













Correspondances
Chaque fois que possible, nous établirons des
correspondances entre domaines de la connaissance,
beaux arts, histoire des idées, sciences et mythes, poésie
et parler populaire… Car au-delà de la spécialisation des
sciences, force est de constater l’harmonie qui régit notre
monde et dont les Anciens avaient fait un principe pour
ainsi dire politique. En ces temps de « global warming
», de création de chimères, d’organismes génétiquement
modifiés, de nanotechnologies, où l’homme détient tout
à la fois le feu des dieux et le pouvoir de jouer avec les
principes même de la vie, le spectacle de la nature dans
sa perfection incite à la sagesse.







 






        

        


        
          





         







Parce que la curiosité donne prétexte à tous les voyages, tou-
tes les digressions, toutes les impertinences, il convient d’ex-
pliquer pourquoi 2064 ans après le « De natura rerum » de
Lucrèce on continue de désigner les êtres vivants en latin.
C’est à un toubib suédois, Carl von Linné (1707-1778), que
nous le devons.
Pour classifier - aussi rationnellement que possible - plantes
et animaux, Linné a mis en œuvre un principe qui consiste à
désigner les plantes par un nom scientifique en latin ou lati-
nisé, formé de deux mots écrits en italique :
le premier est d’ordinaire un nom ; il désigne le genre
(par exemple un groupe de plantes qui partagent un cer-
tain nombre de caractères communs) ; on écrit en capitale
son initiale
le second désigne l’espèce (toujours selon le même exem-
ple, l’ensemble de plantes qui, à l’intérieur d’un même gen-
re, sont étroitement apparentées par leurs caractéristiques,
notamment sexuelles, et qui peuvent se reproduire entre
elles) ; il s’agit généralement d’un adjectif, c’est pourquoi il
se décline en -us, -a ou –um, en fonction du genre du nom
auquel il se rapporte.
L’espèce est généralement suivie de l’initiale de l’auteur qui
l’a nommée.Prenons en exemple la banane que nous connais-
sons bien, Musa paradisiaca L. selon Linné.
Le médecin suédois a donné le nom de Musa à ce fruit exoti-
que, en l’honneur d’Antonius Musa, médecin de l’empereur
romain Octave-Auguste, qu’il avait guéri d’une «obstruction
du foie»… Fallait le savoir ! Quant au qualificatif paradisiaca,
qui tombe sous le sens, il fait référence à une vieille croyance
selon laquelle la banane, et non la pomme, était le fruit dé-
fendu qu’Ève avait oert à Adam au paradis. Linné était fils
de pasteur…
Voilà qui restitue à cette fameuse histoire de fruit défendu
une tournure un peu plus compréhensible, pour peu qu’on
ait l’esprit aussi tracassé par les choses de la chair que les
gens de religion. Un clin d’œil que le grand Andy Warhol n’a
pas manqué en illustrant de ce fruit défendu le disque d’un
sulfureux groupe de rock, le Velvet Underground.




