FICHE PÉDAGOGIQUE :

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PARTIE I : FICHE PÉDAGOGIQUE À DESTINATION DU PROFESSEUR
1. Présentation de l’œuvre
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2. Le thème mythologique
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1) La légende du jugement de Pâris
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2) Le Panthéon des dieux
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3. La technique de la gravure
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4. La beauté à travers les siècles
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5. Bibliographie et pistes bibliographiques
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6. Solutions et crédits photographiques des exercices
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PARTIE II : QUESTIONNAIRE A DESINATION DES ELEVES
1. Récapitulatif
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2. Questionnaire
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1) Questions sur la mythologie
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2) Questions sur la gravure
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3) Questions sur les canons de beauté
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3. Lexique
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Cette fiche pédagogique s’adresse prioritairement aux enseignants du secondaire
afin de prolonger la visite du musée et de poursuivre l’activité en classe. Ce
dossier s’attache donc à approfondir différents thèmes importants liés à l’œuvre de
Marc-Antoine Raimondi tels que la mythologie, la technique de la gravure, le
phénomène de la copie et la corporalité dans l’art.
Conception : Hélène Decoigne et Diane Degreef dans le cadre du Séminaire de
méthodologie de la médiation muséale et patrimoniale
(Prof. M.-E. Ricker et M.-C. Bruwier), UCL, 2010-2011.&
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FICHE PÉDAGOGIQUE À DESTINATION DU PROFESSEUR
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« Le Jugement de Pâris » est une gravure au burin réalisée par un artiste italien de la
Renaissance : Marc-Antoine Raimondi (1480- 1534). Ce graveur bolognais est l’un des
premiers à s’être consacré à la gravure de reproduction. C'est-à-dire qu’il n’a pas créé
d’œuvre lui-même mais qu’il recopiait celles d’autres artistes et principalement celles de
Raphaël qui lui avait confié cette tâche afin de diffuser ses dessins et peintures. Graveur
attitré de Raphaël, Marc-Antoine Raimondi est un graveur très prolifique, il a en effet
produit de très nombreuses estampes et a fait de la gravure de reproduction un métier. Le
médium de la gravure a permis de diffuser les œuvres de Raphaël d’une part, ce qui a
contribué à forger sa réputation dans toute l’Europe mais également les principes de la
Renaissance italienne d’autre part.
Cette oeuvre fut exécutée vers 1510-1511, directement d’après un dessin (aujourd’hui
disparu) de Raphaël. Son thème est issu de la mythologie gréco-latine : l’élection de la
plus belle déesse par le jeune mortel Pâris. Ce mythe est un élément déclencheur de la
guerre de Troie, une des guerres les plus célèbre de l’Antiquité, qui a nourri les
imaginaires de tout temps.
!
La composition de l’œuvre est très dense et diversifiée et de nombreux personnages sont
présents dans la scène. Aussi, il est étonnant de voir au centre une figure féminine vue de
dos (Athéna), reléguant la scène principale de l’œuvre sur le côté. L’action qui est la
remise de la pomme à Aphrodite est donc décalée. Mais l’artiste nous offre en fait, au-delà
de la scène principale du jugement un véritable panthéon des divinités de la mythologie
grecque et romaine.
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Piste d’exploitation : Débuter la discussion en demandant aux élèves de citer les récits
mythologiques qu’ils connaissent bien, en les incitant à faire des liens entre la mythologie et
l’actualité (cinéma, publicité, etc. … le film Troie ou Percy Jackson, le jeu vidéo God of
War, Harry Potter ou le dessin animé de Disney Hercule, …) pour leur démontrer que la
mythologie n’est pas un sujet désuet : elle est tout à fait présente dans notre vie quotidienne.
L’œuvre de Marc-Antoine Raimondi est une gravure très connue de la Renaissance,
époque à laquelle un véritable engouement pour la culture antique se développe. Les dieux
grecs et romains sont alors redécouverts : ils ne sont plus vénérés pour le rôle religieux
comme durant l’antiquité mais pour leur côté esthétique. On s’inspire des artistes de
l’Antiquité grecque et romaine ainsi que des mythes antiques pour renouveler l’art. La
mythologie antique est ainsi remise au goût du jour mais elle se trouve vidée de sa
dimension croyante et religieuse.
