2) La demande de monnaie et la théorie de la préférence pour la liquidité
L'offre de monnaie est exogène (elle est déterminée par la Banque Centrale). Qu'en est-il de la
demande ? Il s'agit de se demander pourquoi les agents économiques, et les ménages en particulier,
décident-ils de détenir leur richesse, leur épargne, sous forme monétaire ? L'avantage de la monnaie
par rapport aux autres formes de patrimoine (actifs réels ou actifs financiers) c'est qu'elle est liquide,
c'est à dire qu'elle peut être transformée rapidement et sans perte de capital en monnaie. La monnaie
c'est le bien liquide par excellence. Par conséquent, celui qui détient de la monnaie peut dépenser
cet argent dès qu'il le veut. C'est la raison pour laquelle on parle de préférence pour la liquidité.
Pourquoi préfère-t-on la liquidité ?
a) Le motif de transaction : on détient de la monnaie pour financer les transactions que l'on
projette de faire dans les jours ou les semaines qui viennent. En pratique, le rythme auquel
on reçoit et celui auquel on dépense nos ressources ne sont pas les mêmes, il va falloir
détenir une encaisse de transaction. Plus les revenus sont importants plus les encaisses de
transaction sont élevées.
b) Le motif de précaution : nous sommes soumis aux aléas de la vie, qu'ils soit favorables
(gagner au loto) ou défavorables (tomber malade, avoir un accident), et la détention de
monnaie nous permet de palier les risques de la vie et les aléas imprévus. Keynes dit sur ce
point que « la détention de monnaie apaise notre inquiétude ». Cette encaisse de précaution
est positivement coréllées au niveau de revenu : plus le revenu est élevé, plus on détient une
encaisse de précaution élevée.
c) Le motif de spéculation : c'est ici quelque chose de beaucoup plus innovant chez Keynes, et
c'est en même temps fondamental. Il y a là aussi incertitude, mais l'incertitude dont il est
question et qui justifie une encaisse de spéculation est l'incertitude qui frappe les cours
boursiers. Pour Keynes, les agents détiennent une partie de leur épargne sous forme liquide
pour profiter, le cas échéant, d'opportunités boursières et réaliser des plus values en
spéculant.
Speculare en latin c'est prévoir, anticiper. Spéculer c'est tirer profit des anticipations que l'on
formule pour gagner de l'argent. Les spéculateurs sont donc des « risquophiles », ils aiment
le risque.
Pour Keynes, les actifs financiers sur lesquels la sépculation porte sont variés, mais il n'en
retient qu'un : l'obligation, titre dont le taux d'intérêt est arrêté au moment de l'émission, et
l'émetteur s'engage à payer au porteur un taux d'intérêt sur toute la durée prévue, durée à
l'issue de laquelle l'émetteur rembourse au porteur (l'épargnant) le capital investit au départ.
Les émetteurs des obligations peuvent être des entreprises, des banques ou l'Etat. L'avantage
de détenir l'épargne sous cette forme c'est que cela procure un revenu définit et qui ne sera
pas renégocié. L'inconvénient c'est que pendant la durée du contrat on ne dispose plus du
capital qu'on a investit.
- La relation entre le taux d'intérêt et le cours des titres : lorsque les taux d'intérêt
montent, la valeur des obligations descend, et lorsque le taux d'intérêt baisse la valeur
boursière des obligations monte. En effet lorsque le taux d'intérêt augmente, passant par
exemple de 5,5% en 2002 à 7% en 2007, le titre neuf, émis en 2007 va rapporter plus (7%
du capital investit, capital de 1000 euros mettons), et le titre ancien, émis en 2002 va être
moins intéressant. Sa valeur va donc se déprécier (la valeur de 1000 euros va baisser) pour
attirer de nouveaux épargants...
Valeur courante (de marché) du titre = somme des cash flows (flux de liquidité) actualisés
engendrés par le titre.
Exemple : que vaut, lors de son émission en 2002, le titre Bouygues ?
Valeur Actualisée : 55/1,055 + 55 / 1,055² + ... + (55+1000) / 1,05512 = 1000
Que vaut le même titre en 2007 sachant que le taux d'intérêt est de 7% ?
Valeur Actualisée : 55 / 1,07 + 55 / 1,07² + ... + (55+1000) / 1,077 = x < 1000