Supplément gratuit du JDimanche du 30 mars 2008 Le magazine de l’environnement exclusif opération réunion 2030 les océans sous plastique les origines de notre Ile climat global warming Quand les baleines font du “tourisme” Nous tenons à remercier tout particulièrement l’association Vie Océane qui nous autorise à utiliser ses archives informatiques et nous aide à réaliser les pages consacrées à la vie marine (P26 & 27); http : //vieoceane.free.fr/indexvo.html en guise d’introduction Pourquoi « De Natura… » ? Parce que cet intitulé tombe sous le sens, qui signifie, dans un latin certes reconnaissable, « De la nature… », mais se réfère encore au célèbre « De natura rerum» de Lucrèce. Pourquoi du latin au XXIe siècle ? Parce que la terminologie scientifique passe par le latin (Ndlr : nous y reviendrons), qu’il faut bien l’expliquer en langage courant et qu’enfin, « De Natura… » ne sonne pas plus absurdement qu’un « Eurêka » bien grec ou qu’un « Ushuaia » dont, avant le sympathique Monsieur Hulot, personne ou presque ne savait qu’il s’agissait d’une petite ville du grand Sud argentin. Allons donc pour « De Natura… », parce que « Natura » tout court ferait un peu trop margarine allégée ou shampoing aux herbes, et qu’en fin de compte, c’est bien de la Nature qu’il est question ici. « De Natura… » est donc un magazine mensuel, une histoire naturelle et - avec un peu de chance - raisonnée de La Réunion, agrémentée de fenêtres sur l’actualité de l’Environnement et des Sciences, sans oublier quelques dossiers d’actualité liés à des problématiques écologiques. Nous retrouvons ainsi, dans ce mensuel, le sain aiguillon de la curiosité, qui nous pousse à voir réellement dans quel monde nous vivons, ce qui se cache derrière les évidences, les habitudes, ce qu’il y a au-delà du sens premiers des mots, sous le sable de la plage, dans l’eau du lagon, l’air pur des hauts, les mille et une bébêtes qui vont et viennent sous notre nez… En retrouvant le goût d’observer, de questionner, de raisonner et qui sait, de philosopher, nous renouons avec l’esprit des Lumières, et, la chose n’est pas si paradoxale qu’il y paraît, nous réenchantons le monde. Philippe Le Claire Correspondances Ch a qu e fo i s qu e p o s s i b l e , n o u s ét a b l i ro n s d e s correspondances entre domaines de la connaissance, beaux arts, histoire des idées, sciences et mythes, poésie et parler populaire… Car au-delà de la spécialisation des sciences, force est de constater l’harmonie qui régit notre monde et dont les Anciens avaient fait un principe pour La banane originelle selon Linné & Andy Warhol Parce que la curiosité donne prétexte à tous les voyages, toutes les digressions, toutes les impertinences, il convient d’expliquer pourquoi 2064 ans après le « De natura rerum » de Lucrèce on continue de désigner les êtres vivants en latin. C’est à un toubib suédois, Carl von Linné (1707-1778), que nous le devons. Pour classifier - aussi rationnellement que possible - plantes et animaux, Linné a mis en œuvre un principe qui consiste à désigner les plantes par un nom scientifique en latin ou latinisé, formé de deux mots écrits en italique : • le premier est d’ordinaire un nom ; il désigne le genre (par exemple un groupe de plantes qui partagent un certain nombre de caractères communs) ; on écrit en capitale son initiale • le second désigne l’espèce (toujours selon le même exemple, l’ensemble de plantes qui, à l’intérieur d’un même genre, sont étroitement apparentées par leurs caractéristiques, notamment sexuelles, et qui peuvent se reproduire entre elles) ; il s’agit généralement d’un adjectif, c’est pourquoi il se décline en -us, -a ou –um, en fonction du genre du nom auquel il se rapporte. • L’espèce est généralement suivie de l’initiale de l’auteur qui l’a nommée.Prenons en exemple la banane que nous connaissons bien, Musa paradisiaca L. selon Linné. Le médecin suédois a donné le nom de Musa à ce fruit exotique, en l’honneur d’Antonius Musa, médecin de l’empereur romain Octave-Auguste, qu’il avait guéri d’une «obstruction du foie»… Fallait le savoir ! Quant au qualificatif paradisiaca, qui tombe sous le sens, il fait référence à une vieille croyance selon laquelle la banane, et non la pomme, était le fruit défendu qu’Ève avait offert à Adam au paradis. Linné était fils de pasteur… Voilà qui restitue à cette fameuse histoire de fruit défendu une tournure un peu plus compréhensible, pour peu qu’on ait l’esprit aussi tracassé par les choses de la chair que les gens de religion. Un clin d’œil que le grand Andy Warhol n’a pas manqué en illustrant de ce fruit défendu le disque d’un sulfureux groupe de rock, le Velvet Underground. ainsi dire politique. En ces temps de « global warming », de création de chimères, d’organismes génétiquement modifiés, de nanotechnologies, où l’homme détient tout à la fois le feu des dieux et le pouvoir de jouer avec les principes même de la vie, le spectacle de la nature dans sa perfection incite à la sagesse. réunion 2030 Révolution en vue nom de code GERRI Connu sous le nom de « Réunion 2030 » et officially called « Green Energy Revolution - Reunion Island » (GERRI), un programme hors-normes est en train de naître pour faire de La Réunion le premier territoire au monde où les déplacements et la production d’énergie se passeront du pétrole et du charbon. Rien que ça ! Dossier réalisé par Sylvain Amiotte. L’ambition est historique. À tel point qu’en préfecture on compare déjà GERRI, « premier vrai projet pour l’outre-mer depuis 40 ans », par son envergure, à la naissance du centre spatial de Kourou en Guyane. À cela près que cette révolution verte impliquera directement la population locale. Quoi de révolutionnaire dans cette inévitable transition énergétique que de nombreux Etats ont d’ores et déjà entrepris ? Sa rapidité : le but de GERRI est de déployer tous les moyens pour aller ici plus vite qu’ailleurs. Comment ? Par un volontarisme très fort qui multipliera les expérimentations, les incitations, les innovations, et fédérera les acteurs locaux autour d’objectifs communs précis et quantifiables. Dans la droite ligne du Grenelle de l’Environnement et de la politique de la Région, GERRI va dessiner un grand projet de société pour La Réunion de demain, autour de cinq axes : un programme central sur les transports en modes propres, et quatre programmes complémentaires sur la production d’énergie, le stockage d’énergie, l’habitat HQE et le tourisme durable. Un mouvement irréversible À cela s’ajouteront une vaste communication interne pour mobiliser la population, une mise en visibilité internationale du projet pour gagner une reconnaissance et une attractivité dans l’hémisphère Nord, la mise en oeuvre de projets-phares « GERRI-compatibles » portés par les collectivités publiques, l’intensification des actions de maîtrise de l’énergie, et enfin la constitution d’une filière irréprochable de traitement des déchets associés. Objectifs : une exemplarité et un avantgardisme vecteurs de croissance et d’identité, exportables aux îles du monde. La réussite de GERRI est conditionnée par une forte montée en puissance dès cette année, avec de premiers résultats visibles, l’idée étant de créer très vite un choc interne et externe afin d’asseoir « un mouvement irréversible ». Ce succès Avec GERRI, la Réunion veut accélérer son Histoire pour devenir un champion du monde de l’énergie verte. Objectif 15 000 emplois Comme le répète à l’envi Michel Dijoux, président de Temergie (pôle R&D des professionnels de l’énergie), le secteur de l’énergie, dans son approche globale (industrie solaire, transports propres, BTP, architectes, ingénieurs etc.), est susceptible de créer 15 000 emplois directs dans les 15 prochaines années à La Réunion. Voilà bien, outre sa dimension d’exemplarité écologique, l’un des objectifs de GERRI : participer à la croissance de l’île. 4 Supplément gratuit du Journal de l’île du 10 juin 2007 repose aussi sur l’intensité des incitations à agir : un statut d’expérimentation renforcé avec un cadre juridique, fiscal et financier hautement dérogatoire, exorbitant du droit commun national et international, semble indispensable pour accélérer l’Histoire de La Réunion dans ces domaines. GERRI permettra aussi de rénover la vision du dispositif de défiscalisation, loin de l’effet d’aubaine à court terme. Agir vite et fort, car le temps est compté. GERRI, voulu par Nicolas Sarkozy, c’est tout à la fois l’Etat, la Région, les collectivités locales, les investisseurs, les entreprises réunionnaises, nationales et internationales, les chercheurs et ingénieurs, les artisans... et évidemment les citoyens, sans qui rien ne sera possible. Tous centrés sur un territoire laboratoire, La Réunion, autour d’un pari commun : l’énergie verte. Ne pas décevoir. « Faut vraiment que ça marche ce machin-là », lâche Maurice Cérisola, président de la Réunion économique. « Machin ». Car tout est à inventer. L’énergie aujourd’hui Les transports et l’électricité se partagent à moitié-moitié la quantité d’énergie consommée à La Réunion aujourd’hui. La part globale des énergies renouvelables est de 18 % sur l’île : 0% dans les transports et 36% dans la production d’électricité (bagasse et hydraulique essentiellement). En 2006, l’éolien et le photovoltaïque ne représentaient que 0,2% de l’électricité produite. Fin 2006, 75 000 chauffe-eau solaires étaient installés, soit une production équivalente à près de 5% de l’électricité totale consommée. Un Réunionnais consomme 0,1 TEP d’électricité par an, contre 0,2 TEP pour un métropolitain (part chauffage plus importante). Quelque 30 000 nouvelles voitures particulières débarquent chaque année sur l’île. En 2006, seuls 38 véhicules hybrides ont été vendues. Pourquoi La Réunion ? D’abord parce que c’est une île, en cela un espace « étanche » et réduit, parfaitement adapté pour l’expérimentation et la modélisation à l’échelle d’une société, avec une population jeune prête à jouer l’esprit pionnier. La spécificité insulaire implique aussi un véritable défi énergétique : aucune possibilité de réseaux interconnectés ni d’énergie nucléaire, La Réunion doit se débrouiller seule. Ensuite parce que La Réunion dispose d’une vraie antériorité et d’une compétence reconnue au plan international sur le sujet des énergies renouvelables, avec des industriels locaux (pôle Temergie notamment) et des collectivités pleinement investis sur ces marchés émergents. Sans la politique menée par la Région depuis 8 ans, GERRI serait impensable aujourd’hui. Ce programme consistera donc à démultiplier les initiatives existantes. Forte de ses atouts tropicaux (soleil, biomasse, vent, houle, volcan), française et européenne, déjà dotée d’outils de recherche et de compétences, La Réunion, minée par le chômage et la problématique transports, constitue une terre idéale pour un tel projet. Ponts et Chaussées, a été nommé chef de la mission de préfiguration "Réunion 2030" par le président de la République. À charge pour lui, d'ici septembre, de structurer le programme dans son contenu, son organisation et ses objectifs, en fédérant les acteurs locaux mais aussi nationaux et internationaux. De Natura : Le projet GERRI fait l'unanimité parmi les décideurs réunionnais. Pourquoi ? Pierre-Alain Roche : L'île est dans une dynamique démographique forte. Le président Vergès a su très tôt expliquer qu'il y avait un risque important de la subir plutôt que d'en profiter. Si, face aux changements globaux, aux problèmes de la congestion automobile, de l'insécurité routière, du chômage de masse, il n'y a pas une dynamique originale pour trouver des créneaux d'excellence. Ce que j'ai ressenti auprès des acteurs locaux, c'est ce sentiment collectif qu'il faut valoriser les atouts, anticiper, aller sur les métiers d'avenir. GERRI, c'est essayer de faire mieux et plus rapide que les autres, non pas par fierté, mais pour bénéficier des effets d'antériorité, et ainsi gagner des parts de marché et des emplois. Sachant que l'enjeu est à l'horizon 2030, ce qui signifie mener des projets structurants et pas seulement des coups médiatiques. C'est pourquoi GERRI n'a de sens que si on développe la formation et l'information de la population. •Pourquoi ce périmètre d'action englobant énergies renouvelables, transports propres, logement HQE, urbanisme et tourisme durables ? Car c'est un périmètre cohérent où tout est lié et imbriqué. Les deux premiers secteurs n'ont de sens que si on les couple à une logique de territoire pour minimiser les déplacements individuels, autour des projets tram-train et route des Tamarins par exemple. Il ne s'agit pas de revoir toute la carte de La Réunion mais de créer des écoquartiers exemplaires. Concentrons-nous là-dessus pour être dans les meilleurs standards internationaux. C'est par le dialogue sur les besoins locaux que le projet trouvera son excellence, pas en plaquant des solutions extérieures. Imaginez le touriste qui débarque à La Réunion, qui prend le tram-train relayé ensuite par un véhicule électrique et qui arrive dans un hôtel où l'électricité, la douche, où tout est lié aux EnR. Les gens qui aiment la nature y sont sensibles. Il faut aussi des projets qui fassent la Une des magazines d'architecture, pour toucher une clientèle éduquée. •Cette mise en notoriété est un des axes forts de GERRI. C'est aussi pour attirer investisseurs et porteurs de projets du monde entier ? Oui. Depuis que j'ai commencé ma mission, des tas de gens viennent me voir avec des projets. Il faut alimenter ce bouche-à-oreille : il faut que ça devienne naturel de choisir La Réunion pour expérimenter une innovation. L'image de La Réunion 2030 est déjà lisible en métropole. Mais attention au foisonnement actuel sur les énergies renouvelables. Il faut garder la tête froide, expérimenter, ne pas s'embarquer bille en tête dans des trucs qui ne tiennent pas la route. •Quelle est la traduction concrète de GERRI ? La mission de préfiguration durera six mois jusqu'en septembre. Il y a un comité technique, le "Gerri Team", qui réunit tous les acteurs locaux. Il y a aussi un comité de pilotage politique sous l'égide de l'Etat, la Région et le Département. On a cette chance d'avoir une convergence de tous les acteurs politiques et économiques. Il faut travailler sur l'ingénierie financière pour avoir des conditions favorables à l'investissement. Il faut aussi définir les axes de recherche les plus pertinents et lancer de premiers projets forts et concluants. Il faut travailler avec l'Education nationale pour former les maîtres à cette sensibilisation... Il y a du travail. À terme, une équipe d'animation permanente sera sans doute nécessaire, avec un guichet unique réunissant les financeurs et facilitant les démarches. D'ici deux à trois mois, on aura défini les principaux domaines d'action et on espère bien pouvoir vous étonner. •Il y a une tendance générale mondiale dans ces domaines. Pourquoi La Réunion pourrait-elle être ce territoire plus « vert » que les autres ? C'est un pari. Le succès de GERRI dépendra du répondant de la population. On vise l'effet d'entraînement, la montée en puissance. Il faut déjà se rendre compte que l'île compte parmi ceux qui vont vite sur les énergies renouvelables au niveau mondial, par exemple sur les chauffe-eau solaires. Beaucoup de gros projets photovoltaïques de 10 à 20 MW sont en cours et les supermarchés s'équiperont dans un délai très court. Nous sommes dans un des endroits les plus favorables pour l'énergie de la houle... Avant de venir ici, en lisant le projet, je n'avaispas d'idée préconçue sur sa faisabilité. Au fil des rencontres, j'ai vu qu'il y avait vraiment du répondant, de l'enthousiasme et de la compétence, un appétit collectif pour l'action. On n'est pas dans le fantasme. Il y a un savoir-faire remarquable, chez les professionnels, à l'ARER, l'ADEME... •Si La Réunion est en avance sur les EnR, elle est plutôt en retard en matière de transports... Oui, on part d'une situation d'apocalypse, pour des raisons géographiques et historiques. Il faut voir si l'on crée les conditions d'une offre intégrée de transports en commun, pourquoi pas un syndicat mixte des transports en commun pour toute l'île ? Les communes sont-elles prêtes à mettre des véhicules à disposition librement ? Il faut gagner en véhicules hybrides puis tout électriques à travers les flottes professionnelles et les véhicules personnels. Beaucoup d'idées sont dans l'air. Lesquelles sont pertinentes, c'est aux gens concernés de le dire. L'urbanisme est un enjeu énorme, tout comme l'isolation thermique. Il faut travailler ces questions pour gagner en cohérence. La politique intégrée doit être la marque de fabrique de La Réunion. On ne doit pas simplement plaquer de la technologie mais répondre aux enjeux de la population de l'île. •Pourquoi les constructeurs automobiles choisiraient La Réunion comme vitrine de leurs innovations ? Si Renault a récemment choisi Israël pour mener sa grande opération de développement sur les véhicules électriques, ce n'est pas par hasard. C'est parce que la taille de la flotte est adaptée. L'avantage de La Réunion, c'est l'effet laboratoire. Son isolement et sa petite taille font qu'elle peut basculer plus rapidement qu'ailleurs sur d'autres technologies, tout en étant d'une échelle très importante au plan mondial. Les fortes pentes et le milieu tropical sont des contraintes qui permettent d'aller au bout de l'expérimentation. Si ça marche ici, ça marchera ailleurs. réunion 2030 « L'avantage de La Réunion, c'est l'effet laboratoire » Début février, Pierre-Alain Roche, ingénieur général des •GERRI implique-t-il de l'Etat un effort fiscal et financier ? Oui, mais pas uniquement. Il faut partir des business-plans des projets et voir ensuite les outils qui permettent de les boucler dans de bonnes conditions. Il n'y aura pas de solutions miracles tous azimuts à la fin de ma mission. GERRI passera par une kyrielle de petites mesures ciblées pas nécessairement spectaculaires. L'idée était par exemple d'appliquer le bonus-malus auto à La Réunion avant qu'il ne le soit en métropole. En matière de réglementation thermique, la démarche PERENE lancée à La Réunion est en cours de validation et sera appliquée cette année dans tout l'outre-mer. Nous pouvons aussi travailler sur des incitations au renouvellement des frigos énergivores. Sur les clims, il y a aussi à faire, mais c'est plus compliqué. •Pourquoi intégrer le tourisme ? Parce que le tourisme est lié à la dépense d'énergie, aux déplacements et à l'urbanisme. Ensuite, la fréquentation touristique peut bénéficier de GERRI car elle joue sur les valeurs. Beaucoup de gens vont en Islande car ça les intéresse de voir comment cette île fonctionne, avec 100% d'énergies renouvelables (EnR) grâce à la géothermie. Supplément gratuit du Journal de l’île du 10 juin 2007 5 réunion 2030 Dessine-moi La Réunion 2030 Rédigé par les services réunionnais de l'Etat, un premier document consensuel, dont les propositions restent à valider et à préciser, esquisse les contours de GERRI. Pour faire du rêve une réalité. Transports : foncer dans l'ère électrique L'idée-force est de « rendre accessible à la population réunionnaise, plus rapidement et plus largement que pour tout autre territoire au monde, toutes les formes nouvelles de transport propre ». Ce qui implique aussi de réduire les kilomètres parcourus par les modes individuels, ainsi que le nombre moyen de véhicules individuels. En ce sens, GERRI cherchera à structurer un réseau de transport collectif en mode propre (tram-train, bus et taxis collectifs hybrides puis électriques), à généraliser les Plans de déplacements entreprises (PDE), et à développer un plan vélo à assistance électrique, à favoriser le co-voiturage en accompagnant les collectivités publiques. L'objectif est aussi de démultiplier le nombre de véhicules hybrides et électriques, et de rendre impossible leur réexportation. GERRI entend ainsi négocier un régime d'importation spécifique pour La Réunion avec tous les constructeurs mondiaux de véhicules, basé sur les évolutions technologiques (hybrides, hybrides rechargeables sur secteur, véhicules électriques puis hydrogène). La suppression de l'octroi de mer et de la TVA sur les véhicules hybrides d'entrée de gamme et 100% électriques est une possibilité, l'idée étant d'obtenir de chaque constructeur, pour les Réunionnais exclusivement, un prix d'achat des véhicules propres inférieur aux mêmes modèles thermiques. Le prix au kilomètre parcouru devra aussi être inférieur à l'essence. Production d'énergie : du solaire partout L'objectif est d'atteindre l'autonomie énergétique sur l'ensemble des filières transports, en lançant un programme solaire de masse, appuyé sur de grands projets tels qu'une ferme photovoltaïque géante le long de la route des Tamarins (650 hectares de potentiel, soit une puissance de 580 MW!), la couverture des parkings publics et privés, et sur des étendues impossibles à exploiter autrement. L'accompagnement pourrait inclure une défiscalisation renforcée, un fonds d'amorçage pour les projets expérimentaux, la réalisation d'une carte des zones solaires idéales, la création d'une zone de 20 hecatres pour les tests de résistance cyclonique, ainsi que des aides aux distributeurs de carburants en vue de l'émergence d'un réseau maillé de « refueling » multi-modes. L'idée est aussi d'accentuer les projets biomasse et éolien, et d'être pionnier sur la géothermie, l'énergie de la houle et l'énergie thermique des mers, via des régimes dérogatoires, afin d'atteindre les 50% d'énergie non fossile en 2015. Prévisions 2008 : Lancement du chantier de la ferme photovoltaïque géante des Tamarins et de 4 sites-pilotes solaires (hôtel, parking administratif, parking moyenne surface alimentaire, et station-service). Démarrage de la valorisation des déchets verts à la centrale de Bois-Rouge. 2010 : 15% du projet route des Tamarins réalisé (80 MW). Opération « 10 000 parkings solaires » pour les particuliers et extension aux grandes surfaces, aéroport, hôpitaux, écoles. Démarrage de centrales pilotes en énergie thermique des mers, énergie de la houle et géothermie. 2015 : Achèvement du projet « Tamarin » (580 MW). Lancement de fermes éoliennes de nouvelle génération, testées à La Réunion et résistantes aux cyclones. Prévisions 2008 : doublement des ventes de véhicules hybrides par rapport à 2007. Réaliser 10 Plans de déplacement en entreprise (PDE) grands comptes. Mise en place de services de co-voiturage avec accompagnement des communes (parkings surveillés avec plate-forme de départ, places de stationnement gratuites dédiées en centre-ville). Lancement d'un plan vélo à assistance électrique dans 5 communes. 2010 : 1000 véhicules hybrides en circulation. 300 à 500 véhicules tout électriques, avec essor parallèle de flottes hybrides dans les administrations, les entreprises et les loueurs de voitures. Protocole de test sur des véhicules fonctionnant au bio-éthanol 100% réunionnais. 50 PDE réalisés. Achèvement de toutes les études des Plans de déplacement urbains (PDU). Plan vélo élargi à 10 communes. 2015 : 20% de véhicules alternatifs dans le parc des particuliers et 50% dans le parc administratif. Sortie de la première promotion internationale de techniciens formés à La Réunion aux technologies d'hybridation de véhicules existants. Coordination de l'ensemble des PDU en un document unique à l'échelle de l'île. Généralisation du plan vélo aux 24 communes, développement de pistes cyclables et lancement du tour complet de l'île. 2020 : PDE dans toutes les entreprises de plus de 10 salariés. L'objectif est de couvrir rapidement tous les toits et les parkings de panneaux photovoltaïques. GERRI cherchera à structurer les modes propres autour du tram-train. Stockage de l'énergie : un enjeu majeur La Réunion veut devenir un lieu d'expérimentation du stockage de l'énergie, à la fois pour permettre l'essor des transports électriques et pour lisser l'intermittence de l'énergie solaire. L'enjeu est de placer ce stockage au plus près du lieu de production et du lieu d'utilisation de l'énergie. Concernant les transports, l'objectif est de mettre en service sur l'île les technologies innovantes telles que les recharges hydrogène ou les batteries électriques à recharge rapide, tout en créant un réseau maillé de points d'échange et de recharge, avec si possible un site autonome de production (station-service avec toiture extra-large recouverte de panneaux photovoltaïques). Concernant l'habitat individuel, l'idée est d'équiper les particuliers d'un système intégrant production solaire, stockage et gestion intelligente de l'électricité. Enfin, l'objectif est de lancer des sites pilotes de stockage de masse (supérieur à 2 MW). Tout ceci via des régimes d'aides et d'incitations adaptés. GERRI veut en finir avec l'énergie fossile et adopter au plus vite des batteries électriques dans les voitures. 