COMMUNAUTE SAINT-MARTIN Conférence PROCLERO 23 septembre 2014
Abbé Pascal-André DUMONT« Le risque et la prise de risque : un enjeu fondamental du renouveau de l’économie et de la finance »
1
LE RISQUE ET LA PRISE DE RISQUE :
UN ENJEU FONDAMENTAL DU RENOUVEAU DE L’ECONOMIE
ET DE LA FINANCE
INTRODUCTION
J’ai choisi d’aborder le thème du risque, car je suis interpelé par un paradoxe qui est constatable
dans de nombreux domaines : d’un côté une tendance à vouloir tout assurer et garantir pour
diminuer le risque, voire tenter de le faire disparaître, de l’autre une tendance à vouloir prendre des
risques inconsidérés. Ces deux tendances paradoxales trouvent un point de convergence dans un
rapport difficile avec la notion de responsabilité. Dans la première tendance, celle de l’assurance et
de la garantie, il y a une volonté de se dégager de la responsabilité en la reportant sur autrui, dans la
seconde tendance, celle des risques inconsidérés, il y a une volonté de se dégager de la
responsabilité en la diluant dans un certain fatalisme systémique. Ces deux tendances, pourtant aux
antipodes, s’appellent l’une l’autre. Voyons comment.
1. LA TENDANCE AU CONTROLE ET A LA MAITRISE DES RISQUES, A LASSURANCE ET
A LA GARANTIE
Pragmatiquement nous pouvons constater que la question du risque dans l’économie et dans la
finance a pris une importance capitale. Ni les entreprises, au moins dès qu’elles atteignent une
certaine taille, ni les établissements financiers ne font l’économie aujourd’hui du contrôle des
risques. Ce contrôle se fait par la mise en place de toute une série de procédures d’évaluation des
risques, de vérification du respect de la légalité et de la déontologie. Le contrôle des risques a pris
une place de plus en plus importante et souvent décisive dans une stratégie économique et
financière. C’est souvent le contrôle des risques qui a le dernier mot dans les décisions stratégiques
et opérationnelles. Dans ce contexte il s’agit d’avoir les garanties maximales pour toute
opération, la question se pose de savoir se situe finalement le risque. A-t-il disparu ? Le contrôle
des risques a-t-il réussi à faire disparaître le risque ? En fait lorsqu’un risque demeure quand même,
l’entreprise ou l’établissement bancaire va s’assurer contre ce risque en payant une autre institution
pour l’assumer à sa place. Et cette structure d’assurance va elle-même prendre une réassurance pour
se garantir contre les risques de sa propre activité d’assurance. Le risque passe ainsi de main en
main comme la « patate chaude » que personne ne veut garder dans la sienne, au point que
finalement on ne sait plus qui porte réellement le risque. On peut même se demander si le risque
ultime est vraiment porté par les compagnies de réassurance. La crise financière de 2008 avec
l’effondrement de certains établissements bancaires et la survie d’autres par l’intervention des Etats,
eux-mêmes endettés jusqu’au cou, a montré qu’au final ce sont les collectivités publiques, donc les
contribuables, qui ont assuré les risques puisque ce sont elles qui ont contribuer à leur
refinancement.
En fait, tout cela montre clairement qu’on ne peut pas esquiver le lien fondamental entre le risque et
la responsabilité : à un moment de la chaîne, il faut que quelqu’un réponde du risque encouru.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les démocraties européennes y ont répondu de la
manière suivante : le responsable ultime, c’est l’Etat-Providence, l’Etat-Prévoyance, d’où la gravité
COMMUNAUTE SAINT-MARTIN Conférence PROCLERO 23 septembre 2014
Abbé Pascal-André DUMONT« Le risque et la prise de risque : un enjeu fondamental du renouveau de l’économie et de la finance »
2
de la situation actuelle des dettes souveraines, qui voit vaciller le garant ultime qu’est l’Etat. A quoi
ressemble un Etat-Providence qui est exposé à la merci de ses créanciers ? Comment l’Etat peut-il
encore jouer son rôle d’ultime réassureur, alors qu’il n’est plus du tout ultime, étant dépendant de
ceux qui veulent bien lui faire confiance -ses créanciers -, mais qui peuvent la lui retirer quand bon
leur semble ? En d’autres termes, la crise de la dette publique rend l’Etat-Providence imprévisible,
fragile, dépendant de ses créanciers, sans compter qu’il donne tous les jours un exemple
d’imprévoyance en ne faisant pas ce qu’il faut pour régler son problème de dette publique.
