Résumé des interventions

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Résumé des interventions
Sommaire
Leïla Acherar
p.04
Association des Femmes Françaises Diplômées des Universités
p.15
Geneviève Atger, (CHU Besançon)
p.15
Jean-Raphaël Bourge
p.10
CIDFF du Doubs
p.14
CIDFF de Haute-Saône
p.14
CIDFF du Jura
p.15
Cécile Charlap
p.05
CORIF Lille et Planning Familial du Nord
p.14
Thibaud Courvoisier
p.09
Caroline Dayer
p.03
Sylvie Debras
p.10
DRDFE de Franche-Comté
p.16
Fédération Léo Lagrange
p.14
Fédération nationale Solidarité Femmes
p.15
Association Femmes Debout
p.14
Association FETE - Femmes égalité emploi
p.15
Béatrice Fracchiolla
p.08
Brigitte Grésy
p.17
Caroline Hérasse
p.16
Laboratoire de l'Égalité
p.16
Le Deuxième Observatoire
p.16
MIFE- Cité des métiers de Belfort
p.16
Sandy Montañola
p.08
Marie-Cécile Navès
p.12
Céline Pétrovic
p.03
Véronique Poutrain
p.06
Association Sauf le respect que je vous dois
p.15
Geneviève Sellier
p.12
Association Solidarité Femmes - Parenthèses à la violence
p.14
Association Solidarité Femmes 25
p.14
Maylis Sposito
p.15
Marie-Sherley Valzema
p.11
Ville de Besançon
p.16
Ville de Dole
p.16
Mona Zegaï
p.04
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DAYER Caroline
Maitre-assistante en sciences de l'éducation - Université de Genève
"Hacker le sexisme"
10h00-11h00: Salle Labbé
Sur la base d’exemples concrets, de travaux empiriques et d’ancrages théoriques, cette
communication se propose d’aborder la thématique intitulée « La construction de l’identité de genre et les
représentations sociales » à travers trois principaux axes.
Si, dans le sens commun, l’expression hacker renvoie au fait de comprendre le fonctionnement d’un
mécanisme afin de le détourner, je m’inspire de cette analogie afin d’analyser la façon dont le sexisme se
construit et fonctionne en tant que système, non seulement pour cerner ses différentes traductions et effets
mais également pour actualiser les moyens de le combattre et de le prévenir. Pour ce faire, je présente une
approche interdisciplinaire (Dayer, 2010a) qui se fonde sur une critique de la pensée classificatoire et
hiérarchisante (anthroplogie), sur la triade stéréotype-préjugé-discrimination (psychologie sociale), sur les
logiques de stigmatisation (sociologie) ainsi que sur le pouvoir de l’injure (sciences de la communication et
du langage). Cet axe a pour objectif de pointer les spécificités du sexisme tout en l’inscrivant dans un cadre
général de processus d’exclusion en le mettant en perspective avec d’autres types de rejet tels que
l’homophobie, l’hétérosexisme, la xénophobie et le racisme.
Après avoir mis en exergue les mécanismes qui sous-tendent le sexisme, il s’agit d’analyser d’une part la
construction genrée de l’identité, autant individuelle que collective, et d’autre par les différentes formes de
violences sexistes et leurs conséquences. Afin d’atteindre ce but, les notions de tensions identitaires, de
conflits intrapersonnel - interpersonnel - sociétal, de représentations sociales, d’interaction, de socialisation,
d’éducation, d’apprentissage des rôles sont particulièrement mobilisées. Elles amènent à développer les
modes et supports à travers lesquels les stéréotypes de genre sont produits et reconduits. Si l’action de
hacker réfère au domaine informatique, une réflexion plus générale sur le rôle des nouvelles technologies
est présentée, s’appuyant notamment sur les travaux de Preciado (2008) relatifs à l'industrie capitaliste
pharmaco-pornographique. D’autres enjeux actuels liés au sexisme sont avancés, tels que les questions
d’instrumentalisation et de récupération, illustrées à travers les concepts de démocratie sexuelle de Fassin
(2009) et de matrice de la race de Dorlin (2006).
Finalement, si hacker consiste à trouver les failles d’un système - en l’occurrence sexiste - pour le déjouer
tout en évitant de le consolider, cette dernière partie propose différents exemples non seulement d’infiltration
et de détournement mais également de création. Ces derniers sont notamment issus de l’engagement dans
des associations, dont une en particulier à travers laquelle nous réalisons des vidéos, des articles, des
débats, des festivals, etc. Ce dernier axe met en évidence l’articulation entre dimensions scientifiques,
politiques, militantes et artistiques.
PETROVIC Céline
ATER en psychologie - IUFM de Nancy
"L'évolution de la représentation sur les rôles sociaux des femmes et des hommes: un enjeu pour
l'égalité"
11h00-12h00: Salle Labbé
Dans les formations obligatoires à l’égalité auprès de divers publics (futurs∙es enseignants∙es, ,
professions sociales, collégiens·nes et lycéens·nes), de nombreuses objections surviennent pour contester
la théorie du genre telle qu’elle est définie par le milieu de la recherche et les politiques, c’est-à-dire
entendue comme la construction et la hiérarchisation sociale du masculin et du féminin. En effet, les
enseignements relatifs au genre ne sont à ce jour institutionnalisés à aucun niveau scolaire, ni même au sein
de la formation des enseignants∙es, et ce malgré la convention interministérielle pour l’égalité des chances
entre les sexes dans l’enseignement de 2000. Il n’y a donc pas de savoir dispensé et reçu à propos des
inégalités sociales entre les sexes et de leur mécanisme de reproduction. Aussi, encore aujourd’hui,
nombreux·ses sont celles et ceux qui ne les perçoivent pas, et ont une certaine illusion de l’égalité, ou
considèrent les rôles des unes et des autres comme différents et complémentaires. Cette idée de
complémentarité est également le socle de l’homophobie. En outre, parmi celles et ceux ayant une
connaissance sociologique ou historique des inégalités, beaucoup les considèrent comme la conséquence
d’une biologie qui influencerait le développement psychologique des femmes et des hommes, déterminant
les rôles sociaux. Le déni des inégalités et l’essentialisme sont les deux éléments du noyau central
constitutif de la représentation sociale la plus souvent partagée sur les rôles des femmes et des hommes
dans la société.
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Pour cette communication, après avoir posé la définition du genre et son organisation en système, nous
proposons de rendre compte d’exemples de représentations qui contiennent ces deux éléments du noyau
central (déni et essentialisme), moteurs des comportements sexistes et violents, et du maintien des
inégalités. Une rapide définition de la représentation sociale et du stéréotype sera évoquée.
