Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 10 479
Les courants d'addition semblant répondre le
mieux à nos besoins, nous les avons confiés à
un système micro-informatique, du type
E.P.R.O.M. (electrical programly read only
memory). Ce moyen nous assure la parfaite
gestion souhaitée et permet à la stimulation de
reproduire les caractéristiques de la décharge
phrénique, bien connue chez l'homme normal
(Schweitzer, 1979), (fig. 1), à savoir :
1) un accroissement progressif du voltage de
stimulation (ou de l'activité nerveuse) tout au
long du temps inspiratoire.
2) un recrutement temporel (augmentation pro-
gressive de la fréquence de décharge) qui
n'apparaît que dans la deuxième moitié de
l'inspiration (fig. 1)..
Pour essayer de reproduire cette décharge La stimulation abdominalce croît puis décroît
nerveuse, nous avons graduellement accru la progressivement. Sa durée varie, biell entendu,
fréquence de battement, d'abord brutalement de suivant le cycle ventilatoire choisi. Nous dispo-
1 à 20 Hz au cours de la première moitié de' sons actuellement dôprogrammes de stimulation
la période de stimulation, puis exponentielle- ventilatoire - échelonnés entre 6 et 30 cycles
ment entre 20 et 120 Hz. L'intensité du courant respiratoires par minute. Ils sont constitués par
s'élève rapidement au cours de la première une inspiration active, une expiration active et
augmentation de la fréquence, puis croît d'une une pause. Il nous est également possible de faire
manière plus progressive jusqu'à 100 Hz, pour varier le- rythme ventilatoire au cours de la
s'accélérer à nouveau entre 100 et 120 Hz. stimulation et par exemple, de s'adapter à une
L'intensité du courant dépend bien sûr de fréquence spontanée à 28/cycles/minute puis,
l'impédance biologique. Nous l'avons, chez progressivement, de la porter à une cadence
l'homme mesurée entre 80 et 100milliampères. moindre, de 20 cycles.
améliorations a permis de bons résultats quant
à l'efficacité de la dynamique diaphragmatique,
et surtout la qualité de la contraction de ce
muscle. Nous avons filmé, sous amplificateur de
brillance cette dynamique, elle semble être tout
à fait satisfaisante du point de vue physiologique.
Le seul obstacle, majeur, demeure la maîtrise
des cycles ventilatoires, c'est-à-dire des phases
inspiratoires et expiratoires. Bien que ces cou-
rants soient asservis par des horloges à quartz,
les paramètres électriques prennent parfois du
retard sur les systèmes de commande. Ce défaut
associé à la maîtrise insuffisante des courbes -
enveloppe du courant, nous a contraint à confier
la totalité de la gestion à un système micro-
informatique.
LES COURANTS MICRO-ORDONNÉS
La moyenne fréquence porteuse, nous l'avons
vu, est adaptable en cours de stimulation entre
1000 et 10000 Hz. C'est aux environs de
2 500 Hz que nous avons obtenus les meilleurs
résultats. Lorsque la contraction diaphragmati-
que maximale efficace est obtenue, la fréquence
et l'amplitude du courant décroissent progressi-
vement, c'est alors que débute la stimulation de
la musculature abdominale.
Les muscles abdominaux intéressés sont les
obliques et lestransverses de l'abdomen. Il existe
bien entendu une légère stimulation des muscles
grands droits de l'abdomen, par diffusion du
courant, mais cette action n'est pas spécifique-
ment recherchée, car on le sait; elle n'est pas
la plus efficace.
La stimulation abdominale est assurée par un
second générateur fonctionnant en asynchro-
nisme d'action avec le précédent, l'ensemble
étant toujours géré par l'informatique. Ce
courant de stimulation abdominale ne présente
pas les mêmes caractéristiques électriques que
celui utilisé pour le diaphragme. Il s'agit d'un
courant constitué d'impulsions d'amplitudes
différentes suivant leur durée. Ces durées sont
en relation avec la chronaxie des trois fibres
musculaires striées décrites par Bourgui-
gnon (2).
La proportion des impulsions et leur durée
est calculée suivant les potentiels d'activité
propres aux fibres rapides, lentes et intermé-
diaires du muscle strié confinhés par Fulton (4).
Ce sont des courants isochronaxiques micro-
ordonnés (fig. 2). La fréquence retenue est de
672 Hz, compte tenu de la durée de chacune
des impulsions et de la période qui les sépare.