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ignorés de l'université), juristes, psychologues et psychiatres, reconnaissent tous un besoin
de connaissance et de formation sur les questions criminelles.
Caractère pluridisciplinaire et inexistence institutionnelle.
Des dizaines de formations ont été identifiées, après enquête, par la mission composée des
professeurs Villerbu, Dieu, Le Gueut, Senon, Cario, herzog-Evans et du directeur de
recherches au CNRS Tournier, dont les statuts académiques ne sont contestés par personne.
Les enseignants ou les étudiants concernés devraient donc continuer à être des sans papiers
de l'université ? Parce que la criminologie dispose d'un relais puissant par les médias qui
peuplent leurs programmes d'émissions sur des experts qui devraient limiter leur existence
aux dimensions du petit écran? Pourtant, chaque rapport parlementaire sur la récidive, la
folie homicide, la violence, se termine sempiternellement par une demande de plus
d'expertise, de formation, de connaissance. Il suffit de constater ce que la tragédie de
Toulouse a provoqué en termes de demande d'explication. Le crime terroriste, qui n'est
qu'un aspect de la criminalité, pourrait il se traiter sans criminologues ?
La réalité depuis longtemps a tranché la question de savoir si le crime devait être
scientifiquement étudié.
Ainsi, malgré tout, la criminologie française reste encore une discipline scientifique
paradoxale, la légitimité de son existence académique et sociale cohabitant avec une
carence de réalité institutionnelle. Le phénomène criminel est pourtant aujourd’hui devenu
un axe de questionnement dans le débat public et un enjeu pour de nombreux
professionnels du champ sanitaire, juridique et social.
Depuis son émergence à la fin du dix-neuvième siècle, à la jonction de quatre disciplines
reconnues sur un plan universitaire (médecine, droit, sociologie et psychologie), la
criminologie est demeurée, dans les faits, une annexe du droit pénal, pour qui elle se réduit
aux « sciences criminelles ».
En dépit de lʼexistence de compétences reconnues et de la production régulière de
recherches et de savoirs sur le phénomène criminel, le champ scientifique français se trouve,
contrairement à d’autres pays occidentaux (comme le Canada, la Belgique ou l’Italie),
dépourvu d’une authentique criminologie, c’est-à-dire d’une communauté scientifique
institutionnelle se rattachant formellement à un objet d'étude commun : le comportement
criminel, les formes de criminalité, les victimes de la criminalité, les instances de régulation
sociale et les réponses à la criminalité.
Bien quʼaspirant à une identité propre, cette criminologie, qui sʼest institutionnalisée en
dehors du système universitaire, demeure une discipline « annexe » et éclatée, aux contours
imprécis et au carrefour de plusieurs spécialisations plus ou moins développées et
reconnues en lʼabsence, il est vrai, dʼune criminologie instituée, fédératrice et unitaire
(psychiatrie criminelle, médecine légale, criminalistique, police technique et scientifique,
psychologie criminelle, démographie criminelle, sociologie criminelle, pénologie,
victimologie, sciences pénitentiaires, sociologie de la police, politiques publiques de
sécurité…).
Cette fragmentation disciplinaire a pour effet de ne saisir le phénomène criminel quʼà
travers le prisme des disciplines ayant investi lʼobjet criminel, ce qui a pour effet de produire
des savoirs morcelés difficilement mis en relation.
Lʼinexistence de la criminologie était consacrée et entretenue par lʼabsence de section du