6 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 Le but est de conduire une politique de l'habitat à La Réunion fondée sur la performance énergétique des bâtiments (HQE), ainsi que de réaliser deux villes nouvelles (à Cambaie et à La Montagne) qui soient auto-suffisantes en énergie d'ici 15 ans. Comment ? En compensant les surcoûts par des accompagnements fiscaux et financiers, en renforçant les réglementations environnementales dans la construction. L'idée est aussi de surtaxer les appareils domestiques énergivores, de systématiser les lampes basse consommation et de développer le télé-travail. Pour accroître l'attractivité de GERRI à travers des éco-monuments modernes, des concours d'architecture d'envergure internationale seraient organisés sur différents types de construction (école, logements sociaux, bâtiments publics etc.). Prévisions En 2008, mise en oeuvre de la réglementation thermique pour les logements, extension aux bâtiments neufs et au tertiaire en 2010. Dès 2008, obligation de chauffe-eau solaire dans les logements neufs (extension aux réhabilitations en 2010), et objectif 2030 de 100% des logements équipés. Le siège de la DIREN à Saint-Denis, premier grand bâtiment HQE de l'île. Prévisions 2008 : Expérimentation du stockage d'énergie sur un lotissement-témoin. Installation d'un site-pilote de stockage de masse dans un cirque isolé. 2010 : 500 logements dotés de capacité de stockage. Quatre sites stratégiques (8 en 2015) équipés d'un stockage de masse (hôpital, caserne, aéroport, préfecture). Démarrage de 8 stations de refueling électrique pour répondre aux besoins de 300 à 500 véhicules rechargeables. 2015 : Couverture complète du réseau routier "Crypto sign", premier gîte HQE de La Réunion, a ouvert récemment à La Plaine-des-Cafres. GERRI vise l'auto-suffisance énergétique de tous les hôtels de l'île d'ici 2020. (30 stations sur les 150 actuelles) par des sites de nouvelle génération. Généralisation du stockage aux logements, déploiement de 100 000 compteurs électriques dynamiques et de 1000 "Gridpoints" (stockage et gestion intelligente de l'électricité dans la résidence). Lancement de deux sites de stockage de 20 MW pour rendre obsolètes les turbines à combustion (énergie fossile). Faire en sorte que 20% de l'électricité qui circule soit passée par un système de stockage. Lancement d'une journée pilote : maintien du réseau stable pendant 24 heures en ne faisant appel qu'aux énergies renouvelables et aux unités de stockage. Destination tourisme durable GERRI s'attachera à refonder la destination Réunion sur le concept d'île exemplaire et innovante au service du développement durable, dont les vitrines seront les structures d'hébergement et les grands sites touristiques (parkings photovoltaïques, climatisation solaire, recyclage de l'eau, véhicules électriques etc.), via des incitations et des obligations. réunion 2030 Multiplier les bâtiments à énergie positive Prévisions 2008 : création d’un incubateur de projets et d’entreprises innovantes sur l’énergie dans le secteur du tourisme. Première flotte de location en véhicules hybrides avec un des «majors» locaux. 2010 : Obligation de solaire thermique dans les nouvelles structures d’hébergement. 2015 : Lancement du pass «Séjour zéro carbone» permettant aux touristes de circuler et séjourner à La Réunion sans émettre un gramme de carbone. 2020 : Auto-suffisance énergétique de tous les hôtels. Des indicateurs affichables en temps réel « Ce programme ne prévoit aucun gros investissement visible et son succès ne se mesurera pas à un instant "paroxistique" mais à une collection foisonnante et sans cesse renouvelée de gestes individuels et de décisions collectives. » GERRI se veut porteur d'une culture du résultat. Son avancée sera ainsi mesurable en permanence grâce à des indicateurs sans cesse réactualisés : nombre de véhicules hybrides en circulation (en % du total), nombre de places de parkings couvertes de panneaux photovoltaïques, pourcentage de chauffe-eau solaires, nombre de bâtiments publics HQE, kilomètres de pistes cyclables, nombre de plans de déplacement d'entreprises signés (objectif 100 %) etc. Ces indicateurs pourraient faire l'objet d'un affichage permanent sur du mobilier urbain afin de promouvoir la dynamique et la sobriété énergétique auprès de la population. Autre idée : l'instalation d'une horloge compte-à-rebours à l'aéroport. Des concours d'innovation et des remises de prix dans les écoles seront aussi lancés. À l'international, un véritable plan marketing sera déployé pour faire connaître La Réunion 2030. Des séminaires de recherche et un forum annuel de type « Davos de l'énergie » pourraient aussi être organisés. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 7 présent / futurs éléments *notes Un Réunionnais consomme entre 250 et 280 litres d’eau par jour Un Métropolitain en utilise la moitié. Un Malgache dispose de 20 litres en moyenne, dans les régions privilégiées. En 2006, 142 millions de m3 d’eau potable ont été distribués. La station de microfiltration de Pichette a traité 3 millions de m3 d’eau en provenance du transfert des eaux E/O à destination des eaux potables du Port, de la Possession et de Saint-Paul. La production d’eau d’origine souterraine atteint 68 millions de m3 soit 48 % de la production totale. En 2006 toujours, 72 millions de m3 d’eau ont été déclarés pour l’irrigation. 15% des ressources en eau de la Réunion contenaient plus de 10 mg/l de nitrates (données 2003). 80% de la population réunionnaise reçoit une eau de bonne qualité bactériologique. 20% des Réunionnais subissent des contaminations, ponctuelles. 6% des Réunionnais supportent des contaminations régulières ou chroniques. 2 250 prélèvements par an, à la ressource, à la production et au robinet du consommateur sont effectués par la Drass. 0,3mg/l de chlore.C’est le taux applliqué à l’eau du robinet à La Réunion contre 0,1mg/l en métropole. L’adjonction de chlore est nécessaire pour désinfecter l’eau et éliminer les pollutions bactériennes. La différence de concentration par rapport à la métropole est provoquée par la moyenne des températures ambiantes plus élevée. 8 L’eau si précieuse… Paradoxes. L’eau tombe du ciel, c’est un cadeau du ciel, elle est gratuite, présente en abondance… Pourtant il faut la payer toujours plus cher et elle se fait rare… La Réunion reçoit tous les ans 10 fois plus d’eau qu’elle n’en consomme effectivement, mais les activités humaines, la pression démographique, les déperditions naturelles, font que l’on s’inquiète de la raréfaction de la ressource. Et le pharaonique chantier du basculement des eaux, débuté en 1983, dont l’aboutissement poussif est prèvu pour 2010, sauf nouvelles catastrophes, ne constituera en rien une panacée compte tenu de l’accroissement constant de la population (bientôt 1 million d’habitants), et celui, proportionnel des besoins en eau. Si La Réunion qui reçoit environ 7 milliards de mètres cube d’eau par an, est bien dotée par la nature, le sol, évidemment volcanique, s’avère très perméable, facilitant infiltrations profondes et abandantes déperditions en mer. Aujourd’hui, on consomme une eau prélevée à 50% en surface. L’autre moitié provient de forages qui puisent dans les nappes phréatiques ; lesquelles sont essentiellement situées en zone littorale quand elles sont exploitées, pour d’évidentes raisons pratiques. En revanche les ressources souterraines situées sous les reliefs de l’île recèlent potentiellement d’importantes réserves. Ne serait-ce qu’en ce qui concerne le massif de la Fournaise qui recevrait bon an, mal an, 2,8 milliards de m3 de précipitations, dont 70% s’infiltreraient dans le sol, constituant un énorme réservoir d’eau, les perspectives sont encourageantes. Encore faut-il pouvoir mettre ce potentiel en exploitation de façon rentable. Comment expliquer ces paradoxes insulaires ? Notre île dispose d’un climat tropical humide, Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 avec deux saisons qui rythme la distribution naturelle en eau. L’hiver austral ou saison sèche, et l’été austral, saison cyclonique et donc pluvieuse. Même très pluvieuse puisque La Réunion a enregistré tous les records mondiaux de pluviométrie. Tout ça parce que nous bénéficions de l’anticyclone de Sainte Hélène, des Alizés qui soufflent Est-Sud Est, et de la Zone de Convergence Inter-Tropicale où convergent les Alizés des deux hémisphères. A ces influences il faut ajouter les effets induits de nos reliefs, La Réunion étant une « île haute ». Le Piton des Neiges partage l’île en deux zones distinctes. La côte au vent à l’Est, servie et arrosée par les Alizés toute l’année. La côte sous le vent, à l’Ouest, protégée par le relief et préivée de l’essentiel des précipitations. Autres effets dynamqies à prendre en compte, les régimes de brises qui alternent le jour et la nuit. La brise de Terre, nocturne, souffle des terres vers le large, emportant avec elle les senteurs et fragrances des champs et forêts, malheureusement aussi la pollution des zones urbanisées. La brise de mer, diurne, apporte aux terres le souffle frais et régénérateur de l’océan. Sols et sous-sols sont extrêmement perméables Néanmoins, la dissymétrie Est/Ouest est indubitable. Quand il peut tomber 7m par an à Takamaka, et jusqu’à 10 mètres par an sur les pentes de la Fournaise, à Saint-Gilles, il ne pleut que 525 mm de moyenne… Un bonheur pour les amateurs de soleil et d’atmosphère sèche, une catastrophe en matière d’aménagement et d’agriculture. Il pleut donc en moyenne 10 fois moins sur l’Ouest que dans le reste de l’île, avec une période de sécheresse qui couvre six mois de l’année. Histoire d’arranger les choses, sols et soussols sont extrêmement perméables, autorisant des inflitrations rapides et profondes irrécupérables. Quant aux ressources en en altitude, on ne peut guère y compter ; jusqu’aux retenues collinaires des éleveurs et agriculteurs qui souffrent de la sécheresse chronique. Enfin, nappes phréatiques accessibles depuis le littoral, doivent être utilisées avec précautions car toute surexploitation implique leur perte, à cause du phénomène de biseau d’eau salée qui rend la ressource saumâtre. Trois nappes sont particulièrement sensibles à ce phénomène de salinisation : • la nappe en rive droite de la Rivière des Galets dans le secteur du Port et de la Rivière des Galets • la nappe littorale de la côte Ouest dans le secteur de la pointe des Châteaux à Saint-Leu • la nappe de la Plaine du Gol dans le secteur du Brûlé et de la plaine du Gol à Etang-Salé D’un point de vue tendance, une augmentation sensible et régulière est observée depuis quelques années dans ces secteurs. La concentration maximale admissible des chlorures dans les eaux destinées à la consommation humaine est de 200 mg/l. Le seuil gustatif est atteint à partir de 200 mg/l environ. Une concentration supérieure à 200 mg/l est problématique car les eaux deviennent laxatives, éventuellement dangereuses pour les patients atteints de maladies cardio-vasculaires ou rénales. éléments Quid de la qualité des eaux ? La qualité des eaux est initialement bonne à La Réunion, mais, des pollutions interviennent sur le cycle naturel qui doivent beaucoup à la situation anormale de l’assainissement. De fait, selon les contrôles réguliers opérés en 2006 par l’Office de l’eau, les prélèvements de surface montrent, dans 50% des stations, une pollution régulière en micro-organismes, des bactéries nommées Escherichia coli. Naturellement présentes dans les intestins des animaux à sang chaud, elles proviennent d’eaux usées d’origine domestique ou d’effluents d’élevage. Huit des treize principales rivières pérennes et deux de leurs affluents représentant la moitié des sités échantillonnés sont concernés par une contamination bactériologique. On les trouve dans le Nord et l’Est de l’île. Il s’agit de 14 stations localisées pour la moitié d’entre elles en cours aval. Ces pollutions bactériologiques résultent principalement des défauts des systèmes d’assainissement (fuite de réseaux, rejets directs, stations d’épuration collectives ou équipements individuels défaillants) et peuvent résulter de rejets d’effluents d’élevage. S’agissant des eaux souterraines, plus des 2/3 des stations suivies soit 8 stations révèlent une contamination particulièrement marquée par les nitrates (plus de 10 mg/l). Il convient de noter que pour les nitrates la limite de qualité vis-à-vis de l’eau potable est de 50 mg/l. Les nitrates, comme engrais, constituent le principal aliment azoté des plantes. Toutes les eaux naturelles contiennent normalement des nitrates à des doses variant selon les saisons. Les concentrations de nitrates d’origine naturelle dans les eaux de surface et souterraines sont généralement de quelques milligrammes par litre. L’accroissement des teneurs en nitrate dans les ressources en eau potable devient problématique, car, la présence de nitrates dans l’organisme humain peut provoquer des troubles tels que l’hypertension, l’anémie, l’infertilité, des troubles nerveux… entre autres. Une eau chargée en nitrates (50 à 100 mg/l) est déconseillée aux femmes enceintes et aux nourrissons. La toxicité du nitrate vient de ce que dans le corps, le nitrate est réduit par des enzymes et par des micro - organismes en nitrite. Celui-ci peut oxyder l’hémoglobine en méthémoglobine, qui ne peut plus absorber d’oxygène. L’accroissement des teneurs en nitrate provoque également un impact sur l’environnement. Il est à l’origine avec d’autres substances telles que les phosphates de l’eutrophisation des cours d’eau et du littoral. Chez nous, donc, 5 systèmes aquifères attestent d’une pollution aux nitrates : • la nappe de Saint-Denis (secteur du Chaudron- Puits du Chaudron) avec un forage d’une teneur moyenne de 20 mg/l en baisse de 2 mg/l par rapport à 2005 • de la nappe de la plaine Saint-Paul dans le secteur Nord de Savannah avec un forage (Oméga) d’une teneur moyenne de 12 mg/l • du secteur Nord de la nappe littorale de la côte Ouest avec deux forages de teneurs moyennes de 30 mg/l (F1 Hermitage) et 17 mg/l (Montée Panon). Le forage F1 Hermitage montre une augmentation de 2 mg/l par rapport à la moyenne 2005. Cette hausse se produit pour la sixième année consécutive. • du secteur de Saint-Louis de la nappe de Coco-Pierrefonds et plus particulièrement à Bois de Nèfles avec le forage Coco 1 présentant la moyenne la plus élevée à 33 mg/l. • de la nappe de la côte Sud dans le secteur de Saint-Pierre avec deux forages révélant respectivement une teneur moyenne de 22 mg/l (La Salette) et de 10 mg/l (Rivière d’Abord), teneurs en légère baisse par rapport à 2005. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 9 colonisation de la La vie A tout prix… Ile volcanique surgie de l’océan Indien il y a 3 millions d’années, La Réunion s’est recouverte d’une végétation dense et variée, s’est peuplée d’animaux surprenants. Sur la lave à peine refroidie, la vie a pris le dessus, traversant les océans, gravissant les pentes du volcan, s’agrippant aux falaises abruptes, surmontant les obstacles, contournant les difficultés. L’île s’est transformée en véritable laboratoire naturel de l’évolution. D’expérience en expérience, malgré les nombreux échecs, des espèces tout à fait originales, uniques au monde, y ont vu le jour. Chronique d’un peuplement à haut risque… Dossier réalisé par Mélanie Broin Une nature florissante Une promenade dans la forêt de Mare Longue, dans la région de Saint Philippe, laisse entrevoir une partie de la richesse floristique de l’île de La Réunion. Cette réserve naturelle, de quelques dizaines d’hectares seulement, est l’un des derniers vestiges de forêt de Bois de Couleur des Bas. Cette forêt, qui autrefois ceinturait l’île sur 45 000 hectares, s’est réduite comme peau de chagrin, du fait des défrichements subséquents à l’arrivée de l’Homme, en quête inexorable de terres cultivables. Dès les premiers pas le long de l’étroit sentier, on est tout de suite happé par la moiteur de l’atmosphère qui y règne. Sombre au premier abord, la forêt dévoile progressivement ses nuances : feuillages et écorces aux teintes et aux formes variées, foisonnement de fougères, luxuriance de la végétation. Les arbres les plus hauts culminent à 10 ou 15 mètres, avec des troncs pouvant atteindre un mètre de diamètre. Le Corce blanc effectue quelques percées dans la canopée, à 20 ou 30 mètres de hauteur. Le tronc caverneux et tortueux du Bois maigre a des allures de sculpture naturelle. Quelques vieux pieds de Bois de rempart imposent le respect. Les jeunes feuilles roses du Petit natte ne passent pas inaperçues au milieu de ce capharnaüm végétal. Le bois de fer, endémique de La Réunion, ou le Bois blanc, qui a déjà disparu de Maurice, se font quant à eux de plus en plus rares. A l’étage en dessous, s’élancent quelques arbustes que le promeneur averti reconnaîtra sans peine : Bois d’osto café, Bois de corail, Bois de joli cœur… Que l’on baisse encore les yeux et l’on sera surpris par l’abondance des mousses, fougères et orchidées qui prospèrent sur le sol, les rochers et qui n’hésitent pas à coloniser, le cas échéant, les troncs et branches des gros arbres. 10 Ces plantes épiphytes , telles que la fougère Nid d’oiseau ou les orchidées du genre Angraecum accentuent encore la densité de la végétation. Enfin, quelques Palmistes, Vacoas et Fanjans viennent renforcer, s’il en était besoin, l’exotisme ambiant. A la conquête du basalte On en oublierait presque que cette forêt a poussé sur une coulée de lave, vieille de 400 à 600 ans seulement, ce que viennent nous rappeler les nombreux affleurements de roche volcanique. Aussi, on comprend mieux pourquoi les arbres ont parfois développé à leur base de puissants contreforts, d’où partent de nombreuses racines entremêlées, leur permettant de s’agripper tant bien que mal dans un sol peu profond. On en oublierait de même que cette magnifique forêt, riche de plus de 200 espèces végétales, n’est qu’un des multiples milieux naturels que l’on peut rencontrer à La Réunion : les scientifiques en dénombrent pas moins de 130 ! De la savane littorale Ouest à la forêt de Tamarin des Hauts, en passant par les fourrés à Branles, sans oublier les forêts de Bois de couleur, les étangs ou les cours d’eau, chaque écosystème possède des caractéristiques singulières et abrite des espèces, végétales et animales, qui lui sont propres. Pourtant, lorsque La Réunion a émergé de l’Océan Indien, il y a environ 3 millions d’années, ce n’était qu’un caillou de lave désertique. D’où proviennent donc toutes ces plantes et animaux que les premiers explorateurs ont eu l’occasion d’observer en débarquant à La Réunion, et dont ils n’ont pas manqué de remarquer l’originalité ? Comment sont-ils parvenus sur cette île perdue au milieu de l’océan ? Et comment ont-ils évolué jusqu’à devenir, pour certains, uniques à La Réunion ? Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 *notes Canopée : étage supérieur de la forêt. Endémique : se dit d’une espèce qui n’existe que dans une aire géographique donnée. Par exemple, une espèce endémique de La Réunion n’existe qu’à La Réunion, une espèce endémique des Mascareignes se trouve sur au moins deux îles de l’archipel mais nulle part ailleurs dans le monde. Les espèces indigènes sont présentes sur un territoire depuis plusieurs milliers d’années, mais existent également ailleurs dans le monde. Les espèces exotiques, quand à elles, vivent en dehors de leur territoire d’origine, suite à une introduction. Par exemple, le tangue, animal malgache introduit à La Réunion, est une espèce exotique à La Réunion. Parmi les espèces exotiques, introduites par l’Homme, certaines espèces se multiplient particulièrement efficacement et se développent au détriment des plantes indigènes et endémiques. On les appelle les espèces envahissantes. C’est par exemple le cas à La Réunion de la vigne marronne, ou du rat noir. Epiphyte : se dit d’une plante pérenne (vivant plusieurs années) qui pousse sur une autre plante, sans la parasiter (ses racines ne pénètrent pas dans la plante hôte). Ecosystème : désigne l’ensemble formé par une communauté d’êtres vivants et son environnement géologique (les roches), pédologique (le sol) et atmosphérique. Les éléments constituant un écosystème développent un réseau d’interdépendances permettant le maintien et le développement de la vie. Espèce : désigne une unité de base de la systématique (classification des êtres vivants). Une espèce regroupe un ensemble d’êtres vivants qui se ressemblent (critère morphologique), qui sont capables de se reproduire entre eux (critère reproductif), et dont la descendance est fertile. Par exemple, le mulet, résultat de l’accouplement d’un cheval et d’un âne, est stérile. L’âne et le cheval appartiennent donc à deux espèces différentes. Dans la classification scientifique, une espèce est désignée par une nomenclature latine binominale, comportant le nom du genre, et le nom de l’espèce. Par exemple, le cheval appartient au genre Equus, et à l’espèce Equus caballus. Un genre rassemble différentes espèces qui sont relativement proches. Par exemple, l’âne commun appartient aussi au genre Equus mais à l’espèce Equus asinus. Photo : Sylvain Barraute Enchevêtrement de la végétation dans la forêt de Mare Longue. Colonisation de la réunion réunion Photo : Sylvain Barraute Densité de la végétation dans la réserve naturelle de Mare Longue avec, en premier plan, le Vacoa marron. Photo : Xavier Oster La Ti carambole est une orchidée épiphyte indigène, présentes aux Mascareignes et à Madagascar. Supplément gratuit du Journal de l’île du30 mars 2008 11 Colonisation de la réunion Un long et périlleux voyage Par les airs ou par la mer, tous les moyens sont bons pour rejoindre l’île. La Réunion offre une belle démonstration de la propension des êtres vivants à voyager, bon gré, mal gré. Mais le périple n’est pas sans dangers… Les terres émergées les plus proches de La Réunion sont l’île Maurice (250 km) et Madagascar (700 km). Tout comme La Réunion, l’île Maurice, de quelques millions d’années son aînée, a une origine volcanique. L’histoire de la colonisation naturelle de Maurice est donc sensiblement la même que celle de La Réunion. En revanche, Madagascar s’est détachée du continent africain dont elle faisait partie il y a environ 160 millions d’années, emportant donc avec elle sa faune et sa flore. D’après les études menées par le botaniste réunionnais Thérésien Cadet, la plupart des plantes indigènes et endémiques (voir pages précédentes) de La Réunion sont originaires de Maurice, de Madagascar ou des côtes africaines. Mais certaines plantes sont issues de parents beaucoup plus lointains, en provenance d’Asie ou d’Australie. Et il n’est pas exclu que quelques spécimens de la flore locale puissent trouver leur origine sur le continent sud américain. Mais comment donc plantes et animaux ont-ils pu parcourir de telles distances pour venir peupler cette île nouvellement surgie de l’océan ? Voler de ses propres ailes Premier constat : on ne trouve quasiment pas à La Réunion, ni sur les autres îles des Mascareignes (Maurice et Rodrigues) de mammifères terrestres indigènes. Et pour cause : ces animaux sont incapables de se déplacer sur de telles distances. Seule exception, des chauves-souris, mammifères volants, ont pu effectuer le voyage et s’installer durablement. Quant aux oiseaux, ceux qui avaient de bonnes capacités de vol ont pu atteindre ces îles par leurs propres moyens. C’est le cas des canards, pigeons, hérons, flamants, perroquets et rapaces, dont il ne reste malheureusement plus beaucoup de représentants à La Réunion, victimes de l’appétit humain. Le témoignage de Desforges-Boucher, débarquant à La Réunion en 1710 (le peuplement humain de l’île ayant débuté en 1665), est à ce titre éloquent : « Que sont devenus, messieurs, de votre glorieux règne, Biodiversité : désigne la cette quantité prodigieuse diversité du monde vivant. et innombrable de gibiers comme flamants, ramiers, Spores : organes de dispersion des plantes sans to u r te r e l l e s , s a r c e l l e s , fleur (mousses, fougères, poules d’eau, oies et canards champignons). De taille sauvages, corbigeaux, microscopique et très légères, elles sont produites en alouettes, bécassines, très grand nombre et sont merles, huppes et d’autres disséminées par le vent. gibiers du pays… Tout cela *notes a bien changé : l’on ne trouve plus de ces animaux que les faibles restes de ce qui a pu échapper à votre insatiable gourmandise ». Mis à part ces exemples, auxquels on pourrait ajouter quelques insectes (grandes libellules, papillons migrateurs), la plupart des animaux et plantes n’ont pu voyager qu’au gré de vecteurs favorables : courants marins, vents et cyclones, ou par l’intermédiaire des oiseaux. Sauvés des eaux L’archipel des Mascareignes se situe dans le sillon d’un courant maritime qui prend sa source au niveau de l’Australie et de l’Asie du Sud-Est. C’est par là que sont arrivées la plupart des plantes originaires de ces contrées. C’est aussi par ce biais que sont véhiculées les semences flottantes et résistantes des plantes littorales indigènes, comme la Liane cochon ou la Patate à Durand. C’est encore grâce à ces courants que les étangs saumâtres et les cours d’eau de La Réunion se sont peuplés de poissons et crustacés, dont une partie du cycle de développement se déroulait (et se déroule toujours parfois) en mer. Les tortues terrestres géantes des Mascareignes, exterminées par l’Homme, ont probablement échoué sur l’île à la suite d’une longue dérive par flottaison. Les troncs d’arbres charriés par les rivières en crue ont aussi pu servir de radeau à nombre de champignons, mousses, mollusques terrestres, lézards et autres insectes. Voir Lézard vert de Manapany - Bichique. Semés à tous vents Les cyclones, tant redoutés par l’Homme, sont une aubaine pour la biodiversité : balayant plusieurs îles, ils transportent dans leur sillage spores, graines légères et petits insectes. L’œil du cyclone peut même emprisonner de plus gros animaux et les aider à passer, par le jeu des ascendances, des obstacles infranchissables en temps normal : un cyclone peut traverser le bras de mer entre Madagascar et La Réunion en seulement une journée. C’est probablement ainsi que la plupart des petits oiseaux, incapables de voler sur de longues distances, sont parvenus jusqu’ici. Ces phénomènes s’observent encore régulièrement. C’est ainsi qu’en 1981, le cyclone Florine amène à La Réunion des frégates en provenance de Saint Brandon, leur faisant parcourir 600 km en 36 heures. A vol d’oiseau De nombreuses plantes « utilisent » les animaux (oiseaux notamment) comme moyen de transport. C’est le cas des fruits et baies qui sont consommés par les oiseaux, et dont les graines sont rejetées, quelques heures (et quelques kilomètres) plus tard, dans les excréments. Les fruits du Bois de fer, du Grand natte ou du Bois de lait se dispersent de cette façon. D’autres plantes donnent des fruits crochus ou collants qui s’accrochent au plumage des oiseaux (et occasionnellement aux vêtements des promeneurs !), et que ceux-ci transportent ainsi bien malgré eux sur de longues distances. Le cabot, grâce à sa nageoire ventrale en forme de ventouse, peut remonter les rivières et franchir des chutes d’eau de plus de 50 mètres. 