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Commentaires sur l’article :
« La néoruralité au Québec : facteur présentiel d’enrichissement collectif
ou source d’embourgeoisement » (le cas de St-Mathieu-de-Rioux) ?
Doyon, Klein, Veillette, Bryant et Yorn
Géographie, Économie, Société 15 (2013) 117-137
Bernard Vachon, Ph. D.
Professeur retraité du département de géographie de l’UQAM
Spécialiste en développement local et régional
Développement rural et gouvernance territoriale
La décision de commenter cet article a été motivée par cinq raisons :
1. Ce que le auteurs présentent comme le portrait de la néoruralité à Saint-Mathieu-de-
Rioux, le profil socioéconomique dominant des néoruraux de cette communautés ainsi
que les impacts négatifs de la néoruralité sur le dynamisme économique, la cohésion
sociale et l’attractivité de cette petite municipalité rurale, laisse le résident informé et
Épreuves de l’article telles que transmises par Juan-Luis Klein le 19 décembre 2013. « C'est une version
finale à 99,9%. » J-L.K.
Je suis résident de Saint-Mathieu-de-Rioux depuis 1979. De 1979 à 1989, avec mon épouse et nos trois
fils, nous avons mis sur pied un élevage ovin comprenant 125 brebis. Nous accomplissions toutes les tâches
agricoles liées à cet élevage : entretien des pâturages et de la machinerie, production du fourrage, gestion
du troupeau, mise en marché des agneaux, etc. Parallèlement, j’étais impliqué sans la vie sociale de la
communauté : président de la coopérative agricole, membre du conseil d’administration pour la relance de
la scierie, entraîneur d’une équipe de hockey, candidat à la mairie (1987), fondateur du Comité
d’aménagement et de la qualité de vie de St-Mathieu (qui a notamment préparé et rédigé bénévolement le
premier règlement de zonage, de lotissement et de construction de la municipalité, dont les orientations et
les prescriptions ont été reconnues avant-gardistes par le ministère des Affaires municipales. Ce règlement
qui créait entre autres une zone verte à des fins de conservation et d’activités récréotouristiques et une zone
de ceinture bleue autour des lacs, a été revu plus tard par la municipalité et la MRC et certaines dispositions
ont été modifiées. La rive sud du petit lac St-Mathieu a été exclue de la zone agricole permanente pour fin
de construction domiciliaire et ce n’est qu’au printemps 2013 que le conseil municipal a adopté un nouveau
règlement de zonage, de lotissement et de construction contenant des normes plus sévères en matière de
lotissement et de construction autour des lacs et en bordure des rivières). Ce comité composé de jeunes
agriculteurs, d’artisans des rangs et de résidents du village a eu plusieurs réalisations marquantes : tracé
d’un circuit de vélo de montagne et courses régionales annuelles, reconstruction des 9 croix de chemin et
cérémonies de bénédiction sur deux week-ends consécutifs, exposition d’articles religieux anciens, course
de « boîtes à savon », fêtes de Noël pour les enfants, soirées musicales, petits concerts, repas
communautaires, etc. De 1989 à 2000 le temps passé à St-Mathieu a été limité aux longs week-ends et aux
vacances d’été. Depuis mon départ à la retraite de l’UQAM (2000), nous vivons, mon épouse et moi, entre
six et huit mois par année à notre ferme, Chantemerle, incluant des participations à diverses activités de la
communauté. Durant toutes ces années (35 ans), notre ferme a été un véritable laboratoire à ciel ouvert
d’observation et d’analyse de la transformation économique et sociale d’une petite communauté rurale
d’une région périphérique du Québec. J’ai organisé plusieurs stages en développement local de 6 à 10 jours
pour des étudiants de niveaux bac et maîtrise. Ils logeaient alors dans des familles de la municipalité et
prenaient des repas chez moi.