BILAN Bilan des coopérations entre professionnel santé Bilan des coopérations entre professionnels de santé Coopérations entre professionnels de santé Bilan de cinq ans de mise en œuvre du dispositif en Ile-de-France 0 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Sommaire RESUME ............................................................................................................ 2 INTRODUCTION ................................................................................................ 4 CONTEXTE HISTORIQUE ET CADRE LEGISLATIF ....................................... 5 1. La nécessaire évolution des modalités d’exercice des professions de santé pour un accès à des soins de qualité..................................................... 5 1.1 Un cadre juridique d’exercice des professions de santé ............................................... 7 1.2 Le développement des coopérations : une solution pour répondre aux enjeux du système de santé français ..................................................................................................... 8 2. loi Le dispositif de coopération entre professionnels de santé inscrit dans la .............................................................................................................. 9 2.1 La philosophie et les principes fondateurs .................................................................. 10 2.2 Les modalités et les outils de mise en œuvre du dispositif par l’ARS Ile-de-France .. 13 CONSTAT A CINQ ANS DE MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF EN ILE-DEFRANCE .......................................................................................................... 17 Les dossiers instruits par l’ARS Ile-de-France .................................... 17 1. 1.1 L’élaboration et l’autorisation des protocoles de coopération ..................................... 18 1.2 Adhésions aux protocoles de coopération entre professionnels de santé et évaluations 23 2. L’appréciation des acteurs impliqués dans le dispositif de coopération entre professionnels de santé ....................................................................... 28 2.1 Un dispositif répondant à des besoins de soins et ses bénéfices pour les acteurs .... 29 2.2 Un dispositif qui s’appuie sur des dispositions réglementaires, des démarches administratives et présente des limites ................................................................................ 35 CONCLUSION ................................................................................................. 45 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................. 47 SIGLES ............................................................................................................ 51 ANNEXES ........................................................................................................ 52 Annexe 1 – Contenus et pièces à communiquer à chaque étape ................. 53 Annexe 2 – Protocoles instruits et autorisés en Ile-de-France ...................... 54 Annexe 3 – Lettres d’intention instruites en Ile-de-France ............................ 61 Annexe 4 – Adhésions à des protocoles ....................................................... 62 Annexe 5 – Note relative aux modèles économiques .................................... 64 Annexe 6 – Personnes interviewées ............................................................. 74 AUTEURS ........................................................................................................ 75 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 1 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 RESUME La santé et l’accès aux soins de la population sont des préoccupations constantes. Concrètement, elles se traduisent dans les politiques publiques, les organisations de soins, celles du système et des professions de santé. Les évolutions sont dictées par l’analyse des contextes, notamment démographiques et épidémiologiques, et les politiques de santé publique. Le contexte de la région Ile-de-France est similaire aux observations nationales voire internationales en termes de démographie et d’épidémiologie, elle présente aussi des particularités. Il existe d’importantes disparités d’accès aux soins et de répartition territoriale de la population et des professionnels. Parmi les différentes mesures visant la transformation du système prises au niveau national et mises en œuvre au niveau régional figure le dispositif de coopération entre professionnels de santé. Il a fait l’objet d’un article spécifique (art. 51) dans la loi relative à l’hôpital, aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) promulguée en 2009. L’ARS Ile-de-France a mis en œuvre le dispositif dès la parution des textes d’application considérant que c’était un des moyens d’améliorer la qualité des soins et de répondre à ses problématiques d’offre de soins. Le bilan du dispositif après cinq ans de mise en œuvre (de janvier 2011 à août 2016) est réalisé à partir de données quantitatives, issues du suivi de l’instruction des dossiers par l’ARS Ile-deFrance, et de données qualitatives collectées auprès de personnes participant à la mise en œuvre du dispositif. Les principaux résultats montrent des aspects positifs avec une satisfaction des patients et des professionnels impliqués ; un intérêt pour le dispositif permettant de répondre à des problématiques de soins et d’en tirer des bénéfices pour tous les acteurs. Ils montrent également des difficultés et des limites. Elles sont relatives aux délais d’instruction longs (en moyenne 25 mois pour les protocoles autorisés) ; au financement, à l’organisation et la valorisation des professionnels, aux dispositions législatives et réglementaires, à l’applicabilité des protocoles autorisés, à la gouvernance du dispositif, aux moyens mobilisés et aux coûts de sa mise en œuvre. L’évolution du dispositif relève pour l’essentiel de prérogatives de niveau national impliquant les Ministères de la santé, de l’enseignement supérieur et de la recherche et l’assurance maladie. La mise en œuvre du dispositif de coopération entre professionnels de santé apporte de nombreux enseignements et il peut être considéré comme exemplaire pour l’analyse de conduite de politiques publiques. Il peut aussi être considéré comme une transition vers d’autres modèles. Mots clés : coopération, professionnels de santé, système de santé, activités dérogatoires. Note Les données prises en compte dans le bilan concernent la période allant de janvier 2011 à août 2016. Novembre 2016 2 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 3 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 INTRODUCTION La santé et l’accès aux soins de la population sont des préoccupations constantes. Concrètement, elles se traduisent dans les politiques publiques, les organisations de soins, celles du système et des professions de santé. Les évolutions sont dictées par l’analyse des contextes, notamment démographiques et épidémiologiques, et les politiques de santé publique. Parmi les évolutions récentes, dans le contexte français et international, figurent le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques et du handicap conduisant à repenser en profondeur l’organisation des soins. Il s’agit aussi de changer de vision, de passer d’une conception de système de soins à une conception de système de santé, intégrant davantage les dimensions de prévention et de promotion de la santé. Un système de santé, ce sont des structures, des organisations, des professionnels et des usagers. C’est aussi un cadre juridique qui réglemente les activités professionnelles dans le but de garantir la sécurité de la population. La mise à disposition de moyens matériels et humains, en nombre suffisant et avec les compétences requises et l’articulation de l’ensemble sont des facteurs clés de réussite. Le contexte de la région Ile-de-France est similaire aux observations nationales voire internationales en termes de démographie et d’épidémiologie, il présente aussi des particularités. Il s’agit de la région « capitale » représentant 19% de la population nationale, plutôt jeune avec environ 20% de moins de 20 ans, « riche » (30% du Produit intérieur brut (PIB)), géographiquement contrastée avec des zones très urbanisées et des zones rurales, relativement dotée en équipements médicaux et en professionnels de santé. Dans le même temps il existe d’importantes disparités d’accès aux soins et de répartition territoriale des professionnels. Celles-ci ont conduit à mettre dans les priorités du Projet régional de santé (PRS) l’accès aux soins et la réduction des inégalités. Les différentes mesures visant la transformation du système de santé prises au niveau national et mises en œuvre au niveau régional ont porté, par exemple, sur la révision des missions des structures (gradation de l’offre de soins), une organisation se référant à des territoires et des parcours de soins, une complémentarité d’intervention entre professionnels de santé. L’une des mesures ayant commencé à se structurer à partir du début des années 2000 concerne la coopération entre professionnels de santé. Elle a fait l’objet d’un article spécifique (art. 51) dans la loi relative à l’hôpital, aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) promulguée en 2009. L’objectif est d’améliorer l’offre et l’accès aux soins en permettant de nouvelles répartitions d’activités entre professionnels de santé. L’Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France a mis en œuvre le dispositif de coopérations entre professionnels de santé dès la parution des textes d’application de la loi. Elle a considéré que c’était un des moyens de répondre à ses problématiques d’amélioration de la qualité, de l’offre et d’accès aux soins. Après cinq ans de mise en œuvre du dispositif, procéder à un bilan est utile pour faire le point sur les réalisations, les limites et les perspectives d’évolution. Le bilan permet, dans une première partie, de resituer le contexte de conception, de mise en œuvre et les principes du dispositif de coopération entre professionnels de santé. Puis, dans une seconde partie, de rendre compte des résultats obtenus en s’appuyant sur les données relatives aux dossiers instruits en Ile-de-France et sur l’appréciation des personnes impliquées dans le dispositif. 4 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 CONTEXTE HISTORIQUE ET CADRE LEGISLATIF Les systèmes de santé évoluent et s’adaptent aux contextes sociohistoriques dans lesquels ils ont été instaurés. Les réalités épidémiologiques et démographiques sont pour partie similaires dans différents pays ou aires géographiques et pour partie spécifiques. Chaque pays élabore et met en œuvre des politiques publiques visant à offrir des soins de qualité à sa population. Le dispositif de coopération entre professionnels de santé fait partie des évolutions mises en œuvre dans le contexte français. Il a pour volonté de contribuer à l’amélioration de l’offre de soins en faisant évoluer la répartition des activités entre professionnels. 1. La nécessaire évolution des modalités d’exercice des professions de santé pour un accès à des soins de qualité Le monde de la santé, en constante évolution, connaît des transformations majeures depuis plusieurs années. Les progrès dans tous les domaines concourent à l’amélioration globale de la santé des populations et se traduisent notamment par l’allongement de la durée de vie. Les progrès en matière de santé s’accompagnent du développement de maladies chroniques et de handicaps, de polypathologies chez les personnes les plus âgées, de l’apparition de troubles liés à l’environnement. L’accélération du développement des connaissances, des innovations et des modifications des comportements sociaux, obligent à reconsidérer l’organisation du système de santé. Il s’agit de l’inscrire dans un processus dynamique, économiquement soutenable, cherchant à ajuster en permanence les réponses aux besoins de soins, les organisations et l’offre en ressources humaines en santé en termes de nombre et de compétences. Les évolutions particulièrement depuis le début de ce siècle ont modifié et diversifié les modalités d’offre de soins et de prises en charge des patients. Les conséquences sont, par exemple, la diminution de la durée moyenne de séjour à l’hôpital. Entre 2001 et 2009, elle a baissé de 4,2 % (Kranklader, 2012) alors même que le nombre de séjours, lui, a augmenté. L’hospitalisation complète est remplacée par d’autres formes d’hospitalisation ou de recours aux soins dans tous les secteurs d’activité. La technicité croissante a entraîné un morcellement des compétences et une spécialisation accrue des soignants. Ces évolutions ont été rapides et les pratiques ont été à la fois améliorées et bouleversées. Elles ont conduit à repenser les champs d’intervention des professionnels de santé et à réintroduire l’humain et l’expérience clinique au centre des préoccupations (Fortin et Maynard, 2012). Au début du siècle dernier, les médecins « perdaient » des patients par manque de connaissances mais aussi de moyens. Les progrès médicaux et les nouvelles technologies, conjugués à d’autres progrès liés aux conditions de vie, ont repoussé les limites et l’espérance de vie de la population française n’a cessé d’augmenter. On vit en moyenne plus de 80 ans en 2016 contre 47 ans en 1900. La tranche d’âge de français âgés de 75 ans et plus compte 5,7 millions de personnes en 2015. En 2060, ils seront 12 millions. La longévité produit un allongement de la période de vie « avec incapacités » (61,8 ans, Insee, 2010). 5 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 La progression notable des maladies chroniques a entraîné un changement de paradigme, passant d’une conception centrée sur un système de soins à une conception du système de santé. L’hôpital, lieu de traitement de pathologies aiguës, devient avec l’accroissement des pathologies chroniques un lieu de soins spécialisés. Les soins et l’accompagnement des personnes atteintes de pathologies chroniques, âgées, dépendantes, ont un coût pour le système de santé. Les transformations et la prise en compte des exigences de qualité et économiques conduisent à redéfinir les parcours de soins et les modalités de prises en charge, à développer davantage, dans un processus intégratif, la prévention et la promotion de la santé. Ces bouleversements démographiques et épidémiologiques représentent un défi considérable. Les personnes atteintes de maladies chroniques aspirent à vivre en préservant une qualité de vie. Les personnes âgées souhaitent rester le plus longtemps possible à leur domicile et les politiques sociales et médico-sociales se mettent en place en ce sens. Elles sont matérialisées, notamment, par des plans de santé publique (rapport Laroque, 1962, plan solidarité grand âge, 2006, plan national bien vieillir, 20072009, plan Alzheimer, 2001-2005 ; 2004-2007 ; 2008-2012, plan maladies neurodégénératives, 2014-2019, …). Les professionnels de la santé et du social sont de plus en plus nombreux à intervenir dans divers secteurs d’activité, dont le domicile, faisant émerger des problématiques de coordination et de rationalisation de la prise en charge. La répartition des professionnels de santé sur le territoire constitue également un enjeu. Au-delà du nombre, les comportements professionnels changent. Il se traduisent par la volonté de privilégier l’emploi salarié et un exercice regroupé le plus souvent pluriprofessionnel, de favoriser les approches interdisciplinaires et des conditions de travail permettant un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les attentes de la société ont aussi évolué. Les patients devenus consommateurs et citoyens, souhaitent bénéficier de soins de qualité de préférence près de chez eux. La recherche du « vivre mieux » et la volonté d’entretenir sa santé s’expriment de plus en plus. Les professionnels de santé font évoluer leurs pratiques et leur culture vers un soin plus global. La santé des populations recouvre des enjeux économiques importants. Les dépenses de santé représentent selon les pays une part plus ou moins conséquente du PIB. La France y consacre 10,9 % du PIB (OCDE, 2015), se classant au 6ème rang des pays industrialisés (Fig. 1). Cependant, indépendamment des sommes allouées tous les pays doivent composer avec les contraintes économiques fortes et s’assurer de la soutenabilité financière du système. 6 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Fig. 1 - Dépenses de santé* en pourcentage du PIB, 2013. C’est dans ce contexte que les pouvoirs publics ont cherché des solutions pour réorganiser le système de santé afin de répondre aux nouveaux enjeux de santé publique : vieillissement de la population, chronicisation des maladies, développement de nouvelles technologies, évolution des attentes des usagers, nouvelles aspirations des professionnels de santé et contraintes économiques. 1.1 Un cadre juridique d’exercice des professions de santé Les professionnels de santé ont la volonté d’adapter la prise en charge des personnes soignées aux mutations de la société et d’intégrer les nouvelles technologies à leur pratique ; pour cela elles doivent respecter le cadre réglementaire en vigueur. L’exercice des professionnels de santé est encadré par une réglementation spécifique visant à garantir la sécurité des personnes (cf. 4ème partie du code de la santé publique). Un professionnel de santé peut accomplir des missions et des activités en fonction de sa qualification, reconnue par un diplôme. L’exigence de diplôme crée un monopole d’exercice, rendant illégal et passible de poursuites pénales tout exercice sans la qualification requise. Les professions de santé, inscrites dans le code de santé publique, sont classées dans deux grandes catégories : les professions réglementées pour lesquelles le diplôme est obligatoire pour exercer (ex. médicales, pharmaceutique, auxiliaires médicaux) et les autres pour lesquelles le diplôme n’est pas indispensable pour l’exercice (ex. aidessoignants) bien qu’il soit fortement recommandé. Par ailleurs, d’autres professionnels interviennent dans le champ de la santé mais ne sont pas identifiés dans le code de santé publique en tant que professionnels de santé (ex. psychologues). 