Ateliers Lettres et Images

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Un atelier
Lettres et Images
Le projet permanent de patrimoine industriel
du Canton de Genève
www.letterpress.ch
Association Lettres et Images 25 rue du Vuache 1201 Genève Suisse
L'Association Lettres et Images (ALI)
fondée en 1998
Un projet permanent de patrimoine industriel
D
a ns le cadre des manifestations «150 ans de l’Etat fédéral -150 ans de
patrimoine industriel» l’Association pour le Patrimoine Industriel (API) et
l’Association Lettres et Images (ALI) proposent aux écoliers, étudiants et au
public genevois la visite d'un atelier typographique à l'ancienne.
Nos portes ouvertes pour des visites d'atelier.
Depuis l'invention de Gutenberg, le livre a connu
un essor sans précédent. Support de la pensée, il a
contribué aux échanges entre les cultures et les peuples.
A l'heure du village planétaire, Internet redistribue les
enjeux de la communication. Le livre et le papier
comme supports sont concurrencés par l'écran et les
mondes virtuels. Le langage commun désigne aujourd’hui déja l’affichage à l’écran sous le nom de page. Au
cours de cette évolution des technologies et des mentalités, le livre ne perd aucune de ses qualités d'objet. En
s'éloignant du support papier, le poids, le toucher,
l'odeur, ne sont que quelques-unes des qualités qui se
perdent aujourd'hui dans les rapports nouveaux à la
communication. En préservant de la disparition les
machines et savoir-faire de la typographie,
notre association souhaite contribuer à préserver la
culture de la Lettre. Sous la forme de visites, de
démonstrations et avec le support de documents vidéo,
nous présentons en 7 modules les grandes lignes de
ce parcours historique. En donnant à voir et à toucher, cette démarche nous semble favorable à la découverte de ces mondes du passé. Nous espérons ainsi
mettre à disposition des outils au service de la mémoire, qui favorisent et encouragent auprès d'un large public
la prise de conscience de l'évolution de notre monde.
L'ancienne roue d'inertie du laminoire de l'U.G.D.O.
1
L'Association pour le Patrimoine Industriel:
Qui sommes-nous ?
L
'Association pour le Patrimoine Industriel a été
fondée en 1979; son siège est à Genève. Elle a
pour but la sauvegarde et la mise en valeur du
patrimoine industriel régional.
Outils et travail font partie de notre culture, c'est pourquoi notre association:
–
–
–
–
–
Sauvegarde et met en valeur les témoins de l'activité régionale.
Sauvegarde machines et documents de provenances et d'époques variées.
Elabore des archives (écrites, orales et audio-visuelles) de notre patrimoine.
Enrichit la mémoire industrielle de l'homme de demain.
Tradition et innovation: notre mémoire industrielle constitue la base
nécessaire aux développements futurs.
– L'homme et l'entreprise: l'ethnologie et les témoignages documentant
les conditions de travail de tous ceux qui ont fait l'industrie.
La conjoncture économique actuelle et les restructurations nécessaires à la compétitivité de l'économie, forcent les entreprises à reconsidérer leurs moyens de production. En reconsidérant les moyens de production, c'est le travail qui est remis
en question. Le chômage est donc la conséquence d'une situation économique qui
laisse l'homme sans activités et sans ressources. Notre projet ART et INDUSTRIE
s'articule autour de cette réflexion, au carrefour d'une perception économique et
sociale, d'une interrogation sur les moyens de production, de l'évolution du travail
et du patrimoine industriel comme véhicule culturel et formateur.
2
L'Association Lettres et Images:
Qui sommes-nous ?
L
'Association
Lettres et Images, fondée en 1998 à l’occasion
des manifestations «150 ans de l’Etat fédéral -150 ans de
patrimoine industriel», représente le projet permanent de
patrimoine industriel du Canton de Genève. Elle a pour mission la
conservation à Genève des pratiques et des techniques qui ont fait la
réputation de ce canton depuis 1478.
L’Association Lettres et Images réunit des personnes qui oeuvrent activement pour ses buts.
Elle est organisée en commissions techniques, qui développent à l’intérieur de leur groupe des secteurs d’activités autour de compétences pointues et spécifiques.
Ces groupes constitués sont représentés au sein du comité élargi.
L’Association Lettres et Images a pour vocation de promouvoir et de restaurer les techniques aujourd’hui délaissées, en les mettant au service de la création et de l’édition d’Art. Elle est active au
niveau genevois et régional, et contribue au rayonnement international de la tradition genevoise de
l’imprimerie, à travers Internet en particulier.
L’Association Lettres et Images dispose, pour atteindre ses buts, d’une collection de machines et
d’outils permettant les pratiques de divers procédés d’impression:
•techniques d’impression en relief, telles que la typographie au plomb, la xylographie
•techniques photographiques historiques, argentiques et numériques
•techniques d’impression à plat, telles que la lithographie, la phototypie et la zincographie
•techniques d’impression en creux, taille-douce et autres procédés issus de la
gravure (clicherie)
•techniques de mise en page typographique au plomb (mécanisée)
•Publication Assistée par Ordinateur (P.A.O.) et mise en page web.
Elle dispose d’ateliers qui favorisent l’usage de ces techniques à des fins de conservation des
savoir-faire, de création et de recherche.
3
Sept modules pour un parcours historique
Des grottes de Lascaux à Internet
A
fin de présenter notre parcours historique, nous proposons 7 modules qui
vont permettre au public de prendre
connaissance des étapes majeures de l'évolution de l'imprimerie.
La tenue du burin et sa position pendant le travail
Le premier module: traitera de la trace originale
depuis l'origine de l'humanité.