Nous souhaitons également apporter à la discussion les moyens que nous mettons en oeuvre en formation
pour permettre une évolution de ces deux éléments du noyau central de la représentation sur les rôles des
femmes et des hommes. Ces moyens se déclinent en contenus et attitudes. En effet, s’il est primordial
d’apporter des éléments de connaissances sur la réalité des inégalités ainsi que sur l’idéologie présente
encore aujourd’hui dans les recherches essentialistes, et ce malgré les expertises de la communauté
scientifique démontrant leurs résultats contradictoires et biais scientifiques, il est tout aussi essentiel de
veiller au cadre de la formation et à l’adoption d’une attitude bienveillante pour accompagner les résistances
au changement, afin d’éviter que ces dernières ne se cristallisent et deviennent pérennes.
Pour finir, nous soulignerons l’importance de savoir repérer ces deux éléments (déni/illusion et
essentialisme) et les déconstruire dans le discours en proposant quelques arguments très accessibles. Nous
présenterons également une bibliographie recensant quelques outils existants pour favoriser des pratiques
pédagogiques égalitaires.
ACHERAR Leïla
Docteure en sciences de l'éducation
"Filles et garçons à l'école maternelle: l'égalité ça s'apprend"
14h00-15h00: Salle Labbé
L’égalité entre les hommes et les femmes n’est, malgré les dispositifs législatifs, toujours pas
acquise. Parmi les facteurs qui expliquent la persistance des inégalités de sexes dans la société, de
nombreux chercheurs interrogent l’école et les institutions de socialisation de l’enfant. Ils font le constat que
l’école publique, institution républicaine d’instruction, de promotion sociale et d’émancipation intellectuelle
des enfants participe, selon des modalités propres, à la reproduction des inégalités de genre.
Contribuer à construire l’égalité suppose donc que l’on s’astreigne - dans un premier temps - à observer,
comprendre et interpréter la perpétuation des inégalités de sexes au sein des établissements scolaires.
Comment identifier les phénomènes à l’œuvre dans la fabrication et la gestion sociale de la différence des
sexes ce, dès la prime enfance ? Par le biais de quelles pratiques effectives se transmettent les règles qui
inscrivent différences et inégalités dans le plus intime de l’histoire des filles et des garçons ? Quels sont les
effets de ces dispositifs sur la qualité du « vivre ensemble » ?
Si, comme on le suppose, l’intervention des adultes (enseignants, animateurs, éducateurs, travailleurs
sociaux…) autorise les enfants à s’émanciper des assignations traditionnelles, comment, dès lors, agir face
à ces discriminations sources de violences et promouvoir, selon le vœu de la convention interministérielle
sur l’égalité des chances entre les filles et les garçons (février 2000) « une éducation fondée sur le « respect
mutuel entre les deux sexes » ?
ZEGAI Mona
Doctorante en sociologie-Université Paris 8
« Aux origines des inégalités entre les sexes : les jouets et leurs espaces de
commercialisation comme vecteurs de diffusion de stéréotypes organisant un rapport au monde
différencié selon le genre »
14h00-15h00 : Salle 100
Cette communication a pour objectif de décrire et d’analyser l’idéologie de la différenciation sexuée
telle qu’elle se déploie dans le monde du jeu et du jouet, interprétable à la fois en termes d’illustration des
représentations sociales liées au genre circulant dans l’espace social, et de contribution active à la
pérennisation d’un ordre social construit sur ces représentations. Nous partirons d’un vecteur de diffusion de
cette idéologie particulièrement propice à l’étude des stéréotypes de genre, le commerce, à partir d’une
enquête sur les discours iconiques et linguistiques proposés aux enfants par le biais notamment des
catalogues, magasins et boîtes de jouets. Comme l’avait déjà souligné Erving Goffman en son temps à
propos des photographies : « La standardisation, l’exagération et la simplification qui caractérisent les rites
en général se retrouvent dans les poses publicitaires, mais portées à un degré supérieur. » (1977) Cette
étude des stéréotypes nous permettra ainsi de poursuivre l’analyse, non plus à partir des seuls jouets (qu’il
s’agisse d’objets inanimés ou de leur représentation sur le papier), mais du jeu, en ce qu’il permet
l’appropriation des stéréotypes sexués en pratique.
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Trois axes en particulier seront développés au cours de cette communication :
− Le rapport au travail productif et reproductif. Les jouets mettent d’une certaine manière en scène la
réalité sociale, ce qui se matérialise par la terminologie « jouets d’imitation » pour désigner la
ressemblance entre les objets et activités des enfants avec ceux et celles des adultes. Imiter les acteurs
sociaux, ce serait aussi mimer les inégalités sociales puisque celles-ci sont très largement reproduites
dans les jouets : les garçons sont ainsi du côté du travail productif et les filles du travail reproductif. Nous
analyserons tout d’abord la manière dont s’effectue cette association entre des activités et un genre,
contribuant à créer et perpétuer des représentations sociales de la différence et de l’inégalité entre les
sexes, puis nous montrerons que si les jouets semblent former un microcosme représentant la réalité, ils
ne représentent en fait que la partie la plus stéréotypée de la réalité (Zegai 2010), de la même manière
que dans les albums illustrés (Brugeille Cromer Cromer 2002). Nous montrerons d’une part que le jouet
sert de support à la diffusion de nombreuses valeurs sexuées, notamment dans la représentation qu’il
propose des métiers et du travail domestique, d’autre part que jouer avec ces valeurs fait partie
intégrante du processus de socialisation et que les jouets permettent d’acquérir des représentations,
compétences et pratiques sexuées transférables notamment dans le domaine du travail productif,
organisant de ce fait une « pré professionnalisation » (Quemin 2002) des enfants.
− Le rapport au corps. Afin d’analyser la manière dont les jouets peuvent socialiser les enfants dans le
registre du corps et de l’esthétique, nous partirons d’un jouet bien particulier : le déguisement, au travers
des multiples photographies d’enfants représentés en pleine activité ludique, accessibles dans les
catalogues et sur les boîtes de jouets. Les corps mis en scène sont bien souvent hyper sexualisés
(Goffman 1977), renvoyant de manière stéréotypée aux caractéristiques traditionnellement associées de
manière exclusive au masculin ou au féminin (virilité, fragilité…), que ce soit au travers de leur plastique
(visage, corpulence), de leurs mouvements (mimiques, poses) ou encore de leurs accessoires
(vêtements, bijoux). Nous analyserons ainsi les divers mécanismes qui concourent à une différenciation
des corps dès la prime enfance : nous montrerons d’une part la manière dont les corps sexués sont mis
en scène au travers de ces déguisements, permettant l’apprentissage des normes véhiculées par la
représentation iconique (comme le montre Détrez en 2005 à partir des encyclopédies du corps humain
pour enfants) ; d’autre part la manière dont le corps peut se construire par le jeu, c'est-à-dire par la
manière dont celui-ci est sollicité dans les activités ludiques proposées aux garçons et aux filles.
