Sous-développement Définition Selon Jacques B. Gélinas,1 on peut

Sous-développement
Définition
Selon Jacques B. Gélinas,1 on peut d'abord définir le sous-développement à partir de
ses symptômes: «la sous-alimentation, la mortalité infantile, l'analphabétisme, le
PNB (produit national brut) par habitant, l'endettement et le reste» . On peut aussi
définir un pays sous-développé à partir des mécanismes internes de son économie:
c'est « un pays dont les rouages économiques s'engrènent de façon subordonnée
dans la mécanique géante de l'économie mondiale» . Le sous-développement se
caractérise par :
1. «La dépendance financière et monétaire».
La dette (capital et intérêts) est tellement importante que le pays doit compter sur les
marchés financiers extérieurs pour la rembourser. Son économie est alors
extrêmement sensible à toutes les «fluctuations brusques des taux d'intérêt et de
change».
2. «L'extraversion du système économique».
«L'économie des pays sous-développés repose principalement sur l'exportation des
matières premières à faible valeur ajoutée, dont ils ne contr8lent pas les prix. Ils ne
contrôlent pas non plus les prix des produits manufacturés ou alimentaires qu'ils
importent. Ils ne disposent d'aucun moyen efficace pour faire évoluer les termes de
l'échange en leur faveur de façon équitable».
3. «La désarticulation de l'économie nationale».
La dépendance financière et l'extraversion commerciale engendrent et entretiennent
une société duale. On y trouve d'une part le secteur exportateur, «forcé d'adapter
ses produits, sa technologie et sa gestion aux conditions extérieures», et d'autre part
les secteurs traditionnels.
4. «La subordination des élites aux intérêts externes» .
Les mécanismes de développement ont donné naissance à une classe de politiciens,
de technocrates et de bureaucrates «branchés sur l'aide internationale» . Its ont
«contaminé le champ politique qui, arrosé de l'extérieur, peut se passer de ses bases
sociales pour survivre». Cette «aidocratie» est le résultat et non la cause de
l'inadaptation du système.
1.Jacques B. Gélinas, Et si le Tiers Monde s'autofinançait - De l'endettement à l
'épargne, Les Éditions Écosociété, Montréal, 1994
Documentation
Le sous-développement : retard de développement
Pour Rostow, le développement serait un phénomène inéluctable. Certains pays
ayant simplement débuté le processus avant d'autres, tout ne serait donc qu'une
question de temps. Mais, sous certaines conditions, le développement pourrait être
accéléré. W.W. Rostow dans son ouvrage « Les étapes de la croissance
économique » a tenté de « dégager les caractéristiques uniformes de la
modernisation des sociétés1 ». Selon lui, les sociétés parcourent au cours de leur
développement cinq différentes étapes : la société traditionnelle, les conditions
préalables au décollage, le décollage, le progrès vers la maturité et l’ère de la
consommation de masse.
sous-développement
Consulter aussi dans le dictionnaire : sous-développementCet article fait partie
du DOSSIER consacré à la
mondialisation
.
État d'un pays caractérisé par la médiocrité du niveau de vie moyen (traduit
notamment par une faible consommation alimentaire, à laquelle s'ajoutent des
problèmes de malnutrition et de famine, une faible espérance de vie, un taux encore
élevé d'analphabétisme), auquel on peut fréquemment associer une forte croissance
de la population, une répartition particulière des divers secteurs de l'économie
(secteur rural très important) et une composition spécifique de la balance
commerciale.
Le concept de sous-développement a été largement utilisé après la Seconde
Guerre mondiale pour désigner les pays pauvres par opposition aux pays riches,
industrialisés et développés. Il a ensuite semblé péjoratif, et a alors été remplacé par
d'autres expressions ; pays en voie de développement, pays dépendants, pays
du tiers-monde, pays de la périphérie, pays du Sud.
Origines du concept
La notion de sous-développement s'est imposée dans les pays occidentaux au début
des années 1950 quand ceux-ci réalisent qu'une grande partie de l'humanité (les
trois quarts à l'époque) souffre de la pauvreté, de lamaladie, de
l'analphabétisme et de la faim. Le phénomène n'est pas nouveau, mais il s'inscrit
dans le contexte politique de la guerre froide. Pour les États-Unis, il semble
indispensable de faire accepter par leurs alliés l'idée d'une aide des pays riches aux
pays pauvres pour ne pas favoriser les mouvements communistes en Asie, en
Afrique et en Amérique latine.
Une puissante campagne est lancée dans les médias en 1948-1949, vite relayée par
les organisations internationales, pour souligner le caractère scandaleux de la
misère dans les pays sous-développés et le caractère périmé des dominations
coloniales. Une représentation schématique du monde opposant deux grands
groupes de pays se répand alors, les pays développés étant considérés comme
entrés les premiers dans la voie du développement et, de ce fait, devant assistance
aux pays sous-développés.
En dépit de son origine éminemment politique et de son caractère flou, le concept
de sous-développement s'est rapidement imposé car il correspondait d'une
certaine façon à la réalité : les écarts de développement étaient extrêmement forts
et, en outre, paraissaient s'accroître. Dans les années 1950 et 1960, de nombreux
chercheurs se sont donc attachés à le préciser.
De nombreux critères descriptifs ont pour cela été proposés :
des critères démographiques ont été avancés : fécondité élevée, mortalité
encore assez forte, population jeune, accroissement rapide.
des critères économiques : agriculture prédominante mais peu productive,
industrialisation inexistante ou faible, importance du chômage et du sous-emploi,
extraversion de l'économie, faiblesse du niveau de vie pour la plus grande partie de
la population.
des critères sociologiques : structures sociales restées archaïques, classes
moyennes peu représentées, assujettissement des femmes, travail des enfants.
Plusieurs auteurs ont souligné la distorsion existant entre la croissance
démographique et la croissance économique, la première étant plus rapide que la
seconde. Selon le géographe Yves Lacoste, le sous-développement se caractérise
par « une croissance très forte de la masse des besoins (du fait principalement de la
croissance démographique et des divers changements culturels) et d'autre part un
moindre accroissement des ressources et des revenus dont dispose effectivement la
masse de la population, qui se trouve pour une grande part en chômage ».
Sur les causes de cette situation, les avis divergent. Pour les libéraux, les pays
sous-développés présentent du retard, mais peuvent s'engager sur la même voie
que les pays développés. Pour les marxistes et les tiers-mondistes, c'est la
domination du « centre » (pays riches) qui explique la pauvreté de la « périphérie »
(pays pauvres).
Le fait que certains pays du Sud aient réussi leur décollage économique dans les
années 1970 semble donner raison aux premiers mais il n'est pas niable non plus
qu'il y ait eu et qu'il y ait encore des phénomènes de domination. L'importance
capitale du facteur démographique a été sous-estimée par les uns et les autres.
C'est l'accroissement rapide de la population, à partir des années 1940, qui a
provoqué le déséquilibre entre population et ressources, et c'est la décélération de la
croissance démographique, dans les années 1980, qui a amélioré la situation dans
nombre de ces pays.
Les études sur le sous-développement ont souvent donné des pays concernés
une image uniforme qui ne correspond pas à une réalité multiple. La ligne de
séparation entre pays développés et pays sous-développés proposée initialement
n'est plus valable.
Certains pays ex-communistes sont classés indûment parmi les premiers car ils ne
sont pas vraiment développés (Albanie, républiques du Caucase et de l'Asie
centrale). Divers pays, en revanche, sont devenus authentiquement industriels :
Singapour, Taiwan et Corée du Sud. Divers pays pétroliers n'ont plus les traits
économiques des pays sous-développés, leur niveau de vie étant assez élevé et leur
croissance économique forte. La diversité des pays africains, asiatiques et latino-
américains est très importante.
Le concept de sous-développement a eu une certaine utilité comme représentation
simplifiée du monde. Il convient d'en faire aujourd'hui une utilisation restreinte aux
pays les moins avancés (P.M.A.).
E SOUS-DEVELOPPEMENT
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Origine et mesure du développement
Les économistes distinguent traditionnellement la croissance et le développement.
