La structure des coûts et des prix à la Martinique et son

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La structure des coûts et des prix
à la Martinique et son impact
sur le pouvoir d’achat
Présentation de l’étude
L
e thème de la vie chère est essentiel dans le contexte actuel de la Martinique, car les
performances économiques du département, tirées par la hausse de la demande et les
investissements, n’ont pas eu les retombées sociales qui pouvaient en être attendues. En effet, la
croissance économique n’a profité qu’à une minorité de la population, et les inégalités s’accroissent alors
même qu’on constate une augmentation des prix, une flambée de l’immobilier et une vie quotidienne de
plus en plus difficile pour la majorité des ménages. Cette situation a débouché sur les événements de
l’année 2009, suivis de la tenue des États généraux de l’Outre-mer dont les conclusions ont été rendues
publiques lors du conseil interministériel du 6 novembre 2009.
Des facteurs structurels identifiés à l’origine de la vie
chère sur l’île de la Martinique
L’économie de la Martinique reste caractérisée par la
part importante de l’Europe et, surtout, de la Métropole
dans l’origine des produits consommés ou investis.
En raison de l’étroitesse de son marché intérieur,
nombre de productions locales de biens et services
trouvent difficilement un niveau de prix de production
compétitif, tandis que l’essentiel des biens de
consommation durables importés est destiné à une
partie de la population bénéficiant d’un pouvoir d’achat
élevé.
L’importance structurelle des importations couplée à
l’étroitesse du marché intérieur de la Martinique
expliquent à la fois l’importance de l’octroi de mer
comme recette publique locale et l’existence de fortes
marges de distribution qui renchérissent sensiblement
le prix des biens et des services.
En ce qui concerne les services, la proximité permet le
développement des activités et des emplois locaux,
mais la concurrence limitée engendre parfois des rentes
de situation.
Ces différents facteurs structurels sont à l’origine de la
vie chère sur l’île de la Martinique.
L’ensemble des mesures contenues dans les décisions
issues des États généraux portant sur la formation des
prix, la distribution et le pouvoir d’achat sont destinées
à combattre cet état de fait. Est-ce efficace ? Est-ce
suffisant ?
Des prix particulièrement élevés par rapport à ceux de
la Métropole
Le PIB moyen par habitant de la Martinique a augmenté
en volume de 1 % en 2008, ce qui représente un coup
d’arrêt par rapport aux hausses enregistrées les années
précédentes et accroît l’écart de niveau de vie avec la
Métropole.
l’attestent : ralentissement de l’activité dans le
bâtiment, premier secteur industriel de l’île, baisse du
tourisme, augmentation du nombre de demandeurs
d’emploi, etc.
Les investissements matériels et immatériels envisagés
dans le train de mesures annoncé dans le cadre des
États généraux de l’Outre-mer pourraient changer cette
situation en réduisant le chômage, en augmentant la
masse salariale globale distribuée, en faisant pression
sur les prix et, par conséquent, en accroissant le
pouvoir d’achat local. L’augmentation de la masse
salariale distribuée pour la relance du logement social
et pour la construction des infrastructures de transport
favoriserait un développement significatif du marché
intérieur martiniquais. Elle pourrait aussi dynamiser les
marchés de l’immobilier et ceux des services aux
particuliers.
Cet effet volume sera-t-il mis à profit pour permettre
une baisse des prix de certains biens et services ?
L’enjeu d’une telle baisse des prix est à la fois de
maintenir la compétitivité de la Martinique et d’assurer
une progression du niveau de vie de la population
grâce à l’amélioration du pouvoir d’achat, obtenue non
seulement par la hausse du revenu mais également par
la baisse du prix relatif des biens et des services.
Deux précautions doivent toutefois être prises par
rapport à ces chiffres :
le PIB par habitant recouvre de fortes disparités
entre les populations de l’île ;
le PIB par habitant, encore inférieur à celui de la
Métropole, s’accompagne d’un coût de la vie plus
élevé.
La progression de l’indice moyen des prix à la
consommation (+ 2,8 % en 2008 après + 2,5 % en
2007) contient des hausses élevées pour certains
produits de première nécessité, comme l’alimentation
(+ 5,3 % en 2008) et l’énergie (+ 4,9 %). Ces hausses
ont des conséquences importantes sur le pouvoir
d’achat des foyers les plus modestes et sont
susceptibles d’accélérer la paupérisation de populations
déjà vulnérables.
Le développement accéléré actuel, en favorisant le
passage d’une économie de comptoir à une économie
industrielle, peut-il contribuer à un meilleur accès de
tous aux biens et aux services ?