− Le rapport au temps, à l'espace et à la technique. Ce dernier axe nous permettra d’analyser en quoi les
jouets contribuent à enseigner aux enfants un certain rapport au temps, à l’espace (Baudrillard 1968) et
à la technique (Tabet 1979), variable en fonction du sexe, et particulièrement transposable dans d’autres
sphères (Bourdieu, 1998) du fait du caractère hautement abstrait de ces trois éléments. Nous
montrerons notamment que les jouets ne dérogent pas à la règle concernant la dichotomie intérieur /
extérieur (Belotti 1973 ; Brougère 2003 ; Baerlocher 2006 ; Zegai 2010), non seulement par l’attribution
de jouets d’extérieur prioritairement aux garçons et d’intérieur aux filles, mais aussi du fait d’une frontière
symbolique presque infranchissable distinguant les réalités virtuelles des personnages de l’univers
enfantin. Ainsi, les garçons sont invités à maîtriser l’espace et le temps, leur multitude de véhicules
exaltant la vitesse et permettant à leurs déplacements de n’avoir aucune limite, alors que les univers des
filles sont généralement circonscrits à l’immédiateté du foyer caractérisé par la quotidienneté des tâches.
Par ailleurs, la conquête masculine du monde passe par une appropriation exclusive des outils et des
techniques, comme nous le verrons notamment au travers de l’exemple de la mécanique et des armes.
CHARLAP Cécile
Doctorante en sociologie-Université de Strasbourg
"Vieillissement au féminin et stéréotypes de genre: l'exemple de la construction de la ménopause
et du traitement social des femmes ménopausées en France"
14h00-15h00: Salle 01
A partir de notre travail de thèse portant sur la construction et le traitement social de la ménopause
dans le contexte français et l’expérience qui en est faite par les femmes, nous souhaitons mettre en lumière
les mécanismes de construction de stéréotypes de genre associés aux femmes ménopausées.
Dans un premier temps, nous analyserons les mécanismes qui sous-tendent la construction des
représentations associées à la ménopause dans les lieux d’énonciation majeure sur cette question : les
champs médicaux et médiatiques. Nous nous attacherons ainsi à comprendre de quelle manière le discours
médical construit la ménopause comme pathologie. Nous verrons comment ce discours est largement relayé
dans le champ médiatique et qu’il nourrit la doxa. A partir de l’analyse de corpus et d’images, nous
appréhenderons de quelle manière le corps ménopausé est pathologisé et quelles formes prend la
domination sur les corps féminins vieillissants.
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Dans un second temps, nous analyserons la manière dont le sceau de la médicalisation marque l’expérience
même des françaises. Le fait que la ménopause se place sous l’égide de la médecine oriente le sens qui lui
est donné et la manière dont elle est vécue : la ménopause résonne, de fait, avec bouffées de chaleur,
sécheresse vaginale, prise de poids, insomnies, irritabilité voire dépression, symptômes qu’il s’agit de traiter
de manière médicamenteuse et notamment via l’hormonothérapie. Or, si le corps ménopausé est considéré
comme indésirable, le biologique à la ménopause nous semble traduire le traitement social dont les femmes
sont l’objet. Parce que le corps est une construction symbolique, non une réalité en soi, nous montrerons
que les manifestations du corps ménopausé constituent la traduction, dans les corps, de représentations
sociales négativées.
Enfin, dans une perspective comparativiste, nous analyserons le traitement social français des femmes
ménopausées, comme signe de difficultés de notre espace social à penser le féminin hors de la fécondité de
manière habilitante. En effet, la contextualisation permet de comprendre que l’expérience de la ménopause
s’inscrit dans un espace social donné : les représentations qui lui sont associées ne sont pas univoques,
comme le montrent les recherches de Françoise Héritier et de Margaret Lock notamment. Si l’expérience de
la ménopause et son traitement social ne sont ni universels ni figés, l’analyse qui peut en être faite au sein
de notre espace social est celle d’une violence symbolique qui marque les femmes vieillissantes du sceau
du stigmate. Dès lors, nous nous confronterons aux enjeux collectifs liés à la place pratique et symbolique
accordée à la vieillesse au féminin dans notre espace social.
POUTRAIN Véronique
ATER en sociologie-Université de Nice
"Les représentations du féminin et du masculin dans l'éducation à la sexualité"
15h30-16h30: Salle Labbé
Filles et garçons ne sont pas éduqués de la même façon. La construction identitaire de l’un et de
l’autre est ainsi différenciée. En 1973, Elena Gianini Berlotti dans une étude sociologique intitulée Du côté
des petites filles analysait la puissance des représentations dans les familles, les crèches ou les écoles. La
socialisation des enfants s’avérait être fortement genrée et les différences relevées manifestaient l’infériorité
du sexe féminin. Depuis 1973, malgré une volonté de tendre vers une égalité entre les hommes et les
femmes, d’importantes différences persistent à tous les niveaux de la sphère sociale, comme le révèlent de
nombreuses études sociologiques. Comment le genre se construit-il ? Pourquoi les stéréotypes ont-ils
toujours tant de puissance jusque que dans la sphère de l’intime ?
La sexualité est, en effet, un analyseur privilégié pour l’étude des représentations du féminin et du
masculin, mais aussi pour aborder les interactions et les rapports sociaux de sexe. Tout d’abord parce que la
construction sociale joue un rôle central dans l’élaboration de la sexualité humaine, ensuite parce que se
rejouent dans la sexualité les inégalités que l’on rencontre dans d’autres sphères de la vie sociale. C’est
pourquoi il nous a semblé intéressant de porter notre attention sur la période de l’adolescence.
L’adolescence, d’après Michel Bozon, constitue une période de préparation à la sexualité et est caractérisée,
à l’époque contemporaine, par une période d’autonomie privée qui peut parfois susciter des inquiétudes
chez les adultes. Par ailleurs, les adolescents aujourd’hui sont submergés par une multitude de discours sur
la sexualité : famille, école, internet, etc… Or, que nous révèlent ces discours sur les représentations du
féminin et du masculin et comment les adolescents les reçoivent-ils ? L’objectif de cette intervention est de
porter notre regard sur « les discours institutionnels » concernant l’éducation à la sexualité, la manière dont
ils sont transmis et la façon dont les adolescents réinterrogent, à partir de ces discours, leurs représentations
du féminin et du masculin. S’intéresser aux discours institutionnels n’est pas fortuit. Ces discours
cristallisent, à un moment donné, une représentation particulière de la sexualité, du féminin et du masculin.