Cette course à l’assurance, que nous constatons au niveau économique et financier, atteint aussi la
personne humaine dans sa sphère privée. Chacun a son quota d’assurances. Pour toute opération
personnelle une assurance m’est proposée :
- je prends un billet de train : je vais le payer plus cher s’il est échangeable/remboursable car
je paie une assurance pour pouvoir l’échanger et me le faire rembourser.
- je prends un billet d’avion : immédiatement une assurance m’est proposée si elle n’est pas
déjà comprise dans le prix d’achat.
- pour maximiser les garanties, la carte bancaire, qui est le moyen souvent indispensable pour
faire une opération commerciale, comprend en elle-me toute une série d’assurances.
Il paraît que les professionnels de l’assurance sont de plus en plus créatifs et inventent des
assurances pour tout, au point qu’elles sont proposées au client dans tout type d’opérations
économiques. Cette course à l’assurance tous azimuts, qui conduit à être bien souvent surassuré,
oblige à un constat : tant au niveau économique et financier qu’au niveau personnel, il y a une peur
du risque.
Oui, la tendance au contrôle et à la maîtrise des risques, à l’assurance et à la garantie, bien avant de
révéler un certain sens de la responsabilité, révèle une peur du risque.
2. LA PEUR DU RISQUE
Cette peur du risque n’est pas une constante universelle, mais une tendance de plus en plus
flagrante, surtout dans les pays les plus développés. En fait, nous sommes face à une sorte de
faiblesse psychologique collective. Beaucoup de nos contemporains ont peur de prendre un risque,
car ils ont peur de perdre. Le modèle commercial intègre pleinement cette donnée et propose
systématiquement aux clients la garantie qui va les rassurer et leur permettre ainsi d’acheter
sereinement le produit proposé. Ils sont sereins, car ils n’ont pas besoin d’assumer la responsabilité
du risque. Quelqu’un d’autre, une compagnie d’assurance, une structure sans visage, assume ce
risque pour eux et à leur place.
Mais il me semble, sans vouloir forcer le trait, que le système de l’assurance, de la garantie, est
même devenu insuffisant pour rassurer nos contemporains. La crise financière de 2008 a beaucoup
contribué à une « perte grave de confiance », comme l’a souligné le Pape Benoît XVI dans son
encyclique « Caritas in veritate ».
Il est probable que, depuis lors, nos contemporains comprennent de plus en plus, ou du moins
pressentent de plus en plus que :
- c’est bien eux qui assument le risque par leurs primes d’assurance et que même si elles sont
mutualisées il est fort probable qu’ils paieront plus de primes dans leur vie qu’ils ne
bénéficieront de prises en charge.
- c’est bien eux qui assument le risque par le prix du produit dans lequel a déjà été intégré le
coût de la garantie.
Plus largement encore, il est probable que nos contemporains pressentent aussi qu’ultimement,
malgré les assurances, ce sont eux qui devront assumer le coût du risque : la crise financière, dont
nous avons fait mention tout à l’heure, en a été un exemple éclatant.
Tout cela augmente la peur actuelle du risque, qui porte en son cœur une peur de perdre. C’est bien
de cela dont il s’agit : une peur de perdre. C’est même l’étymologie du mot « risque », qui vient du
latin « resecum » qui signifie : ce qui coupe, puis rocher escarpé, écueil. Puis apparaît le mot
COMMUNAUTE SAINT-MARTIN Conférence PROCLERO 23 septembre 2014
Abbé Pascal-André DUMONT« Le risque et la prise de risque : un enjeu fondamental du renouveau de l’économie et de la finance »
3
« risco » en italien, terme utilisé par les marchands italiens qui faisaient du commerce au loin et qui
envoyaient des marchandises par bateau. « Risco » signifiait alors le risque encouru pour une
marchandise transportée par bateau, le risque étant de perdre cette marchandise dans le naufrage ou
le piratage du bateau.
