PROPOSITIONS D’ACTIVITES EN PREMIERE DE LYCEE :
ETUDE D’UN ENSEMBLE DOCUMENTAIRE
LA MARTINIQUE PENDANT
LA SECONDE GUERRE MONDIALE
FICHE PROFESSEUR
LA MARTINIQUE FACE A DE GAULLE ET A LA FRANCE LIBRE
Objectif de
connaissance Problématique Notions Documents Objectifs de
méthode
Expliquer les choix
opérés par la
population de la
Martinique en
réaction au
message du général
de Gaulle appelant
l’empire colonial à
rejoindre la France
libre.
Comment la
Martinique,
« vieille colonie »,
très attachée aux
valeurs
républicaines et
sous contrôle du
régime de Vichy
dès juillet 1940,
a-t-elle réagi face
au message du
général de Gaulle
et de la France
libre ?
Ordre
Vichyste
Résistance
Dissidence
Collaboration
Doc.24 p.89
(doc. 1),
Doc.27 p.96
(doc.2),
Doc.36 p.109
(doc. 3 a),
Doc.36 p.111
(doc.3 b),
Doc.30 p.99
(doc. 4),
Doc.32 p.102
(doc. 5).
Réaliser une étude
d’un ensemble
documentaire (type
bac complet, 1e et
2e parties)
Rappel des pré-requis :
L’entrée en guerre de la France, la débâcle. La mise en place du gouvernement du maréchal Pétain.
L’armistice et l’appel du général de Gaulle à la résistance et à la poursuite des combats. La
Martinique entre collaboration et résistance (la situation au lendemain de l’armistice, la société au
temps de l’amiral Robert, le mouvement de dissidence…).
SUJET :
Comment la Martinique, « vieille colonie » très attachée aux valeurs républicaines et
sous contrôle du régime de Vichy dès juillet 1940, a-t-elle réagi face au message du
général de Gaulle et de la France libre ?
Alors que le maréchal Pétain engage la France et les « vieilles » colonies
dans la voie de la collaboration avec l’Allemagne nazie, le général de
Gaulle depuis Londres appelle tous les Français à résister.
1- Questions
1/ Pourquoi peut-on dire que cette résolution du Conseil général de la Martinique est un appel à
se placer du côté de de Gaulle et de la France libre (doc. 1)?
Les élus martiniquais ne peuvent se résoudre à accepter la défaite, il faut « consentir les derniers
sacrifices pour parvenir à la victoire finale » et continuer « la lutte » à l’instar du général de Gaulle
dans son appel du 18 juin qui enjoint aux Français de ne pas cesser le combat. Il est clairement dit
que « la lutte » doit se faire avec les Britanniques (« alliés ») et ceux qui ont choisi de suivre le
général de Gaulle, dès le début, à Londres ou au Tchad (colonie française gouvernée par le
guyanais Félix Eboué).
2/ Quels sont les actes de résistance des Martiniquais pendant l’administration de l’amiral Robert
représentant du régime de Vichy en Martinique (docs. 1, 2, 3a et b, 4)?
Dès 1940, des représentants des Martiniquais proclament sans ambiguïté leur volonté de ne pas
suivre le maréchal Pétain. En 1943, des inscriptions sur les murs du chef lieu Fort-de-France
indiquent clairement l’attachement de certains à la France Libre, aux F.F.L (Forces Françaises
Libres). Ces inscriptions fustigent également l’amiral Robert, représentant de Vichy en Martinique,
et appellent les soldats de 39-40 à reprendre la lutte. De plus, des hommes utilisent des
embarcations pour se réfugier à Sainte-Lucie afin de rejoindre la France libre. Le 24 juin 1943
« une manifestation à caractère politique » est organisée par les adversaires de Vichy. Ces éléments
sont autant d’actes de résistance du peuple martiniquais.
3/ Qu’est-ce que la dissidence ? Comment s’organise-t-elle? Qu’appelle-t-on « les volontaires »
(docs. 3a et 3b)?
C’est le nom donné au mouvement qui pousse des jeunes hommes à quitter clandestinement les
colonies françaises des Antilles sous administration vichyste pour combattre aux côtés de la France
libre. Des hommes et des femmes, volontaires pour combattre avec le général de Gaulle, quittent
clandestinement la Martinique en direction de Sainte-Lucie grâce aux yoles ou gommiers
appartenant à des marins-pêcheurs qui font office de passeurs.
4/ Que s’est-il passé en juin 1943 à la Martinique ? Quelles ont été les réactions des autorités ?
Quelles sont les conséquences de ces désordres (docs.4 et 5)?
Le 24 juin 1943 une manifestation « à caractère politique » cherche au « renversement de l’ordre
établi ». Cette manifestation menée par des résistants, hostiles aux représentants du régime de
Vichy à la Martinique, a fait peur aux autorités, les obligeant à une réaction immédiate. En effet
l’amiral Robert ordonne « l’exécution immédiate des sanctions » afin « d’assurer le maintien de
l’ordre public ». Cette répression se traduit par l’internement des personnes impliquées. La
manifestation de juin 1943 entraîne la publication, le 30 juin, d’un communiqué à la population
de la Martinique où le haut commissaire de l’Etat français aux Antilles annonce son départ du
pouvoir. Il cède à la pression populaire et accepte l’intervention des Etats-Unis à la Martinique et
le « changement d’autorité française ». La Martinique à partir de cette date passe dans le camp de
la France Libre.
