introduction presentation du service presentation de la personne

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Situation relationnelle du M5 par Béatrice Le C,
FI de l’IFAS du CFSM de Malestroit 2013-2014
INTRODUCTION
Dans le cadre de ma formation d'aide-soignante à l'IFAS de Malestroit, je réalise un dossier
correspondant au module 5 intitulé « relation et communication centrée sur le patient et son
entourage ».
Je souhaite vous présenter une situation toute particulière que j'ai vécue lors de mon second stage,
en soins palliatifs à la clinique des Augustines de Malestroit.
Dans cette situation, c'est l'importance de la relation soignant-soigné, dans la prise en charge de la
douleur, qui m'a interpellée.
Je présenterai la structure et l'unité de soins, et plus particulièrement la situation que j'ai vécue avec
Mr C. J'en ferai ensuite l'analyse, puis conclurai mon travail en dégageant les éléments qui me feront
progresser dans mon exercice d'aide-soignante.
PRESENTATION DU SERVICE
La clinique des Augustines se situe à Malestroit. Elle est constituée de 5 services :
médecine gériatrique,
médecine physique et de réadaptation,
soins palliatifs,
hôpital de jour gériatrique,
soins de suite et de réadaptation.
J'ai effectué mon stage dans le service de soins palliatifs (USP). Ce service accueille de façon
temporaire ou permanente des personnes atteintes de maladies graves, évolutives, mettant en jeu un
pronostic vital avancé ou terminal. Ce service fonctionne avec une équipe pluridisciplinaire,
professionnelle ou bénévole, pour une prise en charge de la douleur globale (physique, psychologique,
sociale, spirituelle et familiale). De la qualité d'écoute et la qualité des soins.
Il faut savoir qu'en USP, les traitements liés aux pathologies sont arrêtés, et que la priorité est
essentiellement ciblée sur les douleurs.
PRESENTATION DE LA PERSONNE
Monsieur C. est âgé de 66 ans, vit avec sa femme à St Marcel. Il a 3 enfants et 6 petits enfants. Mr
C. a exercé le métier de maçon.
Mr C. a un syndrome occlusif dans un contexte de tumeur colique multi-métastatique. Ce monsieur
est arrivé en USP pour un séjour de répit pour sa femme (qui s'en occupe à domicile), mais surtout
pour une prise en charge de la douleur qui devenait insoutenable pour lui et difficile à gérer pour sa
femme.
PRESENTATION DE LA SITUATION
Monsieur C. est entré en soins palliatifs le 2 Décembre 2013. Il est dans une chambre seule, c'est un
lieu calme et intime. Je ne suis pas présente à son arrivée. L'équipe transmet que Mr C. est
recroquevillé, caché sous les couvertures, est terriblement douloureux et parle peu. Un traitement est
donc mis aussitôt en place pour les douleurs.
Je fais mon soin avec Mr C., en binôme avec Laurence, l'infirmière. J'observe, reste discrète pour
ne pas brusquer Mr C. Je me rends compte que le traitement commence à être efficace et que Mr C. se
détend, s'ouvre et discute un peu.
Le lendemain, je viens seule pour la toilette du matin. Laurence me donne quelques consignes et
me dit qu'elle passera plus tard. Le soin se fait vers 10h, car sa femme vient tous les jours à 11h30.
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Je frappe à la porte, attends la réponse et entre. Je demande à Mr C. s'il désire faire sa toilette, il me
répond que oui. Si cela ne le dérange pas que je sois seule pour le début de la toilette, et s'il se sent
capable de m'aider pour les transferts. Avec un sourire, Mr C. me dit qu'il n'y voit pas d'inconvénient.
Je lui demande s'il a des douleurs, je fais un test « EVA », le résultat est de 3, il me répond qu'elles sont
supportables et puis qu'il a bien dormi, donc qu'il est bien et fera son possible pour faciliter le soin.
Je prépare mes affaires, je décide d'utiliser des gants uniquement pour la petite toilette, cela
atténuera les barrières et facilitera le contact. Pendant ce temps je me présente à Mr C., et la discussion
part sur son métier, celui de sa femme, de ses passions (chasse), de sa maison (jardin surtout) et de ses
animaux. Je le laisse parler, évoquer ses souvenirs.