12 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 mais encore Photos : © Jean-Michel Probst Le radeau du lézard vert de Manapany Le lézard vert de Manapany [Phelsuma inexpectata] est un petit Gecko endémique de La Réunion et très rare. Sa répartition géographique se limite en effet à la région de Manapany, entre Grande-Anse et l’embouchure de la rivière Langevin, et à moins d’un kilomètre du littoral. Il vit préférentiellement dans les Vacoas, et se nourrit de fruits et de petits insectes. La femelle pond des œufs regroupés par deux, généralement fixés à la base des branches d’arbres. Cette espèce dériverait d’une souche proche vivant à Maurice (Phelsuma ornata), et serait arrivée à La Réunion sous forme d’œufs accrochés à un radeau flottant. L’hypothèse est d’autant plus plausible que les œufs ont une coquille solide leur permettant de résister à la déshydratation et à l’eau salée. Par ailleurs, la présence de différentes espèces du genre Phelsuma dans la plupart des îles de l’Océan Indien indique une réelle capacité de dissémination comparée à d’autres reptiles. La double vie des bichiques Sous le nom barbare de Sicyopterus lagocephalus se cache en fait un (ou plutôt deux) poissons bien connus des réunionnais : les bichiques et les cabots, qui sont en fait respectivement la forme juvénile et la forme adulte d’une seule et même espèce. Les cabots adultes vivent dans les cours d’eau torrentiels, se nourrissant d’algues qui recouvrent les galets. Les femelles pondent des grappes d’œufs accrochés aux rochers immergés. Après l’éclosion, des milliers d’alevins translucides sont entraînés vers la mer, où ils vont se nourrir et se développer. Leur croissance terminée, ils se regroupent à l’embouchure des cours d’eau (c’est à ce stade qu’ils sont pêchés). Quelques heures après leur passage en eau douce, ils prennent une coloration gris-noir. Leurs nageoires ventrales soudées forment une ventouse qui leur permet de s’agripper aux rochers pour remonter les cours d’eau. On peut aisément imaginer que l’espèce soit parvenue à La Réunion par la mer et ait ainsi colonisé les cours d’eau. Si nombre d’individus périssent au cours de leur traversée, ceux qui réussissent à rejoindre la terre ferme ne sont pas au bout de leurs peines ! Car le milieu n’a pas toujours été des plus accueillants. Et trouver les conditions favorables pour survivre et se reproduire n’est pas une mince affaire… Tous les moyens de transport sont pour le moins aléatoires, et les chances d’arriver à bon port sain et sauf restent somme toute fort maigres. Mais ce n’est pas tout ! Une fois sur l’île, encore faut-il trouver les conditions favorables pour vivre et prospérer. Combien d’individus sont morts, ensevelis sous une coulée de lave, ou faute de nourriture ? Combien d’animaux ont attendu en vain qu’un partenaire de sexe opposé vienne enfin les rejoindre, et ont fini par périr sans laisser de descendance ? Une « place au soleil » qui se mérite Les plantes, quant à elles, ont un peu plus de chance : elles sont pour la plupart hermaphrodites (le même individu porte les organes sexuels mâle et femelle) et autofertiles. Ainsi, l’arrivée d’une seule graine peut être suffisante pour l’implantation d’une population. Mais au départ, le milieu était pour le moins hostile : quelle graine peut germer sur un bloc de lave à peine refroidi, sans un brin de sol où planter ses racines ? Seuls les lichens (symbioses entre un champignon et une algue microscopique), tels les « Fleurs de roche » observées sur les coulées volcaniques récentes, Colonisation de la réunion Les secrets d’une implantation réussie en sont capables. Après eux, ce sont les mousses qui colonisent les anfractuosités humides de la roche. Elles laissent derrière elles des dépôts de matière organique dans lesquels les fougères vont pouvoir prendre racine. C’est ensuite au tour des arbres pionniers de s’installer, comme le Bois de rempart. Toutes ces espèces colonisent le milieu grâce à des semences petites et légères qui sont portées par le vent. Leurs racines fragmentent progressivement la roche pour constituer, avec les débris végétaux en décomposition, un début de sol. Viennent enfin d’autres arbres : Bois de fer bâtard, Petit natte… dont les graines sont apportées par les oiseaux, qui se font de plus en plus nombreux au fur et à mesure que la strate arborée se développe. Petit à petit, la végétation se densifie et les espèces héliophiles (qui affectionnent le soleil) laissent la place aux espèces de sousbois qui poussent à l’ombre du couvert végétal. Ce scénario, qui est celui de la colonisation d’une nouvelle coulée à La Réunion, ressemble probablement (en accéléré) au film qui s’est déroulé à la naissance de l’île. Lentement mais sûrement Finalement, la réussite de la colonisation de l’île s’est construite sur un petit nombre de succès parmi un océan d’échecs. Mais, 3 millions d’années après l’émergence de l’île, le résultat est bien là, tangible. Ou du moins il l’était à l’arrivée de l’Homme, avant que celui-ci ne bouleverse de façon profonde et irréversible les fragiles équilibres en jeu. En effet, les premiers explorateurs débarquant à La Réunion ont été frappés par la luxuriance, la diversité et l’originalité de la nature. Originalité car une fois installées, de nombreuses espèces ne se sont pas contentées de se maintenir dans le milieu, mais ont évolué pour finalement diverger de leur souche d’origine et aboutir à la formation d’une nouvelle espèce. Photo : Benoît Petitcolas Les fougères, dont les spores légères sont amenées par le vent, sont parmi les premières plantes à coloniser les coulées de lave. Elles s’installent dans les fissures de la roche où l’humidité ambiante a déjà permis l’implantation de lichens et de mousses. *note Symbiose : association intime et durable entre deux organismes d’espèces différentes, chacun en retirant un bénéfice. Chez le phasme, la femelle peut se reproduire sans l’intervention d’un mâle. Photo : Frédéric Mayet Végétation des sommets : même si l’île s’est peu à peu recouverte de végétation, le milieu n’a pas toujours été des plus accueillants pour les nouveaux venus. En altitude, les végétaux doivent faire face au froid et à la sécheresse, accentuée par la faible épaisseur du sol qui ne permet pas de retenir l’eau. Pour conquérir ces milieux difficiles, les plantes, comme ces branles, ont dû développer des trésors d’adaptations. mais encore Vœu de chasteté Les phasmes sont aussi appelés « insectes brindilles » du fait de leur mimétisme avec les tiges, branches ou feuilles. Mais on aurait tout aussi bien pu les baptiser «nonnes». En effet certains d’entre-eux, (une douzaine d’espèces recensées aux Mascareignes), ont la particularité de pouvoir se reproduire de façon asexuée : les femelles pondent des œufs fertiles sans qu’interviennent de mâles. A leur éclosion, les œufs ne donnent que des femelles. Dans ce cas, l’arrivée d’un seul individu peut être à l’origine d’une colonisation réussie. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 13 Colonisation de la réunion *notes Batraciens : ce terme désigne les animaux de la famille des grenouilles, crapauds, etc. Légumineuses : ce terme désigne une famille de plantes dont les fruits forment des gousses contenant les graines (haricots, tamarins, lentilles, etc.). Théorie de l’évolution : théorie décrivant le processus par lequel les populations d’êtres vivants se modifient au cours du temps et donnent naissance à de nouvelles espèces. Initialement exposée par Charles Darwin en 1859 dans son livre « L’origine des espèces », elle s’est progressivement enrichie des apports de la génétique, de la biologie moléculaire et de la paléontologie (étude des fossiles). La théorie de l’évolution ne cesse d’évoluer et il reste encore de nombreuses zones d’ombres à éclaircir. Selon la théorie synthétique de l’évolution, l’évolution est causée, d’une part, par la présence de variations parmi les traits héréditaires d’une population d’individus (mutations). Et d’autre part, par divers mécanismes qui favorisent la propagation de certains traits héréditaires plutôt que d’autres, dont les principaux sont la sélection naturelle (les individus les mieux adaptés à leur environnement sont favorisés dans la population) et l’effet fondateur (certains individus seront favorisés par hasard). Exemple : une population de girafes vit dans une savane africaine. Dans cette population, les individus présentent des longueurs de cou variables (variabilité naturelle due à la diversité génétique au sein d’une espèce). Premier scénario : les ressources alimentaires sont abondantes, il n’y a pas de compétition entre les individus de l’espèce et avec d’autres espèces. La pression de sélection est faible ou nulle, la longueur du cou est toujours aussi variable de génération en génération. Deuxième scénario : le climat devient plus sec, les végétation se raréfie. Il y a moins de nourriture disponible pour les herbivores. Les girafes se retrouvent en compétition pour les ressources alimentaires, entre elles et avec les autres herbivores (gazelles, etc.). Conséquence : les individus qui ont un petit cou auront plus de mal à se nourrir, beaucoup mourront de faim avant d’avoir pu se reproduire. Les individus ayant un cou plus long seront les seuls à pouvoir brouter les feuilles en haut des arbres. Ils ne manqueront pas de nourriture et pourront se reproduire. Le caractère « long cou », héréditaire, sera transmis aux générations suivantes. Ainsi, à chaque génération, les individus ayant un long cou seront « sélectionnés » au détriment des individus ayant un petit cou. Au bout d’un moment, toutes les girafes auront un long cou, l’espèce aura évolué sous l’effet de la sélection naturelle. Troisième scénario : une partie du continent africain se détache pour former une île. Sur cette partie, il y a quelques girafes. Par le hasard de l’échantillonnage, ces quelques girafes, qui se retrouvent isolées de la population continentale, ont un cou plutôt court. Elles vont former une nouvelle population en se reproduisant entre elles. Le caractère « petit cou » va se transmettre de génération en génération, non pas parce qu’il est avantageux, mais parce que c’était le seul caractère présent dans la population fondatrice. Dans ce cas, on aboutit à une population de girafes à petit cou par ce que l’on appelle un effet fondateur. Patrimoine génétique : c’est l’ensemble des gènes que possède un individu et qui lui sont propres. Une partie de ce patrimoine génétique est transmise à la descendance, de génération en génération. Niche écologique : désigne un ensemble de conditions physiques et biologiques du milieu, occupé par une espèce ou une population. Genre : voir p. 10 14 Evolution en action Coupés de leur milieu et de leur population d’origine, les êtres vivants qui sont parvenus à fonder un peuplement à La Réunion ont été amenés à évoluer. Par hasard ou par nécessité… Mais ce milieu original, fragile et préservé, n’a pas résisté longtemps à l’arrivée de l’Homme. On l’a vu, rejoindre une île lointaine relève d’un véritable parcours du combattant pour les êtres vivants. C’est pourquoi un nombre relativement restreint d’espèces réussissent à s’y implanter durablement. A titre d’exemple, le nombre de fougères et plantes à fleur indigènes et endémiques identifiées sur l’archipel des Mascareignes atteint un peu plus de 1 000 espèces, tandis que la Grande Ile, Madagascar, en compte plus de 10 000. La comparaison entre les végétations de Madagascar et de La Réunion est d’ailleurs intéressante. Tout d’abord, on constate que certains groupes malgaches sont rares ou absents à La Réunion (mammifères, baobabs, batraciens, légumineuses…) quand d’autres sont sur représentés (ébéniers, mahots, charançons…) Cela n’a rien d’étonnant puisque seules les espèces suffisamment abondantes au départ, facilement transportables, et capables de s’adapter à de nouvelles conditions écologiques, ont des chances significatives de réussite. Par ailleurs, la côte au vent réunionnaise montre des ressemblances marquées avec la côte orientale malgache, à latitude égale. En revanche, les zones sèches des deux îles n’ont rien en commun. Conclusions : d’une part, c’est majoritairement la côte Est malgache qui a ensemencé La Réunion. Ce qui semble somme toute assez logique au regard des possibilités de dissémination par le vent ou les courants marins. D’autre part, cela signifie que la plupart des plantes de la côte ouest réunionnaise, caractérisée par un climat sec, ont acquis leur caractère de résistance à la sécheresse après leur arrivée sur l’île, donc par un processus d’évolution. Un laboratoire naturel de l’évolution des espèces Ainsi, l’archipel des Mascareignes, sorte de laboratoire naturel de l’évolution des espèces, aurait très bien pu servir de base scientifique à Charles Darwin pour étayer sa théorie de l’évolution, à l’instar des îles Galápagos. En effet, aux Mascareignes, 60% des plantes à fleur et près de 90% des mollusques terrestres et des oiseaux sont endémiques : on ne les trouve nulle part ailleurs dans le monde. Isolés de leur population d’origine, ils s’en sont progressivement différenciés jusqu’à former une nouvelle espèce. Dans ce contexte, l’effet fondateur, dû au hasard, est le principal facteur de l’évolution. En revanche, les espèces pour lesquelles les échanges reproductifs avec les populations d’origines ne se sont pas interrompus présentent un taux d’endémisme moindre. C’est le cas des fougères (seulement 20% d’endémiques). Leurs minuscules spores, facilement transportées par le vent, parviennent régulièrement sur l’archipel et continuent à se croiser avec les populations Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 locales. Chez les mollusques marins, le taux d’endémisme ne dépasse pas les 10% en raison d’un flux continu de nouveaux arrivants par la voie maritime. Fait intéressant, si le laps de temps entre deux arrivées est suffisamment long pour que la population primo arrivante se soit déjà différenciée, deux espèces distinctes issues de la même souche peuvent alors coexister. Le monde à l’envers En règle générale, lors d’une modification de l’environnement, c’est l’impitoyable « sélection naturelle » qui exerce une pression évolutive sur les espèces. Ainsi, les individus présentant un avantage sélectif sur leurs congénères, ou les mieux adaptés au nouveau milieu, se reproduisent plus efficacement au cours de leur vie et leur patrimoine génétique est ainsi favorisé dans la descendance de l’espèce. En milieu insulaire jeune, c’est le contraire qui se produit ! Le milieu étant moins saturé, il y a moins de compétition pour les ressources, et souvent pas de prédateurs. La pression de sélection naturelle se relâche, ce qui a pour conséquences de profondes modifications morphologiques et comportementales. C’est ce que l’on appelle le « syndrome d’insular ité ». Premier symptôme : l’élargissement des niches écologiques. Cela consiste à augmenter sa gamme de ressources alimentaires (pour les animaux) ou d’habitats (pour les plantes). Exemple : le Bois blanc, endémique des Mascareignes, vit dans les forêts humides jusqu’à 700 mètres d’altitude alors que les autres espèces du même genre sont habituellement côtières. Deuxième symptôme : la perte des capacités de dissémination. S’il peut être avantageux pour une espèce vivant en milieu continental de se disperser sur de longues distances, la question ne se pose plus sur une île de surface réduite. Ainsi, chez les espèces animales originellement migratrices, la sédentarité sera favorisée, cas par exemple de l’Hirondelle de Bourbon. Troisième symptôme : le gigantisme insulaire. En l’absence de prédateurs, la petite taille (permettant de s’enfuir plus vite et de se cacher plus facilement) ne représente plus un atout. Rien ne s’oppose alors à une augmentation de la taille comme ce fut le cas des tortues terrestres géantes. Quatrième et dernier symptôme : la diminution des défenses. En l’absence de prédateurs, ce relâc hement des comportements de fuite, parfois poussé jusqu’à la perte des capacités de vol, a été fatal à la plupart des gros oiseaux des Mascareignes lors de leur confrontation avec l’Homme. En 1668, Dellon nous livre ce témoignage : « Il y a dans l’île Bourbon des pigeons, des tourterelles, des perdrix et une infinité d’autres oiseaux, mais surtout quantité de perroquets. On les prend aisément à la main, ou tout au plus avec un bâton ». Ndlr : voir Zoizo blanc & Solitaire. Un si fragile équilibre S’il a fallu à la nature plusieurs millions d’années pour construire ce riche et fragile édifice, 300 ans ont suffi à l’Homme pour en détruire la majeure partie. Le prélèvement abusif a fait disparaître plusieurs dizaines d’espèces de ver tébrés uniques aux Mascareignes. Les défrichements en quête de terres agricole et l’urbanisation n’ont épargné qu’un quart des habitats naturels primaires de La Réunion. La régénération des écosystèmes naturels restants est menacée par les espèces envahissantes introduites. De nombreuses espèces endémiques sont toujours menacées d’extinction. Avec la volonté de tous : citoyens, scientifiques, politiques, elles pourront peut-être être sauvées. Photo : Claire Micheneau et Jacques Fournel A La Réunion, l’orchidée Angraecum striatum s’est adaptée à son environnement. Sa reproduction est assurée par le Zoizo blan qui, en se nourrissant de son nectar, transporte le pollen d’une fleur à une autre. mais encore Une orchidée pas comme les autres Photo : Thierry Joët Le branle vert est une espèce endémique de La Réunion. Ses minuscules feuilles recourbées et dressées sont une adaptation aux conditions extrêmes d’altitude (froid et sécheresse). Les orchidées du genre Angraecum font de grandes fleurs blanches isolées, ornées d’un long éperon filiforme contenant du nectar. Au crépuscule, ces fleurs libèrent un doux parfum qui attire les papillons de nuit. Munis d’une longue et fine trompe, ils collectent le nectar à l’intérieur de l’éperon floral pour s’en nourrir. Ce faisant, le papillon appuie sa tête contre la fleur et en prélève involontairement le pollen agglutiné. En butinant une autre fleur, le papillon y dépose tout aussi involontairement son chargement de pollen sur les organes sexuels femelles, assurant ainsi la reproduction sexuée de la plante. Chaque espèce d’Angraecum dépend pour sa reproduction d’une seule espèce de papillon, dont la longueur de la trompe est la même que celle de l’éperon. Les fleurs d’Angraecum striatum, espèce endémique de La Réunion, présentent un aspect différent : elles sont plus petites, groupées, non odorantes, avec un éperon de forme conique, moins long et plus large. Des chercheurs de l’Université de La Réunion se sont aperçus que ces fleurs étaient visitées, non pas par un papillon, mais par le Zoizo blan, petit passereau lui aussi endémique. Ainsi, par on ne sait quel ‘miracle’ dont l’évolution est capable, les fleurs d’Angraecum striatum se sont modifiées par rapport à l’espèce d’origine, permettant au Zoizo blan d’ajouter ce nectar à son alimentation tout en assurant la reproduction de la plante. La fleur étant arrivée sur l’île sans son pollinisateur, elle n’a pu survivre qu’en s’adaptant à ces nouvelles conditions. Colonisation de la réunion Photo : Julien Paillusseau (d’après une illustration du Museum d’Histoire Naturelle de Saint Denis) Représentation du Solitaire de Bourbon, oiseau endémique de La Réunion disparu peu après la colonisation humaine de l’île. D’après Claire Michenau, Jacques Fournel et Thierry Pailler, Unité mixte de recherche « Peuplement Végétaux et Bio-agresseurs en Milieu tropical », Université de la Réunion. Le syndrome d’insularité Le syndrome d’insularité est parfaitement illustré par le fameux Dodo mauricien. Dérivant d’un oiseau volant de la famille des pigeons, il pouvait atteindre 12 kg, était incapable de voler et peu farouche. Bien qu’adopté comme emblème de notre bière locale, on ne trouvait pas de Dodo à La Réunion, mais le Solitaire de Bourbon. Egalement peu apte au vol (« cet oiseau se prend à la course, ne volant que bien peu » écrit Dubois en 1672), il était plus petit (3 à 4 kg) et dérivait d’un Ibis africain ou australien. Ces oiseaux, qui étaient frugivores, contribuaient à la dissémination d’un grand nombre d’arbres et de palmiers. Leur disparition, ainsi que celle d’une trentaine d’autres animaux, n’a fait qu’accélérer la raréfaction d’un grand nombre de plantes endémiques qui en dépendaient pour la dispersion de leurs graines. Pour en savoir plus… • « Foret de la Mare Longue. Guide botanique. » de l’Office National des Forêts de la Réunion. • « Guides milieux naturels. Réunion, Maurice, Rodrigues. » de Frédéric Blanchard, éditions ULMER. • « Animaux de la Réunion » de Jean-Michel Probst, Azalées éditions. • « Le grand livre des oiseaux de la Réunion » de Armand Barau, Nicolas Barré et Christian Jouanin, éditions Orphie. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 15 dossier genèse Ile était une fois… Les îles sont toujours un peu mystérieuses. La Réunion, par exemple, que l’on nomma Forest of England, Isle of pearls, Mascarenhas, Apolonie, Bourbon ou Eden, au fil des escales, a dérivé dans le secret des portulans et des pilotes, ignorée des nations policées, préservée de l’humaine industrie, parée des fastes de l’âge d’or. D’où venait donc cet Eden sis par-delà les flots de la mer océane, aux confins du monde connu ? Les îles ne flottant pas, n’en déplaise aux conteurs, La Réunion n’est qu’une portion émergée de notre bonne vieille planète. C’est même un point du globe d’où le feu central tend à jaillir avec une régularité notable. Pour comprendre d’où vient nôtre île, il nous faut remonter fort loin dans le temps, car ne serait-ce que pour donner naissance à un océan, la Terre doit travailler quelques dizaines de millions d’années ! Un long travail qui nécessite 16 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 quelques explications. La connaissance est à ce prix. Et la science moderne rejoint, au commencement des temps, les grands mythes d’où sont issues les religions. Au commencement… parce qu’il faut bien une cause première à ce phénomène observable qu’est l’univers qui nous héberge, au commencement donc, il y a environ 15 milliards d’années, l’univers était condensé dans un état hyper-dense : plusieurs milliards de milliards de tonnes par cm3. Une singularité, un peu comme un trou noir. Une bille univers qui contenait toute l’énergie, toute la matière, tout l’espace passé et à venir… Cette bille aurait alors explosé et l’univers, depuis, ne cesse de se disperser et de s’étendre. Pourquoi ? On n’en sait rien. Ce qui précède le fameux «big bang» échappe tout à la fois à notre physique comme à toute forme d’expérience ou de cognition humaine. Autant y loger les dieux… Quoi Couverture Croûte continentale sédimentaire (30-65 km) SIAL Croûte océanique Atmosphère (5-15 km) SIMA Biosphère & d=2,7 Hydrosphère 0 70-150 700 Voir plus ci-contre MANTEAU INFÉRIEUR CROUTE OCÉANIQUE d=3,3 Lithosphère NOYAU EXTERNE 2270 km CROUTE CONTINENTALE d=3,2 2885 2885 km dossier genèse MANTEAU SUPÉRIEUR d=3 MOHO Manteau Supérieur 5155 NOYAU INTERNE 70-150 km Asthénosphère 1216 km 700 km 6371 km Manteau inférieur d=5,5 d=9,5 Échelle non respectée Noyau externe d=11,5 d=12 GUTENBERG (2885 KM) LEHMANN (5155 KM) La Terre, telle que photographiée en 1977 par Apollo 17. Crédit image : NASA. La différenciation planétaire a conduit la matière constitutive de notre planète à s’organiser en trois couches concentriques de densité croissante jusqu’au cœur. qu’il en soit, notre univers est composé de millions de galaxies parmi lesquelles la Voie Lactée. Notre galaxie. Elle compte environ 200 millions d’étoiles dont celles qui forment notre système solaire qui s’est constitué il y a environ 4,55 milliards d’années. Dans notre système solaire, 8 planètes gravitent autour du Soleil. Mercure, Vénus, la Terre et Mars, les plus proches du Soleil, sont des planètes telluriques, solides, au diamètre faible mais à densité élevée. Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, plus éloignées du soleil, sont des planètes gazeuses qui entourent un petit noyau solide. Elles ont une densité faible et un diamètre important. Pluton, qui fut la 9e planète du système solaire, bien que solide a été rétrogradée le 24 août 2006 au rang de planète naine. La Terre étant située sur une orbite qui la place à une distance idéale du soleil, bénéficie d’une température moyenne de surface d’environ 15°. Ainsi, l’eau se présentet-elle sous ses trois états liquide, gazeux et solide, autorisant le développement de la vie, fait unique dans le système solaire. La formation des planètes résulte de l’action de la force de gravitation. Des grains de matière se sont regroupés, jusqu’à former des planétésimaux d’un km de diamètre, puis des protoplanètes et enfin une planète. On appelle ce phénomène l’accrétion. Lors de constitution de la Terre, la chaleur issue de l’impact des multiples bombardements météoriques a sans doute conduit la planète à se présenter sous la forme d’une boule de matière en fusion. Un état qui a entraîné la séparation des composants chimiques selon leur point de fusion et leur densité. Les éléments les plus lourds, comme le fer ou le nickel coulant vers le centre de la planète, quand les plus légers, comme la silice et l’aluminium migraient vers la surface. Trois couches concentriques de densité croissante jusqu’au cœur se sont alors formées. Un phénomène appelé la différenciation planétaire. La croûte, qui ne représente qu’un pour cent du volume de la planète, est épaisse d’environ 7 km sous les océans et de 30 km sous les continents. C’est le sismologue croate Mohorovicic qui a mis en évidence une telle discontinuité de la matière. *notes Croûte Couche extérieure solide de la Terre. Elle mesure en moyenne 40 km d’épaisseur au niveau des continents (croûte continentale) et seulement 5 km sous les océans (croûte océanique). Discontinuité surface entre deux milieux de propriétés différentes. Limites physiques ou chimiques, certaines discontinuités remarquables segmentent l’intérieur de la Terre : le Moho, la discontinuité de Gutenberg ou la discontinuité de Lehman. Lithosphère C’est la partie superficielle de la Terre. Regroupant la croûte et la partie superficielle du manteau, elle est caractérisée par ses propriétés mécaniques (solide et cassante) et thermiques (propagation de chaleur par conduction). Elle est constituée d’un certain nombre de plaques tectoniques qui se déplacent les unes par rapport aux autres. La Voie lactée, The milky way en anglais, est la gamlaxie au sein de laquelle se situe notre bon vieux système solaire, parmi 30 millions d’étoiles ; cette vue d’artiste nous la montre sous la forme d’une galaxie spiralée, selon les observations conjointes Spitzer Space Telescope de la NASA et des astronomes de l’Université du Wisconsin. NASA/JPLCaltech/R. Hurt (SSC/Caltech) On la nomme le Moho en son honneur. Le manteau représente quant à lui 83% du volume terrestre. Il s’étend du Moho à la discontinuité de Gutenberg, profonde de 2900 km. Il est séparé en un manteau supérieur (de 30 à 670 km) et un manteau inférieur (de 670 km à 2900 km). Du Moho à 100 km, le manteau supérieur s’associe à la croûte pour former la lithosphère au comportement rigide. Toujours dans le manteau supérieur, la zone qui s’étend de 100 à 250 km de profondeur s’appelle l’asthénosphère. Le noyau a été mis en évidence par Gutenberg (Ndlr : pas l’imprimeur), qui a montré une discontinuité vers 2900 km présentant une zone d’ombre et caractérisant la présence d’un noyau. Celui-ci peut-être décomposé en un noyau externe au comportement liquide et un noyau interne solide (graine) à une profondeur de 5100 km. Manteau C’est la couche intermédiaire entre le noyau planétaire et la croûte terrestre composée de péridotites en fusion. Le manteau représente un peu plus de 80 % du volume de la Terre. Il est séparé de la croûte par la discontinuité de Mohorovicic ou moho (profondeur : 35 km), et du noyau par celle de Gutenberg (profondeur : 2 900 km). Asthénosphère Partie ductile (souple) du manteau terrestre, directement située sous la lithosphère rigide. Son épaisseur varie entre environ 100 km sous les océans (quelques kilomètres au niveau des rifts océaniques) et environ 250 km sous les continents. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 17 dossier genèse En 1831, Katsushika Hokusai (1760-1849) peint la silhouette d’une vague géante s’apprêtant à engloutir de fragiles barques. Instantané d’un tsunami, terme japonais passé depuis à la postérité. Ça bouge, ça craque ça éructe… Force est de constater que les forges de Vulcain sont toujours allumées et que notre Terre est animée par nombre de phénomènes, plus ou moins violents, plus ou moins perceptibles. Le domaine d’étude de la «géodynamique interne». De là, on va finir par arriver au contexte qui explique la formation de notre île. Les grands phénomènes géologiques comme les tremblements de terre, les volcans, la formation des océans et des grandes chaînes de montagnes sont expliqués par le modèle de la tectonique des plaques. Le déplacement de ces plaques, encore appelé dérive des continents, est la manifestation tangible de la dynamique qui affecte le centre de la Terre. Cette dynamique résulte du flux thermique provenant de la chaleur dégagée par la désintégration des éléments radioactifs contenus dans les roches. Cette énergie thermique est transformée en énergie mécanique par des courants de convection. Le genre de phénomène que l’on peut observer au sein de l’eau portée à ébullition dans une casserole. L’eau chaude s’élève vers la surface en créant un courant ascendant. Le même genre de phénomène qui conduit l’air chaud à s’élever en bulles au sommet desquelles se développe un nuage blanc (cumulus), sous lequel spiralent grands oiseaux et planeurs… Comme la lithosphère est 18 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 composée de 12 grandes plaques majeures et de nombreuses petites plaques, les activités sismiques et volcaniques à la surface du globe sont localisées au niveau des jointures entre les 12 plaques lithosphériques majeures, car c’est là que s’exercent les plus fortes contraintes liées à leur déplacement. La formation de la croûte océanique résulte d’une forte activité volcanique au niveau des dorsales. Cette activité se traduit en surface par une divergence des plaques lithosphériques et une expansion* de l’océan. Comme la Terre ne peut pas augmenter sa taille en allongeant ses océans, cette divergence est compensée ailleurs par une résorption de la lithosphère océanique. Elle s’enfonce dans l’asthénosphère dans des zones de subduction. Ces zones de forte activité géologique se singularisent par la présence de fosses océaniques allant jusqu’à 11000 mètres de profondeur. Il s’agit ici d’un contexte de convergence des plaques lithosphériques. D’autres phénomènes de convergence peuvent provoquer une collision entre deux lithosphères continentales et sont à l’origine de la création des chaînes de montagnes. Des failles transformantes segmentent les dorsales en tronçons et sont remarquables par leur activité sismique importante. Ainsi, en Californie, la faille de San Andreas qui traverse la ville de San Francisco, conduira-t-elle la ville de Los Angeles à se trouver à la hauteur de Frisco, dans 10 000 ans, au rythme de 5,5 cm de déplacement par an ! Ce qui laisse présager de sacrés séismes ! La population attend d’ailleurs le «big one» qui devrait être un cataclysme de première ampleur, sans commune mesure avec tout ce que la ville a connu plus tôt… Laccadives rid e oc Maldives éa ni qu Réunion rid Chagos rid eo cé an iqu e ue niq éa c eo e L’île de La Réunion est située sur la plaque Afrique, à l’extrémité sud-ouest d’un grand linéament volcanique qui recoupe l’ensemble de l’Océan Indien jusqu’à la province volcanique du Deccan dans le centre de l’Inde. Convection Circulation de chaleur avec déplacement de matière. La convection assure le transfert de chaleur dans le manteau. Divergence Mouvements d’écartement de deux plaques lithosphériques. La divergence est le phénomène à l’origine de la naissance et de l’expansion des océans. Aujourd’hui un océan est en train de naître en Ethiopie au niveau du rift est-africain dans la région de l’Afar. Tout laisse à penser que la mer Rouge va s’agrandir dans les prochains millions d’années et devenir un océan. Le rift est-africain s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres : des zones de dépression nombreuses près des grands lacs africains sont marquées par un volcanisme important générant du basalte. Des études sismiques ont montré que la lithosphère continentale s’est amincie dans cette région. Une croûte océanique est en formation, encadrée par les deux blocs de croûte continentale. C’est véritablement la partie émergée d’une nouvelle dorsale qui se met en place et plonge sous la mer Rouge. Convergence Mouvements de rapprochement de deux plaques lithosphériques. L’une peut plonger sous l’autre (subduction) ou elles peuvent entrer en collision et créer ainsi une chaîne de montagne. Les zones de convergence sont caractérisées par une forte sismicité et des reliefs élevés. Dorsale Relief sous-marin volcanique caractérisant l’écartement de deux plaques lithosphériques. Le magma issu de ces zones en extension forme la croûte océanique. Expansion océanique Augmentation de la surface du fond des océans par apport de matériaux profonds (roches magmatiques), au niveau des dorsales océaniques. Fosse océanique Dépression sous-marine profonde (jusqu’à 100 km), longue et étroite, présente le long d’un continent ou d’un archipel dans les zones de subduction. Plaque lithosphérique (plaque tectonique) Ensemble rigide formé par la croûte terrestre et la partie supérieure du manteau. Les plaques océaniques sont plus minces que les plaques continentales. Leur épaisseur dépend de leur refroidissement, donc de leur âge. Les plaques se déplacent à la surface de la terre en une série de mouvements que l’on appelle la tectonique des plaques. Séisme Un tremblement de terre, ou séisme, résulte de la libération d’énergie accumulée par les déplacements et les frictions des différentes plaques de la croûte terrestre, traduits par la propagation d’ondes sismiques. La majorité des séismes n’est pas ressentie par les humains. Subduction Processus intervenant lors de la convergence entre deux plaques tectoniques. Une plaque plongeante va retourner dans l’asthénosphère en prenant appui sur une plaque chevauchante. Il peut s’agir de deux plaques océaniques entre elles ou d’une plaque océanique et d’une plaque continentale. Les zones de subduction ont une topographie aux forts reliefs positifs et négatifs et sont le siège d’une activité géologique importante. Le 18 avril 1906, à 5h12, la faille de San Andreas provoqua un un énorme séisme de 8,3 sur l’échelle de Richter qui dévasta San Francisco la capitale de la ruée vers l’or. La plaque Pacifique se déplaça brusquement d’environ 6 m vers le Nord ! La faille de San Andreas marque la frontière le long de laquelle les plaques Nord-américaine et Pacifique coulissent horizontalement. La plaque Pacifique tournant, les côtes de Californie glissent lentement vers le Nord, devant le reste de l’Amérique du Nord. En l’espace de 20 millions d’années, la plaque Pacifique a bougé de 560 km par rapport à l’Amérique du Nord, soit environ 1cm par an. Mais au cours du XXe siècle, la faille s’est déplacée de près de 5 cm par an. A ce rythme, dans 10 000 ans, Los Angeles aura rejoint San Francisco… Arc insulaire éanique e oc u aq Pl Rift Dorsale Océanique Volcan éteint Plaque contientale Point chaud Plaque océ an iqu e Asthénosphère (1) Volcanisme de dorsale océanique, caractérisé par une remontée de magma au niveau d’un rift. (2) Volcanisme de dorsale océanique avec un rift envahi par les eaux d’où partent des plaques divergentes. (3) Volcanisme de zones de subduction, caractérisé par la convergences des plaques ; la plus dense, ici la plaque océanique, plongeant sous la plus légère, la plaque continental. (4) Volcanisme de zones de subduction présentant ici la convergence de deux plaques océaniques et suscitant la formation d’u arc insulaire. (5) Volcanisme intra-plaque – comme à La Réunion – caractérisé par une montée de magma formant un point chaud fixe. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 19 dossier genèse Naissance d’un océan Trapps du Deccan dossier genèse où est La Réunion ? pourquoi est-elle là ? On y vient… De façon très simplifiée, tout a commencé au début de l’ère secondaire (230 à -65 millions d’années) où un continent géant, La Pangée, se serait fragmenté en masses continentales dérivantes… La Pangée, était entourée d’un océan unique : Panthalassa. fig. 1 Il y a 160 millions d’années, entre la Laurasie (en haut) et le Gondwana (agglomérat de l’Afrique, l’Amérique du sud, l’Antarctique, l’Inde et l’Australie), en bas, se trouvait un océan baptisé Thétys. Son développement coupa La Pangée en deux masses qui préfigurèrent la répartition Nord-Sud des continents actuels (Figures 1&2). Il y a 120 millions d’années, les Amériques se séparèrent de l’Eurasie et de l’Afrique. La dérive s’organisant suivant deux directions : vers l’équateur et vers l’Ouest. Ces mouvements provoquèrent d’abord le détachement de l’Antarctique et de l’Australie, puis celui de Madagascar et de l’Inde qui débuta sa remontée vers l’Asie à travers le futur océan Indien quand l’Australie s’écartait vers le Pacifique (Figure 3). Il y a 80 millions d’années, le déplacement de l’Amérique étant plus rapide que celui de l’Eurasie et de l’Afrique, l’Atlantique va se former, puis s’élargir. Pendant le tertiaire (-65 à -2 millions d’années) et le quaternaire (jusqu’à nos jours), les continents ont progressivement adopté leurs positions contemporaines. Il y a environ 5 millions d’années, la rencontre de l’Afrique et de l’Europe a verrouillé la Méditerranée (Figure 4). Puis, le déplacement des plaques a ouvert le détroit de Gibraltar sur l’Atlantique (Figure 5). Le mouvement se poursuit… Si bien que dans quelques millions d’années la planisphère devrait ressembler à la figure 6. Et si ces déplacements se poursuivent au même rythme, ce qui n’est pas assuré, l’Afrique devrait plonger sous l’Europe, l’Inde sous le continent asiatique et la Californie devenir une île ! Une telle prospective se fonde, au niveau des dorsales océaniques, par l’étude des carottes de sédiments et des anomalies magnétiques qui permettent de déterminer les directions et les vitesses des déplacements relatifs entre les plaques. Certaines plaques ont été jusqu’à progresser de 17 cm par an ! En moyenne, les plaques bougent de 5 à 10 cm par an, certaines avancent dans une direction et d’autres se contentent de tourner sur elles-mêmes. L’alignement de volcans de «point chaud» dans les océans est également un indicateur du déplacement des plaques. Dans les Caraïbes, le Pacifique et l’océan Indien - Pour rester en France, en sus de La Réunion, la Polynésie française et… l’Auvergne (!!!) participent de ce type de volcanisme - une série de volcans éteints précède un ou des volcans en activité. Ces alignements indiquent que la plaque lithosphérique se déplace au-dessus d’un point chaud du manteau considéré comme fixe. Un peu comme une plaque de tôle que l’on déplacerait par rapport à la flamme bleue d’un chalumeau. En ce qui nous concerne, La Réunion est fixée sur la plaque Afrique. Sur les points chauds, tel celui qui a donné le Piton des Neiges et le Piton de la Fournaise, les effusions de lave 20 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 proviennent de la remontée rapide de magma d’origine profonde, vraisemblablement depuis l’interface noyaumanteau, à près de trois mille kilomètres de profondeur. Cette zone de remontées est fixe par rapport au déplacement des plaques lithosphériques. fig. 2 fig. 3 fig. 4 fig. 5 fig. 6 Tectonique des plaques Le déplacement de la plaque indienne vers le Nord a eu pour effet la migration apparente du point chaud vers le Sud. Ainsi, ce point chaud aurait édifié progressivement l’alignement des Maldives, des Chagos, le plateau des Mascareignes, l’île Maurice et l’île de La Réunion… Piton des Neiges et Piton de la Fournaise reposent donc sur le plancher océanique à - 4 200 m de profondeur (pour un diamètre moyen à la base de 200 à 240 km). La partie émergée de La Réunion ne représente approximativement qu’un trentième du volume (600 millions de km3) de l’ensemble qui mesure environ 7000 m de hauteur. La Réunion est actuellement située à 300 km environ au NordEst du point chaud qui perce la croûte océanique. Un point chaud qui serait à l’origine de la formation au Crétacé (-130 à -65 millions d’années) du plateau basaltique du Deccan (Inde). La Réunion, notre île, est donc un volcan intraplaque de type «point chaud», d’une hauteur totale de 7500 m, dont 3000 m seulement sont en surface. Son diamètre de base, sur le fond océanique, est de 240 km. Donc légèrement inférieur à la circonférence de nos côtes. L’île contemporaine est formée de deux cônes volcaniques. Le plus ancien, le Piton des Neiges, forme la partie NordOuest de l’île. Il est entré en activité il y a plus de deux millions d’années. Son activité initiale a consisté en coulées de laves basaltiques. Après une interruption de 100 000 ans, deux types d’activités se sont manifestées. Au Piton des Neiges, le magma s’est différencié et les éruptions sont devenues majoritairement explosives. Parallèlement, il y a environ 500 000 ans, un nouveau cône émissif basaltique a débuté son érection sur son versant Sud-Est : le Piton de la Fournaise. Après une dernière période d’activité située entre 70 000 et 20 000 ans, l’activité du Piton des Neiges a cessé. Celle du Piton de la Fournaise s’est perpétuée jusqu’à nos jours. La vie du Piton de la Fournaise est marquée par la formation de trois caldeiras successives, dont la plus récente, est appelée l’Enclos Fouqué. L’essentiel de l’activité éruptive actuelle s’y déroule, à quelques exceptions près, dont la plus récente. Le «volcan» s’y est élevé avec, à son sommet, les cratères Dolomieu et Bory. Pour donner une idée de l’ampleur des phénomènes en jeu dans la constitution de l’île telle que nous la connaissons aujourd’hui, «l’enclos» s’est formé il y a 3 000 ans lors d’un grand glissement de 20 à 30 km3 de matériaux. On peine à imaginer l’ampleur du tsunami provoqué par un tel cataclysme. 1 Chaînon de volcans 2 Volcan le plus vieux piton de la fournaise. Latitude : 21°22 sud - longitude : 55°71 est Volcan le plus jeune L’activité du point chaud de La Réunion a débuté il y a environ 65 millions d’années. Le déplacement de la plaque indienne vers le Nord (1) a eu pour effet la migration apparente du point chaud vers le sud. Il en a résulté une série d’édifices volcaniques alignés, dont l’âge de plus en plus jeune vers le Sud permet de retracer le mouvement relatif des plaques (2). Ce point chaud a édifié progressivement l’alignement des Maldives, des Chagos, le plateau des Mascareignes, l’île Maurice et l’île de La Réunion. Actuellement, un autre massif serait en formation au large des côtes de Saint Philippe. La Réunion au commencement des temps, ou presque. Photo IPR mais encore Au dessous du volcan Avant le massif du Piton de la Fournaise actuel devait exister un autre volcan, le volcan des Alizés (plus de 1 Ma à 450 000 ans), dont le centre d’émission se situait vers le Grand Brûlé actuel. Des vestiges de cet édifice ont été dragués au large de l’Enclos et des roches témoin datées à 530 000 ans affleurent dans la rivière des Remparts. Les laves du volcan des Alizés ont été recouvertes par un épais empilement de coulées basaltiques émis par un centre d’émission situé au niveau de la plaine des Sables. Ce bouclier est aujourd’hui observable à l’affleurement dans le fond de la vallée de la rivière des Remparts, de la rivière de l’Est et sur le flanc sud-ouest. (Source BRGM) n L’ouverture de l’Océan Indien s’est effectuée il y a environ 160 millions d’années. n Il y a 65 millions d’années, la plaque indienne se trouvait à l’emplacement actuel de la Réunion. n Le point chaud qui a créé La Réunion a commencé par produire ce qui constitue aujourd’hui les « Trapps du Deccan». Un immense plateau qui couvre une grande partie de l’intérieur et de l’Ouest de l’Inde. n Il occasionna un volcanisme extraordinaire, couvrant 1,5 millions de km2 avec une épaisseur de plusieurs kilomètres. Ce flot de magma fut déversé en un laps de temps très court à l’échelle géologique, l’essentiel du volume étant mis en place en moins de 500 000 ans. Ceci correspond à environ 1010 m3 de magma par an, soit environ 1 000 fois la production annuelle du Piton de la Fournaise. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 21 dossier genèse Fonctionnnement d’un point chaud biodiversité Biodiversité l’UE part en guerre contre les « aliens » Bien après les Etats-Unis ou l’Australie, l’Union européenne envisage de se doter d’une législation protégeant les faunes et flores locales des espèces invasives qui prolifèrent dans les soutes de la mondialisation. Des milliers d’espèces sont sans doute concernées, mais aucun recensement n’est à ce jour disponible à l’intérieur de l’UE, souligne l’Union mondiale pour la nature (UICN) qui rappelle que la prolifération des espèces exotiques envahissantes (EEE) constitue la deuxième cause d’extinction dans le monde - après la destruction des habitats naturels - et sans doute la première dans les îles. Les espèces endémiques qui ont crû sans prédateurs sur ces terres isolées y sont plus vulnérables quand survient un organisme étranger, souligne Florian Kirchner, responsable de l’outre-mer français à l’UICN. « L’invasion généralisée des rats dans les îles a causé la disparition de plusieurs espèces d’oiseaux. A Tahiti, le miconia introduit comme plante d’agrément dans les années 50 occupe désormais les deux tiers de l’île ». Parallèlement à l’introduction involontaire d’espèces - des moustiques (Ndlr : tout particulièrement l’Aedes albopictus) dans les pneus usagés, le frelon asiatique dans des caisses en bois ou des fourmis envahissantes dans des conteneurs - dans la plupart des cas, les indésirables avaient été initialement encouragés à dessein. « La coccinelle asiatique qui se développe en France métropolitaine, après l’Allemagne et la Belgique, a été introduite pour lutter contre les pucerons », rappelle Florian Kirchner. En Polynésie française, pour se débarrasser d’un escargot trop prolixe, l’achatine, introduit à des fins alimentaires, on a fait appel à une autre espèce, l’Euglandine ou escargot carnivore américain: « En quelques décennies, il a éradiqué 59 espèces endémiques ». Les écosystèmes ne sont pas les seuls à souffrir : un document de travail de l’UE pointe les risques sanitaires, d’allergie notamment et surtout les impacts économiques. données, puis les communiquer au public afin de le sensibiliser. Ensuite, on pourra identifier une gamme d’options politiques avec l’ensemble de leurs retombées possible », explique Clare Shine, consultante de la Commission européenne sur ce dossier, qui estime que l’Europe sera prête à réagir d’ici début 2010. « Le véritable enjeu est de savoir où mettre le seuil de protection, à l’importation notamment. La spécificité de l’UE est qu’une fois qu’un organisme y entre, il s’y balade librement. Il faudra un système de détection précoce quoi qu’il en coûte, car il revient beaucoup plus cher ensuite de lutter contre En Allemagne, le rat musqué est responsable de terribles inondations. Vaste consultation sur internet Ainsi, l’introduction d’un parasite dans plus de 46 rivières et 37 élevages de Norvège a provoqué une baisse de densité de 86% des saumons dans les cours d’eau infectés. L’apparition d’une méduse en mer Noire fait perdre quelque 17 millions de dollars par an aux pêcheries d’anchois. Le rapport cite encore l’exemple allemand où le rat musqué et une plante herbacée ligneuse se conjuguent pour éroder les berges des rivières et causer des inondations et plus de 40 M d’euros de dégâts chaque année. « Il faut d’abord compiler et analyser les 22 un phénomène installé ». Début mars, la commission européenne a lancé une vaste consultation sur internet jusqu’en mai pour prendre le pouls des différents secteurs concernés et des particuliers. Mais pas question de stigmatiser les espèces exotiques pour autant, assure l’experte irlandaise. D’ailleurs, indique-telle, pour dédramatiser le débat le RoyaumeUni a renoncé au terme « alien » et lui préfère désormais « non native » pour désigner les indésirables. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 Le miconia, une peste végétale qui étouffe la végétation polynésienne. biodiversité L’aedes albopictus, moustique conquérant par excellence. La coccinelle asiatique qui se développe en France métropolitaine, après l’Allemagne et la Belgique, a été introduite pour lutter contre les pucerons… Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 23 biodiversité La Réunion risques d’invasion Sur notre petit paradis insulaire, depuis longtemps colonisé par nombre d’organismes « étrangers », homme y compris, la menace d’invasion demeure. Avions, bâteaux, voyageurs, conteneurs constituent d’extraordinaires têtes de pont pour les envahisseurs au nombre desquels les fourmis. Trois espèces particulièrement invasives sont déjà installées chez nous : la fourmi de feu, la fourmi à grosse tête et la fourmi folle jaune. La fourmi de feu, qui aime les sols et les milieux humides, règne dans l’Est où « nettoie » son environnement. Cette bébête est assez pénible au contact : elle mord puis elle pique. La fourmi folle jaune, qui ravage d’ailleurs les Seychelles et l’Australie (Voir encadré), a débarqué à La Réunion courant XIXe siècle, est devenue rapidement hégémonique avant de voir ses populations se réduire au point de devenir aujourd’hui relativement rare. Sans doute a-t-elle été victime de la concurrence. La fourmi à grosse tête se maintient pour sa part du fait d’une organisation solidaire remarquable. En cas de danger ou d’urgence, elle mobilise très rapidement et fait jouer le nombre. Dans l’absolu, ces espèces extrêmement néfastes dès qu’elles sortent de leur milieu naturel originel, semblent s’équilibrer à La Réunion. En revanche, la menace de la « petite fourmi de feu » est à prendre très au sérieux, car ses ravages ne se limitent pas à ses concurrents insectes et elle a développé des particularités qui en font un véritable « Alien » miniature. Une équipe de chercheurs de l’INRA, du CNRS et de l’IRD, en collaboration avec l’Université de Lausanne, a mis en évidence chez la Wasmannia auropunctata, un système de reproduction original : les reines et les mâles sont issus d’une reproduction par clonage. Quant aux ouvrières, elles procèdent de la reproduction sexuée reines/mâles, mais demeurent stériles. Wasmannia auropunctata est une petite fourmi rouge originaire des forêts d’Amérique centrale et du Sud. Elle a été introduite par l’homme aux Antilles, en Afrique et dans les milieux insulaires du Pacifique. Son irruption parmi les autres espèces locales, représente une réelle menace pour la biodiversité, car les lésions provoquées par ses morsures affectent gravement les animaux. Fourmi à grosse tête Pheidole megacephala. Fourmi folle jaune Anoplolepis gracilipes. Fourmi tropicale de feu Solenopsis geminata,noire ou rouge. Fourmi de feu terme générique pour plusieurs espèces de fourmis. Dont la Solenopsis invicta qui n’existe pas à La Réunion, mais a déjà été introduite accidentellement en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elle est très agressive, et son venin peut causer la mort de personnes sensibles aux piqûres d’insectes. Fourmi électrique Wasmannia auropunctata, également appelée “petite fourmi de feu”. Originaire d’Amérique tropicale, elle a été introduite accidentellement en Nouvelle-Calédonie, où elle menace la biodiversité, notamment chez les lézards, idem en Polynséie française et dans bien des régions du monde. Myrmécologie étude des fourmis. 11800 espèces de fourmis vivent dans le monde, dont 36 à La Réunion. Parmi elles, 16 ou 17 ont été introduites par l’Homme ; l’une d’elles est endémique des Mascareignes. Pour les autres, on ignore comment elles sont arrivées ici. 24 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 La fourmi ékectrique est un véritable «alien» miniature ; sa férocité, son organisation en font un véritable danger public… Ainsi, à Tahiti où cette fourmi est en passe de s’implanter durablement en dépit des ef for ts désordonnés des autorités locales, des chercheurs ont mis en évidence des cas kératopathie sur des chats et des chiens, avec des symptômes d’atteinte aiguë tels que blépharospasmes et larmoiements. L’étude des lésions montre que la zone médiane de l’oeil est la plus atteinte, avec des cas de cessité irréversibles. L’agent étiologique responsable de cette pathologie est précisément la Wasmannia auropunctata. biodiversité Une fourmi dans un bloc d’ambre. Les fourmis étaient bien avant l’homme, elles pourraient nous survivre… Wanted : Wasmannia auropunctata La petite fourmi de feu ou fourmi électrique a été classée dans la liste des 100 pires envahisseurs du monde. Les ouvrières de W. auropunctata mesurent 1,2 mm. Elles sont de couleur marron claire à dorée. Les antennes se terminent par un segment en forme de massue. Le thorax porte deux épines longues et effilées. Le corps est parsemé de longs poils. Les reines sont de couleur brune et sont plus grandes, environ 4 mm. Les petites fourmis de feu se déplacent très lentement. Leurs piqûres sont venimeuses, très douloureuses et peuvent entraîner des réactions allergiques chez l’homme ou la cécité chez les animaux tels que chats et chiens. Elles peuvent piquer plusieurs fois par seconde.C’est une espèce particulièrement agressive. Leur activité est permanente même en cas de pluie. En milieu naturel, W. auropunctata installe ses nids dans les brindilles, la litière des feuilles, les fissures du sol, les galeries souterraines des termites qu’elle élimine, sous les branches en décomposition, les noix de coco au sol ou encore dans les arbres. Dans les maisons, elle peut infester les lits, le linge et la nourriture, s’installer dans les pots de fleurs, les poubelles, entre des planches ou des pierres empilées Quand le nid est dérangé elles le déménagent très facilement. Elles apprécient l’ombre, l’humidité et l’abri du vent. Elles apprécient particulièrement les milieux perturbés par l’homme. Les climats froids ne leur conviennent pas, mais elles peuvent y survivre dans les habitations humaines, ou dans les serres qui sont chauffées et humides. Les petites fourmis de feu sont omnivores et extrêmement souples dans leur régime alimentaire, attaquant les arthropodes : termites, fourmis d’autres espèces, araignées, scorpions ; les petits vertébrés, les plantes entre autres leurs fruits sucrés et gras, leurs fleurs et leurs bourgeons. Aux Galápagos, elles attaquent les couvées de tortues, les yeux et le cloaque des adultes. Lorsqu’il y a des pucerons ou des cochenilles sur les plantes, la majeure partie de leur menu est composée des déjections sucrées de ces insectes : le miellat. Dans les habitations humaines, leur nutrition peut être améliorée par toutes les matières grasses qu’elles peuvent trouver. Les fourmis sont des insectes sociaux formant des colonies. À l’exception des individus reproducteurs, mâles et reines, la plupart des fourmis sont aptères. La communication entre les fourmis se fait surtout au moyen de phéromones. Ce signal chimique porte à la fois l’information sur l’espèce, la société, la caste et le stade de développement auxquelles appartiennent les individus rencontrés. C’est en sécrétant cette substance qu’une fourmi peut avertir de la présence de nourriture ou d’un danger, ainsi que de leurs localisations. Alors que pour la plupart des espèces, les colonies issues de nids différents s’attaquent même si les fourmis sont de la même espèce, ce n’est pas le cas chez les Wasmannia : elles fonctionnent comme une seule colonie même si elles sont issues de nids différents, elles se reconnaissent et ne s’attaquent pas les unes les autres. Elles peuvent même au contraire s’unir et rassembler leurs colonies. environnement marin Comment aller à la plage ? Question bête, en apparence, car il n’y a rien de plus simple dans la vie courante que d’aller à la plage, avec serviettes, pique-nique et marmailles… Mais comment en venir à la plage, à ce qui la compose, ce qui la produit, comment elle fonctionne dans le cadre d’une explication du milieu dans lequel nous vivons ? y a cru longtemps, et on l’a réellement cherché sur tous les océans de la planète, en de périlleux voyages au bout du monde, tel que l’imaginaire du temps le concevait… Christophe Colomb pensait le trouver du côté des Indes fantasmées, Bougainville crut l’avoir découvert à Tahiti… Et nous le chercherons sans doute encore au cœur du lointain espace intersidéral ! En sus de cette hypothèse créationniste qui nous offre un monde magiquement créé de toutes pièces, tel qu’il était à l’âge d’or, nous disposons depuis le 24 décembre 1859, et la publication de Sur l’origine des espèces de Charles Darwin, d’un autre modèle, dit «évolutionniste», que la vulgate populaire résume à la formule : «L’homme descend du singe». Une idée toujours modérément acceptée dans certaines nations contemporaines, et au sujet de laquelle, Yves Coppens, inventeur de Lucy, «la grand-mère de l’humanité», aime à raconter une anecdote familiale : «Ma grand-mère m’a toujours dit qu’elle voulait bien que l’homme descende du singe, mais certainement pas elle…» Or donc, pour aller à la plage nous nous devons de partir à la quête de la vie originelle, de l’homme, espèce vivante parmi des milliards d’autres, primate entre les primates, descendant d’ancêtres primates plus archaïques, eux-mêmes issus de mammifères primitifs, qui descendaient de reptiles, lesquels venaient d’amphibiens, puis de vertébrés primitifs… et ce jusqu’au plus vieil ancêtre commun à tous les êtres vivants, qui devait avoir l’air d’une cellule bactérienne trempant dans la soupe originelle du premier océan. Ce qui fait que lorsque nous faisons trempette dans le lagon nous rentrons à la maison ! Laquelle maison a commencé d’être habitée entre - 4 milliards d’années et -3,8 milliards d’années. Avant la terre était invivable, le système solaire venait de se former, et la planète subissait un intense bombardement de météorites et de comètes. Pas de quoi traîner, ni en surface, si sous l’eau… C’est pourtant dans ce milieu, bien différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, que des formes vivantes se manifesteront, en 200 millions d’années à peine, ce qui représente moins de 5% de l’histoire de la planète. L’apparition des coraux vint beaucoup plus tard, presque hier à l’échelle géologique, à environ - 500 millions d’années, simultanément à celle des nautiles et des premiers vertébrés. Nos coraux actuels, ceux de la côte Ouest de La Réunion, sont âgés d’environ 8000 ans… Ce qui nous les rend d’autant plus proches. Ils constituent un récif morcelé d’une longueur totale de 25 km, entre le Cap La Houssaye et Grand Bois, un peu plus de 8% des 250 km de côtes de l’île. Ils couvrent 12 km2 ce qui représente 0,5% - lagon compris - de la surface de La Réunion. Comment REVENIR à la plage, car nous sommes issus de l’océan, un peu comme les cabots sauteurs… Dans le temps lontan, faute de sciences, ou plutôt en attendant les sciences «modernes», nos ancêtres avaient inventé d’ingénieux systèmes mythologiques par lesquel tout s’expliquait et tout était à sa place, des éléments aux animaux en passant par les hommes et les dieux. Les anciens, païens ou adeptes des grands monothéismes, judaïsme, christianisme, islam, ont décrété que les dieux préexistaient à notre monde, qu’en guise de passe-temps, ils avaient créé le monde, l’avaient peuplé de «créatures» de leur invention, faites à leur image s’agissant des hommes. Les premiers humains, quel que soit le nom qu’on veut bien leur donner, étaient donc divinement installés dans un jardin idyllique, un Eden, que nous avons rebaptisé «paradis», piquant aux Perses, contemporains d’Alexandre le Grand, une expression promise à un bel avenir. Ce paradis terrestre, on 26 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 Alangui sur la plage, on regarde le sable blanc, bien différent à La Réunion de ce qu’il est en Méditerranée par exemple… On devine à l’œil nu quantité de débris de coraux, de coquilles de gastéropodes, de bivalves, d’aiguilles et de tests d’oursins, d’algues calcaires… mais aussi d’éléments provenant d’organismes plus petits. La plupart de ces éléments sont constitués de calcaire. Lequel se forme par précipitation du C02 dissous dans l’eau avec du calcium : c’est donc un piège à CO2 (Ndlr : Dioxyde de carbone ou gaz carbonique). Une qualité qui devient fort précieuse en ces temps de réchauffement climatique. Ce sont donc les coraux, constructeurs de la barrière récifale, qui produisent le sable corallien que nous aimons tant. Les coraux, attaqués par les vagues, notamment lors des tempêtes et des fortes houles, se fragmentent, et les squelettes calcaires des madrépores viennent alimenter la plage. Les plus gros morceaux tels des petits tétrapodes, vont retenir les plus fines particules du sable : ils stabilisent la plage et préviennent de l’érosion. Par ailleurs, au fur et à mesure de leur démantèlement, ils enrichiront la plage en sable... Acropora Branche vivante environnement marin Le sable en détail Galaxea vivant Acropora Squelette Les foraminifères sont des organismes constitués d’une seule cellule et qui possède un test calcaire formé de plusieurs loges successives. Ils peuvent être planctoniques ou vivrent sur le fond, ils font alors partie du microbenthos… tout un monde. Oursin Fragments de «coquillages» : après leur mort les coquilles des gastéropodes (porcelaines, de cônes etc ...) et de bivalves (moules, bénitiers) seront cassées et roulées par les vagues. Haliotis (4cm) Porcelaine (3cm) Un bivalve : le bénitier (10 -15 cm Une tone (Gastéropodes) 10 cm Opercule de Turbo (2cm) Cone ebraus 3cm Le sable blanc est constitué principalement de débris coralliens et de débris des organismes vivants sur le récif : coquilles de gastéropodes et de bivalves, de test d’oursins, d’algues calcaires mais aussi d’éléments provenant d’organismes plus petits comme les foraminifères. La plupart de ces éléments sont constitués de calcaire. Le calcaire se forme part précipitation du C02 dissous dans l’eau avec du calcium : c’est donc un piège à CO2.... Les coraux sont les constructeurs de la barrière récifal attaqués par les vagues, notamment lors des tempêtes et des fortes houles, les squelettes calcaires des coraux se fragmentent et viennent alimenter la plage. Les plus gros morceaux, tels des petits tétrapodes, vont retenir notamment les plus fines particules du sable : ils stabilisent la plage et préviennent de l’érosion. Par ailleurs, au fur et à mesure de leur démantèlement, ils enrichiront en sable la plage… Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 27 environnement marin Un système vivant et mouvant Les précieuses plages de sable blanc appréciées des petits baigneurs sont situées à l’arrière des lagons et sont le fruit de l’érosion lente des bioconstructions coralliennes, du travail de construction des madrépores, animaux marins bâtisseurs apparus il y a 500 millions d’années. Les colonies récifales réunionnaises sont très jeunes, 8 000 ans à peine. Preuve que la nature est bien faite, les madrépores qui logent dans un squelette calcaire et dont les colonies rassemblées créent la barrière de corail, vivent en symbiose avec des micro-algues monocellulaires appelées « zooxanthelles » ; on en compte plusieurs millions au cm2 ! Des coraux en bonne santé peuvent fixer en un an de 500/800 grammes de carbone par m2 ! De l’état des récifs coralliens dépendent donc la quantité de sable corallien produite et la qualité de nos plages. Si le petit lagon réunionnais (Ndlr : 500 m au plus large et 1,80 m de profondeur maximale), était florissant au début des années 70, dès 1977 les premiers signes de dégradations biologiques se sont manifestés sur le récif de La-Saline-les-Bains, avec le développement d’éponges perforantes et d’oursins détritivores ; une prolifération révélatrice de l’augmentation de la charge organique des eaux. Depuis, l’état général des colonies coralliennes s’est constamment dégradé parce que les coraux sont tributaires d’un équilibre naturel fragile. Or les lagons sont soumis à de constantes et croissantes pollutions. Les dépôts de terre et divers matériaux résultant de l’érosion des terrains constituent la première cause de dégradation des colonies coralliennes qu’ils nappent en voiles de fines particules. Ce phénomène d’érosion est particulièrement important à La Réunion où l’on évalue à 3.000 tonnes par km2 et par an la quantité de matière qui part à la mer. Dans les hauts, sur les parcelles agricoles, la perte de terre peut aller de 10 à 100 tonnes par hectare et par an ! Le rythme actuel de disparition du sol est de l’ordre de 0.5 à 1 m en 70 ans. Ce phénomène, naturel à l’origine, est évidemment aggravé par le défrichement, la déforestation, les cultures maraîchères, fruitières et vivrières développées sur des parcelles qui prennent souvent mal en compte les courbes de niveau du terrain. En période cyclonique, l’énorme dépôt de particules sédimentaires sur les coraux provoque le blanchissement des colonies tel qu’observé en 1981 dans le lagon de SaintLeu, en 1982 à La Saline, puis à Saint-Pierre et Saint-Leu consécutivement à Firinga en 1989. Au-delà de ces événements exceptionnels, à longueur d’année, les eaux pluviales chargées d’engrais, phosphates, nitrates, azote, phosphore et pesticides, sans oublier les métaux lourds et les hydrocarbures, aboutissent directement dans le lagon, ou percolent depuis les nappes phréatiques directement en milieu récifal, en bas de plage à marée basse ou, via les résurgences d’eau douce. D’où un phénomène dit d’eutrophisation des eaux, fatal aux colonies coralliennes qui ne se renouvellent plus et ne peuvent compenser les agressions naturelles et artificielles qui les affectent. Philippe Le Claire Les morceaux de corail brisé sont réduits en poussière par le travail des vagues. Ils forment ensuite du sable que les vagues et le vent remontent sur la pente de la plage et lui permettent de se recharger. 28 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 La vision de ces filaos déchaussés montre l’ampleur de l’érosion du profil de la plage, dont la surface se trouvait initialement à hauteur d’homme. (Photo IPR) environnement marin Pour continuer de pécher tranquillement dans un lagon vivant, il faut cesser de bétonner le littoral. Cette vue aérienne de Roches Noires montre la fixation inexorable des hauts de plage par l’urbanisation. Photo JIR Archives) Plages et platier: même combat Selon Roland Troadec (Ndlr : association Vie Océane), « le taux de recouvrement s’est effondré à 30% en moyenne sur le platier et la pente interne quand dans les années 70, le taux de recouvrement dans le lagon était de 60 à 80%... La production de corail étant moins abondante, il y a moins de sable corallien et les vagues franchissent plus facilement le récif, sans parler du lagon lui-même. L’usure du platier accentue la capacité de franchissement des vagues (...)Selon les valeurs du parc marin, au Toboggan on constate 26% de recouvrement sur l’arrière-récif (Ndlr : la dépression post-récifale) et 33% sur la pente externe offerte à une eau de meilleure qualité. A Saint-Leu, lieu dit la corne, au niveau du spot de surf, 28% de recouvrement sur la pente intérieure, 78% sur la pente externe... A EtangSalé, 23% de recouvrement sur l’arrière-récif et le platier, pour 47% sur le site d’Alizée plage à Saint-Pierre. Au-delà, la texture du récif corallien a changé aussi. Les colonies vives sont plus petite taille, pas en état de maturité... » Une étude publiée en 2002 par The Journal of Nature, et qui portait sur les platiers situés au nord de la passe de l’Hermitage, sur le complexe récifal de Saint-Gilles/La Saline en relative bonne santé, et celui du sud , « eutrophisé et caractérisé par un fort développement de la biomasse algale, un taux de dégradation important des communautés coralliennes et une calcification journalière faible », montre un lien direct entre l’état du récif et l’évolution des plages des secteurs correspondants. « Sur un récif étroit et exposé, un rapport direct peut se développer entre l’état de santé du platier et le fonctionnement hydrosédimentaire des estrans associés... » Les plages sont d’autant plus dégradées, dans le sens des houles, que le platier l’est aussi. Si la santé de la barrière corallienne n’est pas prise en compte, les houles australes et cycloniques entreront plus avant dans les terres, et la côte reculera de dizaines de mètres. Niouzes vie marine SOS thon rouge Patrouilleurs en mer, avions, inspections multipliées dans les ports: l’Europe a décidé cette année de renforcer la surveillance de la pêche au thon rouge, alors que la surexploitation en Méditerranée de ce poisson très prisé devient endémique. Sur mer, treize grands patrouilleurs et 38 patrouilleurs côtiers de taille plus réduite vont croiser durant la saison pour faire la chasse aux fraudeurs. Ils seront épaulés par 16 avions. Quatorze campagnes en mer sont programmées pour un total de 160 jours de patrouille. Des inspections renforcées sont aussi prévues dans les principaux ports. Au total, plusieurs dizaines d’inspecteurs, tant nationaux qu’européens, seront mobilisées. Ce plan réunit les ressources des sept pays européens les plus concernés par la pêche au thon rouge: la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, Chypre et Malte. Cela « marque un effort sans pré cédent en ce qui concerne tant l’ampleur des opérations que les moyens techniques déployés », selon la Commission européenne. Un groupe technique spécial sera constitué à Bruxelles dès le 1er avril pour coordonner les contrôles ; et ce n’est pas un poisson en dépit de la date inadéquate au regard du sérieux de la situation. Il restera opérationnel jusqu’à fin 2008. L’objectif est de parvenir à au moins freiner la surpêche en Méditerranéenne de l’espèce désormais menacée, qui a obligé l’an dernier à un arrêt prématuré de la saison. « Il faut toutefois que les Etats européens aillent beaucoup plus loin » en assurant « la mise au rebut nécessaire des navires jusqu’à ce qu’un équilibre soit atteint entre la capacité de pêche et les possibilités », a souligné récemment le commissaire européen à la pêche, Joe Borg. Concombres de mer high-tech ! La peau rugueuse des concombres de mer ou holothurie, un animal invertébré au corps mou et oblong, a inspiré la création par des scientifiques américains d’un nouveau matériau capable d’être tour à tour souple et rigide. Ces propriétés offrent un potentiel biomédical prometteur notamment pour des implants cérébraux, expliquent les chercheurs de l’université Case Western Reserve (Ohio), auteurs de cette étude parue dans la revue américaine Science datée du 7 mars. Il s’agit d’un nouveau polymère doté de qualités mécaniques et chimiques permettant de 30 s’adapter à différents environnements. C’est ainsi que cette matière plastique peut devenir, tout comme la peau du concombre de mer, dure ou molle et inversement en quelques secondes au contact d’un liquide, ont précisé ces scientifiques. «Nous pouvons fabriquer ces nouveaux polymères en programmant leurs propriétés mécaniques à savoir, dans ce cas, leur degré de fermeté ou de souplesse quand ils sont exposés à des substances chimiques spécifiques», explique Christoph Weder, un des auteurs principaux de cette étude. «Ces nouveaux matériaux ont été conçus pour changer de consistance et passer de la dureté du plastique à la mollesse du caoutchouc mou quand ils sont plongés dans l’eau», précise Stuart Rowan, un membre de l’équipe de recherche. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 Ce nouveau matériau permet de réagir à l’eau avec un gonflement minimum, pas comme une éponge, soulignent ces scientifiques. Ils ont utilisé une approche dite de «bio-mimétisme» qui consiste à reproduire les structures moléculaires et les mécanismes chimiques trouvées dans un organisme vivant en l’occurence dans ce cas le concombre de mer. «Ces créatures peuvent rapidement durcir leur peau, normalement très souple, en réaction par exemple à une menace», explique Jef Capadona, un autre auteur de la recherche. Des biologistes marins ont montré dans des études précédentes que ce changement de consistance dans les tissus de la peau du concombre de mer provient d’une nano-structure dans laquelle se trouve des nanofibres de collagène rigides intégrées dans un tissu très souple. La raideur du collagène est modulée par des substances chimiques spécifiques secrétées par le système nerveux de l’animal qui contrôle les interactions entre les nanofibres de collagène, une protéine fibreuse. Quand ces nanofibres sont chimiquement reliées, elles forment une sorte de réseau qui accroît fortement la rigidité de la peau comparativement à son état très souple quand ces branchements chimiques sont absents. De tels matériaux pourraient un jour être utilisés dans des implants biomédicaux, comme par exemple une gaine protectrice des microélectrodes dans le cerveau qui pourrait être rigides quand elles sont implantées mais devenir très souples ensuite, réduisant la friction sur les tissus cérébraux. De telles micro-électrodes sont déjà utilisées dans des traitements de la maladie de Parkinson, d’attaque cérébrale et de blessure à la moelle épinière. Avec le temps elles perdent de l’efficacité alors que les tissus irrités par le contact des électrodes rigides cicatrisent. Pour créer ce nouveau matériau, les auteurs de ces travaux ont utilisé des nanofibres de cellulose qu’ils ont intégrées dans un mélange de copolymère élastique. Poissons : la taille des populations influence la reproduction Plus les populations de poissons diminuent, plus le nombre de jeunes sujets survivant après la naissance fluctue, révèle une étude mondiale sur l’industrie de la pêche rapportée par la revue britannique Nature. Les données recueillies auprès d’environ 150 pêcheries en eaux salées et en eaux douces montrent que les variations dans la survie d’une population d’une année sur l’autre augmentent si l’espèce devient moins abondante. Les variations les plus importantes ont été notées pour une espèce historiquement surexploitée, le hareng de la Mer du Nord, souligne le principal auteur de l’étude, Coilin Minto, de l’Université Dalhousie à Halifax (Nouvelle Ecosse, Canada). Ces recherches, selon les scientifiques, devraient permettre d’aider à la protection des stocks de certaines espèces en danger, qu’il s’agisse de poissons ou d’autres animaux. Comprendre comment ces fluctuations se produisent pourrait aider les responsables de la conservation des espèces à affiner leurs prédictions sur la vitesse à laquelle ces espèces pourraient se reconstituer, selon les chercheurs. Le maître du Nautilus ne délirait pas lorsqu’il se battait contre un calmar géant au détour des pages de « Vingt mille lieues sous les mers ». A Strahan, en Tasmanie (Australie), on a découvert sur le rivage, le cadavre d’un tel monstre de 8 mètres de long qui pesait 250 kg. Ls scientifiques en ont profité pour procéder à des prélèvements de tissus de façon à analyser l’AD N de cet individu dont les restes ont été Une crevette fossile en mer de corail Début octobre 2005, des scientifiques de l’IRD et du Muséum national d’histoire naturelle de Paris effectuaient une campagne de prospection en mer du Corail aux îles Chesterfield. Parmi leurs prises, une espèce de crustacé inconnue, Neopglyphea neocaledonica. Véritable fossile vivant au même titre que les nautiles ou le coelacanthe, Neopglyphea appartient au groupe des glyphéides, longtemps considéré comme éteint à l’Eocène. La première espèce de glyphéide avait été pêchée en 1908 aux Philippines par un navire américain mais l’unique spécimen était resté non identifié jusqu’à ce que deux chercheurs du Muséum, Michèle de Saint Laurent et Jacques Forest, publient sa description en 1975 sous le nom de Neoglyphea inopinata. Depuis, plus rien jusqu’à la décou- verte par Bertrand Richer De Forges, chercheur à l’IRD et Philippe Bouchet du Muséum national d’Histoire naturelle de la glyphéide de la Mer du Corail. Cette fois encore, un seul spécimen, une femelle, a été pêché par 400 m de fond par le navire océanographique de l’IRD « Alis » sur la pente d’un mont sousmarin, le banc Capel à 25° Sud. La comparaison morphologique avec la première espèce menée par les scientifiques a mis en évidence de nombreuses différences, en particulier la forme générale du corps, plus trapue, les yeux plus gros et une pigmentation en tâche. Les scientifiques sont donc bien en présence d’une deuxième espèce baptisée Neoglyphea neocaledonica. La campagne de prospection qui a permis cette découverte s’inscrit dans un ambitieux programme d’exploration et de description de la faune marine profonde de l’indo pacifique mené depuis 30 ans par l’IRD et le Muséum : le programme Musorstom, aujourd’hui rebaptisé Tropical DeepSea Benthos. Au delà de la capture de ces animaux particulièrement intéressants que sont les « fossiles vivants », de nombreuses espèces ont été collectées au cours de ces campagnes dans différents archipels du Pacif ique changeant complètement la vision biogéographique des océans profonds.En NouvelleCalédonie par exemple, où l’échantillonnage a été plus intense qu’ailleurs les chercheurs ont identifié 469 familles, 1181 genres, 2515 espèces dont 1322 nouvelles pour la science ! (Source IRD) Tahiti victime de l’Acantasther plancii Dernièrement une association de pêche lagonaire de la presqu’île de Tahiti a « nettoyé » une partie du lagon de Teahupoo de près de deux mille Taramea (Ndlr : nom maohi de l’Acantasther plancii), des étoiles de mer venimeuses et se nourrissant du corail. Ce phénomène d’invasion, sporadiquement invasif dans toute la Polynésie et dans le Pacifique, se produit tous les quinze à vingt ans. Si ces échinodermes représentent un danger pour le corail, qu’elles contribuent à faire disparaître, elles sont aussi dangereuses pour les utilisateurs humains du lagon (baig neur s, plongeur s, pêcheurs, surfeurs). Elles sont en effet venimeuses et leur piqûre, si elle n’est pas mortelle, peut être très douloureuse. La Taramea peut atteindre 40 centimètres de diamètre et possède de douze à dix-neuf bras rayonnants autour du corps. Elle peut se déplacer à la vitesse de 20 mètres par heure et peut littéralement dévorer un mètre carré de corail par jour. Une piqûre d’une de ses épines peut être très douloureuse et la douleur peut durer quatre heures, accompagnée de nausées et des vomissements. Très souvent la région autour du point de contact devient inflammatoire avec un érythème et un oedème qui peut durer plusieurs jours. Les prédateurs naturels de l’acanthaster sont le Napoléon, un poisson de lagon (mara, en tahitien) et la Conque (Charonia tritonis, Pu en tahitien), un mollusque gastéropode dont la coquille est utilisée comme instrument de musique. Niouzes vie marine Le capitaine Nemo n’avait pas tort transportés à Hobart pour une analyse approfondie. Genefor Walker-Smith, le responsable de la section invertébrés du Tasmanian Museum, qui ne manque pas d’humour, a déclaré que la bête était pleine d’ammoniaque et qu’il ne le recommanderait pas pour en faire une friture de calamars : « il n’aurait pas vraiment bon goût ». baleines Absurde. La Norvège a annoncé son intention de chasser 1052 petits rorquals en 2008. Greenpeace s’insurge contre cette décision, car le marché norvégien stagne et rien ne permet de penser qu’il sera en mesure d’absorber une telle quantité de viande de baleine. En 2007 déjà, la Norvège avait prématurément mis un terme à la saison de chasse faute de débouchés commerciaux. Constatant ce déclin, les autorités norvégiennes pourraient très bien mettre un terme aux activités de la flottille baleinière comme l’a fait l’Islande en octobre 2007. Pour rappel, la pêche norvégienne représente 3 millions de tonnes de captures et un excédent commercial de 2 milliards d’euros, à comparer avec 6 millions de tonnes de captures et un déficit de 10 milliards d’euros pour l’ensemble de l’Union Européenne. La pêche norvégienne représente environ 40 000 emplois et la chasse baleinière une petite centaine. Dans le collimateur. Canon, l’entreprise japonaise leader dans le secteur du matériel de photo, a assis sa réputation de défenseur de l’environnement en commanditant diverses expéditions sur la préservation d’espèces menacées. Mais Canon refuse de condamner le programme du gouvernement japonais de chasse à la baleine. Pour Greenpeace, les valeurs que Canon véhicule par le biais notamment de sa publicité devraient se traduire plus clairement par des prises de positions publiques. Greenpeace a officiellement demandé au P.D.G. de Canon, au Japon, M. Fujio Mitarai, de dénoncer la chasse baleinière japonaise, ce qu’il a refusé. Pourtant, partout dans le monde, des photographes, à l’aide de leurs d’appareilsphotos Canon, immortalisent les baleines lors d’expéditions d’observation et Canon publie régulièrement dans les pages du magazine National Geographic des publicités où l’entreprise exprime son «respect de l’environnement « … La baleine à bosse, humpback whale en anglais ou megaptera novaengliae selon son appellation scientifique et donc latine, aime à folâtrer dans les eaux réunionnaises quand vient la saison des amours et du baby sitting… (Photo DR). Bouffe pour chats. Les chasseurs japonais, pour atteindre leur quota d’environ 1,000 baleines sur la saison, capturent en moyenne chaque jour approximativement 9 petits rorquals et un rorqual commun. Grâce aux manœuvres de harcèlement de l’Esperanza qui empêchait les baleiniers nippons de mener à bien leur sinistre besogne, 100 baleines ont été sauvées et la chasse paralysée pendant 15 jours. L’expédition de Greenpeace dans l’Océan austral a suscité une attention considérable de la part de l’opinion publique et des médias japonais. Beaucoup se demandent aujourd’hui pourquoi il est nécessaire d’utiliser des fonds publics pour financer un programme qui ramène de la viande qui finit, faute de demande, dans des entrepôts ou des boîtes d’alimentation pour chats. Océan austral. Le 22 janvier 2008 : Greenpeace dénonce le ravitaillement en fioul du navire usine Nisshin Maru par le navire panaméen Oriental Bluebird, un navire non déclaré à la commission baleinière internationale, donc illégal. « Outre le fait que ce navire est illégal car non déclaré, sa présence dans cette zone reconnue comme réserve naturelle par le protocole environnemental du Traité de l’Antarctique est une menace pour l’environnement. Le Japon en est tout à fait conscient car il est membre de ce traité et doit donc impérativement respecter l’annexe 4 qui concerne la prévention des pollutions marines » explique Karli Thomas, qui était chef d’expédition à bord de l’Esperanza . (Source : Greenpeace France : http:// blog.greenpeace.fr/oceans) 32 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 Nos chères baleines ne vont pas tarder à rejoindre les côtes de La Réunion, où elles ont pour habitude de nouer des romances et donner naissance à de charmants baleineaux. Moments privilégiés dans la vie de ces malheureux cétacés, qui ont bien failli disparaître et que certaines nations chassent de nouveau au mépris des règles de protection édictées par la Commission baleinière internationale … Grâce à la protection des baleines et à la sanctuarisation relative des eaux de l’Antarctique, le mois de juin est devenu synonyme, à La Réunion et Madagascar, de saison des baleines – et même avec le whale watching, d’activité économique florissante sur l’île Sainte-Marie. Fait plaisant, depuis 2005, les observations se font précoces. Auparavant, on voyait rarement les grands cétacés – essentiellement des baleines à bosse, avant la mi-juin. Or en 2006, la première caudale a été photographiée dans nos eaux le 4 juin. Quant au départ des baleines vers le grand Sud, il paraît se décaler de la mi-octobre vers la mi-novembre. Un faisceau d’observations crédibles enregistrées depuis 2001 montre que les mâles traînent d’avantage que les femelles pour rejoindre les eaux chaudes, quand les mères, accompagnées de leur baleineau, seraient les dernières à mettre cap au Sud. La chose s’explique par le souci maternel de voir les petits engraisser au maximum avant d’affronter le long voyage de retour vers les eaux froides et nourricières du grand Sud. La grande transhumance de nos baleines qui naviguent sur 6 000 km, à 8 km/h de vitesse de croisière, depuis l’Antarctique, est motivée par la quête d’eaux chaudes et sûres propices à la reproduction en toute quiétude. En effet, les eaux peu profondes de nos baies les protègent contre les prédateurs qui menacent les baleineaux, tels que les orques ou les grands requins… Les vagues migratoires obéissent à un calendrier propre aux différentes espèces de baleines, ainsi qu’aux différents groupes d’individus. Certains croisent le long des côtes africaines, d’autres longent les côtes malgaches, d’autres encore optent pour les parages de Maurice et de La Réunion. Lors de leur séjour dans l’océan Indien, les baleines sont au régime. Et pour cause, leur nourriture se compose essentiellement de krill, une soupe planctonique riche en minuscules mollusques, présente dans les eaux glaciales de l’Antarctique que les cétacés absorbent en filtrant l’eau de mer qu’elles avalent en grande quantité. Dépourvues de dents, contrairement aux cachalots, les baleines usent des fanons de leur mâchoire supérieure qui retiennent le krill. Parmi les espèces qui gagnent les eaux de l’océan Indien à cette période, la plus commune n’est autre que la megaptera novaengliae ; le terme mégaptère (grandes aimes) vient de la taille de ses grandes nageoires pectorales. Notre baleine préférée est plus connue sous l’appellation de baleine à bosse, jubarte, humpback whale en anglais. Un surnom qui lui vient de ses petites bosses sur la tête ou de sa façon de cambrer le dos lorsqu’elle inspire en surface. Elle a le dos bleu foncé, un petit aileron dorsal. Son ventre est blanc. À l’âge adulte, elle peut atteindre de 14 à 19 m de long. On ne connaît pas l’étendue des populations de baleines à bosse de par le monde, faute d’études scientifiques poussées en la matière. D’autres espèces ont également été observées rôdant autour de notre île, un peu plus au large comme la baleine australe ou le rorqual bleu. L’accouplement des baleines – jamais observé à La Réunion - donne un unique petit après onze à douze mois de gestation. Le baleineau mesure de 4 à 5 m pour 1 400 kg. Le nouveau-né, maladroit, éprouve quelques difficultés à nager aux premières heures de sa vie. La mère le supporte baleines Quand les baleines font du « tourisme » avec son dos pour le pousser régulièrement vers la surface afin qu’il respire. Pendant un an, le baleineau est choyé. Il se nourrit du lait maternel dont il peut ingurgiter jusqu’à 300 litres par jour. Le comportement des baleines à bosse est parfois spectaculaire comme la frappe des nageoires pectorales sur l’eau, qui donne “flippering” en anglais. Avec la caudale, on parle de « tail-slapping ». Enfin, le clou du spectacle, c’est le saut, encore nommé « danse du soleil ». En fait une parade nuptiale de Monsieur baleine pour séduire la dame de sa vie à la saison des amours. Mais d’autres hypothèses ont cours : moyen de se débarrasser des coquillages collés sur leur peau, intimidation, marquage de zone, inspection des alentours… Sous les flots, les baleines communiquent à l’aide d’une incroyable variété de sons. Elles élaborent des séquences structurées et harmonieuses. Les versions diffèrent entre régions, troupeaux et même d’une année sur l’autre, au sein d’un même groupe. En effet, les mâles introduiraient des variations sur une même mélodie depuis des années. Reste que ce chant spécifique permettrait d’ôter un sacré doute en océan Indien. En effet, en comparant les différentes mélodies régionales, les scientifiques pourraient ainsi déterminer si les baleines de Sainte-marie font partie du même groupe que celles de La Réunion. C’est Le Globice, qui souffle (Ndlr : le terme est adéquat) cette année ses sept ans d’existence et compte dans sa base d’identification plus d’une cinquantaine de clichés de baleines à bosse scientifiquement exploitables. Il s’agit, à partir des photos de la caudale, véritable empreinte digitale de la baleine, d’identifier chaque individu. Pour l’heure, on n’a encore jamais observé à la Réunion deux fois la même baleine à quelques années d’intervalles, mais les premières mesures d’identification ne datent que de 2001. Le Globice travaille actuellement sur les données 2007 et espère pouvoir élargir son champ d’observation à la zone avec la coopération des chercheurs malgaches, plus particulièrement avec l’observatoire de l’île Sainte-Marie. A terme, on espère que les baleines de la zone livreront une partie de leur mystère. Pour l’heure, Madagascar, La Réunion et Maurice n’étant pas si éloignées que ça, on peut imaginer qu’une baleine de bonne famille hésite entre ces divers spots d’une année sur l’autre. Comme les touristes… Si vous observez une baleine ou un autre cétacé vous pouvez contacter Globice au 06 92 65 14 71 ou [email protected] mais encore Le krill un vrai bathyscaphe Nourriture favorite des baleines, calmars, phoques manchots, entre autres amateurs, le krill, Euphausia superba, ou krill antarctique a surpris beaucoup de monde quand un robot sous-marin britannique « Isis » piloté par une équipe du British Antarctic Survey (BAS) et du National Oceanography Centre (NOCS), a filmé jusqu’à 3.000 mètres de fond , et à la surprise générale, la caméra d’Isis a filmé des Euphausia superba. Pas mortes, et même en pleine forme, elles grattaient énergiquement le sédiment, sans doute à la recherche de nourriture. En cette fin d’été austral, le fond était riche en restes de phytoplancton provenant de la surface après la prolifération estivale. L’observation a fait l’objet d’une publication dans la revue Current Biology. On croyait depuis une éternité que le krill était confiné aux 150 premiers mètres de l’océan, se nourrissant de plancton. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 33 baleines Le krill : de fausses crevettes Selon Jean-Louis Etienne, le krill est un mot norvégien qui désigne de fortes concentrations de petits crustacés à l’allure de crevettes – les euphausiacés – qui présentent des caractères de crustacés primitifs. On estime le stock de krill à quelque 500 millions de tonnes. Le krill n’est pas stricto sensu, planctonique, puisqu’il nage à 0,5 km/h en essaim et dépasse 2 km/h individuellement. Et à cause de cela, certains spécialistes le classent dans le macroplancton, alors que, pour d’autres, il fait partie du micronecton (du grec nektos, qui nage, comme les poissons, les cephalopodes…). De plus, le krill effectue des migrations verticales dans les 100 premiers mètres de profondeurs, et parfois au-delà, pour rechercher sa nourriture en filtrant l’eau l’aide d’appendice en forme de peignes très fins. LES Cétacés Les cétacés comme la baleine, l’orque, le cachalot, le rorqual ou le dauphin font partie des mammifères marins. « Cétacé » signifie en grec, monstre aquatique. On distingue deux groupes de cétacés : les odontocètes, monstres marins à dents (dauphin, cachalots, orques et marsouins) et les mysticètes, monstres marins à moustache pour désigner les fanons. Les mammifères marins donnent naissances à des petits tout formés, qu’ils allaitent grâce à leurs mamelles, comme les mammifères terrestres. Ils se déplacent dans l’eau grâce à leur corps allongé et à des nageoires, comme les poissons Les baleines et les dauphins respirent grâce à des poumons, ils reviennent donc souvent à la surface pour respirer. Ils n’ont pas besoin de sortir complètement la tête de l’eau car ils aspirent l’air au sommet du crâne par un évent (narines transformées). Les baleines et les dauphins s’orientent grâce à une sorte de sonar. Le dauphin envoie des ultrasons qu’il focalise dans une direction grâce à la forme bombée du crâne. L’écho qui revient à lui est comme une image sonore et lui indique s’il s’agit d’une proie ou de quelque chose à éviter. Il envoie d’abord des clics lents pour repérer quelque chose au loin puis des ondes à hautes fréquences pour préciser l’objet. Ce phénomène d’onde et d’écho est appelé l’écholocation. Pour distinguer les différents mammifères, il faut observer la taille, la couleur, le souffle, la forme de l’aileron (hauteur, courbure, position sur le dos), la forme de la tête et du bec et aussi le comportement de l’animal. Et dans le détail ? • L’orque mesure 7 m, il est noir et blanc, sa nageoire dorsale triangulaire est au milieu du dos. Elle est parfois courbée chez le mâle et en forme de faux pour la femelle. Cet animal peut nager jusqu’à 70 km/h. • Le dauphin mesure 2 à 3 m, son aileron crochu est situé vers le milieu du corps, il aime sauter et jouer en groupe. Il existe le dauphin bleu et blanc, le dauphin commun, le grand dauphin qui mesure 3-4 m • Le rorqual commun (20 m) est une des baleines les plus rapides, elle peut nager à 55 km/h. il se nourrit de crustacés et de petits poissons. Il vit seul ou en groupe de 2 à 12 individus. • Le petit rorqual ou rorqual à museau pointu (8 m). Il voyage le plus souvent seul. Mais il aime jouer autour des bateaux, il est rapide et curieux. Il se nourrit de crustacés, de calmars et de petits poissons. De nombreux cétacés viennent s’échouer sur les plages dans le monde entier, on ne connaît pas bien les raisons qui poussent les animaux à se laisser mourir. On suppose que les animaux âgés ou malades décident eux-mêmes de mettre fin à leur jour, et d’autres animaux agiraient par solidarité après un cri de détresse. On suppose aussi que la séparation entre la mère et son petit, ou la rencontre d’un ennemi provoque ce genre de réaction. 34 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 Il y a plancton et plancton Le plancton, terme employé à l’origine par Homère dans l’Odyssée pour désigner les animaux errant à la surface des flots, a été défini scientifiquement par Hensen (1887) pour caractériser l’ensemble des organismes vivants qui flottent dans les eaux, pour être ensuite popularisé par Alain Bombard – il s’en est nourri - après sa traversée solitaire et sans vivres de l’Atlantique à bord de l’Hérétique en 1952. Mais ce terme manquait de précision et sa définition a été maintes fois remaniée pour tenir compte de la taille des organismes, de leur nature, de leur environnement ou de leur répartition spatiale. Nous nous en tiendrons donc à une approche certes simpliste mais cohérente en retenant trois catégories, deux liées à la nature des individus, une troisième à leur taille. Le plancton végétal, ou phytoplancton, se construit à partir de matières minérales. Il vit entre 15 et 10 mètres de profondeur, et accomplit sa photosynthèse. Le plancton animal, ou zooplancton, se nourrit de matière vivante, certains espèces étant herbivores et d’autres carnivores. Il remonte la nuit vers la surface pour se nourrir de phytoplancton et redescend pendant la journée vers les eaux plus profondes histoire d’échapper à ses prédateurs. Le plancton est le premier maillon des chaînes alimentaires marines. Le phytoplancton est mangé par le zooplancton et par une multitude d’organismes marins. Ils seront la proie de petits prédateurs eux-mêmes chassés par de grands prédateurs. Certains gros animaux comme la baleine et le requin pèlerin se nourrissent directement de zooplancton. Quant au nanoplancton, il recouvre l’ensemble des organismes planctoniques dont la taille est comprise entre 5 et 50 microns. La protection des baleines protection des baleines La commissionLa baleinière internationale se réunit à partir de lundi à Anchorage, en Alaska La commission baleinière internationale se réunit La lutte contre la chasse Principales espècesà partir de lundi à Anchorage, en Alaska Création commission 1946 La lutte contrede la la chasse baleinière internationale 1946 Création de la commission la 1986 Moratoire baleinièreinterdisant internationale chasse commerciale, 1986 Moratoire interdisant laautorise la chasse à des fins deautorise chasse commerciale, recherche la chasse àscientifique des fins de Japon se lance dans 1987 Le recherche scientifique la chasse à des finsdans 1987 Le Japon se lance scientifique; Greenpeace la chasse à des fins proteste scientifique; Greenpeace CBI assouplit le moratoire 1992 La proteste sur la chasse aux le baleines assouplit moratoire 1992 La CBI rorquals. L’Islande, qui veut sur la chasse aux baleines la fin du moratoire, la CBI rorquals. L’Islande, quitte qui veut Sanctuaire pour lesquitte baleines 1994 la fin du moratoire, la CBI dans l’hémisphère sud 1994 Sanctuaire pour les baleines Japon annonce sud qu’il va 2005 La dans l’hémisphère augmenter ses prises 2005 La Japon annonce qu’il va à des fins scientifiques augmenter ses prises CBIfins juge que le moratoire 2006 La à des scientifiques commercial n’est moratoire 2006 La CBI juge que le“plus nécessaire”, mais le maintient commercial n’est “plus nécessaire”, mais le maintient Principales espèces Population estimée par océan Rorqual commun Population estimée par océan Atlantique nord 23 000 à 39 000 Rorqual commun Atlantique nord 23 000 à 39 000 En danger En danger Baleine boréale Mer de Bering Baleine boréale 8 200deà Bering Mer 13 500à 8 200 13 500 En grand danger En grand danger Baleine rorqual 125 000 àrorqual 245 000 Baleine Atlantique 125 000 à nord 245 000 Atlantique nord Risque réduit Risque réduit Baleine à bosse 34 000 àà52 000 Baleine bosse Hémisphère sud 34 000 à 52 000 Hémisphère sud Vulnérable Vulnérable Sources: CBI/WWF 280507 Sources: CBI/WWF 280507 Le Japon, pays chasseur de baleines, qui dispose d’une dérogation de la Commission baleinière internationale pour tuer des cétacés à des fins dites « scientifiques », une belle hypocrisie en fait, a clairement énoncé son intention de harponner un millier de baleines au cours de la campagne de pêche lancée en novembre dans l’Antarctique. Les organisations écologistes qui militent pour la protection des grands cétacés, Greepeace et Sea Shepherd, pourchassent les baleiniers japonais dont ils entravent les manœuvres. Parfois ils n’hésitent pas à les prendre à l’abordage ! De quoi susciter des vocations mille sabords ! Récemment, Paul Watson, responsable de l’organisation Sea Shepherd (Berger de la mer) Dont le bateau a tenu plusieurs mois en Antarctique a estimé avoir sauvé plus de 500 cétacés. « Nous avons fait tout ce que nous avons pu pour cette saison et cela a été un très gros succès. Je pense que nous avons sauvé la vie de plus de 500 baleines «. A court de carburant, le navire de l’organisation, le Steve Irwin, a été contraint de mettre la cap vers l’Australie . Réputé pour ses méthodes coup de poing, Sea Shepherd est allé à la confrontation à plusieurs reprises avec les baleiniers nippons. En janvier dernier, deux militants se sont lancés à l’abordage de l’un d’eux et ont été retenus pendant deux jours par les pêcheurs japonais avant d’être récupérés par un bâtiment militaire australien. Plus récemment, Sea Shepherd a réussi à approcher son vaisseau du baleinier Nisshin Marun et pendant une heure bombardé le balienier d’une centaine d’enveloppes et de bouteilles chargées d’acide butyrique, en poudre et sous forme liquide. Deux membres d’équipage et deux officiers des garde-côtes japonais se sont plaints de brûlures aux yeux et trois d’entre eux ont dû être traités, a indiqué l’Agence des pêcheries japonaises. Le gouvernement japonais a protestaté auprès de l’Australie, où le navire écologiste Steve Irwin a fait se dernière escale, et des Pays-Bas où il est enregistré. « Infliger des dommages injustifiables à un navire japonais et s’en prendre à la sécurité de l’équipage qui opère légalement dans les eaux internationales sont des actes inexcusables », a déclare le porte-parole du gouvernement japonais, Nobutaka Machimura. L’organisation Sea Shepherd a précisé que les produits chimiques employés ont laissé une odeur pestilentielle sur le bateau et rendu le pont glissant, ce qui a eu pour conséquence d’empêcher le navire de capturer des baleines. « Je pense qu’on peut appeler ça une guerre chimique non violente », a déclaré Paul Watson, dans un communiqué. « Nous n’utilisons que des matières organiques, non toxiques pour harceler et perturber les opérations illégales de pêche à la baleine. » M. Watson