Quand les baleines font du “tourisme”

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Supplément gratuit du JDimanche du 30 mars 2008
Le magazine de l’environnement
exclusif
opération
réunion 2030
les océans
sous plastique
les origines
de notre Ile
climat
global warming
Quand
les baleines
font du “tourisme”
Nous tenons à remercier tout particulièrement l’association
Vie Océane qui nous autorise à utiliser ses archives
informatiques et nous aide à réaliser les pages consacrées à la
vie marine (P26 & 27); http : //vieoceane.free.fr/indexvo.html
en guise d’introduction
Pourquoi « De Natura… » ? Parce que cet intitulé tombe sous
le sens, qui signifie, dans un latin certes reconnaissable, « De
la nature… », mais se réfère encore au célèbre « De natura
rerum» de Lucrèce.
Pourquoi du latin au XXIe siècle ?
Parce que la terminologie scientifique passe par le latin (Ndlr :
nous y reviendrons), qu’il faut bien l’expliquer en langage courant
et qu’enfin, « De Natura… » ne sonne pas plus absurdement
qu’un « Eurêka » bien grec ou qu’un « Ushuaia » dont, avant
le sympathique Monsieur Hulot, personne ou presque ne savait
qu’il s’agissait d’une petite ville du grand Sud argentin.
Allons donc pour « De Natura… », parce que « Natura » tout
court ferait un peu trop margarine allégée ou shampoing aux
herbes, et qu’en fin de compte, c’est bien de la Nature qu’il est
question ici. « De Natura… » est donc un magazine mensuel,
une histoire naturelle et - avec un peu de chance - raisonnée
de La Réunion, agrémentée de fenêtres sur l’actualité de
l’Environnement et des Sciences, sans oublier quelques dossiers
d’actualité liés à des problématiques écologiques.
Nous retrouvons ainsi, dans ce mensuel, le sain aiguillon
de la curiosité, qui nous pousse à voir réellement dans quel
monde nous vivons, ce qui se cache derrière les évidences, les
habitudes, ce qu’il y a au-delà du sens premiers des mots, sous
le sable de la plage, dans l’eau du lagon, l’air pur des hauts, les
mille et une bébêtes qui vont et viennent sous notre nez…
En retrouvant le goût d’observer, de questionner, de raisonner
et qui sait, de philosopher, nous renouons avec l’esprit des
Lumières, et, la chose n’est pas si paradoxale qu’il y paraît, nous
réenchantons le monde.
Philippe Le Claire
Correspondances
Ch a qu e fo i s qu e p o s s i b l e , n o u s ét a b l i ro n s d e s
correspondances entre domaines de la connaissance,
beaux arts, histoire des idées, sciences et mythes, poésie
et parler populaire… Car au-delà de la spécialisation des
sciences, force est de constater l’harmonie qui régit notre
monde et dont les Anciens avaient fait un principe pour
La banane originelle selon Linné & Andy Warhol
Parce que la curiosité donne prétexte à tous les voyages, toutes les digressions, toutes les impertinences, il convient d’expliquer pourquoi 2064 ans après le « De natura rerum » de
Lucrèce on continue de désigner les êtres vivants en latin.
C’est à un toubib suédois, Carl von Linné (1707-1778), que
nous le devons.
Pour classifier - aussi rationnellement que possible - plantes
et animaux, Linné a mis en œuvre un principe qui consiste à
désigner les plantes par un nom scientifique en latin ou latinisé, formé de deux mots écrits en italique :
• le premier est d’ordinaire un nom ; il désigne le genre
(par exemple un groupe de plantes qui partagent un certain nombre de caractères communs) ; on écrit en capitale
son initiale
• le second désigne l’espèce (toujours selon le même exemple, l’ensemble de plantes qui, à l’intérieur d’un même genre, sont étroitement apparentées par leurs caractéristiques,
notamment sexuelles, et qui peuvent se reproduire entre
elles) ; il s’agit généralement d’un adjectif, c’est pourquoi il
se décline en -us, -a ou –um, en fonction du genre du nom
auquel il se rapporte.
• L’espèce est généralement suivie de l’initiale de l’auteur qui
l’a nommée.Prenons en exemple la banane que nous connaissons bien, Musa paradisiaca L. selon Linné.
Le médecin suédois a donné le nom de Musa à ce fruit exotique, en l’honneur d’Antonius Musa, médecin de l’empereur
romain Octave-Auguste, qu’il avait guéri d’une «obstruction
du foie»… Fallait le savoir ! Quant au qualificatif paradisiaca,
qui tombe sous le sens, il fait référence à une vieille croyance
selon laquelle la banane, et non la pomme, était le fruit défendu qu’Ève avait offert à Adam au paradis. Linné était fils
de pasteur…
Voilà qui restitue à cette fameuse histoire de fruit défendu
une tournure un peu plus compréhensible, pour peu qu’on
ait l’esprit aussi tracassé par les choses de la chair que les
gens de religion. Un clin d’œil que le grand Andy Warhol n’a
pas manqué en illustrant de ce fruit défendu le disque d’un
sulfureux groupe de rock, le Velvet Underground.
ainsi dire politique. En ces temps de « global warming
», de création de chimères, d’organismes génétiquement
modifiés, de nanotechnologies, où l’homme détient tout
à la fois le feu des dieux et le pouvoir de jouer avec les
principes même de la vie, le spectacle de la nature dans
sa perfection incite à la sagesse.
réunion 2030
Révolution en vue
nom de code GERRI
Connu sous le nom de
« Réunion 2030 » et officially called « Green Energy Revolution - Reunion Island » (GERRI), un programme
hors-normes est en train de naître pour faire de La Réunion le premier territoire au monde où les déplacements
et la production d’énergie se passeront du pétrole et du charbon. Rien que ça ! Dossier réalisé par Sylvain Amiotte.
L’ambition est historique. À tel point qu’en préfecture on
compare déjà GERRI, « premier vrai projet pour l’outre-mer
depuis 40 ans », par son envergure, à la naissance du centre
spatial de Kourou en Guyane. À cela près que cette révolution verte impliquera directement la population locale.
Quoi de révolutionnaire dans cette inévitable transition
énergétique que de nombreux Etats ont d’ores et déjà entrepris ? Sa rapidité : le but de GERRI est de déployer tous les
moyens pour aller ici plus vite qu’ailleurs.
Comment ? Par un volontarisme très fort qui multipliera
les expérimentations, les incitations, les innovations, et fédérera les acteurs locaux autour d’objectifs communs précis
et quantifiables.
Dans la droite ligne du Grenelle de l’Environnement et de
la politique de la Région, GERRI va dessiner un grand projet
de société pour La Réunion de demain, autour de cinq axes :
un programme central sur les transports en modes propres,
et quatre programmes complémentaires sur la production
d’énergie, le stockage d’énergie, l’habitat HQE et le tourisme
durable.
Un mouvement irréversible
À cela s’ajouteront une vaste communication interne pour
mobiliser la population, une mise en visibilité internationale
du projet pour gagner une reconnaissance et une attractivité
dans l’hémisphère Nord, la mise en oeuvre de projets-phares
« GERRI-compatibles » portés par les collectivités publiques,
l’intensification des actions de maîtrise de l’énergie, et enfin
la constitution d’une filière irréprochable de traitement des
déchets associés. Objectifs : une exemplarité et un avantgardisme vecteurs de croissance et d’identité, exportables
aux îles du monde.
La réussite de GERRI est conditionnée par une forte montée en puissance dès cette année, avec de premiers résultats
visibles, l’idée étant de créer très vite un choc interne et externe afin d’asseoir « un mouvement irréversible ». Ce succès
Avec GERRI, la Réunion veut
accélérer son Histoire pour
devenir un champion du
monde de l’énergie verte.
Objectif 15 000
emplois
Comme le répète à l’envi Michel Dijoux,
président de Temergie (pôle R&D
des professionnels de l’énergie), le
secteur de l’énergie, dans son approche
globale (industrie solaire, transports
propres, BTP, architectes, ingénieurs
etc.), est susceptible de créer 15 000
emplois directs dans les 15 prochaines
années à La Réunion. Voilà bien,
outre sa dimension d’exemplarité
écologique, l’un des objectifs de GERRI :
participer à la croissance de l’île.
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Supplément gratuit du Journal de l’île du 10 juin 2007
repose aussi sur l’intensité des incitations à agir : un statut
d’expérimentation renforcé avec un cadre juridique, fiscal et
financier hautement dérogatoire, exorbitant du droit commun national et international, semble indispensable pour
accélérer l’Histoire de La Réunion dans ces domaines. GERRI
permettra aussi de rénover la vision du dispositif de défiscalisation, loin de l’effet d’aubaine à court terme. Agir vite et
fort, car le temps est compté.
GERRI, voulu par Nicolas Sarkozy, c’est tout à la fois
l’Etat, la Région, les collectivités locales, les investisseurs,
les entreprises réunionnaises, nationales et internationales,
les chercheurs et ingénieurs, les artisans... et évidemment
les citoyens, sans qui rien ne sera possible. Tous centrés sur
un territoire laboratoire, La Réunion, autour d’un pari commun : l’énergie verte. Ne pas décevoir. « Faut vraiment que ça
marche ce machin-là », lâche Maurice Cérisola, président de
la Réunion économique. « Machin ». Car tout est à inventer.
L’énergie aujourd’hui
Les transports et
l’électricité se partagent
à moitié-moitié la quantité d’énergie consommée
à La Réunion aujourd’hui.
La part globale des énergies renouvelables est de
18 % sur l’île : 0% dans les
transports et 36% dans la
production d’électricité
(bagasse et hydraulique
essentiellement). En 2006,
l’éolien et le photovoltaïque ne représentaient
que 0,2% de l’électricité
produite. Fin 2006, 75 000
chauffe-eau solaires étaient
installés, soit une production équivalente à près de
5% de l’électricité totale
consommée. Un Réunionnais consomme 0,1 TEP
d’électricité par an, contre 0,2 TEP pour un métropolitain (part chauffage
plus importante). Quelque
30 000 nouvelles voitures
particulières débarquent
chaque année sur l’île. En
2006, seuls 38 véhicules
hybrides ont été vendues.
Pourquoi
La Réunion ?
D’abord parce que c’est une île, en cela un espace
« étanche » et réduit, parfaitement adapté pour
l’expérimentation et la modélisation à l’échelle d’une
société, avec une population jeune prête à jouer l’esprit
pionnier. La spécificité insulaire implique aussi un
véritable défi énergétique : aucune possibilité de réseaux
interconnectés ni d’énergie nucléaire, La Réunion doit
se débrouiller seule. Ensuite parce que La Réunion
dispose d’une vraie antériorité et d’une compétence
reconnue au plan international sur le sujet des énergies
renouvelables, avec des industriels locaux (pôle Temergie
notamment) et des collectivités pleinement investis sur
ces marchés émergents. Sans la politique menée par la
Région depuis 8 ans, GERRI serait impensable aujourd’hui.
Ce programme consistera donc à démultiplier les
initiatives existantes. Forte de ses atouts tropicaux (soleil,
biomasse, vent, houle, volcan), française et européenne,
déjà dotée d’outils de recherche et de compétences, La
Réunion, minée par le chômage et la problématique
transports, constitue une terre idéale pour un tel projet.
Ponts et Chaussées, a été nommé chef de la mission de préfiguration "Réunion 2030"
par le président de la République. À charge pour lui, d'ici septembre, de structurer le
programme dans son contenu, son organisation et ses objectifs, en fédérant les acteurs
locaux mais aussi nationaux et internationaux.
De Natura : Le projet GERRI
fait l'unanimité parmi les décideurs réunionnais. Pourquoi ?
Pierre-Alain Roche : L'île est
dans une dynamique démographique forte. Le président Vergès
a su très tôt expliquer qu'il y avait
un risque important de la subir
plutôt que d'en profiter. Si, face
aux changements globaux, aux
problèmes de la congestion automobile, de l'insécurité routière, du
chômage de masse, il n'y a pas une
dynamique originale pour trouver
des créneaux d'excellence. Ce que
j'ai ressenti auprès des acteurs locaux, c'est ce sentiment collectif
qu'il faut valoriser les atouts, anticiper, aller sur les métiers d'avenir.
GERRI, c'est essayer de faire mieux
et plus rapide que les autres, non
pas par fierté, mais pour bénéficier
des effets d'antériorité, et ainsi gagner des parts de marché et des
emplois. Sachant que l'enjeu est à
l'horizon 2030, ce qui signifie mener des projets structurants et pas
seulement des coups médiatiques.
C'est pourquoi GERRI n'a de sens
que si on développe la formation et
l'information de la population.
•Pourquoi ce périmètre d'action englobant énergies renouvelables, transports propres,
logement HQE, urbanisme et
tourisme durables ?
Car c'est un périmètre cohérent où
tout est lié et imbriqué. Les deux
premiers secteurs n'ont de sens
que si on les couple à une logique
de territoire pour minimiser les
déplacements individuels, autour
des projets tram-train et route des
Tamarins par exemple. Il ne s'agit
pas de revoir toute la carte de La
Réunion mais de créer des écoquartiers exemplaires. Concentrons-nous là-dessus pour être
dans les meilleurs standards internationaux. C'est par le dialogue
sur les besoins locaux que le projet
trouvera son excellence, pas en plaquant des solutions extérieures.
Imaginez le touriste qui débarque à
La Réunion, qui prend le tram-train
relayé ensuite par un véhicule électrique et qui arrive dans un hôtel
où l'électricité, la douche, où tout
est lié aux EnR. Les gens qui aiment
la nature y sont sensibles. Il faut
aussi des projets qui fassent la Une
des magazines d'architecture, pour
toucher une clientèle éduquée.
•Cette mise en notoriété est
un des axes forts de GERRI.
C'est aussi pour attirer investisseurs et porteurs de projets du
monde entier ?
Oui. Depuis que j'ai commencé ma
mission, des tas de gens viennent me
voir avec des projets. Il faut alimenter
ce bouche-à-oreille : il faut que ça devienne naturel de choisir La Réunion
pour expérimenter une innovation.
L'image de La Réunion 2030 est déjà
lisible en métropole. Mais attention
au foisonnement actuel sur les énergies renouvelables. Il faut garder
la tête froide, expérimenter, ne pas
s'embarquer bille en tête dans des
trucs qui ne tiennent pas la route.
•Quelle est la traduction
concrète de GERRI ?
La mission de préfiguration durera six mois jusqu'en septembre. Il
y a un comité technique, le "Gerri
Team", qui réunit tous les acteurs
locaux. Il y a aussi un comité de
pilotage politique sous l'égide de
l'Etat, la Région et le Département.
On a cette chance d'avoir une
convergence de tous les acteurs
politiques et économiques. Il faut
travailler sur l'ingénierie financière pour avoir des conditions favorables à l'investissement. Il faut
aussi définir les axes de recherche
les plus pertinents et lancer de premiers projets forts et concluants.
Il faut travailler avec l'Education
nationale pour former les maîtres à cette sensibilisation... Il y
a du travail. À terme, une équipe
d'animation permanente sera sans
doute nécessaire, avec un guichet
unique réunissant les financeurs et
facilitant les démarches. D'ici deux
à trois mois, on aura défini les principaux domaines d'action et on espère bien pouvoir vous étonner.
•Il y a une tendance générale
mondiale dans ces domaines.
Pourquoi La Réunion pourrait-elle être ce territoire plus
« vert » que les autres ?
C'est un pari. Le succès de GERRI dépendra du répondant de la population. On vise l'effet d'entraînement,
la montée en puissance. Il faut déjà
se rendre compte que l'île compte
parmi ceux qui vont vite sur les énergies renouvelables au niveau mondial, par exemple sur les chauffe-eau
solaires. Beaucoup de gros projets
photovoltaïques de 10 à 20 MW sont
en cours et les supermarchés s'équiperont dans un délai très court. Nous
sommes dans un des endroits les
plus favorables pour l'énergie de la
houle... Avant de venir ici, en lisant
le projet, je n'avaispas d'idée préconçue sur sa faisabilité. Au fil des rencontres, j'ai vu qu'il y avait vraiment
du répondant, de l'enthousiasme et
de la compétence, un appétit collectif pour l'action. On n'est pas dans
le fantasme. Il y a un savoir-faire remarquable, chez les professionnels,
à l'ARER, l'ADEME...
•Si La Réunion est en avance
sur les EnR, elle est plutôt en retard en matière de transports...
Oui, on part d'une situation d'apocalypse, pour des raisons géographiques
et historiques. Il faut voir si l'on crée
les conditions d'une offre intégrée de
transports en commun, pourquoi pas
un syndicat mixte des transports en
commun pour toute l'île ? Les communes sont-elles prêtes à mettre des véhicules à disposition librement ? Il faut
gagner en véhicules hybrides puis tout
électriques à travers les flottes professionnelles et les véhicules personnels.
Beaucoup d'idées sont dans l'air. Lesquelles sont pertinentes, c'est aux gens
concernés de le dire. L'urbanisme est
un enjeu énorme, tout comme l'isolation thermique. Il faut travailler ces
questions pour gagner en cohérence.
La politique intégrée doit être la marque de fabrique de La Réunion. On
ne doit pas simplement plaquer de la
technologie mais répondre aux enjeux
de la population de l'île.
•Pourquoi les constructeurs
automobiles choisiraient La
Réunion comme vitrine de leurs
innovations ?
Si Renault a récemment choisi Israël pour mener sa grande opération de développement sur les véhicules électriques, ce n'est pas par
hasard. C'est parce que la taille de
la flotte est adaptée. L'avantage de
La Réunion, c'est l'effet laboratoire. Son isolement et sa petite taille
font qu'elle peut basculer plus rapidement qu'ailleurs sur d'autres
technologies, tout en étant d'une
échelle très importante au plan
mondial. Les fortes pentes et le
milieu tropical sont des contraintes qui permettent d'aller au bout
de l'expérimentation. Si ça marche
ici, ça marchera ailleurs.
réunion 2030
« L'avantage de La Réunion, c'est l'effet
laboratoire » Début février, Pierre-Alain Roche, ingénieur général des
•GERRI implique-t-il de l'Etat
un effort fiscal et financier ?
Oui, mais pas uniquement. Il faut
partir des business-plans des projets et voir ensuite les outils qui
permettent de les boucler dans de
bonnes conditions. Il n'y aura pas
de solutions miracles tous azimuts
à la fin de ma mission. GERRI passera par une kyrielle de petites mesures ciblées pas nécessairement
spectaculaires. L'idée était par
exemple d'appliquer le bonus-malus auto à La Réunion avant qu'il
ne le soit en métropole. En matière de réglementation thermique,
la démarche PERENE lancée à La
Réunion est en cours de validation
et sera appliquée cette année dans
tout l'outre-mer. Nous pouvons
aussi travailler sur des incitations
au renouvellement des frigos énergivores. Sur les clims, il y a aussi à
faire, mais c'est plus compliqué.
•Pourquoi intégrer le tourisme ?
Parce que le tourisme est lié à la
dépense d'énergie, aux déplacements et à l'urbanisme. Ensuite, la
fréquentation touristique peut bénéficier de GERRI car elle joue sur
les valeurs. Beaucoup de gens vont
en Islande car ça les intéresse de
voir comment cette île fonctionne,
avec 100% d'énergies renouvelables (EnR) grâce à la géothermie.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 10 juin 2007
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réunion 2030
Dessine-moi
La Réunion 2030
Rédigé par les services réunionnais de l'Etat, un premier document consensuel, dont les propositions restent à valider
et à préciser, esquisse les contours de GERRI. Pour faire du
rêve une réalité.
Transports : foncer dans l'ère électrique
L'idée-force est de « rendre accessible à la population réunionnaise, plus rapidement et plus largement que pour tout
autre territoire au monde, toutes les formes nouvelles de
transport propre ». Ce qui implique aussi de réduire les kilomètres parcourus par les modes individuels, ainsi que le
nombre moyen de véhicules individuels.
En ce sens, GERRI cherchera à structurer un réseau de
transport collectif en mode propre (tram-train, bus et taxis
collectifs hybrides puis électriques), à généraliser les Plans
de déplacements entreprises (PDE), et à développer un plan
vélo à assistance électrique, à favoriser le co-voiturage en
accompagnant les collectivités publiques. L'objectif est aussi
de démultiplier le nombre de véhicules hybrides et électriques, et de rendre impossible leur réexportation. GERRI entend ainsi négocier un régime d'importation spécifique pour
La Réunion avec tous les constructeurs mondiaux de véhicules, basé sur les évolutions technologiques (hybrides, hybrides rechargeables sur secteur, véhicules électriques puis
hydrogène). La suppression de l'octroi de mer et de la TVA
sur les véhicules hybrides d'entrée de gamme et 100% électriques est une possibilité, l'idée étant d'obtenir de chaque
constructeur, pour les Réunionnais exclusivement, un prix
d'achat des véhicules propres inférieur aux mêmes modèles
thermiques. Le prix au kilomètre parcouru devra aussi être
inférieur à l'essence.
Production
d'énergie :
du solaire partout
L'objectif est d'atteindre l'autonomie
énergétique sur l'ensemble des filières transports, en lançant un programme solaire de masse, appuyé sur
de grands projets tels qu'une ferme
photovoltaïque géante le long de la
route des Tamarins (650 hectares de
potentiel, soit une puissance de 580
MW!), la couverture des parkings publics et privés, et sur des étendues impossibles à exploiter autrement. L'accompagnement pourrait inclure une
défiscalisation renforcée, un fonds
d'amorçage pour les projets expérimentaux, la réalisation d'une carte
des zones solaires idéales, la création d'une zone de 20 hecatres pour
les tests de résistance cyclonique,
ainsi que des aides aux distributeurs
de carburants en vue de l'émergence
d'un réseau maillé de « refueling »
multi-modes.
L'idée est aussi d'accentuer les
projets biomasse et éolien, et d'être
pionnier sur la géothermie, l'énergie
de la houle et l'énergie thermique des
mers, via des régimes dérogatoires,
afin d'atteindre les 50% d'énergie
non fossile en 2015.
Prévisions
2008 : Lancement du chantier de la
ferme photovoltaïque géante des Tamarins et de 4 sites-pilotes solaires (hôtel,
parking administratif, parking moyenne
surface alimentaire, et station-service).
Démarrage de la valorisation des déchets verts à la centrale de Bois-Rouge.
2010 : 15% du projet route des Tamarins réalisé (80 MW). Opération « 10 000
parkings solaires » pour les particuliers et
extension aux grandes surfaces, aéroport,
hôpitaux, écoles. Démarrage de centrales
pilotes en énergie thermique des mers,
énergie de la houle et géothermie.
2015 : Achèvement du projet « Tamarin »
(580 MW). Lancement de fermes éoliennes de nouvelle génération, testées à La
Réunion et résistantes aux cyclones.
Prévisions
2008 : doublement des ventes de véhicules hybrides par
rapport à 2007. Réaliser 10 Plans de déplacement en entreprise (PDE) grands comptes. Mise en place de services de
co-voiturage avec accompagnement des communes (parkings surveillés avec plate-forme de départ, places de stationnement gratuites dédiées en centre-ville). Lancement
d'un plan vélo à assistance électrique dans 5 communes.
2010 : 1000 véhicules hybrides en circulation. 300 à 500
véhicules tout électriques, avec essor parallèle de flottes hybrides dans les administrations, les entreprises et les
loueurs de voitures. Protocole de test sur des véhicules
fonctionnant au bio-éthanol 100% réunionnais. 50 PDE réalisés. Achèvement de toutes les études des Plans de déplacement urbains (PDU). Plan vélo élargi à 10 communes.
2015 : 20% de véhicules alternatifs dans le parc des particuliers
et 50% dans le parc administratif. Sortie de la première promotion internationale de techniciens formés à La Réunion aux
technologies d'hybridation de véhicules existants. Coordination
de l'ensemble des PDU en un document unique à l'échelle de
l'île. Généralisation du plan vélo aux 24 communes, développement de pistes cyclables et lancement du tour complet de l'île.
2020 : PDE dans toutes les entreprises de plus de 10 salariés.
L'objectif est de couvrir
rapidement tous les toits et
les parkings de panneaux
photovoltaïques.
GERRI cherchera à
structurer les modes propres
autour du tram-train.
Stockage de
l'énergie :
un enjeu majeur
La Réunion veut devenir un lieu d'expérimentation du stockage
de l'énergie, à la fois pour permettre l'essor des transports électriques et pour lisser l'intermittence de l'énergie solaire. L'enjeu
est de placer ce stockage au plus près du lieu de production
et du lieu d'utilisation de l'énergie. Concernant les transports,
l'objectif est de mettre en service sur l'île
les technologies innovantes telles que les
recharges hydrogène ou les batteries électriques à recharge rapide, tout en créant
un réseau maillé de points d'échange et de
recharge, avec si possible un site autonome
de production (station-service avec toiture
extra-large recouverte de panneaux photovoltaïques). Concernant l'habitat individuel, l'idée est d'équiper les particuliers
d'un système intégrant production solaire,
stockage et gestion intelligente de l'électricité. Enfin, l'objectif est de lancer des sites
pilotes de stockage de masse (supérieur à
2 MW). Tout ceci via des régimes d'aides et
d'incitations adaptés.
GERRI veut en finir avec l'énergie fossile
et adopter au plus vite des batteries
électriques dans les voitures.
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Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
Le but est de conduire une politique de
l'habitat à La Réunion fondée sur la performance énergétique des bâtiments (HQE),
ainsi que de réaliser deux villes nouvelles
(à Cambaie et à La Montagne) qui soient
auto-suffisantes en énergie d'ici 15 ans.
Comment ? En compensant les surcoûts par
des accompagnements fiscaux et financiers,
en renforçant les réglementations environnementales dans la construction. L'idée est
aussi de surtaxer les appareils domestiques
énergivores, de systématiser les lampes
basse consommation et de développer le
télé-travail. Pour accroître l'attractivité de
GERRI à travers des éco-monuments modernes, des concours d'architecture d'envergure internationale seraient organisés sur
différents types de construction (école, logements sociaux, bâtiments publics etc.).
Prévisions
En 2008, mise en oeuvre de la réglementation thermique pour les logements, extension aux bâtiments neufs et au tertiaire en
2010. Dès 2008, obligation de chauffe-eau
solaire dans les logements neufs (extension aux réhabilitations en 2010), et objectif
2030 de 100% des logements équipés.