7 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Pour l’exercice de la médecine, un doctorat délivré par l’université est nécessaire depuis le début du XIXème siècle. En l’imposant, la loi définit la médecine comme un ensemble de connaissances théoriques qu’il convient d’acquérir (Genisson, Milon, 2014). La médecine étant la science appliquée par les médecins au sens large, un médecin exerçant en dehors de sa spécialité ou de sa compétence n’est pas susceptible d’encourir une sanction pénale. En revanche, il est passible de sanctions déontologiques prononcées par le Conseil de l’ordre des médecins et d’une condamnation civile. Les chirurgiens-dentistes et les sages-femmes sont les deux autres professions médicales reconnues. Leurs domaines de compétences sont limités et ne peuvent pas s’étendre à l’ensemble de la médecine excepté en cas d’extrême urgence comme formulé dans le code la santé publique (respectivement en fonction des professions aux articles R.4127-205 ; R.4127-313). A ces professions il faut ajouter les pharmaciens également classés dans les professions médicales. La différence entre les professions médicales et celles des auxiliaires médicaux réside dans le principe de l’encadrement médical des actes. Les auxiliaires médicaux agissent par délégation du médecin, délégation rendue possible par l’article L4161-1 du code de la santé publique sur l’exercice illégal de la médecine. Les champs de compétence des auxiliaires médicaux sont définis dans des décrets relatifs aux actes professionnels et à l’exercice de la profession. En 2008, le rapport Bressand et al. mettait en évidence la rigidité de ces décrets. L’actualisation d’un décret reste une démarche complexe, « le rythme de modification des textes, ne correspond pas au rythme des avancées technologiques, ne tient pas compte en temps réel des compétences acquises par l’expérience professionnelle et les formations complémentaires, ni de l’évolution des pratiques professionnelles. » Les professionnels sont amenés à adapter leurs pratiques quotidiennes sans pour autant les formaliser ou en assurer une traçabilité, sortant ainsi du système réglementaire en risquant de mettre en danger à la fois les patients, les professionnels et les institutions. Le rapport avait préconisé de simplifier les procédures de modifications des textes. La Haute autorité de santé (HAS) avait, elle aussi, proposé l’adaptation des cadres juridiques en vue de développer de nouvelles formes de coopérations. Le développement des professions de santé, au premier rang desquelles les infirmiers, a accompagné l’évolution des pratiques médicales et encouragé à réexaminer la question de la répartition des activités entre professionnels de santé (Génisson, Milon, 2014). Les défis de l’avenir réclament de la souplesse dans l’exercice des métiers et une adaptabilité des carrières. Le rapport relatif aux métiers de santé de niveau intermédiaire posait la question de l’évolution de leur système d’organisation (Berland et al., 2010). 1.2 Le développement des coopérations : une solution pour répondre aux enjeux du système de santé français En décembre 2002, le rapport de mission présenté par le Professeur Yvon Berland « démographie des professions de santé » formulait un ensemble de propositions pour répondre aux défis démographiques. La troisième d’entre elles préconisait une redéfinition des missions et la création de nouveaux métiers. 8 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 En mars 2003, le Professeur Jean-François Mattei, ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, confiait au Professeur Yvon Berland la mission de « mener une analyse approfondie de l’ensemble des initiatives » concernant la coopération à développer entre professions de santé. Ce second rapport « coopération des professions de santé : le transfert de tâches et de compétences » présentait les pratiques développées dans les pays anglo-saxons et les initiatives mises en place en France. Il témoignait de la volonté des acteurs médicaux et paramédicaux d’organiser un transfert de tâches et de compétences, voire de responsabilité. Ce rapport s’attachait aussi à faire émerger les possibilités concrètes de collaboration entre médecins de spécialités différentes, et entre médecins et autres professions de santé (manipulateurs d’électroradiologie médicale, orthoptistes, infirmiers, diététiciens, etc.). Il préconisait la mise en place d’expérimentations rapides dans des conditions définies. Suite à ces propositions, des expérimentations de transferts d’activités ont été encadrées par la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique (cf. art. 131) et les modalités fixées par arrêté. Dans un premier temps, cinq expérimentations ont été permises dans l’arrêté du 13 décembre 2004 relatif à la coopération entre professionnels de santé puis dix autres dans un deuxième arrêté du 30 mars 2006. Un premier rapport a conclu à « la faisabilité, en toute sécurité pour les patients, de la délégation de tâches dans les domaines et contextes abordés » (Berland et Bourgueil, 2006). Une évaluation de la HAS en 2008 a confirmé cette observation : « Les résultats des évaluations quantitatives étudiées sont satisfaisants en termes de sécurité et de qualité des soins pour le malade. » Ces conclusions en faveur de nouvelles répartitions d’activités entre professionnels de santé ont été reprises dans la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l'hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) à l’« article 51 » relatif aux coopérations entre professionnels de santé. Chronologiquement, suite aux expérimentations débutées en 2005 et évaluées en 2006 et 2008, la loi HPST (2009) instaure le dispositif de coopération entre professionnels de santé, les textes d’application pris le 31 décembre 2009 et modifiés le 23 octobre 2014 en permettent la mise en œuvre. La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) de 2014 offre des possibilités de rémunération des activités. Le dispositif relatif aux coopérations entre professionnels de santé est l’aboutissement d’un processus d’évolutions épidémiologique, démographique et professionnelle. Il est fondé sur une analyse du contexte français, des expérimentations évaluées au début des années 2000 et sur un choix de modèle singulier de nouvelles formes de répartition d’activités entre professionnels de santé. 2. Le dispositif de coopération entre professionnels de santé inscrit dans la loi En optant pour un modèle fondé sur une démarche inductive, partant des besoins de soins et/ou d’organisation identifiés par les équipes, l’évolution des répartitions d’activités entre professionnels de santé est novatrice dans sa philosophie et ses principes. Plusieurs acteurs sont amenés à collaborer dans sa mise en œuvre en s’appuyant sur la réglementation et en opérant des ajustements ou en faisant preuve d’inventivité. 9 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2.1 2016 La philosophie et les principes fondateurs Le législateur, en générant le dispositif de coopération entre professionnels de santé, permet aux professionnels de santé mentionnés dans le code de la santé publique de faire évoluer les modalités de partage d’activités entre eux, dans un cadre juridiquement sécurisé. Ils peuvent, à leur initiative, opérer des transferts d’activités, d’actes de soins ou réorganiser leurs modes d’intervention auprès du patient. Les enjeux de ce dispositif sont : - l’amélioration de la prise en charge et du parcours de soins des patients quel que soit le secteur d’activité ; l’évolution de l’exercice professionnel et l’extension du champ d’intervention des professions paramédicales ; l’optimisation du temps des professionnels de santé. Il s’agit d’une initiative « locale » et volontaire des professionnels de santé qui souhaitent s’engager ensemble dans le dispositif en formalisant un protocole de coopération. Le dispositif prévoit également qu’au-delà de l’initiative locale, d’une ou plusieurs équipes, certains protocoles soient identifiés comme étant de portée nationale et que des actes soient inscrits dans les référentiels de formations et décrets d’exercice des professionnels. Deux étapes réglementaires sont distinguées dans la démarche de coopération : - l’élaboration d’un protocole de coopération par des professionnels de santé ; l’adhésion des professionnels de santé à un protocole de coopération autorisé par le Directeur général de l’ARS. Le délai de réponse lors de l’instruction du dossier est fixé à deux mois, une non réponse dans ce délai vaut rejet. Les bornes du délai sont, d’une part, la date à laquelle l’ARS déclare la complétude du protocole soumis par une équipe et, d’autre part, l’arrêté d’autorisation du protocole pris par le Directeur général dans le cas d’un avis conforme de la HAS favorable ou une information à l’équipe si celui-ci est défavorable. Outre les textes fixant les modalités de mise en œuvre, des outils méthodologiques et des supports pour la rédaction des protocoles formalisés par la HAS sont disponibles en ligne. Plusieurs acteurs interviennent aux différentes étapes (Fig.2 et 3) du processus de mise en œuvre du dispositif : - les professionnels de santé : o identifient les besoins de santé pouvant faire l’objet d’une coopération au sens de l’article 51 de la loi HPST ; o rédigent la lettre d’intention précisant l’objet et la nature de la coopération puis, après avoir obtenu un avis favorable de l’ARS, le protocole de coopération ; o mettent en œuvre le dispositif après y avoir adhéré ; o signalent à l’ARS, en temps réel, la survenue de tout évènement indésirable ; o réalisent l’évaluation de la mise en œuvre du protocole ; 10 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 - l’ARS : o vérifie la recevabilité de la demande, d’abord lors de l’instruction de la lettre d’intention puis du protocole. Elle vérifie si les activités sont bien dérogatoires, répondent à un besoin de santé régional, concernent des professionnels de santé tels que mentionnés dans le code de santé publique ; o autorise [directeur général] le protocole dès lors que l’avis conforme de la HAS est favorable ; o autorise un protocole préalablement autorisé dans une autre région à la demande de professionnels ; o procède à l’enregistrement des professionnels adhérant à un protocole de coopération (délégué(s) et délégant(s))1 ; o assure le suivi des évaluations après la mise en œuvre du protocole ; o met fin à un protocole dans le cas où la sécurité n’est pas assurée (évènements indésirables…) ; - la HAS : o s’assure de la sécurité des soins relatifs à la mise en œuvre des activités dérogatoires ; o donne un avis conforme pour chaque protocole. L’avis, rendu par son collège, peut être favorable, favorable avec des réserves devant être levées par l’ARS avant l’autorisation du protocole, défavorable ; - le collège des financeurs, présidé par la Direction de la sécurité sociale (DSS) : o se prononce sur les modèles économiques des protocoles fournis par les équipes. 1 Délégant : celui, celle qui délègue quelque chose ; celui, celle qui transmet des attributions officielles à quelqu'un. http://www.cnrtl.fr/definition/d%C3%A9l%C3%A9gant Délégué : personne qui reçoit une mission avec tout pouvoir pour la remplir. http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/d%C3%A9l%C3%A9gu%C3%A9_d%C3%A9l%C3% A9gu%C3%A9e/23064 11 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Fig. 2 – Processus et rôle des acteurs de la conception à l’autorisation du protocole de coopération entre professionnels de santé. Etape 1 Etape 2 Etape 3 Formalisation du protocole • Identification du besoin de santé • Rédaction de la lettre d'intention • Formalisation du protocole de coopération Professionnels de santé ARS • Avis sur la recevabilité de la lettre d'intention • Avis sur la recevabilité du protocole • Transmission à la HAS du protocole rédigé Autorisation • Notification de l'avis conforme relatif au protocole de coopération • Avis sur le financement HAS Collège des financeurs ARS • Autorisation du protocole au niveau régional • Publication de l'arrêté Fig. 3 – Processus et rôle des acteurs de l’enregistrement de l’adhésion à l’évaluation du protocole de coopération entre professionnels de santé. Etape 4 Etape 5 Adhésion • Demande d'adhésion à un protocole de coopération • Mise en oeuvre du protocole auquel ils ont adhéré • Evaluation de la mise en oeuvre à partir des indicateurs Professionnels de santé Evaluation ARS • Instruction des dossiers de demande d'adhésion • Enregistrement des adhésions • Recensement des résultats d'évaluation de mise en oeuvre du protocole • Synthèse des évaluations des protocoles de coopération au niveau national HAS L’ARS a un rôle central dans le dispositif. Elle est l’interlocuteur tout au long du processus et assure l’interface entre les différents acteurs. Chaque ARS s’organise pour la mise en œuvre du dispositif. 12 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Au niveau national, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) effectue un suivi juridique et la maintenance des systèmes d’information (Coop-PS). La direction de la sécurité sociale (DSS) est compétente en matière de financements puisqu’elle assure la tutelle de l’assurance maladie. Le décret n°2014-919 du 18 août 2014 relatif à la composition et au fonctionnement du collège des financeurs des coopérations entre professionnels de santé complète le dispositif d’un volet médico-économique. Il instaure un collège des financeurs, qui donne des avis sur les modèles économiques proposés par les équipes promotrices. 2.2 Les modalités et les outils de mise en œuvre du dispositif par l’ARS Ile-de-France Considérant que le dispositif de coopération entre professionnels de santé était l’une des étapes relatives à l’évolution des pratiques professionnelles, susceptibles de contribuer à l’amélioration de l’offre et de l’accès aux soins, l’ARS Ile-de-France s’est investie dans sa mise en œuvre dès la publication des textes. Concrètement, des personnes en charge du dossier ont été identifiées, un comité interne a été créé pour structurer les procédures et analyser les premiers dossiers. Le parti pris a été d’autoriser systématiquement les protocoles initiés et autorisés dans d’autres régions, une communication interne et externe a été menée afin d’expliquer le dispositif. Les modalités d’instruction des dossiers ont évolué dans le temps en fonction des besoins d’adaptations dans la mise en œuvre du dispositif et de l’expérience acquise. En Ile-de-France, l’instruction des dossiers et leur suivi sont assurés par le pôle « ressources humaines en santé » au sein de la Direction de l’offre de soins (DOS). L’ARS assure un rôle régalien d’instruction des dossiers mais aussi d’accompagnement pédagogique et technique, de collaboration avec d’autres ARS et organismes intervenant dans le dispositif (HAS, DGOS, DSS, CPAM….), d’information et de communication (Fig. 4). Certains rôles sont formels, prévus par les textes, d’autres ont été développés afin d’aider au déploiement du dispositif, de participer à son amélioration et de soutenir les équipes. 13 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Fig. 4 – Rôles de l’ARS dans la mise en œuvre du dispositif de coopération entre professionnels de santé. Accompagnement pédagogique et technique, suivi Information Communication Instruction Autorisation Enregistrement des adhésions Evaluation Collaborations Etudes Les rôles de l’ARS recouvrent : - l’instruction des dossiers (rôle régalien) correspondant à : o la vérification de la conformité des informations et de la complétude des dossiers (Tableau 1, annexe 1) ; o la formalisation des décisions (avis, arrêté d’autorisation du protocole pris par le Directeur général de l’ARS, information de l’ensemble des personnes et institutions devant être avisées de l’autorisation du protocole (Ordres professionnels, Unions régionales des professions de santé (URPS), Directeur général de l’ARS à l’origine du protocole dans le cas où une équipe de la région Ile-de-France n’est pas promotrice, ministère de la santé) ; o l’enregistrement des adhésions des professionnels au protocole ; o le suivi et la transmission de l’évaluation à la HAS ; - l’accompagnement pédagogique et technique se traduit par : o une relecture des lettres d’intention et des protocoles, des demandes de précisions et des propositions de formalisation ; o une recherche d’informations pour se documenter sur les activités dérogatoires ou les modalités de prise en charge ; o des contacts téléphoniques et des rencontres avec les équipes afin d’améliorer la rédaction des documents ; o la mise à disposition de modèles de documents à visée pédagogique et de simplification ; o une assistance technique pour renseigner les documents et insérer les pièces dans l’application Coop-PS ; o une mise en relation avec les assureurs afin d’avoir les attestions mentionnant la prise en compte des activités dérogatoires ; o le suivi des équipes tout au long du processus : des contacts réguliers pour s’assurer de l’avancement dans la démarche, le rappel des échéances déterminées… 14 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 - l’information et la communication interne et externe à l’ARS : elles sont de formes et finalités diverses (interventions, conférences, notes, publications,…). Elles visent à faire connaître et à expliquer le dispositif auprès d’équipes intéressées, de communautés professionnelles (journées, congrès, commissions de soins infirmiers, médicotechnique et de rééducation (CSIMTR), commissions médicales d’établissements (CME), journées régionales des directeurs des soins, délégations départementales des ARS, comités de direction de l’ARS, etc.), à diffuser les résultats (congrès, journées d’étude …) ; - la collaboration : o interne avec les services juridiques, les directions métiers (établissements de santé, médico-social, ambulatoire), la direction de la stratégie (télémédecine…), la direction de la santé publique, les référents thématiques (cancer, personnes âgées, santé mentale, néphrologie, neurologie,…), les délégations départementales en tant que de besoin ; o externe avec le ministère de la santé et la HAS : la transmission d’informations, la participation aux travaux (application Coop-PS). Le travail en réseau avec les autres ARS permet de réguler le dispositif. Les échanges d’informations relatifs aux activités dérogatoires mentionnées dans les lettres d’intention visent à éviter la multiplication d’équipes qui travaillent sur les mêmes sujets et permettent des rapprochements inter régions. Ces échanges permettent aussi de partager des informations pratiques et juridiques ; - la description et la formalisation des limites et difficultés liées au dispositif (réglementaires, financières, etc.) et de propositions d’amélioration. Les éléments sont transmis régulièrement au ministère de la santé sous forme de notes, de propositions de modèles économiques ; - les études dont une recherche scientifique d’évaluation économique, financée par l’ARS Ile-de-France, relative à la consultation infirmière pour les patients traités par anticancéreux oraux est en cours. Les premiers résultats sont attendus pour 2017. Différents outils de suivi et d’appui aux équipes ont été développés, par exemple : - une procédure de mise en œuvre du dispositif et d’instruction des dossiers ; des tableaux de bord de suivi de l’instruction des lettres d’intention, de protocoles, d’enregistrement des adhésions et des évaluations ; des maquettes et des supports pédagogiques pour faciliter la rédaction ou le renseignement de documents ; des modèles économiques, soumis pour validation à la DSS. Les documents accessibles au public sont mis à disposition sur le Portail d’accompagnement des professionnels de santé (PAPS) sur le site Internet de l’ARS Ilede-France (protocoles autorisés dans la région, documents pédagogiques). 