Franz Alexander résume alors ce courant en affirmant une identité entre processus physiologique et
psychique : « La dualité disparait si nous considérons le phénomène psychique comme un aspect subjectif de
certains processus physiologiques. ».
Ainsi, la psychosomatique mettra au centre de son travail la notion de Traumatisme : Le
dépassement des possibilités d’adaptations psychiques qui va alors se traduire par des processus physiques,
à travers des symptômes.
Ces diverses exigences de réintroduire un regard à la fois singulier et d’interroger l’histoire du
malade trouveront un écho dans l’anthropologie médicale, développé à la même période dans les années 50,
afin de réintroduire la question du sens de la maladie, s’attachant aux valeurs culturelles dans la construction
du phénomène pathologique.
II- L’intervention culturelle dans le regard porté sur la maladie
Les facteurs culturels n’interviennent pas seulement dans la manière de regarder la maladie, mais
également dans la manière de le nommer et d’éprouver le mal-être dont on souffre, vont alors apparaître
dans le vocabulaire médical les Deux notions de distinctes de Douleur : La réponse à un stimulus, et de
Souffrance : Une expérience existentielle de mal-être.
Zborowski se propose d’analyser les composantes culturelles de l’expérience de la douleur à travers
l’analyse de réactions sur Trois groupes de patients :
Ø Un groupe d’origine italienne, présentant des plaintes vives qui cessent avec la douleur. Ils décrivent
très précisément leurs symptômes.
Ø Un groupe d’origine juive, présentant une réaction émotionnelle vive et se préoccupent des
conséquences à long terme (Ils continuent à se plaindre). Ils décrivent des symptômes plus diffus.
Ø Un groupe d’origine protestante, minimisant la douleur mais se préoccupant largement des
conséquences.
Ainsi, chaque patient ne se sent pas atteint de la même manière pour un dysfonctionnement
semblable, ainsi les différences sont nombreuses, que ce soit dans la description des symptômes que dans le
ressenti des atteintes (Le cœur est important en occident, au Japon c’est l’abdomen).
Ainsi, ça n’est pas seulement l’expérience de la maladie qui diffère selon les cultures, on
rencontrera des pathologies différentes selon les horizons, dans la construction même de leurs processus. On
parle alors d’Idiom of Distress : Des syndromes, parfois très sévères retrouvés seulement à l’intérieur d’une
culture, et pas ailleurs.
Comme le dit B. Good : « Les processus pathologiques se construisent au sein d’un Réseau
sémantique : Une représentation constituée de notions, références, symboles, qui permettent de se
représenter les expériences d’un individu. ».
Dithley rajoutera afin d’accentuer ce phénomène : « Nous expliquons la nature mais nous
comprenons l’être homme ». En effet Expliquer permet de rendre compte d’un phénomène à partir de ses
causes, en se basant sur le principe du déterminisme ; tandis que Comprendre, c’est accéder au sens, car les
comportements humains ne sont pas réductibles à une série de cause, mais mettent en jeu également des
intentions, des significations, des interprétations. Ainsi, l’expérience de la pathologie suppose une démarche
explicative, mais également une démarche compréhensive qui interrogent le sens de l’expérience.