contact : Mathilde Priolet / m.priolet@obrothercompany.com / +33 6 70 78 05 98
OTHELLO
Othello de William Shakespeare
Traduction inédite de Sacha Todorov
mise en scène Léo Cohen-Paperman
scénographie - costumes Anne-Sophie Grac
avec
Clovis Fouin, Elsa Grzeszczak, Jean-Michel Guérin, Fabien Joubert, Julien Romelard, Claire
Sermonne, Gisèle Torterolo, (en cours)
Production déléguée O’Brother company et Compagnie des Animaux en paradis
Coproduction Le Salmanazar scène de création et de diusion d’Epernay, Le Théâtre-
Scène conventionnée d’Auxerre, ACB Scène nationale de Bar-le-Duc, Festival en Othe, en
cours…
La O’Brother Company est en résidence au Salmanazar scène de création et de
diusion d’Epernay et conventionnée par la RégionGrand Est
La Compagnie des Animaux en paradis est en résidence au Théâtre-Scène
conventionnée d’Auxerre
Calendrier
Répétitions
du 23 octobre au 6 novembre 2017 et du 17 septembre au 31 octobre 2018
Création novembre 2018
DISTRIBUTION
Mes amis,
Nous nous sommes accordés sans un mot lorsqu’il fallut choisir notre guide pour
les années à venir : il s’appellerait Shakespeare, car souvenez-vous : « Il ne bâtit jamais un
personnage sans puiser à pleines mains dans la matière des existences, pétrissant la vie
comme elle est et non comme on voudrait qu’elle soit. » Génie incomparable, pérégrin de
l’obscurité et de l’opacité humaine, cette œuvre s’imposait à nous parce qu’elle répondait
à notre volonté de déer l’impossible - comme nous l’avions fait avec Clément en nous
imposant « Dans la solitude des champs de coton » à titre d’énigme, quitte à s’y briser,
tentant d’arracher au monde une part de vérité.
Notre spectacle verra le jour à une époque qui ore les apparences déguisées de
l’apocalypse. Si le Marchand de Venise nous apparait comme une comédie révélant
l’inconséquente légèreté des agissements, Othello est une œuvre désespérée, une
commotion. C’est le cri ultime devant une sombre machination que rien ne sera parvenu à
avorter, un merveilleux projet humain bravant l’inacceptable altérité anéanti par un homme
qui ne voit que non-sens et ténèbres au plus originel de la condition humaine.
Alors pourquoi ? Parce que « l’enseignement » à tirer de ces chefs d’œuvres, pour
n’en dire qu’un, au-delà du fait que Shakespeare nous éclaire ligne après ligne sur notre
être au monde, c’est peut-être qu’Othello et le Marchand de Venise nous apparaissent en
creux, comme une marche vers la connaissance, vers une conquête du réel au delà des
images falsiées par le monde tel qu’il nous est donné à voir et à entendre par ceux qui
compensent le manque fondamental de l’Etre par la quête de l’Avoir et de ses satisfactions.
Nous tenterons - sans illusions mais avec une conviction jamais éteinte - de faire un
théâtre qui voudrait modier le monde. Jamais comme avec Shakespeare nous n’avons
senti à ce point la grandeur et la responsabilité de notre métier dans toute sa fragilité, sa
désespérance et sa gloire. Puissions-nous être à la hauteur de cette térébrante lueur.
Fabien Joubert
LETTRE AUX ACTEURS
Une rencontre
C’est après une première collaboration (Les Nuits Blanches de Dostoïevski, représenté en
mai 2016) dans le cadre de ma compagnie que Fabien Joubert m’a invité à travailler avec
O’Brother. L’idée m’a tout de suite plu. Que ce soit au sein du Nouveau Théâtre Populaire
ou de la compagnie des Animaux en Paradis, j’ai toujours conçu le travail de metteur en
scène comme régulé par une troupe ou un collectif. Cette régulation des pouvoirs permet
à mon sens une meilleure circulation des intelligences et une convergence des forces
de travail. Je ne crois pas à la gure du démiurge omnipotent ce qui ne veut pas dire
que je croie à l’inutilité de la mise en scène en tant qu’art, bien au contraire ! Je crois
aux rencontres qui accouchent de projets ambitieux. Je crois qu’une direction artistique
se réalise et s’objective dans le dialogue. Je crois, enn, que le théâtre est enfant de la
connaissance de l’autre.
