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© 2012 – Économie internationale, 9e édition
a. Au sein du SME, les autorités britanniques avaient pour obligation de garder les taux d’intérêt nominaux à
un niveau compatible avec le maintien de la livre sterling dans sa bande monétaire. Une fois cette obligation
levée, les autorités monétaires britanniques auraient pu mener une politique expansionniste pour stimuler
l’économie. Cela aurait entraîné une dépréciation de la livre sterling par rapport au deutsche Mark et aux
autres monnaies.
b. Les auteurs de l’article publié dans The Economist estiment que l’inflation anticipée devrait augmenter en
Grande-Bretagne si celle-ci quitte le SME. Par l’effet Fisher, les anticipations inflationnistes impliquent une
hausse des taux d’intérêt nominaux.
c. Les hommes politiques britanniques ont pu gagner en crédibilité par leur engagement fort dans la lutte
contre l’inflation et dans le maintien de la valeur de la livre sterling du fait de leur appartenance au SME. En
effet, ils se sont montrés résolus à faire face à une récession prolongée de l’économie sans faire appel à
une politique monétaire expansionniste qui aurait menacé leur appartenance au SME.
d. Un niveau élevé des taux d’intérêt britanniques relativement aux taux d’intérêt allemands pourrait suggérer
une inflation future élevée en Grande-Bretagne par rapport à l’Allemagne, du fait de la relation de Fisher.
Des taux d’intérêt britanniques plus élevés peuvent aussi être le résultat d’une demande de monnaie
relativement plus importante en Grande-Bretagne (probablement due à un produit intérieur plus élevé) ou à
une croissance de l’offre de monnaie relativement plus faible dans ce pays par rapport à l’Allemagne.
e. Les taux d’intérêt britanniques auraient pu être plus élevés que les taux allemands si le produit intérieur
britannique avait été relativement plus élevé. Le faible écart existant à la date de publication de l’article peut
signifier que la Grande-Bretagne a connu une faible croissance de son produit intérieur durant les deux
dernières années. De plus, les taux d’intérêt réels allemands ont pu augmenter suite à la croissance de la
demande de capitaux destinés aux investissements dans les Länder d’Allemagne de l’Est après la
réunification.
8. Imaginons que l’UEM soit devenue une union monétaire, mais qu’il n’y ait pas de Banque centrale européenne
pour gérer la monnaie unique. Cette tâche incombe donc aux banques centrales nationales, qui sont libres
d’émettre de la monnaie et de conduire des opérations d’open market. Quels problèmes résulteraient de cet
arrangement ?
Chaque banque centrale peut tirer profit de l’émission de monnaie parce qu’elle gagne des revenus de
seigneuriage en imprimant des espèces qu’elle peut échanger contre des biens et des services. Avec un
système de banques centrales indépendantes, chaque pays bénéficierait pleinement des revenus de
seigneuriage liés à la création monétaire, mais ne supporterait que partiellement le coût d’une inflation plus
forte ; cet effet inflationniste se diluerait dans une certaine mesure dans l’ensemble de l’UEM. Cette situation,
dans laquelle la banque centrale ne supporte pas complètement le coût de ses actions, est un exemple
d’externalité. Cela conduit à une plus forte création monétaire que dans le cas d’une coordination des actions
des banques centrales.
9. En quoi l’impossibilité de mettre en place un marché du travail unifié en Europe pourrait-il être nuisible au bon
fonctionnement de l’UEM ?
Un marché du travail unique faciliterait la réponse des états membres aux chocs économiques spécifiquement
nationaux. Supposons qu’il se produise une baisse de la demande pour les biens français, et que cela
augmente le taux de chômage en France. Si les demandeurs d’emploi en France peuvent facilement migrer
vers les autres pays où les opportunités d’emploi sont meilleures, l’effet de la réduction de demande s’en
trouvera atténué. En revanche, s’ils ne peuvent pas migrer, la France sera incitée à dévaluer le franc pour
rendre ses travailleurs plus compétitifs au regard de ceux des autres pays. Le succès de l’UEM dépend, à bien
des égards, de la capacité des marchés du travail nationaux à opérer les ajustements qui ne peuvent plus
s’effectuer par l’intermédiaire des taux de change. L’absence d’un marché du travail unique implique que ces
derniers devront prendre la forme d’ajustements internes des salaires, ce qui représente une perspective
difficile.
10. La Grande-Bretagne appartient à l’UE, mais elle n’a pas adopté l’euro.
a. Trouvez des données macroéconomiques sur les performances économiques de la Grande-Bretagne
depuis 1998 (inflation, chômage, croissance réelle du PIB) et comparez-les aux données concernant la zone
monétaire unique.
b. Quels sont les taux d’intérêt nominaux en Grande-Bretagne et dans la zone euro après 1998 ? Quelles
seraient les performances de la Grande-Bretagne si la BCE avait fixé le taux d’intérêt nominal du pays au
même niveau que celui de la zone euro et que la livre sterling ait eu un taux de change fixe avec l’euro ?