15 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Par ailleurs, l’application Coop-PS, gérée par le ministère de la santé, permet l’instruction des dossiers, l’accès à des informations, telles que les protocoles de coopération autorisés ou en cours d’instruction dans une région, et aux données régionales ou nationales sur le dispositif (nombre d’adhérents, nombre de protocoles,…). Cet outil est une plateforme informatique d’échanges permettant aux équipes promotrices à partir d’un compte utilisateur et à l’ARS, de suivre en temps réel l’avancée des étapes de l’instruction. Les professionnels déposent les versions successives des documents : lettre d’intention, protocole, dossier d’adhésion. L’ARS en prend connaissance et assure le suivi. La saisine de la HAS se fait via Coop-PS. Celle-ci transmet son avis par la même voie. Depuis le début de la mise en œuvre du dispositif plus de 50 communications écrites ou orales ont été réalisées en interne à l’ARS, au niveau régional, national et international. Elles permettent d’apporter des informations, des explications, des éclairages sur le dispositif, les liens avec la réglementation et sa mise en œuvre. La mise en œuvre du dispositif dépasse largement une instruction technique des dossiers. Elle nécessite des adaptations en tenant compte des contingences réglementaires, de l’évolution des pratiques et des spécificités des équipes, qu’elles soient promotrices d’un protocole ou demandeuses d’une adhésion. 16 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 CONSTAT A CINQ ANS DE MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF EN ILE-DE-FRANCE Après cinq années de mise en œuvre du dispositif de coopération entre professionnels de santé dans la région Ile-de-France, réaliser un bilan de celui-ci répond à une volonté de transparence de l’action publique et permet de rendre compte des actions menées et des résultats observés. Au-delà de l’application de la réglementation il est nécessaire d’apporter des ajustements permanents dans les modalités d’instruction des dossiers, de faire évoluer les supports, de collaborer avec les professionnels et d’autres institutions. Les objectifs de ce bilan à cinq ans de mise en œuvre du dispositif sont de rendre compte de la mobilisation des différents acteurs, des éléments positifs, des difficultés et limites rencontrées puis d’envisager des perspectives. Le champ du bilan porte sur les principaux aspects liés aux modalités de mise en œuvre et aux incidences induites. Il concerne : - les résultats relatifs à la mise en œuvre et au déploiement des protocoles de coopération ; la gouvernance du dispositif et les collaborations entre institutions concernées (ARS, HAS, ministère, CPAM…) ; les limites, difficultés, intérêts et opportunités d’ordres divers liés au dispositif luimême et aux effets induits. Le bilan du dispositif est réalisé à partir de données quantitatives issues du suivi de l’instruction des dossiers par l’ARS Ile-de-France et de données qualitatives recueillies auprès de personnes participant à la mise en œuvre du dispositif. 1. Les dossiers instruits par l’ARS Ile-de-France Globalement, le dispositif de coopération entre professionnels de santé comprend trois phases. La première concerne l’élaboration du protocole. La deuxième les adhésions des professionnels de santé permettant de le mettre en œuvre. Enfin, la troisième l’évaluation des protocoles mis en œuvre. 17 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Fig. 5. Chronologie de mise en œuvre du dispositif de coopération entre professionnels de santé à l’ARS Ile-de-France. 2009 2010 Loi HPST (art. 51) Textes application (publication au JO) 2011 1er protocole soumis à l’ARS (janv.) 2012 2013 Introduction des lettres d’intention Loi de financement de l’assurance maladie 2014 1ère autorisation d’un protocole (août) 1er enregistrement d’adhésions à un protocole de coop. (oct.) 2014 2015 2016 Décisions du collège des financeurs 1ère évaluation de mise en œuvre d’un protocole (déc.) Proposition de modèles éco. (déc.) Bilan de mise en œuvre du dispositif (oct.) La méthodologie permettant d’effectuer le bilan des dossiers instruits par l’ARS s’est appuyée sur les données collectées de façon continue depuis le début de la mise en œuvre du dispositif (tableaux de bord), les notes de synthèse et de problématique, les supports pédagogiques et de communication, les échanges avec les équipes (courriels). Le bilan quantitatif concerne le nombre de lettres d’intention, de protocoles et dossiers d’adhésion instruits, les délais, la durée de la procédure, les types de protocole, le profil des professionnels de santé adhérents. Les données collectées correspondent à la période allant de janvier 2011 à août 2016. 1.1 L’élaboration coopération et l’autorisation des protocoles de Dossiers instruits La mise en œuvre du dispositif a débuté dès la parution des textes d’application. En Ilede-France, le premier protocole a été reçu à l’ARS en janvier 2011. Depuis, 31 lettres d’intention (introduites dans le processus en 2012) et 37 protocoles de coopération sont parvenus à l’ARS (Tableau 2 annexe 1). A ce jour, 34 protocoles de coopération sont autorisés en Ile-de-France (Tableaux 3 et 4 annexe 1) dont 12 issus de la région et 22 provenant d’autres régions. Parmi les 31 lettres d’intention, 23 ont reçu un avis favorable de l’ARS dont 10 ont donné lieu à un protocole ; 12 sont en attente de rédaction d’un protocole (Tableaux 5 et 6 annexe 2). 18 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Les suites données aux protocoles soumis à l’ARS sont variables. Elles sont fonction des avis de la HAS (n=17) et des décisions des équipes. Les protocoles sont selon les cas : - mis en œuvre de manière effective après un avis conforme de la HAS favorable (avec ou sans réserves) (8/17 protocoles) ; non mis en œuvre malgré un avis favorable avec ou sans réserve de la HAS (4/17 protocoles) ; non mis en œuvre après un avis défavorable de la HAS (5/17 protocoles) ; en cours d’instruction auprès des équipes pour les compléter, de l’ARS ou de la HAS (9 protocoles) ; abandonnés durant la procédure (11 protocoles). Délais d’instruction des dossiers - Les durées moyennes d’instruction des lettres d’intention et des protocoles sont de : - - - 13,96 mois (de 1 à 51 mois) (n=31) pour les lettres d’intention, introduites en 2012, depuis la réception jusqu’à la décision quelle qu’en soit l’issue (abandon par l’équipe, décision de l’ARS) ; 22,57 mois pour l’ensemble des protocoles reçus (n=37) depuis la réception du protocole par l’ARS jusqu’à la décision quelle qu’en soit l’issue (abandon [16,14 mois en moyenne], avis HAS, en cours d’instruction…) ; 25,88 mois (de 14 à 40 mois) pour les protocoles pour lesquels la HAS a rendu un avis (n=17) ; 25,66 mois (de 13 à 42 mois ; la médiane est de 24,5 mois) pour les protocoles autorisés par le Directeur général de l’ARS (n=12) ; 24,28 mois (10 mois à 53 mois) pour les protocoles transmis pour instruction à la HAS (n=7), les dix mois correspondant au dernier protocole transmis par l’ARS et toujours en cours d’instruction. Le nombre moyen d’échanges, demandant des précisions et des ajustements, entre les équipes promotrices et la HAS, via l’ARS, s’élève à 8,5 (de 2 à 19) pour les protocoles ayant fait l’objet d’un avis (n=17). La HAS n’a pas émis d’avis (favorable ou défavorable) depuis fin 2014 pour les protocoles en cours d’instruction qui lui ont été adressés. 19 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Fig. 6. Durées moyennes d’instruction des lettres d’intention et des protocoles reçus à l’ARS Ile-de-France. Durées d'instruction en mois (n=37) minimum maximum moyenne 53 51 22,57 13,96 2 1 Lettre d'intention Protocole Les durées moyennes d’instruction des protocoles aux différentes étapes (Fig. 2) sont : - étape 1 à l’ARS : 4,12 mois (1 mois à 15 mois) depuis la réception du protocole, puis de la lettre d’intention à partir de 20122, jusqu’à la saisine de la HAS ; étape 2 à la HAS : 18,29 mois (7 mois à 35 mois ; la médiane est de 14 mois) par la HAS (n=17), depuis la saisine jusqu’à la réception de l’avis par l’ARS ; étape 3 à l’ARS : 3,47 mois (1 mois à 9 mois), depuis la réception de l’avis de la HAS jusqu’à la prise de l’arrêté d’autorisation ou l’information de l’équipe en cas d’avis défavorable. Fig. 7. Durées moyennes d’instruction des protocoles, lors des différentes étapes, pour lesquels la HAS a rendu un avis. Durées moyennes d'instruction en mois (n=17) 18,29 4,12 Etape 1 - ARS 3,47 Etape 2 - HAS Etape 3 - ARS 2 La lettre d’intention ayant été introduite en 2012, avant cette date le début d’instruction correspond à la réception du protocole puis, après, à la date de réception de la lettre d’intention. 20 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 La durée moyenne d’instruction des dossiers à l’ARS, protocoles ou adhésions, est fonction essentiellement de la qualité des dossiers transmis, de leur complétude et des délais de réponse aux demandes de compléments. Certaines équipes transmettent des dossiers complets, dans ce cas le délai d’instruction est relativement court. D’autres équipes fournissent des pièces progressivement et il peut se passer des mois avant que le dossier ne soit finalisé. La qualité rédactionnelle des lettres d’intention et des protocoles et la rapidité de réponse sont très variables en fonction des équipes et « personne dépendantes ». Il n’est pas observé de différence selon qu’il existe ou non une organisation interne à l’établissement dédiée à la gestion des coopérations entre professionnels de santé. Ce constat est partagé par d’autres ARS. Les délais à la HAS sont liés à sa propre organisation et parfois au temps que met l’équipe à répondre aux demandes de compléments d’informations. Il est à noter qu’il n’y a aucune difficulté de la part des assureurs à fournir des attestations stipulant que les activités relatives aux protocoles de coopération sont couvertes. Activités dérogatoires Les activités dérogatoires peuvent être classées en trois catégories selon leur complexité et les niveaux de compétence nécessaires des délégués : 1- les actes techniques, par exemple : ponction médullaire, échographie [écholocalisation] des veines et artères des membres supérieurs, frottis cervicoutérin ; 2- les activités techniques nécessitant ou non une interprétation, par exemple : échographie, tests urodynamiques ; 3- les prises en charge complexes supposant des évaluations cliniques, des prescriptions de traitements et/ou d’examens, par exemple : suivi de patients sous traitement anticancéreux par voie orale, suivi de patients atteints de la maladie d’Alzheimer, vaccinations, soins de premier recours. Domaines concernés par les protocoles de coopération Les domaines pour lesquels les équipes ont proposé des protocoles en Ile-de-France sont : - la cancérologie l’endocrinologie la gérontologie la néphrologie la nutrition les maladies infectieuses 21 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Compétences et formations exigées Les compétences des délégués correspondent aux activités dérogatoires. Les modalités et la durée de la formation sont variables en fonction des protocoles, allant de quelques heures à plusieurs mois (6h à 473h de formation théorique et pratique). L’expérience professionnelle exigée est également variable. Pour les protocoles initiés en Ile-deFrance, elle est en moyenne de 3,4 ans après l’obtention du Diplôme d’Etat (1 an à 5 ans) dont en moyenne 2,2 ans (1 an à 3 ans) dans la discipline médico-chirurgicale dans laquelle s’effectue l’activité. Dans certains protocoles des qualifications particulières sont demandées pour les délégants. Cependant, de manière générale des compétences nécessaires à la fonction de délégants ne sont pas précisées dans les protocoles. Secteurs d’activité des équipes promotrices Deux secteurs d’activité ont été identifiés : les établissements de santé et l’ambulatoire. Le secteur dans lequel les équipes, qu’elles soient promotrices des protocoles et/ou qu’elles soient adhérentes, est principalement représenté par les établissements de santé : hôpitaux, cliniques, Espic (Etablissements de santé privés d'intérêt collectif). Des équipes du secteur ambulatoire se sont engagées au début de la mise en œuvre du dispositif (centres de santé, exercice libéral) puis ont été moins présentes les années suivantes (Fig. 8). Fig. 8. Evolution du nombre d’équipes à l’origine d’un protocole de coopération entre professionnels de santé selon les secteurs d’activité. Secteur d'activité pour les équipes à l'origine d'un projet (n=37) Etablissements de santé Ambulatoire 12 8 6 3 3 3 1 2011 2012 2013 1 0 2014 0 2015 22 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 1.2 Adhésions aux protocoles de coopération entre professionnels de santé et évaluations Demandes instruites Depuis fin 2013 et jusqu’à fin août 2016, 37 équipes (Tableau 8 annexe 3), représentant 221 professionnels, soit 33 de plus depuis septembre 2015 (Tableau 9 annexe 3), ont adhéré à 17 protocoles distincts et les mettent en œuvre (Tableau 10 annexe 3). Généralement, une à deux équipes adhèrent à certains protocoles hormis celui relatif aux échographies réalisées par des manipulateurs d’électroradiologie médicale pour lequel dix équipes sont impliquées. Parmi les protocoles autorisés en Ile-de-France dont les équipes de la région sont promotrices, 8 sont mis en œuvre. Délais d’instruction des demandes d’adhésion Le délai moyen d’instruction des demandes d’adhésion, correspondant à l’étape 4 (Fig. 3) du processus, est de 7,24 mois (de 1 mois à 33 mois). Professionnels adhérents à un protocole de coopération Les professions et les effectifs des adhérents à un protocole sont : - des délégants : o - médecins : 138 des délégués : 83 o infirmiers : 54 o manipulateurs d’électroradiologie médicale : 19 o orthoptistes : 10 23 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Nombre d'enregistrements Fig. 9. Répartition des adhésions des professionnels de santé à un protocole de coopération selon les métiers et les années de 2013 à août 2016. 250 200 150 100 50 0 Médecins Infirmiers Manip. d'électroradi ologie Orthoptistes Total 2013 11 5 1 0 17 2014 40 16 9 0 65 2015 43 24 3 0 70 2016 44 9 6 10 69 Total 138 54 19 10 221 Des demandes d’adhésion ont été refusées car les professionnels ne remplissaient pas les conditions requises (n=4 médecins ; n=3 infirmiers) en termes de qualifications ou de durée d’exercice. Les délégants ou délégués qui quittent ou rejoignent une équipe doivent en informer l’ARS et celle-ci doit tenir à jour les listes de personnes enregistrées. A ce jour sept professionnels (n=6 délégants ; n=1 délégué) ont demandé leur retrait du protocole auquel ils ont adhéré. Les motifs sont divers : départ à la retraite, déménagement, changement de service ou de secteur d’exercice. Fig. 10. Répartition des équipes adhérentes à un protocole de coopération selon les secteurs d’activité. Secteur d'activité pour les équipes adhérentes (n=37) 26 11 Etablissements de santé Ambulatoire 24 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 L’introduction du financement des protocoles de coopération « Asalée »3 et le bilan visuel4 comme mesure incitative pour encourager les adhésions des professionnels de santé du secteur ambulatoire (libéral plus particulièrement) n’a pas eu d’effet significatif escompté. Pour ces deux protocoles le nombre d’équipes adhérentes en Ile-de-France est : - - 4 pour le protocole Asalée (maisons de santé, centre de santé ou pôle santé) sur les 11 structures identifiées pour signer une convention avec l’ARS dans le cadre du dispositif des nouveaux modes de rémunération ; 2 pour des cabinets libéraux d’ophtalmologistes salariant des orthoptistes. Types d’exercice Une très forte majorité des délégants est salariée dans des établissements de santé ou des structures d’exercice ambulatoire (centres municipaux de santé), soit un effectif de 125 sur 138 ; 13 délégants ont un exercice libéral. Les délégués ont un statut exclusivement salarié. Il n’est pas prévu de codage des activités « dérogatoires » réalisées par des délégués dans la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP). Nombre d'enregistrements Fig. 11. Répartition des effectifs des délégants et des délégués par type d’exercice. 140 120 100 80 60 40 20 0 Salarié Libéral Nombre de délégants 125 13 Nombre de délégués 83 0 3 Protocole proposé par l’Association Action de santé libérale en équipe (Asalée). Initié en 2004, dans le cadre des expérimentations dites « Berland », le protocole Asalée s’est rattaché au dispositif de coopération prévu à l’article 51 de la loi HPST en 2012. Il concerne deux dépistages (troubles cognitifs et BPCO du patient tabagique) et deux suivis de pathologies chroniques (dépistage et suivi du diabète et suivi du risque cardio-vasculaire). En Ile-de-France, les premières équipes ont adhéré à ce protocole en avril 2016. 4 Arrêté du 12 janvier 2015 autorisant le financement dérogatoire de protocoles de coopération entre professionnels de santé. 25 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Protocoles financés Depuis la promulgation de la LFSS 2014 et des textes d’application, le collège des financeurs s’est prononcé en 2015 sur deux protocoles : la délégation d’activités entre ophtalmologistes et orthoptistes et Asalée. Les possibilités de financement concernent les professionnels ayant un exercice libéral. Pour le protocole Asalée, des demandes d’adhésion peinent à se concrétiser car des équipes ne transmettent pas la totalité des pièces nécessaires à l’enregistrement. Par ailleurs, il a été constaté que des financements ont été octroyés par l’association Asalée, qui gère les fonds dédiés spécifiquement à la mise en œuvre de ce protocole, aux centres et maisons de santé sans que ceux-ci aient procédé préalablement à l’adhésion et à la signature de la convention avec l’ARS. Suite aux instructions, n° DSS/1B/2015/209 et LR-DDGOS-62/2015 du 1er semestre 2015 relatives aux modalités de mise en œuvre des coopérations entre professionnels de santé, concernant le bilan visuel, une collaboration avec la cellule de coordination régionale de la gestion du risque de l'assurance maladie Ile-de-France et le pôle ambulatoire a été établie pour leur mise en œuvre. Des démarches ont été effectuées, dès l’automne 2015, auprès des cabinets de médecins ophtalmologistes. Deux demandes d’adhésion ont été enregistrées. Un sondage, début 2016, auprès des autres ARS montre que cette situation n’est pas spécifique à l’Ile-de-France. Le déploiement de ce protocole est très restreint comme le montre le peu d’adhésions enregistrées. Des propositions de modèles économiques standardisés selon le type de dérogation et des schémas de rémunérations, formalisés par l’ARS Ile-de-France, ont été adressés à la DSS le 22 décembre 2015 (annexe 5). Aucun retour sur ces propositions n’a été reçu à ce jour. Evaluations et évènements indésirables Les premières évaluations sont parvenues à l’ARS en décembre 2014 pour deux protocoles. Les données pour l'Ile-de-France concernent les protocoles mis en œuvre en 2013 et 2014. Le petit nombre de protocoles évalués ne permet pas d’avoir un premier niveau de généralisation. Les évaluations réalisées et transmises à l’ARS fin 2015 montrent que les patients et les équipes impliquées dans les protocoles sont satisfaits de la collaboration établie entre délégués et délégants. Les taux de satisfaction sont supérieurs à 80 % (80 % à 100 %). Aucun évènement indésirable lié à un protocole de coopération n’a été signalé à l’ARS. Les difficultés liées au suivi des évaluations des protocoles concernent pour l'essentiel le renseignement des indicateurs. Il a été nécessaire de revenir à plusieurs reprises auprès des équipes afin d'obtenir des données adaptées à la définition des indicateurs. Par ailleurs, ces derniers ayant évolué dans le temps, il n'est pas possible d'établir une comparaison entre les protocoles. Pour un même intitulé d'indicateur, les définitions varient, ce qui modifie les résultats (ex. différences de définitions entre les protocoles échographie et Fibroscan). Certains éléments sont difficiles à renseigner compte tenu du format des tableaux et des modifications apportées. 