JOURNAL DE LA CGT BANQUE DE FRANCE N° 16 - Septembre 2012 Ligne ouverte DOSSIER À quoi ressemblerait la Banque de France si le projet syndical était mis en œuvre ? p.12 2020: Présence Banque Sommaire Éditorial p. 3 Brèves p. 4 Salaires : la colère p. 5 Retraites : l’accord seniors p. 6 Promotion interne p. 7 Des écoles de formation à la Banque de France ? p. 8 Banque-fiction ! Ce numéro de Ligne ouverte contient 4 pages qui pourraient figurer dans un futur Présence Banque au cas où les propositions syndicales « Banque de France 2020 » verraient le jour. Imaginons un peu… et luttons ensemble ! http:/wcgt00/ Intranet Pour un pôle public financier au service des droits : un collectif est né p. 9 Banques et territoires : favoriser le réinvestissement bancaire dans les quartiers populaires p. 10 Présence Banque, une fiction p. 12 La parole à… p. 12 Actus Banque p. 13 Contact Banque p. 14 Focus Banque p. 14 Culture Banque p. 15 L’intersyndicale alerte les élus p. 16 Culture p. 19 www.cgtbanquedefrance.org Internet Facebook https://twitter.com/#!/CGT-Banquedefrance Twitter Journal du syndicat CGT Banque de France 35, rue Radziwill — 75001 PARIS Interne : 75-1647 Prix : 1 € N° de commission paritaire : 0105 S 05428 Impression : L’Artésienne, Liévin. Directeur de la publication : Denis Durand Réalisation : Carine Otto Couverture : Grégory Chaulx Tél. : 01 42 92 32 27 Tirage : 12 000 exemplaires N° 16/septembre 2012 L’ www.facebook.com/CGTBanquedeFrance o u r s Ligne ouverte L e 21 septembre, le gouverneur osera-t-il confirmer ses annonces de décembre dernier : régression du réseau de caisses, fermeture d’implantations infradépartementales », « rationalisations » et « gains de productivité » pour pouvoir supprimer 2 500 emplois d’ici à 2020 dans le réseau, au siège et à la DGFB, à la faveur des départs en retraite ? Osera-t-il ignorer la réalité de la crise ? S’obstinera-t-il à bloquer toute possibilité d’en sortir en refusant à la Banque — et à son personnel — les moyens de s’engager beaucoup plus au service de l’économie réelle et de l’emploi ? Osera-t-il bafouer le rejet des politiques d’austérité clairement exprimé par les Français à la dernière élection présidentielle ? De quel droit notre gouverneur se permet-il d’ignorer la volonté populaire ? S’il parvient à mettre en œuvre sa stratégie, les dégâts, pour la Banque, pour son personnel et pour l’économie française seront catastrophiques et peut-être irréparables. Nous combattons catégoriquement la stratégie de déclin voulue par nos dirigeants. Parce que nous ne voulons pas que 2 500 suppressions d’emplois titulaires, venant s’ajouter aux 3 000 suppressions de postes perpétrées ces dernières années, causent encore plus d’alourdissement des charges de travail, encore plus de désorganisation et de stress, encore plus de démotivation et même de souffrances. moderne, ambitieuse, ouverte de la Banque à l’horizon 2020. Ces propositions ne demandent qu’à être examinées, discutées, enrichies avec vous. Les élus, parlementaires et décideurs politiques à qui nous les présentons reconnaissent leur crédibilité et leur pertinence. édito Toujours plus de menaces… Dans une situation Dans une situation aussi grave, aussi grala responsabilité de chacun ve, la resd’entre nous est engagée. ponsabilité de chacun d’entre nous est engagée. Si nous ne pouvons plus compter sur nos dirigeants pour construire l’avenir de l’entreprise, eh bien ! comptons sur nous-mêmes — et sur notre capacité à faire entendre nos arguments au gouvernement et aux différents interlocuteurs de la Banque. Ce numéro de Ligne ouverte vous donne un aperçu de ce qui a été fait, et vise à montrer que cela vaut la peine de se mobiliser encore beaucoup plus. Par exemple, ce journal contient, dans ses pages centrales, une version de ce que pourrait être Fréquence Banque — pardon, Présence Banque ! en 2020 si les propositions syndicales étaient mises en œuvre d’ici là. Un avenir autrement motivant que celui que M. Noyer prétend nous imposer ! Faisons comme nos collègues de la BCE, où le syndicat IPSO — qui compte 400 adhérents pour 1 200 salariés titulaires — a obtenu des créations d’emplois : organisons-nous pour être efficaces dans l’action syndicale. À la Banque aussi, tous ensemble, nous pouvons être assez forts pour ramener nos dirigeants à la raison et construire, pour tous, un avenir digne d’être vécu à la Banque. Mais surtout parce que nous sommes porteurs d’autres solutions. Tous les syndicats de la Banque se sont mis d’accord sur une vision Denis Durand et toujours plus de raisons d’agir Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 3 Brèves Noyer prétend gouverner la France D il faut obéir. À croire que c’est elle qui l’a porté à la tête de la Banque de France ! Quand aurons-nous des dirigeants conscients qu’ils sont au service de toute la société, et non au service d’une caste ? ans une interview au Point, Christian Noyer demande au gouvernement d’engager « des réformes de structure, une réforme du Code du travail qui permette plus de flexibilité. De manière à restaurer et améliorer la compétitivité de notre économie. Nous devons faire évoluer notre modèle social. Il n’est plus adapté à la compétition mondiale ». Il déclare également : « J’attends de voir le projet de loi de finances pour 2013 pour mesurer l’effort de réduction du train de vie de l’État. » On croirait lire du Sarkozy ou du Parisot ! Le même Christian Noyer s’est démené — non sans succès — pour dissuader le gouvernement de doubler immédiatement le plafond du livret A, comme l’avait pourtant promis le candidat François Hollande. Dessin de Siné Mais qui donc a mandaté le gouverneur pour jouer ce rôle d’inquisiteur des politiques publiques ? Les marchés apparemment. Selon lui, « en tant que créanciers, ils veulent surtout connaître la crédibilité de celui à qui ils prêtent. D’où la nécessité d’efforts de redresLa finance sement dans la plupart des États ». La finance réclame, réclame, il faut obéir. Charité bien ordonnée ? A u moyen âge, la misère était grande pour les paysans, pressurés par les grands féodaux. Mais le dimanche, leurs seigneurs leur faisaient l’aumône. Nous sommes au XXIe siècle, tout cela a bien changé... Vraiment ? On est parfois en droit de se le demander ! Les politiques 4 d’austérité prêchées et mises en pratique par les banques centrales écrasent les peuples d’Europe. Mais le dimanche, la BCE et la Banque de France font la charité : Navigo nous apprend qu’en 2011 la BCE a versé 110 500 euros au total à des organisations caritatives qui œuvrent dans le domaine de l’intégration sociale, culturelle et par la formation. La Banque de France et son gouverneur ont contribué à cette opération. 1 euro de charité pour 100 000 euros de bénéfices réalisés… quel progrès social ! Christian Noyer et les dirigeants de la BCE devraient se souvenir que les paysans ont fini par se révolter… et par chasser les seigneurs de leurs châteaux ! Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Banque Salaires La colère L principaux dirigeants de la Banque, dont les 10 principaux salaires ont, eux, été bel et bien augmenté de 30 % depuis 2006, pour construire des châteaux en Espagne ? es négociations salariales 2012 se sont terminées par une augmentation générale des salaires de… 0 %. Une véritable gifle aux attentes des 15 000 agents de la Banque. Voici un graphique pour illustrer l’évolution du pouvoir d’achat des agents de la Banque depuis 1993. La colère du personnel s’est d’ailleurs fortement exprimée, notamment lors de la journée du 31 mai. Elle a obligé le gouvernement de la Banque à concéder quelques miettes : hausse de l’indemnité de résidence de 300 euros annuels en Île-de-France et 75 euros annuels en zone 2 et 3, prise en charge de 58 % du coût de la mutuelle contre 48 % aujourd’hui et hausse de 10 centimes de la valeur faciale des tickets restaurants (dont 4 centimes à la charge des agents) ! 190 180 170 160 150 140 130 120 110 100 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 Conception CGT Finances - photo : Aaron Amat - Fotolia D’ailleurs, il apprécie tellement ce modèle qu’il s’en est sûrement inspiré pour ces négociations salariales : en effet les agents de la Banque d’Espagne ont bénéficié également d’un gel des salaires (accompagné d’une hausse générale des taxes et un non-versement des cotisations retraites salariées au fond de réserve de la Banque d’Espagne). Tout c eci ne fai t SMIC horaire Point fonction publique e qu Indice des prix Point Banque de France otre exigenc rcer n e d’ o f un ren e > Revalorisation du point d’indice supérieure à l’inflation prévue (au moins 2 % prévu en 2012) vé lorisation des sa l a eva i res le r ab rit Mais pourquoi une telle intransigeance, un tel mépris ? Quelques éléments d’explications nous sont fournis dans la dernière interview du gouverneur Noyer au Point dans lequel il nous indique que : « l’Espagne est compétitive »… « elle procède à des réformes impressionnantes et réinvente un modèle de croissance »… à croire qu’il n’a pas vu les millions d’Espagnols qui ont défilé dans la rue contre ce modèle d’austérité. Pas davantage que les conséquences de cette politique d’austérité dans le pays : 25 % de chômeurs, explosion de la pauvreté… > 1 000 euros d’augmentation du point d’indice pour tous > Relèvement des premiers indices de tous les grades dans toutes les catégories > Déplafonnement des indices de fin de carrière pour rouvrir des perspectives professionnelles et salariales pour tous les agents jusqu’à la retraite Cure d’austérité donc mais pas pour tout le monde, et sûrement pas pour les Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 5 Banque Retraites L’accord seniors Alors que le personnel de la Banque est de plus en plus âgé et que l’âge de départ à la retraite a une nouvelle fois été repoussé, la négociation de l’accord sur les seniors est en panne depuis plusieurs mois. Pourtant il y a là de véritables enjeux, notamment en termes de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, de transmission des savoirs, de pénibilité ou encore d’aménagement des fins de carrière. La CGT porte des perspectives concrètes qui s’appuient sur des actions mises en œuvre dans d’autres entreprises. à po > Il prévoit des perspectives de déroulement de carrière en fonction des souhaits des salariés et des opportunités de l’entreprise. > Il instaure des mesures spécifiques pour l’accès à la formation des personnels de 45 ans et plus. > Il organise la transmission des savoirs avec 1 600 tuteurs. 6 Résultat de cette démarche, l’accord soumis aux instances sociales dans le premier trimestre 2012 est rejeté par tout le monde. En effet, si certains thèmes majeurs sont bien repris, les propositions contenues dans le texte sont souvent creuses ou limitatives. Parfois même elles sont discriminatoires, notamment en excluant le personnel de la Fabrication des billets de certaines dispositions. Au mois de mars 2012, le gouverneur a donc proposé de reprendre les négociations sur le sujet. Mais, depuis cette date, rien n’a bougé. Pour la CGT, il est plus que temps d’agir sur le dossier des seniors, ceci pour l’ensemble des agents de la Banque. Il faut une politique dynamique et volontariste pour anticiper l’évolution des carrières professionnelles en lien avec le développement de nouvelles compétences, avec la prise en compte des qualifications acquises et avec une mobilité professionnelle choisie. Il est par ailleurs nécessaire d’organiser la transmission des savoirs, ce qui passe par de véritables moyens pour les tuteurs et les formateurs. Sur le plan des conditions de travail, il est primordial de reconnaître la pénibilité et de la traduire par des dispenses d’activité en fin de carrière. Enfin il faut rendre attractif le dispositif de temps partiel seniors. La CGT est prête à négocier sur de telles bases. Et nos propositions sont loin d’être utopiques puisqu’elles ont été mises en place dans d’autres entreprises. m > Il met en œuvre un temps partiel seniors attractif avec un recrutement pour compenser 50 % du temps libéré. France Télé » à co Voi là Plus d’un an après, où en sommes-nous ? Force est de constater que l’ambition initiale est retombée comme un soufflet. Au fil des négociations, la conception de la Banque est devenue de plus en plus restrictive, à tel point qu’une représentante de la DGRH a même fini par lâcher que la Banque n’était pas dans une situation comparable à France Télécom et qu’il n’était donc pas utile de mettre en œuvre les mêmes GT a signé l’a actions. Quelle concepC cco la tion pitoyable que de i o rd u mesurer la qualité « rq du dialogue so> Il s’applique à tous les cial au nombre personnels, quel que soit leur de suicides ! statut. ors ni se u la suite de la réforme des retraites qui nous a été imposée et devant une pyramide des âges qui montre que près de 70 % des agents a plus de 45 ans, la Banque a ouvert, courant 2011, une négociation sur les seniors. L’objectif affiché à l’époque était d’obtenir un « bon » accord, dans l’esprit de celui qui avait été conclu à France Télécom. Ce futur accord était même présenté comme une priorité de l’année 2011. Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Banque Promotion interne Malgré les efforts de la DGRH, les ingrédients de la nouvelle promotion interne restent fades et sans goût, voire amers. Du réchauffé en quelque sorte. Et pourtant, la bonne recette, la CGT la détient : changer le fond ! Pas des casseroles mais de la philosophie. Recette désespérante Promotion interne sauce Noyer > Prenez un(e) agent. > Dès son recrutement, envoyez-le sur le grill. Son stage d’accueil, il le fera l’année prochaine ! > Mettez-lui la pression et ne laissez surtout pas de place à la réflexion. > Après plusieurs mois, commencez à lui faire croire qu’il a tout intérêt à effectuer des activités de la catégorie supérieure, pour le même salaire, et surtout ne rajoutez aucune dose de reconnaissance. > Pour une cuisson plus rapide, imposez-lui ces activités, attention ! dans ces cas là, la viande a tendance à se raidir. > Mettez en place une évaluation annuelle, bienveillante et conviviale. Reconnaissez l’excellent travail de l’agent. Surtout, n’ajouter ni blé, ni oseille. > Le moment venu (10-12 ans minimum), introduisez un soupçon de promotion interne, étonnez-vous du manque d’investissement de l’agent dans la formation. > Pour donner un petit goût aigrelet à votre promotion, ajoutez un test psychotechnique, une note de synthèse, de l’anglais, une épreuve orale, puis goûtez. > Trop aigrelet, ça tourne au vinaigre ! Supprimez tout ça et remplacez par une note hiérarchique, annulez la commission de recours en cas d’échec et gardez l’épreuve orale. Toujours un peu acide ? Pas grave, l’agent s’en remettra. Cette recette indigeste pourra être dénoncée et combattue dans les urnes, les instances sociales et dans la rue, avec la CGT, et ce sans modération. Recette énergisante Promotion interne façon CGT > Prenez un(e) agent. > Formez-le dès son recrutement dans une école professionnelle Banque de France sur son métier, les valeurs du service public, ses missions. N’hésitez pas, plus vous en mettez, plus sa motivation sera relevée. > Offrez-lui de nombreux parcours professionnels qualifiants et reconnus. > Informez-le sur son déroulement de carrière, ayez la main lourde sur l’oseille. > Le moment venu (rapidement), introduisez, en grande quantité, de la promotion interne (ne lésinez pas sur la quantité) et surtout ne rajoutez pas de tests, ou d’épreuves, la cuisson a déjà été longue, vous pouvez-lui faire confiance. > Pour bien connaître les intentions de l’agent, aidez-vous d’un jury compétent composé de représentants des agents, de managers et d’instances sociales. > Attention ! Ne commettez pas l’erreur de rajouter une note hiérarchique. > Pour un ingrédient de plus, vous risquez d’influencer le plat dans son ensemble, cela risquerait d’étouffer le plat, voire de le faire retomber. Cette recette devra être accompagnée d’une politique de recrutement national, à consommer sans modération. Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 7 Banque Des écoles de formation à la Banque de France ? Toutes les grandes administrations des Finances publiques ont leurs écoles de formation. Face aux départs massifs des prochaines années et face à la nécessité de recrutements pour assurer nos missions de service public, la CGT Banque de France s’est prononcée, en commission du personnel et au CCE, pour la création d’une école de formation Banque de France à l’instar des écoles existantes au sein du ministère des Finances. Nous avons rencontré Fanny De Coster, responsable au syndicat CGT Finances publiques du pôle formation professionnelle. Combien existe-t-il d’écoles au ministère ? La Direction générale des Finances publiques en compte cinq (Noisiel, Noisy le Grand, Clermont-Ferrand, Lyon et Toulouse), les Douanes trois (Tourcoing, La Rochelle et Rouen), la DGCCRF une à Montpellier. sions de service public, mais aussi de prolonger la culture d’entreprise, l’attachement des agents à servir l’État et nos concitoyens d’une façon irréprochable. C’est la meilleure façon de prolonger, en pleine crise financière, cette grande ambition pour l’avenir des missions fiscales, foncières et de gestion publique. Combien de stagiaires sont attendus pour la prochaine rentrée scolaire ? En quoi consiste le contrôle des connaissances au sein de ces écoles ? On recense environ 1 800 stagiaires pour la Direction générale des Finances publiques. Durant la scolarité, les stagiaires subissent un contrôle continu de connaissances par des épreuves écrites et orales. Qui sont ces stagiaires ? Quel est le rôle des syndicats lors de ces formations ? Ce sont des collègues reçus aux concours externes et internes de la DGFIP. Combien de temps durent les formations selon la catégorie ? Elles durent 6 semaines pour les catégories C, 7 mois plus des stages dans les services pour les catégories B (soit près d’une année), 11 mois plus 6 mois dans les services pour les catégories A. Au ministère des Finances, la gestion individuelle des agents est suivie en commission administrative paritaire (CAP). Garantes de la transparence, de l’équité, ces CAP suivent toute la carrière des agents : leur recrutement et leur formation, leur titularisation, leur notation, mais aussi le respect du temps partiel, de l’avancement, des demandes de mutation et les questions disciplinaires. Elles sont paritaires et émettent des avis. Elles sont nationales et locales… Pourquoi la CGT défend-elle ces écoles de formation ? Noisy le Grand, Montaigne Ces écoles permettent d’acquérir une compétence rapide pour exercer les mis- 8 Fanny De Coster école de Finances publiques, Clermond-Ferrand Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Banque Pour un pôle public financier au service des droits un collectif est né Un collectif unitaire très large La CGT Banque de France ainsi que la fédération CGT Finances sont membres de ce collectif qui rassemble des organisations syndicales du secteur financier public et semi-public (Banque de France, Caisse des dépôts et consignations, Banque postale, Caisses d’épargne, IEDOM, Agence française de développement, Crédit foncier, OSEO, UBIFRANCE…) issues des 5 confédérations, de Solidaires et de la FSU. La Fédération CGT Banque et Assurance est également membre de ce collectif qui compte parmi ses membres un nombre considérable d’associations emblématiques du mouvement social : le DAL, ATTAC, la Fondation Copernic, l’Association internationale des techniciens, chercheurs et experts, Convergence pour les services publics, la Coordination nationale des comités de défense des Hôpitaux et Maternités de proximité et d’autres encore. Un objectif commun L’objectif poursuivi est la création d’un pôle public financier (PPF) visant à mettre en réseau des établissements économiques et financiers publics et semi-publics dans lesquels l’État dispose d’une influence, directe ou indirecte, afin de faciliter la complémentarité de leurs interventions dans le cadre d’une cohérence globale au service de l’intérêt général et de la promotion des droits économiques, sociaux et environnementaux fondamentaux. Il ne s’agit donc ni de créer une nouvelle banque, ni de fusionner les institutions existantes, ni de procéder à un quelconque jeu de mécano en leur sein, mais simplement de se donner les moyens de renforcer leurs synergies et de les placer sous un réel contrôle social. Cet objectif vise à accroître les complémentarités et les convergences entre ces établissements, sous un contrôle démocratique et social renforcé, afin qu’ils répondent mieux, et de façon plus simple et plus transparente, aux besoins des différentes catégories d’usagers du système bancaire et financier, qu’il s’agisse de besoins de finan- Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 cement, d’expertise, de conseil, de