développement et d'un seul, ce que l'économiste américain Walt Whitman Rostow
devait théoriser dans les Étapes de la croissance économique (1960).
L'approche linéaire de Rostow s'inscrit dans le courant libéral. Il perçoit le
développement comme un phénomène incontournable, certains pays ayant
commencé plus tôt leur essor. Cette vision linéaire passe par plusieurs étapes : La
société d'origine, dite société traditionnelle, ne vit que de l'exploitation de la terre, elle
est relativement hostile au progrès et les hiérarchies sociales y sont figées. Sa lente
évolution l'amène progressivement à remplir les conditions préalables au décollage.
Le changement y est plus facilement accepté, permettant que la croissance
économique dépasse la croissance démographique, grâce à la révolution agricole
notamment (gains de productivité dans ce secteur).
Arrive ensuite l'étape la plus courte et la plus décisive, le décollage ou take-off en
anglais : durant une vingtaine d'années les investissements massifs dans l'industrie
permettent une inflexion majeure et durable du rythme de la croissance (0,2 % en
moyenne par an avant le XVIIIe siècle, 1,2 % au XIXe). Une soixantaine d'années plus
tard, de nouvelles industries vont se substituer à celle du take-off (seconde révolution
industrielle dans les pays de la première révolution industrielle) : les niveaux de vie
s'améliorent. Les sociétés ont alors atteint le stade de la maturité avant le début de la
production de masse. La croissance mène à l'étape ultime de la société : la
consommation de masse.
Des critiques ultérieures montreront que les pays connaissant un développement
plus tardif, profitant de l'histoire des nations les ayant précédé, connaissent
rattrapage accéléré et sautent même certaines étapes.
Le modèle de Gerschenkron a ainsi montré que loin d'être autoentretenue comme le
pensait Rostow, la croissance nécessite l'intervention de l'État, qui peut suppléer
l'initiative privée, mobiliser les capitaux étrangers, assurer des transferts de
technologie, construire des infrastructures, favoriser l'investissement en capital
humain, développer un certain protectionnisme. On peut alors citer des exemples
historiques, comme celui de la Russie de la fin XIXe siècle et du XXe siècle, celui de
l'ère Meiji au Japon, ou celui de certains NPIAcomme la Corée du Sud depuis les
années 1970 ou le Mexique.
• D'autres approches hétérodoxes ou néomarxistes, s'inscrivent dans le courant tiers-
mondiste. Apparaîtraient ainsi des conditions explicatives d'un cercle vicieux de la
pauvreté (Nurkse) dans certains pays non développés comme la pression
démographique et la faiblesse du marché intérieur. À partir de la faiblesse de la
croissance, il y aurait alors faiblesse du revenu, de la consommation, de l'épargne,
faiblesse des incitations à investir et maintien d'une trop faible productivité. François
Perroux ou A. Hirschman évoquent la désarticulation des économies sous influence
et domination étrangère occidentale. La désarticulation décrit une rupture de
l'équilibre traditionnel avec destruction des activités rurales et absence de
complémentarité entre les secteurs de l'économie. Perroux s'appuie sur l'analyse de
Lewis qui pense la société comme un dualisme entre un secteur rural, traditionnel de
subsistance (auquel on ajoute le secteur informel urbain des bidonvilles), qui resterait
à l'écart du développement, et un secteur capitaliste, urbain et industrialisé.
Le premier connaît une très faible productivité et un bas revenu avec une forte