Le deuxième module: le papier, le multiple et la
xyloglyphie, pour enfin arriver à l'invention de
Gutenberg.
Le troisième module: Gutenberg et le plomb; les
aspects techniques et pratiques seront abordés dans
l'atelier.
Le quatrième module: de la lithographie à l'offset,
nous aborderons les techniques d'impression qui ont
remplacé la typographie au plomb.
Le cinquième module: de l'importance de la photographie pour les clichés typographiques et des applications futures à la lithographie et à l'offset.
Le sixième module: par les bouleversements de l'informatique, ces dernières années ont achevé de transformer radicalement le métier de typographe. Internet
est l'outil de demain. Aperçu.
Le septième module: traite de l'avenir de la typographie au plomb et des perspectives qu'elle offre au
La Sainte-Face de Claude Mellan (1598-1688). Burin
service de l'art et de la culture.
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Premier module:
La trace: des grottes de Lascaux à Internet
U
n petit pas pour moi, un grand pas
pour l'humanité: s'est exclamé Neil
Armstrong en 1969. Cette première
trace humaine sur la surface de la Lune nous
rappelle que ce geste quotidien et millénaire,
pratiqué par tout un chacun, participe au progrès de l'humanité.
La Lune: le premier livre interplanétaire.
re trouve de nombreux supports, tels que la tablette d'argile, le papyrus, l'os, le métal, le bois. Supports transportables, que l'on peut conserver et transmettre, l'humanité passe ainsi de la Préhistoire à l'Histoire. Par
le papier, le livre, les supports magnétiques et tous les
progrès fulgurants qui se développent sous nos yeux ces
dernières années, force est de constater que la conquête de la Lune restera ce symbole d'une humanité qui
se déplace et qui cherche à communiquer.
Renvoyé à sa propre image et à son
propre reflet, dans un mouvement
sans pareil, se dessine le
besoin de communication
planétaire.
Internet est un des
noms de notre village
planétaire.
De notre condition préhistorique à la modernité, les
étapes vers le progrès se sont faites pas à pas. Dans un
mouvement général et planétaire, avec le temps et les
générations, l'humanité s'est appuyée sur la mémoire des traces de ce progrès.
TINTIN par Hergé: "On a marché sur la Lune"
Ainsi, dans notre grotte, par nos mains et nos pieds,
nous avons pris conscience de nos traces dans la boue
et sur la terre. Traces d'un passage et de l'existence,
les grottes, nos abris deviennent le support de nos premières projections, de nos premières peintures.
Les grottes de Lascaux sont les témoins de ces
traces qui traversent les âges. Par le temps, nos dessins
se transforment en signes, langages et écritures.
Reflet de la diversité culturelle et géographique, l'écritu-
5
Deuxième module:
Du papyrus au papier, une histoire des supports
N
os plus anciennes images se trouvent gravées sur les murs de cavernes préhistoriques. Mais celles-ci n'étant pas mobiles,
on eut recours à l'écorce des arbres. Les civilisations
anciennes cherchèrent une matière qui, tout en
étant légère et durable, puisse recevoir, conserver
et transporter l'écriture.
Trace de main sur une grotte préhistorique
Les origines du papier
En Mésopotamie, quelques milliers d'années avant
Jésus-Christ, on trouva les tablettes d'argile. On gravait
les caractères au moyen d'un poinçon dans la tablette
humide, puis après l'avoir séchée au soleil, on durcissait
la tablette au feu. Les Egyptiens réussirent à préparer
une matière au moyen d'une plante de marais connue
sous le nom de papyrus. La moelle de la plante, de
l'épaisseur d'un doigt, était coupée en longues bandes
qu'on alignait les unes à côté des autres. Là-dessus, on
plaçait une seconde couche en croisant les fibres; on
pressait, on battait et on obtenait une couche d'une
égale épaisseur. Le liquide qui en sortait contenait de
l'amidon et servait d'agglutinant. La feuille ainsi obtenue
était solide; on pourrait assez bien la comparer à un
panneau de bois contre-plaqué. La nouvelle matière fut
baptisée papyrus du nom de la plante, de là vient également l’origine du mot papier. Jusqu'au début du
Moyen -Age, dans tout l'Empire romain, le papyrus livré
par les fabriques royales d'Egypte a été la matière la
plus importante employée pour écrire.
La composition du papyrus ne permettait pas d'en faire
des livres. C'est pourquoi, ils étaient conservés en rouleaux. Une autre matière, probablement plus ancienne
que le papyrus, est faite de peaux de jeunes moutons ou
de chèvres: le parchemin. C’est sur ce support que fut
écrite l’histoire des rois de Perse.
Tablette en argile, Babylone (détail)
6
Le papier, une bonne pâte
L
e papier était antérieurement au 15e
siècle, un article recherché que les marchands se procuraient en Italie. Dans les
villes et couvents du pays, on s'en servait pour
remplacer le parchemin partout ou l'emploi de
celui-ci aurait été trop coûteux.
Jamais une matière ne fut aussi répandue et aussi bon
marché que le papier.
C'est aux Chinois que l'on attribue l'invention de la
fabrication du papier. En l'an 105 avant Jésus-Christ, le
chef des arsenaux de l'empereur, Tsai Lun, réussit à
fabriquer une matière avec les rameaux à fibres dures
des mûriers, du chanvre, de vieux chiffons et des filets de
pêche.
Il faisait tremper son matériel pendant très longtemps
dans de l'eau claire, ensuite il le faisait cuire dans une
solution d'eau et de chaux. Les fibres battues et soumises à une pression se dissolvaient et formaient une
bouillie assez claire. Il y plongeait une natte de bambou;
la matière filamenteuse s'y attachait et l'eau s'écoulait.