Le siège de la DIREN à Saint-Denis,
premier grand bâtiment HQE de l'île.
Prévisions
2008 : Expérimentation du stockage d'énergie sur
un lotissement-témoin. Installation d'un site-pilote de stockage de masse dans un cirque isolé.
2010 : 500 logements dotés de capacité de
stockage. Quatre sites stratégiques (8 en 2015)
équipés d'un stockage de masse (hôpital, caserne,
aéroport, préfecture). Démarrage de 8 stations
de refueling électrique pour répondre aux besoins de 300 à 500 véhicules rechargeables.
2015 : Couverture complète du réseau routier
"Crypto sign", premier gîte HQE de
La Réunion, a ouvert récemment à
La Plaine-des-Cafres. GERRI vise
l'auto-suffisance énergétique de
tous les hôtels de l'île d'ici 2020.
(30 stations sur les 150 actuelles) par des sites
de nouvelle génération. Généralisation du stockage aux logements, déploiement de 100 000
compteurs électriques dynamiques et de 1000
"Gridpoints" (stockage et gestion intelligente de
l'électricité dans la résidence). Lancement de deux
sites de stockage de 20 MW pour rendre obsolètes
les turbines à combustion (énergie fossile). Faire
en sorte que 20% de l'électricité qui circule soit
passée par un système de stockage. Lancement
d'une journée pilote : maintien du réseau stable
pendant 24 heures en ne faisant appel qu'aux
énergies renouvelables et aux unités de stockage.
Destination
tourisme
durable
GERRI s'attachera à refonder la destination Réunion sur le concept d'île
exemplaire et innovante au service
du développement durable, dont les
vitrines seront les structures d'hébergement et les grands sites touristiques (parkings photovoltaïques,
climatisation solaire, recyclage de
l'eau, véhicules électriques etc.), via
des incitations et des obligations.
réunion 2030
Multiplier les
bâtiments à énergie
positive
Prévisions
2008 : création d’un incubateur de
projets et d’entreprises innovantes sur
l’énergie dans le secteur du tourisme.
Première flotte de location en véhicules
hybrides avec un des «majors» locaux.
2010 : Obligation de solaire
thermique dans les nouvelles
structures d’hébergement.
2015 : Lancement du pass «Séjour
zéro carbone» permettant aux touristes
de circuler et séjourner à La Réunion
sans émettre un gramme de carbone.
2020 : Auto-suffisance
énergétique de tous les hôtels.
Des indicateurs
affichables
en temps réel
« Ce programme ne prévoit aucun gros
investissement visible et son succès ne se
mesurera pas à un instant "paroxistique"
mais à une collection foisonnante et sans
cesse renouvelée de gestes individuels
et de décisions collectives. » GERRI se
veut porteur d'une culture du résultat.
Son avancée sera ainsi mesurable en
permanence grâce à des indicateurs sans
cesse réactualisés : nombre de véhicules
hybrides en circulation (en % du total),
nombre de places de parkings couvertes de
panneaux photovoltaïques, pourcentage de
chauffe-eau solaires, nombre de bâtiments
publics HQE, kilomètres de pistes
cyclables, nombre de plans de déplacement
d'entreprises signés (objectif 100 %) etc.
Ces indicateurs pourraient faire l'objet
d'un affichage permanent sur du mobilier
urbain afin de promouvoir la dynamique
et la sobriété énergétique auprès de la
population. Autre idée : l'instalation d'une
horloge compte-à-rebours à l'aéroport.
Des concours d'innovation et des remises
de prix dans les écoles seront aussi
lancés. À l'international, un véritable
plan marketing sera déployé pour
faire connaître La Réunion 2030. Des
séminaires de recherche et un forum
annuel de type « Davos de l'énergie »
pourraient aussi être organisés.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
7
présent / futurs
éléments
*notes
Un Réunionnais consomme
entre 250 et 280 litres d’eau
par jour Un Métropolitain
en utilise la moitié. Un
Malgache dispose de 20
litres en moyenne, dans
les régions privilégiées.
En 2006, 142 millions
de m3 d’eau potable
ont été distribués.
La station de microfiltration
de Pichette a traité 3 millions
de m3 d’eau en provenance
du transfert des eaux E/O
à destination des eaux
potables du Port, de la
Possession et de Saint-Paul.
La production d’eau d’origine
souterraine atteint 68
millions de m3 soit 48 %
de la production totale.
En 2006 toujours, 72
millions de m3 d’eau ont été
déclarés pour l’irrigation.
15% des ressources en eau
de la Réunion contenaient
plus de 10 mg/l de nitrates
(données 2003).
80% de la population
réunionnaise reçoit une eau de
bonne qualité bactériologique.
20% des Réunionnais
subissent des contaminations,
ponctuelles.
6% des Réunionnais
supportent des contaminations
régulières ou chroniques.
2 250 prélèvements par an, à
la ressource, à la production et
au robinet du consommateur
sont effectués par la Drass.
0,3mg/l de chlore.C’est le taux
applliqué à l’eau du robinet
à La Réunion contre 0,1mg/l
en métropole. L’adjonction
de chlore est nécessaire pour
désinfecter l’eau et éliminer
les pollutions bactériennes. La
différence de concentration
par rapport à la métropole
est provoquée par la
moyenne des températures
ambiantes plus élevée.
8
L’eau si
précieuse…
Paradoxes. L’eau tombe du ciel, c’est un cadeau du ciel, elle
est gratuite, présente en abondance… Pourtant il faut la payer
toujours plus cher et elle se fait rare…
La Réunion reçoit tous les ans 10 fois plus d’eau
qu’elle n’en consomme effectivement, mais les
activités humaines, la pression démographique,
les déperditions naturelles, font que l’on s’inquiète
de la raréfaction de la ressource. Et le pharaonique
chantier du basculement des eaux, débuté en 1983,
dont l’aboutissement poussif est prèvu pour 2010,
sauf nouvelles catastrophes, ne constituera en
rien une panacée compte tenu de l’accroissement
constant de la population (bientôt 1 million
d’habitants), et celui, proportionnel des besoins
en eau.
Si La Réunion qui reçoit environ 7 milliards
de mètres cube d’eau par an, est bien dotée par
la nature, le sol, évidemment volcanique, s’avère
très perméable, facilitant infiltrations profondes et
abandantes déperditions en mer.
Aujourd’hui, on consomme une eau prélevée à
50% en surface. L’autre moitié provient de forages qui
puisent dans les nappes phréatiques ; lesquelles sont
essentiellement situées en zone littorale quand elles
sont exploitées, pour d’évidentes raisons pratiques.
En revanche les ressources souterraines situées
sous les reliefs de l’île recèlent potentiellement
d’importantes réserves. Ne serait-ce qu’en ce qui
concerne le massif de la Fournaise qui recevrait bon
an, mal an, 2,8 milliards de m3 de précipitations,
dont 70% s’infiltreraient dans le sol, constituant
un énorme réservoir d’eau, les perspectives sont
encourageantes. Encore faut-il pouvoir mettre
ce potentiel en exploitation de façon rentable.
Comment expliquer ces paradoxes insulaires ?
Notre île dispose d’un climat tropical humide,
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
avec deux saisons qui rythme la distribution
naturelle en eau. L’hiver austral ou saison
sèche, et l’été austral, saison cyclonique et donc
pluvieuse. Même très pluvieuse puisque La
Réunion a enregistré tous les records mondiaux de
pluviométrie. Tout ça parce que nous bénéficions
de l’anticyclone de Sainte Hélène, des Alizés qui
soufflent Est-Sud Est, et de la Zone de Convergence
Inter-Tropicale où convergent les Alizés des deux
hémisphères. A ces influences il faut ajouter les
effets induits de nos reliefs, La Réunion étant
une « île haute ». Le Piton des Neiges partage l’île
en deux zones distinctes. La côte au vent à l’Est,
servie et arrosée par les Alizés toute l’année. La
côte sous le vent, à l’Ouest, protégée par le relief
et préivée de l’essentiel des précipitations. Autres
effets dynamqies à prendre en compte, les régimes
de brises qui alternent le jour et la nuit. La brise
de Terre, nocturne, souffle des terres vers le large,
emportant avec elle les senteurs et fragrances
des champs et forêts, malheureusement aussi
la pollution des zones urbanisées. La brise de
mer, diurne, apporte aux terres le souffle frais et
régénérateur de l’océan.
Sols et sous-sols sont extrêmement
perméables
Néanmoins, la dissymétrie Est/Ouest est
indubitable. Quand il peut tomber 7m par an
à Takamaka, et jusqu’à 10 mètres par an sur les
pentes de la Fournaise, à Saint-Gilles, il ne pleut
que 525 mm de moyenne… Un bonheur pour
les amateurs de soleil et d’atmosphère sèche,
une catastrophe en matière d’aménagement et
d’agriculture. Il pleut donc en moyenne 10 fois
moins sur l’Ouest que dans le reste de l’île, avec
une période de sécheresse qui couvre six mois de
l’année. Histoire d’arranger les choses, sols et soussols sont extrêmement perméables, autorisant des
inflitrations rapides et profondes irrécupérables.
Quant aux ressources en en altitude, on ne peut
guère y compter ; jusqu’aux retenues collinaires
des éleveurs et agriculteurs qui souffrent de la
sécheresse chronique. Enfin, nappes phréatiques
accessibles depuis le littoral, doivent être utilisées
avec précautions car toute surexploitation implique
leur perte, à cause du phénomène de biseau d’eau
salée qui rend la ressource saumâtre.
Trois nappes sont particulièrement sensibles à
ce phénomène de salinisation :
• la nappe en rive droite de la Rivière des Galets
dans le secteur du Port et de la Rivière des Galets
• la nappe littorale de la côte Ouest dans le
secteur de la pointe des Châteaux à Saint-Leu
• la nappe de la Plaine du Gol dans le secteur du
Brûlé et de la plaine du Gol à Etang-Salé
D’un point de vue tendance, une augmentation
sensible et régulière est observée depuis quelques
années dans ces secteurs.
La concentration maximale admissible
des chlorures dans les eaux destinées à la
consommation humaine est de 200 mg/l. Le seuil
gustatif est atteint à partir de 200 mg/l environ.
Une concentration supérieure à 200 mg/l est
problématique car les eaux deviennent laxatives,
éventuellement dangereuses pour les patients
atteints de maladies cardio-vasculaires ou rénales.
éléments
Quid de la qualité
des eaux ?
La qualité des eaux est initialement bonne à La Réunion,
mais, des pollutions interviennent sur le cycle naturel
qui doivent beaucoup à la situation anormale de
l’assainissement. De fait, selon les contrôles réguliers
opérés en 2006 par l’Office de l’eau, les prélèvements de
surface montrent, dans 50% des stations, une pollution
régulière en micro-organismes, des bactéries nommées
Escherichia coli. Naturellement présentes dans les intestins
des animaux à sang chaud, elles proviennent d’eaux usées
d’origine domestique ou d’effluents d’élevage. Huit des
treize principales rivières pérennes et deux de leurs affluents représentant la moitié des sités échantillonnés sont
concernés par une contamination bactériologique. On les
trouve dans le Nord et l’Est de l’île. Il s’agit de 14 stations
localisées pour la moitié d’entre elles en cours aval. Ces
pollutions bactériologiques résultent principalement des
défauts des systèmes d’assainissement (fuite de réseaux,
rejets directs, stations d’épuration collectives ou équipements individuels défaillants) et peuvent résulter de rejets
d’effluents d’élevage.
S’agissant des eaux souterraines, plus des 2/3 des stations
suivies soit 8 stations révèlent une contamination particulièrement marquée par les nitrates (plus de 10 mg/l). Il
convient de noter que pour les nitrates la limite de qualité
vis-à-vis de l’eau potable est de 50 mg/l.
Les nitrates, comme engrais, constituent le principal aliment azoté des plantes. Toutes les eaux naturelles contiennent normalement des nitrates à des doses variant selon les
saisons. Les concentrations de nitrates d’origine naturelle
dans les eaux de surface et souterraines sont généralement
de quelques milligrammes par litre.
L’accroissement des teneurs en nitrate dans les ressources
en eau potable devient problématique, car, la présence de
nitrates dans l’organisme humain peut provoquer des troubles tels que l’hypertension, l’anémie, l’infertilité, des troubles nerveux… entre autres. Une eau chargée en nitrates
(50 à 100 mg/l) est déconseillée aux femmes enceintes
et aux nourrissons. La toxicité du nitrate vient de ce que
dans le corps, le nitrate est réduit par des enzymes et par
des micro - organismes en nitrite. Celui-ci peut oxyder
l’hémoglobine en méthémoglobine, qui ne peut plus
absorber d’oxygène. L’accroissement des teneurs en nitrate
provoque également un impact sur l’environnement. Il est à
l’origine avec d’autres substances telles que les phosphates
de l’eutrophisation des cours d’eau et du littoral.
Chez nous, donc, 5 systèmes aquifères attestent d’une pollution aux nitrates :
• la nappe de Saint-Denis (secteur du Chaudron- Puits du
Chaudron) avec un forage d’une teneur moyenne de 20
mg/l en baisse de 2 mg/l par rapport à 2005
• de la nappe de la plaine Saint-Paul dans le secteur Nord
de Savannah avec un forage (Oméga) d’une teneur moyenne de 12 mg/l
• du secteur Nord de la nappe littorale de la côte Ouest avec
deux forages de teneurs moyennes de 30 mg/l (F1 Hermitage) et 17 mg/l (Montée Panon). Le forage F1 Hermitage
montre une augmentation de 2 mg/l par rapport à la moyenne 2005. Cette hausse se produit pour la sixième année
consécutive.
• du secteur de Saint-Louis de la nappe de Coco-Pierrefonds et plus particulièrement à Bois de Nèfles avec
le forage Coco 1 présentant la moyenne la plus élevée à
33 mg/l.
• de la nappe de la côte Sud dans le secteur de Saint-Pierre
avec deux forages révélant respectivement une teneur
moyenne de 22 mg/l (La Salette) et de 10 mg/l (Rivière
d’Abord), teneurs en légère baisse par rapport à 2005.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
9
colonisation de la
La vie
A tout prix…
Ile volcanique surgie de l’océan Indien il y a 3 millions d’années, La Réunion s’est
recouverte d’une végétation dense et variée, s’est peuplée d’animaux surprenants. Sur la
lave à peine refroidie, la vie a pris le dessus, traversant les océans, gravissant les pentes
du volcan, s’agrippant aux falaises abruptes, surmontant les obstacles, contournant
les difficultés. L’île s’est transformée en véritable laboratoire naturel de l’évolution.
D’expérience en expérience, malgré les nombreux échecs, des espèces tout à fait
originales, uniques au monde, y ont vu le jour. Chronique d’un peuplement à haut risque…
Dossier réalisé par Mélanie Broin
Une nature
florissante
Une promenade dans la forêt de Mare
Longue, dans la région de Saint Philippe,
laisse entrevoir une partie de la richesse
floristique de l’île de La Réunion. Cette
réserve naturelle, de quelques dizaines
d’hectares seulement, est l’un des derniers
vestiges de forêt de Bois de Couleur des
Bas. Cette forêt, qui autrefois ceinturait l’île
sur 45 000 hectares, s’est réduite comme
peau de chagrin, du fait des défrichements
subséquents à l’arrivée de l’Homme, en
quête inexorable de terres cultivables.
Dès les premiers pas le long de l’étroit
sentier, on est tout de suite happé par
la moiteur de l’atmosphère qui y règne.
Sombre au premier abord, la forêt dévoile
progressivement ses nuances : feuillages et
écorces aux teintes et aux formes variées,
foisonnement de fougères, luxuriance de
la végétation. Les arbres les plus hauts
culminent à 10 ou 15 mètres, avec des troncs
pouvant atteindre un mètre de diamètre. Le
Corce blanc effectue quelques percées dans
la canopée, à 20 ou 30 mètres de hauteur.
Le tronc caverneux et tortueux du Bois
maigre a des allures de sculpture naturelle.
Quelques vieux pieds de Bois de rempart
imposent le respect. Les jeunes feuilles roses
du Petit natte ne passent pas inaperçues au
milieu de ce capharnaüm végétal. Le bois de
fer, endémique de La Réunion, ou le Bois
blanc, qui a déjà disparu de Maurice, se font
quant à eux de plus en plus rares. A l’étage
en dessous, s’élancent quelques arbustes
que le promeneur averti reconnaîtra sans
peine : Bois d’osto café, Bois de corail, Bois
de joli cœur… Que l’on baisse encore les
yeux et l’on sera surpris par l’abondance
des mousses, fougères et orchidées qui
prospèrent sur le sol, les rochers et qui
n’hésitent pas à coloniser, le cas échéant,
les troncs et branches des gros arbres.
10
Ces plantes épiphytes , telles que la
fougère Nid d’oiseau ou les orchidées du
genre Angraecum accentuent encore la
densité de la végétation. Enfin, quelques
Palmistes, Vacoas et Fanjans viennent
renforcer, s’il en était besoin, l’exotisme
ambiant.
A la conquête du basalte
On en oublierait presque que cette
forêt a poussé sur une coulée de lave,
vieille de 400 à 600 ans seulement, ce
que viennent nous rappeler les nombreux
affleurements de roche volcanique. Aussi,
on comprend mieux pourquoi les arbres ont
parfois développé à leur base de puissants
contreforts, d’où partent de nombreuses
racines entremêlées, leur permettant de
s’agripper tant bien que mal dans un sol
peu profond.
On en oublierait de même que cette
magnifique forêt, riche de plus de 200
espèces végétales, n’est qu’un des multiples
milieux naturels que l’on peut rencontrer à
La Réunion : les scientifiques en dénombrent
pas moins de 130 ! De la savane littorale
Ouest à la forêt de Tamarin des Hauts,
en passant par les fourrés à Branles, sans
oublier les forêts de Bois de couleur,
les étangs ou les cours d’eau, chaque
écosystème possède des caractéristiques
singulières et abrite des espèces, végétales
et animales, qui lui sont propres.
Pourtant, lorsque La Réunion a émergé
de l’Océan Indien, il y a environ 3 millions
d’années, ce n’était qu’un caillou de lave
désertique. D’où proviennent donc toutes
ces plantes et animaux que les premiers
explorateurs ont eu l’occasion d’observer en
débarquant à La Réunion, et dont ils n’ont
pas manqué de remarquer l’originalité ?
Comment sont-ils parvenus sur cette île
perdue au milieu de l’océan ? Et comment
ont-ils évolué jusqu’à devenir, pour certains,
uniques à La Réunion ?
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
*notes
Canopée : étage supérieur de la forêt.
Endémique : se dit d’une espèce qui n’existe que dans une aire géographique
donnée. Par exemple, une espèce endémique de La Réunion n’existe qu’à La
Réunion, une espèce endémique des Mascareignes se trouve sur au moins deux
îles de l’archipel mais nulle part ailleurs dans le monde. Les espèces indigènes
sont présentes sur un territoire depuis plusieurs milliers d’années, mais existent
également ailleurs dans le monde. Les espèces exotiques, quand à elles, vivent
en dehors de leur territoire d’origine, suite à une introduction. Par exemple, le
tangue, animal malgache introduit à La Réunion, est une espèce exotique à La
Réunion. Parmi les espèces exotiques, introduites par l’Homme, certaines espèces
se multiplient particulièrement efficacement et se développent au détriment
des plantes indigènes et endémiques. On les appelle les espèces envahissantes.
C’est par exemple le cas à La Réunion de la vigne marronne, ou du rat noir.
Epiphyte : se dit d’une plante pérenne (vivant plusieurs années) qui pousse sur une
autre plante, sans la parasiter (ses racines ne pénètrent pas dans la plante hôte).
Ecosystème : désigne l’ensemble formé par une communauté d’êtres
vivants et son environnement géologique (les roches), pédologique (le sol) et
atmosphérique. Les éléments constituant un écosystème développent un réseau
d’interdépendances permettant le maintien et le développement de la vie.
Espèce : désigne une unité de base de la systématique (classification des êtres
vivants). Une espèce regroupe un ensemble d’êtres vivants qui se ressemblent (critère
morphologique), qui sont capables de se reproduire entre eux (critère reproductif),
et dont la descendance est fertile. Par exemple, le mulet, résultat de l’accouplement
d’un cheval et d’un âne, est stérile. L’âne et le cheval appartiennent donc à deux
espèces différentes. Dans la classification scientifique, une espèce est désignée
par une nomenclature latine binominale, comportant le nom du genre, et le nom
de l’espèce. Par exemple, le cheval appartient au genre Equus, et à l’espèce Equus
caballus. Un genre rassemble différentes espèces qui sont relativement proches. Par
exemple, l’âne commun appartient aussi au genre Equus mais à l’espèce Equus asinus.
Photo : Sylvain Barraute
Enchevêtrement de la végétation dans la forêt de Mare Longue.
Colonisation de la réunion
réunion
Photo : Sylvain Barraute
Densité de la végétation dans la réserve naturelle de Mare Longue avec, en premier plan,
le Vacoa marron.
Photo : Xavier Oster
La Ti carambole est une orchidée épiphyte indigène,
présentes aux Mascareignes et à Madagascar.
Supplément gratuit du Journal de l’île du30 mars 2008
11
Colonisation de la réunion
Un long
et périlleux voyage
Par les airs ou par la mer, tous les moyens sont bons pour
rejoindre l’île. La Réunion offre une belle démonstration de
la propension des êtres vivants à voyager, bon gré, mal gré.
Mais le périple n’est pas sans dangers…
Les terres émergées les plus proches de La Réunion sont
l’île Maurice (250 km) et Madagascar (700 km). Tout comme
La Réunion, l’île Maurice, de quelques millions d’années son
aînée, a une origine volcanique. L’histoire de la colonisation
naturelle de Maurice est donc sensiblement la même que
celle de La Réunion. En revanche, Madagascar s’est détachée
du continent africain dont elle faisait partie il y a environ
160 millions d’années, emportant donc avec elle sa faune
et sa flore.
D’après les études menées par le botaniste réunionnais
Thérésien Cadet, la plupart des plantes indigènes et
endémiques (voir pages précédentes) de La Réunion sont
originaires de Maurice, de Madagascar ou des côtes africaines.
Mais certaines plantes sont issues de parents beaucoup plus
lointains, en provenance d’Asie ou d’Australie. Et il n’est pas
exclu que quelques spécimens de la flore locale puissent
trouver leur origine sur le continent sud américain.
Mais comment donc plantes et animaux ont-ils pu
parcourir de telles distances pour venir peupler cette île
nouvellement surgie de l’océan ?
Voler de ses propres ailes
Premier constat : on ne trouve quasiment pas à La
Réunion, ni sur les autres îles des Mascareignes (Maurice
et Rodrigues) de mammifères terrestres indigènes. Et pour
cause : ces animaux sont incapables de se déplacer sur
de telles distances. Seule exception, des chauves-souris,
mammifères volants, ont pu effectuer le voyage et s’installer
durablement. Quant aux oiseaux, ceux qui avaient de bonnes
capacités de vol ont pu atteindre ces îles par leurs propres
moyens. C’est le cas des canards, pigeons, hérons, flamants,
perroquets et rapaces, dont il ne reste malheureusement
plus beaucoup de représentants à La Réunion, victimes de
l’appétit humain. Le témoignage de Desforges-Boucher,
débarquant à La Réunion en 1710 (le peuplement humain de
l’île ayant débuté en 1665),
est à ce titre éloquent : « Que
sont devenus, messieurs,
de votre glorieux règne,
Biodiversité : désigne la
cette quantité prodigieuse
diversité du monde vivant.
et innombrable de gibiers
comme flamants, ramiers,
Spores : organes de
dispersion des plantes sans
to u r te r e l l e s , s a r c e l l e s ,
fleur (mousses, fougères,
poules d’eau, oies et canards
champignons). De taille
sauvages, corbigeaux,
microscopique et très légères,
elles sont produites en
alouettes, bécassines,
très grand nombre et sont
merles, huppes et d’autres
disséminées par le vent.
gibiers du pays… Tout cela
*notes
a bien changé : l’on ne trouve plus de ces animaux que les
faibles restes de ce qui a pu échapper à votre insatiable
gourmandise ».
Mis à part ces exemples, auxquels on pourrait ajouter
quelques insectes (grandes libellules, papillons migrateurs),
la plupart des animaux et plantes n’ont pu voyager qu’au gré
de vecteurs favorables : courants marins, vents et cyclones,
ou par l’intermédiaire des oiseaux.
Sauvés des eaux
L’archipel des Mascareignes se situe dans le sillon d’un
courant maritime qui prend sa source au niveau de
l’Australie et de l’Asie du Sud-Est. C’est par là que sont
arrivées la plupart des plantes originaires de ces contrées.
C’est aussi par ce biais que sont véhiculées les semences
flottantes et résistantes des plantes littorales indigènes,
comme la Liane cochon ou la Patate à Durand. C’est
encore grâce à ces courants que les étangs saumâtres et
les cours d’eau de La Réunion se sont peuplés de poissons
et crustacés, dont une partie du cycle de développement
se déroulait (et se déroule toujours parfois) en mer. Les
tortues terrestres géantes des Mascareignes, exterminées
par l’Homme, ont probablement échoué sur l’île à la suite
d’une longue dérive par flottaison. Les troncs d’arbres
charriés par les rivières en crue ont aussi pu servir de
radeau à nombre de champignons, mousses, mollusques
terrestres, lézards et autres insectes. Voir Lézard vert de
Manapany - Bichique.
Semés à tous vents
Les cyclones, tant redoutés par l’Homme, sont une
aubaine pour la biodiversité : balayant plusieurs îles,
ils transportent dans leur sillage spores, graines légères
et petits insectes. L’œil du cyclone peut même emprisonner
de plus gros animaux et les aider à passer, par le jeu des
ascendances, des obstacles infranchissables en temps
normal : un cyclone peut traverser le bras de mer entre
Madagascar et La Réunion en seulement une journée.
C’est probablement ainsi que la plupart des petits oiseaux,
incapables de voler sur de longues distances, sont parvenus
jusqu’ici. Ces phénomènes s’observent encore régulièrement.