26 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Tableau 10. Résultats des évaluations des protocoles mis en œuvre à partir des indicateurs mentionnés dans les protocoles (protocoles évalués fin 2015). Critères Activité* Qualité et sécurité Résultat minimum Résultat maximum (taux) (taux) Part de l’activité déléguée liée au protocole de coopération 4,11 100 31,14 % Taux brut d’alertes 2,06 40,13 14,38 % Taux de reprises 0,4 24,14 % 13,42 % Indicateurs Taux d’événements indésirables Organisation* Satisfaction Moyenne 0,00 % Délai d'obtention d'un RDV 3 jours 98 jours 26 jours Taux d’adhésion des patients au protocole de coopération 96 100 99,16 % Taux de satisfaction des patients inclus 91 100 97,5 % Taux de satisfaction des délégué(e)s 80 100 96,38 % Taux de satisfaction des délégant(e)s 90 100 98,75 % *L’activité et l’organisation sont liées à la population prise en charge et la nature de l’activité, les chiffres ne sont pas comparables entre protocoles. Le nombre de lettres d’intention, de protocoles instruits et d’adhésions témoigne d’un intérêt des professionnels pour le dispositif. Cependant, les délais d’instruction restent longs. Le secteur d’exercice des professionnels est pour l’essentiel hospitalier et de type salarié. Aucun événement indésirable n’a été rapporté. L’évaluation montre une satisfaction des patients et des équipes engagées dans le dispositif. 27 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 2. L’appréciation des acteurs impliqués dans le dispositif de coopération entre professionnels de santé L’appréciation du dispositif de coopération entre professionnels de santé s’appuie sur une méthodologie qualitative et la réalisation d’une enquête auprès de professionnels, de gestionnaires du dispositif dans différentes institutions et sur l’expérience de l’Ile-deFrance. La collecte de données a été effectuée, du 25 mars au 17 mai 2016, au moyen d’entretiens semi-directifs. Les 24 entretiens ont été réalisés en face-à-face (n=19) ou par téléphone (n=5). Ils ont duré en moyenne 33 minutes. Ils ont été enregistrés, anonymisés (les noms dans le texte sont fictifs) et transcrits. Une analyse thématique a permis d’identifier l’appréciation du dispositif par les différents acteurs. Deux catégories de personnes ont été sollicitées : celles qui mettent en œuvre le dispositif (n=16) et celles qui en assurent la gestion (n=8). Les personnes des deux groupes interrogés constituent un échantillon par choix raisonné (Tableau 11 annexe 6). Le premier groupe est composé de professionnels de santé médicaux et paramédicaux, adhérents depuis au moins un an, à l’un des huit protocoles choisis pour l’étude : - cinq protocoles initiés par des équipes d’Ile-de-France ; trois protocoles initiés par des équipes d’autres régions. Pour chacun de ces protocoles, un médecin délégant et un professionnel de santé délégué, de la même équipe, étaient systématiquement inclus. Le choix des professionnels s’est fait de manière aléatoire, excepté lorsqu’un seul délégué et/ou un seul délégant était adhérent au protocole. Quatre équipes incluses dans l’étude sont à l’initiative du protocole mis en place, trois autres sont adhérentes à un protocole préexistant. Tableau 12. Caractéristiques du groupe de personnes interrogées mettant en œuvre le dispositif de coopération entre professionnels de santé (n=16). Caractéristiques Sexe Fonction Profession Secteur d’exercice Effectif - Femmes 11 - Hommes 5 - Délégués 9 - Délégants 7 - Infirmiers 8 - Manipulateur d’électro radiologie médicale 1 - Médecins 7 - Etablissement public 9 - Etablissement privé 3 - Ambulatoire 4 28 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Le groupe de gestionnaires du dispositif comprend des personnes en charge du dossier dans différentes institutions : la DGOS, la HAS, des ARS autres que celle d’Ile-deFrance, des établissements de santé. Tableau 13. Caractéristiques du groupe de personnes interrogées gestionnaires du dispositif de coopération entre professionnels de santé (n=8). Caractéristiques Effectif DGOS 1 HAS 1 ARS 3 Etablissement - Directeurs des soins 2 - Cadre supérieur de santé 1 Les entretiens semi-directifs auprès des professionnels de santé impliqués dans la mise en œuvre d’un protocole permettent d’identifier les motivations qui ont amené l’équipe à s’engager dans le dispositif, les éléments facilitateurs ou freinant, les résultats perçus ou réels, les pistes d’amélioration. Concernant les gestionnaires du dispositif, il s’agissait de recueillir leur vision du dispositif, les freins et les éléments facilitateurs qu’ils identifient dans le suivi au quotidien et leurs idées quant à l’avenir des coopérations entre professionnels de santé. Les limites de la méthodologie sont principalement liées au fait que toutes les personnes initialement prévues n’ont pas été interviewées. Au sein du groupe des personnes mettant en œuvre le dispositif, un des délégants contactés n’a pas répondu à notre sollicitation. Ainsi seul le délégué a été interrogé. Pour un autre protocole, deux délégués ont été interrogés suite à une demande le jour même du cadre supérieur de santé. Un délégué n’ayant pas répondu à nos sollicitations, l’un des médecins de l’équipe a sollicité une autre personne. Enfin, il était prévu de réaliser des entretiens avec trois personnes à l’initiative de la rédaction de protocoles qui n’ont jamais abouti, afin de connaître les raisons de l’abandon des démarches, mais aucune des personnes contactées n’a répondu à nos sollicitations. L’appréciation des acteurs impliqués dans le dispositif porte sur la réponse aux besoins de santé, les dispositions réglementaires et les démarches administratives, les bénéfices, les limites identifiées et les préconisations issues des enseignements. 2.1 Un dispositif répondant à des besoins de soins et ses bénéfices pour les acteurs Des raisons multiples ont motivé les équipes à initier un protocole de coopération en fonction des besoins qu’ils ont identifiés : favoriser l’accès aux soins, s’adapter aux évolutions du monde de la santé ou encore permettre une évolution de carrière des soignants. Les équipes qui se sont impliquées dans le dispositif en tirent des bénéfices pour les patients, pour elles-mêmes et pour les professionnels avec lesquels elles collaborent. 29 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2.1.1 2016 Une réponse à des besoins de soins et d’évolution du système de santé Amélioration de l’accès aux soins Favoriser et encourager l’accès aux soins sont l’une des préoccupations majeures des professionnels. Elles sont source de réflexion et de recherche de solutions pour améliorer les pratiques, parmi lesquelles le partage d’activités entre médecins et paramédicaux. Divers constats sont à l’origine de la réflexion sur un partage d’activités. Pour certaines équipes, il s’agit d’une augmentation de l’activité médicale, du nombre de patients et des prises en charge plus complexes qui nécessitent du temps médical supplémentaire. C’est notamment le cas pour des protocoles portant sur des maladies chroniques et neurodégénératives (maladie d’Alzheimer, cancérologie, diabétologie). Pour d’autres équipes, des structures hospitalières, ambulatoires ou réalisant un suivi à domicile, la motivation vient de l’augmentation du temps d’attente pour un rendez-vous médical. Ce délai nuit à une prise en charge optimale des effets secondaires ou à la nécessité de réajustements de traitement. Ce constat les a conduits à modifier leur organisation en permettant à des soignants de réaliser un suivi au quotidien des patients en dehors de l’hôpital et entre deux rendez-vous avec un médecin spécialiste ou généraliste. Enfin, dans d’autres équipes, c’est le manque de médecins dans certaines spécialités, les difficultés de recrutement de personnels médicaux dans les établissements ou la désertification de l’offre médicale dans certains territoires qui ont conduit à la réflexion sur le partage d’activité entre médecin et paramédicaux (hépatologie, radiologie, diabétologie, médecine générale, ophtalmologie). Evolutions des pratiques professionnelles et des organisations La technologie, les appareils de diagnostic et de dépistage ont évolué très rapidement ces cinquante dernières années, alors que les décrets d’actes des professionnels paramédicaux ont été très peu actualisés. En pratique, des équipes ont mis en place des organisations parallèles amenant parfois des professionnels à outrepasser le périmètre d’activités fixé par la réglementation en vigueur. Les protocoles de coopération constituent une solution pour régulariser des pratiques existantes et non conformes au cadre réglementaire. Ils permettent aussi d’innover et de proposer de nouvelles organisations, plus efficientes, des parcours de soins. De nouveaux traitements apparus ces dernières années, suite notamment aux recherches menées dans des contextes de pathologies chroniques, ont modifié les modalités de prise en charge. Un suivi soignant s’avère nécessaire pour accompagner les patients entre deux rendez-vous médicaux, surveiller et intervenir dans un périmètre défini, ou encore faire appel à un médecin dans les seuls cas d’urgence avéré. Les protocoles sont perçus comme une des solutions pour adapter le cadre réglementaire aux évolutions du système de santé. Les collaborations entre équipes et le soutien de syndicats professionnels et sociétés savantes ont contribué à la formalisation des protocoles et l’acceptabilité du dispositif. 30 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Des actions d’information et de communication ont permis de faire connaître le dispositif et d’en faciliter l’acceptation par les équipes et des communautés professionnelles. Par exemple, des personnes ayant mis en œuvre un protocole sont invitées dans des staffs, des réunions d’équipe. Des délégués et délégants réalisent des interventions et des communications dans des congrès, auprès des sociétés savantes, afin de promouvoir le dispositif. Proposition de nouveaux moyens pour la gestion des ressources humaines Outre les intérêts directement liés à la prise en charge des patients, l’adhésion à un protocole de coopération est considérée, par un directeur des soins, comme un moyen managérial permettant une évolution professionnelle dans le champ clinique. Les évolutions de carrière des professions paramédicales se limitent aux seuls postes d’encadrement ou à quelques spécialités notamment pour les infirmiers (bloc opératoire, anesthésie et puériculture). La reconnaissance « formelle » (statut, rémunération etc.) de l’évolution des compétences professionnelles est quasi-inexistante. Le dispositif de coopération était donc perçu au début comme un moyen pouvant aboutir à une évolution de fonctions et offrait des perspectives de carrières nouvelles dans le domaine de la clinique. Les médecins évoquent aussi le besoin de légitimer les compétences acquises par les soignants, de démontrer qu’il est possible de déléguer des activités aux professionnels paramédicaux et de penser différemment les organisations de soins. Une infirmière mentionne l’idée de donner « un autre rôle que celui d’exécutant(e). » 2.1.2 Des bénéfices perçus pour les patients, les professionnels et les ARS Les professionnels impliqués dans un protocole de coopération perçoivent les effets de la mise en œuvre du dispositif. Il est possible de distinguer des bénéfices pour la prise en charge des patients et leur accès aux systèmes de soins, pour les délégués et délégants adhérant à un protocole et pour les autres professionnels de santé ainsi que pour les ARS. Perception vis-à-vis des patients Les professionnels de santé délégués apportent un regard différent dans la prise en charge, permettant que celle-ci soit plus globale et introduisent une part relationnelle plus importante. Ce constat est fait par dix des professionnels interrogés, délégants et délégués confondus. Les infirmiers ont un « discours plus accessible donc […] la consultation est plus efficace qu’avec un médecin » d’après le Dr Verdier mais de son point de vue « c’est tellement subjectif […] c’est tellement difficile à démontrer. » Le gain dans la prise en charge relationnelle soignante réside aussi dans les représentations des usagers vis-à-vis des professionnels de santé. Une infirmière est « plus abordable que les médecins » et les patients se sentent « plus en confiance » (Mme Fischer, infirmière). Les patients ont « moins de "scrupule" à appeler un infirmier lorsque survient un problème plutôt que le médecin » (Dr Clément). M. Didier, infirmier, et M. Emery, manipulateur d’électroradiologie médicale, ressentent une plus grande proximité avec le patient en comparaison avec leur exercice antérieur. 31 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Les professionnels paramédicaux ont plus de temps à accorder au patient lors d’une consultation. L’infirmière « a une heure lorsque le médecin n’a que 10 minutes, un quart d’heure » pour réaliser un acte comme la vaccination lors d’une consultation (Mme Silva, infirmière). Ce temps lui permet de discuter, de négocier, d’expliquer au patient le traitement ou sa prise en charge. Mme Vidal, infirmière, qui réalise des consultations aborde aussi ce changement d’approche, « les consultations sont différentes entre médecin et infirmier. Nous, nous sommes plus dans le message, l’information. » Les deux équipes exerçant dans des structures ambulatoires et ayant une activité de dépistage évaluent positivement la mise en place du dispositif. Il permet d’accéder à une population différente, non couverte auparavant. Dans l’une des situations, avant la mise en place du protocole, une infirmière indique : « je voyais les gens en consultation et ensuite je leur redonnais rendez-vous avec le médecin et là on les perdait » (Mme Silva, infirmière). La mise en place d’un protocole autorisant l’infirmière à réaliser l’acte médical lors de sa consultation a permis de fidéliser la patientèle et d’éviter les « perdus de vue ». Le bénéfice se mesure aussi à un taux de dépistage plus élevé chez les jeunes, population à laquelle ce centre accédait difficilement avant cette nouvelle organisation des soins. Les deux équipes adhérentes à des protocoles permettant un suivi entre l’hôpital et le domicile constatent une diminution des effets secondaires des traitements et un évitement du recours aux urgences. Pour Mr Didier, infirmier, l’accompagnement par téléphone permet au patient de sortir « vite de sa problématique et il n’est pas obligé de faire un passage aux urgences ». Le suivi effectué leur permet en cas de complication d’évaluer la situation et de résoudre le problème eux-mêmes, dans le respect du protocole, ou d’adresser le patient à son médecin spécialiste rapidement en programmant un rendez-vous en urgence, voire de programmer une ré-hospitalisation après avis du médecin. Les médecins observent une plus grande fluidité dans la prise en charge : « les patients demandent des conseils […] L’infirmier répond très vite à leur demande, ce que nous, on ne pourrait pas faire […]. Si c’est bien organisé, entre deux consultations médicales, l’infirmier peut les voir à peu près au milieu et le patient, finalement, arrive à avoir un interlocuteur tous les 3 à 4 mois » (Dr Dubois). Le dispositif permet une continuité dans la prise en charge et de « mieux gérer les effets secondaires [des traitements] » (Dr Clément). Les protocoles diminuent le temps d’attente des patients pour avoir un rendez-vous d’après les directeurs des soins mais aussi des professionnels de santé interrogés. Les patients acceptent d’être suivis par le délégué « aucun patient n’a refusé. Ça se passe mieux dans ce sens-là que quand quelqu’un doit me remplacer [autre médecin] et faire tout à ma place. Il n’y a pas eu de problème du tout que ce soit une infirmière qui fasse la consultation » (Dr Zara). Les professionnels impliqués dans les protocoles de coopération s’accordent sur le fait qu’ils améliorent l’accès aux soins de certaines catégories de la population, diminuent les temps d’attente et simplifient le parcours de soin. Ils œuvrent en faveur d’une nouvelle dynamique relationnelle entre usagers et professionnels de santé. Ils limitent les effets secondaires des traitements et évitent ainsi un recours aux urgences. L’ensemble aboutit à une prise en charge plus globale des patients par une meilleure articulation et une meilleure compréhension de l’environnement des professionnels de santé. 32 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Perception vis-à-vis des soignants adhérents à un protocole de coopération La mise en place des protocoles de coopération a donné la possibilité aux médecins de se centrer davantage sur des activités ou des prises en charge complexes. Quatre équipes hospitalières adhérentes à différents protocoles ont fait ce constat. La délégation a permis « aux médecins d’être plus dans le diagnostic que dans le suivi » (Mme Ziegler, infirmière). Les médecins en tirent les mêmes conclusions, cela leur permet « d’être déchargé d’une certaine routine pour pouvoir se concentrer un peu plus sur les situations les plus complexes » (Dr Verdier). Pour les médecins adhérents à un protocole permettant un suivi entre l’hôpital et la ville, la délégation d’activité et la nouvelle organisation sont une sécurité. Le Dr Dubois, « trouve extrêmement précieux pour des médecins d’avoir la possibilité de savoir que des patients en difficulté pourront être vus plus souvent et d’avoir un suivi des patients […] individualisé. » Trois soignants sur quatre interrogés estiment que le dispositif permet de valoriser, de gratifier et constitue une reconnaissance pour les délégués. Beaucoup évoquent aussi un développement des compétences, voire un gain d’autonomie, parallèlement à une plus grande prise de responsabilité. Le Dr Dubois estime que les infirmiers « ont une responsabilité, […] ils ne sont pas exécutants, là ils décident aussi. » La marge d’autonomie prise par les soignants est dépendante des personnes « certaines sont plus à l’aise avec les consultations infirmières. […] Pour le dépistage elles sont rentrées dedans très facilement. Pour la vaccination un peu moins facilement. Quand il y a un carnet, que c’est bien renseigné ça ne leur pose pas de problème. […] Elles ont clairement gagné en autonomie et elles sont toutes contentes » (Dr Schmitt). La prise de responsabilité peut être vécue comme stressante par certains professionnels délégués. S’ils évoquent parfois des difficultés au commencement de l’activité dérogatoire, ils disent avoir gagné en assurance au cours du temps. L’infirmier, M. Didier se souvient que « ça fait peur au démarrage parce qu’à tout moment il peut y avoir son diplôme mis en jeu, donc ça ne laisse pas d’autres choix que d’être prudent. » C’est aussi vécu comme une possibilité de sortir d’un rôle d’exécutant, une « nouvelle perspective dans la conception du métier d’infirmier et de son exercice » (Mme Ziegler, infirmière). Le renforcement du travail en équipe et des interactions est évoqué par plusieurs professionnels de santé. « Il y une relation, plus de collaboration, plus d’échanges et de discussions dans le cadre des traitements » (Mme Cini, infirmière). De même pour l’infirmière qui réalise des frottis « c’est à égalité, à équité avec les gynécologues qui nous font confiance. On ne lit pas juste une ordonnance […] On a vraiment l’impression de faire partie d’une équipe. » Un ressenti partagé par les médecins qui « échangent beaucoup avec les infirmières déléguées. Elles nous tiennent informés régulièrement, elles s’impliquent plus » (Dr Schmitt). Généralement, il existe une relation de confiance entre délégués et délégants ; certains travaillent déjà ensemble depuis plusieurs années. Tant les délégants que délégués sont gagnants. Les délégants ont plus de temps pour se consacrer aux situations plus complexes et augmenter leur activités Les délégués accèdent à plus d’autonomie en développant de nouvelles compétences et connaissances. Ils éprouvent un intérêt plus important pour leur fonction. L’ensemble s’inscrit dans un cadre sécurisé pour les professionnels de santé comme pour les patients. 