Claude Bismut
La France et la RFA avant et après le premier choc pétrolier
In: Economie et statistique, N°148, Octobre 1982. Les PME face aux grandes entreprises / France et RFA dans la
crise. pp. 57-74.
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Bismut Claude. La France et la RFA avant et après le premier choc pétrolier. In: Economie et statistique, N°148, Octobre 1982.
Les PME face aux grandes entreprises / France et RFA dans la crise. pp. 57-74.
doi : 10.3406/estat.1982.4676
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1982_num_148_1_4676
Résumé
Après avoir comparé les évolutions des principaux agrégats macroéconomiques en France et en
Allemagne fédérale depuis vingt ans, l'article étudie de façon approfondie les couples inflation-
chômage, chômage-solde extérieur, inflation-solde extérieur dans les deux pays, avant et après 1973.
Les différences que l'on constate sont-elles dues à des structures économiques dissemblables, ou à
des choix de long terme, ou même à des conséquences de politiques conjoncturelles spécifiques? Les
structures économiques n'avantagent pas systématiquement un pays au détriment de l'autre; les choix
en matière d'emploi et de spécialisation internationale sont très différents; quant aux politiques
conjoncturelles, elles ont été opposées sur la période 1975-1979, et leurs conséquences ne peuvent
être négligées. Au total, on peut opposer une économie française où, à moyen terme, les grands
arbitrages ne s'effectuent pas au même niveau et où, à court terme, les rigidités atténuent les
fluctuations et les sanctions immédiates des contraintes et des politiques, à une économie allemande
plus instable à court terme mais qui, à moyen terme et en mettant à part la rupture de 1974, ne semble
pas dériver vers le « biais stagflationniste » que l'on connaît de ce côté-ci du Rhin.
Abstract
France and West Germany before and after the First Oil Crisis - After a comparison of the trends of the
main macro-economic aggregates in France and in Federal Germany over the last twenty years, this
article gives an in-depth analysis of the pairs inflation- unemployment, unemployment-foreign trade
balance, and inflation-domestic trade balance in the two countries, before and after 1973. Are the
differences which emerge due to dissimilar economic structures, to different long-term choices, or even
to specific policies adopted in reaction to the immediate economic situation? The respective economic
structures of the two countries are not systematically more favorable for either one or the other; their
choices in the area of employment and international specialization are very different; as for immediate
economic policies, they were radically different during the 1975-1979 period, and their consequences
cannot be neglected. Overall, within the French economy, in the middle term, major economic
equilibriums tend to vary, although, in the short term, a certain rigidity attenuates fluctuations and the
immediate impact of the various constraints and policies. This can 'be contrasted with the German
economy which is more unstable in the short term, but which, in the middle term — excepting the crisis
of 1974 does not seem to have fallen into the « stagflationary trend » prevalent on this side of the
Rhine.
Resumen
Francia y la Republica federal Alemana antes y despues del primer choque Petrolero - Tras equiparar
las evoluciones de Ios principales agregados macroeconómicos en Francia y en Alemania federal, de
veinte a nos acá, el articulo estudia de manera profundizada las parejas inflación-desempleo,
desempleo-balanza exterior, inflación-balanza exterior en ambos países, antes y despues de 1973. Las
desemejanzas que se pueden comprobarison consecuencia de las estructuras económicas desiguales
o de escogimientos de largo plazo, o incluso de consecuencias politicas coyunturales específicas? Las
estructuras económicas no aventajan de manera sistemática a un país en perjuicio de otro, los
escogimientos en materia de empleo y de especialización internacional son muy distintos; en cuanto a
políticas coyunturales, fueron cotejadas para el periodo de 1975-1979, y no hay que despreciar sus
consecuencias. En total, es factible oponer una economia francesa en la que, a medio plazo, los
grandes arbitramientos no se realizan a igual nivel y en la que, a corto plazo, las rigideces aminoran las
fluctuaciones y las sanciones inmediatas de las obligaciones y politicas, a una economia alemana más
inestable a corto plazo y poniendo de lado la ruptura del año 1974, no deriva, al parecer, hacia el « bies
estanflacionista » que se va experimentando en esta ribera del Rhin.
INTERNATIONAL
La
France
et
la
RFA
avant
et
après
le
premier
choc
pétrolier
par
Claude
Bismut
A
travers
l'examen
des
trois
couples
(ou
dilemmes,
ou
arbitrages)
inflation-
chômage,
chômage-solde
extérieur,
solde
extérieur-inflation,
les
économies
française
et
a
llemande
présentent
deux
profils
bien
distincts.
Faut
-il
invoquer
des
différences
de
structures,
de
mécanismes
économiques
?
Doit-on,
pour
expliquer
ces
dissemblances,
faire
intervenir
des
choix
de
long
terme,
des
comporte
ments
propres
à
chaque
économie
?
Quelle
part
attribuer,
enfin,
à
la
politique
conjoncturelle
?
Plus
rigide
à
court
terme,
l'économie
française
est
à
moyen
terme
sujette
à
une
dérive
«
stagflationniste
».
