En adressant une nouvelle communication des griefs, la Commission a renforcé sa conclusion
préliminaire tout en protégeant les droits de la défense de Google en lui donnant la possibilité de
répondre formellement aux nouveaux éléments probants. Google et Alphabet ont 8 semaines pour
répondre à la nouvelle communication des griefs.
AdSense
La Commission a également adressé une communication des griefs à Google portant sur les restrictions
imposées par l’entreprise à la capacité de certains sites web tiers d’afficher les publicités contextuelles
émanant de ses concurrents.
Selon l’avis préliminaire de la Commission exposé dans la communication des griefs de ce jour, ces
pratiques ont permis à Google de protéger sa position dominante dans le domaine de la
publicité contextuelle en ligne et d’empêcher ses concurrents existants et potentiels, y compris les
autres fournisseurs de services de recherche et plateformes de publicité en ligne, d’accéder à ce
secteur commercialement important et de s’y développer.
Google place des publicités contextuelles directement sur le site web Google search mais aussi, en tant
qu’intermédiaire, sur des sites web tiers grâce à sa plateforme «AdSense for Search» («intermédiation
publicitaire liée aux recherches»). Il s’a git notamment des sites web de détaillants en ligne,
d’opérateurs de télécommunications et de journaux. Les sites web comprennent un champ de
recherche qui permet aux utilisateurs de chercher des informations. À chaque fois qu’un utilisateur
effectue une recherche, en plus des résultats de recherche, des publicités contextuelles s’affichent
également. S’il clique sur la publicité, tant Google que le tiers reçoivent une commission.
La Commission estime à ce stade que Google occupe une position dominante sur le marché de
l’intermédiation publicitaire liée aux recherches dans l’Espace économique européen (EEE), sa part de
marché étant d’environ 80 % au cours des dix dernières années. Google tire une grande part de ses
revenus provenant de l’i ntermédiation publicitaire liée aux recherches des accords qu’elle conclut avec
un nombre limité de tiers importants, les «partenaires directs». La Commission craint que dans ces
accords avec des partenaires directs, Google ait violé les règles de l’UE en matière de pratiques
anticoncurrentielles en imposant les conditions suivantes:
exclusivité: les tiers ne peuvent afficher de publicités contextuelles émanant de concurrents de
Google;
-
affichage en bonne place d’un nombre minimum de publicités contextuelles de Google:
les tiers doivent accepter un nombre minimum de publicités contextuelles de Google et leur
réserver les meilleures places sur leurs pages de résultats de recherche. En outre, des publicités
contextuelles concurrentes ne peuvent être placées au-dessus ou à côté des publicités
contextuelles de Google;
-
droit d’autoriser des publicités concurrentes: les tiers doivent obtenir l’autorisation de Google
avant de modifier l’affichage des publicités contextuelles concurrentes.
-
La Commission est d’avis, à titre préliminaire, que ces pratiques, qui existent depuis dix ans,
entravent la concurrence sur ce marché important sur le plan commercial. La communication
des griefs dénonce la pratique d’exclusivité depuis 2006. Celle-ci a été progressivement remplacée à
partir de 2009 dans la plupart des contrats par l’e xigence d’un affichage en bonne place/d’un nombre
minimum de publicités et par le droit pour Google d’autoriser les publicités concurrentes. La
Commission s’inquiète du fait que ces pratiques aient artificiellement réduit le choix et freiné
l’innovation sur le marché pendant toute cette période. Elles ont réduit artificiellement les possibilités
des concurrents de Google sur ce marché important sur le plan commercial et donc la capacité des
sites web tiers à investir dans la fourniture de choix et de services innovants aux consommateurs.
La Commission note que, dans le cadre des procédures pour abus de position dominante, Google a
récemment décidé de modifier les conditions de ses contrats AdSense avec ses partenaires directs pour
donner à ces derniers plus de liberté en matière d’affichage de publicités contextuelles concurrentes.
La Commission examinera de près ces changements apportés par Google à ses pratiques afin d’é
valuer leur impact sur le marché.
Google et Alphabet ont 10 semaines pour répondre à la communication des griefs.
Contexte
Le produit phare de Google est la recherche générale sur l’i nternet. Il fournit des résultats de
recherche aux consommateurs, notamment des publicités en ligne qui répondent à leurs requêtes.
Google tire une grande part de ses revenus des publicités contextuelles. L’entreprise a donc intérêt à
maximiser le nombre d’u tilisateurs qui consultent les publicités qu’elle place soit sur ses propres sites
web, soit sur ceux de tiers.