a démenti que l’incident ait fait des blessés. « Nous avons filmé et photographié toute la scène. Aucun projectile n’est tombé près de l’équipage ». Cette attaque coïncidait avec l’ouverture à Tokyo d’un séminaire en présence de représentants de 11 pays en développement qui ont rejoint récemment ou envisagent de rejoindre la Commission baleinière internationale (CBI). baleines Guerre de course dans le grand Sud Le Japon, n°1 de la chasse aux baleines Un millier de baleines devraient être tuées par la flotte japonaise au cours d’une campagne de 5 mois dans l’Océan austral Principale zone de chasse AUSTRALIE ANTARCTIQUE Pôle sud MER DE ROSS Baleine à bosse Tokyo veut en chasser 50 par an à partir de fin 2007 NOUVELLEZELANDE Baleine à fanons Le Japon en chasse 10 par an et veut passer à 50 par an fin 2007 Baleine de Minke Moratoire imposé par la commission baleinière internationale depuis 1986; le Japon continue une chasse pour la recherche scientifique Prises annuelles 438 389 439 98 99 00 440 440 441 443 441 01 02 03 04 05 Source: CBI/Agence japonaise de la pêche 856 508 06 07 191107 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 35 GLOBAL WARMING Le réchauffement planétaire ne se résume pas à une montée uniforme des températures… On enregistre des effets apparemment paradoxaux, des phases très froides qui alternent avec des périodes de sécheresse et de rudes intempéries. Ces contradictions suscitent parfois des effets partiellement positifs, comme dans le grand Sud où l’augmentation du nombre d’icebergs crée de véritables oasis de vie dans les eaux froides qu’aiment à fréquenter les baleines… La machinerie planétaire est extraordinairement complexe… Les cerisiers en fleur à Washington-DC Réchauffement global. L'année 2008 devrait faire partie des dix années les plus chaudes, aux côtés de 1998 et 2005 et ce en dépit d’un hiver, qui a été le plus froid de la dernière décennie s’agissant de l’hémisphère Nord. Le printemps devrait être à l’heure au rendez-vous et l’on voit dèjà des ceriseiers en fleur à Washington DC, signe de ce que la végétation a retrouvé un rythme saisonnier « normal », le printemps débutant officiellement au 20 mars cette année dans cette région du monde. Selon Phil Jones, directeur de l’Unité de recherche climatique de l’Université de East Anglia qui fournit les données concernant les températures mondiales aux Nations Unies, 2008 a été une année assez froide dans le monde, avec des températures seulement légèrement supérieures à la moyenne de 1961-1990, mais il s’agit seulement des mois de janvier et de février, c’est-àdire deux mois très froids comparables à ce qui s’est produit en 1994 et 1996. Le groupe Intergouver nemental d’Experts des Nations Unies sur l’Evolution du Climat (GIEC) envisage la manifestation d’une tendance au réchauffement, provoquée par l’utilisation d’énergies fossiles, dès la fin du phénomène « La Nina » qui refroidit les eaux du Pacifique. Des conditions similaires se sont présentées en 1998 et en 2005, les deux années les plus chaudes que l’on ait jamais enregistré depuis 1860, date à partir de laquelle ces paramètres sont régulièrement conservés. Conséquences paradoxales, en apparence de ces évolutions, la Chine a connu de terribles tempêtes de neige en janvier et en février, sans oublier des tempêtes de sable… La Grèce, l’Irak, et la Floride ont connu aussi des épisodes neigeux extraordinaires… Les experts affirment que le changement climatique devrait être à l’origine de plus de phénomènes inhabituels de ce genre et de plus de sécheresses, d’inondations, de canicules et d’une augmentation du niveau des mers. Vue des environs du Jefferson Memorial, par delà le Tidal Basin, à Washington, DC, le 22 mars dernier : les cerisiers sont en fleurs… 36 Supplément gratuit du Journal de l’île du 10 juin 2007 global warming Pôle Nord, peau de chagrin Les glaces arctiques ont connu une fonte spectaculaire et sans pareil pendant l'été 2007 par comparaison aux années précédentes. « Le taux moyen de perte de glace de la banquise arctique au cours des étés jusqu'en 2006 était en moyenne équivalent à la superficie de l'état de Virginie occidentale (62.809 kilomètres carré), et durant l'été 2007 il a été multiplié par 30, une surface représentant la taille de l'Alaska (1,7 million de km2) », soit plus de trois fois la taille de la France, explique l'océanographe américain Michael Steele de l'American Geophysical Union (AGU). « C'est un énorme recul des glaces ». La banquise arctique ne recouvrait plus au cours de l'été que 4,13 millions de km carrés, la superficie la plus petite des temps modernes, selon Wieslaw Maslowski, océanographe de l'école navale de Monterey en Californie qui précise que les glaces arctiques pourraient ainsi complètement disparaître pendant les trois mois d'été d'ici 2013. Tout en se refusant à faire la même projection, Michael Steele, océanographe à l'université de l'Etat de Washington à Seattle note que l'océan arctique n'avait jamais été aussi chaud en été. « Cet océan a connu une élévation de température sans précédent de cinq degrés Celsius au-dessus de la moyenne, ce qui est énorme ». Dans les zones arctiques où la glace perdure habituellement l'été, la hausse de température a été « de deux ou trois degrés au-dessus de la moyenne », a précisé ce scientifique. En Alaska, les températures ont atteint durant l'été 12 à 13 degrés Celsius. « On n'avait jamais vu cela avant », insiste Michael Steele qui a basé ses recherches sur des données historique remontant à un siècle, fournies par différents instruments placés à différents endroits de l'océan et aussi avec des mesures satellitaires. Le réchauffement de l'océan arctique a été auto-entretenu avec les eaux plus chaudes de l'Atlantique et du Pacifique qui remontent vers le nord, accélérant la fonte des glaces. Mais le réchauffement climatique, dû aux émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine, « est fondamentalement responsable du fait que la banquise devient plus fine et donc plus vulnérable aux vents qui poussent au loin les glaces d'Alaska et de Sibérie orientale » les faisant fondre plus vite, a relevé l'océanographe de l'université de Washington. « C'est un fait que les glaces arctiques disparaissent et que l'océan absorbe plus de lumière solaire », a ajoute M. Steele. Supplément gratuit du Journal de l’île du 10 juin 2007 37 comme des points chauds d’une distribution continue de micro-nutriments qui nourrit les communautés pélagiques. » ont-ils déclaré dans leur rapport, publié dans le journal Science. Les chercheurs ont suggéré que l’éruption de la vie animale autour des icebergs pourrait aider à réduire le dioxyde de carbone dans l’atmosphère. En effet certains gaz à effet de serre sont absorbés par l’océan et en retour, par la vie animale qui, une fois qu’elle meurt, peut couler au fond de l’océan où le dioxyde de carbone est piégé, et n’est donc pas rejeté dans l’atmosphère. Du fait que plus de vie animale est créée dans la région, il y a plus d’animaux susceptibles de mourir en coulant au fond de la mer et ainsi augmenter la quantité de carbone ôtée de l’atmosphère. « Les icebergs à la dérive pourrait servir comme des zones de production et de séquestration de dioxyde de carbone dans les profondeurs de la mer » d’après les scientifiques. Néanmoins, en matière de biodiversité, le réchauffement global est plutôt synonyme d’extinction d’espèces qu’autre chose (Ndlr : voir infographie) Les icebergs lâchés dans les eaux de l’Antarctique à cause du réchauffement climatique sont des points chauds pour la vie animale, d’après ce qu’ont déclaré récemment des chercheurs. En effet, la fonte des grands glaciers de l’Antarctique a considérablement augmenté le nombre d’icebergs dans cet océan et ils se sont révélés être un environnement très riche contre toute attente.Les nutriments libérés dans les eaux par la glace fondue ont encouragé la croissance des phytoplanctons qui attirent les krills, qui sont ensuite mangés par de plus gros animaux comme les baleines. Ainsi certains endroits des mers qui seraient habituellement désertiques sont devenus très riches en vie animale, et maintenant une très grande variété de poissons y vivent, encourageant d’autres espèces à venir s’y installer. Parmi les oiseaux observés par les scientifiques de l’Institut de Recherche de l’Aquarium du Monterey Bay, on comptait le damier du Cap et le fulmar de l’Antarctique. Les pingouins, les baleines et les phoques sont également attirés par Faune de l’océan Antarctique le krill et le poisson.Près Plus de 700 espèces nouvelles découvertes de 1000 icebergs ont été dans les eaux profondes de l’océan austral répertoriés sur 1100000 ha de la Mer Weddell, et AFRIQUE les scientifiques ont calculé DU SUD AMERIQUE DU SUD que dans l’ensemble ces icebergs avaient augmenté la «productivité biologique » dans près de 40% des eaux de MER Cylindrarcturus, nouvelle la mer, puisqu’on répertorie DE WEDDELL variété de crustacé désormais beaucoup plus de ANTARCTIQUE Espèces recensées vies animales dans ces zones. 674 crustacés La vie animale grouille en telle L’expédition quantité autour des icebergs 200 vers marins Trois campagnes Zones menées en 2002 étudiés que les chercheurs 76 variétés d’éponges de prélèvement et 2005 par le navire les décrivent comme des océanographique Sources: Université de Echantillons récoltés allemand Polarstern estuaires flottants. « Nous Hambourg/Cedamar/ entre 748 et 6 248 m British Antarctic Survey considérons les icebergs à de profondeur 170507 la dérive de la Mer Weddell Le réchauffement menace la biodiversité Conséquences mondiales et régionales de la hausse des températures Hausse des températures par rapport au 18e siècle 38 Supplément gratuit du Journal de l’île du 30mars 2008 2° 1,6 1,7 +1° MONDE 9 à 31% des espèces menacées d’extinction 2,2 Diminution du krill Augmentation (Antarctique, des incendies de forêts Arctique) autour de la Méditerranée pouvant affecter Hausse du blanchissement les manchots Adélie Extinction de 41 à 51% des coraux des espèces de plantes (Caraïbes, Océan endémiques en Afrique australe Indien, Australie) Disparition de 47 % de la forêt australienne (grenouilles, oiseaux, mammifères) +1° Source : GIEC Les autres pertes d'épaisseur les plus importantes ont été relevées sur le glacier autrichien du Grosser Goldbergkees (1,6 mètre en 2006, contre 30 centimètres en 2005), en France sur le glacier d'Ossoue (près de 3 mètres, contre 2,7 mètres l'année précédente), en Italie sur le glacier du Malavalle (1,4 mètre, contre 90 centimètres), sur le glacier espagnol de Maladeta (près de 2 mètres, contre 1,6 mètre), en Suède sur le Storglaciaeren (1,8 mètre, contre 8 centimètres) et sur le glacier suisse du Findelen (1,3 mètre, contre 22 centimètres). « Il semble qu'il y a une tendance à l'accélération (de la fonte des glaciers) sans qu'on puisse en voir la fin », a commenté le professeur Wilfried Haeberli, directeur du SMSG. « Des millions, si ce ne sont pas des milliards de personnes dépendent directement ou indirectement de ces réserves naturelles d'eau pour l'eau potable, l'agriculture, l'industrie et la production d'énergie électrique durant des périodes clés de l'année », a averti Achim Steiner, secrétaire général adjoint de l'ONU et directeur du PNUE. 1,5° 1,9 Destruction de la forêt amazonienne 21 à 52% des espèces menacées 2,8 2,9 3° 3,1 2,5 Les forêts, sols et plantes émettent plus de CO2 qu’ils n’en absorbent REGIONS +0.6° L’adieu aux glaciers Victimes du réchauffement climatique, les glaciers continuent de fondre à un rythme accéléré dans le monde entier, selon les dernières mesures publiées par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). « Le taux moyen de fonte a fait plus que doubler entre les années 2004-2005 et 2005-2006 », selon des données recueillies sur 30 glaciers de référence dans neuf chaînes de montagnes par le Service mondial de suivi des glaciers (SMSG) dont le siège se trouve à Zurich (Suisse). Cet organisme, soutenu par le PNUE, surveille des glaciers depuis plus d'un siècle et dispose d'informations précises sur 30 glaciers de référence depuis 1980. Le SMSG a calculé que les glaciers ont perdu en moyenne 11,5 mètres d'épaisseur depuis 1980. Sur les 30 glaciers de référence, seulement 4% ont vu leur épaisseur augmenter, tous les autres ont fondu. La fonte la plus élevée a été subie par le glacier norvégien du Breidalblikkbrea, qui a perdu près de 3,1 mètres d'épaisseur durant la seule année 2006, alors que la perte n'avait été que de 30 centimètres l'année précédente. Blanchissement 15 à 37% des espèces de tous les menacées d’extinction récifs de corail Fonte de 62% des glaces d’été en Arctique l’ours polaire risque de disparaître Disparition des derniers récifs de corail Peu d’écosystèmes peuvent s’adapter 3,4 4° 3,7 Destruction de l’habitat de nombreux oiseaux migratoires J. de Sierra global warming Antarctique : les icebergs boostent la vie animale En Amérique du Nord, diminution de 24% de l’habitat des poissons d’eau douce (diminution de 27 % des saumons) En Europe extinction probable de 4 à 21% des plantes Extinction probable de 24à 59% des mammifères (Afrique du Sud) 2° 2,1 2,2 2,3 2,6 2,9 3° 3,1 Disparition de 50 % de la toundra Risque d’extinction d’espèces alpines (Europe) Les forêts boréales disparaissent (Chine) 3,4 4° 151107 pollution CHINE Le plus important fabricant de sacs en plastique de Chine, Huaqiang, a fermé ses portes récemment, prenant les devants sur l’entrée en vigueur, en juin, de règles limitant ce type de sacs. L’usine de 20.000 employés du groupe cantonais Nanqiang Plastic Industrial Ltd. a cessé toute production dès la mi-janvier, estimant ne plus pouvoir subsister une fois les nouvelles règles appliquées. L’usine a une capacité de 250.000 tonnes de sacs par an, représentant plus de 300 millions de dollars, mais produit principalement des sacs trop fins qui seront interdits à partir du 1er juin. Le gouvernement chinois a en effet décidé en début d’année de prohiber les sacs de moins de 0,025 millimètres d’épaisseur, largement répandus dans le pays mais souvent trop fragiles pour être réutilisés. Il a aussi annoncé la fin du sac gratuit dans les magasins, afin de réduire le gaspillage et la pollution. Effet J.O ? Honteuse Albion. En matière de réduction des sacs plastiques non biodégradables, le RoyaumeUni est à la traîne derrière la plupart de ses partenaires européens mais également derrière des pays d’Afrique et même la Chine. Le gouvernement britannique a jusqu’à présent rechigné à une interdiction légale, préférant laisser le commerce libre de choisir la méthode de réduction. Les parlementaires écossais ont voté en 2006 contre la facturation des sacs. Irlande. Depuis 2002, la « Plastax » , 22 centimes d’euro par sac, est appliquée et reversée à un fonds écologique. Elle a entraîné une réduction de 90%. Allemagne. Les supermarchés font payer entre 5 et 25 cts le sac. Les grands magasins donnent parfois des sacs réutilisables. Suède. Aucune interdiction à l’ordre du jour. Dans les deux grandes chaînes de supermarché, le sac coûte 16 cts. Certaines enseignes vendent depuis 2007 des sacs biodégradables. 40 photo: kelonia Belgique. Depuis juillet 2007, les sacs jetables sont taxés 3 euros par kilo. Les efforts de la grande distribution depuis 3 ans ont permis une baisse de 40%. Des sacs biodégradables ont commencé à apparaître. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 Dans un lointain futur, les scientifiques découvriront dans le mille feuilles de notre géochronologie une couche dite « plastique » qui permettra de dater assez précisément une période allant de la seconde moitié du XXe siècle au XXIIe siècle. Cette mince strate de plastique fossile marquera vraisemblablement une sixième période d’extinction des espèces, un peu comme la fameuse limite KT (crétacé - tertiaire) - 1 à 2 cm de suie et de métaux lourds (iridium, platine et or) - marque l’extinction des dinosaures. Contemporains de ce phénomène, nous pouvons agir pour en limiter les effets, quitte à retransformer les déchets de plastique en hydrocarbures. La chose est sans nul doute réalisable avec les déchets terrestres, on s’y emploie avec succès en Inde, et Maurice entend s’engager dans cette activité apparemment rentable, mais qu’en est-il des déchets marins ? Ils constituent une pollution qui concerne tous les océans de la planète. Les macro déchets, tels que sachets et objets en plastique, fragments de filets, cordages et débris de même matière, blessent, estropient et causent la disparition d’un grand nombre d’espèces marines telles que tortues, albatros, phoques, baleines, dauphins entre autres poissons, soit parce qu’ils piègent les malheureux animaux qui s’y frottent, soit parce ces matériaux, souples et translucides, ressemblent aux proies dont se nourrissent les animaux marins et qu’ils les ingèrent. Pour la vie marine, ces déchets sont à l’origine de risques multiples. Filets «fantômes» S’agissant des plus gros déchets, sacs en plastique, matériel de pêche, filets et lignes monofilament, élastiques… l’enchevêtrement représente un danger mortel par noyade, étouffement, strangulation, blessures, incapacité à se nourrir. Phoques et otaries paient cher leur curiosité et sont particulièrement affectés. Le taux d’enchevêtrement atteint présent pollution / futurs La mort en plastique chez eux jusqu’à 7,9% . On estime que 58% de phoques et d’otaries ont été confrontés à ce risque, parmi lesquels les phoques moines hawaïens, les otaries australiennes, les otaries à fourrure de Nouvelle-Zélande et certaines espèces de l’océan Austral. Baleines, dauphins, marsouins, tortues marines, lamantins et oiseaux de mer ont tous été touchés par l’enchevêtrement. On a dénombré 80 espèces différentes de baleines et 6 espèces de tortues marines piégées dans le plastique. Des lamantins portaient des cicatrices ou ont perdu des palmes à cause de l’enchevêtrement. 56 espèces d’oiseaux de mer en ont également été victimes. Enfin, les filets «fantômes», matériel perdu ou jeté, peuvent rester actifs et piéger poissons, tortues et cétacés longtemps après leur abandon. D’autres débris de plastique, plus petits, sont ingérés par des animaux qui les confondent avec des proies ou avec des algues. Sont concernés tortues marines et oiseaux de mer, sans oublier mammifères marins et autres poissons. L’ingestion de ces corps étrangers peut provoquer l’obstruction du tube digestif ou donner à l’animal la sensation qu’il est rassasié, avec pour conséquence la malnutrition, la faim, suivie de la mort par inanition. Des études ont montré que de nombreuses espèces de tortues marines (environ 50 à 80%), ont consommé des déchets marins. Chez les juvéniles, le problème majeur est la dilution alimentaire, car le déchet occupe une partie de l’intestin, les empêchant de se nourrir suffisamment. En ce qui concerne les oiseaux de mer, 111 des 312 espèces suivies ont souffert de l’ingestion de détritus, ce qui peut affecter un pourcentage élevé de la population (de 50 à 70%). Les déchets plastiques peuvent être transmis aux petits à travers la nourriture régurgitée par leurs parents. L’un des troubles causés par l’ingestion de plastique chez les oiseaux est la perte de poids. En effet, faussement rassasiés, ils n’emmagasinent pas assez de graisse pour migrer, se reproduire. En conséquence, ils dépérissent. Philippe Le Claire – Sources Greenpeace – Kélonia - Globice photo: Globice Débris marins : quelles densités ? Greenpeace a compilé de nombreuses études internationales visant à évaluer la densité en débris de plastique sur les plages, le fond océanique, la colonne d’eau et la surface de la mer. Etudes essentiellement consacrées aux macro déchets. Il apparaît que les déchets marins sont présents en plus grandes quantités aux tropiques et aux latitudes moyennes que près des pôles. Des quantités élevées sont concentrées dans les couloirs de navigation, dans les zones de pêche et dans les zones de convergence océanique. - Débris flottants : on trouve généralement de 0 à 10 déchets flottants au km2. Le taux de déchets est supérieur dans la Manche (10 à 100 objets/km2) et en Indonésie (plus de 4000 objets/km2). On a enregistré des quan- tités bien supérieures de micro déchets flottants : le tourbillon océanique du Pacifique Nord, zone de convergence de déchets, contient des niveaux maximums, qui, une fois extrapolés, représentent près d’un million d’objets au kilomètre carré ! - Fonds océaniques : les débris marins sont présents sur les fonds océaniques de plusieurs mers européennes et également aux USA, dans les Caraïbes et en Indonésie. Dans les eaux européennes, la plus grande quantité enregistrée est de 101 000 objets/km2 ; en Indonésie, 690 000 objets/km2. - Zones littorales : les densités les plus élevées ont été enregistrées en Indonésie (jusqu’à 29 100 objets au km2) et en Sicile, jusqu’à 231 objets/m2 ! Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 41 pollution France. En 1996, l’enseigne Leclerc met en place les premiers sacs réutilisables, recyclables et échangeables gratuitement à vie. Ce n’est qu’en 2007 que la plupart des hypermarchés font payer les sacs. En 2006, 3,1 milliards ont été distribués en caisse, trois fois moins qu’en 2003. La Commission européenne a retoqué une loi de 2006 visant à interdire les sacs non biodégradables à partir de 2010. Danemark. Le sac est facturé dans les supermarchés jusqu’à 40 cts. Norvège. Le gouvernement réfléchit à une interdiction totale. Autriche. Pas d’interdiction en vue. Les sacs sont vendus en moyenne 20 cts et des sacs bio ont fait leur apparition en juin 2007. Portugal. Distribution gratuite par les supermarchés. Le gouvernement exclut la création d’une taxe écologique. Une tortue ayant ingéré un cordage de nylon (photo Kélonia). Suisse. Les principales chaînes de distribution donnent les sacs. La Confédération ne prévoit pas de resserrer la réglementation estimant que « leur écobilan est satisfaisant à partir du moment où ils sont réutilisés plusieurs fois, puis jetés avec les ordures ménagères afin d’être incinérés pour produire de l’énergie », selon le ministère de l’Environnement. Kenya. Interdiction des sacs fins en vigueur depuis fin 2007 et lourdes taxes douanières sur les sacs épais. Rwanda. Ouganda. Tanzanie. Interdiction depuis 2007. Afrique du Sud. Les prix vont de 1,6 à 2,8 cts. USA. En mars 2007, San Francisco est devenue la première ville du pays à interdire le sac non biodégradable dans les supermarchés et, à partir de début 2008, dans les grandes chaînes de pharmacie. Depuis 2007, les grandes surfaces de Californie doivent recycler les sacs apportés par les clients. Australie. Le gouvernement a renoncé à imposer une taxe pour dissuader les consommateurs d’utiliser des sacs plastiques. Inde. Depuis 1999, les sacs recyclés sont interdits pour emballer les denrées alimentaires, et la fabrication et l’utilisation de certains sacs fins recyclés sont également interdites. 42 Flipper sous blister À l’intérieur de l’estomac d’une tortue de 4,5 kg : 250 g de plastiques divers ! (photo Kélonia). Visite de l’estomac d’une tortue : du plastique en grande quantité Stéphane Ciccione, directeur de Kélonia, n’y va pas par quatre chemins : “Les déchets plastiques sont la principale cause de mortalité pour les tortues réunionnaises”. Vertes ou imbriquées, les deux espèces présentes dans nos flots, peuplent nos côtes. Là où la concentration de déchets en provenance de l’île est la plus importante. “Les sacs plastiques peuvent provoquer des étranglements et des lésions. Mais, on constate que c’est l’ingestion qui constitue le plus gros danger. Les débris s’accumulent dans leur estomac et bloquent le transit. Cela provoque leur affaiblissement ou une perforation de l’intestin. In fine, cela signe bien souvent la mort de la tortue”, souligne-t-il. Les autopsies pratiquées en sont la preuve. “Lorsque nous avons réalisé une autopsie sur un jeune spécimen de 4,5 kg, nous avons retrouvé 250 g de déchets plastiques d’origines extrêmement variées dans son estomac. Cela va des emballages de barres chocolatées aux morceaux de préservatifs en passant par des bouchons… ainsi que du fil de nylon, du tissu synthétique”, poursuit-il. Stéphane Ciccione ajoute : “Nous constatons entre un et trois cas similaires chaque année. Alors que la population de tortues augmente peu à peu, il est important de préserver leur environnement”. Bruno Graignic Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 « Les dauphins confondent les sacs plastiques, notamment quand ils commencent à être filandreux, avec des méduses. Ils foncent directement sur eux et se retrouvent pris au piège. Le risque est présent pour l’ensemble des petits cétacés de moins de 10 m », explique Virginie Boucaud, présidente de l’association Globice (Groupe local d’Observation et d’Identification des Cétacés). À quoi il faut ajouter l’ingestion de sachets autres déchets d’emballage et bouchons de soda… « Cela provoque des occlusions intestinales que ce soit pour les cétacés ou les tortues de mer ». Plastique apocalypse Un million d’oiseaux, 100 000 mammifères marins et tortues meurent chaque année à cause des déchets rejetés en mer, selon une étude de la Marine Conservation Society, publiée en 2004 ; 56 % des macro déchets retrouvés sur les plages sont composés de plastique. Majoritairement les sacs distribués gratuitement dans le commerce, selon la même source. 