A
l'inverse,
l'économie
allemande,
sensible
à
court
terme,
semble
conserver
sa
capacité
à
restaurer
un
équilibre
de
moyen
terme
en
dépit
de
la
rupture
provoquée
par
le
choc
pétrolier.
Cet
écart
reflète
en
partie
l'écart
de
taille
des
populations;
cependant,
même
en
PIB
par
habitant,
la
République
fédérale
d'Allemagne
garde
un
léger
avantage
sur
la
France
:
avec
quelque
13
310
dollars
annuels
par
tête
en
1980,
elle
vient
se
placer
parmi
les
toutes
premières
nations,
seulement
dépassée
au
sein
des
principaux
pays
de
l'OCDE
par
la
Suisse
(15
920
dollars),
la
Suède
(14
760
dollars)
et
la
Norvège
(14
020
dollars).
Elle
devance
la
France
(12140
dollars)
et
les
États-Unis
(11360
dollars).
Mais
l'écart
entre
la
France
et
l'Allemagne
fédérale
tend
à
dimi
nuer,
la
croissance
du
PIB
français
excédant
la
croissance
du
PIB
allemand
de
0,7
%
en
moyenne,
sur
les
20
dernières
années,
pour
des
populations
qui
augmentent
faiblement.
Si
l'on
considère
le
degré
et
le
type
de
développement,
on
n'observe
pas
de
différence
significative.
Les
normes
de
consommation
et
les
garanties
sociales
de
bien-être
min
imum
données
au
citoyen
sont
de
même
ordre.
Les
indica
teurs
de
niveau
de
vie
concordent
assez
strictement.
La
consommation
annuelle
par
habitant
en
1980
est
de
7
690
dollars
pour
la
France
et
de
7
340
dollars
pour
l'Allemagne
A
bien
des
égards,
les
économies
française
et
allemande
sont
comparables.
Elles
sont
de
taille
semblable.
En
1980,
la
population
totale
de
la
France
était
de
53,7
millions
d'individus
contre
61,6
millions
pour
l'Allemagne
fédérale.
La
population
employée
était
de
21,1
millions
en
France
contre
25,2
millions
en
Allemagne
fédérale.
Mesuré
en
dol
lars
au
taux
de
change
courant,
le
produit
intérieur
brut
(PIB)
français
est
moins
élevé
que
le
PIB
allemand
:
651,9
milliards
de
dollars
contre
819,1
milliards
en
1980.
*
Claude
Bismut
fait
partie
du
Centre
d'économie
quantitative
et
comparative
(CEQC),
à
VÉcole
des
hautes
études
en
sciences
sociales.
Cet
article
a
été
réalisé
au
CEQC
dans
le
cadre
de
la
convention
d'étude
29/80
passée
avec
le
commissariat
général
du
Plan.
Les
nombres
entre
crochets,
[
],
renvoient
à
la
bibliographie
en
fin
d'article.
57
Pour
une
meilleure
connaissance
du
système
productif
français
LA
CRISE
DU
SYSTEME
PRODUCTIF
Le
bilan
détaillé
d'une
période
récente
(1973-
1979)
marquée
par
le
«
premier
choc
pétrolier»
resitué
dans
le
contexte
des
trente
dernières
années.
Ce
présent
ouvrage
accorde
une
place
importante
aux
comparaisons
internationales
entre
6
pays
(France,
Royaume-Uni,
Italie,
Japon,
États-Unis,
RFA).
Il
fait
aussi
l'analyse
sur
une
période
plus
longue
du
fonctionnement
du
système
productif.
Les
points
suivants
sont
abordés
:
révolution
de
l'offre
et
de
la
demande
des
biens
et
services,
en
particulier
des
échanges
exté
rieurs,
les
problèmes
liés
à
l'emploi,
les
prix,
les
structures
de
financement
et
la
rentabilité.
Ainsi
sont
dégagés
les
éléments
essentiels
de
la
dynamique
sectorielle
qui
a
été
à
l'œuvre
en
France,
mais
sans
doute
également
dans
les
pays
capitalistes
développés,
au
cours
des
trente
der
nières
années.
Un
éclairage
nouveau
est
jeté
sur
la
crise
qui
les
a
frappés
depuis
les
années
70.
«
La
Crise
du
Système
Productif
»
:
un
document
d'actualité
indispensable
pour
tous
ceux
qui
s'a
ttachent
à
l'analyse
des
forces
et
des
faiblesses
du
système
productif
français.
Le
volume
format
21
x
29,7
cm,
364
pages,
60
F.
INFORMATIONS,
VENTES
:
P
372
Dans
les
Observatoires
Économiques
régionaux
de
l'IN-
SEE
(adresses
en
fin
de
publication)
et
chez
les
libraires
spécialisés.
Institut
National
de
la
Statistique
et
des
Etudes
Economiques
fédérale.