Cette peur du risque, cette peur de perdre se vérifie dans le fait que l’assurance, qui est pourtant un
abortif du risque dans la mesure elle vient assumer l’échec et compenser la perte encourue,
n’arrive plus à sécuriser suffisamment la psychologie de nos contemporains. On constate
aujourd’hui une course apeurée vers le risque zéro. Il s’agit d’anticiper, de prévenir tout risque,
même les plus minimes, et d’appliquer de manière pointilleuse un autre principe, qui va plus loin
que le principe de l’assurance et de la garantie : le principe de précaution. Si le principe de
l’assurance et de la garantie est un abortif du risque, le principe de précaution est un contraceptif du
risque. Le principe de précaution, qui est une réponse à une peur-panique de devoir assumer une
responsabilité, s’emballe et conduit à des hyper-précautions qui deviennent aberrantes et même
contraires au bon sens le plus élémentaire : cela se constate dans l’activité de la construction avec
les incohérences des normes de sécurité, dans l’activité économique avec la complexité paralysante
du code du travail, dans l’activité financière avec un entassement de procédures de contrôle. Le
principe de précaution, voire même d’hyper-précaution, est là pour écarter cette peur du risque.
En résumé, le principe de l’assurance et de la garantie et le principe de précaution, voire d’hyper-
précaution, sont les deux manières actuelles de contrer la peur du risque.
3. LES CONSEQUENCES DE LA PEUR DU RISQUE
Quelles en sont les conséquences de la peur du risque, conséquences déjà repérables et
fondamentalement perverses en terme de responsabilité ?
3.1. De la perte de la responsabilité à l’irresponsabilité
Face au principe de l’assurance et de la garantie : on constate une diminution nette du sens de la
responsabilité qui peut aller jusqu’à l’irresponsabilité et donc conduire à la témérité, c’est-à-dire à
une prise de risque inconsidérée à cause de la garantie offerte par l’assurance d’un autre. C’est une
contradiction, mais elle est bel et bien : d’un côté, on tend de plus en plus vers le « risque zéro »,
qui est l’application excessive du principe de précaution, et de l’autre, on crée des montages
financiers avec des risques systémiques inconsidérés, comme cela s’est vu en 2008. Bref, nous
vivons dans un environnement économique et financier à la fois « risquophobe » et qui peut aussi
s’effondrer du jour au lendemain comme un château de cartes. Ce sont, tout compte fait, les deux
faces de la « bulle » : quand on est dedans, on est « dans sa bulle », c’est-à-dire en sécurité, mais la
bulle elle-même, vue de l’extérieur, peut éclater en un rien de temps. Les banques sont
particulièrement représentatives de cette attitude contradictoire : elles n’acceptent de prêter aux
particuliers et aux entreprises qu’avec des garanties telles que, pratiquement, elles refusent
beaucoup de crédits, alors que, de l’autre côté, elles placent leurs fonds sur les marchés financiers
dans des placements à très haut risque, comme ce fut le cas dans les subprimes, mais sans être
capable d’en assumer la responsabilité ultime. Nous touchons le paradoxe que j’évoquais en
introduction : le principe de l’assurance et de la garantie éloigne de soi la responsabilité d’assumer
le risque et conduit ainsi à diffuser une sorte de sentiment d’irresponsabilité qui peut au final
pousser à prendre des risques inconsidérés en continuant à penser que la responsabilité de ces
risques sera assumée par quelqu’un d’autre, sans visage.
COMMUNAUTE SAINT-MARTIN Conférence PROCLERO 23 septembre 2014
Abbé Pascal-André DUMONT« Le risque et la prise de risque : un enjeu fondamental du renouveau de l’économie et de la finance »
4
3.2. De la perte de la responsabilité au désengagement
Face au principe de précaution et d’hyper-précaution : on constate une atrophie de l’autonomie
(supervision de toutes les décisions, pas de confiance) et de l’engagement (assistanat vaut mieux
qu’un engagement personnel qui pourrait comporter un risque), une diminution de la créativité, de
l’inventivité par peur anticipée du risque, qui pourrait conduire à l’extrême jusqu’à l’inertie et
même à la non-activité économique et financière.