soutien, d’information ou de respect de leurs droits. Le PPF interviendrait en effet dans trois domaines principaux : – le financement des investissements d’intérêt général socialement et écologiquement utiles : logement, services publics, politique industrielle et création d’emplois, transition écologique et énergétique, reconversion agricole, développement solidaire des territoires, relocalisation des activités productives, équipement des collectivités locales, infrastructures… – la sécurisation et le développement de l’épargne populaire et son orientation vers la satisfaction des besoins sociaux et environnementaux ; – l’inclusion financière : accès de tous aux services bancaires, information et protection des usagers, prévention et traitement du surendettement. Un objectif totalement conforme aux orientations de la CGT On le voit, la Banque de France, de par ses missions et les compétences de ses personnels, a vocation à s’intégrer pleinement au sein d’un tel pôle. Actuellement, le Collectif multiplie les initiatives (contributions écrites, communiqués, colloque, rencontres diverses auprès d’interlocuteurs politiques et associatifs, entrevues dans les ministères notamment aux Finances) pour faire avancer ses propositions et ses revendications. La CGT Banque de France est pleinement partie prenante de l’ensemble de ces initiatives qui s’inscrit pleinement dans les orientations de notre syndicat, de notre fédération mais également de notre confédération qui préconise également, et depuis fort longtemps, la mise en place d’un pôle public financier au service de l’intérêt général. Conception CGT Finances - photo : olly - Fotolia C réé en décembre 2011, un collectif intersyndical et inter-associatif s’est donné pour objectif de promouvoir le principe de la constitution d’un pôle public financier au service des droits économiques et sociaux fondamentaux : droit à l’emploi et à un revenu décent, droit au logement, droit à des services publics de proximité, droit à la conversion écologique de l’économie et droit à l’inclusion bancaire et financière. 9 Analyse Banques et territoires favoriser le réinvestissement bancaire dans les quartiers populaires Par Kent Hudson I nciter les banques à réinvestir les quartiers défavorisés ? Cela se fait depuis quarante ans aux états-Unis, cela pourrait se faire en France. Nous avons rencontré le promoteur de ce projet « Banques et territoires », Kent Hudson, après son intervention au colloque organisé le 4 juin dernier par le Collectif pour un pôle financier public au service des droits. Vous proposez d’instaurer une obligation, pour les banques, de publier des informations sur leur contribution au développement des quartiers défavorisés. Pourquoi ? On connait la difficulté de développer le tissu économique dans les quartiers populaires. Alors que ces quartiers, concentrant jeunesse, énergie et capacité d’innovation, ont un vrai potentiel économique, les investissements y sont trop rares. Pire : l’épargne locale les fuit. L’épargne des habitants des quartiers, collectée par le système bancaire, s’investit dans d’autres territoires — les centres villes, les zones économiques. Il y a plus d’argent qui sort que d’argent qui rentre. Alors qu’au niveau d’un département le bilan financier net pourrait être positif, au niveau des quartiers populaires il est régulièrement négatif. Le système bancaire contribue à les appauvrir. La raison est connue. Les banques de dépôt traditionnelles hésitent à s’engager autant qu’elles le pourraient auprès de ces clientèles locales (TPE notamment), dont elles connaissent mal les besoins et les potentialités spécifiques. La discrimination par l’adresse joue pour les financements 10 comme pour l’emploi. C’est pourquoi les investissements locaux dépendent souvent dans les quartiers de dispositifs spécifiques (comme le microcrédit). Le processus n’est pas qu’urbain : de nombreux territoires ruraux connaissent le même sort. Pour renverser ces flux, nous proposons de nous inspirer de deux lois américaines le Home Mortgage Data Act (HMDA) et le Community Reinvestment Act (CRA). Ce dispositif répond ainsi aux acteurs concernés, dont la Banque de France, qui soulignent que l’absence d’un dispositif spécifique leur interdit d’agir dans ce sens. Comment le système fonctionne-t-il aux états-Unis ? Créé en 1976, le dispositif fait obligation aux banques américaines et étrangères d’établir et de publier des statistiques territoriales très fines sur les flux de collecte de l’épargne et des crédits. Par ailleurs dans le cadre des contrôles prudentiels, le CRA fait obligation aux instances de supervision de certifier la pratique des banques notamment dans les territoires en difficulté. Chaque banque doit justifier ses pratiques économiquement lorsque l’analyse des flux révèle une discrimination territoriale. Il lui revient de démontrer qu’elle fournit crédits, conseils et services de manière équitable sur ces territoires. Elle doit, le cas échéant, faire des propositions pour améliorer son taux de réinvestissement local, au nom du développement local. Le bilan du dispositif HMDA/CRA est très positif : en trente-cinq ans, il a permis de canaliser plus de 1 400 milliards de dollars de crédits et de services bancaires vers Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Analyse les territoires et populations défavorisés des états-Unis. 60 % de ces crédits ont été diffusés sous forme de prêts aux TPE et PME, pour un montant moyen de 40 000 dollars. Ces réinvestissements locaux n’ont pas eu d’impact négatif sur le bilan des banques. Au contraire, loin d’être subprimes, les crédits CRA démontrent un comportement plutôt meilleur que d’autres prêts en termes de rentabilité. à l’instar du Laboratoire de l’économie sociale et solidaire 1, qui porte la proposition, Banques et territoires propose d’adapter ce dispositif législatif en France. Il s’agirait donc pour l’essentiel de rendre visible le problème — la contribution parfois négative du système financier au développement économique des quartiers populaires — et d’inciter les banques à y apporter des solutions. Quel rôle la Banque de France pourrait-elle jouer dans ce dispositif ? Aux États-Unis, ce sont les autorités de supervision des banques qui sont chargées de veiller à la publication des informations prévues par le dispositif. Ici, il pourrait sembler logique que cette tâche revienne à la Banque de France et au Secrétariat général de l’Autorité de contrôle prudentiel. Le réseau territorial de la Banque de France dispose déjà d’un très grand nombre d’informations sur l’action des banques dans les territoires, et ses experts seraient capables d’assurer l’analyse fine des nouvelles informations produites par le dispositif. Le réseau territorial de la Banque de France dispose déjà d’un très grand nombre d’informations sur l’action des banques dans les territoires, et ses experts seraient capables d’assurer l’analyse fine des nouvelles informations produites par le dispositif. Par ailleurs les maires, les élus, les structures régionales de développement économique, voire les responsables bancaires locaux que nous rencontrons soulignent le besoin d’aide et d’expertise dans l’analyse économique territoire par territoire. C’est pourquoi notre proposition comprend la création d’une ressource d’analyse à l’appui de l’action économique. Faire bénéficier le public de cette information me semble tout à fait s’inscrire dans les propositions des syndicats de la Banque. Cela irait dans le sens de l’action que la CGT avait menée il y a quelques années avec succès au sein du Conseil national de l’Information statistique pour que la Banque reprenne la publication de ses statistiques territoriales de dépôts et crédits 2. Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 1 Kent Hudson et Françoise Bernon, Plaidoyer pour un réinvestissement bancaire dans le développement local (Labo de l’ESS) 2 Ces informations sont visibles sur le site Web de la Banque à l’adresse suivante : http://www.banque-france.fr/economie-et-statistiques/titres-credit-et-depots/depots-et-titres-dopcvm/depots-etcredits-par-region.html 11 Attention : fiction ! Banque Présence Cette publication datée de septembre 2020 n’est évidemment pas issue de la direction de la Communication de la Banque. Elle vise simplement à montrer à quoi ressemblerait la Banque en 2020 si, au lieu des réductions d’effectifs voulues par le gouverneur, on mettait en œuvre les propositions syndicales. Utopie ? Pas sûr ! dans bien des domaines, la Banque d’aujourd’hui ne ressemble pas du tout à ce que nos dirigeants voulaient il y a dix ou vingt ans. Le service public a résisté dans bien des domaines aux politiques néolibérales, et le contexte d’aujourd’hui appelle à le développer plus encore. Alors, rêvons un peu à ce qu’il pourrait être en 2020… et à ce que pourrait être la situation des agents qui l’exercent. La cgt vous projette dans l’avenir ! La parole à… … Christian Prunier gouverneur de la Banque de France Nous sommes en 2020, Présence Banque remplace Fréquence Banque dont la formule la plus récente datait de 2012. Pourquoi ce changement ? Christian Prunier En effet, le titre de notre journal d’entreprise était resté le même. Pourtant, la Banque a peut-être plus changé, en huit ans, qu’elle ne l’avait fait dans aucune autre période de son histoire. Il était temps de marquer, y compris dans notre communication interne, la nouvelle philosophie qui inspire aujourd’hui les banques centrales : être toujours plus présentes, non seulement auprès des acteurs économiques, mais aussi des citoyens… et auprès de leurs propres agents. Être toujours plus présente, qu’est-ce que cela signifie concrètement pour la Banque ? « Les dirigeants de la Banque ont tiré les leçons du passé. » 12 C. P. Cela signifie que nous ne sommes plus seulement à l’écoute des marchés financiers et des multinationales. La monnaie, la politique monétaire, c’est d’abord l’affaire des citoyens. Et c’est pour être en état de dialoguer en permanence avec les citoyens que la Banque s’est donné les moyens d’être beaucoup plus présente sur tout le territoire en transformant ses bureaux d’accueil et d’information en implantations permanentes, en ouvrant les conseils de ses succursales aux associations et aux représentants du monde du travail, et surtout en menant une politique monétaire au service de l’emploi et d’un développement respectueux de l’environnement. Cela a été une mutation pour la Banque de France, et plus encore pour la BCE et les autres banques centrales de l’Eurosystème qui n’avaient pas toujours les mêmes traditions de service public. Mais après l’adoption du traité de Chamalières, en 2015, il a bien fallu que tout l’Eurosystème se mette en état de remplir les missions que les peuples d’Europe avaient décidé de lui confier. Quel message le gouvernement de la Banque adresse‑t-il au personnel au début de la troisième décennie du XXIe siècle ? C. P. La Banque a joué un rôle déterminant pour sortir de la crise. En 2012, on savait déjà qu’elle serait appelée à le faire. Mais les conséquences n’en avaient pas été tirées en ce qui concerne la gestion du personnel : à cette époque, on parlait encore de fermer des succursales, de supprimer des emplois, de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux ! Cela paraît sans doute difficile à imaginer pour les agents entrés à la Banque depuis cette époque, et qui forment aujourd’hui la majorité du personnel. Ces agents doivent savoir que les dirigeants de la Banque ont tiré les leçons du passé : contrairement à ce qui se passait il y a dix ans, ils sont à leur écoute. Parce que la prospérité de notre économie, les emplois et la situation de tous nos concitoyens dépendent du travail de tous les agents qui, au quotidien, font le service public. Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Attention : fiction ! Présence Banque Actus Banque L’école Le chiffre 9 milliards C’est le nombre de billets en euros qui seront imprimés en 2020 par le pôle public de fabrication fiduciaire européen. Sur ces 9 milliards, trois proviendront de l’imprimerie de Chamalières, le reste de la production étant assuré par les imprimeries publiques d’Italie, de Belgique, d’Autriche, d’Espagne, du Portugal, d’Irlande et de Grèce. La moitié du papier sera fournie par l’usine de Vic-le-Comte. La part du secteur public dans la fabrication fiduciaire est devenue largement prépondérante car le pôle fiduciaire public, avec en son sein le laboratoire de R&D installé à Chamalières, fait référence en matière de qualité et d’innovation technologique. Ce résultat n’a été rendu possible que par la qualité de la main-d’œuvre de la DGFB, aujourd’hui composée entièrement d’ouvriers, d’ingénieurs et de techniciens titulaires, embauchés par concours ou par intégration depuis le cadre contractuel. Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 La nouvelle promotion de secrétaires rédacteurs arrive à Poitiers ! C’est une première : l’école professionnelle de la Banque accueille sa première promotion de secrétaires rédacteurs. Créé en 2014, l’école professionnelle de la Banque forme depuis maintenant six ans, dans ses deux centres de Poitiers et Marne-laVallée, les agents de service, les agents de surveillance, les agents de caisse, les secrétaires comptables, les ouvriers, les cadres issus des différents concours d’entrée à la Banque, au moment où ils commencent leur vie professionnelle à la Banque. Jusqu’à présent, la catégorie des secrétaires rédacteurs était entièrement pourvue par voie de promotion interne. Depuis 2013, plus de 2 000 agents de toutes catégories sont ainsi devenus secrétaires rédacteurs, après l’examen de leur dossier professionnel par un jury indépendant. Mais cela ne suffit plus à satisfaire les besoins de la Banque en techniciens très qualifiés dans ses différents domaines d’activité ! Il faut donc maintenant compléter ce mode de recrutement en embauchant des agents directement par voie de concours externe et interne. Les 20 nouveaux collègues issus du concours 2020 vont donc suivre, pendant un an, une formation complète dans trois domaines : les missions de la Banque et la place de la monnaie dans la société, l’organisation de l’entreprise et son fonctionnement administratif et social, les tâches professionnelles dans lesquelles chaque élève aura choisi de se spécialiser. Les cours « théoriques » dispensés par des formateurs issus de la Banque et de l’Université seront bien vite suivis par de nombreux stages pratiques et par une période où les nouveaux secrétaires rédacteurs feront une première expérience de leurs nouvelles fonctions. La formation se terminera par une phase commune où les élèves seront rejoints par leurs 120 nouveaux collègues issus de la promotion interne. Présence Banque souhaite une excellente carrière professionnelle à nos nouveaux collègues ! 