O LYMPIADES F RANÇAISES DE M ATHÉMATIQUES 2011-2012 E NVOI N UMÉRO 1 - C ORRIGÉ Énoncés d’entraînement Combinatoire Exercice 1 On donne mn + 1 points dans l’espace tels que, parmi m + 1 quelconques d’entre eux, il y en ait toujours au moins deux à une distance au plus égale à 1 l’un de l’autre. Prouver qu’il existe une sphère de rayon 1 recouvrant au moins n + 1 de ces points. Solution. Raisonnons par l’absurde : supposons que chaque sphère de rayon 1 contienne au plus n des mn + 1 points. Soit alors M1 l’un des points. Dans la sphère S1 de centre M1 et de rayon 1, il n’y a donc pas plus de n − 1 des points de départ. Il existe alors un point M2 en-dehors de S1 , et la sphère S2 de centre M2 et de rayon 1 ne contient pas plus de n − 1 des points de départ. À elles deux, les sphères S1 et S2 ne contiennent pas plus de 2n des points initiaux, et on peut considérer un point M3 qui n’est dans aucune des deux sphères. On construit ainsi de proche en proche les points M1 , M2 , M3 , ..., Mm de sorte que la distance entre deux quelconques des Mi soit toujours strictement supérieure à 1. Or, à elles toutes, les m sphères Si de rayon 1 centrées en chacun des Mi ne contiennent pas plus de mn des points de départ, et il en existe donc au moins un, appelons-le Mm+1 , qui n’est dans aucune des sphères Si . Pour conclure, il suffit de remarquer que les points M1 , M2 , ..., Mm+1 contredisent la propriété donnée dans l’énoncé. 1 Exercice 2 Déterminer le nombre de mots de n ≥ 1 lettres choisies parmi les lettres distinctes a, b, c et qui contiennent un nombre pair de a. Solution. Première méthode. Pour tout entier n ≥ 1, on note pn le nombre cherché. Pour tout entier p tel que 0 ≤ 2p ≤ n, un mot de n lettres qui contient exactement 2p lettres a est déterminé par : n - le choix des 2p places parmi les n, soit donc (2p ) choix possibles, - Pour chacune des places restantes, il y a deux choix possibles pour la lettre (b ou c). n D’où, un total de 2n−2p (2p ) mots de n lettres qui contiennent exactement 2p lettres a. On en déduit que : n pn = ∑ 2n−2p . 2p p ≥0 Or, d’après la formule du binôme, on a : n ∑ p 2n − p = (1 + 2 ) n = 3n , p ≥0 n ∑ p (−1) p 2n− p = (2 − 1)n = 1. p ≥0 Par suite, on a : n 2pn = ∑ (−1) p 2n− p + p p ≥0 et finalement pn = n ∑ p 2n− p = 3n + 1, p ≥0 3n +1 2 . Deuxième méthode. On garde les notations ci-dessus, et on note in le nombre de mots de n ≥ 1 lettres choisies parmi a, b, c et qui contiennent un nombre impair de a. Alors, puisqu’il y a 3n mots de n lettres choisies parmi a, b, c, on a pn + in = 3n . Notons que p1 = 2 (car c’est b ou un c). D’autre part, un mot de n + 1 lettres qui contient un nombre pair de a est obtenu - soit à partir d’un mot de n lettres qui contient un nombre impair de a et auquel on a ajouté un a à la fin, - soit à partir d’un mot de n lettres qui contient un nombre pair de a et auquel on a ajouté un b ou un c à la fin. Ainsi, on a pn+1 = in + 2pn = 3n + pn . On en déduit directement que : n −1 p n = p1 + ∑ 3k = 2 + 3 k =1 3n + 1 3n −1 − 1 = . 3−1 2 2 Exercice 3 Déterminer toutes les suites ( an )n≥1 de réels strictement positifs tels que, pour tout entier n > 0, on ait ( a1 )3 + ( a2 )3 + . . . + ( a n )3 = ( a1 + a2 + . . . + a n )2 . Solution. On sait que la suite définie par an = n, pour tout entier n ≥ 1, est une solution. On va prouver que c’est la seule par récurrence forte sur n. Soit (un ) une suite vérifiant les conditions de l’énoncé. Initialisation : Pour n = 1, il vient a31 = a21 avec a1 > 0, d’où a1 = 1. Hérédité : Supposons que, pour un certain entier n ≥ 1, on ait a p = p pour tout p ≤ n. L’égalité de l’énoncé écrite