les pages bleues Texte rédigé par Stéphanie St-Pierre, B. Pharm, pharmacie Mylène Pinard L’auteure tient à remercier le Dr Jean Wilkins, pédiatre au CHU Sainte-Justine, pour son aide au cours de la rédaction de l’article. Texte original soumis le 22 octobre 2014. Texte final remis le 5 novembre 2014. Révision : Mimi Israël, MD, FRCPC , chef du département de psychiatrie de l’Université McGill, chef du département de psychiatrie de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas L'auteure et la réviseure scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article. Les troubles du comportement alimentaire (1re partie) L’anorexie mentale OBJECTIFS D’APPRENTISSAGE 1. Comprendre les aspects épidémiologiques et étiologiques généraux des troubles du comportement alimentaire; 2. Connaître les principaux éléments de la présentation clinique de l’anorexie mentale; 3. Identifier les options de traitement non pharmacologiques et pharmacologiques pour la prise en charge de l’anorexie mentale. Présentation de la patiente Anne, une adolescente de 16 ans, est amenée en consultation chez son médecin de famille par ses parents. Elle est première de classe et excelle dans plusieurs sports, dont la natation et la course. Depuis un moment, ses parents ont remarqué des changements au niveau de son comportement : elle évite de manger entre les repas, elle saute souvent le petit déjeuner, refuse de manger certains aliments, qu’elle qualifie de trop caloriques ou de mauvais pour la santé (viande, féculents, desserts, etc.), et s’isole souvent dans sa chambre pour manger, sous prétexte qu’elle a beaucoup de travaux scolaires. Il semble qu’elle ne voie presque plus ses amis et qu’elle passe plusieurs heures par jour à faire de l’exercice physique en solitaire. Ses parents trouvent qu’elle est de plus en plus irritable et renfermée. Elle a perdu beaucoup de poids, paraît très amaigrie et n’a plus de menstruations depuis quelques mois, ce qui inquiète beaucoup ses parents. Anne nie avoir un problème et est agacée par les préoccupations de son entourage. Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des problèmes de santé mentale graves associés à une mortalité significative et à une morbidité importante sur les plans physique, psychologique et social. Ils comprennent notamment l’anorexie mentale et la boulimie qui affectent principalement les adolescentes et les jeunes femmes adultes. Les patients atteints d’un TCA peuvent nier leur problème et/ou refuser l’aide qui leur est proposée, ce qui rend le traitement difficile1,2. La prise en charge des TCA est un processus complexe qui inclut des interventions nutritionnelles et psychothérapeutiques, ainsi que la gestion des complications médicales, lorsqu’elles sont présentes3,4. Il peut être laborieux d’évaluer la littérature médicale portant sur le rôle de la médication dans les TCA, étant de qualité très variable5. Cet article, présenté en deux parties, tentera toutefois de faire la lumière sur la place de la pharmacothérapie dans le traitement de l’anorexie mentale et de la boulimie. La première partie sera consacrée au contexte général des TCA ainsi qu’à l’anorexie mentale, tandis que les complications médicales et la boulimie seront traitées dans la seconde. Définition Un TCA se définit par la présence d’une perturbation grave et persistante des habitudes alimentaires ou des comportements de contrôle du poids. Les conséquences du TCA sur la santé physique ou le fonctionnement psychosocial doivent être cliniquement significatives et le désordre ne doit pas être secondaire à une condition médicale ou à un autre trouble psychiatrique. Les TCA incluent entre autres l’anorexie mentale et la boulimie, ainsi que l’hyperphagie boulimique, qui ne sera pas abordée ici2,6,7. Épidémiologie Les statistiques concernant les troubles alimentaires varient selon les études et il est ardu de les évaluer avec précision en raison de la faible prévalence dans la population générale et de la tendance qu’ont les personnes atteintes à dissimuler leur maladie8. Chez la femme, la prévalence à vie estimée serait de l’ordre de 0,3 % à 3,7 % pour l’anorexie mentale et de 1 % à 4,2 % pour la boulimie, qui est plus fréquente3. Le ratio de prévalence homme-femme est de 1:10 chez les adolescents et les adultes, comparativement à 1:6 dans la population prépubère où les garçons sont plus susceptibles d’être atteints9. Les TCA semblent plus fréquents depuis les dernières décennies, ce qui serait attribuable en partie à une meilleure détection et à une plus grande sensibilisation à ces maladies2,8,10. La prévalence des TCA est plus élevée dans les populations industrialisées, avec une prédominance plus ou moins marquée chez les Caucasiens. Les personnes de toutes origines ethniques et socioéconomiques peuvent par contre être atteintes et on observe une augmentation des cas dans des pays où ces désordres ne sont pas fréquents2,11,12. Le nombre d’enfants et d’adolescents souffrant de TCA est en constante croissance depuis les années 195013. Étiologie Les TCA sont d’origine multifactorielle et impliquent l’interaction complexe et encore mal définie entre divers facteurs biologiques, psychologiques, familiaux et socioculturels8,10. Des théories neurobiologiques ont été proposées afin d’expliquer la pathogenèse des TCA. Des perturbations endocriniennes peuvent être observées chez les personnes atteintes, mais ces modifications sont réversibles après la restauration des conduites alimentaires, ce qui porte à croire qu’elles seraient une conséquence du trouble plutôt qu’un facteur étiologique majeur. Des anomalies des systèmes des neuropeptides et des monoamines, dont la norépinéphrine, la dopamine et, plus particulièrement, la sérotonine (5-HT), ont également été décrites. La plupart seront corrigées à la suite du rétablissement des patients, mais certains aspects demeurent anormaux, laissant suspecter une implication dans la prédisposition à développer un trouble alimentaire ou des traits caractéristiques associés2,10,14. Par ailleurs, s’il est admis que les facteurs génétiques influent sur la vulnérabilité à développer un trouble alimentaire, tel que suggéré par les études familiales et les études sur les jumeaux, les mécanismes exacts ne sont pas encore élucidés et la