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Medi-Sphere 480 ❚ 20 mai 2015 www.medi-sphere.be
«Dès lors, un lissage éven-
tuel des quotas ne pour-
ra pas être d’application
avant 2022, avec des chiffres peut-être
plus adaptés aux besoins réels. La Com-
mission souhaite aussi que le lissage
reste dans la limite des 20% du nombre
d’étudiants de l’année académique en
cours.»
De la libre circulation des
médecins européens
Des chiffres «adaptés» et un lissage-tam-
pon, c’est peut-être bien, mais que pen-
ser du fait qu’un jeune médecin fran-
cophone venant d’obtenir son sésame
inamien peut de toute manière s’instal-
ler en Région flamande si ça lui chante
(et vice-versa)? «Nous en sommes bien
conscients», reconnait Marco Schetgen.
«Nous sommes d’ailleurs occupés à
planifier l’installation, chez nous, d’étu-
diants de nos universités alors que des
médecins étrangers peuvent s’installer
sans problème. La proposition de plani-
fier au niveau européen, exprimée il y a
quelques années, n’a malheureusement
pas été retenue. Du reste, je n’ai encore
jamais vu la moindre étude démontrant
que plus il y avait de médecins, plus il y
avait de dépenses de santé publique. On
peut donc parfois se demander si, avec
cette Commission de planification, nous
ne sommes pas sur une autre planète…»
MG: des chiffres
«suffisamment évidents»
Et d’ajouter qu’à ses yeux, la planification
n’a vraiment de sens que pour détermi-
ner les spécialités qui réclament du ren-
fort — mais pas pour donner un chiffre
global, absolu, à ne pas dépasser. «De
toute manière, on observe toujours une
forme de régulation naturelle, avec des
changements d’orientation spontanés
d’une activité médicale vers une autre.
Mais il est clair que nous allons manquer
de généralistes, d’autant plus que l’acti-
vité diminue d’environ 60 à 70% après 65
ans. Nous pouvons en effet déjà tirer cer-
taines conclusions des chiffres dont nous
disposons, car ils sont suffisamment évi-
dents. Et on ne pourra pas se passer si fa-
cilement des généralistes, cette première
ligne qui résout environ 90% des pro-
blèmes de santé de la population pour à
peine 5 à 10% des dépenses de l’Inami…»
Et en parlant de la supposée pénurie en
pédiatrie, cette spécialité qui, par cer-
tains côtés, est assez proche de la mé-
decine générale? «Il ne manque pas de
pédiatres en Belgique. Par contre, oui, ils
sont assez nombreux à refuser d’assurer
les gardes, ce qui est une autre histoire.»
+ 33% de choix positifs
chez les carabins
Didier Giet, professeur au DUMG de l’ULg,
n’avait pas encore pris connaissance des
chiffres au moment de rédiger ces lignes.
Il pourra cependant en présenter bientôt
d’autres, et pas des plus inintéressants
puisqu’ils font partie d’une étude interuni-
versitaire sur la proportion de rétention
des médecins — autrement dit, le nombre
de confrères qui poursuivent dans l’acti-
vité de soins au bout de x années après
l’obtention du diplôme. Difficile, en effet,
de préciser des quotas de numéros Inami
si on n’a pas une bonne vision du nombre
de médecins qui en font/feront réellement
usage. Au passage, rappelons qu’une
note d’orientation commune Fag-SSMG-
GBO-AMF (la branche MG de l’Absym)
présentée aux partis politiques en 2013-
2014 réclamait déjà un indispensable
travail sur l’attractivité de la profession.
«Tous les chiffres sur la rétention nous
sont parvenus, mais ils n’ont pas encore
pu être étudiés. Cet aspect représente
un domaine où il revient surtout aux
syndicats médicaux de réfléchir et d’agir
pour que les MG restent dans le métier.
Ceci dit, l’aspect motivation, que nous
essayons de faire évoluer au niveau
des universités, semble avancer dans
le bon sens. A Liège, notamment grâce
au stage obligatoire en MG, le nombre
d’étudiants qui choisissent prioritaire-
ment la médecine générale a augmenté
d’environ 33% rien qu’en un an.»
Une bonne nouvelle, donc, teintée d’un
optimisme réel bien que mesuré et sur-
tout prudent: «Il est grand temps que les
facultés de médecine s’interrogent sur
les besoins de la population et sur leur
responsabilité sociétale. Ce ne sont pas
les besoins des CHU qui doivent guider
des quotas (notamment pour remplir les
rôles de garde en pédiatrie), mais bien
ceux des patients. Les facultés de mé-
decine sont subsidiées par l’Etat pour
répondre aux besoins sanitaires de la
population, et pas à ceux des CHU.» ❚
Dr Claude Leroy
MS9683AF
suite de la page 1
Non, la planification à la belge
ne résoudra pas tout
«A ce stade», commente Marco Schetgen, membre de la
Commission de planification, «le chiffre de 1.230 attesta-
tions restera bien, en 2021, identique à celui des deux an-
nées précédentes car il est effectivement trop tôt pour que
la Commission tire des conclusions sur base des chiffres
qui viennent de lui être communiqués.»
ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
MS9683BF
Pour Jacques de Toeuf, qui rem-
place depuis peu le Dr Roland
Lemye à la tête du syndicat,
l’évolution 2004-2012 montre avant tout
«une augmentation du nombre de MS (+
14,5%) et une stagnation du nombre de
MG (…)», qui étaient «712 en formation
en 2012 et 810 en 2014» (contre 4.410 MS
en formation, soit cinq fois plus). «La
lecture de ces données démontre que
les départs à la retraite et les arrêts d’ac-
tivité des médecins plus âgés ne doivent
plus susciter d’inquiétude quant à la
prise en charge sanitaire de la population
Jacques de Toeuf (Absym):
«Il y a trop de médecins en
Belgique francophone»
Si de nombreux chiffres disponibles ont un caractère
évident pour Marco Schetgen (lire ci-dessus), ils sont
considérés comme tout aussi parlants par le président de
l’Absym – si ce n’est que l’interprétation va dans un sens
passablement opposé, à en lire le communiqué syndical
récemment diffusé.
«On observe toujours une forme de
régulation naturelle, avec des chan-
gements d’orientation spontanés
d’une activité médicale vers une
autre», remarque Marco Schetgen.
Jacques De Toeuf relève une
augmentation du nombre de MS et
une stagnation du nombre de MG.