C’est ainsi qu’en 1981, le cyclone Florine amène à La Réunion
des frégates en provenance de Saint Brandon, leur faisant
parcourir 600 km en 36 heures.
A vol d’oiseau
De nombreuses plantes « utilisent » les animaux (oiseaux
notamment) comme moyen de transport. C’est le cas des
fruits et baies qui sont consommés par les oiseaux, et dont
les graines sont rejetées, quelques heures (et quelques
kilomètres) plus tard, dans les excréments. Les fruits du
Bois de fer, du Grand natte ou du Bois de lait se dispersent
de cette façon.
D’autres plantes donnent des fruits crochus ou collants qui
s’accrochent au plumage des oiseaux (et occasionnellement
aux vêtements des promeneurs !), et que ceux-ci transportent
ainsi bien malgré eux sur de longues distances.
Le cabot, grâce à sa nageoire ventrale en
forme de ventouse, peut remonter les rivières et franchir des chutes d’eau de plus de 50
mètres.
12
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
mais encore
Photos : © Jean-Michel Probst
Le radeau du lézard
vert de Manapany
Le lézard vert de Manapany [Phelsuma
inexpectata] est un petit Gecko endémique
de La Réunion et très rare. Sa répartition
géographique se limite en effet à la région de
Manapany, entre Grande-Anse et l’embouchure
de la rivière Langevin, et à moins d’un
kilomètre du littoral. Il vit préférentiellement
dans les Vacoas, et se nourrit de fruits et
de petits insectes. La femelle pond des
œufs regroupés par deux, généralement
fixés à la base des branches d’arbres.
Cette espèce dériverait d’une souche proche
vivant à Maurice (Phelsuma ornata), et serait
arrivée à La Réunion sous forme d’œufs
accrochés à un radeau flottant. L’hypothèse
est d’autant plus plausible que les œufs ont
une coquille solide leur permettant de résister
à la déshydratation et à l’eau salée. Par
ailleurs, la présence de différentes espèces
du genre Phelsuma dans la plupart des îles de
l’Océan Indien indique une réelle capacité de
dissémination comparée à d’autres reptiles.
La double vie
des bichiques
Sous le nom barbare de Sicyopterus
lagocephalus se cache en fait un (ou plutôt
deux) poissons bien connus des réunionnais :
les bichiques et les cabots, qui sont en fait
respectivement la forme juvénile et la forme
adulte d’une seule et même espèce. Les cabots
adultes vivent dans les cours d’eau torrentiels,
se nourrissant d’algues qui recouvrent les
galets. Les femelles pondent des grappes
d’œufs accrochés aux rochers immergés. Après
l’éclosion, des milliers d’alevins translucides
sont entraînés vers la mer, où ils vont se nourrir
et se développer. Leur croissance terminée,
ils se regroupent à l’embouchure des cours
d’eau (c’est à ce stade qu’ils sont pêchés).
Quelques heures après leur passage en eau
douce, ils prennent une coloration gris-noir.
Leurs nageoires ventrales soudées forment
une ventouse qui leur permet de s’agripper
aux rochers pour remonter les cours d’eau.
On peut aisément imaginer que l’espèce
soit parvenue à La Réunion par la mer
et ait ainsi colonisé les cours d’eau.
Si nombre d’individus périssent au cours
de leur traversée, ceux qui réussissent à
rejoindre la terre ferme ne sont pas au
bout de leurs peines ! Car le milieu n’a pas
toujours été des plus accueillants. Et trouver
les conditions favorables pour survivre et se
reproduire n’est pas une mince affaire…
Tous les moyens de transport sont pour
le moins aléatoires, et les chances d’arriver
à bon port sain et sauf restent somme toute
fort maigres. Mais ce n’est pas tout ! Une fois
sur l’île, encore faut-il trouver les conditions
favorables pour vivre et prospérer. Combien
d’individus sont morts, ensevelis sous une
coulée de lave, ou faute de nourriture ?
Combien d’animaux ont attendu en vain
qu’un partenaire de sexe opposé vienne enfin
les rejoindre, et ont fini par périr sans laisser
de descendance ?
Une « place au soleil » qui se mérite
Les plantes, quant à elles, ont un peu
plus de chance : elles sont pour la plupart
hermaphrodites (le même individu porte
les organes sexuels mâle et femelle) et
autofertiles. Ainsi, l’arrivée d’une seule graine
peut être suffisante pour l’implantation d’une
population. Mais au départ, le milieu était pour
le moins hostile : quelle graine peut germer sur
un bloc de lave à peine refroidi, sans un brin
de sol où planter ses racines ? Seuls les lichens
(symbioses entre un champignon et une algue
microscopique), tels les « Fleurs de roche »
observées sur les coulées volcaniques récentes,
Colonisation de la réunion
Les secrets
d’une
implantation
réussie
en sont capables. Après eux, ce sont les mousses
qui colonisent les anfractuosités humides de la
roche. Elles laissent derrière elles des dépôts de
matière organique dans lesquels les fougères
vont pouvoir prendre racine. C’est ensuite
au tour des arbres pionniers de s’installer,
comme le Bois de rempart. Toutes ces espèces
colonisent le milieu grâce à des semences
petites et légères qui sont portées par le vent.
Leurs racines fragmentent progressivement la
roche pour constituer, avec les débris végétaux
en décomposition, un début de sol. Viennent
enfin d’autres arbres : Bois de fer bâtard, Petit
natte… dont les graines sont apportées par les
oiseaux, qui se font de plus en plus nombreux
au fur et à mesure que la strate arborée se
développe. Petit à petit, la végétation se densifie
et les espèces héliophiles (qui affectionnent le
soleil) laissent la place aux espèces de sousbois qui poussent à l’ombre du couvert végétal.
Ce scénario, qui est celui de la colonisation
d’une nouvelle coulée à La Réunion, ressemble
probablement (en accéléré) au film qui s’est
déroulé à la naissance de l’île.
Lentement mais sûrement
Finalement, la réussite de la colonisation
de l’île s’est construite sur un petit nombre
de succès parmi un océan d’échecs. Mais,
3 millions d’années après l’émergence de
l’île, le résultat est bien là, tangible. Ou
du moins il l’était à l’arrivée de l’Homme,
avant que celui-ci ne bouleverse de façon
profonde et irréversible les fragiles
équilibres en jeu. En effet, les premiers
explorateurs débarquant à La Réunion ont
été frappés par la luxuriance, la diversité et
l’originalité de la nature. Originalité car une
fois installées, de nombreuses espèces ne se
sont pas contentées de se maintenir dans le
milieu, mais ont évolué pour finalement
diverger de leur souche d’origine et aboutir
à la formation d’une nouvelle espèce.
Photo : Benoît Petitcolas
Les fougères, dont les spores légères sont amenées par le vent, sont parmi les premières plantes à
coloniser les coulées de lave. Elles s’installent dans
les fissures de la roche où l’humidité ambiante a déjà
permis l’implantation de lichens et de mousses.
*note
Symbiose : association
intime et durable entre
deux organismes d’espèces
différentes, chacun en
retirant un bénéfice.
Chez le phasme, la femelle peut se reproduire sans l’intervention d’un mâle.
Photo : Frédéric Mayet
Végétation des sommets : même si l’île s’est peu à peu recouverte de végétation, le milieu n’a pas toujours été des
plus accueillants pour les nouveaux venus. En altitude,
les végétaux doivent faire face au froid et à la sécheresse, accentuée par la faible épaisseur du sol qui ne permet
pas de retenir l’eau. Pour conquérir ces milieux difficiles,
les plantes, comme ces branles, ont dû développer des
trésors d’adaptations.
mais encore
Vœu de chasteté
Les phasmes sont aussi appelés « insectes
brindilles » du fait de leur mimétisme
avec les tiges, branches ou feuilles. Mais
on aurait tout aussi bien pu les baptiser
«nonnes». En effet certains d’entre-eux,
(une douzaine d’espèces recensées aux
Mascareignes), ont la particularité de
pouvoir se reproduire de façon asexuée :
les femelles pondent des œufs fertiles sans
qu’interviennent de mâles. A leur éclosion,
les œufs ne donnent que des femelles. Dans
ce cas, l’arrivée d’un seul individu peut être
à l’origine d’une colonisation réussie.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
13
Colonisation de la réunion
*notes
Batraciens : ce terme désigne les animaux
de la famille des grenouilles, crapauds, etc.
Légumineuses : ce terme désigne
une famille de plantes dont les fruits
forment des gousses contenant les graines
(haricots, tamarins, lentilles, etc.).
Théorie de l’évolution : théorie
décrivant le processus par lequel les populations
d’êtres vivants se modifient au cours du temps
et donnent naissance à de nouvelles espèces.
Initialement exposée par Charles Darwin en 1859
dans son livre « L’origine des espèces », elle
s’est progressivement enrichie des apports de
la génétique, de la biologie moléculaire et de la
paléontologie (étude des fossiles). La théorie de
l’évolution ne cesse d’évoluer et il reste encore
de nombreuses zones d’ombres à éclaircir.
Selon la théorie synthétique de l’évolution,
l’évolution est causée, d’une part, par la présence
de variations parmi les traits héréditaires d’une
population d’individus (mutations). Et d’autre
part, par divers mécanismes qui favorisent la
propagation de certains traits héréditaires
plutôt que d’autres, dont les principaux sont
la sélection naturelle (les individus les mieux
adaptés à leur environnement sont favorisés
dans la population) et l’effet fondateur (certains
individus seront favorisés par hasard).
Exemple : une population de girafes vit dans
une savane africaine. Dans cette population,
les individus présentent des longueurs de
cou variables (variabilité naturelle due à la
diversité génétique au sein d’une espèce).
Premier scénario : les ressources alimentaires
sont abondantes, il n’y a pas de compétition
entre les individus de l’espèce et avec d’autres
espèces. La pression de sélection est faible
ou nulle, la longueur du cou est toujours aussi
variable de génération en génération.
Deuxième scénario : le climat devient plus sec, les
végétation se raréfie. Il y a moins de nourriture
disponible pour les herbivores. Les girafes se
retrouvent en compétition pour les ressources
alimentaires, entre elles et avec les autres
herbivores (gazelles, etc.). Conséquence : les
individus qui ont un petit cou auront plus de mal
à se nourrir, beaucoup mourront de faim avant
d’avoir pu se reproduire. Les individus ayant un
cou plus long seront les seuls à pouvoir brouter
les feuilles en haut des arbres. Ils ne manqueront
pas de nourriture et pourront se reproduire. Le
caractère « long cou », héréditaire, sera transmis
aux générations suivantes. Ainsi, à chaque
génération, les individus ayant un long cou seront
« sélectionnés » au détriment des individus
ayant un petit cou. Au bout d’un moment, toutes
les girafes auront un long cou, l’espèce aura
évolué sous l’effet de la sélection naturelle.
Troisième scénario : une partie du continent
africain se détache pour former une île. Sur
cette partie, il y a quelques girafes. Par le hasard
de l’échantillonnage, ces quelques girafes,
qui se retrouvent isolées de la population
continentale, ont un cou plutôt court. Elles
vont former une nouvelle population en se
reproduisant entre elles. Le caractère « petit
cou » va se transmettre de génération en
génération, non pas parce qu’il est avantageux,
mais parce que c’était le seul caractère présent
dans la population fondatrice. Dans ce cas, on
aboutit à une population de girafes à petit cou
par ce que l’on appelle un effet fondateur.
Patrimoine génétique : c’est
l’ensemble des gènes que possède un
individu et qui lui sont propres. Une partie de
ce patrimoine génétique est transmise à la
descendance, de génération en génération.
Niche écologique : désigne un ensemble
de conditions physiques et biologiques du milieu,
occupé par une espèce ou une population.
Genre : voir p. 10
14
Evolution
en action
Coupés de leur milieu et de leur population
d’origine, les êtres vivants qui sont parvenus
à fonder un peuplement à La Réunion ont
été amenés à évoluer. Par hasard ou par
nécessité… Mais ce milieu original, fragile et
préservé, n’a pas résisté longtemps à l’arrivée
de l’Homme.
On l’a vu, rejoindre une île lointaine relève
d’un véritable parcours du combattant pour
les êtres vivants. C’est pourquoi un nombre
relativement restreint d’espèces réussissent à
s’y implanter durablement. A titre d’exemple,
le nombre de fougères et plantes à fleur
indigènes et endémiques identifiées sur
l’archipel des Mascareignes atteint un peu
plus de 1 000 espèces, tandis que la Grande
Ile, Madagascar, en compte plus de 10 000.
La comparaison entre les végétations de
Madagascar et de La Réunion est d’ailleurs
intéressante. Tout d’abord, on constate
que certains groupes malgaches sont rares
ou absents à La Réunion (mammifères,
baobabs, batraciens, légumineuses…)
quand d’autres sont sur représentés
(ébéniers, mahots, charançons…) Cela n’a
rien d’étonnant puisque seules les espèces
suffisamment abondantes au départ,
facilement transportables, et capables
de s’adapter à de nouvelles conditions
écologiques, ont des chances significatives
de réussite.
Par ailleurs, la côte au vent réunionnaise
montre des ressemblances marquées avec
la côte orientale malgache, à latitude égale.
En revanche, les zones sèches des deux
îles n’ont rien en commun. Conclusions :
d’une part, c’est majoritairement la côte Est
malgache qui a ensemencé La Réunion. Ce
qui semble somme toute assez logique au
regard des possibilités de dissémination par
le vent ou les courants marins. D’autre part,
cela signifie que la plupart des plantes de la
côte ouest réunionnaise, caractérisée par
un climat sec, ont acquis leur caractère de
résistance à la sécheresse après leur arrivée
sur l’île, donc par un processus d’évolution.
Un laboratoire naturel
de l’évolution des espèces
Ainsi, l’archipel des Mascareignes, sorte
de laboratoire naturel de l’évolution des
espèces, aurait très bien pu servir de base
scientifique à Charles Darwin pour étayer sa
théorie de l’évolution, à l’instar des îles
Galápagos.
En effet, aux Mascareignes, 60% des
plantes à fleur et près de 90% des mollusques
terrestres et des oiseaux sont endémiques :
on ne les trouve nulle part ailleurs dans le
monde. Isolés de leur population d’origine,
ils s’en sont progressivement différenciés
jusqu’à former une nouvelle espèce. Dans ce
contexte, l’effet fondateur, dû au hasard, est
le principal facteur de l’évolution.
En revanche, les espèces pour lesquelles
les échanges reproductifs avec les populations
d’origines ne se sont pas interrompus
présentent un taux d’endémisme moindre.
C’est le cas des fougères (seulement 20%
d’endémiques). Leurs minuscules spores,
facilement transportées par le vent,
parviennent régulièrement sur l’archipel et
continuent à se croiser avec les populations
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
locales. Chez les mollusques marins, le
taux d’endémisme ne dépasse pas les 10%
en raison d’un flux continu de nouveaux
arrivants par la voie maritime. Fait
intéressant, si le laps de temps entre deux
arrivées est suffisamment long pour que
la population primo arrivante se soit déjà
différenciée, deux espèces distinctes issues
de la même souche peuvent alors coexister.
Le monde à l’envers
En règle générale, lors d’une modification
de l’environnement, c’est l’impitoyable
« sélection naturelle » qui exerce une
pression évolutive sur les espèces. Ainsi, les
individus présentant un avantage sélectif
sur leurs congénères, ou les mieux adaptés
au nouveau milieu, se reproduisent plus
efficacement au cours de leur vie et leur
patrimoine génétique est ainsi favorisé
dans la descendance de l’espèce.
En milieu insulaire jeune, c’est le contraire
qui se produit ! Le milieu étant moins saturé, il
y a moins de compétition pour les ressources,
et souvent pas de prédateurs. La pression de
sélection naturelle se relâche, ce qui a pour
conséquences de profondes modifications
morphologiques et comportementales.
C’est ce que l’on appelle le « syndrome
d’insular ité ». Premier symptôme :
l’élargissement des niches écologiques.
Cela consiste à augmenter sa gamme de
ressources alimentaires (pour les animaux)
ou d’habitats (pour les plantes). Exemple : le
Bois blanc, endémique des Mascareignes, vit
dans les forêts humides jusqu’à 700 mètres
d’altitude alors que les autres espèces du
même genre sont habituellement côtières.
Deuxième symptôme : la perte des
capacités de dissémination. S’il peut être
avantageux pour une espèce vivant en milieu
continental de se disperser sur de longues
distances, la question ne se pose plus sur une
île de surface réduite. Ainsi, chez les espèces
animales originellement migratrices, la
sédentarité sera favorisée, cas par exemple
de l’Hirondelle de Bourbon.
Troisième symptôme : le gigantisme
insulaire. En l’absence de prédateurs, la
petite taille (permettant de s’enfuir plus vite
et de se cacher plus facilement) ne représente
plus un atout. Rien ne s’oppose alors à une
augmentation de la taille comme ce fut le cas
des tortues terrestres géantes.
Quatrième et dernier symptôme : la
diminution des défenses. En l’absence
de prédateurs, ce relâc hement des
comportements de fuite, parfois poussé
jusqu’à la perte des capacités de vol, a
été fatal à la plupart des gros oiseaux des
Mascareignes lors de leur confrontation
avec l’Homme. En 1668, Dellon nous livre
ce témoignage : « Il y a dans l’île Bourbon
des pigeons, des tourterelles, des perdrix et
une infinité d’autres oiseaux, mais surtout
quantité de perroquets. On les prend
aisément à la main, ou tout au plus avec un
bâton ». Ndlr : voir Zoizo blanc & Solitaire.
Un si fragile équilibre
S’il a fallu à la nature plusieurs millions
d’années pour construire ce riche et fragile
édifice, 300 ans ont suffi à l’Homme pour en
détruire la majeure partie. Le prélèvement
abusif a fait disparaître plusieurs dizaines
d’espèces de ver tébrés uniques aux
Mascareignes. Les défrichements en quête
de terres agricole et l’urbanisation n’ont
épargné qu’un quart des habitats naturels
primaires de La Réunion. La régénération des
écosystèmes naturels restants est menacée
par les espèces envahissantes introduites.
De nombreuses espèces endémiques sont
toujours menacées d’extinction. Avec la
volonté de tous : citoyens, scientifiques,
politiques, elles pourront peut-être être
sauvées.
Photo : Claire Micheneau et Jacques Fournel
A La Réunion, l’orchidée Angraecum striatum s’est adaptée à son environnement. Sa reproduction est assurée
par le Zoizo blan qui, en se nourrissant de son nectar,
transporte le pollen d’une fleur à une autre.
mais encore
Une orchidée pas
comme les autres
Photo : Thierry Joët
Le branle vert est une espèce endémique de La Réunion. Ses minuscules
feuilles recourbées et dressées sont une adaptation aux conditions extrêmes
d’altitude (froid et sécheresse).
Les orchidées du genre Angraecum font de
grandes fleurs blanches isolées, ornées d’un
long éperon filiforme contenant du nectar. Au
crépuscule, ces fleurs libèrent un doux parfum
qui attire les papillons de nuit. Munis d’une
longue et fine trompe, ils collectent le nectar
à l’intérieur de l’éperon floral pour s’en nourrir.
Ce faisant, le papillon appuie sa tête contre la
fleur et en prélève involontairement le pollen
agglutiné. En butinant une autre fleur, le papillon
y dépose tout aussi involontairement son
chargement de pollen sur les organes sexuels
femelles, assurant ainsi la reproduction sexuée
de la plante. Chaque espèce d’Angraecum
dépend pour sa reproduction d’une seule
espèce de papillon, dont la longueur de la
trompe est la même que celle de l’éperon.
Les fleurs d’Angraecum striatum, espèce
endémique de La Réunion, présentent un
aspect différent : elles sont plus petites,
groupées, non odorantes, avec un éperon de
forme conique, moins long et plus large. Des
chercheurs de l’Université de La Réunion se
sont aperçus que ces fleurs étaient visitées,
non pas par un papillon, mais par le Zoizo blan,
petit passereau lui aussi endémique. Ainsi,
par on ne sait quel ‘miracle’ dont l’évolution
est capable, les fleurs d’Angraecum striatum
se sont modifiées par rapport à l’espèce
d’origine, permettant au Zoizo blan d’ajouter ce
nectar à son alimentation tout en assurant la
reproduction de la plante. La fleur étant arrivée
sur l’île sans son pollinisateur, elle n’a pu survivre
qu’en s’adaptant à ces nouvelles conditions.
Colonisation de la réunion
Photo : Julien Paillusseau (d’après une illustration du
Museum d’Histoire Naturelle de Saint Denis)
Représentation du Solitaire de Bourbon, oiseau endémique de La Réunion disparu peu après la colonisation
humaine de l’île.
D’après Claire Michenau, Jacques Fournel et
Thierry Pailler, Unité mixte de recherche «
Peuplement Végétaux et Bio-agresseurs en
Milieu tropical », Université de la Réunion.
Le syndrome
d’insularité
Le syndrome d’insularité est parfaitement
illustré par le fameux Dodo mauricien. Dérivant
d’un oiseau volant de la famille des pigeons,
il pouvait atteindre 12 kg, était incapable de
voler et peu farouche. Bien qu’adopté comme
emblème de notre bière locale, on ne trouvait
pas de Dodo à La Réunion, mais le Solitaire
de Bourbon. Egalement peu apte au vol (« cet
oiseau se prend à la course, ne volant que bien
peu » écrit Dubois en 1672), il était plus petit (3
à 4 kg) et dérivait d’un Ibis africain ou australien.
Ces oiseaux, qui étaient frugivores,
contribuaient à la dissémination d’un grand
nombre d’arbres et de palmiers. Leur disparition,
ainsi que celle d’une trentaine d’autres animaux,
n’a fait qu’accélérer la raréfaction d’un
grand nombre de plantes endémiques qui en
dépendaient pour la dispersion de leurs graines.
Pour en savoir plus…
• « Foret de la Mare Longue. Guide botanique. » de l’Office
National des Forêts de la Réunion.
• « Guides milieux naturels. Réunion, Maurice, Rodrigues.
» de Frédéric Blanchard, éditions ULMER.
• « Animaux de la Réunion » de Jean-Michel Probst, Azalées
éditions.
• « Le grand livre des oiseaux de la Réunion » de Armand
Barau, Nicolas Barré et Christian Jouanin, éditions Orphie.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
15
dossier genèse
Ile était une fois…
Les îles sont toujours un peu mystérieuses.
La Réunion, par exemple, que l’on nomma Forest of England, Isle of pearls, Mascarenhas, Apolonie, Bourbon ou Eden, au fil des
escales, a dérivé dans le secret des portulans et des pilotes, ignorée des nations policées, préservée de l’humaine industrie, parée
des fastes de l’âge d’or. D’où venait donc cet Eden sis par-delà les flots de la mer océane, aux confins du monde connu ?
Les îles ne flottant pas, n’en déplaise aux
conteurs, La Réunion n’est qu’une portion émergée
de notre bonne vieille planète. C’est même un point
du globe d’où le feu central tend à jaillir avec une
régularité notable. Pour comprendre d’où vient
nôtre île, il nous faut remonter fort loin dans le
temps, car ne serait-ce que pour donner naissance à
un océan, la Terre doit travailler quelques dizaines
de millions d’années ! Un long travail qui nécessite
16
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
quelques explications. La connaissance est à ce prix.
Et la science moderne rejoint, au commencement
des temps, les grands mythes d’où sont issues
les religions. Au commencement… parce qu’il
faut bien une cause première à ce phénomène
observable qu’est l’univers qui nous héberge, au
commencement donc, il y a environ 15 milliards
d’années, l’univers était condensé dans un état
hyper-dense : plusieurs milliards de milliards de
tonnes par cm3. Une singularité, un peu comme
un trou noir. Une bille univers qui contenait toute
l’énergie, toute la matière, tout l’espace passé et à
venir… Cette bille aurait alors explosé et l’univers,
depuis, ne cesse de se disperser et de s’étendre.
Pourquoi ? On n’en sait rien. Ce qui précède le
fameux «big bang» échappe tout à la fois à notre
physique comme à toute forme d’expérience ou de
cognition humaine. Autant y loger les dieux… Quoi
Couverture
Croûte continentale
sédimentaire
(30-65 km) SIAL
Croûte océanique
Atmosphère (5-15 km) SIMA
Biosphère &
d=2,7
Hydrosphère
0
70-150
700
Voir plus
ci-contre
MANTEAU
INFÉRIEUR
CROUTE
OCÉANIQUE
d=3,3
Lithosphère
NOYAU
EXTERNE
2270 km
CROUTE
CONTINENTALE
d=3,2
2885
2885 km
dossier genèse
MANTEAU
SUPÉRIEUR
d=3
MOHO
Manteau
Supérieur
5155
NOYAU
INTERNE
70-150 km
Asthénosphère
1216 km
700 km
6371 km
Manteau
inférieur
d=5,5
d=9,5
Échelle non
respectée
Noyau
externe
d=11,5
d=12
GUTENBERG
(2885 KM)
LEHMANN
(5155 KM)
La Terre, telle que photographiée en 1977 par Apollo 17. Crédit image : NASA. La différenciation planétaire a conduit la matière constitutive
de notre planète à s’organiser en trois couches concentriques de densité croissante jusqu’au cœur.
qu’il en soit, notre univers est composé de millions
de galaxies parmi lesquelles la Voie Lactée. Notre
galaxie. Elle compte environ 200 millions d’étoiles
dont celles qui forment notre système solaire
qui s’est constitué il y a environ 4,55 milliards
d’années. Dans notre système solaire, 8 planètes
gravitent autour du Soleil. Mercure, Vénus, la
Terre et Mars, les plus proches du Soleil, sont des
planètes telluriques, solides, au diamètre faible
mais à densité élevée. Jupiter, Saturne, Uranus et
Neptune, plus éloignées du soleil, sont des planètes
gazeuses qui entourent un petit noyau solide. Elles
ont une densité faible et un diamètre important.
Pluton, qui fut la 9e planète du système solaire,
bien que solide a été rétrogradée le 24 août 2006
au rang de planète naine. La Terre étant située
sur une orbite qui la place à une distance idéale
du soleil, bénéficie d’une température moyenne
de surface d’environ 15°. Ainsi, l’eau se présentet-elle sous ses trois états liquide, gazeux et solide,
autorisant le développement de la vie, fait unique
dans le système solaire.