recherche tente d’identifier des chromosomes, gènes et protéines spécifiques pouvant être impliqués2,3,9,14. On considère généralement que les TCA sont précipités comme mécanisme d’adaptation pour pallier des émotions négatives ou combler des besoins et qu’ils peuvent renforcer l’impression d’avoir une vie structurée et sous contrôle15,16. Les WWW.PROFESSIONSANTE.CA | NOVEMBRE 2014 | QUÉBEC PHARMACIE | 11 Enfin, si les facteurs familiaux peuvent jouer un rôle dans l’apparition ou le maintien d’un TCA, ils ne sont en aucun cas la cause unique, ni même principale, du développement du trouble18. les pages bleues Suite du cas clinique À la suite de l’évaluation du médecin, Anne reçoit un diagnostic d’anorexie mentale. Sa mère la trouvant d’humeur dépressive se demande si des médicaments pourraient l’aider. Est-ce le cas ? personnes atteintes ont tendance à être perfectionnistes, obsessionnelles et à avoir une faible estime de soi2,10. Les facteurs de risque plus ou moins spécifiques incluent certaines expériences prémorbides (abus sexuels ou physiques, commentaires négatifs de l’entourage à propos du poids et de l’apparence, etc.) et des antécédents familiaux (trouble de l’humeur, alcoolisme, obésité) ou personnels (anxiété, dépression, diabète de type 1, obésité). Les personnes pratiquant une activité où l’apparence corporelle revêt une grande importance (p. ex., mannequins, gymnastes, danseurs, etc.) sont également plus sujettes aux comportements alimentaires problématiques2,17. Plus indirectement, la pression sociale à la minceur peut contribuer à l’insatisfaction corporelle et inciter aux régimes, qui sont des précurseurs fréquents des troubles alimentaires8,10. Présentation clinique et diagnostic Lors de l’évaluation du patient, il est important de s’assurer que les symptômes correspondent bien à un TCA et non à une condition médicale sous-jacente ou à un autre trouble psychiatrique17,19. Une anamnèse détaillée permet d’identifier les caractéristiques du TCA et il peut être indiqué de corroborer ou de compléter les informations recueillies auprès des membres de l’entourage, si possible2,3,13,20. Les signes vitaux, le poids et la taille sont, entre autres, évalués lors de l’examen physique et l’indice de masse corporelle est calculé (IMC = poids [kg]/ taille [m]2)20. Chez les enfants et les adolescents, des déviations par rapport à la normale seront mises en évidence par les courbes de croissance13,17,20. L’examen physique et les épreuves de laboratoire permettent d’apprécier l’impact physique du désordre alimentaire et de déceler les signes d’éventuelles complications médicales, mais présenteront peu ou pas de particularités chez plusieurs patients, surtout au début de la maladie1,2,21,20. Même si l’anorexie mentale et la boulimie sont des entités diagnostiques distinctes, elles partagent plusieurs éléments communs. La caractéristique essentielle de ces troubles est une altération de la perception de l’image corporelle et du poids, qui est une source de préoccupation excessive et dont l’influence sur l’estime de soi est démesurée2,7. Notons que la présentation cli- nique des enfants et des adolescents diffère de celle des adultes. Par exemple, les jeunes patients n’exprimeront souvent pas des concepts abstraits, tels que l’insatisfaction corporelle ou la motivation à perdre du poids9,13,22. En pédiatrie, le seuil de diagnostic et d’intervention devrait être bas puisqu’une prise en charge rapide améliore le pronostic17,22,23. L’anorexie mentale, dont les critères diagnostiques sont énoncés au tableau I , est caractérisée par une perte de poids (ou, chez les enfants et les adolescents, par l’absence de la prise de poids normalement attendue durant la période de croissance) et par un poids corporel extrêmement faible qui, en général, résultent principalement d’une restriction sévère de la prise alimentaire totale et l’évitement des aliments jugés engraissants. L’hyperactivité physique (p. ex. marche excessive, tendance à rester debout, etc.) ou l’exercice excessif sont aussi souvent présents et il y a un sous-groupe de sujets qui recourent aux comportements purgatifs, tels que les vomissements provoqués ou le mésusage de laxatifs. Les patients présentent des obsessions et des craintes intenses à propos de l’alimentation et du gain de poids, et on peut observer des comportements tels que des pesées excessivement fréquentes, l’observation et la mesure obsessionnelles de certaines parties du corps, ainsi que le développement de règles et de rituels autour de l’alimentation. L’aménorrhée chez les femmes postpubères ou le retard de la ménarche chez les patientes prépubères est également une caractéristique de l’anorexie mentale. Le déni de la maladie et de la gravité des complications médicales qui I Critères diagnostiques de l’anorexie mentale ■ Restriction de l’apport énergétique par rapport aux besoins, conduisant à un poids corporel significativement faible (c.-à-d. poids inférieur au minimum normal ou, chez les enfants et les adolescents, inférieur au minimum attendu) dans le contexte de l’âge, du sexe, de la trajectoire de développement et de la santé physique. ■ Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, ou comportement persistant qui interfère avec la prise de poids, malgré un poids corporel significativement faible. ■ Altération de la perception de l’image corporelle ou du poids, ou influence excessive de la silhouette ou du poids sur l’estime de soi, ou non-reconnaissance persistante de la gravité de la maigreur actuelle. ■ Type restrictif : au cours des trois derniers mois, la perte de poids est obtenue essentiellement par la restriction alimentaire, le jeûne et/ou l’exercice physique excessif. Le sujet n’a pas, de manière régulière, présenté de crises de boulimie ou eu recours aux comportements purgatifs. ■ Type boulimique/purgatif : au cours des trois derniers mois, le sujet a régulièrement présenté des crises de boulimie ou recouru aux comportements purgatifs. ■ Niveau de gravité : Le niveau de gravité est basé sur l’indice de masse corporelle (ou le percentile d’IMC chez les enfants ou les adolescents), mais il doit également tenir compte des autres symptômes cliniques et du degré d’altération fonctionnelle. Adapté de : American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders DSM-5, 5e éd. Washington, DC: American Psychiatric Publishing 2013 (traduction personnelle). 