magazine municipal d’informations de Valenton • 214
DOSSIER
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Le 1er novembre
1954, des
attentats sont
commis dans
différentes
villes. La guerre
d’Algérie vient
de commencer !
tut de citoyen. Le droit de vote n’est accordé qu’à
quelques milliers de musulmans fortunés et…conci-
liants !
Les campagnes sont dans un état de très grande misère.
Entre 1946 et 1954, le taux de mortalité enfantine n’y
chute d’ailleurs que de 10 %. Et l’Algérie c’est aussi des
milliers d’hommes qui viendront se battre et mourir sur
le sol français durant les deux guerres mondiales.
Mais si certains historiens considèrent, à juste titre,
que la guerre d’Algérie a commencé à partir de 1830, au
moment où la France conquiert par la force le terri-
toire algérien, d’autres avancent que les massacres de
Sétif et Guelma, en mai et juin 1945, marquent le véri-
table début de l’engagement du peuple algérien pour la
conquête de son indépendance.
Le massacre de Sétif
Le 8 mai 1945, en France, on fête la fin de Seconde
Guerre mondiale. Ce jour-là, les Algériens, eux aussi,
fêtent la chute du nazisme. Mais dans le même temps,
ils affirment leur opposition à la présence coloniale
française. Sur certaines de leurs banderoles on peut
lire : «À bas le fascisme et le colonialisme».
Dans la ville de Sétif, la police tire alors sur les mani-
festants et en tue des centaines. Le soulèvement gagne
d’autres villes. Les autorités politiques et militaires
françaises se lancent alors dans une véritable guerre de
représailles provoquant la mort de 10 000 à 15 000 per-
sonnes en quelques semaines.
À Guelma, ce sont les civils européens qui conduisent
le massacre de 2 000 Algériens. Le nationalisme algérien,
qui était alors encore très faible, chemine parmi la
population algérienne. L’aspiration à l’indépendance
marque des points. D’autant que dans le même temps,
d’autres nations ont acquis leur indépendance (la Syrie
et le Liban en 1946).
Dans d’autres pays, c’est la guerre, comme en Indo-
chine, à qui la France s’obstine à refuser aussi l’indé-
pendance. Cette guerre dure de 1946 à 1954 et s’achève
par une défaite cuisante de la France à Diên Biên Phu.
En Algérie, ceux qui militent pour l’indépendance ne peu-
vent ignorer cette défaite, qui prouve qu’ils ont une
chance de vaincre la puissance coloniale. Ces derniers
appartiennent à une organisation, alors inconnue, le
FLN, le Front de Libération Nationale. Six hommes,
dont les noms sont encore aujourd’hui très peu connus
en France, dirigent cette organisation : Krim Belka-
cem, Mostefa Boulaïd, Larbi Ben M’Hidi, Rabah Bitat,
Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad. Le chef est
alors Mostefa Boulaïd, meunier de profession. Arrêté
en 1955, jugé et condamné à mort, il s’échappera de sa
prison, avant d’être tué au combat en mars 1956.
LaToussaint rouge
Le 1er novembre 1954, 30 attentats sont commis dans dif-
férentes villes des Aurès et de Kabylie contre des pos-
tes de polices et des casernes, symboles de la présence
coloniale française. Cette première insurrection cause
la mort de sept personnes. Les actions commises cette
nuit-là, baptisée «Toussaint rouge», indiquent clairement
qu’il s’agit d’une action concertée, organisée par un
même groupe d’hommes.
En France, c’est Pierre Mendès France qui dirige le
gouvernement et le problème algérien n’est nullement
à l’ordre du jour. La flambée de violence du 1er novem-
bre est perçue comme un léger incendie. «L’Algérie,
c’est la France. L’Algérie restera la France», déclare
précisément François Mitterrand, qui sera ministre de
l’Intérieur puis ministre de la Justice et veut néanmoins
abattre la rébellion.
Il croit alors à l’exemplarité de la peine capitale. La
«veuve» (la guillotine) entre en scène en Algérie. Quand
il quitte le gouvernement en mai 1957, 45 militants
algériens ont été condamnés à mort et guillotinés, au
terme de procédures de «pouvoirs spéciaux», décidées
par le gouvernement socialiste dirigé par Guy Mollet.
Mais, même si le gouvernement continue de prétendre
que ces actes de soulèvement sont sans conséquences,
il envoie néanmoins des renforts militaires en Algérie.
Toutefois, personne ne comprend qu’une nouvelle guerre
vient de commencer. Et personne ne peut imaginer
alors que l’Algérie sera indépendante 2 800 jours plus
tard. ■
dépendance
La population algérienne était loin de bénéficier du niveau de vie des colons. Sur une population
de 1 250 000 enfants de six à quatorze ans, moins de 100 000 étaient scolarisés.