Ces discours génèrent d’ailleurs parfois des polémiques comme ce fut le cas, l’année dernière, avec
l’introduction des « études de genre » dans les manuels scolaires de biologie.
Cette intervention se donne pour objectif de confronter aux discours institutionnels les ressentis des
adolescents à partir d’une étude sociologique qualitative menée dans un lycée professionnel de province.
Dans un premier temps il s’agira de considérer l’évolution des discours sur la sexualité et le genre émis par
l’institution scolaire en s’intéressant à la fois aux textes, aux programmes mais également aux acteurs qui
diffusent ces discours (professeurs, infirmières, intervenants extérieurs). Dans un second temps, nous nous
intéresserons à la manière dont ces discours sont reçus par les adolescents.
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FRACCHIOLLA Béatrice
Maître de conférences en sciences du langage- Université de Paris 8
"Comprendre et analyser la violence verbale à l'égard des femmes dans les communications
médiatiques: éléments pour modifier les représentations sociales"
9h30-10h30: Salle Labbé
La communication portera sur la banalisation de la violence verbale à l’égard des femmes dans les
communications médiatiques. Cela, dans la mesure où la communication médiatisée, qui est aussi la plus
démocratisée aujourd’hui, contribue à standardiser, véhiculer les représentations sociales, des plus petits
enfants aux personnes les plus âgées et participe de la construction identitaire et sociale des individus dès
leur plus jeune âge (Culpeper 2005 ; Fracchiolla 2011 ; Vincent Turbide et Laforêt 2008 ; Colloque Ci-dit
2012). Elle s’intéressera ainsi à la question du langage et du sexisme et se focalisera sur certains éléments
de discours représentatifs d’une violence verbale à l’égard des femmes qui de surcroît passe souvent
inaperçue (ce en quoi elle peut-être donc analysée comme ‘banale’) (http://chiennesdegarde.fr). Nous
remarquons en effet, à travers des éléments de communications diverses (publicités, débats, propos
rapportés divers) qu’une violence verbale à l’égard des femmes est entretenue, voire créée, parfois sous le
couvert de l’humour, de l’ironie ou encore du trait d’esprit (Fracchiolla 2008b, 2010, 2011) et par le biais du
langage lui-même (Fracchiolla 2008a). Certes, ces communications utilisent souvent les stéréotypes,
préjugés et la catégorisation facile (si l’on est X, on ne pourrait pas être y) (Ernotte et Rosier 2004 ; Rosier
2002) oubliant la complexité des individus, leur diversité, et tout ce qui renvoie par ailleurs à la notion de
métissage (Glissant 2009). On pense par exemple ici plus particulièrement à des campagnes publicitaires
telles que celle (vidéo) des trois clips de « Chantal » qui a oublié le Cantal, « ce qui lui est fatal » ; à des
débats –en particulier politiques, par exemple pendant les dernières élections présidentielles et législatives,
ou celles de 2007 lors de la candidature de Ségolène Royal « qui chang[eait] d’idée comme de jupe » (selon
Michèle Alliot-Marie) (Fracchiolla 2008, 2011), ou encore médiatiques, comme lorsque a été re-posée la
question de la suppression de Mademoiselle au profit de Madame dans les documents administratifs
(émission On n’est pas couchés du 19 novembre 2011 ; colloque Ci-Dit 2012). Notre propos sera de mettre
en évidence en quoi certains propos constituent de la violence verbale, en nous appuyant sur les recherches
effectuées sur la violence verbale en générale, qui visent à en expliquer les mécanismes tout en
s’intéressant à ses ‘régulateurs’ – telle que la politesse (Brown et Levinson 1987 ; Favre 1998 ; Fichet et al.
2004). Cette présentation nous conduira également à une réflexion sur humour et violence verbale (Vincent
à paraître ; travaux en cours de Dominique Lagorgette). Divers éléments de corpus seront analysés et
expliqués, avec pour objectif de donner des outils pour montrer comment comprendre et mettre en avant les
éléments verbalement (et parfois aussi visuellement) violents dans ces types les discours médiatiques
(travaux de Auger, Fracchiolla, Moïse et Romain – voir site http://violenceverbale.fr). Cela, à des fins de
vigilance et de transformation des représentations sociales.
MONTANOLA Sandy
Maitre de conférences en sciences de l'information et de la communication - Université de
Rennes
" Sport féminin de haut niveau et stéréotypie : quels processus médiatiques à l’œuvre ?"
10h30-11h30: Salle Labbé
Si les recherches s’accordent sur la sous-médiatisation (Coulomb-Gully, 2010) et la médiatisation
stéréotypée du sport féminin (Debras, 2003 ; Bishop, 2003 ; Mennesson, 2005), la médiatisation du sport
féminin reste un phénomène complexe qui mêle des enjeux économiques, communicationnels, linguistiques,
sportifs, ... D’une part, la communication des instances (CIO, CNOSF, fédérations, …) et celle des sportifs
soulève des enjeux divers : revendication de l’égalité entre les sexes, réaffirmation de féminité -comme
réponse aux critiques- pour attirer les sponsors. D’autre part, les routines et contraintes journalistiques (sexe
des journalistes, type de sport, niveau de compétition, espace, moyens, publicité …) ainsi que les lignes
éditoriales impactent les choix journalistiques tant au niveau de la sélection de l’information, que de sa
hiérarchisation et, de l’angle choisi. Enfin, l’organisation du sport (entourage sportif et institutionnel
majoritairement masculin, Chimot 2003) et des compétitions (horaires, …) n’est pas sans conséquence. La
réflexion collective se doit donc d’intégrer l’ensemble des acteurs sociaux, qu’ils soient journalistes,
communicants, enseignants, …
Dans une perspective socio-discursive d’étude des discours médiatiques (Charaudeau 2006, Delforce 1999,
Veron 1988), nous proposons de déconstruire les définitions partagées de la féminité et les attendus du
sport féminin. Une fois la bi-catégorisation entre homme et femme effectuée sur des critères biologiques
8
(lesquels posent problème comme l’illustre Caster Semenya « suspectée » par le CIO de « ne pas être une
femme » Montanola, Olivesi 2012), différentes attentes culturelles et symboliques pèsent sur chaque
individu. Si « […] l’argument de la biologie fait toujours autorité pour expliquer les différences entre hommes
et femmes » (Vidal 2006) le domaine sportif, lui, permet de les évoquer, faisant du sport, un domaine d’étude
particulièrement pertinent pour les représentations sociales, essentielles à l’analyse des représentations
médiatiques (Jodelet 1989).