Pour retenir la bouillie sur la natte, on disposait tout
autour des baguettes qui surélevaient les bords. En
secouant légèrement l'appareil, on facilitait l'écoulement
de l'eau et une feuille se formait. On détachait cette dernière pour la faire sécher et pour la repasser.
Il fallut dix siècles pour que la découverte de la fabrication du papier passe de la Chine dans les pays occidentaux. Les premiers moulins à papier apparurent au
sud de l'Espagne, alors occupée par les Arabes.
Au nord de l'Europe, l'industrie du papier apparaît au
15e siècle.
La découverte de l'imprimerie en 1440 donna un
essor considérable à la fabrication du papier.
7
La xyloglyphie: les origines de la lettre mobile
L
a xyloglyphie est une technique de gravure en
relief, à la fois très ancienne et très répandue. La
planche est ici une plaque de bois découpée
dans le tronc dans le sens des fibres, travaillée au
canif et à la gouge de manière à évider les parties qui
resteront blanches sur les épreuves. Le motif apparaît
donc en relief au-dessus de la surface de la planche et
s'imprime sur le papier après l'encrage. La xyloglyphie
dérive des impressions ornementales sur tissus (souvent
polychromes) pratiquées par les Arabes et les habitants
de l'Inde ancienne. Dans la Rome antique, les objets personnels étaient également marqués à l'aide de tampons
de bois, les tesserae signatoria. Mais c'est surtout à
l'Extrême-Orient que revient le mérite du développement de cette technique, notamment grâce à l'invention de la fabrication du papier à partir des résidus de production de la soie. Les plus anciens efforts
d'utilisation de clichés de bois gravés pour l'impression
ont pour origine la Corée (751 de notre ère). Ils ne tardèrent pas à être développés en Chine sous la dynastie
des T'ang (618-906 de notre ère). Les débuts de la xyloglyphie orientale archaïque devancent donc de sept
siècles l'apparition de cette technique en Europe. Dès
ce moment, il ne s'agissait pas uniquement de reproduire un motif, mais aussi toutes sortes de textes
d'accompagnement, taillés dans la planche même
(impressions tabellaires). L'assemblage de ces xyloglyphies individuelles en plaquettes donne naissance aux
premiers livres, dits livres-blocs.
En 1050, la fabrication laborieuse des livres-blocs fut
supplantée par la composition des textes à l'aide de
signes individuels taillés en bois, ce qui eut pour conséquence une progression spectaculaire de l'érudition sous
la dynastie Song (961-1279).
En Europe, son apparition se situe à la charnière du
14e et 15e siècle. Là aussi, son développement fut fortement influencé par l'introduction de la fabrication du
papier, dont les secrets furent rapportés d'Orient au
retour des Croisades.
La plus ancienne impression tabellaire européenne connue
Différents burins
8
Troisième module:
Gutenberg: une époque et son invention
Le plomb, une alchimie nouvelle
A ce stade, le désir d'affranchir l'un de l'autre le texte et
l'image ne tarda pas à se manifester. On commence par
tailler le texte entier dans une planche spéciale, que l'on
place à côté de l'image seulement au moment de l'impression.
Dans les années 1450 Johannes Gensfleisch (14001468), dit Gutenberg, a l'idée révolutionnaire de
composer une page entière à l'aide de caractères
mobiles (la plus ancienne impression de ce type date
de 1454, le premier ouvrage authentique de 1457).
La découverte du maître de Mayence est à la base de
toute l'imprimerie et donc la contribution européenne à
l'extension de la culture (une fois la technique perfectionnée par le coulage des caractères en métal, l'invention d'encres appropriées et la mise au point de presses
adaptées à cette nouvelle technique).
La presse de Gutenberg
La plus belle oeuvre attribuée à Gutenberg est sans
conteste la Bible latine en deux volumes, dite à
42 lignes, typographiquement anonyme, et imprimée
entre 1454 et 1456.
Cette époque où l'art de l'imprimerie n'avait guère quitté son berceau (d'où le terme d'incunable, employé
pour désigner les premiers livres: en latin, incunabula
signifie le berceau) se caractérise par une forte imitation
du manuscrit par le livre imprimé, tant du point de vue
des caractères que de celui de la conception de l'ouvrage.
Tandis que le dessin, la gravure et le tirage lui-même
étaient sous la responsabilité d'un artiste unique, le
développement des imprimeries poussa les tailleurs
d'images à se regrouper en de nouvelles corporations
spécialisées.
Un fondeur au travail
9
La composition manuelle
D
epuis le Livre des Sibylles, premier
ouvrage imprimé par Gutenberg en
1454, la technique de transcription
des textes utilisant des caractères mobiles en
métal s'est considérablement perfectionnée.
La composition des textes était principalement
une activité manuelle.
Détail du plan de casse
De l'original au multiple
Voici la description de la composition manuelle.
Caractères mobiles en alliage de plomb disposés dans
une boîte à compartiments appelée casse généralement
séparée en deux parties principales : la partie supérieure contenant les majuscules ou capitales, la partie inférieure les minuscules ou bas de casse.
Ces caractères sont alignés un par un, par un typographe dans un composteur, pour former des mots,
lesquels forment des lignes puis des pages. Cadence
horaire 1000/1500 signes environ suivant la grosseur du corps.
La justification, c'est--à-dire la mise à la dimension
des lignes, s'obtient en faisant varier la largeur des
espaces entre les mots et éventuellement en opérant la
coupure des mots en fin de ligne.
Après l'impression, ces caractères sont redistribués
(remis en place dans la casse).