La formation des planètes résulte de l’action de
la force de gravitation. Des grains de matière se sont
regroupés, jusqu’à former des planétésimaux d’un
km de diamètre, puis des protoplanètes et enfin
une planète. On appelle ce phénomène l’accrétion.
Lors de constitution de la Terre, la chaleur issue
de l’impact des multiples bombardements
météoriques a sans doute conduit la planète à se
présenter sous la forme d’une boule de matière en
fusion. Un état qui a entraîné la séparation des
composants chimiques selon leur point de fusion et
leur densité. Les éléments les plus lourds, comme
le fer ou le nickel coulant vers le centre de la
planète, quand les plus légers, comme la silice et
l’aluminium migraient vers la surface.
Trois couches concentriques de densité
croissante jusqu’au cœur se sont alors formées. Un
phénomène appelé la différenciation planétaire.
La croûte, qui ne représente qu’un pour cent du
volume de la planète, est épaisse d’environ 7 km
sous les océans et de 30 km sous les continents.
C’est le sismologue croate Mohorovicic qui a mis
en évidence une telle discontinuité de la matière.
*notes
Croûte Couche extérieure
solide de la Terre. Elle mesure
en moyenne 40 km d’épaisseur
au niveau des continents
(croûte continentale) et
seulement 5 km sous les
océans (croûte océanique).
Discontinuité surface
entre deux milieux de
propriétés différentes. Limites
physiques ou chimiques,
certaines discontinuités
remarquables segmentent
l’intérieur de la Terre : le Moho,
la discontinuité de Gutenberg
ou la discontinuité de Lehman.
Lithosphère C’est la
partie superficielle de la Terre.
Regroupant la croûte et la
partie superficielle du manteau,
elle est caractérisée par ses
propriétés mécaniques (solide
et cassante) et thermiques
(propagation de chaleur par
conduction). Elle est constituée
d’un certain nombre de plaques
tectoniques qui se déplacent
les unes par rapport aux autres.
La Voie lactée, The milky way en anglais, est la gamlaxie au sein de laquelle se situe notre bon vieux système solaire,
parmi 30 millions d’étoiles ; cette vue d’artiste nous la montre sous la forme d’une galaxie spiralée, selon les observations conjointes Spitzer Space Telescope de la NASA et des astronomes de l’Université du Wisconsin. NASA/JPLCaltech/R. Hurt (SSC/Caltech)
On la nomme le Moho en son honneur. Le
manteau représente quant à lui 83% du volume
terrestre. Il s’étend du Moho à la discontinuité
de Gutenberg, profonde de 2900 km. Il est
séparé en un manteau supérieur (de 30 à 670
km) et un manteau inférieur (de 670 km à 2900
km). Du Moho à 100 km, le manteau supérieur
s’associe à la croûte pour former la lithosphère au
comportement rigide. Toujours dans le manteau
supérieur, la zone qui s’étend de 100 à 250 km de
profondeur s’appelle l’asthénosphère. Le noyau
a été mis en évidence par Gutenberg (Ndlr : pas
l’imprimeur), qui a montré une discontinuité
vers 2900 km présentant une zone d’ombre et
caractérisant la présence d’un noyau. Celui-ci
peut-être décomposé en un noyau externe au
comportement liquide et un noyau interne solide
(graine) à une profondeur de 5100 km.
Manteau C’est la couche
intermédiaire entre le noyau
planétaire et la croûte terrestre
composée de péridotites en
fusion. Le manteau représente
un peu plus de 80 % du volume
de la Terre. Il est séparé de
la croûte par la discontinuité
de Mohorovicic ou moho
(profondeur : 35 km), et du
noyau par celle de Gutenberg
(profondeur : 2 900 km).
Asthénosphère Partie
ductile (souple) du manteau
terrestre, directement située
sous la lithosphère rigide.
Son épaisseur varie entre
environ 100 km sous les océans
(quelques kilomètres au niveau
des rifts océaniques) et environ
250 km sous les continents.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
17
dossier genèse
En 1831, Katsushika Hokusai (1760-1849) peint la silhouette d’une vague géante s’apprêtant à engloutir de fragiles barques.
Instantané d’un tsunami, terme japonais passé depuis à la postérité.
Ça bouge, ça craque
ça éructe…
Force est de constater que les forges de Vulcain sont toujours allumées et que
notre Terre est animée par nombre de phénomènes, plus ou moins violents, plus ou
moins perceptibles. Le domaine d’étude de la «géodynamique interne». De là, on va
finir par arriver au contexte qui explique la formation de notre île.
Les grands phénomènes géologiques comme les tremblements de terre, les
volcans, la formation des océans et des grandes chaînes de montagnes sont
expliqués par le modèle de la tectonique des plaques. Le déplacement de ces
plaques, encore appelé dérive des continents, est la manifestation tangible
de la dynamique qui affecte le centre de la Terre. Cette dynamique résulte
du flux thermique provenant de la chaleur dégagée par la désintégration des
éléments radioactifs contenus dans les roches. Cette énergie thermique est
transformée en énergie mécanique par des courants de convection. Le genre
de phénomène que l’on peut observer au sein de l’eau portée à ébullition
dans une casserole. L’eau chaude s’élève vers la surface en créant un courant
ascendant. Le même genre de phénomène qui conduit l’air chaud à s’élever
en bulles au sommet desquelles se développe un nuage blanc (cumulus),
sous lequel spiralent grands oiseaux et planeurs… Comme la lithosphère est
18
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
composée de 12 grandes plaques majeures et de nombreuses petites plaques,
les activités sismiques et volcaniques à la surface du globe sont localisées au
niveau des jointures entre les 12 plaques lithosphériques majeures, car c’est
là que s’exercent les plus fortes contraintes liées à leur déplacement. La
formation de la croûte océanique résulte d’une forte activité volcanique au
niveau des dorsales.
Cette activité se traduit en surface par une divergence des plaques
lithosphériques et une expansion* de l’océan. Comme la Terre ne peut pas
augmenter sa taille en allongeant ses océans, cette divergence est compensée
ailleurs par une résorption de la lithosphère océanique. Elle s’enfonce dans
l’asthénosphère dans des zones de subduction. Ces zones de forte activité
géologique se singularisent par la présence de fosses océaniques allant
jusqu’à 11000 mètres de profondeur. Il s’agit ici d’un contexte de convergence
des plaques lithosphériques. D’autres phénomènes de convergence peuvent
provoquer une collision entre deux lithosphères continentales et sont à
l’origine de la création des chaînes de montagnes.
Des failles transformantes segmentent les dorsales en tronçons et sont
remarquables par leur activité sismique importante. Ainsi, en Californie, la
faille de San Andreas qui traverse la ville de San Francisco, conduira-t-elle la
ville de Los Angeles à se trouver à la hauteur de Frisco, dans 10 000 ans, au
rythme de 5,5 cm de déplacement par an ! Ce qui laisse présager de sacrés
séismes ! La population attend d’ailleurs le «big one» qui devrait être un
cataclysme de première ampleur, sans commune mesure avec tout ce que la
ville a connu plus tôt…
Laccadives
rid
e
oc
Maldives
éa
ni
qu
Réunion
rid
Chagos
rid
eo
cé
an
iqu
e
ue
niq
éa
c
eo
e
L’île de La Réunion est située sur la plaque Afrique, à l’extrémité sud-ouest d’un
grand linéament volcanique qui recoupe l’ensemble de l’Océan Indien jusqu’à la
province volcanique du Deccan dans le centre de l’Inde.
Convection Circulation de chaleur avec déplacement de matière.
La convection assure le transfert de chaleur dans le manteau.
Divergence Mouvements d’écartement de deux
plaques lithosphériques. La divergence est le phénomène à
l’origine de la naissance et de l’expansion des océans.
Aujourd’hui un océan est en train
de naître en Ethiopie au niveau
du rift est-africain dans la région
de l’Afar. Tout laisse à penser
que la mer Rouge va s’agrandir
dans les prochains millions
d’années et devenir un océan.
Le rift est-africain s’étend sur
plusieurs milliers de kilomètres :
des zones de dépression
nombreuses près des grands
lacs africains sont marquées
par un volcanisme important
générant du basalte. Des
études sismiques ont montré
que la lithosphère continentale
s’est amincie dans cette
région. Une croûte océanique
est en formation, encadrée
par les deux blocs de croûte
continentale. C’est véritablement
la partie émergée d’une nouvelle
dorsale qui se met en place et
plonge sous la mer Rouge.
Convergence Mouvements de rapprochement de deux
plaques lithosphériques. L’une peut plonger sous l’autre
(subduction) ou elles peuvent entrer en collision et créer ainsi
une chaîne de montagne. Les zones de convergence sont
caractérisées par une forte sismicité et des reliefs élevés.
Dorsale Relief sous-marin volcanique caractérisant
l’écartement de deux plaques lithosphériques. Le magma issu
de ces zones en extension forme la croûte océanique.
Expansion océanique Augmentation de la surface du
fond des océans par apport de matériaux profonds (roches
magmatiques), au niveau des dorsales océaniques.
Fosse océanique Dépression sous-marine profonde
(jusqu’à 100 km), longue et étroite, présente le long d’un
continent ou d’un archipel dans les zones de subduction.
Plaque lithosphérique (plaque tectonique)
Ensemble rigide formé par la croûte terrestre et la partie supérieure
du manteau. Les plaques océaniques sont plus minces que les plaques
continentales. Leur épaisseur dépend de leur refroidissement, donc
de leur âge. Les plaques se déplacent à la surface de la terre en une
série de mouvements que l’on appelle la tectonique des plaques.
Séisme Un tremblement de terre, ou séisme, résulte de la libération
d’énergie accumulée par les déplacements et les frictions des différentes
plaques de la croûte terrestre, traduits par la propagation d’ondes
sismiques. La majorité des séismes n’est pas ressentie par les humains.
Subduction Processus intervenant lors de la convergence
entre deux plaques tectoniques. Une plaque plongeante va
retourner dans l’asthénosphère en prenant appui sur une plaque
chevauchante. Il peut s’agir de deux plaques océaniques entre
elles ou d’une plaque océanique et d’une plaque continentale. Les
zones de subduction ont une topographie aux forts reliefs positifs
et négatifs et sont le siège d’une activité géologique importante.
Le 18 avril 1906, à 5h12, la faille de
San Andreas provoqua un un énorme
séisme de 8,3 sur l’échelle de Richter
qui dévasta San Francisco la capitale
de la ruée vers l’or. La plaque Pacifique se déplaça brusquement d’environ 6 m vers le Nord !
La faille de San Andreas marque la frontière le long de laquelle les plaques Nord-américaine et Pacifique coulissent horizontalement. La plaque Pacifique tournant, les côtes de Californie glissent lentement vers le Nord, devant le reste de l’Amérique du Nord. En l’espace de 20 millions d’années, la
plaque Pacifique a bougé de 560 km par rapport à l’Amérique du Nord, soit environ 1cm par an. Mais au cours du XXe siècle, la faille s’est déplacée de
près de 5 cm par an. A ce rythme, dans 10 000 ans, Los Angeles aura rejoint San Francisco…
Arc insulaire
éanique
e oc
u
aq
Pl
Rift
Dorsale
Océanique
Volcan
éteint
Plaque contientale
Point
chaud
Plaque
océ
an
iqu
e
Asthénosphère
(1) Volcanisme de dorsale océanique, caractérisé par une remontée de magma au niveau d’un rift. (2) Volcanisme de dorsale océanique avec un rift envahi par les eaux d’où partent des plaques divergentes. (3) Volcanisme de zones de subduction,
caractérisé par la convergences des plaques ; la plus dense, ici la plaque océanique, plongeant sous la plus légère, la plaque continental. (4) Volcanisme de zones de subduction présentant ici la convergence de deux plaques océaniques et suscitant
la formation d’u arc insulaire. (5) Volcanisme intra-plaque – comme à La Réunion – caractérisé par une montée de magma formant un point chaud fixe.
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19
dossier genèse
Naissance
d’un océan
Trapps du
Deccan
dossier genèse
où est La Réunion ?
pourquoi est-elle là ?
On y vient… De façon très simplifiée, tout a commencé au début de l’ère secondaire (230 à -65
millions d’années) où un continent géant, La Pangée, se serait fragmenté en masses continentales
dérivantes… La Pangée, était entourée d’un océan unique : Panthalassa.
fig. 1
Il y a 160 millions d’années, entre la Laurasie (en haut) et
le Gondwana (agglomérat de l’Afrique, l’Amérique du sud,
l’Antarctique, l’Inde et l’Australie), en bas, se trouvait un
océan baptisé Thétys. Son développement coupa La Pangée
en deux masses qui préfigurèrent la répartition Nord-Sud des
continents actuels (Figures 1&2). Il y a 120 millions d’années,
les Amériques se séparèrent de l’Eurasie et de l’Afrique. La
dérive s’organisant suivant deux directions : vers l’équateur
et vers l’Ouest. Ces mouvements provoquèrent d’abord le
détachement de l’Antarctique et de l’Australie, puis celui de
Madagascar et de l’Inde qui débuta sa remontée vers l’Asie à
travers le futur océan Indien quand l’Australie s’écartait vers
le Pacifique (Figure 3).
Il y a 80 millions d’années, le déplacement de l’Amérique
étant plus rapide que celui de l’Eurasie et de l’Afrique,
l’Atlantique va se former, puis s’élargir. Pendant le tertiaire
(-65 à -2 millions d’années) et le quaternaire (jusqu’à nos
jours), les continents ont progressivement adopté leurs
positions contemporaines. Il y a environ 5 millions d’années,
la rencontre de l’Afrique et de l’Europe a verrouillé la
Méditerranée (Figure 4). Puis, le déplacement des plaques
a ouvert le détroit de Gibraltar sur l’Atlantique (Figure 5). Le
mouvement se poursuit… Si bien que dans quelques millions
d’années la planisphère devrait ressembler à la figure 6. Et
si ces déplacements se poursuivent au même rythme, ce qui
n’est pas assuré, l’Afrique devrait plonger sous l’Europe, l’Inde
sous le continent asiatique et la Californie devenir une île !
Une telle prospective se fonde, au niveau des dorsales
océaniques, par l’étude des carottes de sédiments et des
anomalies magnétiques qui permettent de déterminer les
directions et les vitesses des déplacements relatifs entre les
plaques. Certaines plaques ont été jusqu’à progresser de 17
cm par an ! En moyenne, les plaques bougent de 5 à 10 cm
par an, certaines avancent dans une direction et d’autres
se contentent de tourner sur elles-mêmes. L’alignement de
volcans de «point chaud» dans les océans est également un
indicateur du déplacement des plaques. Dans les Caraïbes,
le Pacifique et l’océan Indien - Pour rester en France, en
sus de La Réunion, la Polynésie française et… l’Auvergne
(!!!) participent de ce type de volcanisme - une série de
volcans éteints précède un ou des volcans en activité. Ces
alignements indiquent que la plaque lithosphérique se
déplace au-dessus d’un point chaud du manteau considéré
comme fixe. Un peu comme une plaque de tôle que l’on
déplacerait par rapport à la flamme bleue d’un chalumeau.
En ce qui nous concerne, La Réunion est fixée sur la plaque
Afrique. Sur les points chauds, tel celui qui a donné le Piton
des Neiges et le Piton de la Fournaise, les effusions de lave
20
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
proviennent de la remontée rapide de magma d’origine
profonde, vraisemblablement depuis l’interface noyaumanteau, à près de trois mille kilomètres de profondeur.
Cette zone de remontées est fixe par rapport au déplacement
des plaques lithosphériques.
fig. 2
fig. 3
fig. 4
fig. 5
fig. 6
Tectonique
des plaques
Le déplacement de la plaque indienne vers le Nord a eu pour
effet la migration apparente du point chaud vers le Sud. Ainsi,
ce point chaud aurait édifié progressivement l’alignement
des Maldives, des Chagos, le plateau des Mascareignes, l’île
Maurice et l’île de La Réunion… Piton des Neiges et Piton de
la Fournaise reposent donc sur le plancher océanique à - 4 200
m de profondeur (pour un diamètre moyen à la base de 200
à 240 km). La partie émergée de La Réunion ne représente
approximativement qu’un trentième du volume (600 millions
de km3) de l’ensemble qui mesure environ 7000 m de hauteur.
La Réunion est actuellement située à 300 km environ au NordEst du point chaud qui perce la croûte océanique. Un point
chaud qui serait à l’origine de la formation au Crétacé (-130
à -65 millions d’années) du plateau basaltique du Deccan
(Inde). La Réunion, notre île, est donc un volcan intraplaque
de type «point chaud», d’une hauteur totale de 7500 m, dont
3000 m seulement sont en surface. Son diamètre de base, sur
le fond océanique, est de 240 km. Donc légèrement inférieur
à la circonférence de nos côtes.
L’île contemporaine est formée de deux cônes volcaniques.
Le plus ancien, le Piton des Neiges, forme la partie NordOuest de l’île. Il est entré en activité il y a plus de deux millions
d’années. Son activité initiale a consisté en coulées de laves
basaltiques. Après une interruption de 100 000 ans, deux
types d’activités se sont manifestées. Au Piton des Neiges,
le magma s’est différencié et les éruptions sont devenues
majoritairement explosives. Parallèlement, il y a environ 500
000 ans, un nouveau cône émissif basaltique a débuté son
érection sur son versant Sud-Est : le Piton de la Fournaise.
Après une dernière période d’activité située entre 70 000 et
20 000 ans, l’activité du Piton des Neiges a cessé. Celle du
Piton de la Fournaise s’est perpétuée jusqu’à nos jours. La
vie du Piton de la Fournaise est marquée par la formation de
trois caldeiras successives, dont la plus récente, est appelée
l’Enclos Fouqué. L’essentiel de l’activité éruptive actuelle s’y
déroule, à quelques exceptions près, dont la plus récente.
Le «volcan» s’y est élevé avec, à son sommet, les cratères
Dolomieu et Bory. Pour donner une idée de l’ampleur des
phénomènes en jeu dans la constitution de l’île telle que nous
la connaissons aujourd’hui, «l’enclos» s’est formé il y a 3 000
ans lors d’un grand glissement de 20 à 30 km3 de matériaux.
On peine à imaginer l’ampleur du tsunami provoqué par un
tel cataclysme.
1
Chaînon de volcans
2
Volcan
le plus vieux
piton de la fournaise. Latitude : 21°22 sud - longitude : 55°71 est
Volcan
le plus jeune
L’activité du point chaud de La Réunion a débuté il y a environ 65 millions
d’années. Le déplacement de la plaque indienne vers le Nord (1) a eu pour
effet la migration apparente du point chaud vers le sud. Il en a résulté une
série d’édifices volcaniques alignés, dont l’âge de plus en plus jeune vers le
Sud permet de retracer le mouvement relatif des plaques (2). Ce point chaud
a édifié progressivement l’alignement des Maldives, des Chagos, le plateau
des Mascareignes, l’île Maurice et l’île de La Réunion. Actuellement, un autre
massif serait en formation au large des côtes de Saint Philippe.
La Réunion au commencement des temps, ou presque. Photo IPR
mais encore
Au dessous du volcan
Avant le massif du Piton de la Fournaise actuel devait exister un
autre volcan, le volcan des Alizés (plus de 1 Ma à 450 000 ans),
dont le centre d’émission se situait vers le Grand Brûlé actuel.
Des vestiges de cet édifice ont été dragués au large de l’Enclos
et des roches témoin datées à 530 000 ans affleurent dans
la rivière des Remparts. Les laves du volcan des Alizés ont été
recouvertes par un épais empilement de coulées basaltiques
émis par un centre d’émission situé au niveau de la plaine des
Sables. Ce bouclier est aujourd’hui observable à l’affleurement
dans le fond de la vallée de la rivière des Remparts, de la
rivière de l’Est et sur le flanc sud-ouest. (Source BRGM)
n L’ouverture de l’Océan Indien s’est effectuée
il y a environ 160 millions d’années.
n Il y a 65 millions d’années, la plaque indienne se
trouvait à l’emplacement actuel de la Réunion.
n Le point chaud qui a créé La Réunion a commencé par
produire ce qui constitue aujourd’hui les « Trapps du
Deccan». Un immense plateau qui couvre une grande
partie de l’intérieur et de l’Ouest de l’Inde.
n Il occasionna un volcanisme extraordinaire, couvrant 1,5 millions de
km2 avec une épaisseur de plusieurs kilomètres. Ce flot de magma
fut déversé en un laps de temps très court à l’échelle géologique,
l’essentiel du volume étant mis en place en moins de 500 000 ans.
Ceci correspond à environ 1010 m3 de magma par an, soit environ
1 000 fois la production annuelle du Piton de la Fournaise.
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21
dossier genèse
Fonctionnnement d’un point chaud
biodiversité
Biodiversité
l’UE part en guerre contre
les « aliens »
Bien après les Etats-Unis ou l’Australie,
l’Union européenne envisage de se doter d’une législation protégeant les faunes
et flores locales des espèces invasives qui prolifèrent dans les soutes de la mondialisation.
Des milliers d’espèces sont sans doute
concernées, mais aucun recensement n’est
à ce jour disponible à l’intérieur de l’UE,
souligne l’Union mondiale pour la nature
(UICN) qui rappelle que la prolifération
des espèces exotiques envahissantes (EEE)
constitue la deuxième cause d’extinction
dans le monde - après la destruction des
habitats naturels - et sans doute la première
dans les îles.
Les espèces endémiques qui ont crû sans
prédateurs sur ces terres isolées y sont plus
vulnérables quand survient un organisme
étranger, souligne Florian Kirchner,
responsable de l’outre-mer français à
l’UICN.
« L’invasion généralisée des rats dans
les îles a causé la disparition de plusieurs
espèces d’oiseaux. A Tahiti, le miconia
introduit comme plante d’agrément dans les
années 50 occupe désormais les deux tiers
de l’île ».
Parallèlement à l’introduction involontaire
d’espèces - des moustiques (Ndlr : tout
particulièrement l’Aedes albopictus) dans
les pneus usagés, le frelon asiatique dans des
caisses en bois ou des fourmis envahissantes
dans des conteneurs - dans la plupart des
cas, les indésirables avaient été initialement
encouragés à dessein.
« La coccinelle asiatique qui se
développe en France métropolitaine, après
l’Allemagne et la Belgique, a été introduite
pour lutter contre les pucerons », rappelle
Florian Kirchner. En Polynésie française,
pour se débarrasser d’un escargot trop
prolixe, l’achatine, introduit à des fins
alimentaires, on a fait appel à une autre
espèce, l’Euglandine ou escargot carnivore
américain: « En quelques décennies, il a
éradiqué 59 espèces endémiques ».
Les écosystèmes ne sont pas les seuls à
souffrir : un document de travail de l’UE pointe
les risques sanitaires, d’allergie notamment
et surtout les impacts économiques.
données, puis les communiquer au public
afin de le sensibiliser. Ensuite, on pourra
identifier une gamme d’options politiques
avec l’ensemble de leurs retombées
possible », explique Clare Shine, consultante
de la Commission européenne sur ce dossier,
qui estime que l’Europe sera prête à réagir
d’ici début 2010.
« Le véritable enjeu est de savoir où
mettre le seuil de protection, à l’importation
notamment. La spécificité de l’UE est qu’une
fois qu’un organisme y entre, il s’y balade
librement. Il faudra un système de détection
précoce quoi qu’il en coûte, car il revient
beaucoup plus cher ensuite de lutter contre
En Allemagne, le rat musqué est responsable de terribles inondations.
Vaste consultation sur internet
Ainsi, l’introduction d’un parasite dans
plus de 46 rivières et 37 élevages de Norvège
a provoqué une baisse de densité de 86%
des saumons dans les cours d’eau infectés.
L’apparition d’une méduse en mer Noire fait
perdre quelque 17 millions de dollars par an
aux pêcheries d’anchois.
Le rapport cite encore l’exemple allemand
où le rat musqué et une plante herbacée
ligneuse se conjuguent pour éroder les berges
des rivières et causer des inondations et plus
de 40 M d’euros de dégâts chaque année.
« Il faut d’abord compiler et analyser les
22
un phénomène installé ».
Début mars, la commission européenne
a lancé une vaste consultation sur internet
jusqu’en mai pour prendre le pouls des
différents secteurs concernés et des
particuliers.
Mais pas question de stigmatiser les
espèces exotiques pour autant, assure
l’experte irlandaise. D’ailleurs, indique-telle, pour dédramatiser le débat le RoyaumeUni a renoncé au terme « alien » et lui préfère
désormais « non native » pour désigner les
indésirables.
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Le miconia, une peste végétale qui
étouffe la végétation polynésienne.
biodiversité
L’aedes albopictus, moustique conquérant par excellence.
La coccinelle asiatique qui se développe en France métropolitaine, après l’Allemagne et la Belgique, a été introduite pour lutter contre les pucerons…
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23
biodiversité
La Réunion
risques d’invasion
Sur notre petit paradis insulaire, depuis longtemps colonisé par nombre d’organismes « étrangers », homme
y compris, la menace d’invasion demeure.
Avions, bâteaux, voyageurs, conteneurs constituent
d’extraordinaires têtes de pont pour les envahisseurs
au nombre desquels les fourmis.
Trois espèces particulièrement invasives sont déjà
installées chez nous : la fourmi de feu, la fourmi à
grosse tête et la fourmi folle jaune.
La fourmi de feu, qui aime les sols et les milieux
humides, règne dans l’Est où « nettoie » son environnement. Cette bébête est assez pénible au contact :
elle mord puis elle pique.
La fourmi folle jaune, qui ravage d’ailleurs les Seychelles et l’Australie (Voir encadré), a débarqué à La
Réunion courant XIXe siècle, est devenue rapidement
hégémonique avant de voir ses populations se réduire au point de devenir aujourd’hui relativement rare.
Sans doute a-t-elle été victime de la concurrence.
La fourmi à grosse tête se maintient pour sa part du
fait d’une organisation solidaire remarquable. En cas
de danger ou d’urgence, elle mobilise très rapidement
et fait jouer le nombre.
Dans l’absolu, ces espèces extrêmement néfastes dès
qu’elles sortent de leur milieu naturel originel, semblent s’équilibrer à La Réunion.