13 > Autour d’une mission Attention : fiction ! Banque Présence Contact Banque Filière fiduciaire La table ronde annuelle Aujourd’hui, en 2020, le rendez-vous annuel, sous l’égide de la Banque de France, de tous les acteurs de la filière fiduciaire est devenu presque une tradition. Ce n’est pas pour autant une routine. Pouvoirs publics, banques, sociétés de transport de fonds, enseignes commerciales, salariés du secteur, associations de consommateurs y discutent sans concession, mais dans la transparence, des grands enjeux de la filière : comment assurer la sécurité du stockage et du transport des pièces et des billets face aux méthodes de plus en plus sophistiquées des agresseurs ? Comment mieux coopérer entre acteurs de la filière pour assurer une qualité irréprochable aux espèces en circulation ? Comment développer l’information du public sur les signes de reconnaissance et la lutte contre la contrefaçon ? Comment assurer l’équilibre financier de tous les acteurs, au meilleur coût pour la collectivité ? Dès la première édition de ces tables rondes annuelles, en 2013, un consensus s’était dégagé pour considérer que l’organisation la plus efficace de la filière exigeait que la Banque de France assure intégralement le tri des billets et dispose d’un réseau dense de caisses. Aujourd’hui, avec ses deux centres-forts de Sainghin-en-Mélantois dans le Nord et de La Courneuve en Seine-Saint-Denis, ses quelque 100 caisses institutionnelles récemment construites ou rénovées et équipées de matériels ergonomiques modernes, ses guichets de services fiduciaires ouverts au public dans chacune de ses implantations territoriales, la Banque est en état de répondre pleinement aux besoins du public. « C’est en étant attentive aux préoccupations de ses partenaires, tout en se tenant à la pointe de la technologie et en travaillant sans cesse à l’amélioration des conditions de travail des agents, que la Banque se montre fidèle à la mission — veiller à la qualité de la circulation fiduciaire — que la loi lui a confiée, commente Jean-Jacques Banquounet, directeur des Activités fiduciaires. La succursale d’Aulnay-sous-Bois bourdonne d’activité Focus Banque « La Banque avait été retenue comme expert par le comité de groupe PSA. » 14 L ’origine de la succursale remonte à la grande mobilisation de 2012 contre la fermeture du site industriel de PSA à Aulnay-sous-Bois. La Banque de France avait décidé d’installer une antenne permanente à proximité de l’usine pour être directement en prise avec les préoccupations des salariés du site et de la population locale. Elle y avait initialement affecté deux agents — une jeune cadre et un secrétaire comptable expérimenté — pour travailler, en liaison avec les syndicats de l’entreprise, les élus locaux, la Chambre de commerce, les pouvoirs publics — préfet, ••• Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Attention : fiction ! Présence Banque • • • directeur départemental des Finances publiques — à l’élaboration d’un plan industriel permettant de redéfinir un avenir pour l’usine du groupe PSA et pour ses multiples sous-traitants. La Banque avait été retenue comme expert par le comité de groupe PSA pour examiner le projet et travailler à la définition de son mode de financement. Il a été largement reconnu que son intervention avait été déterminante pour aider l’ensemble des parties prenantes à définir un projet industriel financièrement viable, justifiant un financement par les banques de PSA sans qu’il soit besoin d’attribuer d’aides publiques supplémentaires aux actionnaires du groupe. Il était très vite apparu que le projet devait s’étendre à toute une réorientation écologique de la filière automobile en vue de répondre aux besoins nouveaux des populations, en France, en Europe et dans le monde, en matière de moyens de transports individuels et collectifs pratiques, peu onéreux et économes en énergie. Les services de la Banque ont été aussitôt sollicités pour coter les entreprises de la filière en prenant en compte leur contribution à la création d’emplois qualifiés et aux économies d’énergie et de matières premières. C’est depuis cette époque que les crédits aux entreprises favorablement cotées par la Banque bénéficient d’un refinancement à 0,25 % — en raison de leur intérêt économique, social et écologique — de la part de l’Eurosystème. Sur le plan local, l’ensemble des efforts déployés pour revitaliser l’ensemble du secteur couvrant l’arrondissement du Raincy et la zone aéroportuaire de Roissy ont été couronnés de succès. Cette zone, naguère menacée d’un sinistre économique et social, s’est affirmée comme l’un des fers de lance du redressement industriel de la zone euro. Devant cette évidence, la pertinence d’une présence permanente de la Banque à Aulnay-sous-Bois ne faisait plus de doute. Aujourd’hui, en 2020, l’antenne économique avec caisse d’Aulnaysous-Bois exerce toutes les missions d’une succursale de plein exercice de la Banque : suivi des entreprises en pleine expansion du secteur, traitement des flux de monnaie fiduciaire engendrés par le site de Roissy, accueil des particuliers… Dans ce dernier domaine d’activité, bien que l’amélioration de la situation économique et la baisse du chômage enregistrée depuis la fin de la décennie commencent à réduire le nombre des dossiers de surendettement, le guichet d’accueil de la Banque bourdonne d’activité : préparation des interventions dans les écoles et les lycées pour l’éducation économique et financière du public, médiation bancaire, Infobanque… Culture Banque Histoire : le projet syndical Banque de France 2020 T out est parti de là. Lorsque le gouverneur Noyer, en décembre 2011, annonça qu’il voulait supprimer 2 500 emplois en 2020, la première réaction fut l’accablement. Mais dans les mois suivants, les syndicats de la Banque se mirent d’accord pour présenter leurs propres propositions pour l’avenir de la Banque. Dans un premier temps, le gouverneur Noyer refusa tout simplement de les prendre en considération. Mais après la terrible récession de 