33 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Perception vis-à-vis des professionnels qui ne sont pas directement impliqués dans un protocole de coopération Mme Vidal et M. Emery ont observé au début une difficulté et une réticence pour les médecins à partager « le pouvoir ». Des médecins ont aussi abordé cette difficulté, certains confrères leur ayant dit : « c’est n’importe quoi », « il y a un problème de compétence », « tu ne peux pas mettre sur le même pied une infirmière et un médecin ». Cependant, ce ressenti négatif s’est estompé avec le temps et les médecins ont compris l’intérêt qu’ils pouvaient avoir à s’engager dans ce dispositif. Les difficultés à faire accepter la mise en place des coopérations ont été plus fortes auprès des équipes paramédicales lorsque seule une personne était déléguée. L’une des infirmières estime que « quelque part, ils n’en comprenaient pas le sens » et les autres infirmiers comme les cadres « ne savaient pas dans quelle case nous mettre ». Au « départ, tout le monde n’a pas tout compris […]. Ils ont dû faire deux réunions pour réexpliquer » (Mme Ziegler, infirmière). Les médecins utilisent des termes plus forts pour décrire ce ressenti « c’est chez les infirmiers qu’il y a eu le plus de réaction opposée, voir violente » (Dr Verdier). Le Dr Zara considère que pour l’infirmière déléguée « faire comprendre à l’équipe, ce n’est pas si simple » et elle a « certainement eu des souffrances par rapport à ça ». M. Emery, manipulateur d’électroradiologie médicale, explique que ses collègues ont eu le sentiment que l’on supprimait un poste d’auxiliaire médical pour « soutenir plus l’activité propre » aux médecins. Il a aussi perçu de la part de ses collègues ayant plus d’ancienneté une certaine méfiance : « comment un soignant peut s’arroger le droit de pratiquer cette activité ? » Mais comme pour les médecins, les réticences se sont atténuées avec la mise en place progressive du dispositif. Dans les services où seul un délégué est présent, il y a une vraie difficulté à recruter un deuxième délégué. Plusieurs raisons sont évoquées : une équipe soignante vieillissante et donc proche du départ à la retraite ne souhaitant pas s’engager, des formations longues à réaliser avec l’obtention d’un diplôme universitaire, la perte de salaire dû à l’absence de travail de nuit ou les week-end. Le risque pour ces équipes est que le délégué parte et que la coopération soit stoppée. Une inquiétude qu’évoque Mme Klein, directrice des soins, pour l’un des protocoles mis en œuvre dans son établissement où seul un délégué est adhérent, « il est unique sur l’établissement donc s’il s’en va, ce sera un problème pour l’établissement. » Dans les structures où l’adhésion fait partie de la fiche de poste, où l’ensemble de l’équipe peut facilement adhérer dès lors que les membres satisfont aux critères d’expérience et de formation, il ne semble pas y avoir eu de réticence particulière. Au contraire dans l’une des structures ambulatoires, deux infirmières ont été recrutées après la mise en place du protocole et ont dû réaliser les démarches d’adhésion. L’attente de l’enregistrement par l’ARS a été vécue comme « frustrante » d’après l’une des déléguées. Perception vis-à-vis des ARS L’appui apporté par les ARS aux différentes étapes du processus est très apprécié par les professionnels. 34 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 La collaboration entre les ARS est perçue comme positive et porteuse de possibilités. « Il y a une chose que j’ai trouvée très intéressante et malheureusement qui n’est pas toujours possible c’est le travail en commun avec une autre ARS, avec deux équipes dans chacune des régions qui travaillent sur le même protocole. C’est un champ tellement vaste et porteur de victoires pour les professionnels. […] Plus il y aura d’expérience ensemble plus on sera à même de déléguer » (Mme Adam, ARS). Les réticences ressenties par les équipes paramédicales et médicales, au commencement de la formalisation d’un protocole ou lors de son application, se sont estompées une fois la nouvelle organisation mise en place et intégrée par tous. Une difficulté demeure pour certaines équipes : le recrutement de nouveaux délégués. Les collaborations et les appuis d’organismes tels que les sociétés savantes, les ARS apportent un soutien et contribuent au développement du dispositif. 2.2 Un dispositif qui s’appuie sur des dispositions réglementaires, des démarches administratives et présente des limites Le nombre de dossiers instruits en Ile-de-France, aux différentes étapes du dispositif, et dans d’autres régions constitue une expérience importante. Au début il a été nécessaire de s’approprier le dispositif, puis d’opérer des ajustements et de chercher des solutions en fonction des situations rencontrées. 2.2.1 Des démarches Elaboration d’un protocole de coopération Les équipes à l’initiative de la rédaction de leur protocole expriment unanimement des pesanteurs et des lenteurs dans l’instruction des dossiers. Ce constat est partagé par les équipes d’encadrement (directeurs des soins et cadre supérieur de santé) et les responsables du dossier dans les ARS. Des freins et des délais sont repérables à toutes les étapes du processus de rédaction et d’autorisation du protocole. Les délais peuvent avoir des causes multiples en fonction des acteurs : - pour les équipes cela peut être la compréhension de ce qui est attendu en termes de formalisation, la difficulté à rentrer dans le cadre imposé, le temps nécessaire pour envisager d’autres perspectives que son propre contexte de travail, la disponibilité, la procédure interne à l’établissement pour la transmission de documents à l’ARS, le découragement face aux nombreuses demandes de précisions. Lors de l’étape de rédaction du protocole « au départ c’est fastidieux, on met sur papier notre pratique », « on doit arriver à ce que ce soit exploitable par tous les centres de vaccination » (Mme Vidal, infirmière). La rédaction s’est avérée plus complexe que prévu parce qu’il a fallu « border toutes les situations qui pouvaient arriver donc la tâche paraît moins simple que ce que l’on pouvait imaginer » (Dr Dubois). 35 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 L’expérience de la rédaction d’un premier protocole est un atout pour en rédiger un autre. Pour l’infirmier, M. Didier, « le deuxième protocole a été plus rapide […]. On s’est servi du premier protocole pour écrire le deuxième ». Mme Vidal, pense aussi « si j’avais un deuxième à écrire, […] j’aurais beaucoup moins de difficulté ». Les responsables du dispositif dans les ARS confirment qu’une méthodologie est à acquérir pour l’élaboration du protocole, « il faut déjà comprendre ce qu’attend la HAS et puis ensuite il faut savoir comment formuler les choses, comment les rédiger dans la grille qui est proposée. » - pour l’ARS cela peut être lié à la qualité rédactionnelle de la lettre d’intention ou du protocole, la réactivité de l’équipe pour apporter des précisions, la nécessité d’obtenir des avis juridiques internes à l’agence voire du ministère. Les délais de l’étape d’autorisation du protocole par l’ARS, par l’arrêté pris par le Directeur général, sont généralement motivés par le temps mis par l’équipe pour revoir le protocole en fonction des réserves émises par la HAS dans son avis. Les réserves portent généralement sur des formulations de phrases, de modifications de termes ; la liste peut être relativement longue. L’introduction de l’étape de la lettre d’intention a permis de raccourcir les délais d’instruction des protocoles. Le travail de clarification et de formalisation effectué entre les équipes et l’ARS permet d’améliorer sensiblement la qualité de rédaction des protocoles et de faire évoluer, les cas échéant, le périmètre de la délégation. - pour la HAS cela peut être lié à ses modalités de sollicitation des experts et ses procédures internes. Une fois la recevabilité validée par l’ARS, les protocoles sont transmis pour avis à la HAS. De nombreux allers-retours sont encore nécessaires durant cette étape entre la HAS, l’ARS et les professionnels de santé. Il faut « au moins une réunion de travail téléphonique […] puis des allers-retours par mail et via le site Coop-PS avec l’ARS et les équipes pour avoir une version la plus consolidée possible » (Mme Leroy, HAS). Ces échanges et demandes de réajustement, déjà présents lors de la première étape d’instruction du protocole par l’ARS, sont largement mentionnés par les équipes dans les différents entretiens comme contribuant à la pesanteur et au caractère chronophage du dispositif. Il y « a eu beaucoup d’allers-retours. Au bout d’un moment c’était assez lourd » (M. Didier, infirmier). La HAS motive ce besoin de tout faire préciser : « on va de l’information du patient [début de prise en charge], à sa sortie en passant par la description des étapes ? Quels sont les risques ? La formation, la supervision, l’analyse de pratique… […] Il faut que tout soit vraiment précisé ». S’assurer d’un cadre de pratique sécurisé est la justification de ces nombreux échanges, mobilisant alors des ressources humaines et du temps « c’est une prise en charge qui est autorisée donc s’il arrive quelque chose… » (Mme Leroy, HAS). L’expertise par des organisations et des personnes extérieures (ordres, collèges, spécialistes,…) prend aussi du temps. Certains « conseils nationaux demandent l’avis à leurs adhérents, ça peut alors prendre 3 mois, 4 mois,… ». La HAS souhaite avoir le plus grand nombre d’avis pertinents possible avant que le collège ne donne un avis. Les modalités de sollicitation des experts, bien qu’étant de la prérogative de la HAS, ne sont pas clairement identifiées par les professionnels et les ARS. 36 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Les ARS soulignent que les pesanteurs et l’allongement des délais sont perçus comme un risque de découragement des équipes. Aussi il convient d’être vigilant lorsqu’une équipe souhaite rédiger un protocole à ce qu’elle réponde à un besoin de soins sur le long terme parce que « le temps qu’ils écrivent le protocole et ensuite le temps que la HAS va mettre à répondre, on peut se demander si les choses n’auront pas changé entre temps ». L’évolution rapide des thérapeutiques, des technologies et des pratiques peuvent rendre désuet un protocole avant même son autorisation, d’où la nécessité d’une bonne connaissance par les équipes des perspectives d’évolution et une anticipation sur les traitements et/ou organisations à venir. Durant la période d’instruction il est également observé des modifications dans les équipes avec parfois des personnes, à l’origine du protocole, qui partent à la retraite ou changent de secteur d’activité. La durée d’instruction des dossiers est un frein au maintien de la motivation : « comment voulez-vous tenir les gens en haleine quand il y a autant d’espace et que ça peut aller jusqu’à trois ans pour constituer un dossier ? » (Mme Gaillard, cadre supérieur de santé). Des gestionnaires du dispositif dans des établissements de santé souhaitaient réaliser d’autres protocoles avec des équipes placées sous leur responsabilité mais estiment qu’au « vu de la complexité et du temps d’attente, on s’arrêtera là ». Une difficulté partagée par les professionnels et par les gestionnaires qui sont souvent en appui dans la rédaction des protocoles. Adhésion à un protocole de coopération entre professionnels de santé Un tiers seulement des protocoles autorisés en Ile-de-France, font l’objet d’une mise en œuvre effective à la suite de l’enregistrement par l’ARS des adhésions nominatives. L’aboutissement de la démarche de formalisation d’un protocole de coopération pour les équipes promotrices n’est pas systématiquement sa mise en œuvre règlementaire par l’enregistrement des adhésions, alors que l’une des possibilités offertes par ce dispositif est la régularisation d’un exercice non règlementé. Les raisons pour lesquelles les équipes n’ont pas adhéré au protocole dont elles sont promotrices sont variées : l’attente d’autorisation de télémédecine, l’acquisition par le délégué des compétences exigées, le départ de l’unique délégué et qui n’a pas été remplacé et le découragement face à l’ampleur des documents administratifs à renseigner quand le protocole concerne un nombre conséquent de professionnels d’un établissement. Il apparaît également qu’in fine des équipes estiment qu’il n’est pas dans leur intérêt d’effectuer des démarches d’adhésion à un protocole car les inconvénients sont supérieurs aux avantages perçus. Adhérer suppose de mettre en œuvre le protocole avec le contenu déterminé, de satisfaire aux exigences de formation, de rendre compte dans des évaluations, dans un contexte où il n’y a pas de reconnaissance salariale ou de l’activité. Les exigences de certains protocoles, par exemple, la qualification des délégants (diplôme de spécialité, diplômes d’université, etc.), de formation pour les délégués (durée, stages, etc.) sont tels que très peu de personnes peuvent les satisfaire. La HAS et la DGOS relèvent, de manière générale, un faible nombre d’adhésions aux protocoles autorisés dans les régions. Ce constat serait dû à des exigences trop contraignantes à atteindre ou à appliquer à une organisation des soins ou un établissement donné. 37 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 La HAS porte une attention particulière à la « reproductibilité » des protocoles. Elle examine « les conditions minimales exigées » pour qu’un protocole soit applicable par d’autres équipes soignantes que celle qui en est promotrice. Dans ce contexte les soignants évoquent des difficultés, de devoir prendre du recul par rapport à leur pratique quotidienne. « Souvent, les équipes promotrices raisonnent en fonction de leur besoin propre et de leur organisation. Donc, il faut qu’elles arrivent à rédiger un protocole qui puisse s’appliquer à tous » (Mme André, ARS). Cette exigence est une des raisons de l’allongement des procédures d’autorisation évoquées plus haut, puisqu’elle demande un travail supplémentaire lors de la rédaction. Lorsque plusieurs équipes dans la même région ou dans des régions différentes s’intéressent à la même thématique, des options sont privilégiées. Les équipes sont mises en relation afin d’élaborer le protocole conjointement. Dans ce cas, cela nécessite pour certaines équipes de reconsidérer le périmètre des actes dérogatoires. Les ARS assurent le suivi des équipes de leur région et établissent une collaboration étroite. Parfois, afin d’optimiser les moyens, il est décidé qu’une seule équipe travaille sur le protocole et que les autres adhéreront lorsqu’il sera autorisé. Relation avec la direction des établissements Les établissements de santé se sont saisis différemment du dispositif de coopération. Certains ont mis en place des organisations particulières pour promouvoir et accompagner les équipes dans les différentes étapes et un portage institutionnel fort peut être constaté. D’autres ont laissé les projets de coopération à l’initiative des équipes soignantes. Chaque ARS a aussi sa propre organisation interne dans la gestion du dispositif, certaines se substituant plus ou moins rapidement aux équipes dans la rédaction et les démarches. Les professionnels estiment que la direction de leur structure a une perception positive du dispositif voire même qu’elle a été un soutien dans les démarches. Au niveau de l’encadrement de proximité, les ressentis sont plus partagés. Si certains professionnels évoquent un investissement des cadres de santé, d’autres disent avoir réalisé seuls l’ensemble des démarches. L’investissement des différents membres de l’équipe est variable. Dans certains cas, le dossier est véritablement porté par l’équipe dans son ensemble et dans d’autres, audelà de l’adhésion au dispositif, c’est un des membres de l’équipe voire une personne extérieure (ex. cadre de santé) qui assume toutes les démarches. La rédaction du protocole a été initiée et pilotée par un ou des médecins pour quatre équipes sur cinq interrogées. Dans l’autre cas, l’idée a émergé du médecin chef de service mais c’est l’infirmière, future déléguée, qui a rédigé les documents et effectué les démarches. Pour les adhésions, ce sont les cadres de santé du service ou les directeurs de soins qui ont centralisé les démarches dans cinq situations sur les huit étudiées. Pour les trois autres se sont des médecins ou un délégué qui s’en sont occupés par absence de cadre présent durant cette période. Le constat des ARS est que la qualité des documents et la rapidité des réponses n’est pas liée à l’organisation ou à la qualification du correspondant, mais dépend de l’interlocuteur et de son investissement dans le dossier. 