L’étude des Jeux olympiques et des Championnats du monde (boxe anglaise et athlétisme) permet de mieux
comprendre le fonctionnement des représentations sociales et leur impact sur la médiatisation. A titre
d’exemple, la boxe anglaise, étudiée de 2004 (reconnaissance de la boxe professionnelle par la fédération
WBA) à 2012 (date de son entrée au programme des Jeux olympiques) permet d’interroger la question de la
correspondance des boxeuses aux normes corporelles (Mauss 1950) de la féminité (Montañola 2007). Elle
met à jour deux discours sociaux : : 1) réponse aux stéréotypes de genre et l’explicitation (différences
biologiques, sport masculin comme référence avec acceptation du sport féminin sous forme de concession,
omniprésence de contradiction fondée sur l’idée implicite de la boxe dérogeant à la féminité). 2) la
dénonciation des stéréotypes qui conditionnent l’insertion de femmes, ces dernières étant présentées dès
lors comme pionnières ou femmes d’exception.
Prendre en compte l’ensemble des acteurs et processus à l’œuvre dans la médiatisation de deux
compétitions sportives internationales permet de mieux comprendre la complexité des représentations
sociales et la nécessité d’une approche globale. Les entretiens menés avec les journalistes et la participation
aux journées de réflexion du programme MARS (conseil de l’Europe) nous amène à intégrer la façon dont
les acteurs agissent sur ce thème : label diversité pour favoriser la diversité dans le contenu de l’information
au niveau des sujets et personnages interrogées, comme dans le recrutement.
COURVOISIER Thibaud
Psychologue
« La production du désir »
14h00-15h00 :Salle 01
Cette réflexion souhaite articuler l'impératif éthique consistant à favoriser la promotion de l'égalité de
genre et la lutte contre les inégalités et les violences genrées ; et l'impératif épistémologique consistant à
s'interroger sur la constitution des connaissances et leur validité. Ce dernier est un rempart nécessaire
contre les écueils inévitablement « affectifs » auxquels nous convoquent ces questions.
Le genre, le sexe et l'identité appellent un autre qui se constitue dans et par le jeu du désir. On ne peut pas
interroger la construction genrée de la société sans considérer ce désir. C'est de ce désir qui circule dans
l'espace de la rencontre humaine que se tisse la relation, et ses ratés, là où l'autre sujet n'est plus reconnu
comme tel et se trouve bafoué : violence, incivilité quotidienne, carcan sexiste et perversité ordinaire.
Actes, relations et significations sexuelles sont le fruit d'une construction et de transformations sociales tout
autant que le produit d'une élaboration intra-psychique complexe et mouvante. En termes psychologiques, la
rencontre avec son propre désir est difficile et inquiétante et constitue un enjeu narcissique et identitaire
majeur. A cet égard, le lien social, la rencontre de l'autre constitue toujours une mise en danger. La rencontre
de l'étranger, du différent, fait naître des mouvements défensifs contre l'effraction identitaire qu'elle constitue.
L'autre en soi, s'invite alors et trouble le sentiment d'identité que l'on se fait de soi.
Le désir s'il est une donnée humaine, suppose une élaboration, un travail, une éducation : on apprend à
désirer. Les stéréotypes de genre constituent en ce sens des stéréotypes de désirs se véhiculant dans les
diverses institutions symboliques pourvoyeuses de sens. Le sujet se trouve alors dans l'ambivalente
disposition d'adopter ces « prêt-à-porter de désir » et ces « prêt-à-porter narcissique », sommé par sa
culture d'appartenance et les alliances inconscientes qui y circulent ; et tiraillé entre la crainte de rencontrer
l'autre en lui et happé par les identifications successives qui constituent le moi.
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BOURGE Jean-Raphaël
Doctorant en science politique - Université Paris 8
"Etudier la violence des femmes contribue-t-il à relativiser les violences faites aux femmes"
14h00-15h00: Salle 23
Qu’elles soient légitimes ou illégitimes, légales ou illégales, physiques ou symboliques, les violences
faites par des femmes sont l’objet d’une attention scientifique récente dans la recherche francophone,
particulièrement dans les sciences humaines et sociales (Cardi & Pruvost, 2012). La mise en lumière de la
violence comme pratique féminine participe à une meilleure compréhension des usages de la violence, et
plus particulièrement –et paradoxalement– les violences faites aux femmes. En effet, ces études de genre
permettent notamment de déconstruire et critiquer des thèses essentialistes qui supposent des caractères
naturels spécifiques à chaque genre, excusant ainsi un comportement masculin violent qui ne serait qu’un
trait du prétendu tempérament masculin. L’utilisation de ces recherches dans une rhétorique politique
antiféministe existe également. Il s’agit de travaux scientifiquement douteux, produits par les tenants du
masculinisme qui en favorisent alors largement la diffusion.
Le masculinisme est un mouvement intellectuel et militant né en Amérique du Nord ; cette forme nouvelle
d’antiféminisme trouve écho aujourd‘hui en France en reprenant la rhétorique Nord-américaine de
victimisation des hommes. Le féminisme est considéré comme responsable d’une perte de valeurs morales
qui menace l’équilibre social, voire même pourrait provoquer la fin de la civilisation (Zemmour, 2006). Pour
autant, certains masculinistes ne rechignent pas à se servir de travaux féministes, notamment ceux ayant
comme objet les violences commises par les femmes. Il s’agira d’abord de comprendre comment se
construit l’argumentaire masculiniste de relativisation des violences commises à l’encontre des femmes,
argumentaire qui précisément s’appuie sur un « retournement victimiste ». Du point de vue masculiniste, les
hommes seraient aussi, et de manière équivalente aux femmes, des victimes de violences sexistes.
Face à cette entreprise de récupération et de détournement de recherches d’inspiration féministe, il est
impossible d’ignorer cette dénaturation et ses conséquences sociopolitiques. Un-e chercheur-se qui
s’engage dans les études de genre dans une perspective féministe se doit de s’assurer, qu’outre la rigueur
et le sérieux méthodologique nécessaires à toute recherche scientifique, de laisser le moins de prises
possibles à ceux qui sous couvert de scientificité veulent instrumentaliser le résultat de ses recherches.
