James Rosenquist Ses peintures font directement allusion au contexte politique et culturel de leur époque de création en reflétant la dynamique de la culture capitaliste moderne. La complexité narrative de l’œuvre de Rosenquist se traduit par le biais des techniques du collage et des affiches publicitaires, mais la combinaison de ces images remplace l’intention commerciale de la publicité par une analyse des relations entre l’homme et la vie contemporaine. Ces œuvres pleines d’originalité forment des récits cohérents à partir d’une combinaison d’objets discordants conçue pour donner tout son écho au message. F 111 , 1965, huile sur toile et aluminium, 23 sections, 304,8 x 2621,3 cm. MOMA, New York. La peinture d'un avion de chasse supersonique accompagnée d'images invoquant le consumérisme moderne, un pneu d'automobile, des spaghetti en boîte, et un nuage atomique, s’intitule simplement F 111. Par cette œuvre l'artiste fait un commentaire sur les aspects positifs et négatifs des avancements scientifiques et humains au xxe siècle. L’art de Rosenquist parle des grands mythes des sociétés modernes et industrielles. L’artiste investit les lieux d’exposition avec d’immenses peintures-environnements qu'il installe sur des panneaux morcelés. Il conservera dans ses toiles les données abordées dans son travail publicitaire : image simplifiée, grand format, style, associations visuelles, sens des couleurs, et qu'il appellera des fragments de réalité. President Elect, (Président Élu) 1960-1961 Triptyque, huile sur masonite, 228 x 366 cm. Centre Georges Pompidou, Paris. Collage pour Président élu, Affiche découpée, découpages de magazine et technique mixte 36,8 x 60,5 cm Cette œuvre montre un imposant portrait de John F. Kennedy, tiré d’une affiche de la campagne présidentielle de 1960, auquel Rosenquist oppose des images du consumérisme et du bien-être de la classe moyenne américaine. La question qu’il pose ainsi est la suivante : "Voici ce nouveau type qui veut être président des États-Unis : que nous propose-t-il ?". President Elect est l'une de ses rares œuvres directement inspirées des affiches publicitaires. Kennedy était alors une image d'optimisme pour les États-Unis, le gâteau et la voiture, les signes tangibles de cette nouvelle ère de prospérité. Cependant, l'originalité de Rosenquist s'y décèle déjà : division tripartite de la surface, qui rompt la monotonie de l'image et permet de multiplier les points de vue et les significations, ondoiement de la lumière sur le visage du Président, travail en grisaille pour les mains qui se greffent comme des apparitions, où certains ont pu voir une influence du Surréalisme. < I love you with my Ford ('Je t'aime avec ma Ford') : 1961. Huile sur toile,(210.2 x 237). Musée d'art moderne, Stockholm, Suède. I love you with my Ford : 'Je t'aime avec ma Ford' peut être vu comme une moquerie critique de la société de consommation et de la culture capitaliste. Le tableau, divisé en trois bandes horizontales, peut être perçu comme un montage des valeurs américaines : l'automobile, l'amour et les spaghettis en conserves - le fast-food, le sexe et la consommation de masse. Ce rapprochement forcé entre plusieurs moments de la même réalité, en produit donc une autre, qui nous amène à réfléchir sur la manière dont nous percevons ces objets qui nous entourent constamment mais que nous ne voyons plus.