5/ Quelles autres attitudes de la population martiniquaise face au message du général de Gaulle
n’apparaissent pas dans cet ensemble documentaire ?
Les autres attitudes de la population martiniquaise qui n’apparaissent pas dans cet ensemble
documentaire sont d’abord l’attitude consistant à soutenir ouvertement la politique de Vichy puis
l’attitude consistant à rester neutre, à subir les événements sans réel engagement d’un côté comme
de l’autre, cette dernière est celle de la majorité de la population martiniquaise.
2 – Réponse organisée au sujet : A partir des réponses aux questions, des autres informations
contenues dans l’ensemble documentaire et de vos connaissances personnelles, rédigez une
réponse organisée au sujet suivant : Comment la Martinique, « vieille colonie » très attachée aux
valeurs républicaines et sous contrôle du régime de Vichy dès juillet 1940, a t-elle réagi face au
message du général de Gaulle et de la France libre ?
Après l’armistice du 22 juin 1940 et la mise en place du gouvernement de Vichy, la « vieille
colonie » Martinique sous l’autorité de l’amiral Robert, homme ultra conservateur appliquant avec zèle
les ordres du maréchal Pétain, se trouve de fait du côté du gouvernement de Vichy collaborateur. La
Martinique, majoritairement attachée aux valeurs républicaines, entend le général de Gaulle, depuis
Londres, qui appelle tous les Français à résister et réagit dès le début à ce message.
Dès juin 1940, certains Martiniquais choisissent d’affronter clandestinement ou non l’amiral
Robert qui met en place les directives impopulaires de la « Révolution nationale ». Cet affrontement se
traduit d’abord par la résolution du Conseil général de la Martinique en date du 24 juin 1940 où les
élus, après avoir entendu l’appel lancé à l’adresse de l’empire colonial par le général de Gaulle ce
même jour via la B.B.C, témoignent de leur volonté de ne pas suivre le Maréchal qui accepte la
défaite. Cette déclaration des élus est le premier élément d’une résistance naissante. De plus, le
député-maire de Fort-de-France, Victor Sévère, montre aussi son opposition et donne sa démission.
Durant les mois qui suivent, des actes de résistance passive se multiplient (inscriptions hostiles sur les
murs, distribution de tracts pro-gaullistes, écoute de radios anglaises…).
La résistance active commence vraiment avec les départs en dissidence, vers le mois de
novembre 1942. La dissidence est le mouvement qui pousse des jeunes hommes et jeunes femmes à
quitter clandestinement les colonies françaises des Antilles sous administration vichyste pour combattre
aux côtés de la France libre. Ils quittent de nuit la Martinique en direction de Sainte-Lucie ou de la
Dominique où la France libre a installé des centres d’accueil puis partent au Canada, aux Etats-Unis, en
Grande-Bretagne d’où ils se préparent à libérer la France. Ces départs se font grâce aux yoles ou
gommiers appartenant à des marins pêcheurs faisant ainsi office de passeurs. Toutefois d’autres
Martiniquais choisissent de ne pas répondre au message du général de Gaulle et, au contraire, de
soutenir activement la politique vichyste. L’amiral Robert, afin d’appliquer cette politique, s’appuie
donc sur certains membres conservateurs du clergé, sur l’élite blanche (békés et blancs fraîchement
arrivés dans l’île). Mais il faut éviter de poser la question de la coopération ou de l’accommodement à
Vichy en termes raciaux car il existe des pétainistes en Martinique de toutes couleurs et catégories
sociales comme par exemple le sénateur martiniquais Henri Lémery, ministre des colonies de Pétain de
juillet à septembre 1940 ou d’autres plus anonymes demandant expressément à l’Amiral d’être parrain
de leur enfant. Cependant la plupart des habitants de la « vieille colonie » font preuve d’indifférence
face à la politique menée par Robert et acceptent la situation.
En juin 1943, en quelques jours, l’agitation anti-vichyste se renforce. En effet des hommes, pour
la plupart des élus de la III° République, organisent une manifestation le 18 juin à Fort-de-France pour
célébrer le 3e anniversaire de l’appel du général de Gaulle. C’est un immense succès, la police et
l’armée refusent de tirer sur la foule. Les internements et sanctions décrétés montrent la réaction ferme
des autorités. Néanmoins cet épisode et ceux qui suivent obligent l’Amiral Robert à lever les sanctions,
à renoncer au pouvoir, à négocier son départ avec les Etats-Unis, à se réfugier sur le croiseur « l’Emile
Bertin » et à quitter l’île en juillet 1943. La chute de Vichy en Martinique, aux Antilles françaises en
général, constitue un des rares cas où la population s’est libérée par elle-même.
Les administrateurs coloniaux et le haut-commissaire Robert imposent le camp de Vichy à la
Martinique pourtant les valeurs républicaines y sont solidement ancrées. C’est pourquoi la population,
d’abord timidement puis plus largement avec le mouvement de dissidence, répond au message de la
France libre de résister et finit par se libérer du joug de Vichy dès juillet 1943.
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