Après plusieurs années d’expansion, la croissance de la
Martinique ralentit nettement au cours de l’année 2008,
puis en 2009. Tous les indicateurs économiques
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La modernisation et le développement pourraient ainsi
permettre la mutation de l’économie martiniquaise et
favoriser son passage d’une économie de comptoir,
caractérisée par l’accumulation des intermédiaires et la
dissipation d’une grande partie du revenu dans les
marges commerciales, à une économie industrielle,
aidant à tendre vers une autonomie économique réelle.
Cette dernière donnerait aux producteurs locaux l’accès
à un plus grand nombre de biens et de services, grâce
à l’amélioration de leur pouvoir d’achat et à
l’élimination d’un certain nombre d’intermédiaires du
circuit commercial.
Néanmoins, malgré ces évolutions, il est très probable
que de fortes disparités persistent entre les différentes
populations de la collectivité.
C’est pourquoi il convient de compléter cette approche
par les prix par une étude des revenus des Martiniquais
(revenus catégoriels, directs et indirects) et de leur
évolution dans le temps.
C’est au croisement de ces deux dimensions qu’un
diagnostic précis sur le pouvoir d’achat des Martiniquais
pourra être réalisé.
Quatre axes de recherche pour l’étude
Afin d’être en mesure d’agir sur les conditions
nécessaires au passage d’une économie de comptoir à
une économie industrielle, trois problématiques doivent
être examinées.
La première tient à la mesure de l’impact des politiques
de protection de la production locale, que ce soit en
termes de fiscalité ou de quotas d’importation pour un
certain nombre de produits clés. Il est nécessaire de
s’interroger sur la pertinence et l’efficacité de ces
mesures par rapport à la compétitivité des produits
locaux, à la stimulation de la concurrence sur les
marges à l’importation et à leurs effets induits sur le
niveau des prix.
La seconde problématique tient à l’effet de la structure
de distribution sur les mécanismes de formation des
prix sur le marché intérieur martiniquais. En raison de
l’étroitesse du marché, un faible nombre d’opérateurs
contrôle à la fois les importations et la distribution de la
majorité des biens. Ces opérateurs ne consolident pas
les comptes de leurs différentes activités. Ils font
intervenir des centrales d’achats, dont la construction
des prix de cession n’est pas expliquée. Il est ainsi
nécessaire d’étudier la structure des prix à l’importation
depuis l’entreprise jusqu’à l’arrivée des produits sur les
étalages, en portant notamment l’attention sur les
produits dépendant fortement de l’importation et d’un
nombre très restreint d’opérateurs.
La troisième problématique tient au rôle des instances
de contrôle des prix (Service du contrôle et des prix,
Établissement de régulation des prix agricoles),
notamment des limites de leurs missions.
L’étude sera complétée par des entretiens avec les
services compétents de l’administration (direction des
Affaires économiques, Service du contrôle et des prix,
Établissement de régulation des prix agricoles, direction
des Douanes) ainsi qu’avec les fédérations de
producteurs locaux.
Une méthode identique sera appliquée à l’enquête sur
les revenus en s’adressant à l’INSEE pour les éléments
dont l’organisme public dispose, complétée par des
approches via les organismes sociaux.
Cette étude visera ainsi à démontrer que le mode de
développement de la Martinique suppose que des
mécanismes adaptés protégeant le pouvoir d’achat des
salariés et des chômeurs soient mis en place tout en
évitant que les richesses supplémentaires ne soient
finalement accaparées par un nombre restreint de
personnes dont l’action est encore aujourd’hui
déterminante sur le marché local.
Les conclusions de l’étude devront permettre de tracer
des pistes de réflexion pour l’action à mener afin de
faciliter la transition de l’économie de comptoir à une
économie industrielle qui permette de conjuguer la
hausse du pouvoir d'achat obtenue par la baisse des
prix relatifs.
Ces trois premiers axes, sujets de recherches et
de décisions cadres récentes de la part des
pouvoirs publics, feront l’objet d’un travail de
coordination avec les études en cours et
d’approfondissements.
Enfin, un quatrième axe d’étude s’attachera à
l’évolution des revenus perçus par les populations
martiniquaises en activité ou non, en relation avec les
droits sociaux qui s’appliquent et leur effectivité pour
des populations aux caractéristiques très différenciées.
C’est au croisement de ces différentes dimensions
que pourra être abordée la question du pouvoir
d’achat dans son intégralité et ses différentes
dimensions.
Quelques éléments de méthodologie
Outre la mobilisation des statistiques disponibles
auprès de l’INSEE et de la direction des Douanes, la
démarche méthodologique s’appuiera sur la recherche
de dissonances dans les prix afin de mettre en évidence
les rentes de monopole pouvant exister sur le marché
martiniquais : exemple des produits importés vendus
plus cher qu’en Métropole ou encore des produits
locaux dont les prix de vente sont comparables, ou plus
élevés, que ceux des produits importés.
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