Je débute la toilette et lui demande s'il a besoin de quelque chose pour la douleur, il me répond que
si cela lui fait mal, il me préviendra, que je ne m’inquiète pas. Mr C. est très volontaire, il se soulève,
s’assoit, se tourne. Je suis assez surprise et lui fait comprendre que son aide m'est précieuse. Je lui
explique tous les gestes que je fais. Je les réalise avec tendresse, les gestes brusques pourraient
accentuer sa douleur. J'ai levé suffisamment le lit pour pouvoir être plus proche pour lui parler et être
face à son regard. Tout le long du soin, nous discutons, trouvons des points et des personnes
communes, ce qui facilite la discussion. Celle-ci est tranquille, avec un ton doux et lent.
Je suis toujours un peu sur mes « gardes », tant pour la survenue de la douleur que sur mes paroles,
mais fini par être vraiment dans une écoute empathique. J'observe Mr C. qui discute avec intérêt,
gaieté. Nous parlons de sa femme, il me fait part de sa tristesse et de son inquiétude, car elle est
fatiguée et ne pense pas assez à elle. Ceci rajoute une douleur sociale à sa douleur physique. Il me
parle également de ses petits-enfants, de son petits fils qui vient, après l'école faire ses devoirs avec
lui. Mr C. me dit comment ces petits rien lui font plaisir, que ça vaut tous les médicaments pour se
sentir bien. Je lui renvoie le fait qu'il a une vie riche en liens sociaux. Son visage devient de plus en
plus détendu et ses gestes souples.
En milieu de toilette, l'infirmière vient voir si cela se passe bien. Demande à Mr C. s'il a des
douleurs, s'il veut une interdose (morphine). Il lui répond que « finalement, je n'ai pas fait attention à
mes douleurs et donc, je n'en veux pas. Comme nous discutons de choses qui m’intéressent et me
passionnent, j'en ai oublié mes douleurs ».
L'infirmière demande si elle doit rester et c'est Mr C. qui lui répond que nous faisons une bonne équipe
et que ça ira.
Le soin s'est terminé tranquillement. Madame C. est arrivée, son mari lui dit que nous avons bien
discuté. La question que pose Mme C. quotidiennement est de savoir combien son mari a pris
d'interdoses, Mr lui dit qu'il a pris 6 doses depuis ce matin. Je suis restée perplexe, ne sachant quoi
dire, et en fait avec un grand sourire, lui dit que non, il n'en a pas pris depuis 5h. Je remarque que en
plus d'aller mieux, Mr C. a retrouvé son humour. Je les laisse donc dans l'intimité, Mr C. me remercie
et nous nous souhaitons une bonne journée.
ANALYSE DE LA SITUATION
Selon la définition officielle de l'association internationale pour l'étude de la douleur (IASP), « la
douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire
réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes ». Elle est donc subjective et repose avant tout sur le
ressenti du patient, ce qui rend difficile à quantifier et à qualifier. Elle peut varier d'un individu à
l'autre, pour une même lésion. Bien que la douleur soit subjective, il existe des outils pour l'évaluer
afin d'aider les équipes médicales à ajuster les traitements. Pour les adultes, l'échelle la plus utilisée est
l'échelle numérique graduée de 0 à 10 (0 pour l'absence de douleur et 10 pour la douleur maximale)
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Avec Mr C. l'échelle numérique est utilisée. Le niveau 3 de cette échelle est charnière. Quand elle
est inférieure à 3, la douleur est qualifiée de vivable, supportable. Au-delà de 3, elle nécessite un
réajustement de traitement. En tant qu'aide-soignante, j'ai donc un rôle essentiel dans la transmission
de cette évaluation à l'IDE, afin que le médecin ajuste sa prescription et pour permettre de vérifier
l’efficacité du traitement et de son suivi.
En soin palliatif, le travail en équipe prend toute sa dimension. Beaucoup d'entraide, de
communication, de soutien et de cohésion. Cette cohésion prévient l'épuisement professionnel. Le
travail en équipe pluridisciplinaire participe à l'élaboration du projet de soins. Chacun à son rôle, est
écouté, doit participer à l'atmosphère de l'unité et au plaisir du travail.
En soins palliatifs, tous les traitements contre la douleur sont possibles, et les morphiniques sont
beaucoup utilisés. Les dosages sont ajustés au plus juste avec le souci de conserver pour le patient, la
capacité de communiquer. La constipation étant un effet secondaire très fréquent, je suis attentive au
suivi du transit de Mr C.