12 | QUÉBEC PHARMACIE | NOVEMBRE 2014 | WWW.PROFESSIONSANTE.CA en découlent est fréquent. Les personnes souffrant d’anorexie mentale consultent rarement d’elles-mêmes pour leur trouble alimentaire, mais elles iront plutôt voir le médecin pour des plaintes somatiques ou si des proches préoccupés les amènent consulter (parfois en les obligeant) ou les incitent à le faire2,3,6,11,21,24,25. Comorbidités Le taux de comorbidités psychiatriques chez les patients souffrant d’un TCA est considérablement élevé. La dépression majeure et les troubles anxieux, en particulier la phobie sociale et les troubles obsessionnels compulsifs, accompagnent très souvent l’anorexie mentale3,21. Plusieurs symptômes psychologiques (humeur dépressive, retrait social, irritabilité, insomnie, etc.) peuvent cependant être causés ou exacerbés par la dénutrition et doivent être réévalués après la reprise partielle ou totale du poids6. Des troubles de la personnalité sont présents chez une proportion importante des sujets atteints d’anorexie mentale ou de boulimie et les patients qui qui ont recours à des purgations, ont une fréquence plus élevée d’abus de substances, de problèmes d’impulsivité, de comportements suicidaires et automutilatoires. La boulimie est aussi fortement associée aux troubles dépressifs et anxieux3,6. Évolution et pronostic L’anorexie mentale débute généralement au milieu ou à la fin de l’adolescence, parfois avant la puberté, mais rarement après l’âge de 40 ans. L’apparition du trouble peut coïncider avec un événement de vie stressant. L’évolution et le pronostic de l’anorexie mentale sont extrêmement variables6. Dans certains cas, on observe un épisode unique, avec le retour subséquent à un poids normal. L’évolution peut également être fluctuante et épisodique, alors que d’autres souffriront d’une évolution chronique, avec une détérioration progressive pouvant mener au décès6. Un rétablissement complet se produit chez plus de 50 % à 70 % des adolescents traités, alors qu’on estime le taux de rétablissement après 10 ans à 50 % pour l’ensemble des patients. Ce pourcentage diminue toutefois chez les individus nécessitant une hospitalisation, leur pronostic étant plus sombre21. Jusqu’à environ 50 % des patients manifesteront des symptômes boulimiques, surtout pendant les cinq premières années de la maladie2,3,6,26. Le taux de mortalité, le plus élevé de tous les troubles psychiatriques, est d’environ 5 % par décennie de maladie, l’inanition, les complications cardiaques et le suicide étant les causes les plus fréquentes de décès prématuré3,21,24. Prise en charge La prise en charge des TCA, dont les objectifs sont décrits au tableau II , implique idéalement la contribution d’une équipe multidisciplinaire (médicale, nutritionnelle et psychologique), selon les besoins du patient. Avant toute chose, l’établissement et le maintien d’une alliance thérapeutique solide sont primordiaux. La participation des proches devrait être encouragée chaque fois que cela est possible, en particulier chez les jeunes patients1,3,12,15,20. L’intensité et l’emplacement du traitement dépendent de la gravité et de la complexité de la maladie12. Ainsi, l’évaluation initiale et périodique de divers facteurs cliniques et psychosociaux permet d’établir un plan de traitement individualisé et de déterminer le type de suivi (p. ex., ambulatoire plus ou moins intensif, hospitalisation partielle ou complète)15. Une perte de poids très importante ou rapide, une instabilité médicale ou psychiatrique, un risque de suicide, l’absence de réponse ou de coopération au traitement ambulatoire et un environnement social ou familial compromettant la réussite du traitement sont parmi les indications d’une hospitalisation. Les patients boulimiques peuvent généralement être traités en ambulatoire7,15. Traitement de l’anorexie mentale Interventions médicales et nutritionnelles Le traitement initial de l’anorexie mentale doit être axé sur la stabilisation médicale et la réhabilitation nutritionnelle en vue de restaurer le poids, le gain de poids permettant d’améliorer plusieurs symptômes psychologiques et complications médicales13,21,27. Un plan alimentaire est établi afin de réintroduire progressivement une alimentation équilibrée et vise l’atteinte éventuelle du poids ciblé15. À court terme, une prise de poids hebdomadaire de 0,9 à 1,4 kg pour les patients hospitalisés et de 0,2 à 0,5 kg pour les patients ambulatoires est raisonnable3,28. Une réalimentation lente et graduelle minimise le risque de manifestations indésirables (œdème transitoire, troubles gastro-intestinaux) et de complications sérieuses associées au syndrome de réalimentation (insuffisance respiratoire et/ou cardiaque congestive, complications neurologiques, etc.). Une supervision médicale appropriée est importante pour prévenir cette affection potentiellement mortelle pouvant survenir lors de la réalimentation trop agressive des patients fortement dénutris, en particulier durant les premières semaines d’hospitalisation. Lorsque requis, la correction des désordres électrolytiques et le remplacement des fluides sont effectués, en même temps que la réalimentation, sous surveillance étroite28-31. L’alimentation orale est préconisée; l’alimentation par sonde nasogastrique n’est pas recommandée de routine et l’alimentation parentérale est rarement indiquée3,20,21,32. Les suppléments nutritifs liquides (p. ex., Boost, Ensure) peuvent être temporairement ajoutés au régime du patient si la nourriture ne fournit pas un apport calorique suffisant et des suppléments de vitamines et minéraux peuvent être recommandés3,13,28,29,32. L’activité physique doit être restreinte afin de ne pas nuire au gain de poids ou si l’état médical l’indique17,21. Interventions psychothérapeutiques Selon le consensus clinique, les interventions psychothérapeutiques sont la pierre angulaire II Objectifs de la prise en charge des troubles du comportement alimentaire3,4,12,25,34 ■ Rétablir et maintenir un poids dans la fourchette de poids naturelle, permettant ainsi le retour des menstruations, le cas échéant ■ Évaluer et corriger les carences nutritionnelles et les