DAYER Caroline
Maitre-assistante en sciences de l'éducation - Université de Genève
"Hacker le sexisme"
10h00-11h00: Salle Labbé
Sur la base d’exemples concrets, de travaux empiriques et d’ancrages théoriques, cette
communication se propose d’aborder la thématique intitulée « La construction de l’identité de genre et les
représentations sociales » à travers trois principaux axes.
Si, dans le sens commun, l’expression hacker renvoie au fait de comprendre le fonctionnement d’un
mécanisme afin de le détourner, je m’inspire de cette analogie afin d’analyser la façon dont le sexisme se
construit et fonctionne en tant que système, non seulement pour cerner ses différentes traductions et effets
mais également pour actualiser les moyens de le combattre et de le prévenir. Pour ce faire, je présente une
approche interdisciplinaire (Dayer, 2010a) qui se fonde sur une critique de la pensée classificatoire et
hiérarchisante (anthroplogie), sur la triade stéréotype-préjugé-discrimination (psychologie sociale), sur les
logiques de stigmatisation (sociologie) ainsi que sur le pouvoir de l’injure (sciences de la communication et
du langage). Cet axe a pour objectif de pointer les spécificités du sexisme tout en l’inscrivant dans un cadre
général de processus d’exclusion en le mettant en perspective avec d’autres types de rejet tels que
l’homophobie, l’hétérosexisme, la xénophobie et le racisme.
Après avoir mis en exergue les mécanismes qui sous-tendent le sexisme, il s’agit d’analyser d’une part la
construction genrée de l’identité, autant individuelle que collective, et d’autre par les différentes formes de
violences sexistes et leurs conséquences. Afin d’atteindre ce but, les notions de tensions identitaires, de
conflits intrapersonnel - interpersonnel - sociétal, de représentations sociales, d’interaction, de socialisation,
d’éducation, d’apprentissage des rôles sont particulièrement mobilisées. Elles amènent à développer les
modes et supports à travers lesquels les stéréotypes de genre sont produits et reconduits. Si l’action de
hacker réfère au domaine informatique, une réflexion plus générale sur le rôle des nouvelles technologies
est présentée, s’appuyant notamment sur les travaux de Preciado (2008) relatifs à l'industrie capitaliste
pharmaco-pornographique. D’autres enjeux actuels liés au sexisme sont avancés, tels que les questions
d’instrumentalisation et de récupération, illustrées à travers les concepts de démocratie sexuelle de Fassin
(2009) et de matrice de la race de Dorlin (2006).
Finalement, si hacker consiste à trouver les failles d’un système - en l’occurrence sexiste - pour le déjouer
tout en évitant de le consolider, cette dernière partie propose différents exemples non seulement d’infiltration
et de détournement mais également de création. Ces derniers sont notamment issus de l’engagement dans
des associations, dont une en particulier à travers laquelle nous réalisons des vidéos, des articles, des
débats, des festivals, etc. Ce dernier axe met en évidence l’articulation entre dimensions scientifiques,
politiques, militantes et artistiques.
PETROVIC Céline
ATER en psychologie - IUFM de Nancy
"L'évolution de la représentation sur les rôles sociaux des femmes et des hommes: un enjeu pour
l'égalité"
11h00-12h00: Salle Labbé
Dans les formations obligatoires à l’égalité auprès de divers publics (futurs∙es enseignants∙es, ,
professions sociales, collégiens·nes et lycéens·nes), de nombreuses objections surviennent pour contester
la théorie du genre telle qu’elle est définie par le milieu de la recherche et les politiques, c’est-à-dire
entendue comme la construction et la hiérarchisation sociale du masculin et du féminin. En effet, les
enseignements relatifs au genre ne sont à ce jour institutionnalisés à aucun niveau scolaire, ni même au sein
de la formation des enseignants∙es, et ce malgré la convention interministérielle pour l’égalité des chances
entre les sexes dans l’enseignement de 2000. Il n’y a donc pas de savoir dispensé et reçu à propos des
inégalités sociales entre les sexes et de leur mécanisme de reproduction. Aussi, encore aujourd’hui,
nombreux·ses sont celles et ceux qui ne les perçoivent pas, et ont une certaine illusion de l’égalité, ou
considèrent les rôles des unes et des autres comme différents et complémentaires. Cette idée de
complémentarité est également le socle de l’homophobie. En outre, parmi celles et ceux ayant une
connaissance sociologique ou historique des inégalités, beaucoup les considèrent comme la conséquence
d’une biologie qui influencerait le développement psychologique des femmes et des hommes, déterminant
les rôles sociaux. Le déni des inégalités et l’essentialisme sont les deux éléments du noyau central
constitutif de la représentation sociale la plus souvent partagée sur les rôles des femmes et des hommes
dans la société.
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