La légende du jugement de Pâris
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Le premier texte relatant l’histoire du jugement de Pâris se trouverait dans un ouvrage
attribué à un certain Stasinos de Chypre et nommé « Le cycle troyen » (ensemble
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d’œuvres retraçant les évènements précédant la guerre de Troie – relatés dans l’Illiade et
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l’Odyssée d’Homère). Ce récit, aujourd’hui perdu, nous est encore connu car il a été
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repris, modifié et amélioré de nombreuses fois par d’autres auteurs antiques.
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L’histoire commence comme ceci : Aux noces de la nymphe Thétis et du mortel Pélée, les
&
dieux se trouvaient assemblés. Au beau milieu de la fête et des chants de mariage, Eris,
divinité de la discorde, se leva. La gaieté des autres la rendait triste et le bonheur lui était
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douloureux. Elle lança alors sur la table des convives une pomme d’or. Aussitôt, Athéna,
&
Aphrodite et Héra tendirent le bras. Eris leur annonça que cette pomme, qu’elles
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convoitaient toutes les trois, reviendrait à la plus belle. Dans l’assemblée des dieux,
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personne ne voulut prendre le risque de trancher entre les trois déesses. Même si la grâce
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d’Aphrodite l’emportait, l’éclat d’Héra et la majesté d’Athéna empêchaient les dieux de
&
lui accorder le prix. Eris décréta alors que seul un homme mortel au jugement innocent
&
pourrait les départager. Elle désigna Pâris, jeune berger qui faisait paître son troupeau dans
la montagne. Ce dernier était le fils du roi Priam de Troie, mais l’ignorait encore. Sous la
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conduite d’Hermès, les trois déesses, parées de leurs plus beaux atours, gagnèrent les
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montagnes pour trouver le jeune berger. Chacune tenta alors de le convaincre de l’élire par
&
d’alléchantes promesses. Héra, épouse du maître des dieux, lui promit le trône de Troie et
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l’Empire de l’Asie entière. Athéna, déesse de l’intelligence et de la guerre, lui promit les
&
arts politiques et militaires pour lui permettre de régner et conquérir le monde ; le pouvoir
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n’étant rien sans la sagesse. Aphrodite, quant à elle, lui promit la main de la plus belle des
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femmes mortelles, Hélène. Pâris fut particulièrement sensible aux paroles d’Aphrodite et,
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à la puissance et à la gloire, il préféra l’amour ! Il tendit alors la pomme à Aphrodite. La
rancune des deux autres déesses fut terrible, surtout celle d’Athéna, qui fut à l’origine de
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la guerre de Troie.
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Le Panthéon des dieux grecs :
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Dans la mythologie grecque, la croyance voulait qu’au sommet du mont Olympe, la plus
haute montagne de Grèce, vivaient des dieux qui observaient de loin les mortels pour
parfois intervenir dans leur vie. Si la tradition compte généralement douze dieux
olympiens, les différentes versions rapportent en tout quatorze divinités ayant appartenu à
ce canon ou panthéon olympien :
Zeus (Jupiter) roi des dieux, dieu du ciel et de la foudre, Héra (Junon) épouse de Zeus,
déesse du mariage, Poséidon (Neptune) dieu de la mer et des tempêtes, Arès (Mars) dieu
de la guerre, Hermès (Mercure) messager des dieux, dieu des commerçants, voleurs et
voyageurs, Héphaïstos (Vulcain) dieu du feu des métaux et de la forge, Athéna (Minerve)
déesse de la sagesse et de l’intelligence, Aphrodite (Vénus) déesse de la beauté et de
l’amour, Artémis (Diane) déesse de la chasse et de la lune, sœur jumelle d’Apollon
(Apollon) dieu de la musique et de la poésie, Déméter (Cérès) déesse de la terre et des
moissons, Hestia (Vesta) déesse du feu et du foyer, Dionysos (Bacchus) dieu du vin,
Hadès (Pluton) dieu des morts et du monde souterrain.
