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L’ensemble des mesures contenues dans les décisions
issues des États généraux portant sur la formation des
prix, la distribution et le pouvoir d’achat sont destinées
à combattre cet état de fait. Est-ce efficace ? Est-ce
suffisant ?
Des prix particulièrement élevés par rapport à ceux de
la Métropole
Le PIB moyen par habitant de la Martinique a augmenté
en volume de 1 % en 2008, ce qui représente un coup
d’arrêt par rapport aux hausses enregistrées les années
précédentes et accroît l’écart de niveau de vie avec la
Métropole.
Deux précautions doivent toutefois être prises par
rapport à ces chiffres :
le PIB par habitant recouvre de fortes disparités
entre les populations de l’île ;
le PIB par habitant, encore inférieur à celui de la
Métropole, s’accompagne d’un coût de la vie plus
élevé.
La progression de l’indice moyen des prix à la
consommation (+ 2,8 % en 2008 après + 2,5 % en
2007) contient des hausses élevées pour certains
produits de première nécessité, comme l’alimentation
(+ 5,3 % en 2008) et l’énergie (+ 4,9 %). Ces hausses
ont des conséquences importantes sur le pouvoir
d’achat des foyers les plus modestes et sont
susceptibles d’accélérer la paupérisation de populations
déjà vulnérables.
Le développement accéléré actuel, en favorisant le
passage d’une économie de comptoir à une économie
industrielle, peut-il contribuer à un meilleur accès de
tous aux biens et aux services ?
Après plusieurs années d’expansion, la croissance de la
Martinique ralentit nettement au cours de l’année 2008,
puis en 2009. Tous les indicateurs économiques
l’attestent : ralentissement de l’activité dans le
bâtiment, premier secteur industriel de l’île, baisse du
tourisme, augmentation du nombre de demandeurs
d’emploi, etc.
Les investissements matériels et immatériels envisagés
dans le train de mesures annoncé dans le cadre des
États généraux de l’Outre-mer pourraient changer cette
situation en réduisant le chômage, en augmentant la
masse salariale globale distribuée, en faisant pression
sur les prix et, par conséquent, en accroissant le
pouvoir d’achat local. L’augmentation de la masse
salariale distribuée pour la relance du logement social
et pour la construction des infrastructures de transport
favoriserait un développement significatif du marché
intérieur martiniquais. Elle pourrait aussi dynamiser les
marchés de l’immobilier et ceux des services aux
particuliers.
Cet effet volume sera-t-il mis à profit pour permettre
une baisse des prix de certains biens et services ?
L’enjeu d’une telle baisse des prix est à la fois de
maintenir la compétitivité de la Martinique et d’assurer
une progression du niveau de vie de la population
grâce à l’amélioration du pouvoir d’achat, obtenue non
seulement par la hausse du revenu mais également par
la baisse du prix relatif des biens et des services.
La modernisation et le développement pourraient ainsi
permettre la mutation de l’économie martiniquaise et
favoriser son passage d’une économie de comptoir,
caractérisée par l’accumulation des intermédiaires et la
dissipation d’une grande partie du revenu dans les
marges commerciales, à une économie industrielle,
aidant à tendre vers une autonomie économique réelle.
Cette dernière donnerait aux producteurs locaux l’accès
à un plus grand nombre de biens et de services, grâce
à l’amélioration de leur pouvoir d’achat et à
l’élimination d’un certain nombre d’intermédiaires du
circuit commercial.
Néanmoins, malgré ces évolutions, il est très probable
que de fortes disparités persistent entre les différentes
populations de la collectivité.
C’est pourquoi il convient de compléter cette approche
par les prix par une étude des revenus des Martiniquais
(revenus catégoriels, directs et indirects) et de leur
évolution dans le temps.
C’est au croisement de ces deux dimensions qu’un
diagnostic précis sur le pouvoir d’achat des Martiniquais
pourra être réalisé.
Quatre axes de recherche pour l’étude
Afin d’être en mesure d’agir sur les conditions
nécessaires au passage d’une économie de comptoir à
une économie industrielle, trois problématiques doivent
être examinées.