38 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 2.2.2 Des limites et des pistes d’évolution Les bénéfices réels de la mise en place des protocoles de coopération s’accompagnent de limites ayant des effets sur les nouveaux modes de prise en charge. Elles sont identifiées par les professionnels de santé et les gestionnaires. Certaines de ces limites avaient été identifiées par les ARS très rapidement après la publication des textes d’application de la loi et l’élaboration des premiers protocoles de coopération. Elles sont notamment d’ordres financiers, législatifs et réglementaires, liées aux aspects inachevés du dispositif. Cinq ans après, les limites perdurent, aucune évolution n’ayant été véritablement apportée sur ces points tels que : le financement et la réglementation, le statut des délégués. D’autres limites liées aux protocoles eux-mêmes et aux modalités d’adhésion sont apparues plus tardivement avec l’expérience de gestion des dossiers. Le financement En milieu hospitalier, les professionnels et gestionnaires, ayant mis en œuvre des protocoles, interrogés n’évoquent pas, en première intention, d’incidence ou d’obstacle lié à l’inexistence de codification et de financement des actes effectués par un délégué. Cependant, pour certaines activités réalisées en soins externes (ex. consultations, échographies) ils mentionnent des difficultés quant à l’incidence sur la reconnaissance du travail. Certains établissements indiquent que dans un premier temps l’activité des délégués n’étant pas rémunérée (cotation des actes et activités) elle était « invisible ». Cela s’est traduit dans les indicateurs de l’établissement comme une diminution de l’activité médicale du service pouvant conduire à des suppressions de postes infirmiers. En revanche, les professionnels exerçant en ville soulèvent des problématiques majeures. Les actes et activités « dérogatoires », quel que soit le secteur d’exercice, sauf exceptions, ne sont pas côtés dans la nomenclature de l’assurance maladie. Ces constats sont partagés par les ARS et mentionnés dans les rapports produits. L’absence de modèle de rémunération est avancée comme le principal motif du faible déploiement des protocoles en ville (HCAAM, 2014). Les équipes ont alors deux possibilités, en l'absence de financement adapté, utiliser de manière inadéquate une tarification déjà existante ou abandonner le projet (Génisson, Million, 2014). Pour faire face à cette difficulté selon les établissements des solutions diverses ont été observées. Par exemple, appliquer les tarifs de consultation médicale lorsque celle-ci était réalisée par un délégué. Des établissements du secteur ambulatoire n’ont pas finalisé les protocoles dont ils étaient à l’initiative dès lors qu’ils ont compris qu’aucun financement n’était prévu et que c’était incompatible avec leur modèle économique. Les stratégies de contournement pour certains protocoles mis en place en ambulatoire sont explicitées. Le Dr Texier illustre ce problème, dans sa structure il « cote une consultation plus un acte technique médical. […] On est parti du principe que c’était un acte délégant donc on pouvait partir sur le principe que c’était une consultation d’un médecin avec [l’acte technique]. » 39 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Une possibilité de financement des activités dérogatoires a été prévue dans la LFSS 2014. Il est demandé aux équipes, avec l’appui des ARS, de fournir dans le protocole un modèle économique afin que le collège des financeurs puisse se prononcer sur le financement de l’activité. Or, en l’absence de modèle type à renseigner et de cadrage il s’avère difficile de mettre en œuvre cette disposition prévue par les textes. Cela constitue également un obstacle supplémentaire pour des équipes qui rencontrent des difficultés à élaborer des protocoles relatifs à des activités cliniques qu’elles maîtrisent. Depuis la parution des textes d’application de la LFSS 2014, le collège des financeurs s’est prononcé en 2015 sur le financement de deux protocoles : la réalisation du bilan visuel par un orthoptiste et la coopération médecin/infirmier porté par l’association Asalée. Cependant, en considérant le peu d’adhésions, cette offre de financement n’est pas plébiscitée par les équipes. Les principales raisons invoquées sont les tarifs proposés et les contingences administratives. L’organisation et la valorisation des professionnels La mise en œuvre des protocoles nécessite de mettre en place des organisations de soins adéquates généralement à moyens humains constants. Le développement d’activités, non rémunérées, limite les possibilités de déployer la pratique relative aux protocoles de coopération car elle s’ajoute à l’activité habituelle. De plus, les compétences acquises par les personnes enregistrées en tant que délégué dans un protocole étant liées au contexte d’adhésion (formation spécifique, collaboration avec le délégant, etc.), elles ne peuvent pas être mises en œuvre lors de changements de service. Autrement dit, l’implantation d’un protocole de coopération est liée à la personne et au contexte. En lien avec la question des financements, des problématiques d’emplois sont évoquées par les directeurs des soins et les cadres. Lorsqu’un professionnel paramédical adhère à un protocole, il consacre une partie plus ou moins importante de son temps de travail à la réalisation d’activités dérogatoires. Les directeurs des soins mettent en évidence que ces activités ont été déployées sur « des postes vacants mais qui sont pris ailleurs », puisqu’ils n’ont pas eu « d’allocation de postes supplémentaires pour ces professionnels-là ». L’activité effectuée auparavant par le délégué « est rebasculée sur le reste de l’équipe et il n’y a pas eu de personnel supplémentaire. » Généralement, il n’a pas été possible d’étendre l’activité faute de moyens humains. Une autre limite réside dans la possibilité de valoriser les professionnels de santé qui réalisent des activités dérogatoires et assument des responsabilités supplémentaires. La seule marge de manœuvre se trouve dans « la prime qui est donnée » chaque année (Mme Klein, directeur des soins). Une revendication que l’on retrouve aussi chez les professionnels de santé adhérents. Mme Vidal, infirmière, se demande « comment motiver une infirmière qui a les compétences à travailler différemment, qui sort de son décret d’actes, tout en n’étant pas reconnue comme infirmière consultante par exemple ». Certains délégués travaillant dans des services de consultation de jour disent avoir perdu de l’argent par rapport à leur salaire antérieur, ne faisant plus ni nuit, ni week-end. Le Dr Verdier, comme d’autres professionnels, relève la singularité de la situation, sa collègue infirmière déléguée « engage sa responsabilité professionnelle et individuelle […] mais son statut n’a pour autant pas bougé, sans parler de son salaire. » 40 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 La problématique de reconnaissance de l’activité en termes statutaire et financier induit une situation qui ne motive pas d’autres paramédicaux à adhérer aux protocoles. Une prime mensuelle versée aux infirmières déléguées par certaines structures n’est pas suffisante. Certaines infirmières « préfèreraient ne pas avoir la prime et arrêter ça parce que par rapport à tout ce qui est fait, ça [la prime] reste minime par rapport au niveau de responsabilité » (Mme Silva, infirmière). Les dispositions législatives et réglementaires Des dispositions du droit commun n’ont pas été adaptées pour la mise en place des protocoles de coopération. C’est le cas par exemple de la délivrance par le pharmacien de médicaments prescrits par un infirmier et le remboursement par l’assurance maladie. Lorsqu’un protocole de coopération permet la prescription de traitements par un infirmier, aucune mesure n’est prévue pour que le pharmacien puisse identifier l’adhésion du professionnel au protocole et donc la validité de la prescription. La solution à ce problème retenue par certaines équipes est : « les prescriptions [faites par l’infirmier] sont encore signées par le médecin car nous n’avons pas résolu la problématique de la délivrance par le pharmacien avec notre numéro ADELI » (Mme Ziegler, infirmière). Dans d’autres cas les feuilles de prescription sont « pré-signées » par les médecins et mise à disposition des délégués. La multiplication des protocoles et la diversité des situations de délégations d’activités mettent en évidence plusieurs cas de figure avec des spécificités d’ordre juridique pour lesquelles il manque des informations. A titre illustratif, des dispositions prévues par l’article 51 de la loi HPST ne prendraient pas en considération des dispositions réglementaires prévues par d’autres textes pour certaines activités (ex. en médecine légale la reconnaissance de l’activité réalisée par le délégué ne serait pas valide et reconnue dans les procédures de justice). De plus, sur un même sujet, les avis des services des affaires juridiques sont parfois divergents selon les différentes ARS, la HAS et les établissements de santé et il est difficile d’obtenir l’arbitrage du ministère de la santé. Une autre problématique demeure, celle de la subdélégation à un aide-soignant d’actes réalisés par un infirmier sur prescription médicale. Des ARS ont déjà sollicité une réponse juridique de la DGOS à ce sujet, restée sans réponse aujourd’hui. L’applicabilité des protocoles autorisés L’applicabilité des protocoles est contrainte. En effet, la durée de l’instruction, les exigences dans le formalisme des contenus, le manque de cadrage pour leur évolutivité limitent la mise en œuvre des protocoles par les équipes promotrices et rendent difficile leur utilisation par d’autres équipes. 41 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Le contenu des protocoles ne peut être facilement modifié après avis de la HAS. En effet, à l’usage il apparaît que certains critères sont très restrictifs. Par exemple, les qualifications et/ou formations demandées pour les délégués et/ou délégants très exigeants et parfois incompatibles avec les réalités d’exercice professionnel. Pour illustrer le propos, des médecins spécialisés dans certains domaines ne sont pas titulaires du diplôme universitaire exigé parce que ce sont eux qui en ont été à l’initiative ; il a été prévu que le délégant pour la réalisation des échographies par un manipulateur d’électroradiologie médicale devait être radiologue excluant ainsi d’autres médecins qui pratiquent ces examens ; la durée d’expérience professionnelle de plusieurs années pour être délégué est jugée trop importante par rapport à la durée moyenne d’exercice des infirmiers dans un service etc. Il est possible d’apporter des modifications mineures à un protocole autorisé en demandant un avis à la HAS, selon une procédure accélérée de passage au collège, mais cela nécessite des démarches et engendre des délais. L’autonomie des délégués permise par certains protocoles est très limitée, les actes dérogatoires étant restreints par rapport à ce qui pourrait leur être confié. « Dans le protocole Asalée il faudrait qu’elles [les infirmières] soient davantage autonomes parce que là elle ne le sont pas beaucoup quand-même » (Mme Arnaud, ARS). Les adhésions sont individuelles et nominatives, cela fragilise la pérennité des pratiques « dérogatoires » par les équipes. Le départ d’un membre de l’équipe peut être un motif d’abandon du protocole ou générer des démarches à entreprendre pour l’adhésion d’un nouveau membre. Dans les services, où seul un délégué est présent, il y a une vraie difficulté à recruter un deuxième délégué pour divers motifs (cf. supra) La gouvernance du dispositif Tout au début de la mise en œuvre du dispositif une personne, chargée de sa gouvernance au ministère de la santé, était l’interlocuteur des ARS et de la HAS. « Jusqu’en 2013 il y avait un groupe de travail au sein de la HAS, avec un échantillon d’ARS, la DGOS, des médecins, l’assurance maladie… On examinait les protocoles et on échangeait dessus. Ce n’était pas un avis qui liait. L’idée était de forger une analyse, une grille de lecture qui pouvait être partagée et commune mais c’était toujours bien la HAS qui rendait un avis » (Mme Moreau, DGOS). La gouvernance du dispositif présente des limites relevées par les ARS. En l’absence d’une « régulation nationale » chaque acteur, tout en respectant les dispositions réglementaires, met en œuvre le dispositif selon ses propres critères. Le manque de concertation entre le ministère (DGOS, DSS), la HAS et les ARS ne permet pas de décider de principes ou d’établir des règles communes permettant une harmonisation dans l’instruction des dossiers voire une mutualisation organisée des acquis de l’expérience. Les informations relatives aux évolutions dans la formalisation des contenus des protocoles attendues par la HAS parviennent aux ARS de façon fortuite à l’occasion de l’instruction d’un dossier. Cela génère du travail supplémentaire, par exemple, pour remettre en forme des supports ou renseigner des parties du protocole (ex. les indicateurs). 42 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 La mise en œuvre du dispositif soulève des questions d’efficience. Les protocoles sont instruits selon les mêmes processus quelles que soient la nature et la complexité des activités déléguées. Par exemple, certains actes « dérogatoires », relativement simples à réaliser, actuellement mis en œuvre dans la pratique courante et qui ne présentent pas véritablement de risque pour le patient (ex. échographies de repérage des vaisseaux sanguins avant ponction …) suivent le même processus que les activités complexes de diagnostic et d’ajustement de traitements médicamenteux. Par ailleurs, le niveau de sécurité et de gestion des risques exigé par la HAS pour les actes dérogatoires, tout en comprenant l’intérêt, est jugé très élevé. Concrètement, cela se traduit notamment dans les demandes de descriptions détaillées des pratiques et des organisations alors que les conduites à tenir sont les mêmes que pour les soins habituellement délivrés par les professionnels. Il était prévu initialement que des protocoles « nationaux » soient identifiés et que certains actes « dérogatoires » soient intégrés dans les textes réglementant l’exercice des professionnels de santé permettant de les généraliser. Cela concernait particulièrement les pratiques devenues courantes en raison d’évolutions technologiques (ex. retrait de certains dispositifs, réalisation de mesures ou de tests automatisés etc.). Or, cet aspect du dispositif n’a pas été mis en œuvre. Les moyens mobilisés et les coûts de mise en œuvre du dispositif La rédaction des protocoles et la gestion des adhésions nécessitent de mobiliser des moyens humains dans un contexte en tension. Il est nécessaire également d’octroyer des financements pour l’acquisition, le maintien et le développement des compétences professionnelles (formations, participations à des congrès, etc.). Lors de la mise en œuvre, des moyens humains sont également nécessaires pour le suivi, les partages d’informations, le renseignement des indicateurs. Pour partie, ces temps sont gérés par des gains de temps liés notamment à de nouvelles répartitions d’activités ou de modifications d’organisations des soins. L’investissement important des acteurs est souligné car « c’est beaucoup de travail pour les équipes de terrain mais si on veut que ça avance et que ça passe au niveau de la HAS et son collège, c’est beaucoup de travail de l’ARS et d’accompagnement des équipes » (Mme Arnaud, ARS). Un dispositif mobilisant un nombre important d’acteurs a un coût. L’ARS Ile-de-France a évalué ce coût en 2014 pour quatre protocoles instruits : diabète, anticancéreux-oraux, obésité, Fibroscan. En estimant le nombre de jours mobilisés par le dossier, depuis le travail préalable au dépôt du protocole à l’ARS jusqu’à la publication de l’arrêté d’autorisation, par les personnes impliquées et en se basant sur le salaire annuel charges comprises de chacun d’eux (infirmiers, cadres de santé, médecins praticiens hospitaliers, médecins professeurs d’université-praticiens hospitaliers, directeurs des soins, juristes, etc.), le coût moyen est de l’ordre de 12 000 euros pour l’ARS et 27 000 euros pour les professionnels de santé. Le coût n’a pas pu être évalué pour la HAS (mobilisation de personnel interne à la HAS, les experts, le collège). A ces sommes, il faudrait ajouter les coûts induits pour la gestion des adhésions et des évaluations. En cinq ans, il n’y a pas eu de changement dans les textes permettant d’apporter des solutions aux limites observées pour certaines, dès le début de mise en œuvre du dispositif, excepté la création du collège des financeurs. Ce dernier ne répond pas encore à toutes les attentes puisqu’en dehors de deux protocoles et leur application auprès de médecins libéraux, les questions de financements et de rémunération demeurent. Les gestionnaires du dispositif interrogés regrettent un manque de concertation avec le ministère et la HAS et l’absence de points d’étape. 43 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Les conséquences liées aux limites les plus fréquemment observées sont : la mise en œuvre de protocoles mais sans procéder aux adhésions, le développement de l’exercice illégal en réalisant des activités dérogatoires sans élaborer des protocoles ou adhérer à ceux qui existent, la recherche de moyens de contourner ou d’adapter les avis de la HAS. Les limites observées freinent voire empêchent le déploiement du dispositif. Cependant, l’intérêt pour les protocoles de coopération se manifeste par des équipes désireuses de légaliser leur exercice ou de faire évoluer les pratiques de soins. Le dispositif a permis notamment l’appropriation, par les acteurs du système de santé, des possibilités de répartir l’activité autrement et de progresser dans l’acceptabilité de nouvelles formes de collaboration entre professionnels de santé. Les équipes continuent à proposer régulièrement des lettres d’intention et des protocoles. Il est constaté une appropriation progressive du dispositif et une forte attente de la mise en œuvre des possibilités de rémunération des activités et des professionnels. Le dispositif de coopération entre professionnels de santé mérite d’être réexaminé particulièrement lors des discussions relatives à la pratique avancée. Cette dernière est formalisée dans la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé et inscrite par le Premier ministre en tant que mesure de la feuille de route de la Grande conférence de la santé qui s’est tenue le11 février 2016. 44 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 CONCLUSION Le dispositif de coopération entre professionnels de santé avait pour ambition d’être l’une des solutions à l’amélioration de la qualité de prise en charge des malades, de l’offre et de l’accès aux soins. En se basant sur un processus inductif, provenant de l’initiative des équipes, il était novateur dans le contexte français. Au terme de cinq ans de mise en œuvre, le bilan est contrasté. Globalement, ce dispositif aura permis de développer des activités et de modifier des organisations, de progresser dans l’acceptabilité des professionnels de santé à reconsidérer la répartition des champs d’intervention. Les équipes qui s’engagent dans l’élaboration de protocoles de coopération entre professionnels de santé y trouvent l’intérêt de faire évoluer leurs pratiques, de proposer une meilleure offre de soins, d’améliorer la qualité et la sécurité des prestations aux malades et à leur entourage, d’être plus pertinentes en termes médico-économiques, d’optimiser le temps médical disponible, de valoriser et de reconnaître les compétences des professionnels paramédicaux. Au cours du temps, des améliorations ont été apportées dans les supports et les explications données aux professionnels pour faciliter le renseignement des différents documents. L’application informatique Coop-PS mise à disposition par le Ministère de la santé permet de disposer d’un outil de transmission des documents entre différents acteurs. Des limites importantes, d’ordres financiers, réglementaires et de reconnaissance, n’ayant pas trouvé de solutions, il n’a pas été possible de véritablement faire évoluer le dispositif et l’améliorer. Il reste complexe, chronophage pour les équipes et pour les ARS et les durées d’instruction longues découragent les porteurs de projets de protocoles. La mise en œuvre du dispositif aura nécessité un important investissement des équipes, des structures de soins et des ARS pour parvenir à des résultats, somme toute, modestes. Si des difficultés dans la mise en œuvre du dispositif de coopération perdurent, c’est sans doute aussi parce qu’il manque un objectif commun à l’ensemble des acteurs : professionnels de santé, Ministère, HAS, ARS. Les objectifs de l’ARS convergent avec ceux des équipes. Cependant, sans moyen pour reconnaître l’investissement des professionnels (dans leur parcours professionnel, financièrement), les agences ne disposent pas de leviers permettant de véritablement soutenir les équipes. L’avenir est envisagé comme une indispensable évolution et transformation du dispositif. Les modalités actuelles étant considérées comme trop exigeantes par rapport à l’investissement humain et financier et aux résultats obtenus. Certains considèrent qu’il pourrait y avoir une place pour des protocoles de coopération mais de façon très limitée à certains actes. L’expérience et les enseignements de mise en œuvre du dispositif de coopération entre professionnels de santé permettent de faire des suggestions. 