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De façon générale, la mythologie romaine a repris le même panthéon divin mais en a
& parenthèses.
changé les noms, ceux-ci sont ici présentés entre
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Hormis ces divinités olympiennes, il existait également sur terre de nombreuses divinités
moins importantes comme les nymphes (divinités de la nature réparties en plusieurs
catégories – par exemple, les naïades sont les nymphes des rivières), les sirènes et tritons
(divinités marines/océanes, également réparties en plusieurs catégories : les néréides, les
océanides, etc…). Toutes ces divinités aimaient à interférer, à jouer avec la vie et le destin
des mortels, souvent pour se distraire.
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Piste à exploiter : Evoquer en classe la création de l’imprimerie et l’impact que cela a eu
sur l’écriture mais aussi sur la diffusion des savoirs, des croyances etc. Développer
l’utilisation de l’image imprimée à des fins de propagande politique, religieuse, etc.
La gravure au burin
L’œuvre de Marc-Antoine Raimondi est réalisée grâce à la technique de la gravure. La
gravure est un procédé artistique permettant la reproduction en plusieurs exemplaires d’une
œuvre. De façon générale, cette technique se répand en Europe à partir des 14ème et
15ème siècles et a permis pendant la Renaissance de diffuser les mythes antiques au-delà de
l’Italie. Aujourd’hui, si nous voulons reproduire une illustration, il nous suffit de la
photocopier, de la scanner ou de la photographier mais à l’époque ces différentes
technologies n’existaient pas encore. La technique de la gravure était donc très utilisée pour
illustrer des livres ou diffuser des œuvres célèbres au grand public. Ce médium a eu un
impact considérable sur la production artistique de tout type. Le jugement de Pâris de
Raimondi, par exemple, a lui-même inspiré d’autres œuvres plus tardives comme Le
Déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet (1863) et Apollon et Daphné de Carlo Maratta
(1681) où l’on retrouve le même motif du groupe des divinités fluviales.
Comment ce procédé fonctionne-t-il? La technique de la gravure consiste à creuser un
dessin ou une inscription dans un support de bois, de pierre ou de métal. Ce support
comportant le dessin incisé s’appelle la matrice, c’est le modèle qui permet de reproduire le
motif un très grand nombre de fois par impression.
Il existe trois grand type de procédés : la gravure en relief, la gravure en creux et la gravure
à plat. L’œuvre de Marc-Antoine Raimondi est le résultat d’une gravure en creux.
Contrairement à la gravure en relief, ce sont les creux qui recevront l’encre avant
l’impression. Cette technique est réalisée sur une plaque en métal (généralement de cuivre)
amincie et polie, dont on grave la surface. Il existe différentes techniques et outils pour
réaliser une gravure en creux mais la méthode utilisée pour le jugement de Pâris est le burin.
La gravure au burin. Figure 4 : manière de tenir le burin - Figure 5 : la même
main dans l'action de graver. Illustration issue d’une planche sur la gravure
extraite de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des
métiers de Diderot et d’Alembert vers 1760.
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Le burin signifie à la fois le processus et le nom de l’outil
utilisé pour ce type de gravure. C’est une pointe en acier,
taillée en biseau, avec laquelle l'artiste creuse un trait net
en enlevant un copeau de métal. Une fois le dessin incisé,
les traits en creux de la plaque sont remplis d’encre, c’est
l’encrage. Le surplus d’encre sur la plaque est ensuite
enlevé. La plaque est alors placée dans une presse avec
une feuille en papier, préalablement humidifiée, sur
laquelle l’encre va s’imprimer. Cette dernière étape
s’appelle le tirage et elle peut être répétée un grand
nombre de fois.
Le résultat après l’impression s’appelle l’estampe, c'est-à-dire, l’image imprimée sur du
papier. On la distingue d’un dessin par la déformation subie par le papier après la pression
de la plaque métallique. Notons que la technique de l’impression implique un renversement
du motif comme dans un miroir. Aussi, l’artiste doit penser son modèle à l’envers afin qu’il
soit dans le bon sens lors de l’impression.
Plaque de cuivre creusée au burin
Estampe, résultat de l’impression
Michèle Pellevillain, peintre graveur, http://www.pellevillain.com/
(28/03/2011) Album Ecorce et burin
La plupart des gravures sont monochromes mais elles peuvent également être polychromes.
Dans ce cas, on utilise des encres de différentes couleurs pour remplir les creux de la
matrice. Dans le cas de la monochromie, le modelé et les ombres sont rendus par des
moyens divers tels que l’alignement ou le croisement répétés de traits ou une incision plus
profonde afin de laisser une plus grande quantité d’encre s’introduire dans les creux.