En revanche, la menace de la « petite fourmi de feu »
est à prendre très au sérieux, car ses ravages ne se limitent pas à ses concurrents insectes et elle a développé
des particularités qui en font un véritable « Alien »
miniature.
Une équipe de chercheurs de l’INRA, du CNRS et de
l’IRD, en collaboration avec l’Université de Lausanne,
a mis en évidence chez la Wasmannia auropunctata,
un système de reproduction original : les reines et
les mâles sont issus d’une reproduction par clonage.
Quant aux ouvrières, elles procèdent de la reproduction sexuée reines/mâles, mais demeurent stériles.
Wasmannia auropunctata est une petite fourmi rouge
originaire des forêts d’Amérique centrale et du Sud.
Elle a été introduite par l’homme aux Antilles, en
Afrique et dans les milieux insulaires du Pacifique. Son
irruption parmi les autres espèces locales, représente
une réelle menace pour la biodiversité, car les lésions
provoquées par ses morsures affectent gravement les
animaux.
Fourmi à grosse tête Pheidole megacephala.
Fourmi folle jaune Anoplolepis gracilipes.
Fourmi tropicale de feu Solenopsis
geminata,noire ou rouge.
Fourmi de feu terme générique pour plusieurs espèces de
fourmis. Dont la Solenopsis invicta qui n’existe pas à La Réunion,
mais a déjà été introduite accidentellement en Australie et en
Nouvelle-Zélande. Elle est très agressive, et son venin peut
causer la mort de personnes sensibles aux piqûres d’insectes.
Fourmi électrique Wasmannia auropunctata, également
appelée “petite fourmi de feu”. Originaire d’Amérique tropicale,
elle a été introduite accidentellement en Nouvelle-Calédonie, où
elle menace la biodiversité, notamment chez les lézards, idem
en Polynséie française et dans bien des régions du monde.
Myrmécologie étude des fourmis.
11800 espèces de fourmis vivent dans le monde, dont 36
à La Réunion. Parmi elles, 16 ou 17 ont été introduites par
l’Homme ; l’une d’elles est endémique des Mascareignes.
Pour les autres, on ignore comment elles sont arrivées ici.
24
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
La fourmi ékectrique est un véritable «alien» miniature ;
sa férocité, son organisation en font un véritable danger public…
Ainsi, à Tahiti où
cette fourmi est en
passe de s’implanter
durablement en
dépit des ef for ts
désordonnés des
autorités locales, des
chercheurs ont mis
en évidence des cas
kératopathie sur des
chats et des chiens,
avec des symptômes
d’atteinte aiguë
tels que blépharospasmes et larmoiements. L’étude des lésions montre
que la zone médiane de l’oeil est la plus atteinte, avec
des cas de cessité irréversibles. L’agent étiologique
responsable de cette pathologie est précisément la
Wasmannia auropunctata.
biodiversité
Une fourmi dans un bloc d’ambre. Les fourmis étaient bien avant l’homme, elles pourraient nous survivre…
Wanted :
Wasmannia
auropunctata
La petite fourmi de feu ou fourmi électrique
a été classée dans la liste des 100 pires envahisseurs du monde. Les ouvrières de W. auropunctata mesurent 1,2 mm. Elles sont de
couleur marron claire à dorée. Les antennes
se terminent par un segment en forme de
massue. Le thorax porte deux épines longues
et effilées. Le corps est parsemé de longs
poils. Les reines sont de couleur brune et sont
plus grandes, environ 4 mm. Les petites fourmis de feu se déplacent très lentement. Leurs
piqûres sont venimeuses, très douloureuses
et peuvent entraîner des réactions allergiques
chez l’homme ou la cécité chez les animaux
tels que chats et chiens. Elles peuvent piquer
plusieurs fois par seconde.C’est une espèce
particulièrement agressive. Leur activité est
permanente même en cas de pluie.
En milieu naturel, W. auropunctata installe
ses nids dans les brindilles, la litière des
feuilles, les fissures du sol, les galeries souterraines des termites qu’elle élimine, sous
les branches en décomposition, les noix de
coco au sol ou encore dans les arbres.
Dans les maisons, elle peut infester les lits, le
linge et la nourriture, s’installer dans les pots
de fleurs, les poubelles, entre des planches
ou des pierres empilées
Quand le nid est dérangé elles le déménagent très facilement.
Elles apprécient l’ombre, l’humidité et l’abri
du vent. Elles apprécient particulièrement
les milieux perturbés par l’homme.
Les climats froids ne leur conviennent pas,
mais elles peuvent y survivre dans les habitations humaines, ou dans les serres qui sont
chauffées et humides. Les petites fourmis
de feu sont omnivores et extrêmement souples dans leur régime alimentaire, attaquant
les arthropodes : termites, fourmis d’autres
espèces, araignées, scorpions ; les petits vertébrés, les plantes entre autres leurs fruits
sucrés et gras, leurs fleurs et leurs bourgeons. Aux Galápagos, elles attaquent les
couvées de tortues, les yeux et le cloaque des
adultes. Lorsqu’il y a des pucerons ou des
cochenilles sur les plantes, la majeure partie
de leur menu est composée des déjections
sucrées de ces insectes : le miellat.
Dans les habitations humaines, leur nutrition peut être améliorée par toutes les matières grasses qu’elles peuvent trouver.
Les fourmis sont des insectes sociaux formant des colonies. À l’exception des individus reproducteurs, mâles et reines, la plupart des fourmis sont aptères. La communication entre les fourmis se fait surtout au
moyen de phéromones. Ce signal chimique
porte à la fois l’information sur l’espèce, la
société, la caste et le stade de développement
auxquelles appartiennent les individus rencontrés. C’est en sécrétant cette substance
qu’une fourmi peut avertir de la présence
de nourriture ou d’un danger, ainsi que de
leurs localisations. Alors que pour la plupart
des espèces, les colonies issues de nids différents s’attaquent même si les fourmis sont
de la même espèce, ce n’est pas le cas chez
les Wasmannia : elles fonctionnent comme
une seule colonie même si elles sont issues
de nids différents, elles se reconnaissent et
ne s’attaquent pas les unes les autres. Elles
peuvent même au contraire s’unir et rassembler leurs colonies.
environnement marin
Comment aller à la plage ?
Question bête, en apparence, car il n’y a rien de plus simple dans la vie courante que d’aller à la plage,
avec serviettes, pique-nique et marmailles… Mais comment en venir à la plage, à ce qui la compose,
ce qui la produit, comment elle fonctionne dans le cadre d’une explication du milieu dans lequel nous vivons ?
y a cru longtemps, et on l’a réellement cherché sur tous les océans de la
planète, en de périlleux voyages au bout du monde, tel que l’imaginaire
du temps le concevait… Christophe Colomb pensait le trouver du côté des
Indes fantasmées, Bougainville crut l’avoir découvert à Tahiti… Et nous le
chercherons sans doute encore au cœur du lointain espace intersidéral !
En sus de cette hypothèse créationniste qui nous offre un monde
magiquement créé de toutes pièces, tel qu’il était à l’âge d’or, nous disposons
depuis le 24 décembre 1859, et la publication de Sur l’origine des espèces
de Charles Darwin, d’un autre modèle, dit «évolutionniste», que la vulgate
populaire résume à la formule : «L’homme descend du singe». Une idée
toujours modérément acceptée dans certaines nations contemporaines,
et au sujet de laquelle, Yves Coppens, inventeur de Lucy, «la grand-mère
de l’humanité», aime à raconter une anecdote familiale : «Ma grand-mère
m’a toujours dit qu’elle voulait bien que l’homme descende du singe, mais
certainement pas elle…»
Or donc, pour aller à la plage nous nous devons de partir à la quête de
la vie originelle, de l’homme, espèce vivante parmi des milliards d’autres,
primate entre les primates, descendant d’ancêtres primates plus archaïques,
eux-mêmes issus de mammifères primitifs, qui descendaient de reptiles,
lesquels venaient d’amphibiens, puis de vertébrés primitifs… et ce jusqu’au
plus vieil ancêtre commun à tous les êtres vivants, qui devait avoir l’air d’une
cellule bactérienne trempant dans la soupe originelle du premier océan. Ce
qui fait que lorsque nous faisons trempette dans le lagon nous rentrons à
la maison ! Laquelle maison a commencé d’être habitée entre - 4 milliards
d’années et -3,8 milliards d’années.
Avant la terre était invivable, le système solaire venait de se former, et la
planète subissait un intense bombardement de météorites et de comètes. Pas
de quoi traîner, ni en surface, si sous l’eau… C’est pourtant dans ce milieu,
bien différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, que des formes
vivantes se manifesteront, en 200 millions d’années à peine, ce qui représente
moins de 5% de l’histoire de la planète.
L’apparition des coraux vint beaucoup plus tard, presque hier à l’échelle
géologique, à environ - 500 millions d’années, simultanément à celle des
nautiles et des premiers vertébrés. Nos coraux actuels, ceux de la côte Ouest
de La Réunion, sont âgés d’environ 8000 ans… Ce qui nous les rend d’autant
plus proches. Ils constituent un récif morcelé d’une longueur totale de 25 km,
entre le Cap La Houssaye et Grand Bois, un peu plus de 8% des 250 km de
côtes de l’île. Ils couvrent 12 km2 ce qui représente 0,5% - lagon compris - de
la surface de La Réunion.
Comment REVENIR à la plage, car nous sommes issus de l’océan, un peu
comme les cabots sauteurs… Dans le temps lontan, faute de sciences, ou
plutôt en attendant les sciences «modernes», nos ancêtres avaient inventé
d’ingénieux systèmes mythologiques par lesquel tout s’expliquait et tout
était à sa place, des éléments aux animaux en passant par les hommes et les
dieux. Les anciens, païens ou adeptes des grands monothéismes, judaïsme,
christianisme, islam, ont décrété que les dieux préexistaient à notre monde,
qu’en guise de passe-temps, ils avaient créé le monde, l’avaient peuplé de
«créatures» de leur invention, faites à leur image s’agissant des hommes.
Les premiers humains, quel que soit le nom qu’on veut bien leur donner,
étaient donc divinement installés dans un jardin idyllique, un Eden, que nous
avons rebaptisé «paradis», piquant aux Perses, contemporains d’Alexandre
le Grand, une expression promise à un bel avenir. Ce paradis terrestre, on
26
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
Alangui sur la plage, on regarde le sable blanc, bien différent à La Réunion
de ce qu’il est en Méditerranée par exemple… On devine à l’œil nu quantité
de débris de coraux, de coquilles de gastéropodes, de bivalves, d’aiguilles
et de tests d’oursins, d’algues calcaires… mais aussi d’éléments provenant
d’organismes plus petits. La plupart de ces éléments sont constitués de calcaire.
Lequel se forme par précipitation du C02 dissous dans l’eau avec du calcium :
c’est donc un piège à CO2 (Ndlr : Dioxyde de carbone ou gaz carbonique). Une
qualité qui devient fort précieuse en ces temps de réchauffement climatique.
Ce sont donc les coraux, constructeurs de la barrière récifale, qui produisent
le sable corallien que nous aimons tant. Les coraux, attaqués par les vagues,
notamment lors des tempêtes et des fortes houles, se fragmentent, et les
squelettes calcaires des madrépores viennent alimenter la plage. Les plus gros
morceaux tels des petits tétrapodes, vont retenir les plus fines particules du
sable : ils stabilisent la plage et préviennent de l’érosion. Par ailleurs, au fur
et à mesure de leur démantèlement, ils enrichiront la plage en sable...
Acropora Branche vivante
environnement marin
Le sable
en détail
Galaxea vivant
Acropora Squelette
Les foraminifères sont des organismes
constitués d’une seule cellule et qui
possède un test calcaire formé de plusieurs loges successives. Ils peuvent
être planctoniques ou vivrent sur le
fond, ils font alors partie du microbenthos… tout un monde.
Oursin
Fragments de «coquillages» : après leur mort les coquilles des gastéropodes (porcelaines,
de cônes etc ...) et de bivalves (moules, bénitiers) seront cassées et roulées par les vagues.
Haliotis (4cm)
Porcelaine (3cm)
Un bivalve : le bénitier (10 -15 cm
Une tone (Gastéropodes) 10 cm
Opercule de Turbo (2cm)
Cone ebraus 3cm
Le sable blanc est constitué principalement de débris coralliens et
de débris des organismes vivants
sur le récif : coquilles de gastéropodes et de bivalves, de test d’oursins, d’algues calcaires mais aussi
d’éléments provenant d’organismes
plus petits comme les foraminifères.
La plupart de ces éléments sont
constitués de calcaire. Le calcaire
se forme part précipitation du C02
dissous dans l’eau avec du calcium : c’est donc un piège à CO2....
Les coraux sont les constructeurs de
la barrière récifal attaqués par les
vagues, notamment lors des tempêtes et des fortes houles, les squelettes calcaires des coraux se fragmentent et viennent alimenter la plage.
Les plus gros morceaux, tels des petits
tétrapodes, vont retenir notamment les
plus fines particules du sable : ils stabilisent la plage et préviennent de l’érosion. Par ailleurs, au fur et à mesure de
leur démantèlement, ils enrichiront en
sable la plage…
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
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environnement marin
Un système vivant et mouvant
Les précieuses plages de sable blanc appréciées des petits baigneurs sont situées à l’arrière des lagons et sont le
fruit de l’érosion lente des bioconstructions coralliennes, du travail de construction des madrépores, animaux marins
bâtisseurs apparus il y a 500 millions d’années.
Les colonies récifales réunionnaises sont
très jeunes, 8 000 ans à peine. Preuve que
la nature est bien faite, les madrépores qui
logent dans un squelette calcaire et dont
les colonies rassemblées créent la barrière
de corail, vivent en symbiose avec des
micro-algues monocellulaires appelées
« zooxanthelles » ; on en compte plusieurs
millions au cm2 ! Des coraux en bonne
santé peuvent fixer en un an de 500/800
grammes de carbone par m2 ! De l’état des
récifs coralliens dépendent donc la quantité
de sable corallien produite et la qualité de
nos plages.
Si le petit lagon réunionnais (Ndlr : 500
m au plus large et 1,80 m de profondeur
maximale), était florissant au début des
années 70, dès 1977 les premiers signes de
dégradations biologiques se sont manifestés
sur le récif de La-Saline-les-Bains, avec le
développement d’éponges perforantes et
d’oursins détritivores ; une prolifération
révélatrice de l’augmentation de la charge
organique des eaux. Depuis, l’état général
des colonies coralliennes s’est constamment
dégradé parce que les coraux sont tributaires
d’un équilibre naturel fragile. Or les lagons
sont soumis à de constantes et croissantes
pollutions. Les dépôts de terre et divers
matériaux résultant de l’érosion des terrains
constituent la première cause de dégradation
des colonies coralliennes qu’ils nappent en
voiles de fines particules. Ce phénomène
d’érosion est particulièrement important à
La Réunion où l’on évalue à 3.000 tonnes par
km2 et par an la quantité de matière qui part
à la mer.
Dans les hauts, sur les parcelles agricoles,
la perte de terre peut aller de 10 à 100 tonnes
par hectare et par an !
Le rythme actuel de disparition du
sol est de l’ordre de 0.5 à 1 m en 70 ans.
Ce phénomène, naturel à l’origine, est
évidemment aggravé par le défrichement,
la déforestation, les cultures maraîchères,
fruitières et vivrières développées sur des
parcelles qui prennent souvent mal en
compte les courbes de niveau du terrain.
En période cyclonique, l’énorme dépôt de
particules sédimentaires sur les coraux
provoque le blanchissement des colonies tel
qu’observé en 1981 dans le lagon de SaintLeu, en 1982 à La Saline, puis à Saint-Pierre
et Saint-Leu consécutivement à Firinga en
1989.
Au-delà de ces événements exceptionnels,
à longueur d’année, les eaux pluviales
chargées d’engrais, phosphates, nitrates,
azote, phosphore et pesticides, sans oublier
les métaux lourds et les hydrocarbures,
aboutissent directement dans le lagon, ou
percolent depuis les nappes phréatiques
directement en milieu récifal, en bas de
plage à marée basse ou, via les résurgences
d’eau douce. D’où un phénomène dit
d’eutrophisation des eaux, fatal aux colonies
coralliennes qui ne se renouvellent plus et ne
peuvent compenser les agressions naturelles
et artificielles qui les affectent.
Philippe Le Claire
Les morceaux de corail brisé sont réduits en poussière par le travail des vagues. Ils forment ensuite du
sable que les vagues et le vent remontent sur la pente de la plage et lui permettent de se recharger.
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Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
La vision de ces filaos déchaussés montre l’ampleur de l’érosion du profil de la plage, dont la surface se
trouvait initialement à hauteur d’homme. (Photo IPR)
environnement marin
Pour continuer de pécher tranquillement dans un lagon vivant, il faut cesser de bétonner le littoral.
Cette vue aérienne de Roches Noires montre la fixation inexorable des hauts de plage par l’urbanisation.
Photo JIR Archives)
Plages et platier:
même combat
Selon Roland Troadec (Ndlr : association Vie Océane),
« le taux de recouvrement s’est effondré à 30% en moyenne
sur le platier et la pente interne quand dans les années
70, le taux de recouvrement dans le lagon était de 60 à
80%... La production de corail étant moins abondante, il
y a moins de sable corallien et les vagues franchissent plus
facilement le récif, sans parler du lagon lui-même. L’usure
du platier accentue la capacité de franchissement des
vagues (...)Selon les valeurs du parc marin, au Toboggan
on constate 26% de recouvrement sur l’arrière-récif (Ndlr :
la dépression post-récifale) et 33% sur la pente externe
offerte à une eau de meilleure qualité. A Saint-Leu, lieu dit
la corne, au niveau du spot de surf, 28% de recouvrement
sur la pente intérieure, 78% sur la pente externe... A EtangSalé, 23% de recouvrement sur l’arrière-récif et le platier,
pour 47% sur le site d’Alizée plage à Saint-Pierre. Au-delà,
la texture du récif corallien a changé aussi. Les colonies
vives sont plus petite taille, pas en état de maturité... »
Une étude publiée en 2002 par The Journal of Nature,
et qui portait sur les platiers situés au nord de la passe de
l’Hermitage, sur le complexe récifal de Saint-Gilles/La
Saline en relative bonne santé, et celui du sud , « eutrophisé
et caractérisé par un fort développement de la biomasse
algale, un taux de dégradation important des communautés
coralliennes et une calcification journalière faible », montre
un lien direct entre l’état du récif et l’évolution des plages
des secteurs correspondants. « Sur un récif étroit et exposé,
un rapport direct peut se développer entre l’état de santé
du platier et le fonctionnement hydrosédimentaire des
estrans associés... » Les plages sont d’autant plus dégradées,
dans le sens des houles, que le platier l’est aussi. Si la santé
de la barrière corallienne n’est pas prise en compte, les
houles australes et cycloniques entreront plus avant dans
les terres, et la côte reculera de dizaines de mètres.
Niouzes vie marine
SOS thon rouge
Patrouilleurs en mer, avions,
inspections multipliées dans les
ports: l’Europe a décidé cette année
de renforcer la surveillance de la
pêche au thon rouge, alors que la
surexploitation en Méditerranée
de ce poisson très prisé devient
endémique. Sur mer, treize grands
patrouilleurs et 38 patrouilleurs
côtiers de taille plus réduite vont
croiser durant la saison pour faire
la chasse aux fraudeurs. Ils seront
épaulés par 16 avions. Quatorze
campagnes en mer sont programmées pour un total de 160 jours
de patrouille. Des inspections renforcées sont aussi prévues dans les
principaux ports. Au total, plusieurs
dizaines d’inspecteurs, tant nationaux qu’européens, seront mobilisées. Ce plan réunit les ressources
des sept pays européens les plus concernés par la pêche au thon rouge: la
France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, Chypre et Malte.
Cela « marque un effort sans pré
cédent en ce qui concerne tant
l’ampleur des opérations que les
moyens techniques déployés »,
selon la Commission européenne.
Un groupe technique spécial sera
constitué à Bruxelles dès le 1er avril
pour coordonner les contrôles ; et
ce n’est pas un poisson en dépit de
la date inadéquate au regard du
sérieux de la situation. Il restera
opérationnel jusqu’à fin 2008.
L’objectif est de parvenir à au moins
freiner la surpêche en Méditerranéenne de l’espèce désormais
menacée, qui a obligé l’an dernier à
un arrêt prématuré de la saison.
« Il faut toutefois que les Etats européens aillent beaucoup plus loin »
en assurant « la mise au rebut nécessaire des navires jusqu’à ce qu’un
équilibre soit atteint entre la capacité de pêche et les possibilités », a
souligné récemment le commissaire
européen à la pêche, Joe Borg.
Concombres
de mer
high-tech !
La peau rugueuse des concombres de mer ou
holothurie, un animal invertébré au corps
mou et oblong, a inspiré la création par
des scientifiques américains d’un nouveau
matériau capable d’être tour à tour souple
et rigide. Ces propriétés offrent un potentiel biomédical prometteur notamment pour
des implants cérébraux, expliquent les chercheurs de l’université Case Western Reserve
(Ohio), auteurs de cette étude parue dans la
revue américaine Science datée du 7 mars.
Il s’agit d’un nouveau polymère doté de qualités mécaniques et chimiques permettant de
30
s’adapter à différents environnements.
C’est ainsi que cette matière plastique peut
devenir, tout comme la peau du concombre de mer, dure ou molle et inversement en
quelques secondes au contact d’un liquide,
ont précisé ces scientifiques.
«Nous pouvons fabriquer ces nouveaux
polymères en programmant leurs propriétés
mécaniques à savoir, dans ce cas, leur degré
de fermeté ou de souplesse quand ils sont
exposés à des substances chimiques spécifiques», explique Christoph Weder, un des
auteurs principaux de cette étude.
«Ces nouveaux matériaux ont été conçus
pour changer de consistance et passer de la
dureté du plastique à la mollesse du caoutchouc mou quand ils sont plongés dans
l’eau», précise Stuart Rowan, un membre de
l’équipe de recherche.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
Ce nouveau matériau permet de réagir à l’eau
avec un gonflement minimum, pas comme
une éponge, soulignent ces scientifiques.
Ils ont utilisé une approche dite de «bio-mimétisme» qui consiste à reproduire les structures
moléculaires et les mécanismes chimiques
trouvées dans un organisme vivant en
l’occurence dans ce cas le concombre de mer.
«Ces créatures peuvent rapidement durcir
leur peau, normalement très souple, en réaction par exemple à une menace», explique Jef
Capadona, un autre auteur de la recherche.
Des biologistes marins ont montré dans des
études précédentes que ce changement de consistance dans les tissus de la peau du concombre de mer provient d’une nano-structure dans
laquelle se trouve des nanofibres de collagène
rigides intégrées dans un tissu très souple.
La raideur du collagène est modulée par des
substances chimiques spécifiques secrétées
par le système nerveux de l’animal qui contrôle les interactions entre les nanofibres de
collagène, une protéine fibreuse.
Quand ces nanofibres sont chimiquement
reliées, elles forment une sorte de réseau qui
accroît fortement la rigidité de la peau comparativement à son état très souple quand
ces branchements chimiques sont absents.
De tels matériaux pourraient un jour être
utilisés dans des implants biomédicaux,
comme par exemple une gaine protectrice
des microélectrodes dans le cerveau qui
pourrait être rigides quand elles sont implantées mais devenir très souples ensuite, réduisant la friction sur les tissus cérébraux. De
telles micro-électrodes sont déjà utilisées
dans des traitements de la maladie de Parkinson, d’attaque cérébrale et de blessure à
la moelle épinière. Avec le temps elles perdent de l’efficacité alors que les tissus irrités
par le contact des électrodes rigides cicatrisent. Pour créer ce nouveau matériau, les
auteurs de ces travaux ont utilisé des nanofibres de cellulose qu’ils ont intégrées dans un
mélange de copolymère élastique.
Poissons : la taille des
populations influence
la reproduction
Plus les populations de poissons diminuent, plus le nombre de jeunes sujets survivant après la naissance fluctue, révèle une
étude mondiale sur l’industrie de la pêche
rapportée par la revue britannique Nature.
Les données recueillies auprès d’environ
150 pêcheries en eaux salées et en eaux
douces montrent que les variations dans
la survie d’une population d’une année
sur l’autre augmentent si l’espèce devient
moins abondante. Les variations les plus
importantes ont été notées pour une espèce
historiquement surexploitée, le hareng de
la Mer du Nord, souligne le principal auteur
de l’étude, Coilin Minto, de l’Université
Dalhousie à Halifax (Nouvelle Ecosse,
Canada). Ces recherches, selon les scientifiques, devraient permettre d’aider à la
protection des stocks de certaines espèces
en danger, qu’il s’agisse de poissons ou
d’autres animaux. Comprendre comment
ces fluctuations se produisent pourrait
aider les responsables de la conservation
des espèces à affiner leurs prédictions sur la
vitesse à laquelle ces espèces pourraient se
reconstituer, selon les chercheurs.
Le maître du Nautilus ne
délirait pas lorsqu’il se
battait contre un calmar
géant au détour des pages
de « Vingt mille lieues sous
les mers ». A Strahan, en
Tasmanie (Australie), on a
découvert sur le rivage, le
cadavre d’un tel monstre
de 8 mètres de long qui
pesait 250 kg. Ls scientifiques en ont profité pour
procéder à des prélèvements de tissus de façon à
analyser l’AD N de cet individu dont les restes ont été
Une crevette
fossile en mer
de corail
Début octobre 2005, des scientifiques de l’IRD
et du Muséum national d’histoire naturelle de
Paris effectuaient une campagne de prospection en mer du Corail aux îles Chesterfield.
