Le travail est un élément important pour l`appartenance

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Chapitre 1 :
Introduction
à la sociologie du travail
IIIIII-
Importance du travail
les dimensions du travail
La sociologie du travail
1. Objet et méthodes de la sociologie du travail
2. Historique de la discipline
a. Du XIXème siècle à la seconde guerre mondiale
b. Des années 1940-50 à aujourd'hui
Introduction
à la sociologie du travail
“Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre
l’homme et la nature. L’homme y joue lui-même vis-à-vis
de la nature, le rôle d’une puissance naturelle. Les forces
dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il
les met en mouvement afin de s’assimiler des matières en
leur donnant une forme utile à sa vie. En même temps
qu’il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la
modifie, il modifie sa propre nature et développe les
facultés qui y sommeillent”.
Cette phrase de Marx, extraite du Livre I du Capital, souligne l’étrange rapport
que l’homme entretient avec la nature dans la mesure où, tout en la domestiquant,
il opère une transformation de lui-même. Marx insiste sur ce caractère de puissance
et de mouvement qui différencie l’homme de la nature et des sociétés animales.
En économie, le travail est un facteur
de production de l'économie. Il est fourni
par des employés en échange d'un
salaire. Le processus d'entrée et de sortie
d'emploi se fait par le marché du travail.
Le travail est une notion complexe
dont l’étude est à la fois du ressort de
l’économie, de la philosophie politique,
et du droit.
L'étude économique théorique en est
faite par l'économie du travail.
I- Importance du travail
Le travail et son corollaire le chômage
sont des éléments importants de la
situation économique d'un pays. Son
statut est disputé, d'une vision faisant du
travail un devoir moral (le travail
Mécanicien travaillant sur une machine à
éloignant le vice) et social (le bien-être
vapeur, 1920.
collectif dépendant du nombre de travailleurs et de leur productivité) à une vision
faisant du travail une exploitation et une aliénation (le droit à l'oisiveté favorisant
la vie de l'esprit).
Le travail est un élément important pour l'appartenance des individus à une
société, ce qui explique le désarroi d'une partie des chômeurs involontaires.
II_ les dimensions du travail
On distingue quatre dimensions essentielles du travail : L’activité, le statut, le
temps et l’espace.1
1.
2.
3.
4.
Activité: Le travail, tel que nous l’entendons dans nos sociétés, est
analysable en termes d’activités: Il se définit comme une activité
productive, créatrice d’utilité économique en opposition au loisir qui est
improductif.
Statut: Cette notion représente l’aspect normatif du rôle ou le processus
d’institutionnalisation qui façonne cet aspect. Le statut s’institutionnalise
en professions, métiers, spécialités dans un cadre catégoriel plus général
qui distingue les travailleurs indépendants, les ouvriers, les employés et
les cadres.
Temps: le temps de travail n’a jamais cessé d’être un enjeu social
important: en témoignent l’allongement de sa durée dans le contexte d’une
activité économique non refrénée, ou sa diminution sous l’action des
organisations syndicales et des pouvoirs publics, ou encore les multiples
assauts contre la rigidité de ses horaires et de sa distribution
hebdomadaire, mensuelle et annuelle.
Espace: C’est la dimension la moins étudiée. Et pourtant, la façon dont
une entreprise ou une administration publique divisent et distribuent leurs
espaces peut révéler leurs modes d’organisation et de fonctionnement, le
type de relations qui s’y structurent, et les conditions de travail qui y
règnent.
III- La sociologie du travail
La sociologie du travail est une branche de la sociologie. Georges Friedmann2 la
définit ainsi: «L’étude, sous leurs divers aspects, de toutes les collectivités qui se
constituent à l’occasion du travail».
1
Michel De Coster, François Pichault, A. Touraine, Traité de sociologie du travail, 2e edition, De Boeck,
Paris, 1998, p. 34-37.
1. Georges Friedmann, Pierre Naville, Traité de sociologie du travail, Paris : Armand Colin, 1970, 3e édition,
tome 1, p. 467.