2013-2014, et après la prise de conscience, par les gouvernements européens, que la poursuite des politiques d’austérité ne pouvait conduire qu’à l’éclatement de l’euro et à la ruine de l’économie mondiale, le climat Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 changea radicalement. Le nouveau traité négocié en 2015 au sommet européen de Chamalières donnait de nouvelles missions aux banques centrales, au service de l’économie réelle et de l’emploi. C’est alors que les gouverneurs se tournèrent vers les syndicats. Ceux-ci ne s’étaient jamais découragés, multipliant les contacts auprès des élus, des responsables politiques, de la presse, et proposant régulièrement aux agents de la Banque des actions pour manifester leur exigence d’une prise en compte des propositions syndicales pour l’avenir du service public. Le gouverneur Noyer, juste avant la fin de son mandat, eut le courage de prendre conscience de la réalité. Sa déclaration fracassante au CCE de décembre 2015 est restée dans les annales : « Je me suis trompé. J’ai cru aux marchés financiers et j’ai oublié que l’économie, ce sont d’abord des êtres humains. Ce sont les syndicats de la Banque qui avaient raison. Il revient maintenant à d’autres d’en tirer toutes les conséquences dans la conduite de notre maison ». C’est ce qu’a fait son successeur Christian Prunier en commençant son mandat par une vaste table ronde avec les syndicats de la Banque et avec nos « usagers » — l’ensemble des forces économiques et sociales de la nation — et en développant une stratégie largement inspirée des propositions syndicales Banque de France 2020. 15 Projet 2020 Banque de France 2020 Les syndicats sur la brèche pour interpeller le gouvernement, les parlementaires et les élus locaux Associations d’élus rencontrées 27 février : Association des maires des petites communes ; 6 mars : Association des maires des communes rurales ; 13 mars : Association des départements ; 21 mars : Association des maires de France ; 15 mai : Association des maires de moyennes communes ; 23 mai : participation au colloque de l’Association des maires de France (AMF) ; 24 mai : Association des maires des grandes villes de France ; 4 juillet : Association des régions de France. Ministres 5 septembre : rendez-vous avec le directeur de cabinet de Pierre Moscovici (ministre de l’Économie et des Finances) 7 septembre : rendez vous avec le cabinet de Cécile Duflot (ministre de l’Égalité des territoires et du Logement) ; 10 septembre : rendez-vous avec le cabinet de Marylise Lebranchu (ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique). 16 D epuis les annonces faites lors du CCE de décembre 2011 par le gouverneur Noyer concernant sa vision d’une Banque de France à l’horizon 2020 : > n o n - r e m p l a c e m e n t d’un départ à la retraite sur deux (soit plus de 2 500 emplois supprimés) ; > départementalisation avec régionalisation sous-jacente ; > réseau resserré de caisses ; les organisations syndicales ne sont pas restées inactives. Sans attendre le CCE du 21 septembre, les 8 syndicats de la Banque ont réussi à se mettre d’accord, au printemps dernier, sur leur propre projet « Banque de France 2020 » qui a été adressé à tous les agents de la Banque, avant d’être présenté et débattu lors d’un CCE extraordinaire le 20 avril. Par ailleurs la CGT Banque de France a participé à la rencontre de la fédération des Finances CGT avec les ministres Pierre Moscovici (ministre des Finances) et Jérôme Cahuzac (ministre du Budget) le 26 juin. Dans les régions, les organisations syndicales ont également interpellé les élus locaux, départementaux, régionaux et nationaux. Des actions diverses et variées se sont ainsi déroulées au niveau régional ou local. Par exemple, en Aquitaine, plus de 200 courriers ont été adressés aux élus de la région. En Auvergne, trois parlementaires du Puy-de-Dôme ont déjà été rencontrés et de nouveaux rendez-vous sont programmés en septembre. En Haute-Normandie, une trentaine de courriers ont été adressés aux élus de la région. Même chose dans le Centre où un nouveau courrier devrait être adressé début septembre aux nouveaux députés, ainsi qu’une relance pour prendre rendez-vous avec les groupes politiques du Conseil régional. En Lorraine, les agents de Sarreguemines en grève ont bloqué la circulation devant la Banque le 12 juin, et des courriers ont été adressés à tous les élus des secteurs de Sarreguemines, Remiremont et Forbach. Ces démarches ont des résultats : de nombreux parlementaires ont déjà écrit au gouverneur. Les intersyndicales régionales ont rencontré les élus de Lons-le-Saunier, Douai, Cholet, Chalon-surSaône… Ces démarches ont des résultats : de nombreux parlementaires ont > Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Projet 2020 > déjà écrit au gouverneur, par exemple ceux de Pau, le maire de Chalon-surSaône, un élu du Centre, plusieurs élus de HauteNormandie…. Plusieurs sénateurs, des maires, se sont adressés au ministre des Finances… Cette liste n’est pas exhaustive… En plus de ces nombreuses démarches, nous vous proposons de faire un focus sur les actions réalisées dans trois régions du réseau (Bretagne, Midi-Pyrénées et Île-de-France) ainsi qu’à l’antenne économique de Colmar. Bretagne E n Bretagne, où sont concernés : l’antenne économique de Quimper, le CTMF de Lorient et la caisse de St Brieuc (depuis la fermeture du centre fort de Loomis), un courrier a été adressé dès janvier aux maires, députés, sénateurs, présidents de conseils généraux, présidents de régions, présidents des commissions concernées du Conseil régional, président du Conseil économique, social et environnemental régional, présidents des communautés d’agglomération… En mars, des courriers ont été adressés aux préfets du Finistère et du Morbihan. Début juillet, des courriers ont été adressés aux nouveaux élu(e)s dont Marylise Lebranchu (réélue députée du Finistère et actuelle ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique). Suite à cela, de nombreux élus ont interpellé le gouverneur Noyer qui leur a fait une réponse stéréotypée. L’intersyndicale bretonne CGT-CGC-CFTC-SNA a rencontré le maire de Quimper, deux députés du Finistère, le président de la Commission économie du Conseil régional et s’est entretenue avec le chef du cabinet du maire de Lorient. Un rendez-vous est prévu avec un député nouvellement élu. De nouveaux courriers vont être adressés, notamment pour aviser de la date à laquelle sera présenté le projet Noyer et pour solliciter de nouveaux rendez-vous. Parallèlement, l’intersyndicale a rencontré en juin l’ensemble des agents de la région afin d’échanger avec eux sur le projet intersyndical. Midi-Pyrénées T rois courriers différents ont été adressés à l’ensemble des élus de la région (les 12 mars, 6 juillet et le 11 juillet). Ce dernier a permis d’envoyer aux 43 parlementaires de la région le document intersyndical. 