Parmi leurs prises, une espèce de crustacé
inconnue, Neopglyphea neocaledonica. Véritable fossile vivant au même titre que les nautiles ou le coelacanthe, Neopglyphea appartient au groupe des glyphéides, longtemps
considéré comme éteint à l’Eocène. La première espèce de glyphéide avait été pêchée
en 1908 aux Philippines par un navire
américain mais l’unique spécimen était resté
non identifié jusqu’à ce que deux chercheurs du Muséum, Michèle de Saint Laurent
et Jacques Forest, publient sa description
en 1975 sous le nom de Neoglyphea inopinata. Depuis, plus rien jusqu’à la décou-
verte par Bertrand Richer De Forges, chercheur à l’IRD et Philippe Bouchet du Muséum
national d’Histoire naturelle de la glyphéide
de la Mer du Corail. Cette fois encore, un seul
spécimen, une femelle, a été pêché par 400
m de fond par le navire océanographique
de l’IRD « Alis » sur la pente d’un mont sousmarin, le banc Capel à 25° Sud. La comparaison morphologique avec la première espèce
menée par les scientifiques a mis en évidence
de nombreuses différences, en particulier
la forme générale du corps, plus trapue, les
yeux plus gros et une pigmentation en tâche.
Les scientifiques sont donc bien en présence
d’une deuxième espèce baptisée Neoglyphea
neocaledonica. La campagne de prospection
qui a permis cette découverte s’inscrit dans
un ambitieux programme d’exploration et
de description de la faune marine profonde
de l’indo pacifique mené depuis 30 ans par
l’IRD et le Muséum : le programme Musorstom, aujourd’hui rebaptisé Tropical DeepSea Benthos. Au delà de la capture de ces
animaux particulièrement intéressants que
sont les « fossiles vivants », de nombreuses
espèces ont été collectées
au cours de ces campagnes
dans différents archipels
du Pacif ique changeant
complètement la vision
biogéographique des océans profonds.En NouvelleCalédonie par exemple,
où l’échantillonnage a été
plus intense qu’ailleurs les
chercheurs ont identifié
469 familles, 1181 genres,
2515 espèces dont 1322
nouvelles pour la science !
(Source IRD)
Tahiti
victime de
l’Acantasther
plancii
Dernièrement une association de pêche lagonaire de la
presqu’île de Tahiti a « nettoyé » une partie du lagon
de Teahupoo de près de
deux mille Taramea (Ndlr :
nom maohi de l’Acantasther
plancii), des étoiles de mer
venimeuses et se nourrissant du corail. Ce phénomène d’invasion, sporadiquement invasif dans
toute la Polynésie et dans
le Pacifique, se produit tous
les quinze à vingt ans. Si ces
échinodermes représentent
un danger pour le corail,
qu’elles contribuent à faire
disparaître, elles sont aussi
dangereuses pour les utilisateurs humains du lagon
(baig neur s, plongeur s,
pêcheurs, surfeurs). Elles
sont en effet venimeuses et
leur piqûre, si elle n’est pas
mortelle, peut être très douloureuse. La Taramea peut
atteindre 40 centimètres
de diamètre et possède de
douze à dix-neuf bras rayonnants autour du corps.
Elle peut se déplacer à la
vitesse de 20 mètres par
heure et peut littéralement
dévorer un mètre carré de
corail par jour.
Une piqûre d’une de ses
épines peut être très douloureuse et la douleur peut
durer quatre heures, accompagnée de nausées et des
vomissements. Très souvent
la région autour du point de
contact devient inflammatoire avec un érythème et un
oedème qui peut durer plusieurs jours.
Les prédateurs naturels
de l’acanthaster sont le
Napoléon, un poisson de
lagon (mara, en tahitien) et
la Conque (Charonia tritonis, Pu en tahitien), un mollusque gastéropode dont la
coquille est utilisée comme
instrument de musique.
Niouzes vie marine
Le capitaine Nemo
n’avait pas tort
transportés à Hobart pour
une analyse approfondie.
Genefor Walker-Smith, le
responsable de la section
invertébrés du Tasmanian
Museum, qui ne manque
pas d’humour, a déclaré
que la bête était pleine
d’ammoniaque et qu’il ne
le recommanderait pas
pour en faire une friture de
calamars : « il n’aurait pas
vraiment bon goût ».
baleines
Absurde. La Norvège a annoncé son intention
de chasser 1052 petits rorquals en 2008.
Greenpeace s’insurge contre cette décision, car
le marché norvégien stagne et rien ne permet
de penser qu’il sera en mesure d’absorber une
telle quantité de viande de baleine. En 2007
déjà, la Norvège avait prématurément mis un
terme à la saison de chasse faute de débouchés
commerciaux. Constatant ce déclin, les autorités
norvégiennes pourraient très bien mettre un terme
aux activités de la flottille baleinière comme l’a fait
l’Islande en octobre 2007. Pour rappel, la pêche
norvégienne représente 3 millions de tonnes de
captures et un excédent commercial de 2 milliards
d’euros, à comparer avec 6 millions de tonnes
de captures et un déficit de 10 milliards d’euros
pour l’ensemble de l’Union Européenne. La pêche
norvégienne représente environ 40 000 emplois
et la chasse baleinière une petite centaine.
Dans le collimateur. Canon, l’entreprise
japonaise leader dans le secteur du matériel
de photo, a assis sa réputation de défenseur
de l’environnement en commanditant diverses
expéditions sur la préservation d’espèces
menacées. Mais Canon refuse de condamner
le programme du gouvernement japonais de
chasse à la baleine. Pour Greenpeace, les valeurs
que Canon véhicule par le biais notamment
de sa publicité devraient se traduire plus
clairement par des prises de positions publiques.
Greenpeace a officiellement demandé au
P.D.G. de Canon, au Japon, M. Fujio Mitarai, de
dénoncer la chasse baleinière japonaise, ce
qu’il a refusé. Pourtant, partout dans le monde,
des photographes, à l’aide de leurs d’appareilsphotos Canon, immortalisent les baleines lors
d’expéditions d’observation et Canon publie
régulièrement dans les pages du magazine
National Geographic des publicités où l’entreprise
exprime son «respect de l’environnement « …
La baleine à bosse, humpback whale en anglais ou megaptera novaengliae selon son appellation scientifique et donc latine, aime à folâtrer dans les eaux réunionnaises
quand vient la saison des amours et du baby sitting… (Photo DR).
Bouffe pour chats. Les chasseurs
japonais, pour atteindre leur quota d’environ
1,000 baleines sur la saison, capturent en
moyenne chaque jour approximativement 9
petits rorquals et un rorqual commun. Grâce aux
manœuvres de harcèlement de l’Esperanza qui
empêchait les baleiniers nippons de mener à
bien leur sinistre besogne, 100 baleines ont été
sauvées et la chasse paralysée pendant 15 jours.
L’expédition de Greenpeace dans l’Océan austral
a suscité une attention considérable de la part
de l’opinion publique et des médias japonais.
Beaucoup se demandent aujourd’hui pourquoi il
est nécessaire d’utiliser des fonds publics pour
financer un programme qui ramène de la viande
qui finit, faute de demande, dans des entrepôts
ou des boîtes d’alimentation pour chats.
Océan austral. Le 22 janvier 2008 :
Greenpeace dénonce le ravitaillement en fioul du
navire usine Nisshin Maru par le navire panaméen
Oriental Bluebird, un navire non déclaré à la
commission baleinière internationale, donc illégal.
« Outre le fait que ce navire est illégal car non
déclaré, sa présence dans cette zone reconnue
comme réserve naturelle par le protocole
environnemental du Traité de l’Antarctique est
une menace pour l’environnement. Le Japon en
est tout à fait conscient car il est membre de ce
traité et doit donc impérativement respecter
l’annexe 4 qui concerne la prévention des
pollutions marines » explique Karli Thomas, qui
était chef d’expédition à bord de l’Esperanza .
(Source : Greenpeace France : http://
blog.greenpeace.fr/oceans)
32
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
Nos chères baleines ne vont pas tarder à rejoindre les côtes de La Réunion,
où elles ont pour habitude de nouer des romances et donner naissance à de
charmants baleineaux. Moments privilégiés dans la vie de ces malheureux
cétacés, qui ont bien failli disparaître et que certaines nations chassent de
nouveau au mépris des règles de protection édictées
par la Commission baleinière internationale …
Grâce à la protection des baleines et à la sanctuarisation
relative des eaux de l’Antarctique, le mois de juin est
devenu synonyme, à La Réunion et Madagascar, de saison
des baleines – et même avec le whale watching, d’activité
économique florissante sur l’île Sainte-Marie.
Fait plaisant, depuis 2005, les observations se font
précoces. Auparavant, on voyait rarement les grands cétacés
– essentiellement des baleines à bosse, avant la mi-juin. Or en
2006, la première caudale a été photographiée dans nos eaux
le 4 juin. Quant au départ des baleines vers le grand Sud,
il paraît se décaler de la mi-octobre vers la mi-novembre.
Un faisceau d’observations crédibles enregistrées depuis
2001 montre que les mâles traînent d’avantage que les
femelles pour rejoindre les eaux chaudes, quand les mères,
accompagnées de leur baleineau, seraient les dernières à
mettre cap au Sud. La chose s’explique par le souci maternel
de voir les petits engraisser au maximum avant d’affronter
le long voyage de retour vers les eaux froides et nourricières
du grand Sud.
La grande transhumance de nos baleines qui naviguent
sur 6 000 km, à 8 km/h de vitesse de croisière, depuis
l’Antarctique, est motivée par la quête d’eaux chaudes et
sûres propices à la reproduction en toute quiétude. En effet,
les eaux peu profondes de nos baies les protègent contre les
prédateurs qui menacent les baleineaux, tels que les orques
ou les grands requins…
Les vagues migratoires obéissent à un calendrier
propre aux différentes espèces de baleines, ainsi qu’aux
différents groupes d’individus. Certains croisent le long
des côtes africaines, d’autres longent les côtes malgaches,
d’autres encore optent pour les parages de Maurice et de La
Réunion.
Lors de leur séjour dans l’océan Indien, les baleines
sont au régime. Et pour cause, leur nourriture se compose
essentiellement de krill, une soupe planctonique riche en
minuscules mollusques, présente dans les eaux glaciales
de l’Antarctique que les cétacés absorbent en filtrant l’eau
de mer qu’elles avalent en grande quantité. Dépourvues de
dents, contrairement aux cachalots, les baleines usent des
fanons de leur mâchoire supérieure qui retiennent le krill.
Parmi les espèces qui gagnent les eaux de l’océan Indien à
cette période, la plus commune n’est autre que la megaptera
novaengliae ; le terme mégaptère (grandes aimes) vient de
la taille de ses grandes nageoires pectorales. Notre baleine
préférée est plus connue sous l’appellation de baleine à
bosse, jubarte, humpback whale en anglais. Un surnom qui
lui vient de ses petites bosses sur la tête ou de sa façon de
cambrer le dos lorsqu’elle inspire en surface. Elle a le dos
bleu foncé, un petit aileron dorsal. Son ventre est blanc. À
l’âge adulte, elle peut atteindre de 14 à 19 m de long. On ne
connaît pas l’étendue des populations de baleines à bosse
de par le monde, faute d’études scientifiques poussées en
la matière. D’autres espèces ont également été observées
rôdant autour de notre île, un peu plus au large comme la
baleine australe ou le rorqual bleu.
L’accouplement des baleines – jamais observé à La
Réunion - donne un unique petit après onze à douze mois
de gestation. Le baleineau mesure de 4 à 5 m pour 1 400 kg.
Le nouveau-né, maladroit, éprouve quelques difficultés à
nager aux premières heures de sa vie. La mère le supporte
baleines
Quand
les baleines
font du
« tourisme »
avec son dos pour le pousser régulièrement vers la surface
afin qu’il respire. Pendant un an, le baleineau est choyé. Il
se nourrit du lait maternel dont il peut ingurgiter jusqu’à
300 litres par jour.
Le comportement des baleines à bosse est parfois
spectaculaire comme la frappe des nageoires pectorales sur
l’eau, qui donne “flippering” en anglais. Avec la caudale, on
parle de « tail-slapping ». Enfin, le clou du spectacle, c’est le
saut, encore nommé « danse du soleil ». En fait une parade
nuptiale de Monsieur baleine pour séduire la dame de sa
vie à la saison des amours. Mais d’autres hypothèses ont
cours : moyen de se débarrasser des coquillages collés sur
leur peau, intimidation, marquage de zone, inspection des
alentours…
Sous les flots, les baleines communiquent à l’aide d’une
incroyable variété de sons. Elles élaborent des séquences
structurées et harmonieuses. Les versions diffèrent entre
régions, troupeaux et même d’une année sur l’autre, au sein
d’un même groupe. En effet, les mâles introduiraient des
variations sur une même mélodie depuis des années. Reste
que ce chant spécifique permettrait d’ôter un sacré doute en
océan Indien. En effet, en comparant les différentes mélodies
régionales, les scientifiques pourraient ainsi déterminer si
les baleines de Sainte-marie font partie du même groupe
que celles de La Réunion. C’est Le Globice, qui souffle (Ndlr :
le terme est adéquat) cette année ses sept ans d’existence et
compte dans sa base d’identification plus d’une cinquantaine
de clichés de baleines à bosse scientifiquement exploitables.
Il s’agit, à partir des photos de la caudale, véritable empreinte
digitale de la baleine, d’identifier chaque individu. Pour
l’heure, on n’a encore jamais observé à la Réunion deux fois
la même baleine à quelques années d’intervalles, mais les
premières mesures d’identification ne datent que de 2001.
Le Globice travaille actuellement sur les données 2007
et espère pouvoir élargir son champ d’observation à la
zone avec la coopération des chercheurs malgaches, plus
particulièrement avec l’observatoire de l’île Sainte-Marie.
A terme, on espère que les baleines de la zone livreront une
partie de leur mystère. Pour l’heure, Madagascar, La Réunion
et Maurice n’étant pas si éloignées que ça, on peut imaginer
qu’une baleine de bonne famille hésite entre ces divers spots
d’une année sur l’autre. Comme les touristes…
Si vous observez une baleine ou un autre cétacé
vous pouvez contacter Globice au 06 92 65 14 71
ou [email protected]
mais encore
Le krill
un vrai bathyscaphe
Nourriture favorite des baleines, calmars,
phoques manchots, entre autres amateurs, le
krill, Euphausia superba, ou krill antarctique a
surpris beaucoup de monde quand un robot
sous-marin britannique « Isis » piloté par une
équipe du British Antarctic Survey (BAS) et du
National Oceanography Centre (NOCS), a filmé
jusqu’à 3.000 mètres de fond , et à la surprise
générale, la caméra d’Isis a filmé des Euphausia
superba. Pas mortes, et même en pleine forme,
elles grattaient énergiquement le sédiment, sans
doute à la recherche de nourriture. En cette fin
d’été austral, le fond était riche en restes de
phytoplancton provenant de la surface après
la prolifération estivale. L’observation a fait
l’objet d’une publication dans la revue Current
Biology. On croyait depuis une éternité que
le krill était confiné aux 150 premiers mètres
de l’océan, se nourrissant de plancton.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
33
baleines
Le krill : de fausses crevettes
Selon Jean-Louis Etienne, le krill est un mot norvégien
qui désigne de fortes concentrations de petits crustacés à
l’allure de crevettes – les euphausiacés – qui présentent des
caractères de crustacés primitifs. On estime le stock de krill
à quelque 500 millions de tonnes. Le krill n’est pas stricto
sensu, planctonique, puisqu’il nage à 0,5 km/h en essaim et
dépasse 2 km/h individuellement. Et à cause de cela, certains
spécialistes le classent dans le macroplancton, alors que, pour
d’autres, il fait partie du micronecton (du grec nektos, qui
nage, comme les poissons, les cephalopodes…). De plus, le
krill effectue des migrations verticales dans les 100 premiers
mètres de profondeurs, et parfois au-delà, pour rechercher
sa nourriture en filtrant l’eau l’aide d’appendice en forme de
peignes très fins.
LES Cétacés
Les cétacés comme la baleine, l’orque, le cachalot, le
rorqual ou le dauphin font partie des mammifères marins.
« Cétacé » signifie en grec, monstre aquatique.
On distingue deux groupes de cétacés : les odontocètes,
monstres marins à dents (dauphin, cachalots,
orques et marsouins) et les mysticètes, monstres
marins à moustache pour désigner les fanons.
Les mammifères marins donnent naissances à des
petits tout formés, qu’ils allaitent grâce à leurs
mamelles, comme les mammifères terrestres.
Ils se déplacent dans l’eau grâce à leur corps allongé
et à des nageoires, comme les poissons
Les baleines et les dauphins respirent grâce à des poumons, ils
reviennent donc souvent à la surface pour respirer. Ils n’ont pas
besoin de sortir complètement la tête de l’eau car ils aspirent
l’air au sommet du crâne par un évent (narines transformées).
Les baleines et les dauphins s’orientent grâce à une sorte
de sonar. Le dauphin envoie des ultrasons qu’il focalise dans
une direction grâce à la forme bombée du crâne. L’écho
qui revient à lui est comme une image sonore et lui indique
s’il s’agit d’une proie ou de quelque chose à éviter. Il envoie
d’abord des clics lents pour repérer quelque chose au loin
puis des ondes à hautes fréquences pour préciser l’objet. Ce
phénomène d’onde et d’écho est appelé l’écholocation.
Pour distinguer les différents mammifères, il faut observer
la taille, la couleur, le souffle, la forme de l’aileron
(hauteur, courbure, position sur le dos), la forme de la
tête et du bec et aussi le comportement de l’animal.
Et dans le détail ?
• L’orque mesure 7 m, il est noir et blanc, sa nageoire
dorsale triangulaire est au milieu du dos. Elle est parfois
courbée chez le mâle et en forme de faux pour la
femelle. Cet animal peut nager jusqu’à 70 km/h.
• Le dauphin mesure 2 à 3 m, son aileron crochu est
situé vers le milieu du corps, il aime sauter et jouer en
groupe. Il existe le dauphin bleu et blanc, le dauphin
commun, le grand dauphin qui mesure 3-4 m
• Le rorqual commun  (20 m) est une des baleines les plus
rapides, elle peut nager à 55 km/h. il se nourrit de crustacés et
de petits poissons. Il vit seul ou en groupe de 2 à 12 individus.
• Le petit rorqual ou rorqual à museau pointu (8 m). Il
voyage le plus souvent seul. Mais il aime jouer autour
des bateaux, il est rapide et curieux. Il se nourrit de
crustacés, de calmars et de petits poissons.
De nombreux cétacés viennent s’échouer sur les plages dans le
monde entier, on ne connaît pas bien les raisons qui poussent les
animaux à se laisser mourir. On suppose que les animaux âgés
ou malades décident eux-mêmes de mettre fin à leur jour, et
d’autres animaux agiraient par solidarité après un cri de détresse.
On suppose aussi que la séparation entre la mère et son petit,
ou la rencontre d’un ennemi provoque ce genre de réaction.
34
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
Il y a plancton
et plancton
Le plancton, terme employé à l’origine
par Homère dans l’Odyssée pour
désigner les animaux errant à la surface
des flots, a été défini scientifiquement
par Hensen (1887) pour caractériser
l’ensemble des organismes vivants qui
flottent dans les eaux, pour être ensuite
popularisé par Alain Bombard – il s’en
est nourri - après sa traversée solitaire
et sans vivres de l’Atlantique à bord de
l’Hérétique en 1952.
Mais ce terme manquait de précision
et sa définition a été maintes fois
remaniée pour tenir compte de la taille
des organismes, de leur nature, de leur
environnement ou de leur répartition
spatiale. Nous nous en tiendrons donc
à une approche certes simpliste mais
cohérente en retenant trois catégories,
deux liées à la nature des individus,
une troisième à leur taille. Le plancton
végétal, ou phytoplancton, se construit
à partir de matières minérales. Il vit
entre 15 et 10 mètres de profondeur, et
accomplit sa photosynthèse.
Le plancton animal, ou zooplancton,
se nourrit de matière vivante, certains
espèces étant herbivores et d’autres
carnivores. Il remonte la nuit vers la
surface pour se nourrir de phytoplancton
et redescend pendant la journée vers les
eaux plus profondes histoire d’échapper
à ses prédateurs.
Le plancton est le premier maillon
des chaînes alimentaires marines.
Le phytoplancton est mangé par le
zooplancton et par une multitude
d’organismes marins. Ils seront la proie
de petits prédateurs eux-mêmes chassés
par de grands prédateurs. Certains gros
animaux comme la baleine et le requin
pèlerin se nourrissent directement de
zooplancton.
Quant au nanoplancton, il
recouvre l’ensemble des organismes
planctoniques dont la taille est comprise
entre 5 et 50 microns.
La protection des baleines
protection
des
baleines
La commissionLa
baleinière
internationale se réunit
à partir
de lundi à Anchorage, en Alaska
La
commission
baleinière internationale
se réunit
La lutte
contre la chasse
Principales
espècesà partir de lundi à Anchorage, en Alaska
Création
commission
1946
La lutte
contrede
la la
chasse
baleinière
internationale
1946 Création de la commission
la
1986 Moratoire
baleinièreinterdisant
internationale
chasse
commerciale,
1986 Moratoire interdisant laautorise
la
chasse
à des fins deautorise
chasse
commerciale,
recherche
la chasse àscientifique
des fins de
Japon se
lance dans
1987 Le
recherche
scientifique
la
chasse
à
des
finsdans
1987 Le Japon se lance
scientifique;
Greenpeace
la chasse à des fins
proteste
scientifique; Greenpeace
CBI assouplit le moratoire
1992 La
proteste
sur
la chasse
aux le
baleines
assouplit
moratoire
1992 La CBI
rorquals.
L’Islande,
qui veut
sur la chasse aux baleines
la
fin du moratoire,
la CBI
rorquals.
L’Islande, quitte
qui veut
Sanctuaire
pour lesquitte
baleines
1994 la
fin du moratoire,
la CBI
dans
l’hémisphère
sud
1994 Sanctuaire pour les baleines
Japon
annonce sud
qu’il va
2005 La
dans
l’hémisphère
augmenter
ses
prises
2005 La Japon annonce qu’il va
à
des fins scientifiques
augmenter
ses prises
CBIfins
juge
que le moratoire
2006 La
à des
scientifiques
commercial
n’est
moratoire
2006 La CBI juge que le“plus
nécessaire”,
mais
le maintient
commercial n’est
“plus
nécessaire”, mais le maintient
Principales
espèces
Population
estimée
par océan
Rorqual commun
Population
estimée par océan
Atlantique
nord 23 000 à 39 000
Rorqual commun
Atlantique nord 23 000 à 39 000
En danger
En danger
Baleine boréale
Mer de Bering
Baleine
boréale
8
200deà Bering
Mer
13
500à
8 200
13 500
En grand danger
En grand danger
Baleine rorqual
125
000 àrorqual
245 000
Baleine
Atlantique
125
000 à nord
245 000
Atlantique nord
Risque réduit
Risque réduit
Baleine à bosse
34 000 àà52
000
Baleine
bosse
Hémisphère
sud
34 000 à 52 000
Hémisphère sud
Vulnérable
Vulnérable
Sources: CBI/WWF
280507
Sources: CBI/WWF
280507
Le Japon, pays chasseur de baleines, qui dispose d’une
dérogation de la Commission baleinière internationale pour
tuer des cétacés à des fins dites « scientifiques », une belle
hypocrisie en fait, a clairement énoncé son intention de
harponner un millier de baleines au cours de la campagne
de pêche lancée en novembre dans l’Antarctique. Les
organisations écologistes qui militent pour la protection des
grands cétacés, Greepeace et Sea Shepherd, pourchassent
les baleiniers japonais dont ils entravent les manœuvres.
Parfois ils n’hésitent pas à les prendre à l’abordage !
De quoi susciter des vocations mille sabords !
Récemment, Paul Watson, responsable
de l’organisation Sea Shepherd (Berger de la
mer) Dont le bateau a tenu plusieurs mois en
Antarctique a estimé avoir sauvé plus de 500
cétacés.
« Nous avons fait tout ce que nous avons
pu pour cette saison et cela a été un très gros
succès. Je pense que nous avons sauvé la vie
de plus de 500 baleines «.
A court de carburant, le navire de
l’organisation, le Steve Irwin, a été contraint
de mettre la cap vers l’Australie . Réputé pour
ses méthodes coup de poing, Sea Shepherd est
allé à la confrontation à plusieurs reprises avec
les baleiniers nippons.
En janvier dernier, deux militants se sont
lancés à l’abordage de l’un d’eux et ont été
retenus pendant deux jours par les pêcheurs
japonais avant d’être récupérés par un
bâtiment militaire australien.
Plus récemment, Sea Shepherd a réussi à
approcher son vaisseau du baleinier Nisshin
Marun et pendant une heure bombardé le
balienier d’une centaine d’enveloppes et de
bouteilles chargées d’acide butyrique, en
poudre et sous forme liquide.
Deux membres d’équipage et deux officiers
des garde-côtes japonais se sont plaints de
brûlures aux yeux et trois d’entre eux ont dû
être traités, a indiqué l’Agence des pêcheries
japonaises.
Le gouvernement japonais a protestaté
auprès de l’Australie, où le navire écologiste
Steve Irwin a fait se dernière escale, et des
Pays-Bas où il est enregistré.
« Infliger des dommages injustifiables à un
navire japonais et s’en prendre à la sécurité de
l’équipage qui opère légalement dans les eaux
internationales sont des actes inexcusables »,
a déclare le porte-parole du gouvernement
japonais, Nobutaka Machimura.
L’organisation Sea Shepherd a précisé
que les produits chimiques employés ont
laissé une odeur pestilentielle sur le bateau
et rendu le pont glissant, ce qui a eu pour
conséquence d’empêcher le navire de capturer
des baleines.
« Je pense qu’on peut appeler ça une guerre
chimique non violente », a déclaré Paul Watson,
dans un communiqué. « Nous n’utilisons que
des matières organiques, non toxiques pour
harceler et perturber les opérations illégales
de pêche à la baleine. »
M. Watson a démenti que l’incident ait fait
des blessés. « Nous avons filmé et photographié
toute la scène. Aucun projectile n’est tombé
près de l’équipage ».
