l'époque, Louis-Lucien Klotz (1868-1930), chargé de négocier les
réparations de guerre, trouve une solution toute simple au problème de la
dette française : "L'Allemagne paiera." L'expression fera florès. Vincent
Auriol (1884-1966), plus clairvoyant, réplique : "Je vois au contraire,
devant nous, le gouffre profond du déficit." Puis il ajoute que "la guerre est
finie, c'est bien. Mais j'ai bien peur que la bataille des réclamations
commence". Les faits lui donneront raison.
Jusqu'alors les vaincus réglaient une indemnité aux vainqueurs, un
succédané du prix du sang chez le peuple germain, le Wergeld. C'est ainsi
que la France a payé rubis sur l'ongle une facture représentant environ 20
% de son produit intérieur brut (PIB) après Waterloo (1815), et 25 % de son
PIB après la défaite de Sedan en 1870 et le traité de Francfort du 10 mai
1871, qui fixe les modalités de paiement d'une indemnité à l'Allemagne
d'un montant de 5 milliards de francs-or.
132 MILLIARDS DE MARKS-OR
Après la première guerre mondiale, l'ardoise est fixée à 132 milliards de
marks-or pour l'Allemagne. Mais le 1 mai 1921, le pays n'a versé que 7,5
milliards de marks-or sur un acompte de 20 milliards. Les alliés s'entre-
déchirent sur la question des réparations. La France exige des garanties, ce
que l'Angleterre trouve "ridiculous and insulting". Le pays d'Albion ne
croit pas aux mesures coercitives. Il est vrai que l'Allemagne est un
débouché essentiel aux exportations britanniques.
Les Allemands vont habilement profiter de ces dissensions. Devant le refus
de payer, la France occupe la Ruhr à partir du 11 janvier 1923. Mais
l'hyperinflation que connaît l'Allemagne cette année-là anéantit tout espoir
de reprise des paiements. La question des garanties revient sur la table des
négociations avec le plan Dawes.
Les Etats-Unis dépêchent le républicain Charles Dawes (1865-1951),
banquier et haut fonctionnaire, pour reprendre les discussions. Signé le 24
juillet 1924, le plan Dawes prévoit le lancement de dix emprunts
internationaux au taux de 7 % et d'une durée de vingt-cinq ans. Leur
montant total est de 800 millions de marks.
Pour la première fois, toutes les précautions sont prises pour que
l'Allemagne paie. Le plan Dawes oblige les grandes entreprises allemandes
à apporter leur garantie. La banque centrale passe sous le contrôle des
Alliés. En outre, la gestion des recettes budgétaires est sous la coupe des
créanciers.
NOUVEAU TRAITÉ
D'un point de vue financier, le plan Dawes est une réussite. La monnaie
allemande est stabilisée, l'industrie se relève et les exportations peuvent
er
"L'Allemagne paiera!"