Résumé
Il est convenu de dire que la famille d’aujourd’hui se construit de multiples façons. Les
familles recomposées, issues des nouvelles technologies de la reproduction, de l’adoption
internationale ou dont les parents sont de même sexe font partie du paysage depuis de
nombreuses années, au point où elles n’étonnent plus. Ces familles ont comme
particularité de remettre en question l’adéquation entre la sexualité du couple et la
reproduction tout en introduisant d’autres personnes dans la conception ou dans
l’éducation des enfants. Malgré la polymorphie des familles contemporaines, perdure
toutefois une certaine représentation de la famille basée sur le sang partagé entre les
différents membres qui la composent. En ce sens, les « vrais » parents sont ceux qui sont à
l’origine de la naissance de l’enfant (Déchaux, 2007; Deliège, 2005). Parallèlement à cela,
on constate l’émergence d’un discours centré sur l’importance du père pour le
développement et le bien-être de l’enfant, au point où l’absence du père au sein du foyer
familial tend de plus en plus à être conceptualisée comme un problème social majeur
(Kelly, 2009). De fait, les recherches démontrent que l’engagement paternel profite autant
aux enfants qu’au père et à la mère. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les familles
lesboparentales dont les enfants sont nés d’un donneur connu. Cette thèse a comme
objectif de comprendre le rôle du donneur au sein des familles lesboparentales, à savoir la
place que lui font les mères dans leur projet parental. Nous cherchons également à
comprendre comment ce rôle s’actualise. Pour ce faire, nous avons interrogé neuf (9)
couples lesbiens et les neuf (9) donneurs à l’origine de leur projet parental. Les résultats
présentent un niveau différencié d’implication des donneurs en fonction de la mise à
distance ou de l’appropriation par les mères du schéma nucléaire traditionnel.
Mots-clés : Homoparentalité, familles lesboparentales, donneurs connus, représentations
sociales, parenté, parentalité, paternité