Médiathèque l’Apostrophe-Espace Patrimoine
Mai-Juin 2014
Le dénombrement de ces cartes (non microfilmées) indique environ 180 documents allant de
la carte petit format extraite d’atlas (ou autre ouvrage imprimé) au plan manuscrit roulé de très
grandes dimensions :
-7 cartes pliantes entoilées (Cassini, 18ème s).
-8 cartes sur carton du 18ème s.
-1 atlas terrier de 17 cartes (Meslay-le-Vidame, 1706-7)
-1 carte et 1 plan muraux entoilés roulés du 18ème s
- Environ 40 feuilles (formats divers) des 19 et 20ème s.
-117 cartes pliantes entoilées du 19ème s (dont 80 cartes de départements de l’Atlas national –
décrets de 1790. Rev. et augm. en 1818).
Les cartes entoilées
Initialement réservé aux cartes murales, l’entoilage, dont la fonction est de consolider
le papier, est peu à peu utilisé pour d’autres types de cartes comme celles dressées et
utilisées au XVIIe siècle par les ingénieurs militaires. […] Cette technique connaîtra un essor
considérable au XVIIIe siècle et en particulier à partir de 1740-1750, date à laquelle les
éditeurs et marchands de géographie diffusent systématiquement des cartes « collées sur
toile » ou « montées sur toile » ou encore « pliantes ».
Parce qu’on peut ainsi la plier de différentes manières, la carte devient plus maniable
et la consultation facilitée. Le marchand Julien propose l’entoilage des cartes « pour pouvoir
les plier dans tous les sens, et n’avoir sous les yeux que la partie nécessaire » ou encore
« de manière à s’en servir sur un bureau sans qu’elles causent le moindre embarras ». Il
indique enfin que « ces cartes, ou feuilles découpées, ont encore l’avantage, étant collées
sur toile, de ne pas se gâter ». Desnos, quand à lui, vend les feuilles de la Carte de Cassini
« collées sur toiles & ployées pour la poche ». Après consultation, la carte est rangée dans
son étui, sur un rayon de bibliothèque, remédiant ainsi aux problèmes de conservation
qu’induisent les dimensions souvent importantes des documents figurés.
Il existe deux modes d’entoilage : le collage intégral de la carte sur pièce de toile et le
montage sur charnières pour les documents conservés pliés. L’entoileur découpe alors la
carte en rectangles de 9x15 cm environ qu’il colle sur la toile en ménageant entre eux une
marge de quelques millimètres. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les cartes entoilées sont très
souvent montées sur charnières, à l’exception des documents montés sur gorge et rouleaux
ou garnis de boucles de tissus pour l’accrochage. […]
Avant l’entoilage, les cartes sont raccourcies de leurs marges pour économiser le
tissu. Les chutes seront réutilisées pour la confection d’étiquettes ou de fiches […].
L’entoileur a parfois recours à plusieurs pièces de toile cousues (au XVIIIe siècle) ou collées
bord à bord (au XIXe siècle). […]
Au XVIIIe siècle, la toile de coton utilisée est assez fine et de couleur vive : orange
(devenu « saumon »), jaune, carmin, rose, verte, écrue ou blanche. […]. A partir de 1800, la
toile est de texture plus fine, les couleurs plus ternes : gris, vert foncé, brun, beige, noir.
L’entoilage n’habille plus la carte dont l’usage est, à cette date, réservé aux militaires et
fonctionnaires, il doit seulement la consolider.
Au XVIIIe siècle, l’entoilage est réalisé dans la boutique de l’éditeur, parfois même
par ses soins […]. Au XIXe siècle, l’entoilage devient une spécialité de certains éditeurs et
marchands de cartes. Goujon s’annonce « Colleur et Marchand de Cartes Géographiques »,
rue de Savoie puis quai des Augustins. Le dépôt de la Guerre, grand producteur de cartes,
ne réalisait pas toujours l’entoilage et le confiait fréquemment à Goujon et Vignon. En 1802-
1803, les dépenses de fournitures et d’entoilage par les soins de ces éditeurs sont telles que
la production des cartes (dessin et gravure) se trouve ralentie. Il est vrai que l’entoilage
augmente parfois considérablement le prix de la carte […] d’autant plus que la carte, alors
pliée, est très souvent proposée dans un étui.