La question centrale de cette contribution porte donc sur la nécessité en tant que chercheur-se à
s’interroger, au-delà du bien fondé de ses propres recherches, sur les précautions théoriques et pratiques
pour restituer ses travaux dans ce contexte particulier. Autrement dit, comment rendre compte des
phénomènes de violences commises par des femmes tout en évitant de voir son travail instrumentalisé et
détourné ? Cela afin de ne pas contribuer involontairement à une fragilisation des travaux effectués par les
chercheur-se-s et les acteur-trice-s de terrain pour lutter contre les violences faites aux femmes.
DEBRAS Sylvie
Docteure en sciences de l'information
« Femmes et médias : une histoire paradoxale ; Violences au quotidien »
14h00-15h00: Salle Labbé
Les violences conjugales ou familiales, longtemps considérées comme une affaire privée, sortent du
silence médiatique. Dans la rubrique « société », le phénomène est évoqué en quelques chiffres suivis de
conseils aux victimes. Le message semble sans ambiguïté : ces violences ne sont pas acceptables.
Mais à la rubrique « fait divers » ou « tribunal », le langage change. Des procédés récurrents sont à l’œuvre,
tels que la « minimisation » des faits, perceptible dès le titre : « Montbéliard : je ne l’ai pas frappée, juste mis
une torche ». La parole de l’homme violent fait foi.
Lorsqu’il est question d’inceste, le père devient « trop affectueux », l’oncle « trop caressant ». Il s’agit d’un
« trop d’amour », comme dans ces titres classiques : « Crime passionnel », « Drame de la jalousie ». Ce
n’est pas la violence de l’homme qui tue, mais l’amour ou la jalousie.
Fréquemment, la déculpabilisation du meurtrier est assortie de la culpabilisation de la victime. Pour diverses
raisons, la femme ne « convient pas ». Ou pire, elle s’est rebellée : « La jeune fille dépose une plainte (…).
C’est le geste de trop (…). La plainte va accélérer les événements ». Une explication « rationnalisante » est
reconstruite : c’est le dépôt de plainte qui provoque la mort.
Si une femme demande la rupture, il devient presque « normal » qu’elle subisse des violences. Et même
après un divorce, elle reste souvent, sous la plume du journaliste, « la compagne » de son ex-mari… sa
propriété ? Est-ce qui explique que, par un glissement sémantique, le meurtre d’une femme puisse être
qualifié de « suicide familial » si l’homme s’est tué après le meurtre ?
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De même, pour les enfants victimes d’inceste ou de viol, le journaliste reprend souvent la parole du violeur :
« C’est elle qui l’a cherché ». Le code typographique, guillemets et italiques, suffit-il pour que le lectorat
comprenne qu’il s’agit d’un propos rapporté, pas d’une justification ? Par ailleurs, l’usage d’une terminologie
qui vieillit l’enfant minimise le crime : « une jeune fille de 10 ans ».
L’analyse d’un fait divers ancien, dit « le drame de Fays » (L’est Républicain, 1999) montre comment
l’imaginaire viril est au travail dans le récit journalistique. Un veuf tire sur deux sœurs et se tue. L’une meurt
sur le coup. En attendant que la survivante sorte du coma et témoigne de sa bonne moralité, les deux jeunes
femmes sont soupçonnées d’être vénales, légères, intéressées... Il faut « rendre ses droits à la victime »
déclare l’avocat !
Les préconisations des pages « société » ont-elles encore du poids, quand dans le miroir médiatique, aux
pages « faits divers » – les plus lues dans les quotidiens –, se construit un monde où la violence de certains
hommes est trop souvent minimisée voire justifiée ? Comment se jouent les processus identificatoires ? Des
journalistes ? De la lectrice ou du lecteur ?
VALZEMA Marie-Sherley
Doctorante en sciences de l'information et de la communication
"Des violences sexistes aux violences sexuelles: les représentations du continuum"
14h00-15h00: Salle 100
L’expression violences à l’égard des femmes n’a cessé d’évoluer. En effet, ces violences puisent
leurs sources dans une relation inégalitaire entre femmes et hommes. Si au départ, cette expression se
limitait aux violences au sein de la famille et aux violences sexuelles, aujourd’hui cette notion couvre un
périmètre élargi. (Jaspard) S’exerçant au sein de trois espaces, privés, publics et professionnels, les
violences faites aux femmes recouvrent une large palette de violences : harcèlement sexuel, viol ou encore
mutilations sexuelles féminines. A travers cette communication, on s’attachera à la notion de continuum
des violences sexistes et à leur représentation sur le plan médiatique. Cette notion de continuum est au
cœur du discours féministe, elle permet par ailleurs, de mettre en évidence les liens existants entre
violences verbales, physiques, psychologiques, sexuelles… Bien que les modalités d’expression ainsi
que l’amplitude de ces violences soient différentes, elles positionnent l’agresseur dans une situation de
domination. Ces violences selon Marylène Lieber sont « un moyen fondamental de contrôle social, essentiel
au maintien d’un ordre sexué ».
De plus, cette notion de continuum ne fait pas l’unanimité dans le monde de la recherche, alors,
comment cette notion est travaillée par les médias ? Quelles sont les connexions effectuées entre ces
violences ? Par ailleurs, quels types de violences sont représentés à l’écran ? Ces violences sont-elles
pensées comme outil de contrôle social ? Bref, en d’autres termes, l’interprétation féministe des
violences faites aux femmes arrive-t-elle à occuper l’espace médiatique ?
Afin de répondre à ces questions, on constituera un corpus médiatique. Plus précisément, c’est la télévision
qui sera notre outil d’analyse pour explorer les représentations soit une forme de connaissance visant à
interpréter et élaborer le « réel ». Parce qu’elle véhicule de nombreuses représentations et participe à
nos modes de pensée, la télévision est un outil intéressant pour observer le monde (Macé). Une série
fictionnelle intitulée New-York : unité spéciale fera l’objet d’une attention particulière. La raison en est
la volonté explicite affichée dès le générique de traiter des crimes à caractère sexuel. C’est pourquoi, les
trois premières saisons de cette série policière seront analysées en effectuant une analyse de contenu et du
discours. Ici, on souhaite montrer que si le viol est souvent traité dans cette série, cependant, cette
médiatisation tend à invisibiliser d’autres formes de violences qui pourtant portent atteinte à l’intégrité
des femmes. Par ailleurs, malgré la mise en scène d’outils spécifiques visant à détecter, accompagner et
soutenir les victimes au sein de la fiction, il apparaît que les racines sociétales de ces violences sont peu
perceptibles.