au rang n + 1 conduit à : a31 + ... + a3n + a3n+1 = ( a1 + ... + an + an+1 )2 = ( a1 + ... + an )2 + a2n+1 + 2an+1 ( a1 + ... + an ). Donc, d’après l’égalité de l’énoncé écrite au rang n, il vient a3n+1 = a2n+1 + 2an+1 ( a1 + ... + an ) et, puisque an+1 6= 0, on obtient a2n+1 − an+1 − 2( a1 + ... + an ) = 0. D’après l’hypothèse de récurrence, on a donc a2n+1 − an+1 − n(n + 1) = 0. Cette relation, vue comme une équation du second degré en an+1 , admet deux solutions, qui sont n + 1 et −n. Comme on doit avoir an+1 > 0, c’est donc que an+1 = n + 1, ce qui achève la récurrence et la démonstration. 3 Exercice 4 Soit n > 0 un entier et P un polygone convexe à 4n + 2 sommets. Prouver qu’il existe trois sommets consécutifs de P qui sont les sommets d’un triangle 1 fois l’aire de P. d’aire ne dépassant pas 6n Solution. On commence par prouver le résultat pour n = 1. Pour cela, on considère un hexagone convexe ABCDEF. Soit X, Y, Z les points d’intersection des diagonales [ AD ] et [ BE], [ AD ] et [CF ], [ BE] et [CF ], respectivement. Sans perte de généralité, on peut supposer que Z est dans le demi-plan délimité par [ AD ] qui contient B. Les trois quadrilatères ABCY, CDEZ, EFAX sont tous contenues dans P et deux à deux sans point intérieur commun, donc l’un d’eux, disons ABCY, a une aire qui ne dépasse pas le tiers de l’aire de P. Mais alors, l’un des deux triangles ABY et BCY a une aire qui ne dépasse pas le sixième de l’aire de P, disons BCY. Comme Y ∈ [ AD ] et que A, Y, D sont tous d’un même côté de ( BC ), l’un des points A et D, disons A, est à une distance de ( BC ) qui ne dépasse pas celle de Y à ( BC ), et ainsi le triangle ABC assure la conclusion. Supposons maintenant que P soit un polygone convexe à 4n + 2 côtés, avec n ≥ 2. En utilisant des diagonales issues d’un même sommet A, on divise alors P en n hexagones convexes, dont l’un est d’aire ne dépassant pas n1 fois l’aire de P, disons P0 = ABCDEF où B, C, D, E, F sont des sommets consécutifs de P. D’après le cas n = 1, on sait qu’il existe trois sommets consécutifs de P0 qui forment un triangle d’aire ne dépassant pas le sixième de l’aire de P0 et, pour conclure, il s’agit de prouver que cela peut se produire sans que l’un des trois sommets soit A. Par l’absurde : supposons qu’il n’existe pas trois sommets 1 consécutifs de P qui soient les sommets d’un triangle d’aire ne dépassant pas 6n fois l’aire de P. Alors, en particulier, il n’existe pas trois sommets consécutifs de P qui soient les sommets d’un triangle d’aire ne dépassant pas 16 fois l’aire de P0 . D’après le cas n = 1, c’est donc que ABC ou EFA est un triangle d’aire ne dépassant pas 16 fois l’aire de P0 , et donc 1 ne dépassant pas 6n fois l’aire de P. Supposons que cela soit ABC (l’autre cas se traitant de façon similaire). On note Ω le sommet voisin de B sur P qui n’est pas C. Notons qu’alors A 6= Ω (sans quoi le triangle ABC aurait l’aire désirée et serait formée de trois sommets consécutifs de P), et on note ∆ la droite parallèle à ( BC ) passant par A. Pour ne pas contredire notre hypothèse, les points Ω et D doivent alors être tous les deux dans le demi-plan ouvert délimité par ∆ et qui ne contient pas B. Mais alors, le point A est strictement à l’intérieur de BCDΩ, en contradiction avec la convexité de P. 4 Géométrie du cercle Exercice 5 Deux cercles sont tangents intérieurement en M. [ AB] est une corde du grand cercle tangente au petit cercle en T. Montrer que ( MT ) est la bissectrice de l’angle ∠ AMB. Solution. B β M β T (180◦ − α + β)/2 α A α−β D Soit D le point d’intersection de la tangente commune aux deux cercles avec la droite ( AB). Notons α = \ MAB et β = \ ABM. Comme ( MD ) est tangente au grand cercle, on a \ = β (cette propriété, cas « limite » du théorème de l’angle inscrit, est à connaître DMA absolument). On en déduit que \ MDT = α − β. Or le triangle MDT est isocèle en D (pour le voir, on peut par exemple utiliser la symétrie d’axe la droite reliant D au centre du petit [ = (180◦ − α + β)/2. On calcule alors facilement la valeur cercle). On en déduit que MTA [ : on trouve que \ [ = 90◦ − ( β + α)/2. La droite des angles \ AMT et TMB AMT = TMB ( MT ) est donc bien la bissectrice de l’angle \ AMB. 5 Exercice 6 Soit n ≥ 1 un entier et A1 A2 ...A2n un polygône à 2n sommets inscrit dans un cercle. On suppose que chaque paire de côtés opposés, sauf une, est composée de deux côtés parallèles. Montrer que : (i) lorsque n est impair, les côtés de la paire restante sont parallèles, (ii) lorsque n est pair, les côtés de la paire restante ont même longueur. Solution. On montre le résultat par récurrence sur n. Initialisation. Pour n = 2, le résultat est clair par symétrie. Prouvons le résultat pour n = 3. Considérons donc un hexagone ABCDEF inscrit dans un cercle avec ( AB) k ( DE) et ( BC ) k ( EF ), et montrons qu’alors (CD ) k ( AF ). B C D A E F [ = ABE [ = BED [ = FDB. [ = BFD. [ On montre de même que CAE [ Les triangles On a ACE ACE et BFD ont ainsi deux angles qui coïncident et sont donc semblables. On en déduit [ = FBD. [ = ADC [ et FBD [ Donc FAD [ = ADC. [ On en déduit [ Or AEC [ = FAD. que AEC que (CD ) k ( AF ). Hérédité. Soit n ≥ 3. Supposons le résultat établi au rang n − 1 et montrons le au rang n. Considérons donc A1 , . . . A2n un 2n-gône inscrit dans un cercle tel que ( A1 A2 ) k ( An+1 An+2 ), . . . , ( An−1 An ) k ( A2n−1 A2n ). Montrons que An An+1 = A2n A1 lorsque n est pair et que ( An An+1 ) k ( A2n A1 ) lorsque n est impair. Pour cela, considérons le polygône à 2(n − 1) sommets A1 A2 . . . An−1 An+1 . . . A2n−1 et appliquons l’hypothèse de récurrence : - Si n est pair, n − 1 est impair et donc ( An−1 An+1 ) k ( A2n−1 A1 ). Comme ( An−1 An ) k ( A2n−1 A2n ), on en déduit que ∠ An An−1 An+1 = ∠ A1 A2n−1 A2n . Les deux arcs interceptés par ces deux angles sont donc égaux. Il en découle que An An+1 = A2n A1 . - Si n est impair, n − 1 est pair et donc An−1 An+1 = A2n−1 A1 . Par un argument de symétrie, on en déduit que ( A1 An−1 ) k ( An+1 A2n−1 ). Considérons alors l’hexagone An−1 An An+1 A2n−1 A2n A1 . Deux paires de ses côtés opposés sont constituées de côtés parallèles. On en déduit d’après l’étape d’initialisation que la troisième paire de côtés opposés sont parallèles, c’est-à-dire que ( An An+1 ) k ( A2n A1 ), ce qui conclut la récurrence. 6 Exercice 7 Soit A0 un point du côté [ BC ] d’un triangle ABC. La médiatrice du segment [ A0 B] coupe ( AB) en M, et la médiatrice du segment [ A0 C ] coupe ( AC ) en N. Montrer que le symétrique de A0 par rapport à la droite ( MN ) est sur le cercle circonscrit de ABC. Solution. B0 C0 A N M B A0 C Introduisons les points B0 et C 0 , intersections respectivement de ( A0 M) et de ( A0 N ) avec la droite parallèle à ( BC ) passant par A. Notons C le cercle circonscrit à ABC et C 0 le cercle circonscrit à A0 B0 C 0 . Les triangles MBA0 , B0 MA, ANC 0 et N A0 C sont alors isocèles. Ceci implique que AB = 0 B0 C 0 = ABC 0 C 0 B0 = ACB, \ [ et A\ [ les triangles ABC et A0 B0 et A0 C = AC. Comme de plus A 0 0 0 0 A B C sont superposables. En particulier, C et C ont même rayon. Montrons maintenant que M et N sont sur droite qui joint les deux points d’intersections de C et C 0 (c’est-à-dire leur axe radical) en montrant que M et N ont