Essentiellement manuelle à l'origine, elle a profité tout
naturellement des progrès de la mécanisation. Depuis un
peu plus d'un siècle, la transcription n'a comporté
qu'une seule opération manuelle: la composition. Sorte
de frappe à partir de laquelle les caractères se trouvent
automatiquement fondus. Ce principe est celui de la
composition chaude.
Un détail d'une planche de la Bible de Gutenberg
10
De la composition manuelle à la composition mécanique
M
onotype (composition chaude) inventée en 1892. C'est le premier mode
de composition qui s'effectue par l'intermédiaire d'une bande perforée de papier. Il
s'agit donc d'un système mécanique à clavier
séparé, comportant deux opérations distinctes
et successives:
LA MONOTYPE
a) le texte est enregistré, c'est-à-dire frappé manuellement sur un clavier qui ressemble un peu à celui d'une
machine à écrire. Par l'intermédiaire d'un système de
perforation pneumatique l'on obtient une bande de
papier perforée à 31 trous. Chaque signe ou lettre
correspond à une combinaison perforée;
La fondeuse
Monotype et
la matrice du M
b) la composition proprement dite s'obtient dans un
deuxième temps par l'assemblage mécanique des lettres
puis des lignes à partir de la bande perforée disposée
sur la fondeuse. A chaque perforation rencontrée, le
châssis porte-matrice présente en face du moule la matrice gravée en creux correspondante. Un piston envoi un
jet de plomb dans le moule, la lettre ainsi fondue est
éjectée sur un plateau approprié qui se déplace après
chaque ligne. Cadence horaire de la fondeuse : 10 000
signes (production maximum pour petits corps).
Pas de distribution: le plomb retourne à la fonte
après impression.
Un clavier Monotype
11
La Linotype
L
orsque Mergenthaler conçut l'idée première de remplacer le travail à la main par
une machine, son esprit entrevoyait déjà
la nécessité inéluctable de créer la composition
mécanique afin de satisfaire aux besoins
d'une époque déjà avide de rapidité.
Ottmar Mergenthaler
Ce mode de composition était le plus utilisé pour la
composition des journaux. Les caractères sont fondus
par lignes entières, dites lignes blocs. Le clavier
comportant 90 touches est solidaire de l'unité fondeuse. Donc ici, une seule opération. Le texte est frappé manuellement sur un clavier. L'action sur les touches
libère du magasin des matrices de cuivre, qui sont
alors assemblées pour former une ligne justifiée prête à
être clichée dans le moule. Cadence horaire de
8000 à 15 000 signes suivant la dextérité de l'opérateur. Les textes ainsi composés par ces divers procédés
mécaniques utilisant le plomb, sont maintenus par serrage et se présentent sous forme d'assemblages métaliques plus ou moins homogènes selon qu'ils sont constitués par la réunion de caractères indépendants
(procédé manuel ou Monotype) ou de lignes blocs
(Linotype, Intertype). Les lettres et signes apparaissent en
relief. Ces assemblages métaliques ainsi constitués sont
alors prêts à l'impression.
Le plomb est refondu après l’impression et retourne
dans le creuset.
La Linotype et une ligne bloc
Une matrice Linotype
12
La lettre: reflet de la pensée d'une époque.
Vers 1800, Giambattista Bodoni définissait l'écriture comme la plus belle, la plus ingénieuse et la plus profitable invention des hommes. Et il ajoutait: c'est au degré de ressemblance avec les plus beaux manuscrits qu'on mesure la perfection typographique.
L'histoire de l'imprimerie est celle des presses.
L'histoire de la composition typographique est celle des casses.
Au départ il n’y en avait qu'une parce que le prix d'une police de caractères était celui d'une maison. Et qu'on écrivait un livre entier dans une seule dimension, dans un seul caractère. Leur nombre augmentera. On pourra utiliser plus
de vingt dimensions d'un même caractère ou de plusieurs dans une même page. Les casses disparaîtront avec le
plomb, ses blancs et ses garnitures. Reste donc à enseigner ce que les compagnons étaient seuls à savoir.
Notamment: que les lettres et les signes ne sont qu'une moitié de la lisibilité. L'autre moitié ce sont les blancs : l'espacement, les interlignes et les marges.
Aussi donc en des temps et des lieux différents furent créés des caractères différents. Dessinés, gravés, et jetés en
moule; Cochin, Bodoni, Garamond, Baskerville et autres caractères sont bien aussi des hommes épris de l'architecture de la lettre.
Les lettres sont différentes pour différentes situations de lectures. Comme on les écrivait, les taillait, ou les peignait
jusque là! Aujourd'hui encore, on dessine des alphabets différents pour la lecture continue des livres, pour la
lecture discontinue des dictionnaires, des journaux et des petites
annonces.
Pourquoi faut-il tant d'alphabets différents? Réponse: ils expriment un
besoin de diversité et de changements qui est la vie même de l'écriture et de ses inscriptions.
Illustration de Jean-Marie Antenen
Chacun sait ce qui est lisible pour lui-même et ce qui ne l'est pas.
Ce qu'il faut lui enseigner, c'est que ce qui est lisible pour lui, ne l'est
pas forcément pour les autres. Il ne nous reste plus qu'à faire voir
qu'il y a des différences dans tout ce qui passe pour être acceptable
aujourd'hui, qui ne l'était pas hier et qui ne le sera plus demain. Il
est permis d'espérer que le plus récalcitrant saura qu'on a tout fait
pour le rendre autonome. Et que l'on n'a rien fait pour l'enfermer
dans un système, une idéologie, une orthodoxie ou une
technologie.
Et que la morale elle-même est avant tout une affaire de goûts.