45 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Comme mentionné plus haut, les actes et activités dérogatoires faisant l’objet de protocoles de coopération peuvent être classés en trois catégories selon leur degré de complexité. Chacune peut donner lieu à des évolutions différentes : 1 2 3 les actes techniques peu complexes (ex. myélogramme, échographies simples (écholocalisation des veines et artères)) pourraient être inscrits dans les textes régissant les exercices professionnels ; dans ce cas tous les professionnels pourront réaliser les actes dès lors qu’ils sont inscrits dans les textes réglementant les professions. Les professionnels considèrent que les évolutions technologiques devraient être intégrées systématiquement dans la formation initiale ; les activités techniques nécessitant ou non une interprétation (ex. échographie, urodynamique) pourraient être autorisées sous réserve que les personnes concernées aient suivi et validé des formations complémentaires ad hoc (ex. Diplôme d’université) ; dans ce cas la possibilité de réaliser l’activité serait liée à la formation et/ou qualification spécifique sans qu’il soit nécessaire de procéder à des adhésions nominatives ; les prises en charge complexes comprenant des prescriptions de traitements et/ou d’examens (ex. suivi de patients sous traitement anticancéreux par voie orale, suivi de patients atteints de pathologies chroniques, soins de premier recours) seraient confiées à des professionnels sous réserve d’avoir validé des formations de niveau master [pratique avancée] ; dans ce cas la possibilité de réaliser l’activité serait liée à la qualification. L’ensemble des catégories énoncées ci-dessus suppose d’adapter la réglementation, les modalités de financement (des activités, des structures et des personnes) à ces nouvelles pratiques, d’impliquer les universités, les employeurs et l’assurance maladie, dans l’évolution du dispositif. Les activités dérogatoires réalisées dans le cadre des coopérations entre professionnels de santé pourraient être reconnues lors de Validations des acquis de l’expérience (VAE) pour l’accès à des formations et la validation de crédits d’enseignement. Dans l’attente de nouvelles modalités permettant de disposer de professionnels formés à la pratique d’activités aujourd’hui considérées comme dérogatoires, des protocoles nationaux, élaborés à l’initiative d’équipes mais formalisés en inter-régions avec le concours, notamment, de sociétés savantes, pourraient permettre de répondre aux besoins de façon plus efficiente. Les domaines devant faire l’objet d’élargissement des missions et/ou des champs d’activité devront être priorisés en fonction des besoins de santé publique, notamment, les pathologies chroniques, la santé mentale et la psychiatrie, la gérontologie, les soins de premier recours. En l’état il serait difficile de pérenniser le dispositif de coopération entre professionnels de santé compte tenu de ses limites L’évolution du dispositif relève pour l’essentiel de prérogatives de niveau national impliquant les Ministères de la santé, de l’enseignement supérieur et de la recherche et l’assurance maladie. La mise en œuvre du dispositif de coopération entre professionnels de santé apporte de nombreux enseignements et peut être considérée comme exemplaire pour l’analyse de conduite de politiques publiques. Ce dispositif peut aussi être considéré comme une transition vers d’autres modèles. 46 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 BIBLIOGRAPHIE Agence Régionale de Santé Ile de France. 2011. Plan stratégique régional de santé. Paris, 124p. [En ligne]. Disponible sur internet : http://prs.sante-iledefrance.fr/wpcontent/uploads/2012/09/psrs-idf-2011.pdf Anger, E. Gimbert, V. 2011. « Quelles opportunités pour l’offre de soins de demain ? 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JO du 24 décembre 2013 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028372809&dateTexte=&c ategorieLien=id Décret no 2014-919 du 18 août 2014 relatif à la composition et au fonctionnement du collège des financeurs des coopérations entre professionnels de santé. JO du 21 août 2014 http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=20140821&numTexte =19&pageDebut=13896&pageFin=13896 49 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Arrêté du 23 octobre 2014 modifiant l'arrêté du 31 décembre 2009 relatif à la procédure applicable aux protocoles de coopération entre professionnels de santé. JO du 14 novembre 2014 http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029690036&dateTexte=&c ategorieLien=id Arrêté du 12 janvier 2015 autorisant le financement dérogatoire de protocoles de coopération entre professionnels de santé : o Protocole Asalée : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000030133116 o Protocole bilan visuel : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000030126733 Instruction n° DSS/1B/2015/209 du 13 mai 2015 http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2015/15-07/ste_20150007_0000_0029.pdf - Pratique avancée Loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé. JO du 27 janvier 2016 https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=EC0B13B634CF921A03CBC448AE3F02 D6.tpdila10v_3?cidTexte=JORFTEXT000031912641&categorieLien=id 50 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 SIGLES ADELI Automatisation des listes ARS Agence régionale de santé CPAM Caisse primaire d’assurance maladie CSIMTR Commission des soins infirmiers, médicotechniques et de rééducation DOSMS Direction de l’offre de soins et médico-sociale DGOS Direction générale de l’offre de soins DSS Direction de la sécurité sociale EHESP Ecole des hautes études en santé publique ESPIC Etablissement de santé privé d’intérêt collectif HAS Haute autorité de santé HPST Hôpital, patient, santé, territoire LFSS Loi de financement de la sécurité sociale PIB Produit intérieur brut PRS Projet régional de santé URPS Union régionale des professionnels de santé 51 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 ANNEXES Annexe 1 – Contenus et pièces à communiquer à chaque étape Annexe 2 – Protocoles instruits et autorisés en Ile-de-France Annexe 3 – Lettres d’intention instruites en Ile-de-France Annexe 4 – Adhésions à des protocoles Annexe 5 – Note relative aux modèles économiques Annexe 6 – Personnes interviewées 52 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Annexe 1 – Contenus et pièces à communiquer à chaque étape Tableau 1. Les contenus et/ou pièces à communiquer à chaque étape du dispositif de coopération entre professionnels de santé Ce qui est attendu Lettre d’intention Protocole Intitulé du protocole de coopération Besoin de santé régional Profession du délégant et du délégué Objectifs Actes dérogatoires Lieu de mise en œuvre Intitulé du protocole de coopération Besoin de santé régional Profession du délégant et du délégué Objectifs Actes dérogatoires Lieu de mise en œuvre Description détaillée, chronologique et environnementale de la prise en charge concernée par la délégation Procédure d’information et de recueil du consentement du patient Présentation des compétences requises (expérience professionnelle et compléments de formation théorique et pratique nécessaire) pour le délégué Analyse des risques Modèle économique Définition des indicateurs de suivi qui déclinent les résultats attendus, tant quantitatifs que qualitatifs Annexes Pièces individuelles : Photocopie de la carte d’identité Tous documents attestant de la formation initiale et continue et des actions de développement professionnel continu acquises dans le champ du protocole Inscription selon les cas aux fichiers ADELI, RPPS Déclaration sur l’honneur certifiant que l’intéressé respecte les obligations relatives à l’exercice de sa profession Pour le professionnel en exercice libéral, l’attestation de responsabilité civile professionnelle couvrant les activités décrites dans le protocole considéré qui ont vocation à être effectuées Pièces collectives : Déclaration des professionnels attestant de leur engagement mutuel d’adhésion à un protocole Arrêté autorisant l’application du protocole auquel vous souhaitez adhérer Pour le professionnel en exercice salarié un document fourni par l’employeur attestant de la souscription d'un contrat d'assurance prenant en compte d’activité dans le cadre de protocoles de coopération entre professionnels de santé Accord de l'employeur en cas d'exercice salarié Indicateurs d’activité Indicateurs de qualité et de sécurité Indicateurs de satisfaction des acteurs (patients, délégué(s), délégant(s) Indicateurs d’impact organisationnel Adhésion Evaluation 53 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Annexe 2 – Protocoles instruits et autorisés en Ile-de-France Tableau 2. Répartition des protocoles de coopération entre professionnels de santé reçus à l’ARS Ile-de-France selon l’année de dépôt (au 11 aout 2016). Protocoles Reçus à l'ARS 2011 2012 2013 2014 2015 Total 20 6 7 1 3 37 3 1 2 7 1 2 Etat d'avancement : □ En cours d'instruction HAS 1 □ En cours d'instruction ARS Projets abandonnés 1 7 3 9 3 1 11 Avis HAS : □ Avis favorables (correspondant à l'année de dépôt du protocole à l'ARS) □ Avis défavorables 3 12 2 5 Tableau 3. Répartition des autorisations des protocoles de coopération entre professionnels de santé autorisés par l’ARS Ile-de-France (au 11 aout 2016). Protocoles autorisés □ Protocoles IDF 2011 2012 9 3 □ Protocoles autres régions 8 2014 2015 Total 12 3 7 4 22 34 Total Dont protocoles instruits en collaboration avec une autre région 2013 2 2 54 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Bilan des coopérations entre professionnel santé Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Tableau 4. Répartition en fonction des domaines et activités dérogatoires des protocoles de coopération entre professionnels de santé autorisés par l’ARS Ile-de-France (au 11 aout 2016). Région d’origine Titre simplifié du protocole de coopération Type de dérogation Délégant Délégué Secteur d’activité Date Arrêté DG ARS Date Arrêté DG ARS IDF Nombre d’équipes adhérentes Actes techniques Haute-Normandie Bilan urodynamique Substitution Urologue IDE Ets de santé 28/11/2011 28/08/2012 1 Midi-Pyrénées Réalisation frottis cervico-utérin Substitution Médecin IDE Ambulatoire 22/12/2014 06/02/2015 1 PACA Ponction médullaire en crête iliaque Substitution Hématologue IDE Ets de santé 13/07/2011 28/08/2012 0 PACA Pose des PICC-line en salle de radiologie interventionnelle Substitution Radiologue interventionnel Manipulateur Ets de santé électroradiologie 01/04/2015 25/08/2015 Pays de la Loire Lymphocèle Substitution Médecin IDE Ets de soins 05/09/2013 11/06/2014 0 Rhône-Alpes Pose de voie veineuse centrale Substitution Médecin IDE Ets de santé 22/08/2013 11/06/2014 0 Pays de la Loire Cure de sevrage en unité d’addictologie Diversification Médecin IDE Ets de soins 28/01/2013 11/06/2014 0 1 Addictologie 55 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Région d’origine Titre simplifié du protocole de coopération Type de dérogation Délégant Délégué 2016 Secteur d’activité Date Arrêté DG ARS Date Arrêté DG ARS IDF Nombre d’équipes adhérentes Cancérologie Ile-de-France Suivi de patients traités par Diversification anticancéreux oraux à domicile Médecin IDE Ets de santé 28/12/2012 3 Ile-de-France Suivi semestriel de patients à Diversification risques élevés de mélanome Médecin IDE Ets de santé 08/02/2013 Alsace Echographies transthoraciques Cardiologue IDE Ets de santé 19/12/2011 LanguedocRoussillon Réalisation d'échographies Radiologue Manipulateur électroradiologie Ambulatoire Lorraine Réalisation d'échographies Radiologue Manipulateur électroradiologie Ets de santé 15/05/2012 28/08/2012 Rhône-Alpes Réalisation d'échocardiographies Cardiologue IDE Ets de santé 11/06/2012 28/08/2012 Ile-de-France Mesure de l’élastométrie du foie par Substitution FibroScan Médecin IDE Ets de santé 04/11/2013 Ile-de-France Echographie des veines et/ou Substitution artères des membres supérieurs Médecin IDE Ets de santé 21/08/2014 0 Echographies Substitution Substitution Substitution Substitution 28/08/2012 22/01/2015 0 3 7 0 2 0 56 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Région d’origine Titre simplifié du protocole de coopération Type de dérogation Délégant Délégué 2016 Secteur d’activité Date Arrêté DG ARS Date Arrêté DG ARS IDF Nombre d’équipes adhérentes Endocrinologie Ile-de-France Suivi de patients diabétiques traités Diversification par insuline surveillés par télémédecine Médecin IDE Ets de santé 28/10/2013 0 Ile-de-France Suivi de patients diabétiques Diversification insulinotraités par pompe à insuline externe Médecin IDE Ets de santé 04/11/2013 Midi-Pyrénées Prise en charge de la fragilité du Diversification sujet âgé Médecin IDE Ambulatoire 07/02/2014 Ile-de-France Suivi de patients atteints de la Diversification maladie d’Alzheimer ou affection apparentée Médecin IDE 1 Gérontologie Ambulatoire Ets de santé 11/06/2014 0 2 22/09/2014 57 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Région d’origine Titre simplifié du protocole de coopération Type de dérogation Délégant Délégué 2016 Origine Date Arrêté DG ARS Date Arrêté DG ARS IDF 28/08/2012 Nombre d’équipes adhérentes Médecine générale Poitou-Charentes ASALEE (suivi chroniques) de Ile-de-France Greffe rénale Midi-Pyrénées Maladie de Parkinson Ile-de-France Ile-de-France pathologies Diversification Médecin IDE Ambulatoire 18/06/2012 Diversification Médecin IDE Ets de santé 11/06/2014 Substitution Médecin IDE Ets de santé 10/07/2015 Suivi de patients bénéficiant d’une Diversification chirurgie de l’obésité Médecin IDE Ets de santé 04/11/2013 Nutrition entérale et parentérale Médecin Diététicien Ets de santé 11/03/2015 4 Néphrologie 1 Neurologie 8/10/2015 0 Nutrition Diversification 1 0 58 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Région d’origine Titre simplifié du protocole de coopération Type de dérogation Délégant Délégué 2016 Secteur d’activité Date Arrêté DG ARS Date Arrêté DG ARS IDF Nombre d’équipes adhérentes Ophtalmologie Dépistage itinérant de la rétinopathie Substitution diabétique Ophtalmologiste Orthoptiste Ambulatoire 17/01/2012 28/08/2012 Transfert par l’OPH de la prescription Substitution médicale des actes dispensés par l’orthoptiste Ophtalmologiste Orthoptiste Ambulatoire 26/07/2012 28/08/2012 Bourgogne Prélèvements de personnes décédées Médecin IDE Ets de santé 23/01/2013 04/11/2013 Pays de la Loire Bilan visuel dans le cadre du Substitution renouvellement/adaptation des corrections optiques chez l’enfant Ophtalmologiste Orthoptiste Ambulatoire 09/09/2013 04/11/2013 Pays de la Loire Bilan visuel dans le cadre du Substitution renouvellement/adaptation des corrections optiques chez l’adulte Ophtalmologiste Orthoptiste Ambulatoire 09/09/2013 04/11/2013 Pays de la Loire Photographies du fond d’œil Ophtalmologiste Orthoptiste/IDE Ambulatoire 14/05/2014 21/08/2014 LanguedocRoussillon Evaluation et suivi de plaies Diversification complexes dans le cadre d’un réseau pouvant fonctionner en télémédecine Médecin IDE Ambulatoire 09/07/2014 21/08/2014 Bourgogne Nord Calais Pas-de- cornée sur Substitution Substitution 0 0 0 1 2 1 Plaies et cicatrisation 0 59 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Région d’origine Titre simplifié du protocole de coopération Type de dérogation Délégant Délégué 2016 Secteur d’activité Date Arrêté DG ARS Date Arrêté DG ARS IDF Nombre d’équipes adhérentes 11/06/2014 0 Vaccinations Haute-Normandie Vaccination Diversification Médecin IDE Ets de santé 06/12/2013 Ile-de-France Vaccinations, sérologies Diversification Médecin IDE Ambulatoire 28/08/2012 1 Ile-de-France Médecine du voyage Diversification Médecin IDE Ets de santé 11/06/2014 5 60 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Annexe 3 – Lettres d’intention instruites en Ile-de-France Tableau 5. Répartition des avis concernant les lettres d’intention relatives aux protocoles de coopération entre professionnels de santé reçues à l’ARS Ile-deFrance selon l’année de dépôt (au 11 aout 2016). Lettres d'intention Reçues à l'ARS : □ Avis favorables 2012 2013 2014 2015 2016 Total 4 8 5 9 5 31 3 7 4 7 2 23 □ Avis défavorables 1 2 1 Etat d'avancement / avis à émettre : □ En cours d'instruction □ En attente d’avis juridique du Ministère 1 1 5 3 1 1 Tableau 6. Répartition de l’état d’avancement des lettres d’intention relatives aux protocoles de coopération entre professionnels de santé ayant reçu un avis favorable par l’ARS Ile-de-France selon l’année de dépôt au (au 11 aout 2016). Lettres d'intention 2012 2013 2014 3 5 2 2015 2016 Total Etat d'avancement / rédaction du protocole : □ Ayant donné lieu à la rédaction d’un protocole □ En attente de protocole □ Abandon du projet 1 2 1 10 9 2 12 3 61 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Annexe 4 – Adhésions à des protocoles Tableau 7. Répartition du nombre de demandes d’adhésions des équipes aux protocoles de coopération entre professionnels de santé autorisés par l’ARS Ile-deFrance (au 11 août 2016). Adhésions (d’équipes) Nombre de demandes d’adhésions à des protocoles autorisés par l’ARS Ile-de-France 2012 2013 2014 2015 2016 Total 1 5 13 25 10 54 Nombre de demandes d’adhésions refusées Nombre de demande d’adhésions ayant formalisé leur abandon 1 1 Nombre de demandes d’adhésions en cours Nombre d’adhésions à un protocole 1 1 1 5 3 7 5 15 9 17 5 37 62 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Tableau 8. Répartition des enregistrements des adhésions des professionnels de santé aux protocoles de coopération autorisés par l’ARS Ile-de-France (au 11 aout 2016). Enregistrements 2012 2013 2014 2015 2016 Total 11 40 43 44 138 Manipulateurs d’électroradiologie 1 9 3 6 19 Infirmiers 5 16 24 9 54 10 10 69 221 Professionnels enregistrés : □ Délégants : Médecins □ Délégués : Orthoptistes Total des enregistrements (retraits exclus) 17 65 70 5 1 Retraits : □ Délégants : □ Délégués : Total des retraits 5 1 6 1 1 1 7 Professionnels refusés : □ Délégants : Médecins 4 4 □ Délégués : Infirmiers Total des refus d’enregistrements 2 1 3 6 1 7 63 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Annexe 5 – Note relative aux modèles économiques NOTE (10.12.2015) MODELES ECONOMIQUES POUR LE FINANCEMENT DES ACTIVITES DEROGATOIRES REALISEES DANS LE CADRE DE LA MISE EN ŒUVRE DES PROTOCOLES DE COOPERATION ENTRE PROFESSIONNELS DE SANTE Les activités réalisées dans le cadre du dispositif relatif aux coopérations entre professionnels de santé pourraient être rémunérées selon les modalités prévues dans la loi de financement de l’assurance maladie 2014. Les possibilités sont effectives depuis l’installation du collège des financeurs intervenue en décembre 2014. Concrètement, pour les nouveaux protocoles il convient d’élaborer un modèle économique dès leur conception et, pour ceux déjà autorisés, il est possible de solliciter des financements. Dans les deux cas, les demandes sont faites auprès de la Direction de la sécurité sociale (DSS) par l’ARS sur la base de modèles économiques. En Ile-de-France, plusieurs protocoles de coopération entre professionnels de santé mis en œuvre par des équipes pourraient bénéficier de ce dispositif. Les modèles économiques établis permettent d’identifier le coût de chaque activité, d’évaluer les montants globaux en fonction du nombre d’actes réalisés et de demander les financements correspondants au collège des financeurs. 