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Portrait
L’hypnose et la douleur
Nathalie Aulnette : Docteur Wood, comment
en êtes vous arrivée à la pratique de l’hypnose ?
Docteur Chantal Wood : Presque par
hasard ! J’avais peur de faire de l’hypnose,
j’ai longtemps été confrontée à la douleur
de l’adulte, j’ai pensé relaxation et hypnose.
En 1998, je me suis formée à l’hypnose
à l’Institut Français d’Hypnose, j’ai lu
beaucoup d’ouvrages traitant de ce sujet.
Je peux dire qu’il y a ma vie avant et ma vie
après la formation, il s’est passé quelque
chose en moi. Je suis devenue formateur,
j’ai publié des articles. C’est le patient
Depuis quelques années, l’hypnose a fait son entrée au sein de certains lieux de soins. Son usage
se répand, nous souhaitons vous apporter quelques réponses à des interrogations très légitimes.
Qu’est-ce que l’hypnose ? Quels sont les mécanismes sur la douleur ? Quels résultats obtient-on ?...
• Défi nition : L’hypnose à laquelle nous faisons référence est
l’hypnose que l’on appelle selon le cas médical, clinique ou
éricksonienne (du nom de son inventeur le psychiatre Milton H.
Erickson). L’état hypnotique est un phénomène naturel, qui se
défi nit comme un état modifi é de fonctionnement psychologique.
Un sujet, aidé par un praticien, fait l’expérience d’un champ de
conscience particulier, lui permettant par exemple de mettre à
distance ou de modifi er des perceptions désagréables.
Nous connaissons tous, quotidiennement, des moments d’hyp-
nose, lorsque nous faisons quelque chose en pensant à autre
chose (par exemple, cuisiner tout en réfl échissant à la destination
que l’on souhaite pour ses vacances).
• Historique : Depuis le 18ème siècle, l’hypnose existe en tant
que méthode thérapeutique. Pierre Rainville, Professeur de neu-
ropsychologie à l’université de Montréal, a le premier étudié les
relations entre l’hypnose et la douleur grâce à des techniques
d’imagerie cérébrale. Sous hypnose, un stimulus est jugé moins
douloureux qu’en état de veille normale.
• Exemples : Si le praticien demande au patient à quoi ressemble
sa douleur et que ce dernier répond à un animal féroce, le soignant
pourra proposer de dompter le fauve et ils pourront échanger
autour de cette métaphore. Le praticien entre dans l’univers du
patient. Auprès des enfants, l’utilisation d’analogies en faisant
« comme si » est la porte d’entrée de l’imaginaire de l’enfant.
• Résultats obtenus : L’hypnose peut aider à soulager la dou-
leur dans de nombreuses situations de soins. Elle peut être
utilisée chez les grands brulés, lors d’interventions chirurgicales
en pré, comme en postopératoire.
D’autres applications sont possibles, comme le soulagement
ou la prévention des migraines, la diminution de l’angoisse,
la dépression et bien d’autres affections encore.
douloureux chronique qui m’a donné envie.
Enfant j’étais souvent seule et j’ai appris à
développer mon imaginaire. Il faut se lâcher,
pour pratiquer l’hypnose, il faut se rappeler
qu’on est tous enfant au fond de nous.
N.A. : Comment pourriez-vous défi nir l’hypnose ?
C.W. : L’hypnose permet de vivre un évé-
nement en le relativisant.
N.A. : Dans quels cas, utilisez-vous l’hypnose ?
C.W : En urgence, pour les soins douloureux,
mais aussi lors d’une hospitalisation ou
lors de douleurs répétées ou chroniques.
Le patient fait alors l’apprentissage de
l’hypnose.
N.A. : Quels résultats obtenez-vous ?
C.W : Les résultats peuvent varier en
fonction de la motivation des patients,
ils varient entre 95 et 100 % de réussite.
Dans toute ma carrière, cela ne m’a semblé
diffi cile qu’une seule fois. Le thérapeute
doit juste trouver la bonne technique
adaptée au patient.
N.A. : Faudrait-il former tous les soignants
à l’hypnose ?
C.W : Ce n’est pas possible, par contre les
jeunes médecins devraient apprendre les
techniques de communication car on ne
peut pas annoncer un diagnostic dans un
couloir ! Le poids des mots, je l’ai compris
par l’hypnose. Il existe des stress post trau-
matiques des mots, induits par des sugges-
tions négatives.
Interview du Docteur
Chantal Wood,
Responsable de l’unité
d’évaluation et traitement
de la douleur de l’hôpital
Robert Debré (Paris),
premier hôpital pédiatrique
de France, accordée à
Nathalie Aulnette, directrice
de la Fondation APICIL.
Effi cacité de l’hypnose démontrée par imagerie cérébrale. CERMEP Lyon
Docteur Chantal Wood, Unité Evaluation et Traitement
de la Douleur de l’hôpital Robert Debré, Paris