13
L’histoire de l’imprimerie, une histoire des presses
Impression en relief
Une presse
à moulinet
Impression en creux
Une imprimante
HP laserjet 5000
L'impression en creux
Parler du texte et de l’image imprimée, nous force pour
en saisir l’évolution, de nous pencher sur l’histoire des
presses et des procédés. Avec Gutenberg et la xyloglyphie, nous avons abordé les impressions en relief.
Notre vision ne serait pas complète si nous n’avons pas
connaissance de deux autres modes d’impression qui
ont joué leurs rôles soit pour le texte ou pour l’image.
Impression à plat
La taille-douce et l’eau-forte sont des techniques
d’impression en creux. Le terme général de gravure sèche s’applique à l’ensemble des techniques qui
aboutissent à un dessin en taille-douce par un procédé
mécanique (action directe d’un instrument à graver).
Le dessin creusé dans la surface lisse de la plaque,
apparaît donc en dessous du niveau de la planche.
Les différentes techniques sèches telles que le burin,
la pointe sèche, la roulette, peuvent s’employer seules ou
en combinaisons. Elles s’associent également aux techniques de gravure à l’acide. L’eau-forte est appelée
technique humide, par opposition aux techniques
sèches qui ne sont pas traitées par l’acide.
Les techniques d’impression à plat font partie de
la troisième grande famille des techniques d’impression
qui ont marqué l’évolution de l’imprimerie. L’offset est
aujourd’hui le procédé le plus utilisé, ses principes techniques trouvent leur origine dans la lithographie.
Des pointes à graver
14
Quatrième module:
La lithographie et l'offset :
une révolution technique de la reproduction
A
l ois Senefelder (1771-1834) fut reconnu en 1799 comme auteur de l'invention de la lithographie. Il inventa le
principe de la presse à râteau, de même que
les accessoires et outils nécessaires à sa technique. C'est en cherchant le moyen de publier
des pièces de théâtre qu'il avait écrites, qu'il
découvrit, le hasard aidant, cette branche nouvelle.
Une pierre
lithographique
Produire plus et plus vite
Ce qui caractérise ces techniques, c'est le fait que les parties imprimantes se trouvent ici dans le plan de la
planche, c'est-à-dire, au même niveau que les éléments non imprimants. Cela est possible grâce à l'utilisation du
principe de la répulsion réciproque de l'eau et de la matière grasse.
La planche est ici le plus souvent une pierre lithographique (un carbonate de calcium à grain fin), mais on peut également utiliser une tôle de zinc ou d'aluminium. La pierre lithographique retient le gras du dessin effectué à l'aide
d'une craie ou d'une encre. Le dessin est fixé après avoir été traité par un mordant. Lorsqu'on tient ensuite la
pierre humide, elle refuse l'encre d'impression grasse aux endroits intacts, tandis qu'elle la retient aux
endroits dessinés.
L'impression originale est réalisée sur une presse lithographique ou sur une presse offset. L'épreuve obtenue par ces
méthodes a un caractère à la fois plat et mou, reposant légèrement à la surface du papier, sans apparaître en creux
comme cela se produit dans l'impression en tailledouce. Certaines épreuves lithographiques présentent une cuvette due à la compression du
papier par la pierre lithographique et rappellent
l'empreinte laissée par les bords d'une planche
taille-douce. Cette technique atteignit son heure de
gloire à la fin du 19e siècle et au début de ce
siècle. Ancêtre
de l'impression
offset,
elle
connut
un
développement rapide par des possibilités de
reports de dessins, ce qui permettait d'imprimer
sur une feuille plusieurs fois le même motif. Avec
l’évolution constante des procédés et des machines,
la lithographie a contribué à développer les principes aujourd’hui largement répandus de l’impression offset.
15
Cinquième module:
La photographie
et son apport à l'image typographique
D
epuis 1839, année de l’annonce de l’invention de la photographie par Jacques
Mandé Daguerre, la photographie n’a
cessé de se développer. L’image furtive et
inversée de la camera obscura, connue depuis
le Moyen Age, n’avait jusqu’à ce jour jamais
pu être saisie et retenue.
Une camera
obscura
avec les images de reproductions peintes ou gravées. Si
bien que les peintres, graveurs et illustrateurs qui
avaient rendu de si beaux services aux livres et aux
ouvrages, se virent très vite dépossédés de leurs talents.
En effet, les applications de la photographie au domaine de l’imprimerie ouvrirent les voies de l’illustration
photographique imprimée.
Par ces nouvelles techniques, la typographie et les techniques d’impression ont libéré l’image de l’interprétation
et de l’exécution des dessinateurs, illustrateurs et graveurs. A l’aide de trames qui forment un réseau noirblanc à densité variable, des plaques de métal sont
photosensibilisées et exposées à travers ce film
restituant par densité l’image photographique. Ces
plaques sont ensuite gravées à l’acide, les noirs préservés de l’attaque restituent par l‘impression en relief la
reproduction imprimée de la photographie. Ce
domaine de l’impression en relief se
nomme la clicherie.
Par cette première découverte et toutes celles qui ont
suivi, la photographie explora déjà dès son invention,
tous les modes d’expression qu’on lui connaît encore
aujourd’hui: le portrait, le paysage, les photos
aériennes, les reportages, etc. Par ce formidable moyen
de reproduction du monde réel, l’apparition de la photographie bouleversa largement le rapport du public
16
Sixième module:
La PAO ou la publication assistée par ordinateur
Tous les livres que l’on peut avoir à éditer visuellement sont faits de colonnes de textes. Les lignes sont alignées
ou non. A gauche ou à droite ou les deux. Elles sont longues ou courtes.