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NAVES Marie-Cécile
Docteure en science politique;
chargée de mission au Centre d'Analyse Stratégique
"Lutte contre les inégalités de genre et protection de la jeunesse dans les imaginaires liés à la
sexualité dans les médias et le marketing. Le phénomène d'hypersexualisation"
15h30-16h30: Salle Labbé
La polémique de l’automne 2011, dans le champ politique français, sur l’insertion de la
problématique du genre dans les manuels scolaires de SVT en classe de première a mis en lumière
l’importance d’expliquer aux enfants et aux adolescents la dimension sociale de l’identité sexuée/sexuelle,
ainsi que les résistances face à cet enjeu d’éducation et d’émancipation.
Les stéréotypes hommes-femmes (à l’instar des stéréotypes relatifs à l’origine ou à l’orientation sexuelle)
sont construits et transmis aux enfants dès leur plus jeune âge par la famille, les groupes de pairs, l’École,
les médias ou encore le marketing. Parmi les vecteurs de ce double processus de construction et de
transmission figurent les vêtements, les livres ou encore la publicité, mais aussi le choix des pratiques de
loisirs (sport, jeux, arts, etc.). Ils occasionnent des attentes sociales en matière de comportements,
d’attitudes et de rôles de la part des garçons et des filles, des hommes et des femmes, qui, sur la base de
différences prétendument « naturelles », perpétuent et même justifient des inégalités, voire des violences
(symboliques, mais aussi verbales ou physiques). La sexualité et ses imaginaires, en particulier, sont
concernés par le fait que les comportements et les pratiques de chacun(e) sont censés répondre à des
attentes genrées, socialement construites.
Notre communication se propose de se centrer, à partir de l’analyse d’un corpus de publicités, de clips et de
jeux vidéo, de vêtements et de magazines destinés aux enfants, sur la question de la construction et de la
transmission, via des imaginaires liés à la sexualité, de certains stéréotypes de genre.
Le problème n’est pas celui de la libéralisation de la sexualité ou de sa représentation dans l’espace public,
mais ceux de la protection de l’enfance face à la projection, sur elle, des imaginaires d’une sexualité adulte
et de l’image prédominante - différentielle et inégalitaire - de la femme et de l’homme qui y est véhiculée
(homme dominateur, femme soumise et/ou provocatrice).
Le Centre d’Analyse Stratégique a, en 2012, publié un état des lieux des débats et des mesures mises en
place à l’étranger face à ce phénomène, qualifié d’« hypersexualisation ». Il concerne principalement trois
domaines : la vente de biens et de services, destinés aux plus jeunes, qui utilisent les ressorts de la
sexualité adulte, par ailleurs non neutre ; l’utilisation d’une image sexualisée et genrée des enfants dans les
médias ; et l’exposition des enfants aux images érotiques ou pornographiques – elles-mêmes non neutres.
Nous nous efforcerons de montrer l’importance de la déconstruction des stéréotypes de genre liés à la
sexualité. Cette déconstruction est une étape indispensable vers la responsabilisation de tous les
protagonistes - pouvoirs publics, parents, École, médias, enseignes de vêtements ou de produits culturels –
vis-à-vis de la jeunesse pour lutter contre certaines inégalités et certaines formes de violence. Des exemples
étrangers illustreront le propos.
SELLIER Geneviève
Professeure des Universités en études cinématographiques – Université Bordeaux 3
"Le cinéma, fabrique des normes sexuées"
16h30-17h30: Salle Labbé
La culture au sens large est le lieu principal de construction, de transmission et de naturalisation des
normes sexuées, comme instrument de domination d’un sexe sur l’autre. Depuis le XXe siècle, le cinéma en
est le vecteur privilégié, à la fois parce qu’il s’adresse à toutes les couches de la société, et qu’il mobilise le
désir et le plaisir comme instruments d’adhésion aux normes. Nous nous interrogerons sur les normes
sexuées que transmet le cinéma, à partir d’un corpus de films français contemporains et populaires, réalisés
par des hommes et par des femmes. Dans quelle mesure l’émergence des réalisatrices (20% des films sont
réalisés par des femmes en France depuis une vingtaine d’années) change-t-elle la donne ?
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9h00-12h00 : Table Ronde
« Stéréotypes et violences sexistes : des outils de prévention en
direction des jeunes »
CORIF Lille et Planning Familial du Nord
Véronique COCHARD et Véronique SEHIER
[email protected]
« IKWAL » : un DVD, outil d’animation pour provoquer le débat sur les rapports
filles-garçons
Fédération Léo Lagrange
Aurore LAB
[email protected]
« Expérience du programme « Démocratie & Courage ! » sur la construction de
l’identité de genre auprès de lycéens et de professionnels »
Femmes Debout
Yassia BOUDRA
femmesdebout@orange .fr
« Les relations filles/garçons »
Centre d'informations sur les Droits des Femmes et des Familles
(CIDFF) du Doubs
Caroline STRASSER
[email protected]
« Comment captiver un public jeune pour prévenir les inégalités de genre et les
violences sexistes ? »
Centre d'informations sur les Droits des Femmes et des Familles
(CIDFF) de Haute-Saône
Géraldine TISSERAND et Sandrine OBERSON
[email protected]
« Prévenir et lutter contre les comportements sexistes : pour une éducation à
l’égalité entre les genres dès le plus jeune âge. »
Solidarité Femmes - Parenthèses à la violence
Virginie ZIMMERMANN
[email protected]
« La promotion des comportements non-violents et non-sexistes : un exemple de
démarche de prévention »
Solidarité Femmes 25
Stéphanie GENETAY et Patricia STAINE
[email protected]
« Prévention des comportements sexistes»
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9h00-11h00 : Atelier de travail
« Comprendre et agir contre les violences faites aux femmes »
Geneviève ATGER, Sage-femme
Centre Hospitalier Universitaire de Besançon
La Mère et l'Enfant, Besançon
[email protected]
« Violences à l'égard des femmes : réflexions et pratique d'une sage femme de
consultations à la maternité du CHU de Besançon »
Centre d'informations sur les Droits des Femmes et des Familles
(CIDFF) du Jura
Claire ROBELIN et Frédérique ZHRIDANE
[email protected]
« Prévention et lutte contre les violences sexistes »
Fédération nationale Solidarité Femmes
Christine CLAMENS
[email protected]
« Le 39-19 Violences Conjugales Info, un service d’intérêt général au sein d’une
fédération militant pour les droits des femmes.»
Sauf le respect que je vous dois
Guy VIGOUROUX
[email protected]
« Les violences sexuelles dans le sport » : repères facilitant la lecture de la
réalité et le positionnement professionnel à adopter.