20 réponses d’élus sont parvenues à ce jour et plusieurs rendez-vous ont été obtenus. Nombreuses interventions auprès du gouverneur, auprès des ministres de tutelle, question écrite au gouvernement, vœu adopté par le Conseil général de la Haute-Garonne, rencontre de Jean-Pierre Bel, élu de l’Ariège et président du Sénat, avec le gouverneur. Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Île-de-France L ’intersyndicale régionale Île-de-France CGT-SNABF a interpellé les élus (maires, députés, conseillers généraux) des implantations infra-départementales et des unités avec caisses. Des rencontres et des échanges ont déjà eu lieu avec de nombreux élus au cours desquelles ont été défendus nos missions et nos emplois ainsi que la vision syndicale « BDF 2020 ». La plupart des élus ont d’ailleurs déjà interpellé ou annoncé leur intention d’interpeller le gouverneur sur ce sujet. Nous pouvons citer notamment Claude Bartolone (député de Pantin et président de l’Assemblée nationale), élisabeth Guigou (députée de Pantin), Bertrand Kern (maire de Pantin), Patrick Braouezec (député de Saint-Denis jusqu’en juin 2012), Bruno Le Roux (député de Saint-Denis), Mathieu Hanotin (député de Saint-Denis depuis juin 2012), Didier Paillard (maire de Saint-Denis), Florence Haye (conseillère générale de Saint-Denis ), Bally Bagayoko (conseiller général de SaintDenis), Vincent Éblé (président du Conseil général de Seine et Marne), Daniel Vachez (maire de Noisiel), Patrick Jarry (maire de Nanterre), Nadine Garcia (conseillère générale de Nanterre), Marie Hélène Amiable (députée de Montrouge jusque juin 2012). D’autres rencontres d’élu(e)s sont prévues prochainement… 17 Projet 2020 Zoom sur l’antenne économique de Colmar E n tant qu’antenne économique, Colmar se trouve menacée par le projet de restructuration du gouverneur Noyer. Face à ce danger, les agents se sont fortement mobilisés et ont mené plusieurs actions : interpellation d’élus locaux puis distribution de tracts par les agents à des endroits clés de la ville (gare, marché). Le sujet a trouvé écho dans la presse locale et régionale permettant ainsi à l’opinion publique d’être informée et d’appuyer la demande légitime du maintien de cette implantation. Et maintenant ? Ce travail se poursuit avec de nouveaux courriers et de nouvelles demandes de rendez-vous. Deux élus ont fait part au gouverneur Noyer de leur désaccord sur une éventuelle fermeture de Colmar : éric Straumann, maire de Houssen et député de la circonscription de Colmar et Gilbert Meyer, maire de Colmar, qui s’est même spécialement déplacé à Paris pour évoquer ce sujet avec le gouverneur. Cette sensibilisation a également trouvé un écho favorable chez d’autres élus locaux, notamment Frédéric Hilbert, Hubert Miehe, Brigitte Klinkert, conseillers généraux du Haut-Rhin, Alice Morel, conseillère générale du BasRhin, Victorine Valentin, conseillère régionale. Un bel exemple de mobilisation ! Le document intersyndical Pour une Banque de France à l’horizon 2020 est désormais en possession d’un très grand nombre d’élus. Les nombreuses interpellations faites auprès du gouverneur Noyer et les rencontres de l’intersyndicale nationale avec des membres du gouvernement en place font que le dossier Banque de France prend une dimension importante. Mais il en faudra davantage pour faire reculer le gouverneur Noyer qui souhaite, clairement, faire de la Banque de France un champ d’expérimentation sur le « jusqu’où on peut aller » dans : > le démantèlement d’un système qu’il juge trop « protecteur » pour les salariés ; > le désengagement physique de la Banque de France qu’il juge trop coûteux. 18 Le travail syndical entrepris doit donc s’accompagner d’un rapport de forces à la hauteur des menaces et des enjeux qui pèsent à la fois sur l’Institution Banque de France et sur son personnel. C’est à ce dernier d’exprimer avant le 21 septembre, et dans les semaines qui suivront, la vision qu’il a du rôle d’une Banque de France au service des citoyens, des entreprises et des collectivités territoriales et dans quelles conditions il souhaite exercer son activité. Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 Culture Livres tachant qui nous fait un peu penser à Forrest Gump ! Une histoire pleine de surprises et d’aventures plus improbables les unes que les autres, le tout superbement écrit ! qu’a reçues cet ouvrage, une intrigue exceptionnelle avec un suspense présent de bout en bout. Assurément l’un des livres de l’année. Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et se fit la malle de Jonas Jonasson Le jour de ses cent ans, alors que tous les notables de la ville l’attendent pour célébrer l’événement, Allan Karlsson s’échappe par la fenêtre de sa maison de retraite quelques minutes avant le début de la fête organisée en son honneur. Ses plus belles charentaises aux pieds, le vieillard se rend à la gare routière, où il dérobe une valise dans l’espoir qu’elle contienne une paire de chaussures. Mais le bagage recèle un bien plus précieux chargement… La rivière noire Le confident d’Arnaldur Indridason d’Hélène Grémillon Au milieu des mots de condoléances qu’elle reçoit à la mort de sa mère, Camille découvre une étrange lettre envoyée par un expéditeur inconnu. Elle croit à une erreur mais, les semaines suivantes, une nouvelle lettre arrive, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés… L’avis de Ligne ouverte L’avis de Ligne ouverte à lire absolument, les aventures rocambolesques d’Allan Karlsson, un héros très at- On comprend mieux les nombreuses distinctions littéraires Dans un appartement, un jeune homme gît dans un bain de sang sans qu’il y ait le moindre signe d’effraction ou de lutte. Pas d’arme du crime, rien que cette entaille en travers de la gorge de la victime… L’avis de Ligne ouverte Petite balade dans la face très sombre de l’Islande. à retrouver ou à découvrir pour les lecteurs épris de livres policiers. Cinéma Du vent dans mes mollets (depuis le 22 août en salle) L’avis de Ligne ouverte Prise en sandwich entre des parents qui la gavent d’amour et de boulettes, Rachel, 9 ans, compte les minutes qui la séparent de la liberté. Jusqu’au jour où son chemin croise celui de l’intrépide Valérie. Un très beau film sur l’enfance telle qu’elle est, insouciante et parfois triste, où l’on passe du rire à l’émotion avec des acteurs épatants (notamment Valérie). Un véritable vent de fraîcheur… Jason Bourne : l’héritage (sortie le 19 septembre) L’avis de Ligne ouverte On croyait tout connaître de l’histoire de Jason Bourne et de son passé d’agent tueur malgré lui. Mais l’essentiel restait à découvrir. Le programme Treadstone dont Jason était le cobaye n’était que la partie émergée d’une conspiration plus ténébreuse… Pour ceux qui ont aimé les trois premiers opus de cette célèbre saga adaptée de la série de Robert Ludlum, et poursuivie par éric Van Lustbader, rendez vous le 19 septembre. Les fans de films d’action devraient également être comblés. Ligne ouverte n° 16/septembre 2012 19 Conception CGT Finances - photo : Aaron Amat - Fotolia