1-Objet et méthodes de la sociologie du travail
La sociologie du travail a pour but de questionner les rapports que tissent les
hommes et les femmes en milieu de travail, en partant du postulat que ces rapports
sont multiples, complexes, et concernent à la fois le temps du travail et le temps
hors travail, le "dedans" et le "dehors" de l'entreprise, de l'atelier, du lieu de travail.
Le "dedans" se déploie autour de l'ambiance de travail, des subjectivités au
travail (plaisirs et souffrances; tensions et harmonies...), des modes de
gouvernance, des styles de management ou des types de commandement, etc.
En jeu sont les conflits, les modes de résistances, les façons effectives
d'organiser le travail dans l'atelier souvent de façon informelle et opératoire, les
pratiques de travail, les tours de main (habileté), le rapport parfois ambigu de
l'humain à son poste de travail, les modes d'apprentissage et de qualification, la
qualification du travailleur et la qualification du poste de travail...
Le "dehors" se rapporte aux incidences du travail sur la vie familiale, les loisirs
ou les identités sociales conçues comme coextensives des identités
professionnelles.
2-Historique de la discipline
L'objet et les méthodes de la sociologie du travail ont évolué depuis les premiers
travaux sur le labeur humain. On peut distinguer deux périodes.
a- Du XIXème siècle à la seconde guerre mondiale
Cette période est marquée, d'une part, par la prédominance des études théoriques
(hormis quelques cas particuliers, comme les travaux de Le Play), d'autre part, par
une attention particulière portée au système industriel naissant, sur le mode
d'organisation du travail et sur les conflits engendrés par la division du travail et la
répartition des ressources issues du travail.
Ce sont alors les sociologues «fondateurs» qui vont poser les jalons de la
discipline, souvent, en étroite relation (et parfois en opposition) avec l'économie
politique.
Durant toute cette période, il faut bien souligner que la sociologie du travail n'est
pas constitué en champ de recherche distinct, ni au niveau de son objet et de ses
méthodes, qui se confondent avec ceux de la sociologie générale ou avec ceux
d'autres disciplines (notamment la philosophie), ni au niveau institutionnel, où elle
n'a pas encore acquis une position différenciée.
Les principaux fondateurs de la sociologie du travail sont:
 Karl Marx, qui théorise de façon systématique, les rapports entre capital
et travail, montrant comment le capital soumet le travail à travers des
rapports de production.
 Émile Durkheim approfondit en 1893, dans sa thèse de doctorat, la
notion de division du travail, s'opposant aux travaux de l'économie
politique sur le sujet.
 Pierre Naville entame ses premières études de l'automation et des formes
modernes de la société industrielle.
 Gabriel Tarde, développe une réflexion sur les relations entre travail et
loisir, et sur l'importance de l'invention et de l'innovation dans la
production humaine.
b- Des années 1940-50 à aujourd'hui
Trois nouveaux traits caractérisent la sociologie du travail à partir des années
1940-50.
Tout d'abord, les premières études commencent à apparaitre3. Autrement dit, la
sociologie du travail se penche davantage vers le terrain, tout en conservant une
forte référence à la théorie. Cette évolution se poursuit dans les années 1960-70,
avec le développement d'une multitude d'études empiriques au sein même des
usines et des administrations.
Ensuite, le champ de la discipline s'élargit. De nouvelles thématiques
apparaissent ou sont explorées plus finement: la motivation au travail, les
conditions du travail, les rapports entre travail et loisir, les effets sociaux du travail,
etc.
Enfin, à partir des années 1950-1960, de nouvelles méthodologies de recherche,
davantage interactives (interaction chercheur/objet) apparaissent: rechercheaction, intervention sociologique, expériences de psychologie sociale, analyse
institutionnelle, méthodes ethnométhodologiques, etc.
Plusieurs facteurs permettent peut-être d'expliquer cette évolution de la
sociologie du travail.
2.
Simone Weil livre par exemple dès les années 1940 une des premières enquêtes de terrain sur le milieu
ouvrier.
 L'évolution de la sociologie générale, qui, acquérant une place
institutionnelle toujours croissante, diversifie son objet d'étude et
accumule des connaissances sur le travail.