Cette attaque coïncidait avec l’ouverture
à Tokyo d’un séminaire en présence de
représentants de 11 pays en développement
qui ont rejoint récemment ou envisagent
de rejoindre la Commission baleinière
internationale (CBI).
baleines
Guerre de course dans le grand Sud
Le Japon, n°1 de la chasse aux baleines
Un millier de baleines devraient être tuées
par la flotte japonaise au cours d’une
campagne de 5 mois dans l’Océan austral
Principale zone de chasse
AUSTRALIE
ANTARCTIQUE
Pôle
sud MER
DE ROSS
Baleine à bosse
Tokyo veut en chasser 50 par an
à partir de fin 2007
NOUVELLEZELANDE
Baleine à fanons
Le Japon en chasse 10 par an et veut passer à 50 par an fin 2007
Baleine de Minke
Moratoire imposé par la commission baleinière
internationale depuis 1986; le Japon continue
une chasse pour la recherche scientifique
Prises annuelles
438 389 439
98
99
00
440
440
441
443
441
01
02
03
04
05
Source: CBI/Agence japonaise de la pêche
856
508
06
07
191107
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
35
GLOBAL
WARMING
Le réchauffement planétaire ne se résume pas
à une montée uniforme des températures…
On enregistre des effets apparemment
paradoxaux, des phases très froides qui
alternent avec des périodes de sécheresse
et de rudes intempéries. Ces contradictions
suscitent parfois des effets partiellement
positifs, comme dans le grand Sud où
l’augmentation du nombre d’icebergs crée
de véritables oasis de vie dans les eaux
froides qu’aiment à fréquenter les baleines…
La machinerie planétaire est
extraordinairement complexe…
Les cerisiers
en fleur à
Washington-DC
Réchauffement global. L'année 2008
devrait faire partie des dix années les
plus chaudes, aux côtés de 1998 et 2005
et ce en dépit d’un hiver, qui a été le plus
froid de la dernière décennie s’agissant
de l’hémisphère Nord. Le printemps
devrait être à l’heure au rendez-vous
et l’on voit dèjà des ceriseiers en fleur
à Washington DC, signe de ce que
la végétation a retrouvé un rythme
saisonnier « normal », le printemps
débutant officiellement au 20 mars cette
année dans cette région du monde.
Selon Phil Jones, directeur de l’Unité
de recherche climatique de l’Université
de East Anglia qui fournit les données
concernant les températures mondiales
aux Nations Unies, 2008 a été une
année assez froide dans le monde,
avec des températures seulement
légèrement supérieures à la moyenne
de 1961-1990, mais il s’agit seulement
des mois de janvier et de février, c’est-àdire deux mois très froids comparables
à ce qui s’est produit en 1994 et 1996.
Le groupe Intergouver nemental
d’Experts des Nations Unies sur
l’Evolution du Climat (GIEC) envisage
la manifestation d’une tendance
au réchauffement, provoquée par
l’utilisation d’énergies fossiles, dès la fin
du phénomène « La Nina » qui refroidit
les eaux du Pacifique. Des conditions
similaires se sont présentées en 1998
et en 2005, les deux années les plus
chaudes que l’on ait jamais enregistré
depuis 1860, date à partir de laquelle
ces paramètres sont régulièrement
conservés. Conséquences paradoxales,
en apparence de ces évolutions, la Chine
a connu de terribles tempêtes de neige
en janvier et en février, sans oublier des
tempêtes de sable… La Grèce, l’Irak, et
la Floride ont connu aussi des épisodes
neigeux extraordinaires… Les experts
affirment que le changement climatique
devrait être à l’origine de plus de
phénomènes inhabituels de ce genre et
de plus de sécheresses, d’inondations,
de canicules et d’une augmentation du
niveau des mers.
Vue des environs du Jefferson Memorial, par
delà le Tidal Basin, à Washington, DC, le 22
mars dernier : les cerisiers sont en fleurs…
36
Supplément gratuit du Journal de l’île du 10 juin 2007
global warming
Pôle Nord,
peau de chagrin
Les glaces arctiques ont connu une fonte spectaculaire et
sans pareil pendant l'été 2007 par comparaison aux années
précédentes.
« Le taux moyen de perte de glace de la banquise arctique au
cours des étés jusqu'en 2006 était en moyenne équivalent à
la superficie de l'état de Virginie occidentale (62.809 kilomètres carré), et durant l'été 2007 il a été multiplié par 30,
une surface représentant la taille de l'Alaska (1,7 million de
km2) », soit plus de trois fois la taille de la France, explique
l'océanographe américain Michael Steele de l'American
Geophysical Union (AGU). « C'est un énorme recul des glaces ». La banquise arctique ne recouvrait plus au cours de
l'été que 4,13 millions de km carrés, la superficie la plus
petite des temps modernes, selon Wieslaw Maslowski, océanographe de l'école navale de Monterey en Californie qui
précise que les glaces arctiques pourraient ainsi complètement disparaître pendant les trois mois d'été d'ici 2013.
Tout en se refusant à faire la même projection, Michael
Steele, océanographe à l'université de l'Etat de Washington à Seattle note que l'océan arctique n'avait jamais été
aussi chaud en été.
« Cet océan a connu une élévation de température sans précédent de cinq degrés Celsius au-dessus de la moyenne, ce qui
est énorme ». Dans les zones arctiques où la glace perdure
habituellement l'été, la hausse de température a été « de
deux ou trois degrés au-dessus de la moyenne », a précisé ce
scientifique.
En Alaska, les températures ont atteint durant l'été
12 à 13 degrés Celsius. « On n'avait jamais vu cela avant »,
insiste Michael Steele qui a basé ses recherches sur des
données historique remontant à un siècle, fournies par différents instruments placés à différents endroits de l'océan
et aussi avec des mesures satellitaires. Le réchauffement
de l'océan arctique a été auto-entretenu avec les eaux plus
chaudes de l'Atlantique et du Pacifique qui remontent vers
le nord, accélérant la fonte des glaces. Mais le réchauffement climatique, dû aux émissions de gaz à effet de serre
d'origine humaine, « est fondamentalement responsable
du fait que la banquise devient plus fine et donc plus vulnérable aux vents qui poussent au loin les glaces d'Alaska et
de Sibérie orientale » les faisant fondre plus vite, a relevé
l'océanographe de l'université de Washington.
« C'est un fait que les glaces arctiques disparaissent et que l'océan
absorbe plus de lumière solaire », a ajoute M. Steele.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 10 juin 2007
37
comme des points chauds d’une distribution
continue de micro-nutriments qui nourrit les
communautés pélagiques. » ont-ils déclaré dans
leur rapport, publié dans le journal Science.
Les chercheurs ont suggéré que l’éruption de
la vie animale autour des icebergs pourrait
aider à réduire le dioxyde de carbone dans
l’atmosphère. En effet certains gaz à effet de
serre sont absorbés par l’océan et en retour,
par la vie animale qui, une fois qu’elle meurt,
peut couler au fond de l’océan où le dioxyde
de carbone est piégé, et n’est donc pas rejeté
dans l’atmosphère.
Du fait que plus de vie animale est
créée dans la région, il y a plus d’animaux
susceptibles de mourir en coulant au fond
de la mer et ainsi augmenter la quantité de
carbone ôtée de l’atmosphère. « Les icebergs
à la dérive pourrait servir comme des zones de
production et de séquestration de dioxyde de
carbone dans les profondeurs de la mer » d’après
les scientifiques.
Néanmoins, en matière de biodiversité,
le réchauffement global est plutôt synonyme
d’extinction d’espèces qu’autre chose (Ndlr :
voir infographie)
Les icebergs lâchés dans les eaux de l’Antarctique
à cause du réchauffement climatique sont des
points chauds pour la vie animale, d’après ce
qu’ont déclaré récemment des chercheurs.
En effet, la fonte des grands glaciers de
l’Antarctique a considérablement augmenté le
nombre d’icebergs dans cet océan et ils se sont
révélés être un environnement très riche contre
toute attente.Les nutriments libérés dans les
eaux par la glace fondue ont encouragé la
croissance des phytoplanctons qui attirent les
krills, qui sont ensuite mangés par de plus gros
animaux comme les baleines. Ainsi certains
endroits des mers qui seraient habituellement
désertiques sont devenus très riches en vie
animale, et maintenant une très grande variété
de poissons y vivent, encourageant d’autres
espèces à venir s’y installer. Parmi les oiseaux
observés par les scientifiques de l’Institut de
Recherche de l’Aquarium du Monterey Bay,
on comptait le damier du Cap et le fulmar de
l’Antarctique. Les pingouins,
les baleines et les phoques
sont également attirés par
Faune de l’océan Antarctique
le krill et le poisson.Près
Plus de 700 espèces nouvelles découvertes
de 1000 icebergs ont été
dans les eaux profondes de l’océan austral
répertoriés sur 1100000
ha de la Mer Weddell, et
AFRIQUE
les scientifiques ont calculé
DU SUD
AMERIQUE
DU SUD
que dans l’ensemble ces
icebergs avaient augmenté
la «productivité biologique »
dans près de 40% des eaux de
MER
Cylindrarcturus, nouvelle
la mer, puisqu’on répertorie
DE WEDDELL
variété de crustacé
désormais beaucoup plus de
ANTARCTIQUE
Espèces recensées
vies animales dans ces zones.
674 crustacés
La vie animale grouille en telle
L’expédition
quantité autour des icebergs
200 vers marins
Trois campagnes
Zones
menées en 2002
étudiés que les chercheurs
76 variétés d’éponges
de prélèvement
et 2005 par le navire
les décrivent comme des
océanographique
Sources: Université de
Echantillons récoltés
allemand Polarstern
estuaires flottants. « Nous
Hambourg/Cedamar/
entre 748 et 6 248 m
British Antarctic Survey
considérons les icebergs à
de profondeur
170507
la dérive de la Mer Weddell
Le réchauffement menace la biodiversité
Conséquences mondiales et régionales de la hausse des températures
Hausse des températures
par rapport au 18e siècle
38
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30mars 2008
2°
1,6 1,7
+1°
MONDE
9 à 31%
des espèces
menacées d’extinction
2,2
Diminution du krill
Augmentation
(Antarctique,
des incendies de forêts
Arctique)
autour
de
la
Méditerranée
pouvant
affecter
Hausse
du blanchissement les manchots Adélie
Extinction de 41 à 51%
des coraux
des espèces de plantes
(Caraïbes, Océan
endémiques en Afrique australe
Indien, Australie)
Disparition de 47 %
de la forêt australienne
(grenouilles, oiseaux, mammifères)
+1°
Source : GIEC
Les autres pertes d'épaisseur les plus importantes ont été relevées sur le glacier autrichien du
Grosser Goldbergkees (1,6 mètre en 2006, contre 30 centimètres en 2005), en France sur le glacier d'Ossoue (près de 3 mètres, contre 2,7 mètres
l'année précédente), en Italie sur le glacier du
Malavalle (1,4 mètre, contre 90 centimètres), sur
le glacier espagnol de Maladeta (près de 2 mètres,
contre 1,6 mètre), en Suède sur le Storglaciaeren
(1,8 mètre, contre 8 centimètres) et sur le glacier suisse du Findelen (1,3 mètre, contre 22 centimètres).
« Il semble qu'il y a une tendance à l'accélération (de
la fonte des glaciers) sans qu'on puisse en voir la fin »,
a commenté le professeur Wilfried Haeberli, directeur du SMSG.
« Des millions, si ce ne sont pas des milliards de personnes dépendent directement ou indirectement
de ces réserves naturelles d'eau pour l'eau potable,
l'agriculture, l'industrie et la production d'énergie
électrique durant des périodes clés de l'année », a
averti Achim Steiner, secrétaire général adjoint de
l'ONU et directeur du PNUE.
1,5°
1,9
Destruction de la
forêt amazonienne
21 à 52% des espèces
menacées
2,8 2,9 3° 3,1
2,5
Les forêts, sols et plantes
émettent plus de CO2
qu’ils n’en absorbent
REGIONS
+0.6°
L’adieu aux glaciers
Victimes du réchauffement climatique, les glaciers continuent de fondre à un rythme accéléré
dans le monde entier, selon les dernières mesures
publiées par le Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE).
« Le taux moyen de fonte a fait plus que doubler entre
les années 2004-2005 et 2005-2006 », selon des
données recueillies sur 30 glaciers de référence
dans neuf chaînes de montagnes par le Service
mondial de suivi des glaciers (SMSG) dont le siège
se trouve à Zurich (Suisse).
Cet organisme, soutenu par le PNUE, surveille des glaciers depuis plus d'un siècle et dispose d'informations précises sur 30 glaciers de
référence depuis 1980. Le SMSG a calculé que
les glaciers ont perdu en moyenne 11,5 mètres
d'épaisseur depuis 1980. Sur les 30 glaciers de
référence, seulement 4% ont vu leur épaisseur
augmenter, tous les autres ont fondu.
La fonte la plus élevée a été subie par le glacier
norvégien du Breidalblikkbrea, qui a perdu près
de 3,1 mètres d'épaisseur durant la seule année
2006, alors que la perte n'avait été que de 30 centimètres l'année précédente.
Blanchissement 15 à 37% des espèces
de tous les
menacées d’extinction
récifs de corail
Fonte de 62%
des glaces d’été en Arctique
l’ours polaire
risque de disparaître
Disparition
des derniers
récifs de corail
Peu d’écosystèmes
peuvent s’adapter
3,4
4°
3,7
Destruction de l’habitat
de nombreux oiseaux
migratoires
J. de Sierra
global warming
Antarctique :
les icebergs boostent
la vie animale
En Amérique du Nord,
diminution de 24%
de l’habitat des poissons d’eau douce
(diminution de 27 % des saumons)
En Europe
extinction probable
de 4 à 21%
des plantes
Extinction probable
de 24à 59% des mammifères
(Afrique du Sud)
2° 2,1 2,2 2,3
2,6
2,9 3° 3,1
Disparition de 50 %
de la toundra
Risque d’extinction
d’espèces alpines
(Europe)
Les forêts boréales
disparaissent (Chine)
3,4
4°
151107
pollution
CHINE
Le plus important fabricant
de sacs en plastique de
Chine, Huaqiang, a fermé ses
portes récemment, prenant
les devants sur l’entrée en
vigueur, en juin, de règles
limitant ce type de sacs.
L’usine de 20.000 employés
du groupe cantonais
Nanqiang Plastic Industrial
Ltd. a cessé toute production
dès la mi-janvier, estimant
ne plus pouvoir subsister
une fois les nouvelles règles
appliquées. L’usine a une
capacité de 250.000 tonnes
de sacs par an, représentant
plus de 300 millions de dollars,
mais produit principalement
des sacs trop fins qui seront
interdits à partir du 1er juin.
Le gouvernement chinois a en
effet décidé en début d’année
de prohiber les sacs de moins de
0,025 millimètres d’épaisseur,
largement répandus dans
le pays mais souvent trop
fragiles pour être réutilisés. Il
a aussi annoncé la fin du sac
gratuit dans les magasins, afin
de réduire le gaspillage et la
pollution. Effet J.O ?
Honteuse Albion.
En matière de réduction
des sacs plastiques non
biodégradables, le RoyaumeUni est à la traîne derrière la
plupart de ses partenaires
européens mais également
derrière des pays d’Afrique
et même la Chine. Le
gouvernement britannique
a jusqu’à présent rechigné
à une interdiction légale,
préférant laisser le commerce
libre de choisir la méthode de
réduction. Les parlementaires
écossais ont voté en 2006
contre la facturation des sacs.
Irlande.
Depuis 2002, la « Plastax » ,
22 centimes d’euro par sac,
est appliquée et reversée à
un fonds écologique. Elle a
entraîné une réduction de
90%.
Allemagne.
Les supermarchés font payer
entre 5 et 25 cts le sac. Les
grands magasins donnent
parfois des sacs réutilisables.
Suède.
Aucune interdiction à
l’ordre du jour. Dans les
deux grandes chaînes de
supermarché, le sac coûte
16 cts. Certaines enseignes
vendent depuis 2007 des
sacs biodégradables.
40
photo: kelonia
Belgique.
Depuis juillet 2007, les sacs
jetables sont taxés 3 euros par
kilo. Les efforts de la grande
distribution depuis 3 ans ont
permis une baisse de 40%.
Des sacs biodégradables ont
commencé à apparaître.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
Dans un lointain futur, les scientifiques découvriront dans le mille feuilles de notre géochronologie
une couche dite « plastique » qui permettra de dater assez précisément une période allant de la
seconde moitié du XXe siècle au XXIIe siècle. Cette mince strate de plastique fossile marquera
vraisemblablement une sixième période d’extinction des espèces, un peu comme la fameuse limite
KT (crétacé - tertiaire) - 1 à 2 cm de suie et de métaux lourds (iridium, platine et or) - marque
l’extinction des dinosaures.
Contemporains de ce phénomène, nous pouvons agir pour
en limiter les effets, quitte à retransformer les déchets de
plastique en hydrocarbures. La chose est sans nul doute
réalisable avec les déchets terrestres, on s’y emploie avec
succès en Inde, et Maurice entend s’engager dans cette activité
apparemment rentable, mais qu’en est-il des déchets marins ?
Ils constituent une pollution qui concerne tous les océans de
la planète. Les macro déchets, tels que sachets et objets en
plastique, fragments de filets, cordages et débris de même
matière, blessent, estropient et causent la disparition d’un
grand nombre d’espèces marines telles que tortues, albatros,
phoques, baleines, dauphins entre autres poissons, soit parce
qu’ils piègent les malheureux animaux qui s’y frottent, soit
parce ces matériaux, souples et translucides, ressemblent
aux proies dont se nourrissent les animaux marins et qu’ils
les ingèrent. Pour la vie marine, ces déchets sont à l’origine
de risques multiples.
Filets «fantômes»
S’agissant des plus gros déchets, sacs en plastique, matériel
de pêche, filets et lignes monofilament, élastiques…
l’enchevêtrement représente un danger mortel par noyade,
étouffement, strangulation, blessures, incapacité à se
nourrir. Phoques et otaries paient cher leur curiosité et sont
particulièrement affectés. Le taux d’enchevêtrement atteint
présent
pollution
/ futurs
La mort en plastique
chez eux jusqu’à 7,9% . On estime que 58% de phoques et
d’otaries ont été confrontés à ce risque, parmi lesquels les
phoques moines hawaïens, les otaries australiennes, les
otaries à fourrure de Nouvelle-Zélande et certaines espèces
de l’océan Austral. Baleines, dauphins, marsouins, tortues
marines, lamantins et oiseaux de mer ont tous été touchés
par l’enchevêtrement. On a dénombré 80 espèces différentes
de baleines et 6 espèces de tortues marines piégées dans le
plastique.
Des lamantins portaient des cicatrices ou ont perdu des
palmes à cause de l’enchevêtrement.
56 espèces d’oiseaux de mer en ont également été
victimes.
Enfin, les filets «fantômes», matériel perdu ou jeté, peuvent
rester actifs et piéger poissons, tortues et cétacés longtemps
après leur abandon.
D’autres débris de plastique, plus petits, sont ingérés
par des animaux qui les confondent avec des proies ou avec
des algues. Sont concernés tortues marines et oiseaux de
mer, sans oublier mammifères marins et autres poissons.
L’ingestion de ces corps étrangers peut provoquer l’obstruction
du tube digestif ou donner à l’animal la sensation qu’il est
rassasié, avec pour conséquence la malnutrition, la faim,
suivie de la mort par inanition. Des études ont montré que
de nombreuses espèces de tortues marines (environ 50 à
80%), ont consommé des déchets marins. Chez les juvéniles,
le problème majeur est la dilution alimentaire, car le déchet
occupe une partie de l’intestin, les empêchant de se nourrir
suffisamment.
En ce qui concerne les oiseaux de mer, 111 des 312
espèces suivies ont souffert de l’ingestion de détritus, ce qui
peut affecter un pourcentage élevé de la population (de 50
à 70%).
Les déchets plastiques peuvent être transmis aux petits
à travers la nourriture régurgitée par leurs parents. L’un
des troubles causés par l’ingestion de plastique chez les
oiseaux est la perte de poids. En effet, faussement rassasiés,
ils n’emmagasinent pas assez de graisse pour migrer, se
reproduire. En conséquence, ils dépérissent.
Philippe Le Claire – Sources Greenpeace – Kélonia - Globice
photo: Globice
Débris marins : quelles densités ?
Greenpeace a compilé de nombreuses études
internationales visant à évaluer la densité en
débris de plastique sur les plages, le fond océanique, la colonne d’eau et la surface de la
mer. Etudes essentiellement consacrées aux
macro déchets. Il apparaît que les déchets
marins sont présents en plus grandes quantités aux tropiques et aux latitudes moyennes
que près des pôles. Des quantités élevées
sont concentrées dans les couloirs de navigation, dans les zones de pêche et dans les
zones de convergence océanique.
- Débris flottants : on trouve généralement
de 0 à 10 déchets flottants au km2. Le taux
de déchets est supérieur dans la Manche (10
à 100 objets/km2) et en Indonésie (plus de
4000 objets/km2). On a enregistré des quan-
tités bien supérieures de micro déchets flottants : le tourbillon océanique du Pacifique
Nord, zone de convergence de déchets, contient des niveaux maximums, qui, une fois
extrapolés, représentent près d’un million
d’objets au kilomètre carré !
- Fonds océaniques : les débris marins sont
présents sur les fonds océaniques de plusieurs mers européennes et également aux
USA, dans les Caraïbes et en Indonésie. Dans
les eaux européennes, la plus grande quantité enregistrée est de 101 000 objets/km2 ;
en Indonésie, 690 000 objets/km2.
- Zones littorales : les densités les plus
élevées ont été enregistrées en Indonésie
(jusqu’à 29 100 objets au km2) et en Sicile,
jusqu’à 231 objets/m2 !
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
41
pollution
France.
En 1996, l’enseigne Leclerc
met en place les premiers sacs
réutilisables, recyclables et
échangeables gratuitement à
vie. Ce n’est qu’en 2007 que
la plupart des hypermarchés
font payer les sacs. En 2006,
3,1 milliards ont été distribués
en caisse, trois fois moins
qu’en 2003. La Commission
européenne a retoqué une loi
de 2006 visant à interdire les
sacs non biodégradables à
partir de 2010.
Danemark.
Le sac est facturé dans les
supermarchés jusqu’à 40 cts.
Norvège.
Le gouvernement réfléchit à
une interdiction totale.
Autriche.
Pas d’interdiction en vue. Les
sacs sont vendus en moyenne
20 cts et des sacs bio ont fait
leur apparition en juin 2007.
Portugal.
Distribution gratuite par
les supermarchés. Le
gouvernement exclut
la création d’une taxe
écologique.
Une tortue ayant ingéré
un cordage de nylon
(photo Kélonia).
Suisse.
Les principales chaînes de
distribution donnent les
sacs. La Confédération ne
prévoit pas de resserrer la
réglementation estimant que
« leur écobilan est satisfaisant
à partir du moment où ils
sont réutilisés plusieurs fois,
puis jetés avec les ordures
ménagères afin d’être
incinérés pour produire de
l’énergie », selon le ministère
de l’Environnement.
Kenya.
Interdiction des sacs fins en
vigueur depuis fin 2007 et
lourdes taxes douanières sur
les sacs épais.
Rwanda. Ouganda.
Tanzanie.
Interdiction depuis 2007.
Afrique du Sud.
Les prix vont de 1,6 à 2,8 cts.
USA.
En mars 2007, San Francisco
est devenue la première ville
du pays à interdire le sac
non biodégradable dans les
supermarchés et, à partir de
début 2008, dans les grandes
chaînes de pharmacie. Depuis
2007, les grandes surfaces de
Californie doivent recycler les
sacs apportés par les clients.
Australie.
Le gouvernement a renoncé
à imposer une taxe pour
dissuader les consommateurs
d’utiliser des sacs plastiques.
Inde.
Depuis 1999, les sacs recyclés
sont interdits pour emballer
les denrées alimentaires, et
la fabrication et l’utilisation
de certains sacs fins recyclés
sont également interdites.
42
Flipper sous blister
À l’intérieur de l’estomac d’une tortue de 4,5 kg : 250 g de plastiques divers !
(photo Kélonia).
Visite de l’estomac
d’une tortue : du plastique
en grande quantité
Stéphane Ciccione, directeur de Kélonia, n’y va pas par quatre chemins : “Les déchets plastiques sont la principale cause
de mortalité pour les tortues réunionnaises”. Vertes ou imbriquées, les deux espèces présentes dans nos flots, peuplent
nos côtes. Là où la concentration de déchets en provenance
de l’île est la plus importante. “Les sacs plastiques peuvent
provoquer des étranglements et des lésions. Mais, on constate
que c’est l’ingestion qui constitue le plus gros danger. Les débris
s’accumulent dans leur estomac et bloquent le transit. Cela provoque leur affaiblissement ou une perforation de l’intestin. In
fine, cela signe bien souvent la mort de la tortue”, souligne-t-il.
Les autopsies pratiquées en sont la preuve. “Lorsque nous
avons réalisé une autopsie sur un jeune spécimen de 4,5 kg,
nous avons retrouvé 250 g de déchets plastiques d’origines
extrêmement variées dans son estomac. Cela va des emballages
de barres chocolatées aux morceaux de préservatifs en passant
par des bouchons… ainsi que du fil de nylon, du tissu synthétique”, poursuit-il. Stéphane Ciccione ajoute : “Nous constatons entre un et trois cas similaires chaque année. Alors que la
population de tortues augmente peu à peu, il est important de
préserver leur environnement”.
Bruno Graignic
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
« Les dauphins confondent les
sacs plastiques, notamment
quand ils commencent à être
filandreux, avec des méduses.
Ils foncent directement sur eux
et se retrouvent pris au piège.
Le risque est présent pour
l’ensemble des petits cétacés
de moins de 10 m », explique
Virginie Boucaud, présidente
de l’association Globice
(Groupe local d’Observation et
d’Identification des Cétacés). À
quoi il faut ajouter l’ingestion
de sachets autres déchets
d’emballage et bouchons
de soda… « Cela provoque
des occlusions intestinales
que ce soit pour les cétacés
ou les tortues de mer ».
Plastique apocalypse
Un million d’oiseaux, 100 000
mammifères marins et tortues
meurent chaque année à
cause des déchets rejetés en
mer, selon une étude de la
Marine Conservation Society,
publiée en 2004 ; 56 % des
macro déchets retrouvés sur
les plages sont composés de
plastique. Majoritairement les
sacs distribués gratuitement
dans le commerce, selon la
même source. 15 milliards
de ces sacs sont distribués
tous les ans en France, soit
500 sacs par seconde !
l’eau, le sable, les sédiments,
perdurent dans la chaîne
alimentaire, sont avalées par
des créatures marines de petite
taille et peuvent concentrer
les polluants organiques
persistants (POP) présents
dans les mers. Ils réintègrent
ainsi la chaîne alimentaire en
devenant plus toxiques encore.