Lambition est historique. À tel point qu’en préfecture on
compare déjà GERRI, « premier vrai projet pour l’outre-mer
depuis 40 ans », par son envergure, à la naissance du centre
spatial de Kourou en Guyane. À cela près que cette révolu-
tion verte impliquera directement la population locale.
Quoi de révolutionnaire dans cette inévitable transition
énergétique que de nombreux Etats ont d’ores et déjà entre-
pris ? Sa rapidité : le but de GERRI est de déployer tous les
moyens pour aller ici plus vite qu’ailleurs.
Comment ? Par un volontarisme très fort qui multipliera
les expérimentations, les incitations, les innovations, et -
dérera les acteurs locaux autour d’objectifs communs précis
et quantifiables.
Dans la droite ligne du Grenelle de l’Environnement et de
la politique de la Région, GERRI va dessiner un grand projet
de société pour La Réunion de demain, autour de cinq axes :
un programme central sur les transports en modes propres,
et quatre programmes complémentaires sur la production
d’énergie, le stockage d’énergie, l’habitat HQE et le tourisme
durable.
Un mouvement irréversible
À cela s’ajouteront une vaste communication interne pour
mobiliser la population, une mise en visibilité internationale
du projet pour gagner une reconnaissance et une attractivité
dans l’hémisphère Nord, la mise en oeuvre de projets-phares
« GERRI-compatibles » portés par les collectivités publiques,
l’intensification des actions de maîtrise de l’énergie, et enfin
la constitution d’une filière irréprochable de traitement des
déchets associés. Objectifs : une exemplarité et un avant-
gardisme vecteurs de croissance et d’identité, exportables
aux îles du monde.
La réussite de GERRI est conditionnée par une forte mon-
tée en puissance dès cette année, avec de premiers résultats
visibles, l’idée étant de créer très vite un choc interne et ex-
terne afin d’asseoir « un mouvement irréversible ». Ce succès
repose aussi sur l’intensité des incitations à agir : un statut
d’expérimentation renforcé avec un cadre juridique, fiscal et
financier hautement dérogatoire, exorbitant du droit com-
mun national et international, semble indispensable pour
accélérer l’Histoire de La Réunion dans ces domaines. GERRI
permettra aussi de rénover la vision du dispositif de défisca-
lisation, loin de l’eet d’aubaine à court terme. Agir vite et
fort, car le temps est compté.
GERRI, voulu par Nicolas Sarkozy, c’est tout à la fois
l’Etat, la Région, les collectivités locales, les investisseurs,
les entreprises réunionnaises, nationales et internationales,
les chercheurs et ingénieurs, les artisans... et évidemment
les citoyens, sans qui rien ne sera possible. Tous centrés sur
un territoire laboratoire, La Réunion, autour d’un pari com-
mun : l’énergie verte. Ne pas décevoir. « Faut vraiment que ça
marche ce machin-là », lâche Maurice Cérisola, président de
la Réunion économique. « Machin ». Car tout est à inventer.





L e s t r a n s p o r t s e t
l’électricité se partagent
à moitié-moitié la quan-
tité d’énergie consommée
à La Réunion aujourd’hui.
La part globale des éner-
gies renouvelables est de
18 % sur l’île : 0% dans les
transports et 36% dans la
production d’électricité
(bagasse et hydraulique
essentiellement). En 2006,
l’éolien et le photovolta-
ïque ne représentaient
que 0,2% de l’électricité
produite. Fin 2006, 75 000
chaue-eau solaires étaient
installés, soit une produc-
tion équivalente à près de
5% de l’électricité totale
consommée. Un Réunion-
nais consomme 0,1 TEP
d’électricité par an, con-
tre 0,2 TEP pour un mét-
ropolitain (part chauage
plus importante). Quelque
30 000 nouvelles voitures
particulières débarquent
chaque année sur l’île. En
2006, seuls 38 véhicules
hybrides ont été vendues.



D’abord parce que c’est une île, en cela un espace
« étanche » et réduit, parfaitement adapté pour
l’expérimentation et la modélisation à l’échelle d’une
société, avec une population jeune prête à jouer l’esprit
pionnier. La spécificité insulaire implique aussi un
véritable défi énergétique : aucune possibilité de réseaux
interconnectés ni d’énergie nucléaire, La Réunion doit
se débrouiller seule. Ensuite parce que La Réunion
dispose d’une vraie antériorité et d’une compétence
reconnue au plan international sur le sujet des énergies
renouvelables, avec des industriels locaux (pôle Temergie
notamment) et des collectivités pleinement investis sur
ces marchés émergents. Sans la politique menée par la
Région depuis 8 ans, GERRI serait impensable aujourd’hui.
Ce programme consistera donc à démultiplier les
initiatives existantes. Forte de ses atouts tropicaux (soleil,
biomasse, vent, houle, volcan), française et européenne,
déjà dotée d’outils de recherche et de compétences, La
Réunion, minée par le chômage et la problématique
transports, constitue une terre idéale pour un tel projet.


Comme le répète à l’envi Michel Dijoux,
président de Temergie (pôle R&D
des professionnels de l’énergie), le
secteur de l’énergie, dans son approche
globale (industrie solaire, transports
propres, BTP, architectes, ingénieurs
etc.), est susceptible de créer 15 000
emplois directs dans les 15 prochaines
années à La Réunion. Voilà bien,
outre sa dimension d’exemplarité
écologique, l’un des objectifs de GERRI :
participer à la croissance de l’île.