 Les évolutions du travail. Celui-ci connaît, en particulier durant les
années 1970, sous l'effet conjugué du progrès technique et de l'évolution
des mœurs, de profondes modifications. De plus, les représentations du
travail sont modifiées durant cette période (on cherche à finaliser le
travail, à améliorer le milieu du travail, etc.).
 Nombre de financements se sont ouverts dès les années 1960, incitant les
sociologues à se pencher sur des cas concrets et à développer des outils
d'analyse adaptés à la transformation directe du terrain.
Néanmoins, il faut préciser ici que ces transformations de la discipline,
postérieures aux années 1940, s'inscrivent dans la continuité de celles de la période
précédente. Par exemple, les recherches sur le terrain ont en réalité commencé de
façon relativement systématique dans les années 1920-30 aux États-Unis. Le but
était alors d'améliorer la productivité du travail 4 à l’heure de l'organisation
scientifique du travail (Frederick Winslow Taylor) et de la mise au point de
stratégies managériales dans les entreprises. De même, si les principes
méthodologiques de la recherche-action sont posés dès les années 1930-40 par
Kurt Lewin, en réalité, la sociologie marxiste était dès le XIXème siècle, favorable
aux interventions de terrain, même si c'était dans une direction bien spécifique. Si
rupture il y a, elle concerne donc davantage les finalités, la méthode et surtout, la
position institutionnelle de la sociologie du travail.
Les principaux noms liés à la sociologie du travail sont:
 Frederick Winslow Taylor (1856-1915), ingénieur et économiste
américain. Ingénieur de formation, il occupa cependant tous les postes de
la hiérarchie. Par la suite, il consacra sa vie à l'organisation scientifique du
travail industriel, réalisant la première mesure du temps d'exécution d'une
tâche: le taylorisme. Le taylorisme fut développé, entre autres, dans un
ouvrage intitulé Principes d'organisation scientifiques des usines (1912).
3.
On retient en général les travaux de l'équipe d'Elton Mayo qui expérimenta à la General Electric Co. à
Hawthorne de 1924 à 1932 (cité dans Marcelle Stroobants, Sociologie du travail, Paris, Nathan, 1995,
p.126)
Division du travail
Pour Taylor, une double division du travail est nécessaire si l'on veut
accroître cette dernière: une division verticale des tâches fondée sur la
séparation entre la conception et l'exécution (la direction se charge de tous
les éléments de la connaissance et les ouvriers se contentent d'appliquer
ses consignes), une division horizontale des tâches reposant sur la
parcellisation des activités et la spécialisation des ouvriers attachés à leur
poste fixe et à une opération élémentaire. Des techniques comme le
chronométrage, visant à contrôler les temps d'exécution des ouvriers, et la
transmission par courroies, permettent d'améliorer encore l’efficience5 et
de diminuer les erreurs qui peuvent survenir.
 Max Weber, (1864-1920), Considérant que la bureaucratie est la forme
d’organisation la plus efficace, il en avait défini les normes de
fonctionnement:
1. le titulaire d’un poste fait partie d’une hiérarchie;
2. il perçoit un salaire et non des avantages en nature liés à ses fonctions;
5
L’efficacité est d’atteindre un résultat (exemple: tuer un moustique avec un marteau est efficace), l’efficience
c’est quand on économise les moyens (exemple : un marteau était inutile, avec moins de forces on y serait
également parvenus).
Efficacité: réussir le projet, atteindre l'objectif
Efficience: allie le coût, les ressources demandées pour atteindre cet objectif, afin de réussir le projet avec le moins
de ressources possibles.
3. ses pouvoirs sont créés et délimités par ses fonctions;
4. l’affectation à un poste s’effectue sur examen des qualifications et non
par relation;
5. la prise de décision répond à des règles strictes, préétablies;
6. les bureaucraties fonctionnent grâce à des compétences techniques et
conservent des archives pour alimenter ces compétences.
Mais la réalité historique est demeurée éloignée de cette définition.
Ainsi la bureaucratie de la Chine impériale, particulièrement développée,
était minée par le clientélisme et la corruption, et la bureaucratie était
particulièrement excessive dans les pays d’économie socialiste planifiée.
Aujourd’hui, le terme de bureaucratie, souvent connoté négativement,
s’emploie surtout pour désigner les fonctionnaires du service public,
auxquels il est couramment reproché de faire primer les procédures sur les
résultats. L’extrême hiérarchisation et l’absence d’évaluation de la
performance individuelle dans la fonction publique sont les arguments les
plus utilisés pour dénoncer l’inefficacité bureaucratique. Les orientations
libérales, prises par les économies capitalistes dans les années quatrevingt, contribuent désormais à réduire délibérément le poids de la
bureaucratie.
 Kurt Lewin (1890-1947), psychologue et sociologue américain, d’origine
allemande. Il a étudié les problèmes de motivation des groupes et des
individus et les différentes formes de leadership.
 Elton Mayo (1880-1949), (Etudes de Hawthorne) psychologue et
sociologue américain, dont l'œuvre est centrée sur les conditions
psychologiques dans les entreprises, notamment sur l'effet des relations
informelles et de l'environnement social du travailleur sur la productivité.
Il fut, par ailleurs, l'un des précurseurs de la sociologie industrielle.
Les principales recherches de Mayo portaient sur la relation entre la
productivité et la satisfaction psychologique des ouvriers dans leur travail.
Mayo démontra également que les conditions matérielles étaient
secondaires par rapport aux conditions psychologiques. Il suggéra ainsi
aux directeurs d'organiser le lieu de travail en petites unités, de sorte que
chaque ouvrier se sente plus intégré et plus motivé. Il chercha à renforcer
le sentiment d'appartenance au groupe des travailleurs, car cela consolidait
les liens de solidarité et apaisait le climat social entre les individus au sein
du groupe. Cela permettait, par ailleurs, de créer des conditions dans
lesquelles les ouvriers se considéraient comme des éléments actifs d'une
communauté.
 FRIEDMANN GEORGES (1902-1977)
Par son œuvre, par son enseignement, par son exemple, Georges
Friedmann a été l'un des principaux responsables de la renaissance des
sciences sociales en France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
La naissance de la sociologie du travail proprement dite est
associée au nom de Georges Friedmann. Dans l'entre-deux-guerres, ce
jeune philosophe d'obédience marxiste s'était attaché, contre les
contempteurs spiritualistes du progrès, à penser le monde industriel
nouveau qu'il espérait alors en construction dans la jeune Union
soviétique, mais aussi, à certains égards, aux États-Unis. C'est dans ce
contexte qu'il s'était intéressé aux modernes «prophètes» industriels
qu'étaient à ses yeux Frederick Taylor et Henry Ford mais aussi à toute la
tradition de psychophysiologie du travail, souvent d'ailleurs très critique à
l'égard de Taylor. La Crise du progrès (1936) marque une première étape
de ses réflexions sur l'organisation du travail.
Sa thèse, préparée avant et pendant la guerre et soutenue en 1946, a
fourni l'ouvrage séminal de la sociologie du travail française. Après la
guerre, renonçant au marxisme de sa jeunesse et de plus en plus préoccupé
par la « déshumanisation » du travail consécutive à l'industrialisation,
Friedmann devient un critique inquiet du Travail en miettes selon le titre
de son plus célèbre ouvrage.
Ce sociologue fut le fondateur, après la Seconde Guerre mondiale
d'une sociologie du travail humaniste. Il consacra la plus grande partie de
ses travaux à l'étude des relations de l'homme avec la machine dans les
sociétés industrielles de la première moitié du XXe siècle. Ses travaux et
ses ouvrages comme Le travail en miettes (1956) l’ont souvent réduit à
être présenté comme un sociologue du travail. Il est vrai que, dès 1931, il
abordait les problèmes posés par le travail et les techniques. En 1946, sa
thèse, Problèmes du machinisme industriel, introduit, en France, la
nouvelle sociologie du travail. À cette époque, il est déjà reconnu par ses
pairs américains et lui–même fait connaître en France les grands travaux
des sociologues d’outre–Atlantique.
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