Depuis mes seize ans, j’ai eu la chance de mettre en scène une quinzaine de spectacles.
Mon expérience m’a permis d’éprouver et surtout de dénir mon geste de metteur en
scène : travailler avec la singularité de chaque acteur. Si le metteur en scène sculpte et
peint le spectacle, l’acteur est, pour reprendre le mot d’Antoine Vitez, « un poète qui écrit
sur le sable. » Et moi, j’écris avec lui, avec elle, avec eux. Ainsi, deux arts se rencontrent et
se répondent, le chant résonne avec son contre-chant. De ce dialogue naît une proposition
à laquelle tous consentiront, acteur et metteurs en scène, sur scène et dans la salle. Dire
cela, c’est poursuivre et armer la trinité sacrée du théâtre populaire : le Poète, l’Acteur,
le Régisseur.
LA GÉNÈSE DU PROJET
Un spectacle-monde
La compagnie O’brother est née du désir de remettre les acteurs au centre du processus
de répétition et de représentation. Je corrobore totalement cette volonté. Et pour ce faire,
ma première attention, en tant que metteur en scène invité, sera de proposer un principe
esthétique et un style de jeu absolument… théâtraux. Je rêve d’un spectacle conçu et
réalisé avec les moyens, les artices (et les limites) du théâtre. C’est peu. C’est beaucoup.
Mais c’est assez, car le théâtre est un monde en soi un globe, pour reprendre la
sémantique shakespearienne. Est-ce à dire que notre proposition sera poussiéreuse,
dépassée, ringarde (osons le mot) ? Non, car le théâtre dispose aujourd’hui de moyens
assez divers pour se renouveler tout en conservant son essence, sa beauté et sa rigueur.
Une grande traversée du monde et du temps par le théâtre : voilà une dénition claire et
forte de notre Othello (ou comment je suis devenu un monstre…).
L’origine du Mal
Mettre en scène Othello de Shakespeare, c’est parler de l’origine du mal. Et le Mal, c’est
Iago. Quelle est sa cause première? D’où vient ce désir de frapper autrui si durement ? Et
si ce Machiavel élisabéthain trouvait sa source dans un personnage antérieur, Shylock ?
Ainsi, notre spectacle s’ouvrirait sur un prologue de comédie, librement inspiré du
Marchand de Venise, écrit quelques années avant Othello. Une société insouciante,
libérale et irresponsable est saisie d’une passion collective et humilie la seule gure de
l’Autre : le Juif. Parce qu’il veut respecter le contrat conclu, il sera puni. Parce qu’il fait
commerce d’usure (ce qui est interdit aux Chrétiens), il sera puni. Ainsi raillé, violenté,
détruit, Shylock devient Iago. La victime devient le bourreau. Ainsi, la fable d’Othello fait
le récit implacable de la vengeance d’un réprouvé.
Une histoire du Temps
Raconter le passage du Marchand de Venise à Othello, c’est aussi raconter le passage
de la comédie à la tragédie et conséquemment, le passage d’un temps à un autre temps.
C’est reproduire le chemin du soleil aurore, zénith, crépuscule. Je formule donc cette
hypothèse en forme de métonymie : Othello (ou comment je suis devenu un monstre…)
racontera le passage d’un théâtre de machineries artisanales, de rideaux, de roulettes,
de boiseries, de tissus riches, de couleurs vives, à une modernité bétonnée, métallique,
athée, virtuelle, apocalyptique, âpre, brutale. Notre joli plateau de bois, machine à créer
des illusions, se transformera en espace déstructuré et hostile, usine à fabriquer du doute.
Ainsi, nous redonnerons au théâtre sa puissance originelle — car lui seul peut montrer le
Temps.
SHAKESPEARE
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