5/ Quelles autres attitudes de la population martiniquaise face au message du général de Gaulle
n’apparaissent pas dans cet ensemble documentaire ?
Les autres attitudes de la population martiniquaise qui n’apparaissent pas dans cet ensemble
documentaire sont d’abord l’attitude consistant à soutenir ouvertement la politique de Vichy puis
l’attitude consistant à rester neutre, à subir les événements sans réel engagement d’un côté comme
de l’autre, cette dernière est celle de la majorité de la population martiniquaise.
2 – Réponse organisée au sujet : A partir des réponses aux questions, des autres informations
contenues dans l’ensemble documentaire et de vos connaissances personnelles, rédigez une
réponse organisée au sujet suivant : Comment la Martinique, « vieille colonie » très attachée aux
valeurs républicaines et sous contrôle du régime de Vichy dès juillet 1940, a t-elle réagi face au
message du général de Gaulle et de la France libre ?
Après l’armistice du 22 juin 1940 et la mise en place du gouvernement de Vichy, la « vieille
colonie » Martinique sous l’autorité de l’amiral Robert, homme ultra conservateur appliquant avec zèle
les ordres du maréchal Pétain, se trouve de fait du côté du gouvernement de Vichy collaborateur. La
Martinique, majoritairement attachée aux valeurs républicaines, entend le général de Gaulle, depuis
Londres, qui appelle tous les Français à résister et réagit dès le début à ce message.
Dès juin 1940, certains Martiniquais choisissent d’affronter clandestinement ou non l’amiral
Robert qui met en place les directives impopulaires de la « Révolution nationale ». Cet affrontement se
traduit d’abord par la résolution du Conseil général de la Martinique en date du 24 juin 1940 où les
élus, après avoir entendu l’appel lancé à l’adresse de l’empire colonial par le général de Gaulle ce
même jour via la B.B.C, témoignent de leur volonté de ne pas suivre le Maréchal qui accepte la
défaite. Cette déclaration des élus est le premier élément d’une résistance naissante. De plus, le
député-maire de Fort-de-France, Victor Sévère, montre aussi son opposition et donne sa démission.
Durant les mois qui suivent, des actes de résistance passive se multiplient (inscriptions hostiles sur les
murs, distribution de tracts pro-gaullistes, écoute de radios anglaises…).
La résistance active commence vraiment avec les départs en dissidence, vers le mois de
novembre 1942. La dissidence est le mouvement qui pousse des jeunes hommes et jeunes femmes à
quitter clandestinement les colonies françaises des Antilles sous administration vichyste pour combattre
aux côtés de la France libre. Ils quittent de nuit la Martinique en direction de Sainte-Lucie ou de la
Dominique où la France libre a installé des centres d’accueil puis partent au Canada, aux Etats-Unis, en
Grande-Bretagne d’où ils se préparent à libérer la France. Ces départs se font grâce aux yoles ou
gommiers appartenant à des marins pêcheurs faisant ainsi office de passeurs. Toutefois d’autres
Martiniquais choisissent de ne pas répondre au message du général de Gaulle et, au contraire, de
soutenir activement la politique vichyste. L’amiral Robert, afin d’appliquer cette politique, s’appuie
donc sur certains membres conservateurs du clergé, sur l’élite blanche (békés et blancs fraîchement
arrivés dans l’île). Mais il faut éviter de poser la question de la coopération ou de l’accommodement à
Vichy en termes raciaux car il existe des pétainistes en Martinique de toutes couleurs et catégories
sociales comme par exemple le sénateur martiniquais Henri Lémery, ministre des colonies de Pétain de
juillet à septembre 1940 ou d’autres plus anonymes demandant expressément à l’Amiral d’être parrain
de leur enfant. Cependant la plupart des habitants de la « vieille colonie » font preuve d’indifférence
face à la politique menée par Robert et acceptent la situation.
En juin 1943, en quelques jours, l’agitation anti-vichyste se renforce. En effet des hommes, pour
la plupart des élus de la III° République, organisent une manifestation le 18 juin à Fort-de-France pour
célébrer le 3e anniversaire de l’appel du général de Gaulle. C’est un immense succès, la police et
l’armée refusent de tirer sur la foule. Les internements et sanctions décrétés montrent la réaction ferme
des autorités. Néanmoins cet épisode et ceux qui suivent obligent l’Amiral Robert à lever les sanctions,
à renoncer au pouvoir, à négocier son départ avec les Etats-Unis, à se réfugier sur le croiseur « l’Emile
Bertin » et à quitter l’île en juillet 1943. La chute de Vichy en Martinique, aux Antilles françaises en
général, constitue un des rares cas où la population s’est libérée par elle-même.
Les administrateurs coloniaux et le haut-commissaire Robert imposent le camp de Vichy à la
Martinique pourtant les valeurs républicaines y sont solidement ancrées. C’est pourquoi la population,
d’abord timidement puis plus largement avec le mouvement de dissidence, répond au message de la
France libre de résister et finit par se libérer du joug de Vichy dès juillet 1943.