C’est une décision à prendre. L’ordinateur ne décide rien du tout. Il attend vos instructions. Il faut donc les
lui donner. Pas seulement pour la longueur des lignes, mais aussi pour l’espacement entre les mots. Il doit être proportionné à l’espace entre les lignes. Rien, ni personne, aucune règle ni machine ne dispense personne de bien
regarder, d’exercer son jugement et de donner des instructions après mûre réflexion. Cela peut prendre plus
ou moins de temps selon qu’il s’agit d’une étiquette ou d’une encyclopédie illustrée. Mais cela suppose toute une éducation. C’est-à-dire bien plus qu’un rattrapage, un recyclage, ou toute autre forme d’enseignement où les
alphabets sont traités comme des pièces de rechange d’une machine. De ces instructions dépendent la lisibilité et l’acceptabilité d’un texte qui a coûté à rédiger des années d’éducation et de réflexion. A moi-même, à vousmême, et à beaucoup d’autres. L’exécution assistée par ordinateur est devenue tellement facile qu’il ne s’agit plus
du tout de formation ou de conscience professionnelle, mais de bon sens et d’élégance morale. Or beaucoup
trop d’exécutions assistées par ordinateur sont des exécutions capitales.
Ces pièces détachées n’ont jamais contribué directement à l’écriture ni à ses inscriptions. En revanche, elles ont directement contribué à fragmenter l’exécution et son enseignement. C’est ce que Moxon dénonçait déjà en 1683 dans
ses "Mécaniques exercices":
Pour bien organiser leurs travaux typographiques, les chefs d’entreprise ont jugé utile de les
fragmenter en plusieurs corps de métiers dont aucun n’avait plus rien à voir avec la typographie,
pas plus que la charpenterie ou la maçonnerie n’ont à voir avec l’architecture.
De même l’informatique n’a rien à voir avec l’écriture, son architecture et ses inscriptions. La gravure, la fonderie et
l’imprimerie typographique sont intervenues pour en multiplier les exemplaires. L’électronique intervient pour les
transmettre à la vitesse de la lumière. Dans l’un et l’autre cas, en bouleversant toutes les écologies socio-professionnelles de l’écriture et de l’enseignement, l’erreur à ne pas perpétuer consisterait à enseigner la typographie
au plomb ou éléctronique comme si les alphabets étaient des pièces de rechange.
L’informatique met déjà à la portée des enfants dont les parents ont un PC, plus d’alphabets qu’un imprimeur n’avait
pu en acheter en une vie entière.
Il ne nous reste plus qu'à leur donner le mode d’emploi.
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Internet: son histoire
L'histoire d'Internet a commencé à la fin des années 60 avec un projet appelé ARPANET.
ARPANET était un projet de recherche mis sur pied en 1969 par l'« Advanced Research Project Agency » (ARPA), une
agence du ministère de la Défense américaine. Ce projet avait pour but d'assurer les communications à travers
le pays si un conflit nucléaire venait à éclater. (C'était le bon temps de la guerre froide !) Pour ce faire, il fallait créer
un réseau d'ordinateurs non-centralisé qui s'étendrait de villes en villes et de bases militaires en bases militaires. Ce
réseau ne devait pas posséder de noyau central, pour éviter d'être paralysé au cas où le noyau central serait détruit.
Chaque ordinateur faisant partie du réseau devait pouvoir communiquer avec tous les autres ordinateurs.
Le 21 novembre 1969, en Californie, l'armée américaine réalisa l'exploit de relier, à 500 kilomètres l'un de
l'autre, deux ordinateurs supportant chacun son propre réseau de terminaux. On venait de créer «Internetwork».
Ce sont des liens téléphoniques qui assuraient la liaison physique des ordinateurs. Avant la fin de l'année, quatre ordinateurs furent reliés à ce réseau à haute vitesse.
Durant les années 70 et au début des années 80, ARPANET prit de l'expansion avec l'ajout au réseau des ordinateurs de plusieurs laboratoires et centres de recherche universitaires.
La communication entre les ordinateurs du réseau se faisait au moyen d'une session Telnet. Pour établir le contact, il
fallait d'abord composer un numéro de téléphone. Une fois le contact établi, l'usager devait taper son numéro d'identification et son mot de passe. Il avait alors accès aux informations contenues dans l'autre ordinateur. Des fichiers et
des informations pouvaientégalement être transférés grâce au protocole de transfert de fichiers FTP (File Transfer
Protocole).
La création d'un protocole normalisé de communication était la seule façon de s'assurer que des ordinateurs de technologies et de manufacturiers différents puissent communiquer entre eux. Le besoin d'un protocole de communication
standard se fit sentir au fur et à mesure qu'ARPANET se sophistiquait et prenait de l'expansion.
Un tel protocole fut inventé en 1977 et fut appelé TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet
Protocol). Grâce au protocole TCP/IP, il devenait possible de se brancher à ARPANET à partir de n'importe quel
autre réseau. Au début des années 1980, l'arrivée de systèmes informatiques accessibles à un nombre sans cesse
croissant d'usagers permit l'émergence de protocoles de courrier électronique (UUCP) et de groupes de discussion
(USENET). Leur implantation facile dans le système d'exploitation Unix qui était à la mode à l'époque fit en sorte
qu'ARPANET fut pris d'assaut par des usagers qui voulaient de plus en plus de services et d'informations (et pas toujours des plus sérieuses). En 1983, TCP/IP devenait un standard utilisé par tous les intervenants de l'époque.
En 1985, le « National Science Foundation » (NSF) relia entre eux cinq superordinateurs desservant chacun plusieurs
chercheurs puis se joignit au réseau ARPANET. L'arrivée de ces nouveaux usagers eut un effet d'entraînement qui poussa un nombre toujours croissant d'institutions, aux États-Unis et à travers le monde, à brancher leurs ordinateurs sur
ce réseau de réseaux maintenant connu sous le nom d'Internet.