 Le projet GERRI
fait l'unanimité parmi les déci-
deurs réunionnais. Pourquoi ?
 L'île est
dans une dynamique démogra-
phique forte. Le président Vergès
a su très tôt expliquer qu'il y avait
un risque important de la subir
plutôt que d'en profiter. Si, face
aux changements globaux, aux
problèmes de la congestion auto-
mobile, de l'insécurité routière, du
chômage de masse, il n'y a pas une
dynamique originale pour trouver
des créneaux d'excellence. Ce que
j'ai ressenti auprès des acteurs lo-
caux, c'est ce sentiment collectif
qu'il faut valoriser les atouts, anti-
ciper, aller sur les métiers d'avenir.
GERRI, c'est essayer de faire mieux
et plus rapide que les autres, non
pas par fierté, mais pour bénéficier
des eets d'antériorité, et ainsi ga-
gner des parts de marcet des
emplois. Sachant que l'enjeu est à
l'horizon 2030, ce qui signifie me-
ner des projets structurants et pas
seulement des coups médiatiques.
C'est pourquoi GERRI n'a de sens
que si on développe la formation et
l'information de la population.
Pourquoi ce périmètre d'ac-
tion englobant énergies renou-
velables, transports propres,
logement HQE, urbanisme et
tourisme durables ?
Car c'est un périmètre cohérent
tout est lié et imbriqué. Les deux
premiers secteurs n'ont de sens
que si on les couple à une logique
de territoire pour minimiser les
déplacements individuels, autour
des projets tram-train et route des
Tamarins par exemple. Il ne s'agit
pas de revoir toute la carte de La
Réunion mais de créer des éco-
quartiers exemplaires. Concen-
trons-nous là-dessus pour être
dans les meilleurs standards in-
ternationaux. C'est par le dialogue
sur les besoins locaux que le projet
trouvera son excellence, pas en pla-
quant des solutions extérieures.
Pourquoi intégrer le tourisme ?
Parce que le tourisme est lié à la
dépense d'énergie, aux déplace-
ments et à l'urbanisme. Ensuite, la
fréquentation touristique peut bé-
néficier de GERRI car elle joue sur
les valeurs. Beaucoup de gens vont
en Islande car ça les intéresse de
voir comment cette île fonctionne,
avec 100% d'énergies renouvela-
bles (EnR) grâce à la géothermie.
Imaginez le touriste qui débarque à
La Réunion, qui prend le tram-train
relayé ensuite par un véhicule élec-
trique et qui arrive dans un hôtel
où l'électricité, la douche, tout
est lié aux EnR. Les gens qui aiment
la nature y sont sensibles. Il faut
aussi des projets qui fassent la Une
des magazines d'architecture, pour
toucher une clientèle éduquée.
Cette mise en notoriété est
un des axes forts de GERRI.
C'est aussi pour attirer investis-
seurs et porteurs de projets du
monde entier ?
Oui. Depuis que j'ai commencé ma
mission, des tas de gens viennent me
voir avec des projets. Il faut alimenter
ce bouche-à-oreille : il faut que ça de-
vienne naturel de choisir La union
pour expérimenter une innovation.
L'image de La union 2030 est déjà
lisible en tropole. Mais attention
au foisonnement actuel sur les éner-
gies renouvelables. Il faut garder
la te froide, expérimenter, ne pas
s'embarquer bille en tête dans des
trucs qui ne tiennent pas la route.
Quelle est la traduction
concrète de GERRI ?
La mission de préfiguration dure-
ra six mois jusqu'en septembre. Il
y a un comité technique, le "Gerri
Team", qui réunit tous les acteurs
locaux. Il y a aussi un comité de
pilotage politique sous l'égide de
l'Etat, la Région et le Département.
On a cette chance d'avoir une
convergence de tous les acteurs
politiques et économiques. Il faut
travailler sur l'ingénierie finan-
cière pour avoir des conditions fa-
vorables à l'investissement. Il faut
aussi définir les axes de recherche
les plus pertinents et lancer de pre-
miers projets forts et concluants.
Il faut travailler avec l'Education
nationale pour former les maî-
tres à cette sensibilisation... Il y
a du travail. À terme, une équipe