Détails. Le modelé et les ombres sont rendus pas des traits concentriques, etc.
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Piste à exploiter : Interroger les élèves sur les critères de beauté (féminine et masculine)
véhiculés par les médias, et leur montrer que ces critères ne correspondent pas aux
personnages représentés dans l’œuvre. Ceci afin de mettre en évidence le caractère subjectif
et changeant de l’idéal de beauté selon les époques et les civilisations.
La corporalité et la beauté dans l’art
&
Le mythe du jugement de Pâris a inspiré de nombreux artistes à
travers le temps en raison du thème dont il traite qui n’est autre
que la beauté. En effet, ce mythe relate la beauté divine d’une
part, à travers la figure d’Aphrodite que Paris a choisi comme
étant la plus belle des trois déesses et la beauté terrestre d’autre
part, à travers la figure d’Hélène, la plus belle des mortelles, pour
qui Paris va vouer une passion amoureuse. Par conséquent, ces
différentes figures ont eu tendance dans l’art à incarner un certain
idéal de beauté.
Cependant, selon les siècles et les cultures, les canons de beauté (c'est-à-dire la norme en
terme d’harmonie et d’équilibre) tant féminins que masculins ont beaucoup changés. Tout
comme la mode vestimentaire, le goût en ce qui concerne le beau évolue constamment. En
effet, le beau n’est pas quelque chose d’absolu et l’appréciation de la beauté des corps induit
des critères propres à chaque culture. Ainsi, ces représentations du mythe à travers le temps
sont en quelque sorte un marqueur artistique nous révélant l’évolution des critères de beauté
au cours du temps.
Par exemple, une personne considérée comme belle à la Renaissance peut être très différente
d’une personne considérée comme telle de nos jours. Aussi, si aujourd’hui nous trouvons
dans l’œuvre de Raimondi que les femmes sont bien en chair et que les hommes sont
anormalement musclés, c’est par ce que nous les considérons avec notre regard moderne qui
est conditionné par les médias qui prône un ventre plat, de longues jambes, etc. Nous avons
sans nous en rendre compte des préjugés qui sont propres à notre culture.
C’est fondamental de ce rendre compte de cette relativité afin de mieux comprendre les
œuvres et le message dont elles sont porteuses. Ainsi, les artistes d’autres époques et
d’autres cultures ne sont ni maladroits, ni de mauvais goût mais ils sont influencés par une
conception de la beauté propre à leur culture qui est différente de la nôtre.
Evolution de la notion de beauté à travers le temps.
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& Avec la redécouverte des récits antiques, les artistes de la Renaissance redécouvrent
& également la nudité et la corporalité dans l’art. En effet, la nudité plus rare au Moyen Âge
& sera de nouveau très présente. Ceci est particulièrement vrai pour le récit du jugement de
& Pâris qui met en scène des divinités souvent dévêtues. En plus de leur caractère divin, la
nudité se justifie par le fait que les trois déesses principales sont jugées pour leur beauté.
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ADHÉMAR J. (dir.), La gravure (3ème éd.), Paris, 1990 (Que sais-je).
BERSIER J. E, La gravure : les procédés, l’histoire, Paris, 1963.
DAMI E. (dir.), Encyclopédie « Où ? Quand ? Comment ? », Montréal, 1997.
IMPELLUSO L., Dieux et héros de l’Antiquité, trad. de l’italien par V. Julia, éd. Hazan,
Paris, 2003.
PERRY C. (dir.), Mythologie, Mythe et légendes du monde entier, trad. de l’angl. Par C.
Debard, M. Maugière, H. Plateaux et F. Sirven Paris, 2006.
POLUZZIL M. C., La gravure : l'histoire, les techniques, les chefs-d'oeuvre de l'art
graphique, des origines à nos jours (trad.-adapt. M.-O. Kastner), Paris, 2004.
POUZADOUX C. et MANSOT F., Contes et légendes de la mythologie grecque, Paris, 1994.
ROUCLOUX J. (dir.), Dieux, saints et héros. A travers les collections du Musée de
Louvain-la-Neuve, Louvain-la-Neuve, 2008.
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