Je suis effaré de constater les formes subtiles et bienpensantes que peut prendre le sengagement
jusque dans le monde catholique. J’entends souvent cette formulation dogmatique : un placement
sécurisé, sans risque, est un placement éthique, et inversement un placement à risque, une action par
exemple, est un placement non éthique. Le lien qui est fait entre « sans risque » et « éthique », et
entre « risqué » et « non éthique » manifeste la victoire de ce désengagement, justifié moralement,
comme nous savons si bien le faire dans le monde catholique. C’est une aberration qui montre
clairement que la peur du risque a pris le dessus. Sans compter que ce qui est souvent décrété
comme « sans risque » peut être une illusion : les obligations d’Etat en sont un exemple éloquent.
Face à tout cela, il est bon de prendre de la hauteur pour y voir plus clair et trouver les moyens de
sortir de ce cercle vicieux. Pour ce faire, nous pouvons nous aider de la tradition biblique, que ce
soit dans l’Ancien Testament et dans le Nouveau Testament. Comment Dieu voit-il le risque ?
4. QUE DIEU PENSE-T-IL DU RISQUE ?
4.1. Dieu a-t-il lui-même pris un risque ?
Dieu, qui dit de lui-même qu’il est Amour, avait pour projet de répandre cet amour qu’il est lui-
même, au-delà de sa Trinité. Il a donc créé l’univers comme un écrin favorable à l’homme, chef
d’œuvre et surtout finalité de sa création. Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance,
c’est-à-dire qu’Il l’a créé par amour et pour l’amour. C’est pourquoi tout être humain, quelle que
soit l’époque dans laquelle il a vécu, vit ou vivra, tout être humain quels que soient sa couleur de
peau, son âge, son intelligence, son éducation, sa culture, sa religion, son milieu de vie et son
niveau social, est marqué par deux besoins fondamentaux, qui ne souffrent aucune exception. Tout
être humain a besoin d’aimer et d’être aimé. Jean-Paul II affirmait lors de son message aux jeunes
de France, le 1er juin 1980 à Paris : « Toute l’histoire de l’humanité est l’histoire du besoin d’aimer
et d’être aimé ». Ce besoin d’aimer et d’être aimé, c’est le sceau, la signature de Dieu dans le cœur
de l’homme. C’est l’image de Dieu dans le cœur de l’homme. Mais comme Dieu est amour et que
l’amour véritable est un amour qui laisse à l’être aimé sa liberté, Dieu, dans son amour parfait pour
l’homme, lui a laissé sa liberté : la liberté de répondre positivement à cet amour de Dieu et la liberté
de refuser cet amour de Dieu. Dieu a donc pris un risque en créant l’homme par amour : le risque de
voir l’homme refuser son amour. C’est le drame du péché originel. L’amour contient en lui-
même un risque : le risque de la non-réciprocité. C’est un risque que Dieu a pris et qu’Il ne cesse de
prendre. C’est un risque qui reste inhérent à tout acte d’amour. Tout être humain sait qu’aimer
quelqu’un contient le risque de la non-réciprocité. C’est dramatique de ne pas être aimé par
quelqu’un dont on devrait ou voudrait pouvoir attendre légitimement une réciprocité. C’est le cas en
particulier dans les relations familiales. De cette réflexion fondamentale, nous pouvons simplement
retenir que Dieu a pris et continue à prendre un risque.
4.2. Dieu invite-t-il à prendre des risques ?
Il me semble que la scène de l’Ecriture Sainte la plus explicite est celle de la relation entre Dieu et
Abraham. Dieu appelle Abraham en lui disant : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton
père, pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton
nom ; sois une bénédiction » (Gn 12, 1-2). Et plus loin lorsque Abraham qui a quitté son pays et qui
COMMUNAUTE SAINT-MARTIN Conférence PROCLERO 23 septembre 2014
Abbé Pascal-André DUMONT« Le risque et la prise de risque : un enjeu fondamental du renouveau de l’économie et de la finance »
5
est allé jusqu’à obéir à Dieu qui lui demande de lui sacrifier son fils Isaac, Dieu dit : « Parce que tu
as fait cela, que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai
ta postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est sur le bord de la mer… »
(Gn 22, 15-17).