même puissance par rapport à C et C 0 . La puissance de M par rapport à C vaut − MA · MB et sa puissance par rapport à C 0 vaut − MA0 · MB0 . Or nous avons vu que MA = MB0 et MA0 = MB. Ces deux puissances sont donc égales, ce qui implique que M est sur l’axe radical de C et C 0 . On montre de même que N est sur cet axe radical Or la droite qui joint les deux points d’intersections de deux cercles sécants de même rayon est un axe de symétrie (envoyant le premier cercle sur le deuxième). On en déduit immédiatement que le symétrique de A0 par rapport à ( BC ) est sur le cercle circonscrit à ABC. 7 Éxercices à renvoyer Combinatoire Exercice 8 Soit n ≥ 2 un entier et A1 ,. . . ,An des ensembles finis, tels que | Ai | ≥ 2 et | Ai A j | 6= 1, pour tous i, j distincts. Prouver que l’on peut colorier chaque élément de la réunion des Ai soit en rouge soit en vert, de sorte que chacun des Ai contienne les deux couleurs. T Solution. On raisonne par récurrence sur n. Pour n = 2, si A1 et A2 sont disjoints, puisqu’ils contiennent chacun au moins deux éléments, on choisit deux éléments de A1 et on les colorie chacun d’une couleur différente. On fait de même avec A2 , puis on colorie tous les autres éléments arbitrairement. Si | A1 ∩ A2 | 6= 0 alors, d’après l’énoncé, on a | A1 ∩ A2 | ≥ 2. On choisit donc deux éléments de A1 ∩ A2 et on les colorie chacun d’une couleur différente, puis on colorie tous les autres éléments arbitrairement. Ainsi, le résultat est assuré pour n = 2. Supposons que la conclusion soit établie pour un certain entier n ≥ 2. On considère alors n + 1 ensembles A1 , ..., An+1 dans les conditions de l’énoncé. D’après l’hypothèse de récurrence, on peut colorier les éléments de n S i =1 Ai soit en rouge soit en vert de sorte que chacun des Ai contienne les deux couleurs pour i ≤ n. Si An+1 contient deux éléments non encore coloriés, on leur attribue à chacun une couleur différente. Si An+1 ne contient qu’un élément non encore colorié alors, puisque | An+1 | ≥ 2, les éléments de An+1 utilisent au moins une des deux couleurs. Donc, si nécessaire, on peut utiliser la couleur éventuellement manquante pour colorier le dernier élément de An+1 . Si tous les éléments de An+1 ont déjà été coloriés lors de l’utilisation de l’hypothèse de récurrence et qu’ils sont tous de la même couleur (sans quoi, il n’y a rien à faire), on en considère un arbitraire, disons x, que l’on recolorie avec l’autre couleur. De cette façon, les éléments de An+1 utilisent les deux couleurs. D’autre part, pour tout i ≤ n, si x ∈ Ai alors | An+1 ∩ Ai | 6= 0 et donc | An+1 ∩ Ai | ≥ 2. Mais alors, Ai contient au moins un autre élément de An+1 , dont la couleur n’a pas été changée, ce qui assure que les éléments de Ai utilisent les deux couleurs. Et, évidemment, si x ∈ / Ai alors la recoloration de x ne change pas le fait que les deux couleurs sont représentées parmi les éléments de Ai . Ainsi, dans tous les cas, on a une bicoloration des éléments de nS +1 i =1 Ai de sorte que chacun des Ai contienne les deux couleurs, ce qui prouve le résultat pour la valeur n + 1, et achève à la fois la récurrence et la démonstration. 8 Exercice 9 Soit n > 0 un entier. Déterminer le nombre de suites de longueur 2n + 1 formées uniquement de 0 et de 1, et qui contiennent strictement plus de 1 parmi les n + 1 derniers termes que parmi les n premiers. Solution. Soit E l’ensemble des suites binaires de longueur 2n + 1. Une suite appartenant à E qui contient strictement plus de “1” parmi les n + 1 derniers termes que parmi les n permiers termes sera dite bonne (et mauvaise dans le cas contraire). À toute suite binaire x = ( x1 , x2 , ..., x2n+1 ) ∈ E, on associe la suite binaire x 0 = (1 − x1 , 1 − x2 , ..., 1 − x2n+1 ) ∈ E. On note a(α) (resp. b(α)) le nombre de “1” parmi les n + 1 derniers termes de α (resp. parmi les n permiers termes de α). Ainsi, une suite α ∈ E est bonne si et seulement si a(α) > b(α). Mais, on a a(α) + a(α0 ) = n + 1 et b(α) + b(α0 ) = n. Donc a(α) > b(α) équivaut à n + 1 − a(α) ≤ n − b(α), c.