres de la personne d'autres hommes, de
leurs femmes, de leurs enfants, de leurs biens. Dans le second cas, pour défendre ces
choses. Dans le troisième cas, pour des bagatelles, par exemple pour un mot, un sourire,
une opinion qui diffère de la leur, ou quelque autre signe de mésestime, que celle-ci porte
directement sur eux-mêmes, ou qu'elle rejaillisse sur eux, étant adressée à leur parenté,
à leurs amis, à leur nation, à leur profession, à leur nom.
Il apparaît clairement par qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir
commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme
guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun (...)
Dans un tel état, il n'y a pas de place pour une activité industrieuse, parce que le fruit
n'en est pas assuré : et conséquemment il ne s'y trouve ni agriculture, ni navigation, ni
usage des richesses qui peuvent être importées par mer ; pas de constructions
commodes ; pas d'appareils capables de mouvoir et d'enlever les choses qui pour ce
faire exigent beaucoup de force ; pas de connaissances de la face de la terre ; pas de
computation du temps ; pas d'arts ; pas de lettres ; pas de société, et ce qui est le pire de
tout, la crainte et le risque continuels d'une mort violente ; la vie de l'homme est alors
solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale, et brève. [...]
Cette guerre de chacun contre chacun a une autre conséquence : à savoir, que rien ne
peut être injuste, les notions de légitime et d'illégitime, de justice et d'injustice, n'ont pas
ici leur place. il n'est pas de pouvoir commun, il n'est pas de loi ; il n'est pas
de loi, il n'est pas d'injustice. La violence et la ruse sont en temps de guerre les deux
vertus cardinales. Justice et injustice ne sont en rien des facultés du corps ou de l'esprit.
Si elles l'étaient, elles pourraient appartenir à un homme qui serait seul au monde, aussi
bien que ses sensations et ses passions. Ce sont des qualités relatives à l'homme en
société, et non à l'homme solitaire. Enfin cet état a une dernière conséquence : qu'il n'y
existe pas de propriété, pas d'empire sur quoi que ce soit [no dominion], pas de
distinction du mien et du tien ; cela seul dont il peut se saisir appartient à chaque homme,
et seulement pour aussi longtemps qu'il peut le garder. Cela suffit comme description de
la triste condition où l'homme est effectivement placé par la pure nature.
Thomas Hobbes (1588-1679)
Léviathan, ch. XIII, «De la condition naturelle des hommes en ce qui
concerne leur félicité et leur misère», 1651, (trad. F. Tricaux, Sirey, 1971).
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