d'animation permanente sera sans
doute nécessaire, avec un guichet
unique réunissant les financeurs et
facilitant les démarches. D'ici deux
à trois mois, on aura défini les prin-
cipaux domaines d'action et on es-
père bien pouvoir vous étonner.
Il y a une tendance générale
mondiale dans ces domaines.
Pourquoi La Réunion pour-
rait-elle être ce territoire plus
« vert » que les autres ?
C'est un pari. Le succès de GERRI -
pendra du répondant de la popula-
tion. On vise l'eet d'entraînement,
la montée en puissance. Il faut dé
se rendre compte que l'île compte
parmi ceux qui vont vite sur les éner-
gies renouvelables au niveau mon-
dial, par exemple sur les chaue-eau
solaires. Beaucoup de gros projets
photovoltaïques de 10 à 20 MW sont
en cours et les supermarchés s'équi-
peront dans un lai très court. Nous
sommes dans un des endroits les
plus favorables pour l'énergie de la
houle... Avant de venir ici, en lisant
le projet, je n'avaispas d'idée précon-
çue sur sa faisabilité. Au fil des ren-
contres, j'ai vu qu'il y avait vraiment
du pondant, de l'enthousiasme et
de la compétence, un appétit collec-
tif pour l'action. On n'est pas dans
le fantasme. Il y a un savoir-faire re-
marquable, chez les professionnels,
à l'ARER, l'ADEME...
Si La Réunion est en avance
sur les EnR, elle est plutôt en re-
tard en matière de transports...
Oui, on part d'une situation d'apoca-
lypse, pour des raisons géographiques
et historiques. Il faut voir si l'on crée
les conditions d'une ore intégrée de
transports en commun, pourquoi pas
un syndicat mixte des transports en
commun pour toute l'île ? Les commu-
nes sont-elles prêtes à mettre des véhi-
cules à disposition librement ? Il faut
gagner en véhicules hybrides puis tout
électriques à travers les flottes profes-
sionnelles et les véhicules personnels.
Beaucoup d'idées sont dans l'air. Les-
quelles sont pertinentes, c'est aux gens
concernés de le dire. L'urbanisme est
un enjeu énorme, tout comme l'iso-
lation thermique. Il faut travailler ces
questions pour gagner en corence.
La politique intégrée doit être la mar-
que de fabrique de La union. On
ne doit pas simplement plaquer de la
technologie mais répondre aux enjeux
de la population de l'île.
Pourquoi les constructeurs
automobiles choisiraient La
Réunion comme vitrine de leurs
innovations ?
Si Renault a récemment choisi Is-
raël pour mener sa grande opéra-
tion de développement sur les -
hicules électriques, ce n'est pas par
hasard. C'est parce que la taille de
la flotte est adaptée. L'avantage de
La Réunion, c'est l'eet laboratoi-
re. Son isolement et sa petite taille
font qu'elle peut basculer plus ra-
pidement qu'ailleurs sur d'autres
technologies, tout en étant d'une
échelle très importante au plan
mondial. Les fortes pentes et le
milieu tropical sont des contrain-
tes qui permettent d'aller au bout
de l'expérimentation. Si ça marche
ici, ça marchera ailleurs.
GERRI implique-t-il de l'Etat
un eort fiscal et financier ?
Oui, mais pas uniquement. Il faut
partir des business-plans des pro-
jets et voir ensuite les outils qui
permettent de les boucler dans de
bonnes conditions. Il n'y aura pas
de solutions miracles tous azimuts
à la fin de ma mission. GERRI pas-
sera par une kyrielle de petites me-
sures ciblées pas nécessairement
spectaculaires. L'idée était par
exemple d'appliquer le bonus-ma-
lus auto à La Réunion avant qu'il
ne le soit en métropole. En matiè-
re de réglementation thermique,
la démarche PERENE lancée à La
Réunion est en cours de validation
et sera appliquée cette année dans
tout l'outre-mer. Nous pouvons
aussi travailler sur des incitations
au renouvellement des frigos éner-
givores. Sur les clims, il y a aussi à
faire, mais c'est plus compliqué.

 






1 / 48 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !