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Section 1. La Finlande, précurseur du régime parlementaire bireprésentatif en
Europe occidentale:
C’est au moment de son indépendance (sa première indépendance), en 1917,
que la Finlande opte pour une forme de gouvernement républicaine avec un président
élu. Elle conserve le régime parlementaire avec lequel elle s’était déjà familiarisée
sous la domination suédoise, mais à défaut de restaurer un monarque, elle choisit un
président élu par un collège de Grands électeurs. Ce n’est qu’en 1991, donc
tardivement, que le pays se dote d’un président élu au suffrage universel direct.
Cependant, on peut avancer, en considérant l’élection par les grands électeurs comme
un suffrage quasi-direct120 que la Finlande a, la première, ouvert la voie du régime
parlementaire bireprésentatif en Europe.
Paragraphe 1 : D’une domination à l’autre.
En 1809, la Finlande quitte le royaume de Suède qui l’a asservie durant 700
ans pour entrer dans l’Empire de Russie121. Le pays passe donc d’une domination à
l’autre. Ces périodes de tutelle ne sont pas étonnantes pour un pays limitrophe de
grands empires comme la Russie, de la Suède et la Norvège. Elles expliquent fort
120 Et d’ailleurs Maurice Duverger procède de la sorte puisqu’il fait figurer la Finlande dans son
ouvrage consacré aux régimes « semi-présidentiels » (que l’on peut préférer qualifier de « régimes
parlementaires bireprésentatifs »), au même titre que les autres pays d’Europe occidentale qui ont un
président élu au suffrage universel direct, critère essentiel selon lui à la définition d’un tel régime (Les
régimes semi-présidentiels, Paris, Puf, 1986, 368 pages).
121 L’histoire ancienne de la Finlande permet de mieux comprendre certains éléments d’analyse
exposés ultérieurement. La période Viking de la Finlande (l’invasion barbare et viking a lieu vers
1000 avant Jésus-Christ) prend fin avec la christianisation opérée par les suédois à partir du XII°
siècle. C’est une colonisation de peuplement. De nouvelles coutumes, la législation, et les impôts sont
imposés aux Finnois. L’absorption par la Suède se concrétise en 1397 par l’Union de Kalmar (1397-
1523) qui réunit la Suède, la Norvège et le Danemark. Au cours du XVI° siècle, le peuple finnois
fournit un gros effort de guerre pour la Suède (en soldats, en impôts, ainsi qu’en invasions) et
supporte, après la christianisation, la Réforme. Au XVIIe siècle les sacrifices portent leur fruit et
Gustave II Adolphe de Suède qui a participé à la guerre de trente ans et au Traité de paix (Traité de
Westphalie 1648) assoit son pays au banc confortable des nations dominantes. À la fin du même
siècle, l’église luthérienne est proclamée religion d’État sur tout le territoire, pendant que la
monarchie se radicalise, pour se transformer en monarchie absolue, sous Charles XI. Le nouveau
rapport de forces entre la noblesse, la Diète et le Roi contribue à l’affaiblissement du royaume de
Suède qui connaît par ailleurs des revers au XVIIIe siècle. Cela se traduit immédiatement par une perte
d’influence. La grande guerre du nord contre les tsars russes, se termine par une occupation qui se
mue en annexion. C’est la période dite de la « Grande haine », de 1714 à 1721. Le régime
parlementaire commence alors à se développer sur ce terrain sensible. La Finlande est écartelée entre