Un service vital
Pas question de débrancher le téléphone. « Nous avons un devoir d’astreinte. Nous devons
assurer la continuité du suivi », précisent nos interlocuteurs, qui préfèrent conserver l’anonymat.
« Et puis nous avons le sens du service. Nous n’envisageons pas de laisser les gens dans la panade
(…) Mais quand on nous rappelle incessamment sur nos temps de repos et que certains
font des plages de plus de 12h, ce n’est plus possible » se désespère l’un d’eux.
Et son collègue d’enfoncer le clou : « encore cette semaine, on m’a rappelé. Je dois faire garder
mes enfants, venir d’assez loin… J’en ai déjà pour 50€ de ma poche, sans compter les
conséquences sur la vie de famille, entre les soirs et les week-end ou il faut travailler alors que
ce n’était pas prévu. Je viens parce que je pense aux patients et aux collègues, parce que j’aime
mon métier, mais ce n’est plus acceptable ! »
Des milliers d’heures supplémentaires, pas payées, à rattraper
Les agents avancent des chiffres édifiants : 1080 heures supplémentaires/an depuis 2012,
“pas payées, à récupérer” et 300 rien que pour les mois de janvier et février 2015.
La CGT se garde de blâmer la hiérarchie, consciente que les économies envisagées par le
gouvernement sur la santé publique placent les directeurs d’hôpitaux dans une fâcheuse posture :
« Notre directrice fait ce qu’elle peut avec les moyens qu’elle a. Le vrai problème, c’est que le
gouvernement veut économiser 10 milliards en trois ans, dont 3 milliards pour les
hôpitaux. Cela ne se fait pas sans conséquences sur le service apporté aux assurés sociaux et sur
les salariés. On sent les tensions monter dans tous les services. Les gens commencent à perdre le
goût de leur métier, alors que l’immense majorité des personnes qui travaillent pour l’hôpital public
prend sa mission très à cœur. Aujourd’hui, bosser dans la fonction publique hospitalière relève du
sacerdoce. La priorité de tous, c’est de ne pas mettre le patient en défaut. On sait très bien qu’un
jour, le patient, ce sera peut-être nous. On espère dans ce cas qu’on nous dispensera des soins de
qualité… Mais à force de tirer sur la corde, on s’expose à une possible catastrophe. »
Des semaines de 48h et des risques accrus pour les assurés
Au 15, en ce moment, les personnels qui réceptionnent les appels « travaillent 48h au lieu des 37,5
prévues » et cumulent « jusqu’à trois week-ends de boulot par mois » , dixit les agents. “On est
plusieurs à être à la limite du Burn-out”.
Inexorablement, les délais de réponse s’allongent.
Un phénomène d’autant plus marqué en ce début d’année que l’épidémie de grippe saisonnière
est plus forte que d’habitude.
« Cela s’ajoute à une augmentation continue du volume de travail depuis plusieurs années : le
15 doit absorber l’accroissement démographique du département, l’effondrement du nombre
de médecins libéraux, la réorganisation des appels, puisque désormais, tout doit passer par
le 15 et la multiplication des sollicitations qui relèvent davantage de la psychiatrie que de
la réelle urgence médicale. Tout cela avec les mêmes moyens !»
Un problème de gros sous
Les grévistes doivent être reçus demain, mardi par leur direction, cette dernière ayant fait part des
revendications syndicales auprès de l’ARS (Agence régionale de Santé), afin d’obtenir des
financements.
Ils réclament le remplacement des absences, la fin des changements intempestifs des plannings,
une compensation financière en cas de rappels sur repos et la création d’un second poste de
médecin régulateur comme le préconisent les représentants des Samu de France pour un volume
de dossiers compris entre 100 000 et 125 000.