complications médicales ■ Favoriser la motivation du patient à participer au traitement et à modifier ses comportements alimentaires ■ Fournir au patient et à son entourage proche de l’éducation au sujet des troubles alimentaires et de l’alimentation ■ Normaliser les comportements alimentaires et permettre l’adoption de saines habitudes alimentaires ■ Améliorer les fonctions cognitive et affective, et éliminer les idées ou attitudes négatives concernant l’alimentation, le poids ou l’image corporelle ■ Identifier et traiter les comorbidités psychiatriques ■ Prévenir les rechutes WWW.PROFESSIONSANTE.CA || NOVEMBRE 2014 || QUÉBEC PHARMACIE | 13 n’est jamais basée uniquement sur la pharmacothérapie, mais la médication peut en être une composante5,27,37,38 voir tableau III . les pages bleues du traitement de l’anorexie mentale, mais les preuves à l’appui dérivant d’études sont rares3,20. Aucune méthode spécifique n’émerge comme traitement standard chez l’adulte, quoique des preuves préliminaires indiquent que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) serait utile pour prévenir les rechutes chez cette clientèle3,33-35. Même si la thérapie familiale est considérée comme standard chez les enfants et les adolescents, très peu d’études ont été faites sur ce sujet et on ne sait pas s’il s’agit de la meilleure approche initiale pour tous les jeunes patients27,36. Mentionnons qu’une psychothérapie formelle peut être bénéfique une fois que le patient est médicalement apte à participer et que le gain de poids est amorcé; elle risque d’être inefficace lorsque les capacités cognitives sont altérées par la malnutrition3,15,32. Pharmacothérapie Le traitement pharmacologique de l’anorexie mentale a fait l’objet de relativement peu d’études. Celles-ci sont souvent décevantes et comprennent des limites significatives, dont leur petite taille, leur courte durée ainsi que des taux d’abandon élevés, et très peu d’entre elles portent sur l’utilisation de la médication chez les enfants ou les adolescents. Les bénéfices de la pharmacothérapie sont également difficiles à évaluer dans un contexte où de multiples interventions non pharmacologiques sont nécessaires. La prise en charge de l’anorexie mentale Antidépresseurs Il semblerait logique que les antidépresseurs soient efficaces dans le traitement de l’anorexie mentale en raison de l’implication étiologique possible des mêmes dysfonctions sérotoninergiques et noradrénergiques qui causent la dépression. Les antidépresseurs diminuent également l’impulsivité, les comportements obsessifs, ainsi que les symptômes dépressifs et anxieux, fréquemment présents chez les individus souffrant d’un trouble alimentaire4,5,39. Pourtant, selon les données actuelles, les antidépresseurs, nommément les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), ne semblent procurer aucun avantage significatif pour le traitement aigu de l’anorexie mentale, leur impact sur le gain de poids ou sur les symptômes psychopathologiques principaux étant négligeable3,40. Ce manque d’efficacité chez les individus dont le poids est insuffisant s’expliquerait par les effets négatifs de la dénutrition sur les concentrations extracellulaires de la sérotonine et sur les récepteurs 5-HT1A39,41,42. Une étude ouverte a toutefois rapporté un gain de poids avec la mirtazapine chez cinq femmes hospitalisées souffrant d’anorexie restrictive, et des études contrôlées portant sur cet antidépresseur sédatif seraient intéressantes43. Deux études randomisées, à double insu et contrôlées par placébo ont évalué l’efficacité d’un antidépresseur, en l’occurrence la fluoxétine, comme traitement de maintien après la restauration du poids. Dans la première étude (n = 35, âge des participants : 15-32 ans), la fluoxétine, à des doses titrées jusqu’à 60 mg/jour selon la tolérance, a permis de réduire significativement les rechutes comparativement au placébo, c’est-à-dire que les patients qui étaient demeurés sur la médication ont maintenu un poids adéquat et une réduction de leurs symptômes un an après avoir reçu leur congé d’hôpital. Seulement 13 participants ont toutefois terminé l’étude, dont 10 dans le groupe fluoxétine, et les traitements psychologiques n’étaient pas standardisés5,39,43,44. Dans une étude plus large (n = 93, âge des participants : 16-45 ans), l’ajout de fluoxétine à la TCC après le rétablissement du poids n’a pas semblé apporter des bénéfices supplémentaires quant à la prévention des rechutes. Plus d’études à long terme sont nécessaires pour conclure avec certitude à l’utilité des antidépresseurs dans la prévention des rechutes chez les anorexiques5,39,43,44. Néanmoins, l’usage d’antidépresseurs, particulièrement les ISRS, en association à la psychothérapie est largement répandu dans le traitement de l’anorexie mentale. Ils peuvent être indiqués après la reprise du poids chez les patients ayant des symptômes persistants de comorbidités psychiatriques ou des comportements boulimiques3. En pratique, les comorbidités sévères (p. ex. dépression majeure sévère) sont toutefois traitées même quand le poids n’est pas encore rétabli. Par ailleurs, les interventions pharmacologiques n’ont aucun impact sur les symptômes boulimiques tant que le patient est en sous-poids. La prise d’ISRS peut aussi être considérée chez les patients pédiatriques pour traiter la dépression et l’anxiété concomitantes, mais leur utilisation doit faire l’objet d’une surveillance étroite afin de déceler une augmentation des idées ou comportements suicidaires43,45. Les antidépresseurs tricycliques (ATC), les inhibiteurs de la mona- III Résumé des éléments clés de la pharmacothérapie de l’anorexie mentale (résolution du cas clinique) 14 ■ Le gain de poids est une composante essentielle du traitement de l’anorexie mentale. Une approche combinée (soutien psychologique, réhabilitation nutritionnelle et psychothérapie) est nécessaire; les antidépresseurs ne confèrent aucun avantage pour le gain de poids. ■ Les patients qui présentent des symptômes sévères ou persistants de comorbidités psychiatriques (dépression, obsessions, compulsions, anxiété, etc.) ou des comportements boulimiques peuvent bénéficier de l’ajout d’un antidépresseur. ■ Les antidépresseurs ont un effet incertain sur la prévention des rechutes. ■ L’efficacité des antipsychotiques n’a pas encore été clairement établie. Leur utilisation peut être considérée sur une base individuelle selon la symptomatologie, et un suivi étroit des effets indésirables doit être effectué. ■ Bien qu’on n’en fasse pas un usage général, de faibles doses de benzodiazépines et des agents procinétiques administrés avant les repas peuvent être temporairement indiqués pour, respectivement, soulager l’anxiété sévère associée aux repas et certains symptômes gastro-intestinaux pouvant survenir au début de la réalimentation (ballonnements et douleurs abdominales postprandiales). ■ Il est possible que les suppléments de zinc favorisent un gain de poids et une diminution des niveaux de dépression et d’anxiété. Les patients pourraient bénéficier de l’ajout de gluconate de zinc (100 mg/jour) ou d’une multivitamine contenant 14 mg de zinc élémentaire. ■ La cyproheptadine a une valeur clinique limitée. | QUÉBEC PHARMACIE | NOVEMBRE 2014 | WWW.PROFESSIONSANTE.CA mine oxydase (IMAO) et le bupropion ne sont pas recommandés pour le traitement de l’anorexie mentale (voir deuxième partie de l’article, section « Antidépresseurs »)3. Les individus souffrant d’anorexie mentale peuvent être particulièrement sensibles aux effets indésirables de la médication. Plusieurs patients ont une fonction cardiovasculaire compromise et le risque d’arythmie cardiaque secondaire à la prolongation de l’intervalle QTc par un médicament ne doit pas être sous-estimé, surtout en présence d’autres facteurs de risque (p. ex., déplétion électrolytique, bradycardie). Conséquemment, une surveillance de l’ECG devrait être effectuée lors de l’introduction d’un agent susceptible d’allonger l’intervalle QTc20,46. De plus, la pharmacocinétique de certains médicaments peut être altérée chez les patients dénutris. En effet, le volume de distribution des médicaments liposolubles est diminué en raison du gras corporel réduit, augmentant les niveaux plasmatiques à l’équilibre. La médication devrait ainsi être débutée à faible dose et titrée lentement selon l’efficacité et la tolérance14,16,34,47. Antipsychotiques La distorsion de l’image corporelle et les obsessions envers le poids et la silhouette des personnes anorexiques ont été considérées par certains comme étant analogues aux pensées délirantes présentes dans les désordres psychotiques. Cette prémisse a en partie mené aux premières études sur l’antipsychotique chlorpromazine auprès de ces patients dans les années 196037,38,48,49. En raison du manque de preuves de leurs bénéfices cliniques et de leurs effets indésirables substantiels, les antipsychotiques classiques ne sont néanmoins pas recommandés pour le traitement de l’anorexie mentale49,50. La venue des antipsychotiques atypiques ayant un profil d’effets indésirables plus favorable a ravivé l’intérêt envers cette classe de médicaments43,49. Le gain de poids est effectivement un effet indésirable bien connu de ces agents et ceux-ci permettent de réduire l’agitation et l’anxiété, qui entravent fréquemment la réalimentation48. Ils agiraient en ciblant les dysfonctionnements dopaminergiques et sérotoninergiques4,39. L’olanzapine est l’agent qui a été le plus extensivement étudié. Cet antipsychotique a démontré des effets positifs sur le gain de poids et/ou les symptômes psychologiques dans quelques études ouvertes ou rétrospectives et dans plusieurs rapports ou séries de cas, le plus souvent portant sur des patients souffrant d’anorexie chronique réfractaire à d’autres traitements48,50. Au total, quatre études randomisées et contrôlées par placébo, dont une effectuée chez des adolescents, ont toutefois produit des résultats variables. Une étude a démontré la supériorité de l’olanzapine pour l’amélioration de paramètres psychologiques spécifiques (dépression, agressivité, etc.), et une diminution des symptômes obsessifs a été observée dans une autre étude effectuée chez un petit nombre de patients, alors que la différence n’était pas significative dans les deux autres. De plus, lorsque comparée à la chlorpromazine, l’olanzapine a permis une réduction des ruminations anorexiques 43,50,51. L’olanzapine a produit un gain de poids statistiquement significatif, quoique modeste, dans trois de ces études, mais seulement chez le sous-type boulimique/purgatif pour l’une d’elles27,44. En ce qui concerne les autres antipsychotiques, la quétiapine a permis de réduire la psychopathologie dans deux études ouvertes de petite taille et une étude ouverte, randomisée et contrôlée, mais un gain de poids significatif n’a pas été établi dans toutes ces études 4,48. Plus récemment, une étude randomisée, à double insu et contrôlée, n’a trouvé aucune différence d’issue entre le groupe quétiapine et le groupe placébo44. Des rapports de cas ont montré des résultats positifs pour l’aripiprazole et la rispéridone, mais l’étude de ce dernier agent auprès de 40 adolescents atteints d’anorexie mentale n’a pu établir aucun bénéfice4,44. Alors que les données préliminaires sur les antipsychotiques atypiques, particulièrement l’olanzapine, semblaient prometteuses, deux revues systématiques et méta-analyses récentes n’ont pu conclure à un effet significatif sur la psychopathologie associée à l’anorexie mentale ou sur le poids52,53. Il est possible que l’augmentation de l’appétit induite par les antipsychotiques ne soit pas suffisante pour surmonter la poursuite acharnée de la minceur qui accompagne ce trouble alimentaire53, ce qui ne fait qu’augmenter la souffrance du patient sans changer les comportements restrictifs53. Ainsi, les études disponibles à ce jour, qui, encore une fois, comprennent des limites méthodologiques, ne permettent pas de formuler des lignes directrices claires ou de recommander une utilisation généralisée des antipsychotiques chez cette clientèle48,53. Les opinions sur leur valeur dans le traitement aigu de l’anorexie mentale restent partagées, mais en pratique ils sont prescrits notamment pour réduire l’anxiété comorbide, les pensées obsessionnelles, les cognitions anorexiques, l’agitation associée à la réalimentation et la résistance sévère au gain de poids27,48. Dans la majorité des publications, on a utilisé des doses dans la moitié inférieure de l’intervalle posologique (p. ex., olanzapine 