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Internet: à quoi ça sert?
Le Web Pourquoi y être ?
Le mot Web désigne la toile d'araignée et World Wide Web désigne donc la toile d'araignée
couvrant le monde entier. Les Web sont autant de points d'informations se recoupant par des
liens et garantissant à l'internaute des informations toujours mises à jour, il y a quelques dizaines de
millions de Web dans le monde à ce jour sans compter les Web personnels. Le web est un moyen
de communication moderne, nouveau et efficace qui vous permet de communiquer. Votre adresse
sur internet est devenue indispensable au même titre que votre téléphone ou votre fax.
Exemple : HTTP://www.Nom entreprise.ch
•d'être contacté : un client potentiel visitant votre site peut vous laisser ses coordonnées.
•de communiquer : en présentant votre activité, vos produits, votre compétence.
Exemple : documentations techniques, catalogue d'informations, fiches produits, etc...
La promotion du site:
Classique : Tous les supports papier de votre entreprise ( plaquette, papier à lettre, enveloppes, factures... ) ou publicité institutionnelle...
Annuaires mondiaux: Il existe des Web spécialisés dans la recherche d'information sur
l'Internet. Ces Webs sont couplés avec des bases de données textuelles alimentées en
permanence par des robots, avec des bases de données hiérarchiques regroupant les informations par thème. Ils permettent de retrouver n'importe quel type d'information, que ces informations soient stockées sur un Web, sur un serveur ftp ou dans les News. L'adresse de votre site est
insérée avec recherche par mots-clés. ( plusieurs mots-clés sont possibles )
Principaux sites:
Mondiaux : Infoseek, Lycos, Alta Vista, Webcrawler, Yahoo...
Français : Nomade, Ecila...
Le Langage HTML:
Le HTML ( HyperText Markup Language ) est un langage de description de pages codées normalisées, employées pour décrire la manière dont les pages WEB se présenteront à l'écran.
Ce langage est générique et multi-plateformes, la création des pages est soumise au standard du
langage qui permet une grande souplesse dans un cadre trés strict.
Seuls les browsers WEB comme par exemple Netscape Navigator permettent d'interpréter et de
décoder ce langage.
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@
Internet: les outils et les accès
Le courrier électronique
Le courrier électronique est un des outils les plus répandus sur Internet. Il permet d'acheminer
des notes courrier entre personnes éloignées. L'avantage du courrier électronique sur le téléphone ou le fax est qu'il permet de joindre un correspondant avec des informations écrites qui peuvent être recopiées dans un document en mode texte. Le logiciel le plus utilisé aujourd'hui pour
le courrier électronique est Eudora, de la société Qualcomm. La plupart des browser intègrent
aujourd’hui une messagerie. Chaque connecté à Internet possède une ou plusieurs adresses
de courrier Internet. Ces adresses sont de la forme [email protected]. Lorsque
vous interrogez votre boîte aux lettres électronique, vous rapatriez tous les courriers qui se
trouvent sur votre serveur de courrier. Lorsque vous expédiez un courrier à quelqu'un, ce courrier
sera envoyé dans la boîte aux lettres de votre destinataire, et y restera jusqu'à ce que celui-ci
lise son courrier.
Les fournisseurs d'accès
Les fournisseurs d'accès Internet (appelés providers) firent leur apparition dès les années 90. Les
communications sont payantes au tarif local. Connaissant le coût de vos communications
Internet, vous pouvez choisir un fournisseur Internet en prenant en considération les aspects suivants:
L'opérateur doit être localisé dans votre secteur de taxation.
Vous devez évaluer l'utilisation que vous ferez d'Internet et savoir si vous serez connecté 3
heures par mois, pour simplement lire votre courrier, ou si vous désirez naviguer sur le Web,
jouer ...
Vous devez regarder si votre fournisseur dispose de sa propre interface (qui est en général très
conviviale) ou s'il utilise les outils Internet les plus standards.
Regardez si le fournisseur propose une aide téléphonique, surtout si vous êtes totalement novice
dans le monde des télécommunications. Il faut savoir aussi que chacun des fournisseurs Internet
offre des services de bonne qualité après 4 à 6 mois de service et que les débuts sont toujours
balbutiants.
Les outils et les accès se développent chaque jour. Un nombre croissant de personnes sont
connectées à la toile.
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De la mise en page au plomb à Internet
Une page composée au plomb, et une page rédigée à l’écran pour le Web, n’ont que le support qui les différencie.
La lisibilité, la mise en page, les styles, les polices de caractères leur sont communs.
La tradition de la mise en page au plomb et la culture de la Lettre jouent, jour après jour, un
rôle de plus en plus important pour ceux qui construisent des pages pour le Web.
Les nouveaux venus à la typographie, l’art de la mise en page, découvrent la nécessité de chercher dans les racines d’une culture de la Lettre, les éléments et les règles qui ont régi cet art
depuis plus de 5 siècles.
L’Association Lettres et Images entend favorier le maintien des savoir-faire et leur diffusion auprès
de ces typographes de l’ère numérique.
Elle assure à travers son site www.letterpress.ch une base de connaissances de cette tradition.
L’Association Lettres et Images repose sur des moyens de promotion et d’action résolument orientés vers les procédés contemporains de conception et de communication.
Une coordination télé-informatique (développée et gérée au travers du réseau Internet) permettra
d’offrir aux techniques sises en son Conservatoire un champ d’activités où elles pourront à nouveau s’exprimer.
Tous les secteurs de la chaîne des arts graphiques œuvrant dans le domaine particulier de l’édition d’art - de la conception à la production - sont concernés par l’activité de l’Association Lettres
et Images. Par ce biais, le rapprochement des derniers praticiens de l’imprimerie d’art encore
actifs à l’échelle internationale instituera les bases dynamiques d’un «Conservatoire des
conservatoires».