9h00-11h00 : Atelier de travail
« Violences économiques envers les femmes : faire évoluer les
représentations pour l'égalité professionnelle »
FETE- Femmes égalité emploi
Cécile RUFFIN
[email protected]
« Les syndicats, acteurs à part entière, de l’égalité femmes/hommes dans
l’entreprise »
Maylis SPOSITO
Doctorante en sociologie-Université de Franche-Comté
« Accès des femmes aux carrières scientifiques et techniques : une question de
transgression de genre ? »
Association des Femmes Françaises Diplômées de l'Université
Claude ADGÉ
[email protected]
« Un exemple d'action en milieu scolaire : les "Olympes de la Parole"»
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MIFE-Cité des métiers de Belfort
Thomas FICHTER
[email protected]
« Un outil régional de lutte contre les préjugés et les stéréotypes de genre dans
le milieu professionnel : l’exposition La tête de l’emploi »
9h00-12h00 : Table ronde
« Construire une politique d'égalité entre les femmes et les hommes :
quelle action publique mettre en œuvre ? »
Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l'Égalité (DRDFE)
de Franche-Comté
Danièle DULMET
[email protected]
« La politique d'égalité du Ministère des Droits des Femmes »
Ville de Besançon
Nicolas MILLOT
[email protected]
« État des lieux statistique des femmes à Besançon »
Ville de Dole
Raphaëlle MANIERE
[email protected]
« Quels sont les leviers possibles pour lutter contre les violences sexistes et
sexuelles dans le cadre des politiques publiques locales ?»
Le Deuxième Observatoire,
institut romand de recherche et de formation sur les rapports de
genre
Véronique DUCRET
[email protected]
« Présentation d’une expérience en Suisse auprès des professionnel-le-s de la
petite enfance : un guide d’observation des comportements des professionnel-les à l’égard des filles et des garçons »
Laboratoire de l'égalité
Olga TROSTIANSKY
[email protected]
« Partager une culture commune de l'égalité entre les femmes et les hommes »
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Caroline Hérasse
Doctorante en sociologie-Université de Grenoble
« Représentations sociales du viol : et si l’on déconstruisait le mythe ? »
11h00-12h00:Salle 01
Le viol, malgré sa prise en considération durant les deux dernières décennies, reste pétri
de représentations qui en font un phénomène tout à fait exceptionnel, très extérieur à la vie
collective ; une déviance pure : en somme un « vrai crime ». Mais un crime à la place et à la
signification bien particulière. D’une part, du fait de l’absence de matérialité qui le caractérise dans
la plupart des cas. D’autre part, car l’identification et la reconnaissance du crime s’établissent sur
le principe équivoque de consentement, ouvrant la porte au doute sur la véracité des faits énoncés
par la victime. Enfin, de par les représentations collectives et les constructions sociales qui tendent
à responsabiliser plus ou moins directement les deux protagonistes.
A cet égard, il apparaît que dans les discours sur le viol est tenu un discours sur le genre. Qu’il
s’agisse du rôle des victimes, de l’image de la femme, de celle de l’agresseur, du contexte de
l’agression, etc. : tout concourt à une mise en récit dans laquelle les rôles sont dûment répartis au
regard de présupposés naturalisant ou d’autres propres aux catégorisations de genres. C’est en
cela que d'aucuns considèrent que le viol s’inscrit dans la structure socioculturelle de nos sociétés.
Le viol, la place sociale qui lui est accordée, ainsi que tout ce mythe qui enserre la réalité des
expériences sont comme un message collectif réaffirmant les rapports de genres et le bien-fondé
de leur hiérarchisation. Cette communication se propose d’interroger le champ des représentations
qui structurent notre imaginaire, collectif et aussi individuel, en matière de viol. Appuyer en cela sur
des analyses issues du travail de thèse – en cours – il s’agira de déconstruire le mythe du viol.
Que nous dit-il ? Que le viol n’existe que rarement, qu’il prend scène dans un cadre spécifique (la
nuit, à l’extérieur), que les protagonistes sont un homme contre une femme ; un monstre, un
maniaque, contre une victime imprudente, naïve. Et le sens commun continue la répartition des
rôles : la femme, celle qui provoque, celle qui n’ose pas, celle qui émet des signaux poussant
l’homme à passer à l’acte. L’homme, celui aux besoins croissants, celui qui est frustré, celui qui
cède aux pulsions, à ces instincts sexuels les plus bas. Dès lors, le viol, le vrai, ne peut être que
brutal, fait de coups, de menaces, de cris. Un assaut sexuel où l’un exprime avec force un désir
quasi animal ; où l’autre affirme vivement son non-consentement, se défend, exprime son refus à
tout prix. Le viol, d’autant si l’on considère sa forme hétéronormée, apparaît comme une agression
sexuée. Ainsi, si le phénomène symbolise la négation sujet, l’on note aussi combien la femme est
sexualisée et réifiée dans les représentations du viol. Le mythe, dans tous les cas, limite le champ
de perception et de compréhension du phénomène, participe de la négation des réalités telles
qu’elles sont objectivement vécues.
Brigitte GRESY
Inspectrice Générale des Affaires Sociales
« Le sexisme dans le monde du travail »
15h00-16h00 : Salle Labbé
Agrégée de grammaire, elle enseigne quelques années avant de rejoindre le ministère de
l’Industrie, à sa sortie de l’Ecole nationale d’administration où elle fut notamment directrice de
cabinet du directeur des stratégies industrielles. Elle se consacre ensuite pendant dix ans aux
questions de l’égalité entre les hommes et les femmes, d’abord comme chef de service du service
des droits des femmes et de l’égalité puis comme directrice de cabinet de la ministre en charge de
ces questions. Nommée inspectrice générale des affaires sociales, elle a été chargée par les
ministres de l’égalité de l’élaboration de plusieurs rapports, l’image des femmes dans les médias
en 2008, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes en 2009, l’égal accès des
femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et familiales en 2011 et le bilan de
l’autorégulation des médias pour faire progresser la place des femmes expertes en 2011.Elle a été
vice présidente et rapporteure de la commission sur l’image des femmes dans les médias (20082012) et est aujourd’hui membre de l’Observatoire de la parité et du Conseil supérieur de l’égalité
professionnelle. Elle a publié chez Albin Michel, en 2009, « petit traité contre le sexisme ordinaire »
et vient de publier, en mai 2012, une étude sur les stéréotypes masculins « le poids des normes
dites masculines sur la vie professionnelle et personnelle d’hommes du monde de l’entreprise ».
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