2,510 mg/jour), mais la durée de traitement optimale ne peut être définie34,39,48. Les effets indésirables des antipsychotiques sont bien connus (effets extrapyramidaux, sédation, hypotension orthostatique, prolongation de l’intervalle QT, etc.) et doivent être pris en considération, même si très peu d’entre eux ont été rapportés dans ces études. Les effets métaboliques à long terme n’ont pas encore été bien documentés pour cette population48,52,53. Enfin, bien que le risque ne semble pas cliniquement pertinent dans cette population, la crainte d’un gain de poids excessif pourrait être anxiogène pour les patients et entraîner le refus ou la non-adhésion au traitement48,53. Benzodiazépines De faibles doses de benzodiazépines à courte durée d’action (p. ex., 0,25 mg d’alprazolam ou 0,5 mg de lorazépam) administrées avant les repas sont utiles lorsqu’une anxiété anticipatoire sévère limite la prise alimentaire, mais cela n’a fait l’objet d’aucune étude. Les benzodiazépines doivent être utilisées avec circonspection puisque certains patients souffrant d’un trouble alimentaire peuvent avoir une propension plus élevée à développer une dépendance3,14,34. Agents procinétiques Des ballonnements et des douleurs abdominales postprandiales, ainsi que des sensations de plénitude et de satiété précoce surviennent fréquemment au début du retour à une alimentation normale. Les agents procinétiques, tels que la dompéridone et le métoclopramide, accélèrent la vidange gastrique et peuvent être utiles pour soulager certains de ces symptômes, mais ils ne sont pas clairement associés à un gain de poids et doivent être utilisés avec précaution puisqu’ils peuvent allonger l’intervalle QTc3,4,43. À moins que le traitement ne requière les propriétés antinauséeuses du métoclopramide, la dompéridone est préférable puisqu’elle occasionne moins d’effets extrapyramidaux54. Autres Une déficience en zinc peut entraîner une perte de poids, la dépression, l’aménorrhée et des modifications de l’appétit et du goût43,49. Il a donc été proposé que les carences nutritionnelles en zinc puissent contribuer à exacerber le tableau clinique de l’anorexie mentale. L’utilisation de la supplémentation orale de zinc, en adjuvant aux traitements traditionnels, est appuyée par des études ouvertes et des études de cas, mais elle a produit des effets partagés sur le gain de poids et sur les symptômes de dépression et d’anxiété dans trois études à double insu et contrôlées par placébo, réalisées il y a plusieurs années38,49,55. Les auteurs d’une étude publiée en 2006 ont néanmoins conclu que tous les patients anorexiques devraient recevoir, de routine, un supplément oral de 14 mg/ jour de zinc élémentaire pendant deux mois. Cette étude a démontré que le zinc permettait d’obtenir un taux d’augmentation de l’IMC deux fois plus élevé, ainsi que la correction de certaines anomalies des neurotransmetteurs, se traduisant par d’éventuels bénéfices cliniques4,55. Le rôle du zinc demeure controversé, mais son coût peu élevé, son innocuité favorable et les quelques preuves de son efficacité incitent certains cliniciens à en recommander l’utilisation comme traitement adjuvant de l’anorexie mentale3,4,38. Il a été noté que la cyproheptadine, un antihistaminique ayant également un effet antagoniste sérotoninergique central, pouvait occasionner un gain de poids lorsqu’utilisée dans le traitement du WWW.PROFESSIONSANTE.CA || NOVEMBRE 2014 || QUÉBEC PHARMACIE | 15 les pages bleues prurit allergique49,56. Une étude contrôlée par placebo, effectuée chez 24 patients anorexiques, n’a pourtant démontré aucune amélioration significative avec 12 mg/jour de cyproheptadine41,49,56. Dans une autre étude (n = 81) utilisant des doses allant jusqu’à 32 mg/jour, le médicament favorisait un gain pondéral, mais seulement chez les patients ayant une forme plus sévère d’anorexie mentale49. Une diminution marginale du temps requis pour atteindre un poids normal a été observée chez les patients souffrant d’anorexie restrictive dans une troisième étude, mais l’effet était délétère chez ceux ayant des comportements boulimiques, ce qui laisse supposer que les deux sous-types d’anorexie mentale pourraient répondre différemment à une modification de la transmission sérotoninergique41,43,49,56. L’usage de la cyproheptadine n’est pas répandu et il faut garder en tête que l’anorexie mentale n’est pas un trouble physiologique de l’appétit, mais que les personnes atteintes ont plutôt peur de perdre le contrôle de leur faim. Le fait de simplement stimuler leur appétit pourrait potentiellement accroître leur anxiété43,49. Le lithium, le tétrahydrocannabinol (THC), la clonidine et l’hormone de croissance recombinante humaine ont tous été évalués dans des études. Actuellement, ces agents n’ont pas d’utilité clinique pour le traitement de l’anorexie mentale, soit en raison du manque de preuves de leur efficacité, soit parce qu’ils sont associés à des effets indésirables trop importants37,38. ■ La boulimie de même que les complications médicales des TCA feront l'objet de la seconde partie de cet article. À lire dans le numéro de décembre 2014 – janvier 2015. FC Suivi et surveillance de la thérapie ■ ■ ■ ■ Être particulièrement à l’affût des interactions médicamenteuses (pharmacodynamiques ou pharmaco­ cinétiques) pouvant accroître le risque d’allongement de l’intervalle QTc. Évaluer globalement l’efficacité de la médication. Si pertinent, s’assurer que les vomissements n’interfèrent pas avec l’absorption des médicaments. Vérifier la présence d’effets indésirables. Effectuer un suivi de l’observance. En cas d’inobservance, tenter d’en cerner les raisons (ambivalence envers le traitement, craintes face à la médication, effets indésirables, manque d’efficacité, etc.). QUESTIONS DE Répondez en ligne sur www.professionsante.ca, section eCortex; rechercher Québec Pharmacie, novembre 2014. Date limite : 24 novembre 2015. Donne 4 UFC. 1. Lequel des énoncés suivants concernant les troubles du comportement alimentaire (TCA) est faux ? A Une proportion importante des patients atteints d’un TCA présente également des comorbidités psychiatriques. B Une perte de poids n’est pas toujours observable chez les enfants et les adolescents souffrant d’anorexie mentale. C La répartition des TCA selon le sexe est différente chez les plus jeunes patients. D Chez certaines personnes, la promotion et la valorisation de l’image de minceur par les médias seront les seules causes du développement d’un TCA. E Les tests de laboratoire ne sont pas primordiaux pour établir un diagnostic de TCA. 2. Lequel des énoncés suivants, concernant les interventions non pharmacologiques utilisées pour la prise en charge de l’anorexie mentale, est vrai ? A Une réalimentation rapide des patients est l’objectif principal du traitement initial de l’anorexie mentale. B Plusieurs études ont établi la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) comme étant le traitement standard chez les adultes. C La thérapie familiale est une approche courante chez les enfants et les adolescents. D La première étape de la prise en charge initiale des patients atteints d’anorexie mentale est la psychothérapie. 