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Septième module:
La typographie d'art ou le livre-objet
E
n l'île de Lesbos, chassant dans un bois
consacré aux Nymphes, je vis la plus belle
chose que j'aie vue en ma vie, une image
peinte, une histoire d'amour. Le parc, de soimême, était beau; fleurs n'y manquaient,
arbres épais, fraîche fontaine qui nourrissait
et les arbres et les fleurs...
La typographie est un art, qu’elle soit
au plomb ou à l’ordinateur, mais dans
les rapports des réglages entre les
noirs et les blancs, de la connaissance de la langue, de la grammaire, du vocabulaire, de la syntaxe,
notre culture de la lettre disparaît
dans notre règne du temps et de la
quantité. Aussi nous parlerons ici de
typographie d’art, qualificatif qui
entend bien affirmer que la typographie est un art, mais qu’elle se voue à
des ouvrages où l’artiste, le
créateur, l’architecte du livre est
au centre de la conception de l’ouvrage. Avec la volonté de confronter
le texte et l’image dans un même
élan, nous chercherons par les
moyens d’impression en relief, en
creux et à plat, à donner la profondeur de l’objet au livre. En privilégiant les sens qui nous sont donnés, le
livre que l’on prend le temps de
regarder et dont on s’imprègne, est
aussi une respiration du lecteur qui
répond à l’expiration de son créateur.
Expiration et respiration par le
livre sont les moyens de préserver la
Culture de la Lettre.
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Entre les mains des artistes pour les générations futures
D
ans son mouvement perpétuel, la roue
de la vie engendre les cycles et les rotations des êtres vivants et des planètes.
Avec le temps comme leitmotiv et nos yeux,
nos oreilles, notre toucher, notre goût et les
senteurs pour saisir la vie au vol.
Jean Tinguely à Paris (1960)
Les avancées technologiques de l'imprimerie ces
dernières trente années ont sérieusement transformé
les pratiques professionnelles. De la composition au
plomb, il ne reste aujourd'hui que quelques rares
imprimeries qui ont conservé quelques casses leur
permettant de réaliser de petits travaux de ville. Depuis
plus de dix ans nous avons, avec l'aide de passionnés, conservé une chaîne complète de typographie
au plomb.
Cet outil complet est un des rares ensembles visible en
Suisse et en Europe. L'intérêt que suscitent ces machines
est proportionnel à la disparition de ces techniques et
savoir-faire. En conservant machines et savoir-faire, nous
avons aussi poursuivi la réflexion sur le sens à donner à cette conservation. En effet, la typographie au
plomb, comme la lithographie et la taille-douce, restent
des techniques d'impression au service de l'expression. Sorties du cycle industriel et productif, il est remarquable de constater que les artistes restent attachés à
ces techniques en voie de disparition. Cet intérêt pour
la typographie mérite d'être soutenu, et c'est notre rôle
que de mettre à disposition des artistes ces outils. La facture propre à la typographie, associée à l'image gravée
par l'artiste, permet de réaliser des ouvrages qui allient
texte et image. Ainsi est ouverte la voie vers laquelle
tendent nos efforts: produire des imprimés originaux
et limités par l'édition, où les préoccupations d'aujourd'hui sont traduites par des techniques du passé.
Détail d'un linoléum gravé par Thierry Leclerc
et imprimé à l’API sur les presses de l'Association Lettres et Images
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Un public à sensibiliser,
des savoir-faire à conserver
C'est en 1478 que furent imprimés les premiers livres à Genève, soit environ 25 ans après l'invention de Gutenberg.
Cela fait donc plus de 500 ans que l'on imprime dans ce canton. Que reste-t-il de cette tradition et de ce savoir-faire
?. Quelques rares ateliers d'imprimeurs possèdent encore quelques casses de plomb. Mais à l'heure de l'informatique
de la PAO et d’Internet, comment nos enfants peuvent-ils évaluer cette évolution alors qu'aujourd'hui tout est dans la
machine, qu’il suffit d’appuyer sur bouton ou de ballader une souris ?
Intimement persuadés que la sauvegarde de ce dernier patrimoine de la culture typographique
au plomb a un sens et une valeur, nous souhaitons sensibiliser les nouvelles générations issues
du web à la beauté de la Lettres et à l’art de la mise en page.
Nous ne faisons pas de différence entre une page web et une composition au plomb, elles exigent toutes deux un grand souci du détail et de la lisibilité.
Par des visites de nos ateliers et des cours du soir, nous espérons offrir à la population genevoise la possibilité de voir
et de pratiquer la typographie et les techniques d'impression ainsi que les plus récentes techniques de mise en page
en ligne.
@
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Ce document a été réalisé par Andréas Schweizer sur les machines de
Macao, dans le cadre d'un cours de formation sur X-press.
Composé en Futura, cette lettre de notre siècle marqua par son invention une ère typographique nouvelle. Proche du Bauhaus, la liberté
d'expression qui lui était rattachée et son succès, furent durant
l'Allemagne nazie de nature à effrayer le Führer.
Aujourd'hui elle paraît commune, mais le nom qu'elle porte nous laisse
espérer que la typographie au plomb aura encore de beaux jours
devant elle.
L'auteur ne se fait pas d'illusions sur la perfection de son document.
Il appelle tous les lecteurs et typographes avertis à réagir
et à lui communiquer les faiblesses qu'ils pourraient
rencontrer
sur le chemin de la lecture.
Association Lettres et Images
25 rue du Vuache 1201 Genève
Téléphone: (022) 340.44.10
e-mail: [email protected]
www.letterpress.ch
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