1- Contexte de mise en œuvre des protocoles de coopération entre professionnels de santé et de leur financement Le dispositif de coopération entre professionnels de santé, prévu par l’article 51 de la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) de 2009, est mis en œuvre par l’ARS Ile-de-France depuis la parution des textes d’application. Le premier protocole soumis par une équipe est parvenu en janvier 2011. La mise en œuvre des protocoles de coopération est soumise à une procédure d’adhésion des équipes (délégué(s) et délégant(s)). Cette dernière consiste en un enregistrement nominatif par l’ARS. Depuis le début de la mise en œuvre du dispositif, 34 protocoles ont été autorisés en Ilede-France dont 12 issus d’équipes de la région et les autres, autorisés initialement par d’autres ARS. Parmi les protocoles autorisés, 12 ont fait l’objet d’adhésions et donc de mise en œuvre, ce qui représente 23 équipes et 156 personnes (98 délégants et 58 délégués). Les activités dérogatoires faisant l’objet de protocoles de coopération peuvent être classées schématiquement en deux catégories selon la nature de l’activité. La première correspond à la réalisation d’actes techniques (ex. ponction, pose de voie veineuse, échographie…). La seconde comprend des activités plus complexes tels que l’analyse d’une situation clinique, l’établissement d’un diagnostic médical, la prescription d’examens et/ou de traitements, pour lesquelles la modalité de mise en œuvre relève d’une consultation. En dehors du contexte des protocoles de coopération, lorsque ces activités sont réalisées par un médecin, dans le cadre d’un exercice libéral ou en soins externes dans un établissement de santé, elles sont rémunérées selon les tarifs de la Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) ou de la Classification commune des actes médicaux (CCAM). Dans le cas d’activités réalisées auprès de patients hospitalisés, ce sont les modèles financiers propres à l’hospitalisation qui s’appliquent. 64 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Les premiers textes d’application de l’article 51 de la loi HPST permettaient la mise en œuvre des activités déléguées mais ne prévoyaient pas de modalités de financement de ces activités et/ou la rémunération des professionnels « délégués » impliqués dans le dispositif. Depuis, la loi de financement de la sécurité sociale 20145 prévoit ces modalités (cf. art. 35). Il est précisé que les professionnels peuvent soumettre, pour avis, un modèle économique pour les protocoles concernés au collège des financeurs. Les premiers avis de ce dernier sont formalisés en 2015. L’arrêté du 12 janvier 2015 autorise le financement dérogatoire pour le protocole Asalée, dans le cadre des nouveaux modes de rémunérations et pour le protocole relatif au bilan visuel. Par ailleurs, il est possible de soumettre au collège des financeurs des modèles économiques pour d’autres protocoles, notamment ceux autorisés avant la mise en œuvre de ce nouveau dispositif qui complète celui de la loi HPST. La singularité liée à la délégation d’activités d’un délégant vers un délégué se caractérise par la persistance de l’implication formelle mais variable du délégant. Par exemple, le délégant peut être très impliqué dans le processus si la délégation porte sur la réalisation d’un acte technique qu’il prescrit en amont et pour lequel il interprète les résultats en aval. Dans d’autres cas, le délégant a pour l’essentiel une fonction de contrôle et/ou de supervision, avec des interventions très ponctuelles. Autrement dit, dans le cadre des protocoles de coopération, le délégué réalise l’activité et le délégant assure systématiquement au minimum un contrôle. Quelle que soit l’activité dérogatoire, le délégué n’est pas totalement autonome, ce qui peut avoir des incidences sur l’estimation financière des modèles économiques. 2- Modalités pour le calcul d’un modèle économique standardisé et résultats En s’appuyant sur l’instruction du 13 mai 2015 n° DSS/1B/2015/209, relative aux modalités de mise en œuvre des coopérations entre professionnels de santé concernant le bilan visuel, l’ARS Ile-de-France a formalisé des modèles économiques standardisés, l’un pour les actes techniques et l’autre pour les consultations (cf. annexe 1). La méthode de travail a consisté à : élaborer deux maquettes type permettant d’identifier les coûts selon que la dérogation porte sur un acte technique ou sur une consultation. Le principe retenu est le suivant : o pour les actes techniques : utiliser le tarif de la CCAM de cet acte s’il existe, ou se référer au tarif d’un acte similaire si celui-ci n’est pas encore répertorié ; o pour les consultations : effectuer un calcul sur la base du temps moyen passé à la réalisation de l’activité et des salaires annuels du délégué et du délégant, charges comprises ; o évaluer le montant global annuel des activités dérogatoires en faisant le produit du coût de l’activité par le nombre d’actes réalisés sur une année ; soumettre aux équipes les maquettes et leur demander de les renseigner ; synthétiser les données transmises par type d’activité concernée ; définir un coût moyen par activité de consultation. 5 Article 35 de la Loi n° 2013-1203 du 23 décembre 2013 de financement de la sécurité sociale pour 2014. 65 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Les résultats provenant des données communiquées par les équipes ayant mis en œuvre un protocole de coopération et renseigné les modèles économiques montrent que : les actes techniques, frottis cervico-utérin de dépistage et les échographies, représentent sur la base des tarifs de la CCAM, un coût global de 87 802 euros. Tableau 1. Coût global des actes techniques (année 2015). Actes techniques Nbre d’équipes ayant renseigné les modèles économiques Frottis cervico-utérin de dépistage 1 3 115 Echographies 1 84 687 Coût/an (€) Total 87 802 les consultations représentent un coût « unitaire » moyen de 25 euros et un coût global de 204 723 euros. Tableau 2. Coût global des activités de consultation (année 2015). Activités de consultation Nbre d’équipes ayant renseigné les modèles économiques Médecine du voyage 3 78 000 Vaccination 1 17 500 Cancérologie 2 70 750 Diabétologie 1 22 723 Patient atteints d’Alzheimer 1 15 750 Total Coût/an (€) 204 723 Le coût total pour les actes techniques et les consultations représente la somme de 292 525 euros pour l’année 2015 (cf. annexe 2). 66 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Les montants calculés ne représentent pas systématiquement un surcoût car la plupart des actes ou activités auraient été réalisés par le délégant et dans des conditions différentes (ex. délais plus longs etc.). Le nombre d’actes annuels correspondent à ceux de 2015. Ils sont susceptibles d’évoluer en fonction des besoins des populations concernées par les activités dérogatoires. A ce stade, les données disponibles permettent de comparer les coûts selon que l’acte a été réalisé par le délégué ou le délégant. Par exemple, pour le frottis cervico-utérin le coût est chiffré à partir du tarif CCAM de l’acte unitaire (12,46 euros). Si celui-ci avait été réalisé par le médecin, le tarif de la consultation (23 euros) aurait été ajouté au prix de l’acte (35,46 euros). Le coût total pour 250 frottis réalisés par l’infirmier représente 3 115 euros. Il aurait été de 8 865 euros s’il était effectué par le médecin, soit une différence de 5 750 euros (cf. annexe 3). Dans cette situation, s’agissant d’une activité de dépistage, les femmes auront besoin de voir un médecin, dans un second temps, uniquement si les résultats s’avèrent anormaux. L’appréciation de différences de coûts ne peut être établie actuellement pour tous les protocoles. Parmi les raisons, signalons la complexité de certaines situations et l’intrication des interventions entre délégués et délégants. Par ailleurs, dans l’évaluation des coûts indiqués il n’a pas été tenu compte ici de ceux générés par les frais liés à l’investissement (ex. matériel, formations, etc.) et d’instruction du dispositif des coopérations entre professionnels de santé (ex. temps passé par les équipes, l’ARS, la HAS, etc.). 3- Propositions de l’ARS En se référant aux données chiffrées recueillies à partir des modèles économiques renseignés par les équipes adhérentes, l’ARS Ile-de-France propose que soient octroyés trois types de financements pour les activités réalisées dans le cadre des protocoles de coopérations entre professionnels de santé : 1- rémunérer les actes techniques au tarif assurance maladie quel que soit l’opérateur, pour les protocoles : « dépistage du cancer du col de l’utérus : réalisation du frottis cervicoutérin (FCU) par l’infirmière du centre de santé » (n°73-0000000073) ; « protocole de coopération entre médecins radiologues ou nucléaires et manipulateurs d’électroradiologie médicale (MERM) formés à l’échographie, exerçant au minimum 50% de leur temps de travail dans ce domaine » (n°41-0000000010) ; 2- instaurer un tarif consultation de 25 euros pour les activités réalisées par les délégués correspondant à des situations ne nécessitant pas de suivi de patients au long cours, pour les protocoles : « prescription et réalisation de vaccinations et de sérologies, remise des résultats de sérologies, par un infirmier en lieu et place d’un médecin » (n°11-0000000004) ; « consultation infirmière en médecine du voyage pour le conseil, la vaccination, la prescription de médicaments à titre préventif, la prescription et l’interprétation des sérologies à visée vaccinale, la prescription de vaccins » (n°11-0000000080) ; 67 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 3- instaurer un tarif consultation de 25 euros pour les délégués ou proposer des tarifs forfaitaires, par exemple de 200 à 250 euros/an/patient suivi par l’équipe permettant la prise en compte de l’activité combinée des délégués et des délégants dans les cas de suivis au long cours (patients atteints de pathologies chroniques : cancérologie, diabète...), pour les protocoles : « consultation infirmière de suivi des patients traités par anticancéreux oraux à domicile. Délégation médicale d’activité de prescription » (n°110000000029) ; « prise en charge par l’infirmier des diabétiques insulinotraités par pompe à insuline externe selon un Plan d’Education Personnalisé Electronique (ePEP) avec prescriptions et soins de premier recours en lieu et place du médecin.» (n°11-000000015) ; « suivi, prescriptions et orientation de patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou une affection apparentée par une infirmière en lieu et place d’un médecin » (n°11-0000000067). Les tarifs sont à appliquer aux activités réalisées dans tous les secteurs où le paiement se fait sur la base de la NGAP ou de la CCAM (ex. secteur libéral, centres de santé, soins externes dans les établissements de santé). Le paiement des activités réalisées serait une première étape permettant, outre la rétribution du travail réalisé, de soutenir le développement de nouvelles répartitions d’activités et d’utilisation de compétences professionnelles dans différents secteurs. Par ailleurs, des études économiques plus approfondies sont à conduire afin d’évaluer l’impact économique et de santé publique. 68 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 ANNEXES Annexe 1. Modèles économiques standardisés Tableau 3. Modèle de calcul de coût lorsque l’acte technique est répertorié et codé dans la NGAP ou la CCAM. Acte technique répertorié Type d’acte Code CCAM Tarif CCAM (€) A compléter Nombre prévisionnel annuel d’actes Durée moyenne Coût de l’activité (exprimée en nombre décimal) en personnel Total (base 50 000 €/infirmier/an) (€) Pour le délégué Pour le délégant Ne pas compléter Ne pas calculer Investissement Formation TOTAL en € 69 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Tableau 4. Modèle de calcul de coût lorsque l’acte technique n’est pas répertorié dans la NGAP ou la CCAM, mais peut être assimilé à un acte technique analogue répertorié et codé dans la NGAP ou la CCAM. Acte technique non répertorié assimilable Type d’acte Code CCAM Tarif CCAM (€) A compléter Nombre prévisionnel annuel d’actes Durée moyenne Coût de l’activité (exprimée en nombre décimal) en personnel Total (base 50 000 €/infirmier/an) (€) Pour le délégué Pour le délégant Ne pas compléter Ne pas calculer Investissement Formation TOTAL en € 70 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Tableau 5. Modèle de calcul de coût lorsque l’acte technique n’est pas répertorié et n’est pas assimilable à un acte existant, ou lors d’une consultation non répertoriée dans la NGAP ou la CCAM. Acte non assimilable/ Consultation Type de consultation Code NGAP/CCAM Non codé Tarif NGAP/CCAM (€) Non tarifé Nombre prévisionnel annuel d’actes A compléter Durée moyenne Coût de la consultation (exprimée en nombre décimal) en personnel Pour le délégué Pour le délégant A compléter en € Délégué : Délégant : XX XXX XXXXXX €/infirmier/an (base moyenne) €/médecin/an (base moyenne) Total (€) A calculer Investissement Formation TOTAL en € 71 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Bilan des coopérations entre professionnel santé Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Annexe 2. Calcul des coûts des actes et activités réalisés Tableau 6. Répartition des coûts des actes techniques et des consultations réalisés pour les équipes ayant renseigné les modèles économiques (€) Nbre d’actes ou de consult /an* 12,46 0 250 3 115,00 -Abdomino-pelvienne 75,60 0 437 33 037,20 -Thyroïdienne 34,97 0 604 21 121,88 -Doppler membres inférieurs 75,60 0 106 8 013,60 -Doppler membres supérieurs 69,93 0 54 3 776,22 -Ganglions 37,80 0 285 873,00 -Reins 52,45 0 90 3 720,50 -Repérage ascite 28,36 0 70 1 985,20 -Divers (ex. testicule) 37,05 0 34 1 259,70 1 680 84 687,30 Nbre d’équipes ayant renseigné les modèles économiques* Opérateur Frottis cervicoutérin (dépistage) 1 Infirmier Echographies 1 Manip. électroradio. Actes dérogatoires Tarif de l’acte (€) Coût de la consult. calculé Total échographies Total actes techniques Coût total (€) 87 802,30 Médecine du voyage 3 Infirmier 0 25,00 3120 78 000,00 Vaccination 1 Infirmier 0 25,00 700 17 500,00 Cancérologie 2 Infirmier 0 25,00 2830 70 750,00 Diabétologie 1 Infirmier 0 31,00 733 22 723,00 Alzheimer 1 Infirmier 0 35,00 450 15 750,00 Total consultations 204 723,00 TOTAL actes techniques + consultations 292 525,30 * Le nombre d’actes représente le total de ceux réalisés par les équipes ayant adhéré à un protocole de coopération et renseigné les modèles économiques proposés. 72 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Annexe 3. Estimation des coûts selon que l’acte est réalisé par le délégant ou le délégué Tableau 7. Comparatif des coûts de réalisation par le délégué ou par le délégant du frottis cervico-utérin (CCAM code JKHD001 libellé : prélèvement cervico-vaginal) Acte technique dérogatoire Frottis cervicoutérin Opérateur Nombre d’équipes Tarif de l’acte (€) Tarif de la consultation (€) Tarif acte + tarif consultation Nombre d’actes/an (€) Coût total (€) Infirmier 1 12,46 0 12,46 250 3 115 Médecin 1 12,46 23 35,46 250 8 865 Différentiel (opérateur infirmier – opérateur médecin) - 5 750 73 Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Annexe 6 – Personnes interviewées Tableau 11. Répartition de personnes interviewées en fonction de leur rôle dans le dispositif de coopération entre professionnels de santé (noms fictifs). Structure Fonction Personnes gestionnaires du dispositif Mme Adam ARS Mme André ARS Mme Arnaud ARS Mme Moreau DGOS Mme Leroy HAS Mme Perrin Etablissement de santé Directeur des soins Mme Klein Etablissement de santé Directeur des soins Mme Gaillard Etablissement de santé Cadre supérieur de santé Personnes mettant en œuvre le dispositif - Adhésion à un protocole existant Mme Tissot Ambulatoire public Infirmière Mme Ziegler Etablissement de santé Infirmière M Emery Structure privée Manipulateur en électroradiologie médicale Mme Zara Etablissement de santé Médecin Mme Texier Ambulatoire public Médecin Personnes mettant en œuvre le dispositif - Adhésion à un protocole dont ils sont à l’initiative Mme Cini Etablissement de santé Infirmière Mme Finet Etablissement de santé Infirmière Mme Fischer Etablissement de santé Infirmière Mme Vidal Etablissement de santé Infirmière M Didier Association à but non lucratif Infirmier Mme Silva Ambulatoire public Infirmière Mme Clément Etablissement de santé Médecin M Verdier Etablissement de santé Médecin M Fournier Etablissement de santé Médecin Mme Dubois Association à but non lucratif Médecin M Schmitt Ambulatoire public Médecin 74 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Bilan des coopérations entre professionnel santé Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 AUTEURS Ljiljana JOVIC, Directeur des soins – conseillère technique, ARS Ile-de-France Brigitte FEUILLEBOIS, Chargée de mission exercice des professionnels paramédicaux, ARS Ile-de-France Eve GUILLAUME, Stagiaire ARS Ile-de-France, Master 2 Pilotage des politiques et actions en santé publique, EHESP – SciencesPo Rennes Remerciements Nous remercions les personnes qui ont contribué à la réalisation du bilan du dispositif de coopération entre professionnels de santé et celles qui ont fait une lecture attentive du document. 75 Bilan des coopérations entre professionnels de santé Bilan des coopérations entre professionnel santé Bilan des coopérations entre professionnels de santé 2016 Directeur de publication : Christophe Devys - © ARS Ile-de-France Dépôt légal : novembre 2016 – N° ISBN 978-2-36950-060-5 Direction de l’Offre de soins – Pôle Ressources humaines en santé 35, rue de la Gare – 75935 Paris Cedex 19 Tél. : 01 44 02 00 00 Fax : 01 44 02 01 04 ars.iledefrance.sante.fr