des, mais de clients solvables (notons qu’en 1945, la Sécurité Sociale n’en
est qu’à ses balbutiements).
La taille des exploitations est faible, leur superficie moyenne est de
l’ordre de 5 hectares. Aucune exploitation ne dépasse la surface cultivable
de 20 hectares. Cette agriculture est faiblement mécanisée : les 208 agri-
culteurs du village, répartis sur 92 exploitations ne disposent que de deux
tracteurs, souvent hors d’usage du fait d’une pièce endommagée et dont
le rechange peut prendre jusqu’à plusieurs semaines. La traction est
animale : le plus souvent, il s’agit du bœuf, parfois, on note la présence de
chevaux, d’ânes et de mulets.
Les agriculteurs de Madère utilisent très peu d’engrais chimiques. La
terre est « fumée » avec des engrais naturels, fumier des grands animaux
et appoint de celui des poules, canards et dindons. Dans ces conditions,
la productivité, entendue comme le rapport entre la production et la
quantité de travail utilisé, est faible, la productivité horaire (quand on
mesure la quantité de travail par le nombre d’heures consacrées à la pro-
duction) comme la productivité par tête (lorsque la quantité de travail se
mesure par le nombre de travailleurs ayant réalisé la production). À Ma-
dère, en effet, la productivité est à peine supérieure à ce qu’elle était au
dix-neuvième siècle.
Les revenus des habitants du village, à l’exception des fonctionnai-
res et des retraités, proviennent de la terre, essentiellement de la vente,
et de l’autoconsommation des produits. Le niveau de vie est donc médio-
cre et cette médiocrité est aggravée par les fluctuations du climat.
Les ¾ de la consommation totale relèvent de l’alimentation. La
consommation alimentaire porte sur le pain, les pommes de terre, le porc
qui représente les ¾ de la consommation de viande de la famille. On
achète de la viande de boucherie, du fromage, consommé dans sa seule
forme locale, une fois par semaine, le beurre est inconnu. Le reste de la
consommation personnelle est vestimentaire, pour plus de sa moitié, les
dépenses de loisirs sont faibles. On peut avoir une image concrète du ni-
veau de consommation de la population de Madère en apprenant que
pour acheter un kilo de pain, le travailleur moyen de Madère doit travail-
ler 24 minutes, pour un kilo de sucre 45 minutes, pour 1 kg de beurre 7
heures, huit heures pour un poulet de 1 kg. Le prix des produits manufac-
turés est élevé : un petit poste de radio, par exemple, nécessite 300 salai-
res de manœuvre, une ampoule de 15 watts représente un salaire.
La population de Madère est jeune : en effet, la part des moins de
20 ans s’élève à 39,4 % de la population totale alors que les plus de 70
ans n’en représentent que 7,5 %. Le taux de natalité est de 22 ‰, le taux
de mortalité de 12,2 ‰, ce qui laisse une large place au taux d’excédent
naturel, entendu comme la différence entre le taux de natalité et le taux
de mortalité. La mortalité enfantine, celle qui survient dans la première