Pour
1
000
habitants,
il
y
avait
en
1978,
327
voi
tures
de
tourisme
en
France,
346
en
Allemagne
;
415
postes
de
téléphone
en
France,
434
en
Allemagne;
372
postes
de
télévision
en
France,
308
en
Allemagne.
Certes,
des
écarts
apparaissent
si
l'on
considère
des
carac
téristiques
par
nature
très
différenciées,
telles
que
la
struc
ture
des
échanges
extérieurs.
L'économie
allemande
est,
il
est
vrai,
plus
ouverte
que
l'économie
française.
Les
importat
ions
françaises
s'élevaient
en
1980
à
20,8
%
du
PIB
contre
22,3
%
en
République
fédérale
d'Allemagne,
et
les
exporta
tions
à
17,2
%
contre
23,3
%.
Mais
on
relativise
l'importance
de
ces
écarts
quand
on
compare
ces
ratios
à
ceux
que
l'on
obtient
pour
les
États-Unis
et
le
Japon.
En
effet,
toujours
pour
la
même
année,
le
Japon
exportait
12,5
%
seulement
de
son
PIB,
et
le
montant
des
importations
rapporté
au
PIB
était
de
13,6
%.
Les
États-Unis,
quant
à
eux,
n'export
aient
que
8,6
%
et
importaient
pour
un
montant
égal
à
9,4
%
de
leur
PIB.
Pourtant,
malgré
ces
similarités,
les
économies
française
et
allemande
réalisent
des
performances
très
différentes
sur
les
principaux
objectifs
de
la
politique
économique.
Même
si
les
Allemands
perdent
petit
à
petit
une
avance
acquise
dans
les
conditions
exceptionnelles
de
la
reconstruction,
même
si
la
situation
de
l'emploi,
point
fort
de
l'économie
allemande
par
le
passé,
tend
à
se
détériorer
gravement,
les
scores
de
l'économie
allemande
sur
le
plan
de
l'inflation
et
de
la
balance
des
paiements
attestent
de
l'originalité
d'une
gestion
qui
continue
à
remporter
des
succès.
A
l'in
verse,
depuis
près
de
deux
décennies,
les
responsables
de
la
politique
économique
en
France
semblent
avoir
les
plus
grandes
difficultés
à
corriger
la
dérive
stagflationniste
qui
affecte
l'économie
française.
Le
mot
«
miracle
»
souvent
utilisé
au
sujet
de
l'économie
allemande
[12]
paraît
excessif,
le
terme
de
«
modèle
»
[19]
semble
mieux
convenir.
La
réussite
allemande
n'est
pas
inexplicable.
Loin
d'avoir
son
origine
dans
quelques
talents
particuliers
dont
les
travailleurs
d'outre-Rhin
auraient
été
dotés,
mais
qui
feraient
défaut
aux
travailleurs
français,
elle
sanctionne
la
justesse
de
«
choix
stratégiques
de
long
terme
»
[18].
Ces
choix,
touchant
au
type
de
croissance,
à
la
régulation
interne,
à
la
monnaie
et
à
la
spécialisation
internationale,
se
sont
avérés
très
judicieux
dans
la
période
qui
va
de
la
fin
de
la
reconstruction
au
premier
choc
pétrol
ier.
Restent-ils
encore
aujourd'hui
les
meilleurs
atouts
de
l'Allemagne
fédérale?
Quant
à
la
France,
conserve-t-elle
quelques
avantages
ou
cumule-t-elle
des
handicaps
avec
«
l'extinction
progressive
des
moteurs
de
la
croissance
»
[25]
?
Le
système
statistique
n'a
pas
encore
engrangé
suffisam
ment
d'informations
sur
le
second
choc
pétrolier
et
ses
conséquences,
mais
on
a
aujourd'hui
suffisamment
de
recul
sur
le
premier
pour
comprendre
les
effets
d'une
telle
pertur
bation
et
anticiper
sur
ce
qui
risque
de
se
passer.
Pour
saisir
les
grandes
évolutions,
on
a
sélectionné
quatre
variables
qui
résument
les
inflexions
macroéconomiques
:
le
taux
de
croissance
du
PIB
(France)
ou
du
PNB
(All
emagne
fédérale),
le
taux
de
croissance
des
prix
à
la
consomm
ation,
le
taux
de
chômage,
le
rapport
du
solde
de
la
ba
lance
courante
au
PIB
en
valeur
(graphique
I).
Pour
carac-
58
Graphique
I
Évolution
des
principales
grandeurs
macroéconomiques
Taux
de
croissance
du
PIB
(France)
PNB
(RFA)
Taux
de
croissance
des
prix
à
la
consommation
Solde
de
ia
balance
courante/
PIB
République
Fédérale
d'Allemagne
-
France
*
En
dépit
de
la
petite
différence
de
la
définition
entre
le
PIB
et
le
PNB
c'est
sans
doute
le
premier
graphique
{en
haut
et
à
gauche)
qui
présente
les
courbes
les
plus
comparables.
1.
Définition
du
Bureau
international
du
travail.
Données
harmonisées
par
l'OCDE.
INTERNATIONAL
59
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