
Si la radiographie de thorax montre seulement un foyer de pneumopathie sans signes de
complications, la prise en charge se fait alors en ambulatoire.
Le traitement consiste en une antibiothérapie probabiliste qui doit être active sur les germes les plus
fréquemment retrouvés: Streptococcus pneumoniae, associés à Staphylococcus aureus,
Haemophilus influenzae et streptocoques du groupe A si la PAC survient au décours d'une grippe.
Chez un sujet sain, sans comorbidités ni signes de gravité, l'antibiotique à privilégier est
l'amoxicilline par voie orale (1g, 3 fois par jour) pendant environ 10 jours, actif sur le
pneumocoque. L'efficacité de antibiothérapie doit être évaluée à 48-72h de traitement.
Selon ces mêmes recommandations, un bilan sanguin et microbiologique (ECBC, antigénuries
légionnelle et pneumocoque) est nécessaire seulement s'il existe initialement des signes de gravité,
des comorbidités, ou une non amélioration à 48h d'antibiothérapie probabiliste.
Dans le cas de ma patiente, après la réalisation de la radiographie thoracique, toutes les
conditions étaient réunies pour une prise en charge ambulatoire, sans nécessité de compléter le bilan
complémentaire. Et pourtant si mon sénior ne m'avait pas demandé de prescrire un bilan sanguin,
nous serions passés à côté du diagnostic précoce d'une infection par le VIH.
Comment est ce que je réagirai devant le prochain patient qui aura une pneumopathie aiguë
communautaire ne nécessitant pas de bilan autre que la radiographie de thorax selon les
recommandations ? Je n'en sais rien, le cas ne s'est pour l'instant pas présenté. Mais je pense que
l'histoire ce cette patiente me fera plus hésiter quant à la prescription ou non d'un bilan biologique.
2. INDICATIONS ET MODALITES DU DEPISTAGE DE L'INFECTION PAR LE VIH
La pneumopathie aiguë communautaire de Mme M. n'était pas en elle même une indication
à la prescription d'une sérologie VIH. C'est devant les anomalies du bilan biologique
(hyperprotidémie, anomalie de la NFS) que la sérologie s'est imposée.
Si le diagnostic d'infection par le VIH n'avait pas été réalisé aux urgences, Mme M. aurait fait partie
des 50 000 personnes en moyenne infectées par le VIH mais ignorant leur séropositivité (année
2008). Cette prévalence de l'infection par le VIH non diagnostiquée est lié à un retard de dépistage
dont certains facteurs ont été mis en évidence (âge ≥ 30 ans, mode de transmission autre que par
rapports homosexuels, femmes migrantes, sexe masculin, le fait d’être en couple et le fait d’avoir
des enfants).
Mais est ce que les anomalies observées sur le bilan biologique de Mme M. étaient une bonne
indication à réaliser une sérologie VIH ?
Selon les récentes conférences de consensus, le dépistage du VIH doit être systématiquement
proposé dans les cas suivants et réalisé après accord du patient :
–un test de dépistage à toutes les personnes de 15 à 70 ans hors notion d'exposition à un
risque, avec pour principaux acteurs du dépistage les médecins généralistes (en cours
d'évaluation)
–personnes ayant des facteurs de risques connus: homosexuels masculins, usagers de drogues
par voie intraveineuse, travailleurs du sexe, personnes originaires d'une zone à forte endémie
(Afrique sub-saharienne, Guyane), avec dépistage annuel
–lors d'une suspicion d'infection sexuellement transmissible/HBV/HCV, d'un risque