15 milliards de ces sacs sont distribués tous les ans en France, soit 500 sacs par seconde ! l’eau, le sable, les sédiments, perdurent dans la chaîne alimentaire, sont avalées par des créatures marines de petite taille et peuvent concentrer les polluants organiques persistants (POP) présents dans les mers. Ils réintègrent ainsi la chaîne alimentaire en devenant plus toxiques encore. 2010 : dure limite Depuis janvier 2006, pour protéger le lagon, le préfet de Mayotte a interdit l’importation des sacs plastiques jetables. À Maurice, en supermarché, le sachet est payant. A La Réunion, il y a peu, on consommait 360 millions de sachets en plastique par an. Des sacs réutilisables sont proposés à la vente dans les grandes surfaces sans éliminer pour autant les sacs plastiques gratuits à usage unique. Quant aux sacs biodégradables, ils demeurent l’exception. Seule donnée certaine, une directive européenne de 2005, prévoit l’interdiction totale des sacs non biodégradables à l’horizon 2010. Pour information, le temps de dégradation de ces déchets peut aller de 100 à 400 ans, voire mille ans, selon leur composition ! Alors la limite de 2010 paraît bien futile ! La solution ? Micro déchets et POP Le plastique est omniprésent sur tous les rivages du monde, des atolls merveilleux de Polynésie aux grèves désolées du grand Sud, et quand bien même la dégradation naturelle finit par réduire la taille des déchets à celle de grains de sable, ces particules demeurent en suspension dans Le polyéthylène (PE ou PP), qui compose les sacs de plastique, n’est pas naturellement biodégradable. L’introduction dans leur composition d’un sel de métal, agent catalyseur de thermo et photo dégradation, conduit à la biodégradation du polymère et en fait des produits oxo biodégradables. En favorisant la rupture des chaînes moléculaires de carbone composant la matière il devient oxydable par l’air, la chaleur, le rayonnement ultraviolet, puis biodégradable et bio assimilable. Dans la nature, au bout de 14 à 16 mois (durée programmable en fonction de l’usage), suivant la date de fabrication et les conditions climatiques, le plastique devient fragmentable, fragile ; il perd ses propriétés mécaniques et cesse d’être un polymère, il devient hydrophile et biodégradable, c’est-à-dire assimilable par les micro-organismes présents dans le sol et ce jusqu’à sa disparition totale. Vortex. En novembre 2006, lors d’une expédition dans le Pacifique, Greenpeace a découvert entre Hawaii et la Californie, une vaste plaque de déchets de plusieurs millions de tonnes, formant une île plus grande que la France juste à proximité de la plus grande réserve marine au monde. La localisation de cette plaque s’explique par un phénomène de vortex ou tourbillon, c’est-à-dire de courants qui font converger vers cette zone les déchets flottants et par l’absence de vents qui engendre l’accumulation de ceux-ci, constituée de tout ce qui peut flotter, qui n’est pas biodégradable et en plastique, allant de la brosse à dent jusqu’aux filets de pèche fantôme, mais aussi de millions de morceaux microscopiques de plastiques. La plaque de déchet du Pacifique, est la manifestation d’un phénomène qui touche l’ensemble des océans de la planète, formant une des plus grande menace sur les écosystèmes marins. Dans toutes les mers y compris dans les régions polaires on trouve des déchets flottants. niouzes La moule et le margouillat à la colle Un nouvel adhésif pouvant être utilisé des milliers de fois, y compris sur des surfaces humides, en combinant les qualités de fixation du gecko et des moules a été mis au point par des chercheurs qui ont rapporté leurs travaux dans la revue britannique Nature. Cet adhésif révolutionnaire, qui pourrait avoir des applications en médecine, ou dans les domaines militaire et spatial, utilise la particularité du gecko pour marcher sur des parois verticales lisses - des poils plantaires divisés en deux à leur extrémité - et celle de la moule pour se fixer sur des surfaces humides - un aminoacide appelé 3,4-Ldihydroxyphenylalanine (DOPA). Ses créateurs, le professeur en ingénierie biomédicale Phillip Messersmith et son assistant Haeshin Lee, de l’Université Northwestern à Evanston (Illinois), ont d’abord réalisé une surface couverte de nano « poils » en silicone reproduisant la forme de ceux du gecko. Comme les pattes de ce lézard lorsqu’il avance, le matériau pouvait être fixé sur une paroi, et décollé. Mais l’humidité le privait de son pouvoir adhésif. Ils ont alors recouvert l’extrémité des nano poils d’un polymère synthétique ayant les mêmes propriétés que l’aminoacide DOPA de la moule, et ils ont constaté que leur produit pouvait se fixer sur une surface humide. Une technologie utilisant les particularités du gecko avait déjà été testée, mais sans véritable succès contrairement à ce nouvel adhésif, le « geckel » (nom composé des premières lettres de gecko et des dernières du mot anglais « mussel », moule). « Ce matériau devrait être utile pour une fixation réversible sur toute une variété de surfaces et dans n’importe quel environnement », souligne le Pr Messersmith. « J’imagine qu’un adhésif comme le geckel pourra un jour remplacer les points de suture pour refermer les plaies (...) ou comme pansement, qui resterait fermement fixé à la peau pendant les bains mais pourrait être facilement enlevé à la guérison », note-t-il. De quoi regarder d’un autre œil les margouillats de nos cases… Nano technologies dans l’assiette Plus de 104 produits issus de l’industrie agro-alimentaires intégrant des nanoparticules sont actuellement en vente dans l’Union européenne sans aucune législation adaptée, dénonce une étude de l’ONG européenne les Amis de la Terre. « Faute d’étiquetage obligatoire, de débat public ou de loi garantissant leur innocuité, les nanotechnologies sont entrées dans la chaîne alimentaire », écrit la branche européenne de Friends of the Earth. « La présence de nanomatériaux manufacturés, non testés et potentiellement dangereux peut être décelée dans des produits alimentaires, des emballages alimentaires, des conteneurs, de la vaisselle et d’autres produits en vente dans les rayons de l’UE », poursuit-elle. « En dépit des risques de toxicité de ces produits, les consommateurs les ingèrent en toute ignorance parce que les législateurs n’arrivent pas à faire face à la rapidité de leur développement », estime-t-elle en présentant un rapport établi simultanément en Europe, en Australie et aux Etats-Unis. Les nanotechnologies sont définies comme la manipulation de matériaux à une échelle inférieure à 100 nanomètres (nm, un milliardième de mètre). Pour Friends of the Earth, cette définition devrait être étendue à tout produit d’une taille inférieure à 300 nm. Elles rentrent dans la fabrication de produits comme les compléments nutritionnels, des produits alimentaires comme certaines boissons chocolatées, jus de fruits, bonbons, aliments pour bébés ou viandes préparées, mais aussi dans des produits chimiques utilisés dans l’agriculture ou des matériaux utilisés pour le transport, le stockage ou la conservation des aliments. Le rapport « Out of the laboratory on to our plates : Nanotechnology in food and agriculture » est consultable en ligne sur : www.foeeurope.org/activities/nanotechnology/ Documents/Nano_food_report.pdf Un président pour le WWF France Claude Dumont, engagé depuis plus de 15 ans au sein du (WWF) France, a été élu président de cette organisation, en remplacement de Daniel Richard. Claude Dumont, animait depuis 4 ans le projet « Espace planète attitude », domaine de 3 hectares dans le Bois de Boulogne (XVIe) concédé au WWF par la ville de Paris. Il est intervenu dans les combats conduits par le WWF pour la préservation de la Loire, et contre l’artificialisation de la Saône et du Doubs, « menacées » par le projet du canal Rhin-Rhône. 44 Le pétrel de Beck réapparaît en Papouasie Un oiseau rarissime qui n’avait pas été vu depuis près de 80 ans a refait son apparition au large des côtes de Papouasie-Nouvelle Guinée, selon la Société royale pour la Protection des oiseaux (RSPB), basée à Londres. Un ornithologue israélien, Hadoram Shirihai, qui voyageait à bord d’un navire au nord-est de la Papouasie, a pu photographier une trentaine de pétrels de Beck, un oiseau marin appartenant à la famille des procellariidés. Le groupe comprenait de jeunes oiseaux, ce qui laisse supposer la proximité d’un site de reproduction. L’oiseau n’avait auparavant été aperçu qu’à deux reprises, à la fin des années 20. « La découverte de l’oiseau disparu est une nouvelle fantastique... Nous devons dorénavant mettre à profit cette découverte afin de redoubler les efforts visant à sauver l’espèce », a indiqué dans un communiqué Geoff Hilton, de la RSPB. Menace sur les Caraïbes D’après l’Union Internationale pour la protection de la nature, 10% des 62 barrières de corail des Caraïbes sont menacées, y compris les coraux « bois de cerfs » (Acropora cervicornis) et « bois d’élan » (Acropora palmata), deux espèces très nombreuses dans les barrières de corail. Elles étaient les espèces les présentes dans ces barrières de corail mais elles sont maintenant en passe d’être intégrée à la liste des Espèces Menacées de l’UICN dans la catégorie « très menacées ». Ces coraux sont menacés à cause de maladies principalement causées par le réchauffement climatique. Après les coraux, les mangroves apparaissent comme étant les plus menacées dans les Caraïbes. L’étendue de la mangrove a diminué dans les Caraïbes de 42% en 25 ans, avec deux espèces sur huit vivant dans la mangrove qui sont maintenant considérées comme très vulnérables. Madagascar une nouvelle espèce de palmier géant Des botanistes ont identifié à Madagascar une nouvelle espèce de palmier géant dont le tronc atteint 18 m et dont les feuilles ont quelque 5 mètres de diamètre. Cet arbre de forme pyramidale, découvert accidentellement par une famille de promeneurs français décrit depuis dans une publication du Botanical Journal de la Linnean Society ( Londres), posséderait un cycle de vie qui l’amènerait à mourir après sa f loraison, un peu comme le talipot. Il ne s’agirait pas seulement d’une nouvelle Supplément gratuit du Journal de l’île du 30mars 2008 espèce, mais d’un nouveau genre, un groupe comprenant plusieurs espèces, selon les botanistes du Jardin botanique de Kew, à Londres. Cet arbre pousse à une très grande hauteur avant que sa cime n’éclate en plusieurs branc hes portant des centaines de petites f leurs, dont chacune peut être pollinisée et se transformer en fruit. La réser ve de l’arbre en substances nutritives s’épuise dès que les fruits se forment et il meurt en s’effondrant sur lui-même, selon les botanistes. Le couple français à l’origine de la découver te, Xavier et Nat halie Metz, qui possèdent une plantation à Madagascar, ont trouvé cet arbre dans la région d’Analalava. Les analy ses d’ADN ont montré que l’arbre, dont le nom n’a pas encore été révélé, représent ait un nouveau genre au sein d’une famille de palmiers appelée Chuniophoeniceae. Trois autres genres de palmiers existent dans cette famille, dans la péninsule d’Arabie, en Thaïlande et en Chine. Des activistes de Greenpeace ont intercepté récemment, au large de Ouistreham (Calvados), le Galina III, un cargo transportant du bois brésilien et trois d’entre-eux se sont attachés à mâts de charge pour tenter de l’empêcher de débarquer sa cargaison qui « provient d’exploitants forestiers s’illustrant depuis des années par leurs pratiques illégales en Amazonie », explique Grégoire Lejonc, chargé de campagne bois à Greenpeace France. « Notre objectif est que ce bateau ne puisse pas décharger ni en France, ni en Europe », a précisé Grégoire Lejonc. Greenpeace demande aux autorités françaises d’empêcher le déchargement jusqu’à ce qu’il ait obtenu du gouvernement brésilien les informations prouvant que le bois est légal et que les certificats présentés sont fiables. Avant de s’en prendre au Galina III, les activistes de Greenpeace avaient abordé le cargo chinois Huatuo, qui transportait du bois exotique prélevé au Congo… Ride ????!!!! Huit ruches ont été installées dans les jardins parisiens de la Région Ile-de-France qui entend ainsi contribuer aux efforts pour la sauvegarde des abeilles menacées depuis plusieurs années par les pesticides, les parasites ou la pollution. Paradoxalement, les abeilles vivent aujourd’hui mieux en ville qu’à la campagne, du moins dans les zones de culture intensive, car il n’y a pas de traitements phytosanitaires en ville et la température y est supérieure à celle des campagnes, souligne la Région Ile-de-France. En accueillant ces 8 ruches dans les jardins des immeubles du Conseil régional du 7e arrondissement, sur ses sites Invalides, Babylone et Vaneau, la Région « tire la sonnette d’alarme » sur la situation de l’apiculture. Depuis 1995, près de 30% des colonies d’abeilles disparaissent chaque année, selon l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). En 10 ans, 15.000 apiculteurs ont cessé leur activité en France et de 1995 à 2007, la production nationale a chuté de 30% et les importations ont triplé. Pour butiner, il faut aux abeilles un rayon de 3 km autour de la ruche. Elles ramènent chaque jour le nectar et le pollen de près de 225.000 fleurs des espaces verts, jardins et terrasses aménagées. Le prix de l’Eau à un Anglais Le professeur britannique Anthony John Allan a remporté le Prix de l’eau de Stockholm 2008, une récompense distinguant chaque année des actions dans le domaine de l’eau, a indiqué récemment l’Institut International de l’Eau de Stockholm (SIWI). Professeur au King’s College de Londres, M. Allan a été récompensé pour avoir introduit au début des années 1990 le concept d’ « eau virtuelle », une nouvelle unité de mesure Conduire ou manger ? « No one likes an eight-second ride », ou « Personne n’aime une chevauchée de 8 secondes »… Tel est le slogan un tantinet provoc porté par le mannequin australien Imogen Bailey pour le compte de l’association des personnes pour un traitement éthique des animaux (PETA, in englih People fort Ethical Treatment of Animals). En fait une croisade lancée en son temps contre la coupe du monde de rodéo sur taureau dont l’organisatioin était prèvue à Brisbane (Australie). Il est vrai que ces pauvres bulls se blessent souvent en tombant, nonobstant le fait que pour les rendre enragées et les faire Hawaï hameçon anti-tortue Abeilles des villes… Le recours accru aux matières premières alimentaires pour la production de biocarburants met en péril l’approvisionnement alimentaire de la population mondiale, avertit le patron de Nestlé, Peter Brabeck. « Si l’on veut couvrir 20% du besoin croissant en produits pétroliers avec des biocarburants, comme cela est prévu, il n’y aura plus rien à manger », affirme le PDG du premier groupe alimentaire mondial ; « Accorder d’énormes subventions pour les produire est inacceptable moralement et irresponsable », ajoute le dirigeant, estimant que les millions de tonnes de maïs consacrées aux biocarburants sont autant en moins pour le secteur alimentaire. Alors que ce phénomène tire vers le haut les prix du maïs, du soja et du blé, les terres cultivables deviennent rares et l’eau est elle aussi menacée », déclare M. Brabeck, estimant que pour produire un litre de bioéthanol il faut 4.000 litres d’eau. qui met en lumière la quantité d’eau nécessaire pour produire de la nourriture et des produits de consommation. Les connaissances « acquises grâce au travail du Professeur Allan ont eu un impact majeur sur la politique commerciale mondiale ainsi que sur la recherche sur l’eau », a estimé le SIWI, ajoutant que l’application du concept d’eau virtuelle permet de faire un usage plus efficace des ressources en eau. Mise en place il y a trois ans, l’interdiction de pêcher l’espadon au large d’Hawaï vient d’être suspendue. Cette levée, décrétée dans le cadre d’une expérience g randeur nature, doit permettre d’éprouver un nouveau matériel conçu pour réduire la capture involontaire des tortues de mer. En effet, les hameçons en J traditionnellement utilisés par les pêcheurs au bout de longues lignes déroulées sur plus de 80 km n’attrapent pas que les espadons, mais aussi des oiseaux marins, des requins et les fameuses tortues, dont beaucoup sont menacées de disparition. Au cours de ces dernières années, le National Marine Fisheries Service a testé différents équipements susceptibles de résoudre le problème. Des résultats préliminaires ont ainsi indiqué que l’emploi de crochets plus larges et circulaires pourrait réduire de 92% la capture de tortues Caouanne et de 67% celle de tortues luth, deux espèces protégées par le Endangered Species Act. niouzes Abordages contre déforestation Dinosaure de fer contre centrale au charbon Des militants de Greenpeace ont dressé dernièrement à Hambourg un dinosaure en acier, d’une tonne et de cinq mètres de haut, devant le siège d’un g roupe énergétique, pour protester contre un projet de nouvelle centrale au charbon, qu’ils jugent digne de la préhistoire. Les quelque 30 militants présents ont déployé une banderole p r o c l a m a n t « A r rê to n s l a technique des dinosaures » et déversé trois tonnes de charbon devant le siège de Vatenfall. Les dinosaures, « monstres d’un monde disparu », sont « aussi peu adaptés à notre époque qu’une centrale au charbon », a expliqué dans un communiqué Karsten Smid, de Greenpeace. Supplément gratuit du Journal de l’île du 30mars 2008 45 Niouzes A l’origine de la Manche La Grande-Bretagne s’est retrouvée séparée de l’Europe continentale il y a des centaines de milliers d’années à la suite d’une inondation catastrophique due à l’effondrement d’un barrage naturel retenant un lac de montagne, selon une étude publiée par la revue Nature. En analysant une carte en trois dimensions de la Manche, des chercheurs de l’Imperial College de Londres dirigée par Sanjeev Gupta et Jenny Collier a constaté la présence d’une gigantesque vallée large de dizaines de kilomètres et profonde d’une cinquantaine de mètres creusée dans le fond crayeux de la Manche. Grâce à l’utilisation de sonars, l’équipe a mis en évidence des traits faisant penser à une érosion de grande ampleur causée par le passage brutal, comme un énorme torrent, d’une fabuleuse quantité d’eau. Autrefois, au nord du bassin occupé actuellement par la Manche, dans ce qui est actuellement la partie méridionale de la mer du Nord, se trouvait un lac approvisionné par le Rhin et la Tamise et retenu par une barrière naturelle connue sous le nom de Weal-Artois. La rupture de ce barrage, intervenue il y a entre 450.000 et 200.000 ans, aurait provoqué pendant plusieurs mois le déferlement de grandes quantités d’eau, estimées à un million de m3 par seconde, selon cette étude. Le creusement des terres par ce torrent monstrueux a inondé toute une région, actuellement occupée par la Manche, et a changé le réseau des fleuves de toute cette zone, tels que le Rhin et la Tamise, ajoutent les chercheurs. Par ailleurs, la migration des populations humaines en Europe a pu être affectée par ce phénomène qui aurait créé une barrière infranchissable pour les migrations venant du continent. La première population humaine en Angleterre s’est alors réduite progressivement faute de l’apport de nouveaux arrivants, conduisant à une disparition de l’homme sur l’île pendant quelque 100.000 ans. « Cet événement préhistorique, conclut selon Sanjeev Gupta, permet en effet d’expliquer les raisons qui ont amené le Royaume Uni à devenir une île et pourquoi la première occupation humaine de l’Angleterre s’est arrêtée brutalement pendant près de 120.000 ans ». 46 Le génome du maïs séquencé Des chercheurs américains sont parvenus à séquencer la quasi totalité du génome du maïs, une avancée importante qui permettra de produire de meilleures variétés pour répondre aux besoins croissants alimentaires et en biocarburant. Il s’agit de la céréale la plus cultivée dans le monde, devançant légèrement le riz et le blé. Le maïs devient aussi la deuxième grande céréale nourricière après le riz dont le génome est séquencé. Les Etats-Unis fournissent 44% de la production mondiale avec plus de 282 millions de tonnes en 2005. « Ce premier séquençage du maïs est exaltant (...) car les scientifiques vont pouvoir analyser de façon précise et efficace le génome de la plante pour trouver des moyens d’améliorer sa culture et d’accroître ses rendements ainsi que sa résistance à la sécheresse et aux maladies », explique Richard Wilson de l’Université Washington à St Louis qui a conduit ce projet. La première ébauche comprend environ 95% du génome du maïs et les chercheurs vont consacrer le restant de l’argent alloué à ce projet à peaufiner et finaliser le séquençage, a expliqué ce scientifique. « Quelques petites parties du génome sont encore manquantes (...) mais virtuellement toutes les informations sont là. Il y aura sans doute des modifications mineures aux séquences génétiques, nous ne nous attendons pas à des changements majeurs », a précisé Richard Wilson. Le séquençage du maïs a été une tâche particulièrement ardue en raison de la taille de son génome et de la complexité des combinaisons génétiques. Environ 80% des segments d’ADN sont répétés et le génome de maïs compte de 50.000 à 60.000 gènes, soit environ deux fois le nombre formant le génome humain. Quads électriques pour facteurs Le vent c’est de l’argent La Banque européenne d’investissement a accordé un prêt de 100 millions d’Euros à Unifergie, filiale du Crédit Agricole spécialisée dans le financement du développement durable. Ce prêt s’inscrit dans le cadre de la loi du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique énergétique entrée en application le 14/07/200. Loi qui transposé en France plusieurs directives européennes, dont celle du 27 septembre 2001, fixant aux Etats Membres l’objectif de produire 21% de leur consommation d’électricité à partir d’énergies renouvelables à l’horizon 2010, (14% en France en 2005). Cette loi crée des outils nouveaux, en particulier des « zones de développement de l’éolien ». Supplément gratuit du Journal de l’île du 30 mars 2008 La Poste a annoncé le lancement d’une consultation européenne pour doter ses facteurs de 300 quads électriques d’ici 2009, puis 3.000 d’ici 2012 si l’expérience est concluante. L’établissement public avait déjà lancé en avril 2007 un appel d’offres européen pour intégrer dans sa flotte 500 véhicules électriques, avec l’objectif d’en avoir 10.000 d’ici cinq ans, une première mondiale. Les deux constructeurs retenus sont l’italien Micro-Vett/Newteon, associé à Fiat Professional, et le monégasque Venturi Automobiles, associé à PSA. La Poste teste depuis un an dix quads électriques, en ville comme en zone rurale. Un an après, le bilan serait très positif, tant pour l’entreprise que pour les facteurs. L’entreprise estime que 15% de son parc motorisé pourrait être remplacé par des quads, ce qui permettrait de réaliser une économie de 6.000 tonnes de CO2 par an. La Poste équipe déjà, depuis fin 2006, les facteurs de 1.200 vélos à assistance électrique, soit pour aider les facteurs à distribuer le courrier dans les zones géographiques difficiles, soit pour les facteurs en aptitude physique réduite. Bouquins Terre Mère L’explorateur et ethnologue Jean Malaurie lance un appel à la « conscience écologique » dans un petit livre publié aux éditions du CNRS. « Dans le Nord, comme dans le Sud, comme en Occident, comme en Orient, il faut que la conscience de tous devienne une conscience écologique, c’est-à-dire enracinée dans ce qui nous donne la vie », écrit l’auteur des « derniers rois de Thulé » (1955). Jean Malaurie fut le premier européen à atteindre en 1951 le pôle nord magnétique, sans boussole (l’aiguille est “folle” à ces latitudes), ni carte, rappelle ce recueil de textes. « La crise climatique est majeure. Dans 30 ans, l’Arctique sera probablement libre de glaces. Notre Terre Mère ne souffre que trop. Elle se vengera. Et déjà, les signes sont annoncés », avertit-il. Son petit livre est aussi un vibrant hommage aux “peuples racines”, du Nord mais aussi d’Amazonie, d’Afrique et d’Australie. Il plaide pour un espace écologique protégé en Arctique, menacé avec le réchauffement de « connaître à terme des trafics aussi importants que le canal de Suez ou le canal de Panama ». Ce livre est le deuxième d’une nouvelle collection du CNRS pour permettre à des personnalités de s’exprimer sur des sujets qui leur sont chers. Terre Mère, CNRS Editions, 62 pages. Une brève histoire du climat Dans la collection “Brève histoire” - un exercice imposé au cours duquel un auteur doit dessiner en neuf chapitres l’histoire et le portrait de son sujet - Frédéric Denhez, écrivain et journaliste scientifique, retrace l’évolution du climat sur terre depuis l’origine jusqu’à nos jours. « Une brève histoire du climat », L’oeil neuf-éditions, 133 pages. Le livre noir de l’environnement Henry Augier, maître de conférences honoraire à la faculté des sciences de MarseilleLuminy, dresse en 600 pages documentées un état des lieux des pollutions dont souffre la planète, en les répertoriant selon leur origine - métaux, peintures, amiante, nitrates, dioxines, PCB, détergents, pesticides, pétrole, solvants, pollutions thermique, sonore, microbiologique, radioactive, déchets ... L’ouvrage rassemble un grand nombre d’informations sur la dégradation de l’environnement et en analyse l’impact sur l’homme, la flore, la faune et les milieux naturels. « Le livre noir de l’environnement - Etat des lieux planétaire sur les pollutions », Henry Augier, Editions Alphée - Jean-Paul Bertrand, 600 pages.