Université de Provence Aix-Marseille 1
Département d’Anthropologie
Spécialité 4 - MASTER PROFESSIONNEL
« Anthropologie & Métiers du Développement durable »
ETH.R17
Mémoire bibliographique de spécialisation professionnelle
Réhabilitation des quartiers spontanés : approches anthropologiques
DEBLOCK Elise
Directeur : Jacky BOUJU
2009 2010
DEBLOCK.E- ETH R17- Réhabilitation des quartiers spontanés : approches anthropologiques
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Remerciements
Je remercie mon maître de mémoire, Monsieur Jacky Bouju, pour avoir su me conseiller dans
ce travail,
Je remercie également mon amie Elsa pour sa relecture avisée,
Ainsi que toutes les personnes ayant contribué à alimenter ma bibliographie.
« Les opinions exprimées dans ce mémoire sont celles de l‟auteur et ne sauraient en aucun cas
engager l‟Université de Provence, ni le directeur de mémoire ».
DEBLOCK.E- ETH R17- Réhabilitation des quartiers spontanés : approches anthropologiques
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Sommaire
Introduction
1) La ville et ses marges comme objet de recherche
1) Les quartiers spontanés, un défi pour la ville en Projet
2) Définir le « quartier spontané » : quelques éléments incontournables
3) Le paradigme de la ségrégation en sciences sociales
2) Anthropologie de l’espace, anthropologie de l’habiter : notions pour appréhender
le quartier spontané
1) Espace bâti, espace vécu
2) Peut-on parler d‟un habiter bidonvillois ?
3) La prise en compte des usages dans la conception architecturale : « passer du vide
au sens »
3) Quelle place pour l’anthropologue praticien au sein d’un projet de réhabilitation ?
1) A quelles logiques les actions mises en place répondent-elles ?
2) La « participation populaire » au cœur des pratiques de réhabilitation
Conclusion
Bibliographie
Table des matières
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« Il en est de la compréhension des problèmes de la ville comme de la découverte d'un
paysage urbain, du haut d'un de ces buildings administratifs qui le dominent. » (J.
Bugnicourt, 1987 : p 3)
Comparaison poétique qui envoie immédiatement une image grandiose, celle d'une
mer urbaine étalant ses banlieues à l'horizon; si l'éloignement est poétique, constitue-t-il
effectivement une position stratégique pour appréhender les problèmes de la ville ? C'est à
partir de cette question que nous allons orienter notre réflexion, en choisissant de poser notre
regard sur l'une de ces formes que l'on distingue depuis le haut du building: le quartier
spontané.
Si l'on s'intéresse à la ville, c'est en effet l'ampleur du phénomène de croissance
urbaine qui attire l'attention; la « démesure » s'appuie sur des chiffres et statistiques, parmi les
plus marquants, ceux qui montrent que depuis 2006 environs, plus de la moitié de la
population planétaire habite en ville1. Si la croissance démographique de certains pays tend à
diminuer, la croissance urbaine, elle, est constante. Les colloques et sommets se multiplient
qui alertent sur l'urgence de gérer le phénomène, qui constitue un défi pour les Etats et
collectivités locales. Les périphéries en général, où l'on trouve les logements aux prix les plus
accessibles, cristallisent les difficultés posée par cette croissance exponentielle, et pour cela
constituent aujourd'hui une priorité pour la politique de la ville.
C'est donc dans le cadre de ces « métropoles tentaculaires » que nous allons nous
placer, mais plus précisément dans celles des pays du Sud, pour lesquels l'appellation « en
voie de développement » illustre la façon dont ils se sont engagés dans la voie de
l'industrialisation effrénée et de l'économie capitaliste à la suite des pays occidentaux et sous
l‟impulsion d‟institutions telles que la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International.
Dans ces pays, tout comme on a pu l‟observer en Europe au XIXème siècle, le phénomène
unilatéral de déplacement des campagnes vers les villes (communément appelé « exode
rural ») a donné naissance à des métropoles surpeuplées et non planifiées qui continuent de
grandir. Nous avons choisi de limiter notre étude au continent latino-américain, qui présente
une certaine uniformité en matière d'urbanisation, aussi bien en ce qui concerne l'organisation
des villes que la croissance démographique, suite à la colonisation qui a touché l'ensemble du
continent et y a inscrit une marque occidentale. Cependant, nous pourrons faire appel à des
exemples pris sur d'autres continents, à titre de comparaison, lorsque ceci nous semblera
pertinent.
1 UN Habitat
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Face à l'affluence de la population dans les villes et à l'incapacité des autorités de
fournir un accès au logement pour les plus pauvres, on observe une « taudification » de
l'habitat urbain, et souvent c'est une forme particulière d'habitat qui se développe, que l'on
connait « bien » aujourd'hui: le quartier spontané, dénomination cachant plusieurs réalités,
mais souvent désignées sous le nom englobant et stigmatisant de « bidonville »; celui-ci peut
avant tout se définir par la précarité des installations, aussi bien en terme de bâti que de
légalité, les modes d'appropriation ou de lotissement du sol échappant la plupart du temps au
monde légal. Nous chercherons au cours de notre réflexion à décrire et comprendre les réalités
complexes qui constituent ces quartiers. Toujours est-il que ces quartiers spontanés font l'objet
de diverses politiques, programmes et plans d' « intégration » (suite à uneriode qui a
privilégié les « déguerpissements » et expulsions), qui procèdent globalement de deux
logiques différentes mais souvent complémentaires (N. Mathieu, 1997 ; § 13):
-On peut chercher à intégrer un quartier par une approche sociale, qui se caractérise par une
volonté d'intégration des individus et des groupes à la vie économique, culturelle et sociale;
c'est notamment le travail des associations de quartier, des assistantes sociales, etc.
-On peut d'un autre côté travailler depuis une approche urbanistique, l'on recherche non-
plus l'intégration de l'individu, mais du quartier identifié par sa structure, ses besoins en
services de base (eau, électricité, assainissement...), son agencement, son accessibilité, son
architecture, ses espaces publics...
C'est sur cette dernière façon de penser l'intégration que nous allons nous interroger. Il
nous semble effectivement intéressant de nous pencher sur cette question, qui relève se place
à la charnière de la recherche et du développement. C‟est le rapport entre transformation des
formes et transformation sociale qui nous intéressera, celui-ci étant étudié de manière
fondamentale mais peu (pas ?) réinvestit dans les opérations d‟aménagement et d‟habilitation.
Un questionnement rapproche couramment sciences sociales et urbanisme autour du
paradigme de la ségrégation: s‟y rejoignent le territoire, la forme et l'exclusion. Comme nous
le verrons, on peut plus ou moins dater la première recherche sur la grégation urbaine aux
travaux réalisés de l'Ecole de Chicago, portant sur l'articulation socio-spatiale des quartiers
dans cette même ville. Si ces travaux font encore aujourd'hui référence, il nous semble que si
la prospective urbaine veut prendre un réel tournant qualitatif, l'anthropologie, et notamment
l'anthropologie de l'espace et de l'habitat, apportent un éclairage fondamental, en se
rapprochant du quartier, à l'opposée d'une conception englobante et spatialisante telle qu'elle
est généralement appliquée dans les plans d'aménagement et/ou d‟habilitation. En nous
rapprochant des habitants, de leur façon d'occuper l'espace et de proprement vivre cette ville
en marge, nous accédons à un degré de compréhension qui fournit des clés pour l'action et le
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