Kazakhstan Têtière © NIDS/NATO Media Library Rubrique International Le Kazakhstan Un pays super-connecté Le Kazakhstan développe des relations avec les pays BRICS et explore les possibilités de partenariats commerciaux et de coopération renforcée dans le but d’atteindre des objectifs communs. Noursoultan Nazarbayev, président de la République du Kazakhstan D ix ans après sa création, le concept des BRICS, qui rassemblent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et depuis l’année dernière l’Afrique du Sud, est devenu une réalité dans le monde politico-économique. La projection optimiste du cabinet d’analystes Goldman Sachs en 2001 a été dépassée. En l’espace de dix ans, la part des BRICS au PIB mondial a atteint 10 milliards de dollars, soit 80 % des économies des pays membres du G7. Selon la Banque mondiale, la part du Brésil, de la Chine et de la Russie s’élèvera à 30 % de la production mondiale d’ici à 2015. Aujourd’hui et malgré la crise économique, les « cinq fantastiques » BRICS continuent d’afficher des taux de croissance impressionnants, à l’inverse des pays développés aux prises avec des dettes publiques. Les pays émergents dynamiques peuvent devenir le moteur clé de l’économie mondiale. 40 l’essentiel En conjuguant leurs efforts, ils devraient contribuer pour une grande partie à la reprise économique. Je pense que le Kazakhstan, l’un des trois États qui affichent la croissance la plus rapide en 2011, est prêt à contribuer à ce processus. En 20 ans d’indépendance, nous avons bâti une économie efficace, multipliée par 12. Nous comptons parmi les quelques pays en mesure de s’autofinancer et de développer son potentiel d’exportation. Des relations politiques et commerciales renforcées Il est intéressant de noter que le Kazakhstan partage des frontières avec deux des principaux pays des BRICS, la Russie et la Chine. Ces deux pays sont également nos principaux partenaires politiques et commerciaux, avec lesquels nous avons signé des accords de coopération stratégique. Nos échanges commerciaux avec l’Inde et le Brésil sont également en augmentation. L’an dernier, le chiffre d’affaires commercial réalisé avec les cinq BRICS s’élevait à près de 46 milliards de dollars. À mon avis, la sécurité alimentaire et énergétique constitue l’un des secteurs les plus prometteurs concernant la coopération BRICS/ Kazakhstan. Il n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui de poursuivre une politique d’ouverture et d’harmonisation des différents rythmes de croissance économique, ceci grâce à une intégration économique dont chacun tirera des bénéfices. En tant qu’État, le Kazakhstan soutient les aspirations des BRICS visant à diversifier le système économique mondial et à construire un monde plus transparent, plus démocratique et multipolaire. Malheureusement, les G20 et G8 se sont révélés peu efficaces. Il est particulièrement inquiétant de constater que la communauté internationale n’a pas encore entamé les discussions concernant la mise en œuvre d’un plan anticrise. Je propose d’augmenter radicalement le nombre de participants à la recherche de solutions à la crise internationale. Je propose d’appeler la nouvelle plate-forme de communication la « G-Global project ». À notre initiative, un nouveau mécanisme de système financier international et une monnaie unique mondiale sont en ce moment même à l’étude. Situé au carrefour de l’Europe et de l’Asie, le Kazakhstan a saisi et partage sa part de responsabilité au développement durable et progressif du continent eurasien. Depuis le début, le Kazakhstan a décidé d’exploiter ses vastes ressources naturelles afin d’améliorer les conditions de vie de tous ses citoyens. L’éducation et le social ont toujours figuré au rang des priorités de notre développement. Par conséquent, depuis 1994, le revenu moyen par habitant a été multiplié par 12. Le taux d’alphabétisation du Kazakhstan atteint 100 %, alors que le taux de chômage demeure invariablement bas. Depuis longtemps, le Kazakhstan est un carrefour du monde en tant que point de passage de la route de la soie. Les commerçants parlant de multiples langues traversent notre pays depuis des siècles, transportant gemmes, épices et or en provenance des bazars d’Asie jusqu’aux places de marché européennes. Aujourd’hui, le Kazakhstan assure des relations harmonieuses entre plus de 130 groupes ethniques et 40 religions, une caractéristique basée sur l’histoire, mais aussi une réflexion de notre engagement envers les relations interethniques et interreligieuses. Nous avons créé l’Assemblée du peuple du Kazakh, une institution efficace qui optimise les relations des différents groupes ethniques composant notre pays. Régulièrement, des congrès internationaux réunissant les leaders des religions traditionnelles du monde se tiennent dans notre pays. Une Économie forte tournée vers l’international Le Kazakhstan soutient les aspirations des BRICS pour diversifier le système économique mondial et construire un monde plus transparent, démocratique et multipolaire. En 2010, le Kazakhstan a présidé l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et a accueilli le premier sommet depuis 11 ans dans notre capitale, Astana. Cette année, le pays présidera l’Organisation de la coopération islamique et espère ainsi créer un climat propice à la compréhension entre les nations majoritairement musulmanes et le reste du monde. En intensifiant les relations internationales, nous avons développé une politique étrangère équilibrée, et nous avons créé de nouvelles organisations pour promouvoir la coopération, dont la Conférence sur l’interaction et les mesures de confiance en Asie, qui inclut 24 nations. Grâce à son succès économique, le Kazakhstan est passé du statut de pays bénéficiaire des aides internationales à celui de pays donateur, au Kirghizstan, en Afghanistan et en Somalie. Les agences de notation internationales ont relevé à plusieurs reprises la note du pays. La Banque mondiale nous classe parmi les 50 pays où il fait bon investir. Tout comme l’économie des BRICS, la nôtre se moder- nise et se diversifie, de la prédominance du pétrole à celle de l’agriculture, puis de l’industrie manufacturière et enfin des télécommunications. En tant que président du pays, qui a célébré ses 20 ans d’indépendance l’an dernier, j’ai toujours appelé les grands dirigeants de ce monde à dialoguer ouvertement et à mutualiser leurs efforts afin de mettre en place un système financier plus juste au niveau mondial et de renforcer la paix et la sécurité internationales. Il y a 20 ans, la décision ambitieuse de renoncer à quatre des plus importants arsenaux de missiles nucléaires et de fermer le site d’essais nucléaires de Semipalatinsk a posé les fondements de notre success story Nous avons proposé et introduit l’idée d’une zone sans armes nucléaires en Asie centrale. En 2010, lors du sommet sur la Sécurité nucléaire internationale qui s’est tenu à Washington, j’ai une fois encore mis l’accent sur l’importance de tirer profit de cette expérience alors que nous cherchons à augmenter le nombre de régions sans nucléaire dans le monde. En avançant ensemble, je suis convaincu que grâce à une forte volonté politique et un engagement collectif, nous trouverons une réponse commune à la question la plus urgente qui se pose actuellement, pour le bien de l’ensemble de l’humanité. Je suis convaincu que la relance économique globale et sa nouvelle trajectoire de croissance préfigurent une grande transformation. Aujourd’hui, les pays affichant la croissance la plus rapide ont l’opportunité réelle de devenir le moteur qui sortira l’économie mondiale de la crise. n l’essentiel 41