16 | QUÉBEC PHARMACIE | NOVEMBRE 2014 | E Comme les patients anorexiques refusent souvent l’aide qui leur est proposée, le recours à l’alimentation parentérale est souvent nécessaire. 3. Laquelle des affirmations suivantes est fausse ? A Des antidépresseurs devraient être utilisés d’emblée chez tous les patients anorexiques ayant des symptômes dépressifs. B Une déplétion sérotoninergique secondaire à la restriction alimentaire sévère peut expliquer le manque d’efficacité des antidépresseurs dans le traitement aigu de l’anorexie mentale. C Les médicaments qui allongent l’intervalle QTc doivent être utilisés avec précaution chez les personnes atteintes d’anorexie mentale. D On ne peut affirmer que les antidépresseurs diminuent les rechutes d’anorexie mentale. E La pharmacothérapie n’est jamais l’unique modalité de traitement de l’anorexie mentale. 4. Lequel des énoncés suivants concernant l’utilisation des antipsychotiques chez les patients souffrant d’anorexie mentale est vrai ? A La revue des études contrôlées et randomisées permet de conclure que les antipsychotiques sont efficaces pour diminuer l’altération de l’image corporelle et du poids qui accompagne l’anorexie mentale. B Le risque de développer une résistance à l’insuline est bien documenté pour ces patients. WWW.PROFESSIONSANTE.CA C Les antipsychotiques doivent être utilisés avec précaution en raison du risque élevé de gain de poids excessif. D Les données préliminaires concernant l’utilisation de la rispéridone chez les adolescents semblent prometteuses. E Même si la prise de poids est un effet indésirable bien connu de l’olanzapine, un gain de poids significatif n’a pas été démontré dans toutes les études effectuées auprès de patients anorexiques. 5. Laquelle des affirmations suivantes est vraie ? A En soulageant les symptômes gastrointestinaux, les agents procinétiques favorisent la prise alimentaire et accélèrent le gain de poids. B Selon les études, les benzodiazépines facilitent la réalimentation des patients anorexiques en soulageant l’anxiété associée aux repas. C Une déficience en zinc peut produire des symptômes similaires à ceux de l’anorexie mentale. D Dans une étude, la cyproheptadine à des doses allant jusqu’à 32 mg/jour a produit un gain pondéral, mais seulement chez les personnes ayant une forme moins sévère d’anorexie mentale. RÉFÉRENCES : 1. Academy for Eating Disorders’ Medical Care Standards Task Force. Les troubles du comportement alimentaire : éléments essentiels pour la détection et la gestion précoces des risques médicaux dans la prise en charge des personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire. Rapport AED 2012, 2e éd. [En ligne. Site consulté le 17 février 2014.] www.aedweb.org/web/ downloads/Guide-French.pdf 2. Fairburn CG, Harrison PJ. Eating Disorders. Lancet 2003; 361: 407-16. 3. Yager J, Devlin MJ, Halmi KA, et coll. Work Group on Eating Disorders. American Psychiatric Association practice guideline for the treatment of patients with eating disorders, 3rd Edition. Am J Psychiatry 2006; 163(7 suppl): 1-54. 4. Aigner M, Treasure J, Kaye W, et coll.; WFSBP Task Force on Eating Disorders. World Federation of Societies of Biological Psychiatry (WFSBP) guidelines for the pharmacological treatment of eating disorders. World J Biol Psychiatry 2011; 12: 400-43. 5. Jackson CW, Cates M, Lorenz R. Pharmacotherapy of eating disorders. Nutr Clin Pract. 2010; 25(2): 143-59. 6. American Psychiatric Association. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders DSM-5, 5th ed. Washington, DC: American Psychiatric Publishing, 2013. 7. Treasure J, Claudino AM, Zucker N. Eating disorders. Lancet 2010; 375: 583-93. 8. Simon Y. Épidémiologie et facteurs de risque psychosociaux dans l’anorexie mentale. Nutrition clinique et métabolisme 2007; 21: 137-42. 9. Campbell K, Peebles R. Eating disorders in children and adolescents: State of the art review. Pediatrics 2014; 134: 582-92. 10. Polivy J, Herman CP. Causes of eating disorders. Annu Rev Psychol. 2002; 53: 187-213. 11. Rome ES. Eating disorders in adolescents and young adults: What’s a primary care clinician to do ? Cleve Clin J Med. 1996; 63(7): 387-95. 12. Pritts S, Susman J. Diagnosis of eating disorders in primary care. Am Fam Physicians 2003; 67: 297-304. 13. Rosen DS; the Committee on Adolescence. Identification and management of eating disorders in children and adolescents. Pediatrics 2010; 126: 1240-53. 14. Marken PA, Sommi RW. Eating disorders. Dans: Dipiro JT, Talbert RL, Yee GC, et coll. Pharmacotherapy: A pathophysiologic approach. 6th ed. New York: Elsevier Science Publishing Co., 2005: 62: 1147-56. 15. Williams PM, Goodie J, Motsinger CD. Treating eating disorders in primary care. Am Fam Physician 2008; 77(2): 187-95. 16. Morris J, Twaddle S. Anorexia nervosa. BMJ 2007; 334: 894-8. 17. Nadeau P, Dutray B, Garel P. À la recherche du poids perdu… les troubles des conduites alimentaires à l’adolescence. Le Médecin du Québec 2009; 44(6) : 49-55. 18. Le Grange D, Lock J, Loeb K, et coll. Academy for Eating Disorders position paper: The role of the family in eating disorders. Int J Eat Disord. 2010; 43: 1-5. 19. Rome ES, Ammerman S, Rosen DS, et coll. Children and adolescents with eating disorders: The state of the art. Pediactrics 2003; 111: e98-108. 