Social Science Learning Education Journal 1: 09 septembre (2016).
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Développement de l’hévéaculture: entre conflits fonciers, recomposition des rapports
sociaux et insécurité alimentaire dans la sous-préfecture de Béttié (Côte d’Ivoire)
KAM OLEH
Sociologue du développement rural
Université Felix Houphouët Boigny
DOI: http://dx.doi.org/10.15520/sslej.v1i09.12
Résumé : La culture de l’hévéa est en progression vertigineuse en Côte d’Ivoire. Elle est pratiquée par toutes les couches socioprofessionnelles.
En effet, du cadre de la fonction publique au citoyen moyen, tout le monde s’active à investir dans la création de plantations d’hévéa. Connu
pour son premier rang mondial de producteur de cacao, la Côte d’Ivoire est en passe de devenir un grand producteur de caoutchouc naturel.
Mais cette course effrénée vers l’hévéaculture, même si elle permet aux producteurs d’augmenter leurs revenus agricoles, cause d’autres
problèmes tels que les conflits fonciers, les conflits intercommunautaires, l’insécurité alimentaire, et la reconstruction des rapports sociaux.
Mots clés : hévéaculture, adoption, conflits
Abstract: The cultivation of rubber is increasing in Côte d’Ivoire. It is practiced by all the socio-professional levels of society. Indeed, from the
high/low-ranking official, to the average citizen, everyone invest in creating rubber farms. Known as the first world cocoa producer, Côte
d’Ivoire is about to becoming a big producer of natural rubber. But this unrestrained race towards rubber, even if it permits the producers to
increase their agricultural incomes, causes other problems such as the land conflicts, the food insecurity, the rebuilding of the social reports.
Key words: rubber, adoption, conflicts
INTRODUCTION
L’économie de la Côte d’Ivoire repose sur l’agriculture.
L’agriculture contribue pour 27% au PIB, emploie 2/3 de la
population active et fournit avec le secteur agroindustriel
40% des recettes d’exportation. (DSRP, 2009 : 38). La Côte
d'Ivoire est le premier producteur mondial de fèves de cacao,
avec une production moyenne annuelle de 1.200.000 tonnes,
soit 41 % de l'offre mondiale. Sur le plan macro économique
national, le niveau de production atteint fait que l'économie
cacaoyère fournit environ 40 % de recettes d'exportation, et
contribue pour 10 % à la formation du Produit Intérieur Brut
(PIB). Au plan social, ce sont environ 600.000 chefs
d'exploitation qui animent l'appareil de production, faisant
ainsi vivre environ 6.000.000 de personnes des revenus du
cacao. Ainsi, «le cacao est la culture structurante de
l’économie de plantation ivoirienne » ( François Ruf,
2008 :14).
Malgré sa forte contribution à l’économie nationale, la
population rurale est de plus en plus pauvre avec un taux de
pauvreté de 62,5% en 2008 contre 49% en 2002. (DSRP,
2009 : 38) Cette tendance à la hausse de la pauvreté en
milieu rural depuis 1998 est le résultat des mutations
importantes qu’a connues l’agriculture ivoirienne,
notamment avec la baisse des cours mondiaux de cette
culture sur le marché international. Cette situation a amené
le gouvernement ivoirien à mettre en place une politique de
diversification agricole. En effet, jusqu’aux années 1978,
les autres filières tel que la culture de l’hévéa ont connu un
essor grâce à des transferts de ressources de la filière café-
cacao. Ainsi, le développement de l’hévéaculture entre dans
le cadre de la diversification des exportations ivoiriennes.
Cet intérêt de l’Etat s’est traduit par la mise en place de
structures de développement (sociétés d’Etat, sociétés
d’économies mixtes et privées, instituts de recherche et
services d’encadrement des planteurs villageois) et des plans
de développement de l’hévéaculture. Cette politique de
diversification des exportations a permis à l’hévéaculture
ivoirienne, avec un rendement moyen de 1 600 kg/ha, d’être
l’une des plus performantes au monde. La production est
alimentée avec 56% de plantations villageoises, 42% de
plantations industrielles et 2% de plantations appartenant à
la recherche.
Certes le développement de l’hévéaculture permet aux
paysans d’augmenter ses revenus et à l’Etat d’augmenter le
PIB, mais il provoque d’autres maux tels que l’insécurité
alimentaire, les conflits fonciers et la déstructuration des
rapports sociaux. Cette situation nous amène à questionner
les déterminants de l’adoption et la prolifération des
plantations d’hévéa en milieu rural ivoirien. L’article va
analyser l’historique de l’hévéaculture en Côte d’Ivoire et
son rôle dans l’économie ivoirienne, présenter les différents
acteurs de la filière et son impact sur la société rurale.
L’article comporte trois parties : la présentation de la
démarche méthodologique, analyse des résultats, l’étape de
la discussion des résultats.
Eléments de méthodologie :
Le transfert et l’adoption de l’innovation culturale en milieu
rural constituent un objet d’étude majeur des sciences
sociales (Mendars Henri, 1967 ; Maryvonne Boduguel,
1975). Ils permettent de comprendre les déterminants de
l’adoption de nouvelles variétés culturales, les changements
sociaux économiques que cela produit (Jollivet Marcel, ,
1957 ; Moore Wilbert, 1971). La culture de l’hévéa a été
introduite par les autorités ivoiriennes en milieu rural. Son
adoption a été faite progressivement jusqu’à son
appropriation par les paysans. L’utilisation de cette théorie