Le concept de croissance correspond à l'aspect quantitatif et global d'une évolution
économique saisie sur le long terme. Le développement désigne, lui, des
transformations plus structurelles, qualitatives, affectant la démographie, l'économie,
la population active, les mentalités, l'organisation territoriale. Le problème du sous-
développement est relativement récent dans l'histoire de l'humanité puisque les
écarts entre les pays ont commencé à s'intensifier avec la Révolution Industrielle qui
a touché les pays du Nord à partir du XIXe siècle. On analysera les origines
historiques de ce retard, en développant notamment les approches théoriques
divergentes sur ce point et les différents stratégies adoptées pour favoriser
croissance et développent dans ces différents pays. On dressera par la suite un
panorama de la situation actuelle avec quelques perspectives.
Origine et mesure du développement
Approches historiques et théoriques jusqu'au début des années 1980
!
Le thème du « sous-développement » était apparu dans un discours du président
américain Harry Truman, prononcé en 1948, au début de la guerre froide. Pour le
président américain, la pauvreté qui régnait dans le monde favorisait la pénétration
soviétique : tenter de contenir puis annihiler la misère revenait à lutter contre le
communisme.
Le terme de « sous-développement », lourd de sens, postulait l'existence d'un
développement et d'un seul, ce que l'économiste américain Walt Whitman Rostow
devait théoriser dans les Étapes de la croissance économique (1960).
L'approche linéaire de Rostow s'inscrit dans le courant libéral. Il perçoit le
développement comme un phénomène incontournable, certains pays ayant
commencé plus tôt leur essor. Cette vision linéaire passe par plusieurs étapes : La
société d'origine, dite société traditionnelle, ne vit que de l'exploitation de la terre, elle
est relativement hostile au progrès et les hiérarchies sociales y sont figées. Sa lente
évolution l'amène progressivement à remplir les conditions préalables au décollage.
Le changement y est plus facilement accepté, permettant que la croissance
économique dépasse la croissance démographique, grâce à la révolution agricole
notamment (gains de productivité dans ce secteur).
Arrive ensuite l'étape la plus courte et la plus décisive, le décollage ou take-off en
anglais : durant une vingtaine d'années les investissements massifs dans l'industrie
permettent une inflexion majeure et durable du rythme de la croissance (0,2 % en
moyenne par an avant le XVIIIe siècle, 1,2 % au XIXe). Une soixantaine d'années plus
tard, de nouvelles industries vont se substituer à celle du take-off (seconde révolution
industrielle dans les pays de la première révolution industrielle) : les niveaux de vie
s'améliorent. Les sociétés ont alors atteint le stade de la maturité avant le début de la
production de masse. La croissance mène à l'étape ultime de la société : la
consommation de masse.
Des critiques ultérieures montreront que les pays connaissant un développement
plus tardif, profitant de l'histoire des nations les ayant précédé, connaissent
rattrapage accéléré et sautent même certaines étapes.
Le modèle de Gerschenkron a ainsi montré que loin d'être autoentretenue comme le
pensait Rostow, la croissance nécessite l'intervention de l'État, qui peut suppléer
l'initiative privée, mobiliser les capitaux étrangers, assurer des transferts de
technologie, construire des infrastructures, favoriser l'investissement en capital
humain, développer un certain protectionnisme. On peut alors citer des exemples
historiques, comme celui de la Russie de la fin XIXe siècle et du XXe siècle, celui de
l'ère Meiji au Japon, ou celui de certains NPIAcomme la Corée du Sud depuis les
années 1970 ou le Mexique.
• D'autres approches hétérodoxes ou néomarxistes, s'inscrivent dans le courant tiers-
mondiste. Apparaîtraient ainsi des conditions explicatives d'un cercle vicieux de la
pauvreté (Nurkse) dans certains pays non développés comme la pression
démographique et la faiblesse du marché intérieur. À partir de la faiblesse de la
croissance, il y aurait alors faiblesse du revenu, de la consommation, de l'épargne,
faiblesse des incitations à investir et maintien d'une trop faible productivité. François
Perroux ou A. Hirschman évoquent la désarticulation des économies sous influence
et domination étrangère occidentale. La désarticulation décrit une rupture de
l'équilibre traditionnel avec destruction des activités rurales et absence de
complémentarité entre les secteurs de l'économie. Perroux s'appuie sur l'analyse de
Lewis qui pense la société comme un dualisme entre un secteur rural, traditionnel de
subsistance (auquel on ajoute le secteur informel urbain des bidonvilles), qui resterait
à l'écart du développement, et un secteur capitaliste, urbain et industrialisé.
Le premier connaît une très faible productivité et un bas revenu avec une forte
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