20. National Collaborating Centre for Mental Health. National Clinical Practice Guideline. Eating disorders: Core interventions in the treatment and management of anorexia nervosa, bulimia nervosa, and related eating disorders. National Institute for Clinical Excellence, 2004. [En ligne. Site consulté le 26 mai 2014.]: www.nice.org.uk/guidance/cg9 21. Yager J, Andersen AE. Anorexia nervosa. N Engl J Med. 2005; 353: 1481-8. 22. Golden NH, Katzman DK, Kreipe RE, et coll. Eating disorders in adolescents: Position paper of the Society for Adolescent Medicine. J Adolesc Health 2003; 33: 496-503. 23. Fisher M, Schneider M, Burns J, et coll. Difference between adolescents and young adults at presentation to an eating disorder program. J Adolesc Health 2001; 28: 222-7. 24. Beumont P, Beumont R, Beumont D, et coll. Australian and New Zealand clinical practice guidelines for the treatment of anorexia nervosa. Focus 2005; III(4): 618-28. 25. Falcon L. Face à face avec l’anorexie nerveuse. Le clinicien 2003; 18(9): 107-15. 26. Keel PK, Brown TA. Update on course and outcome in eating disorders. Int J Eat Disord. 2010; 43: 195-204. 27. Watson HJ, Bulik CM. Update on the treatment of anorexia nervosa: Review of clinical trials, practice guidelines and emerging interventions. Psychol Med. 2013; 43: 2477-500. 28. Marzola E, Nasser JA, Hashim SA, et coll. Nutritional rehabilitation in anorexia nervosa: Review of the literature and implications for treatment. BMC Psychiatry 2013; 13: 290-302. 29. Mehanna HM, Moledina J, Travis J. Refeeding syndrome: What it is, and how to prevent and treat it. BMJ 2008; 336: 1495-8. 30. Stanga Z, Brunner A, Leuenberger M, et coll. Nutrition in clinical practice – the refeeding syndrome: Illustrative cases and guidelines for prevention and treatment. Eur J Clin Nutr. 2008; 62: 687-94. 31. Mehler PS, Winkelman AB, Andersen DM, et coll. Nutritional rehabilitation: Practical guidelines for refeeding the anorectic patient. J Nutr Metab. 2010; 2010: 1-7. 32. Walsh JME, Wheat ME, Freund K. Detection, evaluation, and treatment of eating disorders: The role of the primary care physician. J Gen Intern Med. 2000; 15: 577-90. 33. Hay P, Bacaltchuk J, Byrnes RT, et coll. Individual psychotherapy in the outpatient treatment of adults with anorexia nervosa. Cochrane Database Syst Rev. 2003; (4): CD003909. 34. Working Group of the Clinical Practice Guideline for Eating Disorders. Clinical practice guideline for eating disorders (Clinical practice guideline in the NHS: CAHTA; no. 2006/05-01). Madrid: Quality Plan for the National Health System of the Ministry of Health and Consumer Affairs. Catalan Agency for Health Technology Assessment and Research; 2009. 35. Carter JC, McFarlane TL, Bewell C, et coll. Maintenance treatment for anorexia nervosa: A comparison of cognitive behaviour therapy and treatment as usual. Int J Eat Disord. 2009; 42: 202-7. 36. Findlay S, Pinzon J, Taddeo D, et coll.; Société canadienne de pédiatrie, Comité de la santé de l’adolescent. Le traitement familial des enfants et des adolescents anorexiques : des lignes directrices pour le médecin communautaire. Paediatr Child Health 2010; 15(1): 36-40. 37. Steffen KJ, Roerig JL, Mitchell JE, et coll. Emerging drugs for eating disorder treatment. Expert Opin Emerging Drugs 2006; 11(2): 315-336. 38. Pederson KJ, Roerig JL, Mitchell JE. Towards the pharmacotherapy of eating disorders. Expert Opin Pharmacother. 2003; 4(10): 1659-78. 39. Hay PPJ, Claudino AM. Clinical psychopharmacology of eating disorders: A research update. Int J Neuropsychopharmacol. 2012; 15(2): 209-22. 40. Claudino AM, Silva de Lima M, Hay PPJ, et coll. Antidepressants for anorexia nervosa. Cochrane Database Syst Rev. 2006; (1): CD004365. 41. Attia E, Mayer L, Killory E. Medication response in the treatment of patients with anorexia nervosa. J Psychiatr Pract. 2001; 7(3): 157-62. 42. Sebaaly JC, Cox S, Hughes CM, et coll. Use of fluoxetine in anorexia nervosa before and after weight restoration. Ann Pharmacother. 2013; 47(9): 1201-5. 43. Flament MF, Bissada H, Spettigue W. Evidence-based pharmacotherapy of eating disorders. Int J Neuropsychopharmacol. 2012; 15(2): 189-207. 44. Tortorella A, Fabrazzo M, Monteleone AM, et coll. The role of drug therapies in the treatment of anorexia and bulimia nervosa: A review of the literature. J Psychopathol. 2014; 20: 50-65. 45. Couturier J, Lock J. A review of medication use for children and adolescents with eating disorders. J Can Acad Child Adolesc Psychiatry. 2007; 16(4): 173-6. 46. Katzman DK. Medical complications in adolescents with anorexia nervosa: A review of the literature. Int J Eat Disord. 2005; 37: S52-9. 47. Fankhauser MP, Lee KC. Eating disorders. Dans: Koda-Kimble MA, Young LY, Kradjan WA, et coll. Applied therapeutics: The clinical use of drugs. 8th ed. Lippincott Williams et Wilkins, 2005: 82: 1-26. 48. McKnight RF, Park RJ. Atypical antipsychotics and anorexia nervosa: A review. Eur Eat Disord Rev. 2010; 18(1): 10-21. 49. Zhu AJ, Walsh BT. Pharmacologic treatment of eating disorders. Can J Psychiatry. 2002; 47(3): 227-34. 50. Dunican KC, DelDotto D. The role of olanzapine in the treatment of anorexia nervosa. Ann Pharmacother. 2007; 41(1): 111-5. 51. Brewerton TD. Antipsychotic agents in the treatment of anorexia nervosa: Neuropsychopharmacologic rationale and evidence from controlled trials. Curr Psychiatry Rep. 2012; 14(4): 398-405. 52. Kishi T, Kafantaris V, Sunday S, et coll. Are antipsychotics effective for the treatment of anorexia nervosa ? Results from a systematic review and meta-analysis. J Clin Psychiatry 2012; 73(6): e757-66. 53. Lebow J, Sim LA, Erwin PJ, et coll. The effect of atypical antipsychotic medications in individuals with anorexia nervosa: A systematic review and meta-analysis. Int J Eat Disord. 2013; 46(4): 332-9. 54. Birmingham CL. Eating disorders. Dans: Therapeutic choices. 5th ed. Ottawa: Association des pharmaciens du Canada, 2007: 11: 158-68. 55. Brazilian Association of Nutrology. Zinc supplementation in the treatment of anorexia nervosa. Rev Assoc Med Bras. 2013; 59(4): 321-4. 56. Attia E, Schroeder L. Pharmacologic treatment of anorexia nervosa: where do we go from here ? Int J Eat Disord. 2005; 37: S60-3. Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs. WWW.PROFESSIONSANTE.CA || NOVEMBRE 2014 || QUÉBEC PHARMACIE | 17