2010 : dure limite
Depuis janvier 2006, pour
protéger le lagon, le préfet de
Mayotte a interdit l’importation
des sacs plastiques jetables.
À Maurice, en supermarché, le
sachet est payant. A La Réunion,
il y a peu, on consommait
360 millions de sachets en
plastique par an. Des sacs
réutilisables sont proposés
à la vente dans les grandes
surfaces sans éliminer pour
autant les sacs plastiques
gratuits à usage unique. Quant
aux sacs biodégradables, ils
demeurent l’exception. Seule
donnée certaine, une directive
européenne de 2005, prévoit
l’interdiction totale des sacs
non biodégradables à l’horizon
2010. Pour information, le
temps de dégradation de ces
déchets peut aller de 100 à 400
ans, voire mille ans, selon leur
composition ! Alors la limite
de 2010 paraît bien futile !
La solution ?
Micro déchets et POP
Le plastique est omniprésent
sur tous les rivages du monde,
des atolls merveilleux de
Polynésie aux grèves désolées
du grand Sud, et quand
bien même la dégradation
naturelle finit par réduire la
taille des déchets à celle de
grains de sable, ces particules
demeurent en suspension dans
Le polyéthylène (PE ou PP), qui
compose les sacs de plastique,
n’est pas naturellement
biodégradable. L’introduction
dans leur composition d’un sel
de métal, agent catalyseur de
thermo et photo dégradation,
conduit à la biodégradation
du polymère et en fait des
produits oxo biodégradables.
En favorisant la rupture des
chaînes moléculaires de carbone
composant la matière il devient
oxydable par l’air, la chaleur,
le rayonnement ultraviolet,
puis biodégradable et bio
assimilable. Dans la nature, au
bout de 14 à 16 mois (durée
programmable en fonction de
l’usage), suivant la date de
fabrication et les conditions
climatiques, le plastique devient
fragmentable, fragile ; il perd ses
propriétés mécaniques et cesse
d’être un polymère, il devient
hydrophile et biodégradable,
c’est-à-dire assimilable
par les micro-organismes
présents dans le sol et ce
jusqu’à sa disparition totale.
Vortex.
En novembre 2006, lors d’une
expédition dans le Pacifique,
Greenpeace a découvert entre
Hawaii et la Californie, une
vaste plaque de déchets de
plusieurs millions de tonnes,
formant une île plus grande que
la France juste à proximité de
la plus grande réserve marine
au monde. La localisation de
cette plaque s’explique par
un phénomène de vortex ou
tourbillon, c’est-à-dire de
courants qui font converger vers
cette zone les déchets flottants
et par l’absence de vents qui
engendre l’accumulation de
ceux-ci, constituée de tout
ce qui peut flotter, qui n’est
pas biodégradable et en
plastique, allant de la brosse à
dent jusqu’aux filets de pèche
fantôme, mais aussi de millions
de morceaux microscopiques
de plastiques. La plaque de
déchet du Pacifique, est la
manifestation d’un phénomène
qui touche l’ensemble des
océans de la planète, formant
une des plus grande menace
sur les écosystèmes marins.
Dans toutes les mers y compris
dans les régions polaires on
trouve des déchets flottants.
niouzes
La moule
et le margouillat à la colle
Un nouvel adhésif pouvant être utilisé des milliers de fois, y
compris sur des surfaces humides, en combinant les qualités
de fixation du gecko et des moules a été mis au point par
des chercheurs qui ont rapporté leurs travaux dans la revue
britannique Nature.
Cet adhésif révolutionnaire, qui pourrait avoir des
applications en médecine, ou dans les domaines militaire
et spatial, utilise la particularité du gecko pour marcher sur
des parois verticales lisses - des poils plantaires divisés en
deux à leur extrémité - et celle de la moule pour se fixer
sur des surfaces humides - un aminoacide appelé 3,4-Ldihydroxyphenylalanine (DOPA).
Ses créateurs, le professeur en ingénierie biomédicale Phillip
Messersmith et son assistant Haeshin Lee, de l’Université
Northwestern à Evanston (Illinois), ont d’abord réalisé une
surface couverte de nano « poils » en silicone reproduisant
la forme de ceux du gecko. Comme les pattes de ce lézard
lorsqu’il avance, le matériau pouvait être fixé sur une paroi, et
décollé. Mais l’humidité le privait de son pouvoir adhésif.
Ils ont alors recouvert l’extrémité des nano poils d’un
polymère synthétique ayant les mêmes propriétés que
l’aminoacide DOPA de la moule, et ils ont constaté que leur
produit pouvait se fixer sur une surface humide.
Une technologie utilisant les particularités du gecko avait déjà
été testée, mais sans véritable succès contrairement à ce nouvel
adhésif, le « geckel » (nom composé des premières lettres de
gecko et des dernières du mot anglais « mussel », moule).
« Ce matériau devrait être utile pour une fixation réversible
sur toute une variété de surfaces et dans n’importe quel
environnement », souligne le Pr Messersmith. « J’imagine
qu’un adhésif comme le geckel pourra un jour remplacer
les points de suture pour refermer les plaies (...) ou comme
pansement, qui resterait fermement fixé à la peau pendant
les bains mais pourrait être facilement enlevé à la guérison
», note-t-il. De quoi regarder d’un autre œil les margouillats
de nos cases…
Nano
technologies
dans l’assiette
Plus de 104 produits issus de l’industrie
agro-alimentaires intégrant des nanoparticules sont actuellement en vente dans
l’Union européenne sans aucune législation
adaptée, dénonce une étude de l’ONG européenne les Amis de la
Terre.
« Faute d’étiquetage
obligatoire, de débat
public ou de loi garantissant leur innocuité,
les nanotechnologies
sont entrées dans la
chaîne alimentaire »,
écrit la branche européenne de Friends
of the Earth. « La
présence de nanomatériaux manufacturés,
non testés et potentiellement dangereux peut
être décelée dans des produits alimentaires,
des emballages alimentaires, des conteneurs,
de la vaisselle et d’autres produits en vente
dans les rayons de l’UE », poursuit-elle.
« En dépit des risques de toxicité de ces produits,
les consommateurs les ingèrent en toute ignorance parce que les législateurs n’arrivent pas
à faire face à la rapidité de leur développement
», estime-t-elle en présentant un rapport
établi simultanément en Europe, en Australie et aux Etats-Unis.
Les nanotechnologies sont définies comme
la manipulation de matériaux à une échelle
inférieure à 100 nanomètres (nm, un milliardième de mètre). Pour Friends of the
Earth, cette définition devrait être étendue
à tout produit d’une taille inférieure à 300
nm. Elles rentrent dans la fabrication de
produits comme les compléments nutritionnels, des produits alimentaires comme certaines boissons chocolatées, jus de fruits,
bonbons, aliments pour bébés ou viandes
préparées, mais aussi dans des produits
chimiques utilisés dans l’agriculture ou
des matériaux utilisés pour le transport, le
stockage ou la conservation des aliments.
Le rapport « Out of the laboratory on to our
plates : Nanotechnology in food and agriculture » est consultable en ligne sur :
www.foeeurope.org/activities/nanotechnology/
Documents/Nano_food_report.pdf
Un président
pour le WWF France
Claude Dumont, engagé depuis plus de 15 ans
au sein du (WWF) France, a été élu président
de cette organisation, en remplacement de
Daniel Richard. Claude Dumont, animait
depuis 4 ans le projet « Espace planète
attitude », domaine de 3 hectares dans le Bois
de Boulogne (XVIe) concédé au WWF par la
ville de Paris. Il est intervenu dans les combats
conduits par le WWF pour la préservation
de la Loire, et contre l’artificialisation de la
Saône et du Doubs, « menacées » par le projet
du canal Rhin-Rhône.
44
Le pétrel de Beck
réapparaît
en Papouasie
Un oiseau rarissime qui n’avait pas été vu depuis près de 80 ans a refait
son apparition au large des côtes de Papouasie-Nouvelle Guinée, selon la
Société royale pour la Protection des oiseaux (RSPB), basée à Londres.
Un ornithologue israélien, Hadoram Shirihai, qui voyageait à bord d’un
navire au nord-est de la Papouasie, a pu photographier une trentaine
de pétrels de Beck, un oiseau marin appartenant à la famille des
procellariidés. Le groupe comprenait de jeunes oiseaux, ce qui laisse
supposer la proximité d’un site de reproduction.
L’oiseau n’avait auparavant été aperçu qu’à deux reprises, à la fin
des années 20. « La découverte de l’oiseau disparu est une nouvelle
fantastique... Nous devons dorénavant mettre à profit cette découverte
afin de redoubler les efforts visant à sauver l’espèce », a indiqué dans un
communiqué Geoff Hilton, de la RSPB.
Menace
sur les Caraïbes
D’après l’Union Internationale pour la protection de la nature, 10% des 62
barrières de corail des Caraïbes sont menacées, y compris les coraux « bois
de cerfs » (Acropora cervicornis) et « bois d’élan » (Acropora palmata), deux
espèces très nombreuses dans les barrières de corail. Elles étaient les espèces
les présentes dans ces barrières de corail mais elles sont maintenant en passe
d’être intégrée à la liste des Espèces Menacées de l’UICN dans la catégorie «
très menacées ». Ces coraux sont menacés à cause de maladies principalement
causées par le réchauffement climatique. Après les coraux, les mangroves
apparaissent comme étant les plus menacées dans les Caraïbes. L’étendue
de la mangrove a diminué dans les Caraïbes de 42% en 25 ans, avec deux
espèces sur huit vivant dans la mangrove qui sont maintenant considérées
comme très vulnérables.
Madagascar
une nouvelle espèce de palmier géant
Des botanistes ont identifié à
Madagascar une nouvelle espèce de
palmier géant dont le tronc atteint 18
m et dont les feuilles ont quelque 5
mètres de diamètre. Cet arbre de forme
pyramidale, découvert accidentellement
par une famille de promeneurs français
décrit depuis dans une publication du
Botanical Journal de la Linnean Society
( Londres), posséderait un cycle de
vie qui l’amènerait à mourir après sa
f loraison, un peu comme le talipot. Il ne
s’agirait pas seulement d’une nouvelle
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30mars 2008
espèce, mais d’un nouveau genre, un
groupe comprenant plusieurs espèces,
selon les botanistes du Jardin botanique
de Kew, à Londres. Cet arbre pousse à
une très grande hauteur avant que sa
cime n’éclate en plusieurs branc hes
portant des centaines de petites f leurs,
dont chacune peut être pollinisée et
se transformer en fruit. La réser ve de
l’arbre en substances nutritives s’épuise
dès que les fruits se forment et il meurt
en s’effondrant sur lui-même, selon les
botanistes. Le couple français à l’origine
de la découver te, Xavier et Nat halie
Metz, qui possèdent une plantation à
Madagascar, ont trouvé cet arbre dans
la région d’Analalava.
Les analy ses d’ADN ont montré que
l’arbre, dont le nom n’a pas encore
été révélé, représent ait un nouveau
genre au sein d’une famille de palmiers
appelée Chuniophoeniceae. Trois autres
genres de palmiers existent dans cette
famille, dans la péninsule d’Arabie, en
Thaïlande et en Chine.
Des activistes de Greenpeace
ont intercepté récemment,
au large de Ouistreham
(Calvados), le Galina III, un
cargo transportant du bois
brésilien et trois d’entre-eux se
sont attachés à mâts de charge
pour tenter de l’empêcher de
débarquer sa cargaison qui
« provient d’exploitants forestiers
s’illustrant depuis des années
par leurs pratiques illégales en
Amazonie », explique Grégoire
Lejonc, chargé de campagne
bois à Greenpeace France.
« Notre objectif est que ce
bateau ne puisse pas décharger
ni en France, ni en Europe »,
a précisé Grégoire Lejonc.
Greenpeace demande
aux autorités françaises
d’empêcher le déchargement
jusqu’à ce qu’il ait obtenu
du gouvernement brésilien
les informations prouvant
que le bois est légal et que
les certificats présentés sont
fiables.
Avant de s’en prendre au
Galina III, les activistes de
Greenpeace avaient abordé
le cargo chinois Huatuo, qui
transportait du bois exotique
prélevé au Congo…
Ride ????!!!!
Huit ruches ont été installées
dans les jardins parisiens de
la Région Ile-de-France qui
entend ainsi contribuer aux
efforts pour la sauvegarde
des abeilles menacées
depuis plusieurs années par
les pesticides, les parasites
ou la pollution.
Paradoxalement, les abeilles
vivent aujourd’hui mieux en ville qu’à la
campagne, du moins dans les zones de culture
intensive, car il n’y a pas de traitements
phytosanitaires en ville et la température y est
supérieure à celle des campagnes, souligne la
Région Ile-de-France.
En accueillant ces 8 ruches dans les jardins
des immeubles du Conseil régional du 7e
arrondissement, sur ses sites Invalides,
Babylone et Vaneau, la Région « tire la
sonnette d’alarme » sur la situation de
l’apiculture. Depuis 1995, près de 30%
des colonies d’abeilles disparaissent
chaque année, selon l’Union nationale de
l’apiculture française (Unaf). En 10 ans,
15.000 apiculteurs ont cessé leur activité
en France et de 1995 à 2007, la production
nationale a chuté de 30% et les importations
ont triplé.
Pour butiner, il faut aux abeilles un rayon
de 3 km autour de la ruche. Elles ramènent
chaque jour le nectar et le pollen de près de
225.000 fleurs des espaces verts, jardins et
terrasses aménagées.
Le prix de l’Eau à un Anglais
Le professeur britannique Anthony John
Allan a remporté le Prix de l’eau de Stockholm 2008, une récompense distinguant
chaque année des actions dans le domaine de
l’eau, a indiqué récemment l’Institut International de l’Eau de Stockholm (SIWI). Professeur au King’s College de Londres, M. Allan
a été récompensé pour avoir introduit au
début des années 1990 le concept d’ « eau
virtuelle », une nouvelle unité de mesure
Conduire
ou manger ?
« No one likes an eight-second ride », ou « Personne n’aime
une chevauchée de 8 secondes »… Tel est le slogan un
tantinet provoc porté par le mannequin australien Imogen
Bailey pour le compte de l’association des personnes pour un
traitement éthique des animaux (PETA, in englih People fort
Ethical Treatment of Animals). En fait une croisade lancée en
son temps contre la coupe du monde de rodéo sur taureau
dont l’organisatioin était prèvue à Brisbane (Australie). Il est
vrai que ces pauvres bulls se blessent souvent en tombant,
nonobstant le fait que pour les rendre enragées et les faire
Hawaï
hameçon
anti-tortue
Abeilles
des
villes…
Le recours accru aux matières
premières alimentaires pour la
production de biocarburants met en
péril l’approvisionnement alimentaire
de la population mondiale, avertit
le patron de Nestlé, Peter Brabeck.
« Si l’on veut couvrir 20% du besoin
croissant en produits pétroliers avec
des biocarburants, comme cela est
prévu, il n’y aura plus rien à manger »,
affirme le PDG du premier groupe
alimentaire mondial ; « Accorder
d’énormes subventions pour les
produire est inacceptable moralement
et irresponsable », ajoute le dirigeant,
estimant que les millions de tonnes
de maïs consacrées aux biocarburants
sont autant en moins pour le secteur
alimentaire. Alors que ce phénomène
tire vers le haut les prix du maïs, du
soja et du blé, les terres cultivables
deviennent rares et l’eau est elle
aussi menacée », déclare M. Brabeck,
estimant que pour produire un litre de
bioéthanol il faut 4.000 litres d’eau.
qui met en lumière la quantité d’eau nécessaire pour produire de la nourriture et des
produits de consommation.
Les connaissances « acquises grâce au travail
du Professeur Allan ont eu un impact majeur
sur la politique commerciale mondiale ainsi
que sur la recherche sur l’eau », a estimé le
SIWI, ajoutant que l’application du concept
d’eau virtuelle permet de faire un usage plus
efficace des ressources en eau.
Mise en place il y a trois
ans, l’interdiction de pêcher
l’espadon au large d’Hawaï
vient d’être suspendue.
Cette levée, décrétée dans
le cadre d’une expérience
g randeur nature, doit
permettre d’éprouver un
nouveau matériel conçu
pour réduire la capture
involontaire des tortues de
mer. En effet, les hameçons
en J traditionnellement
utilisés par les pêcheurs
au bout de longues lignes
déroulées sur plus de 80
km n’attrapent pas que les
espadons, mais aussi des
oiseaux marins, des requins
et les fameuses tortues, dont
beaucoup sont menacées
de disparition. Au cours
de ces dernières années, le
National Marine Fisheries
Service a testé différents
équipements susceptibles
de résoudre le problème.
Des résultats préliminaires
ont ainsi indiqué que
l’emploi de crochets plus
larges et circulaires pourrait
réduire de 92% la capture
de tortues Caouanne et de
67% celle de tortues luth,
deux espèces protégées par
le Endangered Species Act.
niouzes
Abordages
contre déforestation
Dinosaure de fer
contre centrale
au charbon
Des militants de Greenpeace
ont dressé dernièrement à
Hambourg un dinosaure en
acier, d’une tonne et de cinq
mètres de haut, devant le siège
d’un g roupe énergétique,
pour protester contre un
projet de nouvelle centrale
au charbon, qu’ils jugent
digne de la préhistoire. Les
quelque 30 militants présents
ont déployé une banderole
p r o c l a m a n t « A r rê to n s l a
technique des dinosaures »
et déversé trois tonnes de
charbon devant le siège de
Vatenfall.
Les dinosaures, « monstres
d’un monde disparu », sont
« aussi peu adaptés à notre
époque qu’une centrale au
charbon », a expliqué dans un
communiqué Karsten Smid,
de Greenpeace.
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30mars 2008
45
Niouzes
A l’origine
de la Manche
La Grande-Bretagne s’est retrouvée séparée
de l’Europe continentale il y a des centaines
de milliers d’années à la suite d’une inondation catastrophique due à l’effondrement
d’un barrage naturel retenant un lac de montagne, selon une étude publiée par la revue
Nature. En analysant une carte en trois dimensions de la Manche, des chercheurs de
l’Imperial College de Londres dirigée par
Sanjeev Gupta et Jenny Collier a constaté
la présence d’une gigantesque vallée large
de dizaines de kilomètres et profonde d’une
cinquantaine de mètres creusée dans le fond
crayeux de la Manche. Grâce à l’utilisation
de sonars, l’équipe a mis en évidence des
traits faisant penser à une érosion de grande ampleur causée par le passage brutal,
comme un énorme torrent, d’une fabuleuse
quantité d’eau. Autrefois, au nord du bassin
occupé actuellement par la Manche, dans ce
qui est actuellement la partie méridionale
de la mer du Nord, se trouvait un lac approvisionné par le Rhin et la Tamise et retenu
par une barrière naturelle connue sous le
nom de Weal-Artois.
La rupture de ce barrage, intervenue il y a
entre 450.000 et 200.000 ans, aurait provoqué pendant plusieurs mois le déferlement de grandes quantités d’eau, estimées
à un million de m3 par seconde, selon cette
étude. Le creusement des terres par ce torrent monstrueux a inondé toute une région,
actuellement occupée par la Manche, et a
changé le réseau des fleuves de toute cette
zone, tels que le Rhin et la Tamise, ajoutent
les chercheurs. Par ailleurs, la migration des
populations humaines en Europe a pu être
affectée par ce phénomène qui aurait créé
une barrière infranchissable pour les migrations venant du continent. La première population humaine en Angleterre s’est alors
réduite progressivement faute de l’apport de
nouveaux arrivants, conduisant à une disparition de l’homme sur l’île pendant quelque
100.000 ans.
« Cet événement préhistorique, conclut selon
Sanjeev Gupta, permet en effet d’expliquer les
raisons qui ont amené le Royaume Uni à devenir une île et pourquoi la première occupation
humaine de l’Angleterre s’est arrêtée brutalement pendant près de 120.000 ans ».
46
Le génome du maïs séquencé
Des chercheurs américains
sont parvenus à séquencer
la quasi totalité du génome
du maïs, une avancée importante qui permettra de
produire de meilleures variétés pour répondre aux
besoins croissants alimentaires et en biocarburant.
Il s’agit de la céréale la plus
cultivée dans le monde, devançant légèrement le riz et
le blé. Le maïs devient aussi
la deuxième grande céréale
nourricière après le riz dont
le génome est séquencé. Les
Etats-Unis fournissent 44%
de la production mondiale
avec plus de 282 millions
de tonnes en 2005.
« Ce premier séquençage du
maïs est exaltant (...) car les
scientifiques vont pouvoir
analyser de façon précise et
efficace le génome de la plante pour trouver des moyens
d’améliorer sa culture et d’accroître ses rendements ainsi
que sa résistance à la sécheresse et aux maladies », explique
Richard Wilson de l’Université Washington à St Louis
qui a conduit ce projet.
La première ébauche comprend environ 95% du génome du maïs et les chercheurs
vont consacrer le restant de
l’argent alloué à ce projet
à peaufiner et finaliser le
séquençage, a expliqué ce
scientifique. « Quelques petites parties du génome sont
encore manquantes (...) mais
virtuellement toutes les informations sont là. Il y aura
sans doute des modifications
mineures aux séquences génétiques, nous ne nous attendons pas à des changements
majeurs », a précisé Richard
Wilson. Le séquençage du
maïs a été une tâche particulièrement ardue en raison
de la taille de son génome et
de la complexité des combinaisons génétiques.
Environ 80% des segments
d’ADN sont répétés et le
génome de maïs compte
de 50.000 à 60.000 gènes, soit environ deux fois
le nombre formant le génome humain.
Quads
électriques
pour facteurs
Le vent
c’est de l’argent
La Banque européenne d’investissement a
accordé un prêt de 100 millions d’Euros à
Unifergie, filiale du Crédit Agricole spécialisée dans le financement du développement
durable. Ce prêt s’inscrit dans le cadre de la
loi du 13 juillet 2005 fixant les orientations
de la politique énergétique entrée en application le 14/07/200. Loi qui transposé en
France plusieurs directives européennes,
dont celle du 27 septembre 2001, fixant aux
Etats Membres l’objectif de produire 21%
de leur consommation d’électricité à partir
d’énergies renouvelables à l’horizon 2010,
(14% en France en 2005). Cette loi crée des
outils nouveaux, en particulier des « zones
de développement de l’éolien ».
Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008
La Poste a annoncé le lancement d’une consultation européenne pour doter ses facteurs de 300
quads électriques d’ici 2009, puis 3.000 d’ici
2012 si l’expérience est concluante.
L’établissement public avait déjà lancé en avril
2007 un appel d’offres européen pour intégrer
dans sa flotte 500 véhicules électriques, avec
l’objectif d’en avoir 10.000 d’ici cinq ans, une
première mondiale. Les deux constructeurs
retenus sont l’italien Micro-Vett/Newteon,
associé à Fiat Professional, et le monégasque
Venturi Automobiles, associé à PSA.
La Poste teste depuis un an dix quads électriques, en ville comme en zone rurale. Un
an après, le bilan serait très positif, tant pour
l’entreprise que pour les facteurs.
L’entreprise estime que 15% de son parc motorisé pourrait être remplacé par des quads,
ce qui permettrait de réaliser une économie
de 6.000 tonnes de CO2 par an.
La Poste équipe déjà, depuis fin 2006, les
facteurs de 1.200 vélos à assistance électrique, soit pour aider les facteurs à distribuer
le courrier dans les zones géographiques
difficiles, soit pour les facteurs en aptitude
physique réduite.
Bouquins
Terre Mère
L’explorateur et ethnologue Jean Malaurie lance un appel à la « conscience écologique » dans un petit livre publié aux
éditions du CNRS.
« Dans le Nord, comme dans le Sud, comme
en Occident, comme en Orient, il faut que la
conscience de tous devienne une conscience
écologique, c’est-à-dire enracinée dans ce qui
nous donne la vie », écrit l’auteur des « derniers rois de Thulé » (1955).
Jean Malaurie fut le premier européen à atteindre en 1951 le pôle nord magnétique, sans
boussole (l’aiguille est “folle” à ces latitudes), ni
carte, rappelle ce recueil de textes.
« La crise climatique est majeure. Dans 30
ans, l’Arctique sera probablement libre de
glaces. Notre Terre Mère ne souffre que trop.
Elle se vengera. Et déjà, les signes sont annoncés », avertit-il. Son petit livre est aussi un
vibrant hommage aux “peuples racines”,
du Nord mais aussi d’Amazonie, d’Afrique
et d’Australie. Il plaide pour un espace écologique protégé en Arctique, menacé avec
le réchauffement de « connaître à terme des
trafics aussi importants que le canal de Suez
ou le canal de Panama ».
Ce livre est le deuxième d’une nouvelle
collection du CNRS pour permettre à des
personnalités de s’exprimer sur des sujets
qui leur sont chers.
Terre Mère, CNRS Editions, 62 pages.
Une brève histoire du climat
Dans la collection “Brève histoire” - un
exercice imposé au cours duquel un auteur
doit dessiner en neuf chapitres l’histoire et
le portrait de son sujet - Frédéric Denhez,
écrivain et journaliste scientifique, retrace
l’évolution du climat sur terre depuis l’origine jusqu’à nos jours.
« Une brève histoire du climat »,
L’oeil neuf-éditions, 133 pages.
Le livre noir
de l’environnement
Henry Augier, maître de conférences honoraire à la faculté des sciences de MarseilleLuminy, dresse en 600 pages documentées
un état des lieux des pollutions dont souffre
la planète, en les répertoriant selon leur origine - métaux, peintures, amiante, nitrates,
dioxines, PCB, détergents, pesticides, pétrole, solvants, pollutions thermique, sonore,
microbiologique, radioactive, déchets ...
L’ouvrage rassemble un grand nombre d’informations sur la dégradation de l’environnement et en analyse l’impact sur l’homme,
la flore, la faune et les milieux naturels.
« Le livre noir de l’environnement - Etat des lieux
planétaire sur les pollutions », Henry Augier,
Editions Alphée - Jean-Paul Bertrand, 600 pages.
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