La douleur étant multifactorielle, il est insuffisant de se contenter des médicaments. Aussi, dans la
situation de Mr C., il me faut bien connaître son histoire de vie, il me faut aussi échanger avec les
autres soignants afin de personnaliser et adapter mon accompagnement. En qualité d'aide-soignante, je
suis attentive à renseigner le dossier du patient, à y consigner toutes les informations collectées, pour
que l'ensemble des professionnels du soin aient les mêmes données. Ceci étant essentiel à la cohésion
de l'équipe et à l'accompagnement de Mr C.
Je sais qu'il connaît sa pathologie et son évolution, mais qu'il ne souhaite pas en parler. J'y suis très
attentive pendant sa toilette, je fais attention au choix de la discussion, aux mots que j'utilise.
La communication en soins palliatif est différente de celle que j'ai pu réaliser au cours de mes
autres stages. En effet, certains mots comme « guérison », « ça ira mieux demain » n'ont plus leur
place ici. Je suis également très attentive à la qualité de mon toucher pendant le soin. Ici, une phrase de
Watter Hasbeen prend tout son sens, « En tant que soignant, il faut être une main qui parle et une voix
qui touche avec humanité ». J'associe donc un toucher tendre, apaisant avec un timbre de voix doux.
J'utilise beaucoup de douceur pour réaliser sa toilette.
J'effectue un soin relationnel et engage une discussion détente. Les temps de silence sont rares,
Mr C. semble vouloir discuter. Je m'engage sur ses passions, et je constate que mes gestes et notre
discussion l'apaisent, il semble détendu. La relation soignant/soigné que nous avons, agit sur la
dimension psychologique de sa douleur. Cela répond à un des besoins fondamentaux, celui de
communiquer. Je le prends en compte dans sa globalité, j'établis une relation de confiance, naturelle et
authentique.
Pour parvenir à cette qualité de soin, je dois être disponible, centrée sur Mr C., sur son observation,
je dois être en mesure de repérer dans son attitude, ses positions, ses mimiques, les manifestations de
la douleur (communication non verbale), afin de réajuster ma « façon de faire ».
Je pense que pour travailler en soins palliatifs, le soignant doit bien se connaître lui- même, afin de
mieux s'ouvrir aux patients. Puis aussi pour connaître ses limites, se protéger, lâcher prise. Cette
connaissance de soi permet de développer une qualité d'écoute, de tact, de courtoisie, d'empathie et de
relation.
CONCLUSION
Je désirais autant que j'appréhendais ce stage en soins palliatifs, et j'en sors grandie. J'ai appris
beaucoup tant sur le plan personnel que professionnel.
Je ne me connaissais pas dans une telle situation. J'appréhendais mes réactions face à une personne
en fin de vie, face à ses douleurs, mais aussi face à son entourage.
Ce stage a été émotionnellement riche, j'ai ressenti de la peur. La peur de faire des remarques
déplacées, de ne pas savoir quoi dire, mais aussi la peur que ce soit un des miens à la place de Mr C. la
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projection.
J'ai ressenti de la compassion. Même si je ne pouvais pas me mettre à sa place, je m'inscrivais dans
une réelle envie de comprendre Mr C. au plus juste.
J'ai aussi ressenti une grande satisfaction face à l'état de bien être que Mr C. avait quand je quittais
la chambre après la toilette.
Je mesure aujourd'hui l'importance d'une prise en soin globale. C'est à dire, Mr C. dans toutes ses
dimensions (physique, spirituelle, sociale), mais aussi son entourage proche et sa femme
particulièrement.
J'ai pu améliorer la qualité de ma communication. Je serais attentive à ce que mes paroles ne
prennent pas trop de place, au détriment de mon observation et mon écoute.
Je mesure aussi l'importance de mon observation dans l'évaluation de la douleur, car la douleur
étant subjective, si un patient me dit qu'il a mal, je n'en doute pas.
Enfin, ce stage me confirme qu'une aide-soignante ne peut être qu'une technicienne. Étant, parmi
tous les professionnels qui gravitent autour de la personne soignée, celle qui passera le plus de temps
auprès du patient, la qualité de mes relations humanisera les soins que je réaliserai.
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