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I. INTRODUCTION ET OBJECTIFS
La globalisation et l’intensification des échanges commerciaux trans-continentaux sont
responsables un peu partout sur la planète de l’introduction volontaire ou involontaire par
l’homme d’espèces animales et végétales en dehors de leurs aires naturelles de répartition. La
plupart de ces espèces non indigènes arrivant au contact d’espèces indigènes, adaptées aux
conditions écologiques locales, ne se maintiennent pas, mais un certain nombre, néanmoins,
se naturalisent et s’incorporent aux communautés animales ou végétales locales, sans
nécessairement poser de véritables problèmes. C’est ainsi que la flore des Pays de la Loire
s’enrichit régulièrement de nouvelles espèces provenant d’autres pays. En réalité, les gains de
biodiversité sont globalement nuls (au niveau mondial) et l’on assiste à une homogénéisation
des cortèges floristiques à grande échelle.
Néanmoins, quelques unes de ces espèces naturalisées deviennent des espèces invasives,
caractérisées par le développement de populations très denses, se répandant rapidement dans
les milieux naturels et rentrant en concurrence avec la flore locale. En dehors du contexte de
leurs écosystèmes d’origine, où elles sont depuis des milliers d’années en équilibre
dynamique avec d’autres espèces grâce à de complexes relations de compétition pour l’accès
aux différentes ressources, certaines espèces naturalisées peuvent en effet présenter un
avantage compétitif sur les espèces autochtones des écosystèmes d’accueil (absence par
exemple d’un insecte prédateur qui limitait une plante dans son aire d’origine). De plus, la
prolifération de ces espèces invasives, souvent opportunistes, est généralement le symptôme
d’une dégradation des habitats et de leur plus grande vulnérabilité du fait d’une perturbation
de leur fonctionnement écologique.
Ce phénomène d’invasions biologiques qui peut en quelque sorte être comparé à une forme de
cancer à l’échelle des écosystèmes (on parle aussi de « pestes végétales » pour les plantes
invasives), est aujourd’hui considéré par beaucoup comme la seconde cause d’érosion de la
biodiversité au niveau planétaire, après la dégradation et la disparition des habitats. De
surcroît, il s’accompagne de conséquences économiques (cas de la jussie qui entrave de
nombreuses activités nautiques et génère des coûts très importants pour son élimination),
voire sanitaire (certaines plantes, telles que l’ambroisie, présentent des risques pour la santé
humaine). Pour ces différentes raisons, la problématique des espèces invasives est devenue
une préoccupation croissante des collectivités territoriales, gestionnaires d’espaces et services
de l’Etat.
En réponse à ces préoccupations, le Conservatoire Botanique National de Brest, en
collaboration avec le Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien, présente dans ce
document une liste recensant les plantes vasculaires (Phanérogames et fougères) invasives,
potentiellement invasives et à surveiller en région des Pays de la Loire. Cette liste poursuit les
objectifs suivants :
- compléter l’information déjà apportée par le Comité régional pour la gestion des
plantes exotiques envahissantes en Pays de la Loire (au travers, notamment, de
l’élaboration d’un guide technique sur les espèces invasives des cours d’eau et des
zones humides), en recensant de manière systématique sur l’ensemble des milieux,
toutes les espèces invasives posant effectivement problème en région Pays de la
Loire vis à vis de la biodiversité, mais aussi pour les activités économiques et la
santé humaine,