accepte sans forcément faire l’effort de rendre l’effort
perceptible – nous acceptons ce qui nous est présenté, son et
image liés. Elle en est destinée à devenir plus utile que
belle, du moins pour une impression directe et première, et
des clichés musicaux se sont, assez logiquement, largement
répandus. Se poser la question de l’intérêt de se démarquer et
créer quand l’on s’adresse à un inconscient primitif n’est
même pas légitime.
Le problème est que la bande originale de films populaires
modernes, donc les plus représentés médiatiquement, fut
reléguée à ce modèle très particulier : gros violons, gros
cors, pour de grosses larmes.
Et cette musique fonctionne encore à défaut de surprendre,
parce que l’homme est faible, que des génies l’ayant bien
compris ont découvert comment l’émouvoir à moindre frais –
donc le faire payer.
Ce qui est contre-ambitieux, et disons-le, artistiquement
inacceptable, comme l’éternelle variation autour d’une figure
imposée, à l’encontre de la création musicale réelle. Le
spectateur a une responsabilité, celle de prendre conscience
qu’une bande originale peut surprendre, dérouter, exister en
tant que telle, plutôt que d’imposer à l’infini le schéma
violons tristes / scène triste, cuivres ascendants / scène
pleine d’espoir, piano pensif / héros introspectif.