à.d. a(α0 ) ≤ b(α0 ). Ainsi : α est bonne si et seulement si α0 est mauvaise. Or, la fonction f : E → E, définie par f (α) = α0 pour tout α ∈ E, est clairement bijective. Par conséquent, il y a autant de bonnes suites que de mauvaises. Puisqu’il y a 22n+1 suites dans E, on en déduit qu’il y a exactement 22n bonnes suites. 9 Exercice 10 Soit n ≥ 1 un entier. 1. On a placé 3n jetons sur 3n cases d’un tableau 2n × 2n. Prouver qu’en éliminant n lignes et n colonnes, il est possible de ne plus avoir de jeton sur ce qu’il reste du tableau. 2. Prouver qu’il est possible de placer 3n + 1 jetons dans 3n + 1 cases d’un tableau 2n × 2n de sorte qu’en éliminant n lignes et n colonnes quelconques, il y aura toujours au moins un jeton dans ce qu’il restera du tableau. Solution. 1. Parmi tous les ensembles de n lignes, on peut en considérer un, disons E, qui contient le plus de jetons. Alors, on peut affirmer que E contient au moins 2n jetons : en effet, dans le cas contraire, E ne contiendrait qu’au plus 2n − 1 jetons et il existerait une ligne de E, disons L, ne contenant pas plus d’un jeton. Inversement, comme au moins n + 1 jetons seraient sur les n lignes qui ne sont pas dans E, une de ces lignes, disons L0 , contiendrait au moins deux jetons. L’ensemble E0 formé des n lignes de E sauf L remplacée par L0 , contiendrait alors au moins un jeton de plus que E, en contradiction avec la maximalité de E. On en déduit qu’il existe au plus n jetons qui ne sont pas dans E. Ces n jetons sont dans au plus n colonnes différentes. Donc, en effaçant les colonnes qui contiennent les n jetons qui ne sont pas dans E (quitte à en effacer d’autres si on en a effacé moins de n), et en effaçant les n lignes de E, il ne reste plus de jeton dans le tableau. 2. On peut placer les 3n + 1 jetons de la façon suivante. Il y a 2n jetons sur la grande diagonale qui va de gauche à droite, des jetons en i-ème ligne (en partant du haut) et (i + 1)- ème colonne (en partant de la gauche) pour 1 ≤ i ≤ n et finalement un jeton dans la i + 1-ième ligne de la première colonne (on représente le cas n = 5) : • ◦ ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ • • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ ◦ • On note L1 l’ensemble des n − 1 lignes qui ne contiennent qu’un jeton, et L2 l’ensemble des n + 1 lignes qui contiennent deux jetons. Si l’on élimine k ∈ {0, ..., n − 1} lignes de L1 et n − k lignes de L2 , les n − k − 1 autres lignes de L1 contiennent n − k − 1 jetons, situés dans des colonnes deux à 10 deux distinctes. Pour éliminer ces jetons, il faut donc obligatoirement éliminer ces n − k − 1 colonnes, mais aucune d’elles ne contient un jeton qui est sur une ligne de L2 . Or, les k + 1 lignes non éliminées de L2 contiennent des jetons qui sont situés dans au moins k + 2 colonnes différentes. Comme on ne peut éliminer que k + 1 de ces colonnes, il est donc impossible d’éliminer tous les jetons. 11 Géométrie du cercle Les deux premiers exercices utilisent la notion (importante) de puissance d’un point par rapport à un cercle. Nous renvoyons au cours de géométrie de Pierre Dehornoy disponible sur le site d’Animath pour la définition et quelques propriétés. Exercice 11 On considère K et L deux points d’un cercle C de centre O. Soit A un point de la droite (KL) en dehors du cercle. On note P et Q les points de contact des tangentes à C issues de A. Soit M le milieu de [ PQ]. Montrer que les angles ∠ MKO et ∠ MLO sont égaux. Solution. L P K O M A Q Nous allons montrer que les points K, L, O, M sont cocyliques, ce qui impliquera l’égalité des angles souhaitée. Pour cela, il suffit de montrer que AK · AL = AM · AO à cause de la puissance d’un point par rapport à un cercle (dans sa forme réciproque). Comme les triangles AOP et APM sont semblables, cela implique que AM · AO = AP2 . Or la puissance du point A par rapport au cercle C vaut AK · AL = AP2 , ce qui fournit l’égalité AK · AL = AM · AO et permet de conclure. 12 Exercice 12 Soient C1 et C2 deux cercles qui ne se coupent pas et non contenus l’un dans l’autre. On considère deux droites ( AC ) et ( BD ) tangentes aux deux cercles (avec A, B sur C1 et C, D sur C2 ) telles que les segments [ BD ] et [ AC ] ne se coupent pas, mais telles que la droite ( BD ) coupe le segment [ AC ]. Montrer que le point d’intersection de ( AB) avec (CD ), le centre de C1 et le centre de C2 sont alignés. Solution. S1 A t E C D ∆ O2 K O1 S2 B Soient E l’intersection de ( AC ) et de ( BD ), et K le point d’intersection de ( AB) et de (CD ). Soient aussi respectivement O1 , O2 les centres de C1 et C2 . Montrons d’abord que [ et (O1 E) est la bissectrice de AEB, [ ( AB) ⊥ (CD ). Comme (O2 E) est la bissectrice de CED on en déduit que (O2 E) ⊥ (O1 E). D’autre part, on a (CD ) ⊥ (O2 E) et ( AB) ⊥ ( EO1 ). Il en découle que ( AB) ⊥ (CD ). Le point K appartient donc à l’intersection du cercle S1 de diamètre [ AC ] et du cercle S2 de diamètre [ BD ]. En particulier, K est sur l’axe radical ∆ de S1 et de S2 . Pour conclure, nous allons montrer que cet axe radical est en fait la droite (O1O2 ). Comme (O1 A) ⊥ ( AC ), la puissance de O1 par rapport à S1 vaut O1 A2 . De même, comme (O1 B) ⊥ ( BD ), la puissance de O1 par rapport à S2 vaut O1 B2 = O1 A2 . Ainsi, O1 ∈ ∆. On montre de la même manière que O2 ∈ ∆, ce qui conclut. 13 Exercice 13 Soit I le centre du cercle inscrit d’un triangle ABC. La perpendiculaire à la droite (CI ) g i k passant par I coupe [ AC ] en M et [ BC ] en N. Les droites ( AI ) et ( BI ) recoupent le cercle circonscrit de ABC en respectivement A0 et B0 . Montrer que l’intersection des droites ( A0 N ) et ( B0 M ) est sur le cercle circonscrit de ABC. Solution. f B L α/2 C0 β/2 γ/2 β/2 A0 I β/2 A α/2 γ/2 M0 C M h P B0 Soit C 0 l’intersection de ( IC ) avec le cercle circonscrit à ABC et soit P le point diamétralement opposé à C 0 sur ce cercle. Notons L l’intersection de ( PI ) avec le cercle circonscrit de ABC. Introduisons alors M0 le point d’intersection de ( LB0 ) et de [ AC ]. L’idée est de montrer que le triangle I M0 C est rectangle en I grâce à une chasse aux angles, ce qui impliquera que M0 = M. On montrerait de la même manière que N est le point d’intersection de ( LA0 ) et de [ BC ]. Les droites ( MB0 ) et ( N A0 ) s’intersecteraient alors en L. D’après ce qu’on vient de dire, il suffit donc de montrer que I 0 MC est rectangle en I pour résoudre l’exercice. Notons α, β, γ les angles du triangle ABC comme sur la figure. 0 LA = γ/2 et ALB [0 = β/2. Comme α/2 + β/2 + γ/2 = 90◦ C’ar cocyclicité, nous avons C[ 0 LP = 90◦ , on en déduit que B 0 LP = α/2. [ [ et C 0 LI et donc que M 0 , A, L, I sont cocycliques, d’où β/2 = [ Il en découle que \ M0 AI = M \0 = \ ALM AI M0 . Alors \ CM0 I = α/2 + β/2, de sorte que \ CM0 I + \ I M0 C = α/2 + β/2 + ◦ 0 γ/2 = 90 . Ainsi, I M C est rectangle en I, ce qui conclut. 14