Dieu a invité Abraham à prendre un risque : quitter ce qui est connu pour aller vers l’inconnu,
quitter ce qui est sûr pour aller vers quelque chose d’incertain. Qu’est-ce qui pousse Abraham à
prendre ce risque ? Il y a au moins deux éléments qui comptent dans le discernement d’Abraham :
- l’appel vient de Dieu. Pour Abraham, Dieu est fiable, il peut lui faire confiance et peut donc
prendre le risque de suivre cet appel à tout quitter.
- Il y a une promesse : la promesse d’une fécondité inouïe, qui le dépasse, qui dépasse tout
pouvoir humain, qui dépasse même toute imagination : sa postérité sera aussi nombreuse
que les étoiles du ciel et que les grains de sable sur le bord de la mer.
De cela nous pouvons retenir que la prise de risque doit pouvoir reposer sur deux piliers :
- en amont une curité : la confiance en quelqu’un de fiable, de solide. Dieu se présente à
l’homme comme le roc solide sur lequel il peut s’appuyer, comme celui en qui l’homme
peut mettre sa confiance. C’est intéressant de constater que Dieu n’établit pas entre lui et
l’homme un rapport de pratique de la Loi ou d’observance de rituels, mais un rapport de foi
et de confiance. Ce rapport de foi et de confiance implique dans sa nature même le risque et
la précarité car faire confiance suppose toujours de se fier à quelqu’un alors que l’on n’a pas
toutes les cartes en main.
- en aval une promesse de fécondité : l’espérance en une promesse qui va se réaliser. D’où la
limite de l’adage qui dit : « il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ». En réalité,
il est nécessaire d’espérer pour entreprendre, car l’espérance d’un bien promis est
indispensable à l’esprit d’entreprise. A cet égard Mt 19, 27-30 est très significatif : Pierre
interroge Jésus sur la récompense qu’il y aura pour ceux qui auront tout quitté pour se
mettre à sa suite et Jésus de répondre : « En vérité, je vous le dis, à vous qui m’avez suivi :
dans la régénération, quand le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous siégerez
vous aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura laissé
maisons, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et
aura en héritage la vie éternelle » (Mt 19, 28-29). Ceux qui ont tout quitté pour le Christ ne
perdent pas tout, puisqu’une récompense plus grande est promise à leur détachement.
Ces deux éléments fondamentaux de la prise de risque sont nécessaires dans tout type de prise de
risque. Le mariage, la procréation, l’amitié sont des prises de risque. Elles nécessitent à chaque fois
une confiance placée en quelqu’un (c’est l’amour, l’amitié) et une espérance (c’est un bien plus
grand, le bonheur, un épanouissement). C’est aussi vrai pour la vie économique et financière.
4.3. Et le Christ invite-t-il aussi à prendre des risques ?
Dans l’Evangile, Jésus se montre infiniment miséricordieux. Il est toujours prêt à tout pardonner.
De Pierre qui le renie à la femme adultère, l’Evangile nous montre sans cesse un Jésus, plein de
bonté et de douceur, en train de pardonner. Et son pardon est sans limite : soixante dix-sept fois sept
fois, c’est-à-dire à l’infini.
Pourtant, il y a une parabole, celle dite des talents (Mt 25, 14-30) qui montre une autre facette de
Jésus. Celui qui a reçu un seul talent et qui, au lieu de le faire fructifier comme le lui a demandé le
maître, l’enfouit dans la terre afin de le préserver, se fait rabrouer par le maître au point de se faire
enlever ce talent pour qu’il soit donné à celui qui a le mieux su faire fructifier les talents qu’il avait
reçus. Manifestement le maître n’accepte pas que celui qui avait reçu un talent n’ait pas pris de
risque, qu’il ait simplement conservé l’acquis sans lui-même contribuer à son augmentation.
Pourquoi cet homme a-t-il eu ce comportement défensif ? L’Evangile nous dit qu’il avait peur du
maître qu’il considérait comme dur : « j’ai appris à te connaître comme un homme âpre au gain : tu
moissonnes où tu n’as point semé, et tu ramasses où tu n’as rien répandu. Aussi pris de peur, je suis
allé enfouir ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien » (Mt 25, 24-25). Cet homme n’a pas pu
prendre un risque car il n’était pas assuré en amont, il était pris par la peur. Il n’avait pas confiance
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !